Terre du milieu Système J - La relève...

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Résumé, compte rendu, impression des joueurs des séances précédente.
Récit et nouvelle en tout genre.
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Niemal
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Journal de Tobias - récit n° 33

Message non lu par Niemal »

Vous savez quoi ? Ben chuis ben content d'êt' enfin sorti d'ce foutu désert ! Bon, après, il est pas si loin qu'ça et on pourrait y r'v'nir vite si ça chauffait, et pis j'crois qu'là ousqu'on va c'est pas encore très verdoyant. D'un aut' côté, sur la fin c'était pas si mal, s'agissait juste de trouver les bonnes personnes et d'leur parler comme i faut... Ouais, bon, ça avait mal commencé, avec des attaques, des morts, des vengeances en veux-tu en voilà, l'escalade quoi. N'empêche qu'à la fin on a pu échanger poliment et rester plus civilisés. Si seulement on avait pu commencer comme ça avant...

Reste que chais pas très bien c'qu'on va faire maint'nant et comment ça s'fait qu'on soit encore tous ensemble. Bon, on a évité Umbar ousqu'on est plusieurs à pas êt' en odeur de saint'té. On a dit au r'voir aux derniers marins, on est pus qu'huit, mais on est dans un coin ousque Farouk a pas forcément laissé qu'des bons souv'nirs. Pis si j'ai bien compris, on doit aller vers des montagnes du Mordor ousqu'i paraît ya des orcs qui foutent le bazar et qui s'raient sur not' chemin. C'est là qu'le papa d'Manil est allé avant d'disparaître...

Salut les amis !
Mais revenons à ousqu'on en était restés la dernière fois : fin des dunes de sable et arrivée dans une petite bourgade. Bien entendu, les vieux réflexes sont vite rev'nus, et Kacem est parti en éclaireur pour repérer d'éventuelles anicroches. Comme l'a rien vu de tel, l'est rev'nu nous dire que la voie était libre et on a pu entrer dans l'village avec toute not' caravane. Les dromadaires sont allés dans une espèce d'enclos réservé aux bestiaux d'leur genre, et on a pu faire la connaissance du p'tit village de pêcheurs attenant.

Bon, ça r'semblait pas mal à celui qu'on avait vu pas loin de not' débarquement avec le bateau magique. Des gens très terre-à-terre, pas ben riches, mais prêts à aider pourvu qu'ce soit pas à sens unique. Des Suderons qui voyaient parfois passer quelques caravanes ou dont l'port de pêche et la crique ousqu'ils étaient abritaient de temps en temps des navires marchands en provenance ou à destination d'Umbar, mais qui s'comptaient sur les doigts d'une main chaque année. Un coin où la question de la survie et où le concret primaient sur la politique et les grandes idées.

On avait b'soin d'eau et d'nourriture, i-z-avaient tout ça, on pouvait leur fournir divers biens récupérés çà et là qui pouvaient les intéresser... On s'est r'posés et nettoyés pendant deux jours en faisant un peu de troc avec les gars du coin. Bon, on f'sait p'têt' pas très marchands avec deux Dúnedain, un nain, une elfe et un hobbit, sans parler du rouquin. Mais on s'est fait discrets, pis les pêcheurs/éleveurs du village ont pas cherché à trop fouiller dans not' passé, c'est pas bon pour la santé et on dirait qu'i comprenaient très bien ça.

Après réflexions diverses, on a fini par dire adieu aux deux marins survivants. Au départ c'étaient nos geôliers, partis vers le sud pour nous vendre en esclavage ; mais bon, on avait pas mal fait d'trucs ensemble et on s'était aidés. Kacem est allé leur parler pour s'assurer d'leur discrétion. Et comme les deux gusses sentaient qu'not' compagnie était p'têt' pas la meilleure à l'approche d'Umbar, i-z-ont accepté sa proposition sans mal : rester dans l'coin avec un peu d'argent, des armes et un dromadaire, et rentrer à Umbar par leurs propres moyens, sans nous. Salut les gars, c'était sympa, et bonne chance pour la suite !

De vieilles connaissances...
Le temps était plus frais sur la côte et loin d'la mer de dunes, pis c'était bientôt l'hiver. Alors on est r'partis de jour, vu qu'le soleil était encore chaud en journée mais supportable, et avancer de nuit avait pas autant d'attrait. Mais c'était encore la matinée qu'on a aperçu des guetteurs un peu plus en hauteur qui s'sont dépêchés d'enfourner leurs bêtes pour aller prévenir on savait pas qui mais on s'en doutait un peu. Genre des bédouins qu'avaient toujours pas digéré la mort de certains des leurs...

Et donc c'qui d'vait arriver arriva : on a eu beau accélérer l'allure, on a bientôt vu v'nir une troupe de bédouins en armes - vingt ou trente au moins, j'me souviens plus bien - qu'étaient pas là pour causer poésie ou marchandage. Et i-z-étaient meilleurs cavaliers que nous, si bien qu'on a vite dû chercher un coin où s'abriter. Mais aucune végétation suffisante aux alentours, et les seuls rochers capables de nous planquer avaient les pieds dans la flotte salée. Les bédouins s'sont mis un peu au-d'sus d'nous, en arc de cercle, à bonne distance... et i-z-ont pris leurs arcs.

Bon, Tirielle était meilleure et elle avait un arc magique, donc elle a pu faire quelques dégâts, sans parler de Farouk aussi. Mais les autres étaient prudents, et rapidement i's'sont mis à l'abri du peu de végétation ou autre couvert qu'i pouvaient trouver, et du coup i-z-étaient à peu près intouchables. Et si nous on s'planquait derrière nos dromadaires, ben, personne protégeait les dromadaires... et ces cons-là ont commencé à leur tirer dessus. Et petit à petit, on a vu filer les dromadaires blessés et apeurés les uns après les autres, jusqu'à c'qu'il en reste pus qu'deux ou trois.

Bref, on était mal : bientôt on aurait plus aucune monture, et c'était encore le désert autour. Les bédouins avaient récupéré nos bêtes, et c'qu'on avait laissé sur elles, et après ce s'rait facile pour eux d'rester à distance pour nous pourrir la vie et nous tomber d'sus dès qu'on s'rait assez affaiblis. Et privés d'armures dignes de ce nom, si on voulait leur tomber d'sus pour que l'nain et les Dúnedain leur fassent goûter à leurs armes, nos guerriers s'raient vite lardés d'flèches. Bref, ça s'annonçait mal pour nous.

Histoires de discrétion
Mais les bédouins étaient pas seuls à s'planquer : avant qu'i soient tous sur nous à nous bloquer avec leurs arcs et flèches, Kacem avait pris soin de s'écarter du groupe et d'se planquer dans un creux plein d'végétation - et bien, même nous on l'voyait plus. Du coup, on a décidé après un moment d'avancer le long d'la côte : quitte à s'prendre quelques flèches, autant le faire en bougeant un peu. Comme ça, même si nos ennemis nous suivaient, Kacem finirait par êt' dans leur dos. Ce qui avait fini par arriver, et les bédouins ne l'avaient pas remarqué...

Et donc, le combat prit une nouvelle tournure quand les bédouins ont vu leur nombre diminuer mystérieusement à une extrémité de leur groupe. Bon, bien sûr, l'voleur d'Umbar a pas pu rester complètement caché et après un temps assez bref (et deux ou trois morts quand même) une partie du groupe de bédouins lui sont tombés dessus... ou du moins ils ont essayé. Car les archers étant moins nombreux, on a foncé vers Kacem pour le défendre et abattre quelques ennemis, qui ont vite battu en retraite. On a r'trouvé la même position, avec juste quelques ennemis en moins, et l'voleur dans l'équipe.

Oui mais... sans moi. Ben ouais quoi, vous m'auriez vu courir à toutes jambes vers Kacem avec mes guiboles à moi ? Que dalle, chuis resté planqué et du coup c'est moi qui m'suis r'trouvé en dehors du cercle des ennemis. Chuis pas aussi bon qu'le voleur pour m'planquer mais chuis plus p'tit, on m'remarque moins, pis chuis pas nul quand même. Et j'ai une amulette magique, et deux même, car Manil m'avait passé la sienne. J'me suis un peu rapproché des bédouins, et j'leur ai chanté une belle berceuse après avoir envoyé un caillou dans la tête de l'un, histoire de les rendre bien agressifs...

Ben ça a marché - j'y ai mis toute l'énegie qu'j'ai pu et j'étais crevé après ça - sauf pour quatre d'entre eux. Tous les autres ont roupillé, mais les quat' qui restaient ont voulu me tomber d'sus. Bon, l'un d'eux a r'çu une pierre dans la tête et il a rejoint les dormeurs, mais les trois aut' avaient la nette intention de m'faire la fête. Heureusement, Belzagar a gueulé comme un putois enragé en leur fonçant dessus, histoire de faire diversion - merci l'grand, t'es moins con qu't'en as l'air et j'te dois une fière chandelle ! Un gars a tenté d'fuir, les deux autres ont tiré sur l'équipe qu'arrivait, mais i-z-ont pas fait long feu et le fuyard a été arrêté d'une flèche. Sauvés !

Issue pacifique... et avantageuse
Après, ben, c'est pas trop chouette. Les copains ont tué tous les bédouins sauf deux, pour les interroger. En fait quelques-uns avaient filé, alors qu'on semblait foutus, avec les dromadaires à nous qu'ils avaient récupérés. Mais si on comptait bien, i d'vait pas leur rester beaucoup d'guerriers dans la troupe, mais surtout des femmes, des vieux et des enfants. Bon, les femmes d'vaient pouvoir combattre, d'ailleurs on a trouvé quelques-unes d'entre elles parmi les morts. N'empêche que les copains voulaient régler leur compte à tous une bonne fois pour toutes. Pis j'ai suggéré qu'on pourrait p'têt' trouver une issue moins sanglante, que sinon j'allais p'têt' pas êt' d'accord, et qu'i aurait p'têt' des conséquences fâcheuses pour tous... Moi, tuer des femmes, des vieux et des enfants, j'risquais pas d'l'oublier !

Farouk a embrayé en disant qu'les bédouins avaient une espèce de code d'honneur et que si on leur proposait une issue acceptable au conflit, on pourrait s'en sortir avec une promesse de non-agression. Peut-êt' même qu'i pourraient nous aider et qu'on pourrait tourner ça à not' avantage ? Après débat, les copains ont décidé de tenter l'coup. On a embarqué les deux prisonniers et on a suivi les traces de ceux qu'étaient partis avec nos dromadaires jusqu'au camp des bédouins. Où on a fait comprendre qu'on venait en invités et pas pour leur casser la gueule, même si on aurait pu...

Si j'me rappelle bien, ceux qui parlaient la langue du coin et qui s'y connaissaient un peu en tchatche sont allés voir le chef du groupe, un vieux, pour lui proposer de repartir à zéro et d'oublier nos querelles. En gros, i nous aidaient à passer Umbar discrètement pour aller vers le nord, en échange on leur foutait la paix et même on leur laissait une partie d'nos affaires encombrantes mais qu'avaient d'la valeur pour eux. Y compris une partie d'nos montures, tandis qu'les autres s'raient échangées pour des chevaux, poneys ou mules. C'était pas mal à leur avantage, et le vieux a dit OK et il a annoncé ça à tout l'clan, en disant qu'désormais on était des invités et à traiter comme tels. Et vu qu'ça manquait d'hommes, p'têt' bien qu'i a eu quelques veuves à consoler pour une partie du groupe...

Et ça a bien marché. On est resté deux bonnes semaines parmi les bédouins, à partager leur vie, les aider même. Pas des mauvais bougres, ils ont su nous faire passer par l'est et à nouveau le désert de sable pour arriver à proximité des terres des seigneurs Haruze, ousque Farouk avait sévi, même si c'était loin de la côte. On arrivait dans la vallée de la Harnen, j'crois qu'ça veut dire "Eau du Sud" en elfique. Déguisés en bédouins, on pouvait aller jusqu'à une ville proche de la rivière, aussi loin qu'les bédouins avaient l'habitude d'aller. I nous ont fourni des montures comme on voulait pour des terrains moins déserts et plus rocailleux, pis fallait qu'on choisisse un coin pour s'séparer...
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Niemal
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Journal de Tobias - récit n° 34

Message non lu par Niemal »

Vraiment, ya pas à s'y tromper : plus ya d'civilisation, plus ya d'emmerdes. Déjà, l'a fallu qu'on fasse gaffe à passer inaperçus ou déguisés pour certains, histoire de pas trop attirer les ennuis et faire remonter d'anciennes inimitiés. Pis après on dirait qu'on est tout l'temps à prévoir le pire : des bandits, des taxes (chais pas l'quel des deux les copains craignent le plus, on dirait l'deuxième plutôt !), manquer d'argent... comme si ça nous avait été utile sur l'île ou dans l'désert ! Et à force de prévoir le pire, ben, bien entendu, i finit par arriver... en pire.

Bon, après, vous m'direz, ya pas qu'des mauvais côtés : pouvoir acheter du matériel, dormir dans un lit, manger des repas chauds dans une auberge ou taverne, pas craindre qu'un puissant magicien ou sorcier décide de faire la pluie ou l'beau temps comme vous voulez pas... Mais la rapidité avec laquelle, 1 - les trucs bizarres arrivent qui n'augurent rien de bon et 2 - les copains réagissent de travers, comme si tous les autres n'étaient qu'des salauds, ya d'quoi rester songeur. Et moi, quesque j'dois craindre le plus ? Qu'les copains se fassent tuer par une secte d'assassins ou qu'ils deviennent eux-mêmes des assassins ? Le deuxième a déjà commencé, on dirait...

Retour à la civilisation
Bon, mais déjà, fallait trouver par où on voulait passer la rivière Harnen, sachant qu'les seuls ponts sur cette rivière se trouvaient dans des villes contrôlées par Umbar, qu'avait pas les elfes ou les Dúnedain du Gondor (comme Tirielle ou Gaerwen) parmi leurs amis. Et les deux gars du groupe qui v'naient d'Umbar - Belzagar et Kacem - étaient tellement appréciés chez eux qu'on les avait jugés et vendus comme esclaves (avec tous les autres membres du groupe sauf moi). Et autour - et dans - ces villes on pouvait éventuellement trouver des Haruzes que Farouk avait dérangés. Super.

En fin d'compte on est allés à Amrûn, la plus grosse ville du coin. En s'faisant discret ou en s'faisant maquiller par l'elfe, surtout Farouk ou elle. L'problème c'est qu'avec un pirate qui dépasse tout l'monde d'une tête et qu'est costaud comme un boeuf, j'vous dis pas la discrétion ! Yavait qu'à espérer qu'on était suffisamment loin d'Umbar pour que personne ait entendu parler d'lui, ou alors qu'ça mette du temps avant d'réagir - assez pour qu'on soit partis avant. Et pis après tout ça datait de plus d'un an c't'affaire.

Bon, on a choisi aussi cette ville pasqu'elle était la meilleure pour nous amener là où Manil voulait nous voir arriver, à savoir quèqu'part dans les montagnes sud du Mordor. Et au départ de la ville en question - Amrûn - yavait le début d'une route commerciale avec l'Est qui passait juste à côté d'la vallée ousqu'on d'vait aller. Ouais, la route passait par Korb Chelkar, la capitale d'un seigneur haruze du coin, et c'est au nord de c'te capitale qu'yavait la vallée où l'père de Manil avait prévu d'se rendre vingt ans auparavant.

Avec l'aide des bédouins et des déguisements de l'elfe on a pu faire plein d'emplettes sans trop s'faire remarquer. On a acheté sept poneys et une mule, des équipements de voyage (tentes, couverture, nourriture...), de combat (boucliers et armures surtout, mais que du cuir pasqu'on avait pas l'argent pour mieux) et divers trucs utiles (pour escalader, les soins, etc.), vêtements chauds compris. Ben ouais, c'était l'début d'l'hiver et on partait pour les montagnes du Mordor.

Voyage et rumeurs
Pis on a fini par partir enfin, à cheval. Moi j'voyageais avec Farouk, on était d'vant et on zieutait tout pasqu'en plus des taxes "officielles" des p'tits seigneurs du coin, i pouvait y avoir d'autres taxes plus ou moins officielles ou des bandits pas du tout officiels mais qui pouvaient faire comme si... ou pas. Et pis comme on était pas vraiment des experts cavaliers, ben on allait pas trop vite. Surtout qu'c'étaient des p'tits ch'vaux légers et rapides, mais avec le poids d'Belzagar fallait pas trop forcer sa bête si on voulait la garder longtemps !

L'hiver, on fait pas des masses de rencontres, ya pas grand-chose à faire dans les champs, pas beaucoup de commerce non plus, et la récente guerre où Umbar avait pris l'contrôle de la région sur le Gondor avait pas dû arranger les choses. Donc c'était calme, on était bien visibles, c'qu'a pas manqué d'attirer l'oeil d'une p'tit' équipe de calvaliers haruzes du coin, genre patrouilleurs du seigneur local. Genre curieux qui cherchent les emmerdes, et faut bien avouer qu'certains d'nous correspondaient assez à c'te description !

Mais bon, ça s'est pas trop mal passé : Belzagar attirait les regards mais sinon Tirielle et Farouk étaient bien maquillés, et Kacem et ce dernier arrivaient à répondre aux questions des patrouilleurs sans trop leur donner envie d'en savoir plus et sans trop dire n'importe quoi. Ya eu plusieurs rencontres comme ça, sans compter les villages où on passait (après avoir payé les taxes !) mais pas inaperçus. M'enfin quoi, les gens nous fichaient la paix tant qu'on restait civilisés, qu'on payait et qu'on répondait à quelques questions.

On en a profité pour sonder un peu les gens du cru et comprendre pourquoi z-avaient l'air un peu tendus. En fait i semblait qu'des gens disparaissaient dans l'coin. Bon, ça s'était toujours fait par le passé et les p'tits seigneurs locaux avaient pour habitude de jouer à la guéguerre entre eux, genre guérilla discrète. Mais là ça collait pas trop, tout l'monde était touché sans savoir d'où ça v'nait et depuis plusieurs mois ça prenait de plus en plus d'importance. Du coup la méfiance régnait, le commerce était en berne et les gens avaient pas l'moral, i parlaient que d'ça. Yavait aussi des histoires d'orcs dans les montagnes mais ça taraudait pas autant les Haruzes.

Taxes et individus louches
Le soir, alors qu'on pensait arriver pas loin d'un gros patelin qui s'appelait Oud Ilaz, on est passés dans un coin un peu plus sauvage où la vallée était plus étroite. A gauche, on était bloqués par la rivière qu'on suivait d'puis l'matin ; à droite une forêt touffue bloquait l'paysage. Et la route passait juste entre les deux, jusqu'à un endroit où une barrière mobile avait été érigée, comme pour bloquer les voyageurs avec des histoires de taxes. Avec quatre gugusses habillés comme les gars du coin, et le verbe qui va avec, même si les habits faisaient pas aussi convaincants qu'avec les patrouilles déjà rencontrées.

Mais surtout, j'ai bien distingué que pas loin d'la barrière, yavait aussi p'têt' près d'une dizaine d'autres individus avec des habits qu'avaient l'air encore moins frais et "officiels", avec des armes pas loin et en train d'se planquer. Bref, ça puait l'embuscade, même si personne avait l'air agressif pour l'instant. Et faut bien dire que les taxes demandées étaient encore plus élevées qu'avant, toujours pour l'entretien des routes, la sécurité (tu parles !), blablabla. Du coup, on s'est dit qu'on était pas pressés, qu'on allait contourner les bois et pis le soir était pas loin.

Du coup on a dit au r'voir aux gars, on a r'broussé ch'min et on a commencé à contourner la forêt. Pis pas loin, on a mis pied à terre pour entrer dans la forêt et s'installer pour pieuter. Farouk a trouvé l'endroit de rêve, abrité, discret, avec une source, etc. Et pendant qu'certains d'entre nous allaient chercher à bouffer, Kacem est rev'nu en arrière jusqu'à l'orée d'la forêt pour vérifier si on était suivis ou pas. Et i s'est planqué car à l'orée d'la forêt, yavait bien quelques individus louches qui nous avaient suivis depuis l'arrêt au péage.

Bon, i paraissaient pas assez motivés pour nous tomber d'sus, car manifestement i-z-avaient eu cette intention. Mais après discussion i's sont éloignés. Juste au moment où Kacem allait les perdre, il a entendu l'un d'eux qui parlait de trouver d'aut' victimes pour les sacrifices, un truc de rituel ou chuis pas très sûr de c'que l'voleur m'a raconté. En tout cas, quand il est rev'nu - on était à une heure de la lisière et i f'sait nuit à présent - il était plus du tout motivé pour rester là. Le mystère autour d'la région s'épaississait et on avait p'têt' la solution ? Bref, il a embarqué l'équipe pour une petite virée nocturne...

Pour faire simple, si les gars qu'on avait vus étaient à l'origine des troubles du coin, fallait pas s'priver de régler l'problème (avec les gars) ou d'en apprendre plus. Et donc on est r'tournés à la barrière du péage, en catimini - les plus discrets un peu devant, en s'aidant d'herbe ou de magie pour mieux voir dans l'noir. Quand on est arrivés, yavait pas trace des gars planqués, mais les quat' gusses qui tenaient l'péage étaient là autour du reste d'un feu : trois qui dormaient et un qui veillait adossé à un arbre, l'air pas très attentif.

Conclusions hâtives et conséquences à porter
De toute manière, attentif ou pas, Kacem a concentré sur lui la magie d'son armure d'manière à pouvoir arriver tout contre lui. Pis lui a ouvert une nouvelle bouche mais au niveau du cou, tout en l'empêchant de faire du bruit. Le gars est mort pis l'voleur nous a appelés, les autres ont été maîtrisés. On a r'péré un coffret avec cadenas, l'nain a pas réussi à l'ouvrir en l'crochetant mais l'voleur si : l'argent des taxes était là, qu'on a embarqué. L'un des gars a râlé qu'on était nuls, qu'il avait la clé, du coup j'crois qu'il a pris un pain de Belzagar et on les a fouillés.

Pis Kacem a mené l'interrogatoire auprès du gars qui semblait êt' le chef ou en tout cas l'meilleur parleur. Au départ l'était pas vraiment coopératif, mais l'voleur savait délier les langues, le gars avait la trouille et l'a pas insisté. L'problème, c'est qu'au fur et à mesure qu'i parlait, on s'est d'mandé si on avait pas fait une boulette : apparemment les aut' qu'étaient partis avaient rien à voir avec ceux qu'on interrogeait, qui semblaient être des vrais officiels du seigneur local. Les aut' qu'on avait vus planqués, ben, le type qu'on interrogeait les connaissait pas, mais un supérieur lui avait d'mandé d'les traiter comme des gars en mission, importants.

Plus on en apprenait, plus on s'demandait dans quoi on avait mis les pieds : ceux qu'avaient parlé de sacrifice, leur chef avait un tatouage noir en forme de visage de femme dans la main. I semblait pas clair, mais l'avait des alliés bien placés (au moins un, en tout cas) dans l'armée haruze du coin. Et nous on avait sans dout' tué un innocent qui f'sait son boulot, avec trois d'ses copains qui nous avaient bien identifiés à présent. Qu'est-ce qu'on allait faire d'eux maintenant ? Certains étaient partisans d'un nettoyage par le vide et se fichaient pas mal du fait que j'disais qu'j'étais pas du tout d'accord...

En fin d'compte Kacem a réussi, avec l'aide de Tirielle je crois, à faire avaler au type qu'on avait trouvé son copain mort en arrivant. Qu'on avait juste fait une p'tit' erreur pasqu'on croyait qu'c'étaient des bandits qu'on poursuivait. On leur a rendu leur fric (certains ont râlé...) et autre équipement pis leur liberté, et Kacem a ajouté qu'fallait qu'i fassent gaffe, i s'passait des trucs bizarres dans l'coin, et l'supérieur était p'têt' pas tout blanc. Pis on est partis, de nuit, en espérant pas avoir bientôt l'armée locale à nos trousses. On a dormi un peu plus loin, en forêt, et on a repris la route au p'tit matin.

A Oud Ilaz on s'est arrêtés manger et on a discuté avec les gens du cru à l'auberge. Quand on a parlé d'un tatouage de visage de femme et des gars qu'on avait vus en forêt, ça a dit des trucs à un gusse. Avec un verre en plus il a dit qu'ça lui rap'lait un machin secret qu's'ap'lait le culte de la dame sombre ou quèqu'chose dans l'genre, du côté d'la vallée où on voulait aller, avec des montagnards que la description qu'on donnait lui rap'lait... Pis on a continué et on a fini par arriver à Korb Chelkar, la capitale d'un gros seigneur local, genre prince. C'est à partir de là qu'on d'vait prendre au nord vers la vallée pas claire...
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Journal de Tobias - récit n° 35

Message non lu par Niemal »

Plus l'temps passe, et plus j'ai l'impression qu'on a mis les pieds dans une sacrée merde ! Des disparitions en veux-tu en voilà, des trucs louches, une ancienne secte pas si oubliée que ça et même de plus en plus active dernièrement, de la corruption dans les armées locales, un endroit isolé aux portes du Mordor... Et pour quoi ? Retrouver le prétendu père de Manil parti ya vingt ans, pour trouver un trésor on s'demande à quoi ou à qui i va servir, et sans doute s'attirer plein d'emmerdes et d'ennemis. Génial.

Des fois j'commence à r'gretter l'île : une fois le patron rencontré, on avait plus d'mauvaise surprise. Alors que là, on va dans un terrain inconnu, chez des montagnards qui veulent pas not' bien, sans aide possible de la part de quiconque. Bon, en fait on a déjà de l'aide, faut être honnête : un gars bizarre qu'en sait pas mal sur nous et qui connaît même les hobbits comme moi ! Mais qu'est-ce qui nous dit qu'il est pas d'mèche avec la foutue secte qui enlève les gens pour les sacrifier et appeler j'imagine même pas quelle saloperie, saloperie qu'on aura bien sûr à affronter, pas vrai ? Super...

Escale et départ vers le nord
Une fois à Korb Chelkar, on a commencé par bouffer et prendre la température du coin. Toujours les mêmes histoires, des tensions, des inquiétudes, des disparitions qu'affectent tout l'monde et qu'on attribue à tout et n'importe quoi. Rien d'bien neuf en somme. Avec en plus le fait qu'on roule pas sur l'or et qu'à force de voyager et d'profiter du paysage, ben not' réserve d'argent diminue. Bon, on a continué à s'équiper, parfois en faisant du troc, comme Belzagar qu'a changé un cimeterre qui lui servait pas pour une bonne tente pour deux.

On s'est d'mandé quand est-ce qu'on partait mais en fin d'compte on a pas voulu rester pour la nuit. Surtout pasque ça coûte cher et qu'on veut économiser. Donc on est partis dans l'après-midi et on a pris vers le nord, dans cette foutue vallée qui mène aux montagnes du Mordor qu'on commençait à voir à l'horizon. Pis c'était pas la meilleure des saisons en plus : les montagnes avaient déjà leur manteau blanc au sommet, plus on avançait plus on montait et plus i f'sait froid, et trouver d'la bouffe risquait d'se compliquer plus haut.

Même si les jours commençaient juste à rallonger, on était à la période de l'année où les nuits étaient les plus longues. Donc on est pas allé bien loin et on a commencé à s'demander où crécher. Et on a pas voulu rester sur le ch'min principal où on était bien visible, mais trouver un endroit plus discret. On est donc sorti un peu du fond d'la vallée, qu'est pas large, pour se rapprocher des escarpements et autre relief qui bordent le coin, et accessoirement bloquent les rayons du soleil encore plus vite qu'ailleurs.

Mais bon, Farouk nous a trouvé une grotte sympa assez grande pour tous, à 'abri du vent, pis avec le bois que certains avaient ramassé on risquait pas d'avoir trop froid. L'elfe et le Haradrim sont allés chercher à bouffer et i-z-en ont ram'né pas mal. Au départ on voulait voyager d'nuit pour êt' plus discret mais on s'est vite rendu compte que de nuit, dans un terrain escarpé qu'on connaissait pas et avec certains au pied pas très sûr, ça risquait d'poser des problèmes. Pis en plus la pluie est v'nue en rajouter une couche. Mais au moins la nuit s'est bien passée.

Voyage et rencontre
Au p'tit matin, i pleuvait trop pour continuer, pis ça servait à quoi d'se presser ? On est restés dans la grotte sauf quelques courageux qui sont partis trouver à bouffer (Farouk et l'elfe je crois) ou surveiller les environs (Kacem). Mais ya rien eu à dire, et avec la bouffe récoltée nos provisions n'ont pas été entamées. En bref, si yavait eu plus de soleil et d'chaleur ça aurait été des chouettes vacances. Bon, un peu sombres faut bien l'dire, entre la période de l'année, le temps dégueulasse et cette vallée encaissée au fond d'laquelle on était, ça f'sait pas des masses de lumière.

Comme yavait l'temps, on en a profité pour causer. Et en fin d'compte, plusieurs ont dit que de toute manière on aurait beaucoup d'mal à passer inaperçu, avec tous les bergers aux alentours, en hauteur, qui pouvaient nous zieuter. D'ailleurs, le voleur avait r'péré un troupeau d'chèvres juste gardé par deux chiens et plusieurs (Belzagar en particulier, l'est bien un pirate çui-là) voulaient aller se servir, comme si on aurait pas à en payer les conséquences. Au bout du compte la raison a fini par l'emporter et on a décidé qu'entre les dons de Farouk pour trouver la bouffe et mes compétences pour la transformer en quelque chose d'appétissant, ça pouvait suffire.

Restait donc que la discrétion semblait pas primordiale, au moins jusque-là. D'ailleurs certains pensaient que laisser les ennuis venir à nous était l'plus sûr moyen d'les débusquer. Et qu'on s'rait fichus d'se créer nous-mêmes des problèmes (chutes et accidents divers) en voulant passer de nuit dans des coins dangereux qu'on connaissait pas. Globalement on est tombés d'accord là-d'sus. Si bien qu'après une deuxième nuit humide mais sans anicroche, on est r'partis au p'tit matin sous un ciel froid mais pas trop humide.

En cours de route on est tombés sur un groupe de cavaliers qui r'semblaient à des guerriers du prince Haruze de Chelkar. Pas une patrouille de r'connaissance mais plutôt un truc de guerre. Z'étaient un peu méfiants au début et i-z-ont posé des questions, mais le chef a semblé se dérider quand on a avoué qu'on était v'nus chercher un parent à l'un d'entre nous qu'avait disparu dans l'coin, au fond d'la vallée. Comme si c'était exactement c'que le gars pouvait trouver de normal... et i semblait bien qu'ça l'était.

Le gars était sympa et causant et on a compris qu'la p'tite troupe était partie plus ou moins pour la même chose : avec les disparitions récentes, i-z-avaient été envoyés pour essayer d'voir si les rumeurs de montagnards kidnappeurs étaient fondées. Bon, ben i-z-ont rien trouvé dans l'genre, mais l'gars nous a quand même dit qu'il avait senti qu'les autochtones disaient pas tout. P'têt' qu'i-z-avaient eux-mêmes peur de quèqu'chose ? Bref, rien de clair ou d'évident, mais ça confirmait bien qu'yavait embrouille quasi garantie ousqu'on mettait nos p'tits (et gros) petons !

Une personne bien informée
On a fini par arriver au dernier bourg de la vallée avec auberge et tout. Pas un gros machin, mais assez pour faire une halte et acheter des trucs au besoin. Au-delà, la vallée se rétrécissait et montait de plus en plus et la neige était pas très loin, toutes les hauteurs étaient blanches. On est allés à l'auberge passer la - longue - nuit. Pour la plupart on restait discrets, dans nos chambres, mais Belzagar et Kacem sont allés dans la salle commune, bien remplie. Avec les nuits longues les gens du coin v'naient boire et discuter, et l'voleur et l'pirate espéraient bien apprendre un truc ou deux, comme à chaque fois qu'on s'arrêtait quèqu'part.

Ben ça a pas manqué. Les questions à propos d'un culte ont rien donné au début, mais ont attiré l'attention d'un gars un peu isolé qui s'est rapproché. Un Haradrim du coin avec des habits de voyage comme quelqu'un qui crapahute dans la nature, un rôdeur quoi. Manifestement il en savait un rayon sur c'qui nous intéressait, et ça l'intéressait aussi de connaître plus nos motivations. Bref, les deux copains et lui ont fini dans un coin un peu isolé, autour d'une bière, et ils ont beaucoup échangé. Le type - l'a pas voulu donner son nom - connaissait les environs et semblait bien connu des locaux, et il avait des trucs à dire.

Manifestement, i connaissait tout sur le culte, qui datait du 2e Âge. Yavait autrefois une forteresse en haut d'la vallée, en ruines actuellement, qui gardait p'têt' un passage vers le Mordor. En tout cas semblait y avoir toujours un peu d'activité, et ça avait augmenté ces derniers temps. Mais s'lon lui, par le chemin principal, impossible d'arriver sans être repéré et avoir un comité de réception comme il se doit, car yavait tout l'temps quelqu'un là-haut. Et si le combat f'sait pas peur à Belzagar, le rôdeur a parlé d'entrée facile à défendre, en hauteur, avec des pierres et autres à balancer sur les intrus. Bref, le machin pas évident à prendre de front.

Mais à côté de ça, il a aussi suggéré qu'il existait une autre voie possible, en catimini, pour des gens qu'avaient pas froid aux yeux et qu'aimaient bien la grimpette. En gros, i nous disait qu'i pouvait nous am'ner là-bas par des ch'mins détournés et discrets. Mais que ce s'rait pas d'la tarte et qu'les risques seraient grands. Enfin, il disait pas ça franch'ment, i suggérait toujours ça de manière détournée, l'air de nous évaluer. Comme si l'avait lui-même son intérêt à aller farfouiller dans l'coin mais en sachant bien qu'i pouvait pas s'le permettre seul. Semblait bien qu'yavait un accord à passer d'une manière ou d'une autre...

Envoyé du nord
Le gars est parti tranquillement en laissant entendre que si on essayait l'approche discrète et risquée plutôt que frontale, i s'rait pas loin. Et si c'était un piège ? Mais en fait, au cours de l'échange, les copains ont compris que le gars était bien plus qu'un rôdeur du coin qui passait son temps à trouver des herbes et à faire du colportage. D'abord pasqu'i connaissait trop de trucs, son érudition était trop grande : i parlait très bien l'commun et sans doute d'autres langues ; Belzagar l'a interpelé en Adûnaic que l'autre a compris et dans lequel il a répondu. I connaissait les hobbits ! Et i semblait qu'il avait r'péré voire reconnu l'pirate d'Umbar, et p'têt' même d'autres membres du groupe...

Pis même s'il laissait pas trop voir sa caboche, et quoiqu' manifestement un Haradrim, yavait quèqu' p'tits points qui dénotaient qu'il avait p't'êt' aussi une ascendance dúnadan, comme plus grand et plus costaud qu'les autres ; i f'sait p'têt' plus vieux aussi après lui avoir parlé... En tout cas, Belzagar était persuadé qu'le gars était en fait un rôdeur du nord, venu de l'Arthedain. Une sacrée trotte pour un Haradrim m'est avis ! N'empêche que, qu'i vienne de Gondor, d'Arthedain ou d'ailleurs, le gars f'sait penser à un espion ou informateur des pays ennemis d'Umbar.

On s'est dit qu'on allait lui faire confiance et tenter l'approche discrète et acrobatique. Du coup, on a laissé les ch'vaux à l'écurie d'l'auberge plus quelques affaires qu'allaient nous alourdir et pas forcément êt' très utiles. On a ach'té davantage de matériel d'escalade et tout c'qu'on pouvait avoir besoin pour une balade en montagne, en essayant de pas trop en prendre pour rester les plus légers possible. Ben ça a pas été évident évident, et les copains ont vite eu l'air de mules, en particulier le nain et l'pirate.

On est donc partis vers le nord et le haut de la vallée, par un ciel splendide mais froid, d'autant qu'le fichu soleil restait pas longtemps visible avec les falaises et autres escarpements qui s'rapprochaient. Les dernières fermes ont vite été dépassées, maint'nant c'était vraiment la montagne. On savait pas quand l'rôdeur nous recontacterait ou comment, mais on lui f'sait confiance pour ça. Par contre, quand on m'a dit qu'il avait parlé de grimpette difficile, me suis d'mandé comment ça allait le faire avec certains poids lourds de l'équipe comme le nain : contrairement à Belzagar qu'avait dû apprendre en grimpant aux haubans, Marti savait pas faire beaucoup plus que tomber comme une pierre...
Slyden

Re: Terre du milieu Système J - La relève...

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Cela fait deux jours que nous marchons depuis que nous avons quitté la dernière bourgade. Le relief devient de plus en plus escarpé mais nous n'avons pas eu encore besoin d'escalader le moindre obstacle. Le rôdeur ne nous a pas encore contacté. La dernière chasse fut chanceuse et à ramener 50kg de viande fraiche, de quoi tenir un certain temps à condition de pouvoir la transporter. L'aube se lève et nous entamons notre troisième jour de marche...
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Niemal
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Journal de Tobias - récit n° 36

Message non lu par Niemal »

Aïe, le gars était sérieux quand i parlait de balade pour aventuriers pleins de ressources ! La grimpette a pas réussi à tout l'monde, nous v'là réduits à sept - plus le gars - et j'ai vraiment cru un moment qu'ça risquait d'êt' définitif... Bon, faut croire qu'la chance finit par sourire aux audacieux même quand i's splantent et ça aurait pu êt' pire. Reste qu'on a failli perdre deux membres du groupe d'origine en quelques heures, et que not' guide, ben on a vu qu'il avait pas tout prévu et qu'les surprises i yavait droit aussi !

Alors bon, on m'dira que sans c'détour on s'rait p'têt' tous morts à l'heure qu'il est. Que pour une fois j'ai pu voir le pirate complètement épuisé, encore plus que moi ! En fait même pas qu'une fois d'ailleurs... Et que malgré les difficultés on s'est serrés les coudes pour avancer et on a bien progressé. Mais on f'ra quoi une fois là-bas ? Pasque si on continue à perdre des gens à c't'allure-là, chais pas c'qu'on va pouvoir faire en cas d'nouvelle mauvaise surprise. Pis là, c'était que d'la grimpette ; mais quand i s'agira d'êt' discrets et d'pas s'faire voir des gars d'la forteresse, ch'sens qu'le Belzagar pourrait avoir des soucis à s'faire...

Balade et message
On est donc r'partis au matin du 3e jour et les choses sérieuses ont commencé : le terrain d'venait traître, surtout pour ceux qu'étaient chargés comme des baudets. Entre la pente, la neige au sol, les rochers, les p'tits dénivelés et j'en passe, c'était plus d'la marche, ou plutôt pas que, et pas encore de l'escalade. Du coup, ceux habitués à bourlinguer dehors comme Farouk et moi étaient à l'aise et s'fatiguaient pas trop... tant qu'i-z-étaient pas trop chargés. Pour ceux qu'avaient pas l'pied leste et l'bon équilibre et qui portaient beaucoup, j'vous dis pas l'état à la fin d'la journée...

Parfois on tombait sur des ruines ou des restes d'abri au fond d'la vallée, mais pas de vraie maison. On pouvait parfois voir des cabanes de berger voire des hameaux au loin, en altitude, mais pas au fond d'la vallée principale. Des p'tits troupeaux et leurs gardiens nous observaient de loin parfois, mais au fur et à mesure qu'on montait i s'faisaient moins nombreux, et on a eu aucun contact direct. Par contre c'est sûr qu'on était bien annoncés, pour peu qu'les montagnards se voyaient les uns les autres et discutaient d'nous.

A la fin du jour une partie d'l'équipe était bien crevée, mais Farouk a trouvé un chouette abri, une grotte assez bien abritée... et en hauteur. Problème : fallait vraiment grimper pour y arriver. Mais Kacem l'a fait avec une corde et un grappin, corde qu'il a laissé pendre pour le reste de la troupe ; ça aidait assez pour que tous puissent monter, parfois avec un peu plus de fatigue. Le rôdeur haradrim a aussi ram'né plein d'bois sec qu'on a monté avec les cordes, si bien qu'i f'sait bien chaud et tout.

Certains sont restés éveillés une partie d'la nuit et ont fait des tours de garde. I-z-ont rien entendu, mais à un moment ya eu un bruit qui m'a réveillé - les copains savent que j'ai l'sommeil léger : Farouk est v'nu m'voir avec c'qu'il avait trouvé : on nous avait envoyé une pierre enrobée d'un parchemin avec un plan. Rien d'écrit, juste des symboles. Moi ça m'a paru assez clair et j''ai cru comprendre que not' mystérieux guide nous disait de continuer une demi-journée jusqu'à prendre une vallée latérale sur la droite. De là, une aut' demi-journée nous amènerait jusqu'à un bois de résineux avec une grotte cachée dedans, où fallait qu'on aille...

C'était pas aussi clair que ça pour les autres qu'ont moins l'habitude qu'moi de lire ou marquer des trucs sur des livres ou parchemins, mais m'ont fait confiance. On est r'partis le lend'main, ya rien eu d'autre la nuit, et on a laissé une bonne provision d'bois dans la grotte. Mais la neige au sol dev'nait vraiment gênante, c'était d'plus en plus dur d'avancer, et les copains - enfin certains d'entre eux - ont pas pu continuer à la même vitesse : à la fin d'la journée on était arrivés à la vallée latérale que j'avais r'pérée sur le plan. Farouk nous a trouvé un coin abrité dans un p'tit bois à flanc d'falaise, où on a passé la nuit, pour la plupart épuisés.

Discussion au coin du feu
Pendant la nuit, la neige s'est mise à tomber. Tirielle, qui veillait sur nous depuis une corniche plus haut, a dû r'descendre. Pis on est r'partis l'lend'main, et c'était pas mieux qu'la veille. Au moins on risquait pas trop d'êt' r'pérés, pis nos traces dans la neige s'effaçaient assez vite. En tout cas on a vu personne dans la journée, et les seuls signes de vie dans la montagne étaient ceux des bestioles du coin. En fin d'journée, là encore dans un état pas terrible pour certains, on a fini par tomber sur c'qui r'semblait au bois d'arbres résineux dans l'quel yavait not' grotte à trouver. Où on trouv'rait p'têt' un aut' plan pour aller ailleurs jusqu'à plus loin et encore une aut' suite...

En tout cas i f'sait noir sous les arbres, mais yavait pratiqu'ment pas d'neige. Kacem est allé fureter vers le bas du bois à l'affût d'une embuscade, i nous a dit plus tard qu'il avait fait fuir des chamois, des espèces de chèvres des montagnes. Pour ma part, chuis allé vers le haut avec Farouk et j'ai vite r'péré des traces dans les tas d'aiguilles au sol. Le Haradrim voyait rien, faut dire qu'le gars (ou la fille) qu'était passé avait pris bien soin de laisser les traces les plus légères possibles, mais chuis pas né d'la dernière pluie ! Pis chais pas, ces derniers jours j'ai été particulièrement en forme pour r'pérer des trucs autour de nous...

En tout cas les traces nous ont am'né à une grotte où j'ai senti d'la viande en train d'rôtir... avec présence de quelqu'un en prime. C'était bien not' gars, dans une chambre bien dissimulée accessible depuis une fissure pas très large dans la falaise. Un coin abrité bien aménagé où i d'vait v'nir régulièrement et où il avait laissé du matériel et du bois sec, assez large pour nous tous. On a commencé par manger et s'reposer un peu, et certains en avaient bien b'soin ! Pis en fin d'compte on a commencé à discuter avec le gars, on a fait davantage connaissance, on a parlé avenir. Il a dit qu'on pouvait l'app'ler Lakem, mais que c'était pas son vrai nom. Au cas où on s'rait fait prisonnier et torturé...

Il a confirmé c'qu'on avait d'viné d'lui, en partie au moins : l'était espion/rôdeur du Gondor, sa mère était une Haradrim du coin et son père un noble Dúnadan. Ça f'sait un bail qu'il informait l'Gondor de c'qu'i s'passait par ici. I savait qu'i s'passait des trucs plus haut, dans la forteresse qui datait du Second Âge et du culte de la Dame Sombre - l'avait fait des recherches à c'sujet. Mais c'était très mineur, yavait pas grand-chose et i surveillait ça d'loin. Jusqu'à l'année dernière où quèqu'chose avait changé, et où l'activité du culte avait beaucoup augmenté.

I savait pas pourquoi, mais brusquement l'ambiance était différente, comme si i manquait quèqu'chose aux gens du coin, aux gens du culte. S'étaient mis à se voir plus souvent, à enlever des gens de plus en plus loin - en général jamais dans la vallée, sauf pour les curieux qui v'naient fourrer leur nez trop près ou pour les familles du coin trop bavardes. I semblaient faire des trucs, d'la magie p'têt', pour appeler quèqu'chose ou quelqu'un. I nous a dit des rumeurs qui parlaient d'la forteresse ou du culte, pis c'qu'il avait trouvé dans des bouquins ou constaté par lui-même...

Bref, le gars voulait aller voir de plus près l'intérieur de la forteresse, et, si possible, ou bien faire du nettoyage, ou bien en apprendre plus pour faire un bon rapport à Gondor. On était d'accord pour faire les cobayes ou mercenaires, vu qu'on avait des intérêts communs, mais pas gratuit'ment. En gros, si l'gars représentait l'Gondor, certains comme Belzagar voulaient avoir l'assurance que si on aidait, l'Gondor s'rait r'connaissant, par exemple en lui cherchant pas noise à lui, qui v'nait d'Umbar. Lakem était entièrement d'accord et il nous a promis que lui vivant - bon argument pour prendre soin d'lui - son pays saurait se souvenir de notre aide...

Un peu d'escalade
Par contre, restait à arriver à cette fameuse forteresse. L'rôdeur nous a parlé de sa fameuse route discrète, qu'il avait trouvée yavait pas mal d'années et qu'il utilisait de temps à autre, mais pas d'puis 2-3 ans : une belle falaise à escalader plus loin dans la vallée, pis une étroite fissure entre deux montagnes à parcourir, pis encore un peu d'escalade avant d'se r'trouver au-d'sus d'l'endroit. Resterait à descendre discrètement, sans alerter les gardes du ch'min d'ronde, et à farfouiller les ruines et les parties creusées dans la roche. Mouais... En tout cas on était d'accord pour aller voir, et c'est c'qu'on a commencé à faire dès le lend'main.

Ya d'abord eu une journée de montée dans la vallée. Le gars était plus loin d'vant nous pour r'pérer d'éventuels trouble-fête, et Farouk et moi on était vigilants partout ailleurs, mais on a rien vu. En fin d'journée, avant d'nous am'ner à un abri, on est passé d'vant la fameuse falaise, et j'ai vu qu'c'était loin d'êt' gagné : dur et assez long, en partie gelé et battu par le vent, les mauvais en escalade allaient souffrir ! Mais la nuit s'est bien passée et le lend'main matin on était là. Le soleil était d'la partie et éclairait la falaise, c'était déjà ça d'gagné.

Plutôt que d'mettre tous nos oeufs dans l'même panier, on a décidé d'faire deux cordées : l'une avec Le gars, puis Kacem, puis Tirielle, puis Marti ; l'autre avec Belzagar et moi, puis Farouk, puis Gaerwen, puis Manil. Belzagar et Lakem avaient corde et pitons et i mettaient ces derniers dans la falaise pour bloquer une éventuelle chute, et on était tous encordés, sauf moi. Moi j'étais d'vant l'pirate pour trouver le meilleur passage, vu qu'j'étais perceptif comme pas deux. De l'aut' côté c'est l'rôdeur du Gondor qui f'sait ça, vu qu'i connaissait l'coin et qu'c'était l'meilleur grimpeur. Les plus mauvais étaient en dernier, au cas où...

La falaise était vach'ment haute, autour de la hauteur de deux portées de flèche ! Heureusement, on avait du matériel d'escalade pour la plupart, et avec corde et pitons c'était plus facile. Mais certains étaient bien chargés, notamment Farouk, et en cours d'ascension il a dû se délester sur Gaerwen, tellement l'était crevé. Not' cordée à Belzagar et moi était régulière et tout, on est arrivés en haut sans problème au bout d'trois heures. J'étais juste complèt'ment crevé, comme tous les autres sauf Belzagar... qu'avait voyagé léger pasqu'i pensait qu'il aurait à m'porter, mais qu'a pas eu besoin. Même Manil, pas franch'ment un grimpeur, a pris sur lui pour nous suivre à la même allure.

D'l'aut' côté, par contre, ça a pas été si simple. Marti ralentissait les autres, il allait trois fois moins vite et i pouvait pas faire mieux, et rapid'ment on a vu qu'i pourrait pas aller jusqu'en haut. I s'est alors détaché et l'a commencé à descendre pendant qu'les autres continuaient et v'naient nous r'joindre. Mais sans la corde pour l'aider, l'allait d'plus en plus lentement, et il était encore à une douzaine de pas du sol quand on s'est dit qu'i pourrait pas faire mieux qu'tomber - i ralentissait d'plus en plus. Pis chais pas, l'a (enfin !) trouvé l'énergie, la technique, le chemin, et l'a pu descendre rapidement le reste mais d'manière contrôlée, complètement vidé et avec les genoux qui tremblaient. L'avait plus qu'à retourner à l'abri et à nous attendre, si c'n'est qu'la bouffe allait tôt ou tard lui manquer.

Mauvaise surprise
On était donc plus qu'sept, plus le gars du Gondor, et certains complètement crevés. On a quand même avancé une heure sur le terrain pentu et enneigé jusqu'à arriver à la fameuse faille étroite entre deux montagnes, vraiment bizarre. Un ch'min tortueux entre deux falaises qui s'touchaient parfois, assez large pour passer tous de front par endroit mais où ailleurs Belzagar et d'autres devaient passer de côté en enlevant leur sac à dos. On s'est r'posés un peu pour manger et récupérer quelques forces à l'entrée, tout en examinant la faille qui nous attendait.

C'était presque comme entrer dans une grotte et i f'sait noir comme dans un four, la neige ou la lumière arrivaient pas vraiment jusqu'en bas. Mais aussi, j'ai senti pas très loin une odeur de charogne. Lakem disait qu'le coin était a priori sûr, mais Tirielle est partie seule en avant pour trouver c'qui puait comme ça et éviter des mauvaises surprises. L'était pas entrée d'puis longtemps quand on l'a entendue crier et app'ler à l'aide. Pas très longtemps, le temps qu'on prenne quelques affaires elle était silencieuse, mais elle avait pu nous dire l'essentiel : une araignée géante lui était tombée d'sus et l'avait blessée.

Belzagar m'a pris sur ses épaules et a foncé dans l'boyau, mais i f'sait si noir qu'il a dû ralentir ; si bien que Kacem et Farouk - même si ce dernier était crevé et pouvait pas courir - ont pu l'rejoindre. J'avais du trèfle de lune préparé avec moi alors j'ai dit au pirate d'attendre un peu et on en a mis dans les yeux pour mieux voir dans l'obscurité - sauf Farouk qu'en avait pas besoin. Pis l'pirate m'a r'pris et on a foncé jusqu'à r'trouver l'elfe : elle était derrière un passage étroit, en train d'se faire emberlificoter par une maousse araignée deux fois grosse comme moi dans un cocon d'soie. L'araignée s'est arrêtée pour nous r'garder, pis l'a continué comme si de rien n'était, juste en s'poussant un peu sur l'côté. Si bien qu'je pouvais plus lui envoyer une pierre, on voyait qu'ses pattes...

L'araignée semblait seule, on pouvait pas lui tirer d'sus, alors tant pis, j'me suis avancé dans l'boyau jusqu'à être à un ou deux pas d'la créature, en m'faisant tout p'tit. Elle m'a perçu, chuis sûr, mais elle a dû s'dire qu'j'étais pas une menace et elle m'a laissé passer. Kacem arrivait derrière, l'était presque au contact, et là l'araignée l'a pris au sérieux et s'est préparée à l'attaquer ; du coup l'a sorti son cimeterre pour frapper avant, mais ma fronde a été plus rapide. J'ai envoyé ma pierre dans la tête de l'araignée, ça l'a étourdie et l'voleur en a profité pour attaquer deux fois et passer sur l'côté. La flèche de Farouk qui a suivi a transpercé la tête et l'araignée est morte.

Belzagar, qu'arrivait après - c'était étroit pour lui - a râlé qu'il avait pas pu attaquer, mais j'm'en fichais pas mal. Chuis allé voir l'elfe inconsciente, presque entièrement couverte par son cocon. Kacem l'a libérée et j'ai pu voir qu'elle était juste endormie, pas morte, avec une trace de morsure pas trop grave plus quelques côtes sans doute cassée. L'araignée avait dû la paralyser, elle en aurait sûrement pour quelques heures à s'remettre. Lakem et les autres ont fini par arriver avec une torche, la lumière m'a aidé à récupérer les glandes à venin - poison et paralysant - d'la bestiole pour utilisation future. L'rôdeur du Gondor était étonné, c'était la première fois qu'il en voyait une ici, même s'il en avait vu ailleurs dans les montagnes du Mordor. Et si yen avait une là, risquait d'y en avoir d'autres pas loin... Génial.
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Niemal
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Journal de Tobias - récit n° 37

Message non lu par Niemal »

Bon ben ça y est, on a enfin atteint c'te foutue forteresse ousque le soi-disant père de Manil a disparu, attiré par un ancien trésor qu'a l'air de motiver pas mal une partie d'l'équipe. Pas qu'ça a été un voyage de tout r'pos, hein, même Belzagar a failli y passer - j'vous dis pas la méchante cicatrice au cou qu'i va garder - et c'est pas l'seul à avoir reçu des blessures. Et le pirate a déclenché deux fois des p'tit's avalanches dont une qu'a bien failli emporter la corsaire et lui...

Mais nous voilà à portée de c'te forteresse. En gros, la plupart se fichent de savoir c'qu'est arrivé à la famille de Manil, mais la perspective du butin, par contre... Reste que c'est pas juste un gâteau à découper et à servir, ya du monde dedans et ça pas l'air très simple à investir discrètement. J'comprends mieux l'espion du Gondor qui nous a am'né là et qui voulait un coup d'main pour en savoir plus. Kacem est parti fouiner là-bas discrètement, pendant qu'on fait les poireaux sur un nid d'aigle, serrés les uns contre les autres pour se t'nir chaud...

Araignées en pagaille
Mais rev'nons au début. Bon, vu l'état d'l'elfe, on a préféré passer toute la nuit dans cette espèce de canyon un peu protégé du vent et d'la neige. Après quelques heures Tirielle était réveillée mais blessée (et soignée), mais surtout i f'sait noir comme dans un four dans la faille, on préférait avoir plus de lumière. Donc on a attendu l'matin, qui tarde vu l'époque de l'année. Bref, dès l'aube on était partis, plutôt doucement à cause des blessures de l'elfe et aussi car on savait qu'on aurait d'la compagnie d'ici peu. Petit à petit, j'ai commencé à entendre pis voir d'aut'es araignées géantes - de tout' manière avec le boucan que f'sait Belzagar (entre autres) on risquait pas d'passer inaperçus.

Les araignées géantes étaient loin d'être bêtes et elles s'tenaient à distance de nos arcs ou fronde. Par contre elles avaient fait ou elles faisaient des assemblages de toile au-d'sus d'nous, mais Farouk y a foutu quelques flèches enflammées et ça marchait pas trop mal, obligeant les araignées à fuir. Jusqu'à un endroit où elle avaient fait un mur de toile qui mettrait du temps à brûler. Elles étaient au-d'sus et derrière nous, prêtes à nous foncer d'sus. Et dès qu'on a commencé à brûler le mur de toile en face, elles ont foncé, près d'une douzaine : une partie sont arrivées d'en haut et se laissaient tomber sur nous, une autre partie arrivaient de derrière à toute allure. Et elles vont vite avec leurs grandes et nombreuses guiboles !

Avant qu'elles arrivent on a pu en descendre (littéralement !) une ou deux, mais fallait éviter les corps qui tombent. Pis Belzagar a été trop lent : une araignée lui est tombée dessus, l'a même pas eu l'temps d'esquiver, et elle l'a pas loupée ! Méchante blessure au cou, plus le poison qui l'paralysait, l'a fini par terre, inconscient (l'a quand même eu l'temps d'donner un coup d'épée, allongé sur le dos) et pissant son sang, en un rien d'temps ! Et on était tous trop occupés à éviter les araignées qui tombaient ou celles qui arrivaient de derrière pour s'occuper d'lui !

Mais on était pas manches non plus et on a réussi assez vite à tuer ou blesser à mort la plupart des araignées sans réelle blessure, et les dernières se sont enfuies. Par contre Tirielle a dû tirer à l'arc et elle a rouvert sa blessure la plus grave, ça s'est r'mis à saigner. 'fin bref, j'ai tout d'suite fait un pansement au pirate avant d'm'occuper d'l'elfe voire d'autres. On a décidé de donner un don-de-vipère à Belzagar pour guérir sa blessure, mais ça prendrait une journée de repos. Donc on est à nouveau restés là à s'reposer, pendant qu'nos réserves de bouffe diminuaient... Mais on n'a plus été dérangés par les arachnides.

Neige et avalanches
J'ai profité d'la pause forcée pour recoudre quelques plaies - l'elfe a beuglé comme un putois et elle a fini par tomber inconsciente - et soigner tout l'beau monde. La grosse blessure du pirate était plus qu'une cicatrice, mais de belle taille ! Pis on est r'partis le lend'main, à l'aube, mais on a eu aucun problème. Les araignées s'étaient taillées et quelques cocons pleins avaient disparu dans la nuit. En milieu d'après-midi on est arrivés au bout, au milieu d'un cercle de montagne couvertes de neige.

Lakem, not' guide, trouvait qu'i f'sait trop beau et chaud. Pas qu'c'était magique, juste que ça favorisait les avalanches après tout' la neige fraîche qu'était tombée. Faudrait donc monter là où i nous disait, mais pas dans les traces les uns des autres. Mais bon, de toute manière on allait pas commencer tard dans la journée, pis on avait plus beaucoup d'vivres. Alors Farouk est allé chasser le chamois - l'en a rapporté un - pendant qu'je dénichais des racines et aut' trucs à manger - froid : vous faites comment sans bois donc sans feu ? Et on a passé une nouvelle nuit dans la faille.

Le lend'main, toujours très beau, on est donc parti à l'ascension d'la montagne enneigée. Au début on n'était pas attachés mais après certains étaient encordés deux par deux pour s'aider, comme Belzagar et Gaerwen, ou Manil et Kacem. Le matin, on avançait tous plus ou moins en même temps, au même niveau mais à distance les uns des autres, les rapides attendant les lents. L'après-midi, selon les gens, certains prenaient des zones plus rocheuses et où fallait faire de la grimpette (les bons en escalade), d'autres plutôt les coulées de neige fraîche moins raides mais où fallait savoir avancer sur ou dans la neige.

Ben ça s'est bien passé. Dans un premier temps, avant qu'certains s'encordent, quand yavait que d'la neige, le pirate a fait partir une plaque de neige sous ses pieds, mais l'a réussi à se ret'nir à la neige devant, et yavait personne derrière lui... Par contre, l'après-midi, rebelote mais Gaerwen était attachée à lui, et il était devant. Elle a essayé de sortir de la coulée d'avalanche mais l'a pas pu. Belzagar a réussi à s'accrocher et pas s'laisser emporter par la corde à laquelle les deux étaient attachés. C'était chaud, l'a réussi à tenir mais l'a bien transpiré ! Et enfin on a pu arriver à un col...

Descente et mauvais temps
L'était trop tard pour descendre vers la forteresse, la nuit allait tomber avant. On était en plein vent, sans aucun abri, alors l'a fallu en faire : on a tassé la neige en plusieurs gros tas, et quand y en avait assez on faisait un trou dedans pour chacun d'nous, comme un terrier dans la neige. A l'intérieur, tant qu'on était pas en contact direct avec la neige, c'était assez chaud et confortable. En tout cas, en s'y mettant tous, ça nous a pas pris trop longtemps, même si f'sait bien nuit quand on a fini. Mais rien d'plus à en dire.

Le lend'main, on s'est d'mandés comment approcher la forteresse : en gros, on pouvait y arriver avant la fin d'la matinée avec un trajet direct, mais rapid'ment les gars d'la forteresse pourraient nous zieuter s'ils levaient la tête. On pouvait aussi y aller plus lentement pour êt' plus discrets, ou prendre des voies plus difficiles et plus discrètes, mais ça risquait d'êt' plus dur ou fatigant. Pis ya Lakem, not' guide, qu'a r'marqué qu'le temps était en train d'changer et qu'on allait bientôt s'prendre une bonne tempête de neige...

Du coup on s'est dit qu'c'était une bonne occasion : ce s'rait un peu plus dur, mais on avait un peu de temps tranquille au début, ousque les sentinelles auraient du mal à nous r'pérer. Pis après on s'rait invisibles de la forteresse mais avec la neige et le vent pour compliquer la chose - heureusement la descente était pas dure. On savait juste pas si la neige arriverait vite ou pas. On a tenté l'coup et on a commencé à descendre, lentement et discrètement au début, pis la neige est arrivée...

La suite a pas été facile, surtout la fin, n'empêche qu'on a bien géré. On était tous encordés, moi l'premier pour trouver l'meilleur passage - même Lakem avait vite vu qu'j'étais pas mauvais. Les moins bons étaient au milieu, pour êt' aidés par les autres en cas d'pépin. Y' en a bien eu un ou deux mais vite maîtrisés. Au milieu d'la journée, on voyait plus très loin mais Lakem m'a montré un nid d'aigle où aller, un petit éperon où on pourrait tous se mettre sans risquer d'glisser. On s'est mis les uns contre les autres dans un abri de neige pour partie et une toile de tente qui nous recouvrait. Au chaud et invisibles de l'extérieur.

Une forteresse inaccessible... ou presque
La tempête a duré tout le reste du jour et de la nuit. Pis au p'tit matin, les nuages sont partis et on a pu sortir un peu de not' trou. En f'sant attention à pas glisser, on a observé la forteresse qu'on pouvait facil'ment voir à une ou deux portées d'flèche de là où on était, plus bas et à notre gauche. D'un côté, des murs d'enceinte adossés à la paroi rocheuse et à des tours, avec une entrée gardée par deux tourelles ; sur les bords de la cour intérieure, des bâtiments dont certains avaient l'air en mauvais état et d'autres qui semblaient entretenus et utilisés. Et un chemin étroit, juste assez large pour une mule et facile à défendre, qui amenait à l'entrée d'la forteresse depuis loin dans la vallée.

En fait on a passé une bonne partie d'la journée à observer l'coin. Des traces de pas dans la neige au fond d'la cour menaient de l'entrée et ses tourelles aux bâtiments opposés, ceux qu'étaient en meilleur état, et inversement. L'une des tourelles de l'entrée semblait occupée, d'la fumée sortait d'une cheminée. Mais on dirait qu'i yavait aussi des gens dans la roche car d'la fumée sortait aussi de quelque part dans les rochers au-d'sus des toits des bâtiments. Pis on a vu des gens sortir et pelleter la neige de la cour pour que le centre soit dégagé, et aussi le ch'min d'ronde.

Comme autres trucs intéressants, on a pu déduire que quat' personnes au moins étaient en permanence dans l'une des tourelles qui gardaient l'entrée, et elles étaient remplacées p'têt' quat' fois par jour, matin, midi, soir et (sans doute) minuit ; par des gens qui v'naient des bâtiments en face, ou peut-être des salles creusées dans la roche. Régulièrement (p'têt' cinq ou six fois entre les relèves), quatre gars de la tourelle sortaient sur le chemin d'ronde sur les murs d'enceinte et observaient les environs. Ça durait pas longtemps et les gars mettaient pas une énergie extraordinaire à surveiller le secteur, mais z-avaient l'air de faire ça proprement.

En fin d'journée, avant qu'i fasse trop noir mais peu après qu'le soleil est descendu derrière les montagnes, Kacem est parti vers la forteresse, discrètement. L'est arrivé là-bas sans mal, s'est posté sur le toit d'une tour de garde contre la paroi rocheuse, contre une cheminée. L'a observé un moment, le temps de voir passer une relève, pis l'est descendu et on l'a plus vu. Me suis dit qu'il avait dû se planquer dans un bâtiment contre la paroi rocheuse, j'l'avais vu examiner les toits pour peut-être trouver par où passer, mais yavait pas d'trou là où l'était. En tout cas on l'voyait plus et la nuit était encore jeune...
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Niemal
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Journal de Tobias - récit n° 38

Message non lu par Niemal »

Bon sang, quelle boucherie ça a été ! Et quand j'parle de bouch'rie, c'est encore en d'sous d'la réalité, hein : ennemis brûlés ou asphyxiés, combat avec des tas d'os magiques, magie noire à gogo... L'elfe a pris gros, mais on s'en est tous sortis. Par contre, question prisonniers, on peut pas en dire autant. Et faut voir la couche d'ossements sur laquelle on a fritté... Combien de dizaines ou de centaines de personnes sont mortes là, j'ai même pas envie d'essayer d'l'imaginer !

Mais bon, d'un aut' côté, ça a presque été trop facile : à part pour le sorcier à la fin et ses squelettes, ça a été presque du gâteau : infiltration, exécutions, re-infiltration, etc. Et tout ça nous dit toujours pas c'qu'y f'saient là tous ces gugusses, pour qui c'était tous ces sacrifices, et pourquoi ça a accéléré les derniers mois comme on dirait qu'ça a fait. Pis on a pas encore trouvé trace du père de Manil ou de c'qu'il était v'nu chercher. Si ça s'trouve, va encore y avoir quelques bonnes surprises... ou plutôt des mauvaises...

Etape 1 - élimination des gardes
Kacem a fini par revenir, avec une p'tite complication sur la fin : alors qu'il était en train de crapahuter vers nous, un garde est sorti et a eu l'malheur de r'garder dans sa direction et a dû voir un p'tit mouv'ment. Tiriel a décoché une flèche près du voleur pour le prév'nir, il a r'gardé en arrière et a compris. L'a fait l'mort un moment et l'garde a fini par reprendre sa ronde sans app'ler personne, donc c'était bon. Kacem a enfin pu finir de revenir et de nous mettre au courant de tout c'qu'il avait vu en bas.

Du coup on a pu mettre au point un p'tit plan pour investir la forteresse. Dans tous les cas ça commençait par l'élimination des gardes au moment des rondes, de nuit, lorsque deux d'entre eux étaient sur l'chemin d'ronde à zieuter partout, isolés... Ensuite faudrait investir la pièce au niveau d'l'entrée dans la forteresse, discrètement, pour pas alerter les autres et pouvoir les surprendre lors de la relève. Et pouvoir ainsi pénétrer dans la partie troglodyte, dans les souterrains quoi.

Ben on a fait ça : Kacem, Tirielle, Farouk et Belzagar sont descendus et ont fait deux duos de choc planqués dans les tourelles à l'extrémité des ch'mins d'ronde. Quand les deux gardes se sont pointés, z-ont pas fait long feu, même si l'un d'eux a pas exactement pris l'chemin prévu. Mais bref, sont morts tous les deux sans bruit, et les deux duos s'sont rapprochés des tourelles du centre qui commandaient la herse de l'entrée, et en particulier de celle ousqu'i' yavait du feu et des présences humaines...

Une porte a été ouverte et une flèche a mis fin à la vie du premier garde, mais l'autre s'est t'nu hors de portée assez longtemps pour crier et app'ler à l'aide. L'a pas t'nu longtemps mais l'mal était fait : une nouvelle équipe est sortie pour voir c'qu'i' s'passait, ça a fritté même si les copains ont mis l'feu aux bâtiments pour donner l'change mais sans vraiment convaincre. 'fin bon, sont tous morts mais à l'intérieur, les aut' avaient vu c'qu'i s'était passé et i-z-ont fermé l'entrée. Et on f'sait comment après pour entrer dans les parties souterraines ?

Etape 2 - l'ennemi vient de l'intérieur
Bon, on pouvait attaquer la porte à la hache ou la démonter d'une manière ou d'une autre, ça a pas empêché l'équipe de progresser. L'problème, c'est que d'l'aut' côté, c'était un couloir avec des meurtrières de chaque côté, et des gars bien équipés de lances ou flèches pour nous trouer la peau ! On pouvait boucher les meurtrières avec du bois pris aux autres bâtiments, c'que les copains ont commencé à faire, mais c'était pas facile et ça allait prendre du temps. Pis yavait plus d'surprise, ça allait fritter plus dur...

Pendant c'temps-là, j'étais descendu, comme Manil et le Dúnadan du Gondor aussi. Par contre Gaerwen était pas aussi à l'aise et il lui a fallu plus de temps pour arriver. De toute manière on avait pas trop b'soin d'elle, ça a plus été un truc pour Tirielle et moi. L'était fine, et sa magie l'aidait à être comme une anguille, et moi ch'peux m'faufiler à des endroits ousqu'i ya qu'un hobbit pour aller... comme une cheminée par exemple. On avait vu d'la fumée sortir d'un endroit dans les rochers, assez grand pour moi. J'ai pu descendre sans mal et elle a pu suivre, même si c'était un peu plus galère pour elle.

On s'est r'trouvé dans une cuisine, et on a commencé à investir les souterrains, en éliminant les ennemis isolés quand y en avait. On a trouvé l'armurerie juste avant qu'un chef et ses gardes nous mette la main d'sus... ou plutôt qu'il essaye : quand la porte s'est ouverte un garde s'est pris une flèche de l'elfe dans la gorge, et l'chef avait pas prévu en sautant par-dessus l'corps de l'autre que j'allais lui attraper une jambe pour qu'i s'étale par terre devant l'elfe... qu'avait plus qu'à l'finir. L'dernier a été tué et on a récupéré les clés sur le chef.

Pendant c'temps-là les copains occupaient les derniers gardes en essayant d'passer le couloir aux meurtrières, mais avec l'aide des clés on les a enfermés sans qu'i' s'en rendent compte dans la pièce de garde. Par contre, en furetant ailleurs, Tirielle est tombée sur un sorcier qui lui a foutu une trouille bleue, elle tremblait d'partout et pouvait plus rien faire. Alors j'l'ai laissée dans la cuisine, dans un coin, et chuis rev'nu prévenir les copains de c'qui s'était passé, les clés en prime.

Etape 3 - entrée maîtrisée
Et ça tombait bien : les copains avaient réussi à bloquer les meurtrières et pouvaient enfin accéder à la porte du bout du couloir sans devoir ressembler à des pelotes d'épingles. L'problème, c'est qu'les aut' avaient pas attendu qu'la porte tombe pour prévoir aut'chose : z-avaient mis plein d'bois derrière avec de l'huile, pis z-y ont mis l'feu ensuite. Un gros feu difficile à traverser : p'têt' que certains auraient pu traverser mais ça aurait été chaud, pis y-z-auraient eu des flèches ou des lances pour les accueillir...

Mais c'que les ennemis avaient pas prévu, c'est qu'leur porte pour sortir, ben Tirielle et moi on l'avait fermée ! Du coup on s'est contenté de quitter l'couloir et d'fermer la porte, pendant qu'les gardes découvraient qu'i-z-étaient coincés dans un endroit pas très grand avec un gros feu ronflant pas possible à passer, une solide porte de garde renforcée, et pas d'eau pour éteindre le feu... et c'est pas en pissant qu'i-z-allaient faire grand-chose ! On les a donc entendus app'ler à l'aide, mais savaient pas qu'on avait tué leurs copains et fermé toutes les portes qu'on pouvait...

P'tit à p'tit on a plus entendu qu'leurs râles et pis plus rien : z'étaient asphyxiés par leur propre feu... L'a fallu attendre encore un p'tit moment, et même un gros, c'qu'a laissé l'temps à Gaerwen de finir d'arriver d'ailleurs. 'fin bref, on a pu ouvrir les portes et laisser l'air se renouv'ler un peu, pasque c'était irrespirable là-d'dans. Les gars étaient tous morts - autour d'une demi-douzaine je crois. Au total, entre les gardes du ch'min d'ronde, ceux venus prêter main-forte, les gardes de l'entrée et ceux massacrés par Tirielle avec mon aide, ça f'sait autour d'une vingtaine de morts.

I' d'vait pas rester grand monde, mais on est entrés prudemment. On a pu r'trouver l'elfe qui f'sait peine à voir, toujours tremblante sous l'coup d'la magie noire qu'elle avait r'çue. On l'a laissée en paix et en sécurité et on est allés voir plus loin, jusqu'à une nouvelle pièce que les clés qu'j'avais parvenaient pas à ouvrir. Et dans cette pièce, yavait du monde, j'pouvais l'entendre. Pas du monde en grande forme, sans doute des prisonniers attendant d'êt' sacrifiés. Et sans doute aussi le sorcier qu'on avait rencontré avec Tirielle. Le boss sorcier de la citadelle nous attendait, on s'attendait à c'que ça cartonne.

Etape 4 - sorcier et magie noire
Avec l'aide de Kacem on a pu entrer, et j'vous dis pas le genre de pièce sinistre que c'était : une grande salle avec un monolithe de pierre noire au milieu, avec des gens attachés à des chaines sur le monolithe, l'air pas tous vivants pour certains. Deux portes sur les murs droit et gauche. Et surtout, plein d'ossements par terre, les ossements d'humains (et certains pas vieux), des dizaines voire des centaines, certains en petits morceaux. Franchement, on s'sentait mal là-dedans, fallait faire un effort à certains pour entrer...

On a avancé avec prudence dans la pièce, pis on a vu que la porte de droite avait un p'tit espace qui permettait à une personne de regarder depuis l'aut' côté. Une personne genre un sorcier qu'en a profité pour activer sa magie, de deux manières : et d'une, ya trois tas d'os qu'ont commencé à bouger par terre, pour se transformer en squelettes hach'ment forts et agressifs ! Et de deux, tout l'monde a senti venir depuis la porte une vague de panique magique, tant et si bien que Gaerwen et Kacem ont pris leurs jambes à leur cou et sont partis en courant.

Bon, en fait, avec des efforts i's'sont sentis mieux hors de la pièce mais i-z-arrivaient pas à y re-rentrer. Alors j'les ai encouragés pendant qu'on s'frittait avec les squelettes qui nous posaient pas mal de problèmes : Farouk pouvait voir qu'ses flèches étaient à peu près inefficaces, et même l'arme magique de Belzagar, spéciale contre les morts-vivants, ben c'était pas folichon. L'en avait deux sur lui tout seul et y galérait un peu : i s'prenait quelques griffures et i cassait quelques os, mais ça risquait d'prendre du temps.

Bon, à force d'encouragements la capitaine et l'voleur ont r'trouvé assez de gnaque pour revenir. Pas qu'ça f'sait grand-chose, mais en fait on a trouvé - Gaerwen je crois - qu'les squelettes étaient p'têt' costauds, mais restaient légers. On pouvait donc facilement les pousser avec un bouclier pis les maint'nir dans un coin - l'Dúnadan du Gondor défendait bien. Ça a permis à Kacem de déverrouiller la porte derrière laquelle le sorcier nous balançait ses sorts. L'a essayé d'fuir, mais pas bien loin. Quelques parties vitales en moins, et ses squelettes tombaient d'eux-mêmes, privés de sa magie. Tirielle allait mieux aussi. Pfuuu, pas une partie d'plaisir ce coup-là.
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Niemal
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Journal de Tobias - récit n° 39

Message non lu par Niemal »

On a nettoyé la secte de la Dame Sombre ? Ouais, ben, pas complètement en fait. D'une part i reste encore pas mal de trucs pas franchement nettoyés, pis le peu d'nettoyage qu'on a fait on a failli s'faire nettoyer avec - moi l'premier. Mais Kacem aussi, avec son armure magique qui l'rend indétectable, ben l'a quand même dû app'ler à l'aide pasqu'il était un peu coincé, face à un machin qu'même si t'es indétectable tu peux pas forcément l'tuer facil'ment - et il en a fait l'expérience, et heureus'ment qu'c'est un rapide... Et j'parl'rai pas du grand Belzagar en train d'fuir avec sa queue entre les jambes !

L'bon côté d'la chose c'est qu'on a quand même sauvé què'qu' personnes, déjà. Accessoir'ment, j'crois qu'le voleur a trouvé des trucs précieux - l'a pas voulu en parler beaucoup mais ses yeux pétillaient quand même pas mal, malgré l'poids qu'ça f'sait. Pis on a aussi r'trouvé la trace du père de Manil, même si d'une part, l'est bien vieille, et d'autre part, c'est pas franch'ment à son honneur. On savait déjà qu'il avait un pouvoir sur les gros lézards-dragons, pas besoin d'en met' partout où i passe. Pis la Dame Sombre avec lui, l'a l'air encore plus balèze, et e' pourrait rev'nir...

Pièges à gogos
Bon, alors i semblait qu'on avait tué tous les adorateurs de la secte, tous les gardes, leur sorcier, et tout et tout. Pas d'aut' bruit, le calme, pas d'nouveaux ennemis à trucider. Avec la mort du grand chef Tirielle a eu l'air d'aller mieux, pareil pour Belzagar et Gaerwen, c'était déjà ça. Pis bien entendu, pendant qu'moi j'me précipitais pour aller voir les pauv' gars accrochés au monolithe noir de la pièce aux ossements - certains qui bougeaient encore ya pas longtemps - d'aut' s'précipitaient pour aller trouver les trésors du sorcier mentionné auparavant. Bon, vous m'direz, venant d'un voleur (Kacem) et d'un pirate (Belzagar), j'pouvais pas êt' vraiment surpris.

Bon, dans les quarties dudit sorcier, les copains sont d'abord tombés sur une bibliothèque, mais manquait plein d'livres embarqués ya pas longtemps. Un bureau était là aussi avec divers parchemins que Farouk et Manil allaient commencer à lire d'ici peu. Yavait aussi une porte, et Gaerwen aurait mieux fait d'faire plus attention avant d'prendre la poignée pour l'ouvrir : le dard empoisonné qui l'a piquée a pas eu l'temps d'lui faire grand mal, l'a eu d'la chance, un bon réflexe ou les deux ; mais vu l'peu d'poison qu'elle a chopé et la vitesse et l'intensité du truc, elle aurait bien pu crever en une minute et j'aurais rien pu faire. Utiliser les clés trouvées sur le boss et faire plus attention, c'est c'qu'a été fait après. Et ça a pas suffit.

Le porte donnait sur une chambre assez luxueuse, avec des tentures assez riches sur trois murs. Pendant que l'voleur examinait un coffre - l'allait trouver plein d'fric et d'bijoux dans un double-fond - le pirate arrachait les tapisseries à sa manière - brutalement. Manque de pot pour lui, yavait un mur avec des belles runes magiques et l'a hurlé et pris ses jambes à son cou. L'était dans un tel état d'panique qu'il aurait p'têt' pu s'jeter dans l'vide en fuyant de la forteresse, le con ! Gaerwen a essayé d'l'arrêter, il lui a balancé un méchant coup - nez cassé, j'crois. Mais l'sort de Tirielle l'a calmé un peu, i s'est réfugié dans ses bras en pleurnichant pis elle a continué à l'réconforter, dans la cuisine, pendant qu'la capitaine du Gondor fulminait un peu... beaucoup même.

Mais c'était pas tout. Kacem et Lakem, le rôdeur du Gondor, étaient là aussi et i-z-ont eu sacrément la trouille mais z-ont pu résister. Pis la magie a eu l'air de partir et i semblait bien qu'i yavait un passage secret sur le mur derrière les runes. On m'a appelé alors pasqu'i trouvaient rien j'crois, alors qu'moi j'ai identifié l'mécanisme qu'ouvrait la porte, avec une salle vide derrière. Un p'tit meuble lancé d'dans a rien fait alors chuis entré pour mieux fouiner... et l'plancher s'est ouvert sur une fosse de six mètres et des pieux métalliques acérés prêts à m'embrocher sévère. Chuis p'tit, agile, entraîné, mais chais pas comment j'ai fait pour m'en sortir sans une égratignure. La peur, la chance, chais pas. Et yavait une porte en bas, qui donnait sur des souterrains. Mais j'y r'viendrai.

Personnes en détresse
Avant d'continuer, faudrait p'têt' parler un peu du plus important, pour moi du moins : yavait six personnes accrochées au monolithe par des menottes métalliques, dont trois qu'avaient l'air bien mortes et les autres pas franch'ment fraîches : mal en point et inconscientes, des blessures pas trop graves, épuisées et affamées sans doute, et tous les symptômes d'un choc psychologique violent. On a pu les délivrer et les sortir d'la pièce au monolithe et aux ossements, et me suis occupé d'elles - une femme et deux hommes d'âge moyen - avec l'aide de Farouk. Bon, avec un peu d'eau, des couvertures, du r'pos, des soins, z-avaient l'air mal en point mais z-ont pu récupérer mieux que c'que j'pensais. N'empêche qu'elles risquaient pas d'partir de tout d'suite d'la forteresse en plein hiver dans les montagnes...

A côté d'ça, Farouk a fini par dénicher les geôles pas loin, qui donnaient sur la pièce au monolithe. En fait yavait un peu d'bruit dans une des geôles, un couple assez jeune de paysans du coin dont la femme avait été violée, entre autres choses. C'étaient les derniers arrivés et z-avaient pas l'air en trop mauvais état. Enfin, on a pu s'en rendre compte après avoir ouvert la porte, c'qu'a pas été si simple que ça j'ai cru comprendre. Le rôdeur haradrim est v'nu quémander l'aide du voleur pour ça, et i's sont rendu compte après ça que la clé était sur un trousseau accroché derrière la porte de la salle de garde des geôles, que Farouk avait un peu omis de fouiller...

Enfin quoi, on avait donc, en plus de nombreux macchabées, deux prisonniers secoués mais pas trop mal en point, pis trois autres encore vivants mais pas en état d'faire grand-chose. L'a fallu les rassurer au départ, tous - ben c'est vrai, quoi, quand on voit des gars comme Belzagar ça fait plus peur que les gars d'la secte - et gagner leur confiance. Bon, avec le temps et des bons trait'ments c'était pas trop dur, et i-z-ont pu nous faire le récit d'leur calvaire. On a pas appris tant d'choses que ça, les derniers étaient arrivés sans doute yavait quelques jours, peu avant nous. Par contre, i semblait bien qu'l'objectif des gars du culte c'était avant tout d'faire souffrir le plus possible, physiquement et encore plus psychologiquement. Semblaient êt' très bons pour ça les gars.

Pourtant ça avait pas l'air d'êt' très efficace leurs tortures. Pasqu'i semblait bien, et c'était confirmé par les écrits du prête dans la langue locale, que tout ça c'était pour faire rev'nir la fameuse Dame Sombre qu'avait quitté tous ces gugusses un an auparavant. Avant elle était pas là très souvent mais l'était régulière. Devant son absence, les rituels, enlèvements et tortures avaient augmenté mais sans effet visible. Apparemment e' s'nourrissait de la souffrance et de la peur des autres, alors pour la faire rev'nir les gars d'la secte ont augmenté la dose, encore et encore. En farfouillant dans l'autel qui lui était consacré, j'ai aussi senti un truc bizarre : yavait un grand siège où la Dame devait siéger parfois - yavait des traces. Sauf que contrairement aux aut' sièges où s'asseyaient les gars, yavait aucune odeur de sueur, rien d'vivant. Comme si la Dame Sombre était une saloperie d'mort-vivant...

Gardien affamé
Bon, mais rev'nons un peu au piège où j'étais tombé. Yavait donc une porte, en pierre, que Kacem est venu ouvrir. C'était facile, yavait des barreaux pour descendre et de la place pour circuler le long des murs, comme si le piège était fait pour fuir et protéger contre d'éventuels poursuivants. Bon, bref. Derrière la porte on avait des souterrains plus ou moins naturels, genre labyrinthe, des croisements un peu partout. Avec quelques traces plus ou moins régulières, mais certaines assez vieilles - genre des traces de bottes de p'têt' un an - ou assez récentes... et grosses. Grosses comme celles que ferait un très gros lézard dont le corps frotte contre les parois des souterrains, même si les parois sont à deux pas l'une de l'autre. Et pas des pas de hobbit.

Si on ajoute les odeurs de mort et quelques bruits massif à distance, c'était facile de se dire que revenir en arrière et ne pas explorer les boyaux souterrains était une option plus que prudente. Bref, chuis rev'nu et chuis r'sorti de la fosse en m'disant qu'on f'rait mieux d'pas aller trop loin par là. Pourtant on en avait pas fini avec ça. De son côté, L'elfe a essayé d'ouvrir une des portes de la pièce au monolithe, et l'a failli se prendre un méchant piège qu'a fait fondre la clé qu'elle avait mise dedans. J'vous passe les détails, mais après avoir trouvé comment ouvrir c'te foutue porte, ben derrière on a trouvé une grande caverne avec divers boyaux qu'en partaient et une odeur et des traces qui montraient qu'le gros lézard devait crécher là ou pas loin - et qu'il avait mangé là plus d'une fois, comme les os qui trainaient indiquaient bien...

Mais c'est pas tout. Plus tard, Kacem a voulu quand même explorer les souterrains, protégé par sa fameuse armure magique qui l'rend indétectable pour une personne sur qui i s'concentre. L'était donc parti avec des torches - dont une allumée - faire un peu d'exploration. Rapid'ment, l'a attiré l'gros lézard, qui arrivait à l'suivre à l'odeur ou autre chose et qu'était assez gros pour l'avaler en une seule fois. Et surtout, il voyait la lumière de la torche ! Mais sans torche, l'voleur voyait plus le lézard et il pouvait plus se concentrer pour que le lézard le perçoive pas ! Après avoir jeté sa torche allumée à distance, torche qu'allait finir par s'éteindre, l'a essayé de blesser la créature mais même surprise, l'a pas pu faire grand-chose et l'avait l'air plus menaçante que jamais...

En fin d'compte, il a appelé à l'aide et j'ai entendu, alors on a ouvert la porte, on a fait du bruit pour attirer la créature et Kacem a pu s'barrer. D'not' côté, Manil f'sait une découverte intéressante : dans la caverne du monstre, dans laquelle i pénétrait pour la première fois, yavait des traces qui f'saient furieusement penser à un rituel de son papa, c'qu'a faussi fait penser au précédent gros lézard qu'on avait vu dans l'désert... Du coup, l'a essayé de parler au p'tit dragon - qu'a essayé d'le manger d'abord - et avec un peu d'sa magie l'a pu échanger avec la bestiole, qu'a pu confirmer c'qu'on commençait à d'viner. Bref, le père de Manil était à l'origine de la présence du dragon ici, dans les cavernes, et des ordres qu'on lui avait donnés. En gros, tuer tout l'monde sauf la Dame Sombre et ceux qui l'accompagnaient. Et l'avait l'air d'être bien balèze, c'te Dame Sombre...

On part quand ?
Je passe sur les détails de la fouille de la forteresse, mais en gros on avait bien tué tout l'monde (sauf les prisonniers et l'mini-dragon) et on était tranquilles. Et blindés de bouffe, d'armes et armures diverses, de papiers sur le passé d'la secte, de livres sur des trucs noirs, de matos divers (outils, bois, couvertures...), etc. Avec en prime trois mules qu'avaient pas franch'ment envie d'entrer dans les souterrains. Mais à côté d'ça, d'une part on avait pas grand choix des endroits par où partir, d'autre part on allait p'têt' pas rester seuls très longtemps. Entre la Dame Sombre qui pouvait passer faire salut à tout moment et d'aut' gars du culte, on pouvait s'attendre à tout. Alors qu'est-ce qu'on attendait pour se barrer ?

Premier problème : on était crevés. L'a fallu une bonne matinée de sommeil pour que la plupart aillent mieux, au moins c'était facile. Mais les trois ex-prisonniers mal en point, leur a fallu du temps pour émerger d'l'inconscience, et dans leur état z-étaient pas capables de prendre la route dans les montagnes ni même d'êt' transportés. Se balader sur une p'tit' route de montagne en hiver, sur une mule, quand on est blessé et épuisé physiqu'ment et moralement, ça allait pas l'faire. Au bas mot leur fallait une semaine pour arriver à tenir debout et faire plus que s'traîner, comme par exemple tenir sur un canasson. Et encore.

Une semaine sur place, ça enchantait pas vraiment les copains. On pouvait avoir d'la visite à tout moment, et on s'attendait pas à c'qu'elle soit amicale. D'un aut' côté, ça laissait du temps à Farouk et Manil pour lire les papiers trouvés chez l'sorcier. Bon, entre ça et l'échange avec le mini-dragon, on a pu comprendre mieux c'te secte et c'qu'i' s'était passé dernièrement, l'histoire des enlèvements et tout, mais j'ai déjà dit l'essentiel. Restait qu'le père de Manil était parti yavait bien vingt ans après avoir fait cadeau d'un dragon à la secte, et on savait pas du tout où il était allé. Avec la Dame Sombre, sans doute, mais pour où, la question restait sans réponse.

A côté d'ça, on n'avait pas trouvé non plus de trésor numénoréen dans l'coin. si ça s'trouve l'était encore quèqu'part par là. Ou la Dame Sombre l'avait embarqué ya bien longtemps. Après, de toute manière, on avait pas vraiment les moyens d'porter grand-chose : avec les trois blessés graves à emmener sur les mules, on pouvait pas embarquer trop d'trucs : adieu les lots d'armes et armures à revendre des dizaines de pièces d'or, par exemple... Farouk voulait aussi retrouver l'nain, seul au besoin, sans parler du matos qu'on avait laissé dans la vallée, ou à flanc de montagne. Et certains auraient bien voulu foutre en l'air la forteresse pour éviter qu'elle continue à servir, ou au moins le monolithe noir magique, qu'on savait même pas comment l'avait pu finir là. N'empêche que le soleil avançait dans l'ciel qu'on avait pas encore beaucoup d'éléments de réponse à ces questions-là...
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Niemal
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Journal de Tobias - récit n° 40

Message non lu par Niemal »

Pas à dire, là où l'équipe passe, les corbeaux festoient pas mal. Ou les dragons d'ailleurs. Vous m'direz, mieux vaut qu'ça soit d'autres que nous, n'empêche que ces derniers jours la boucherie a marché à fond. Franch'ment, pas besoin d'orcs pour rendre les montagnes du Mordor bien sanglantes. Et l'pire c'est qu'j'ai pas mal aidé à tout ça. Bon, soyons honnêtes, c'était pour sauver un copain mal en point, un nain qu'sait pas trop grimper ou passer inaperçu pis qu'on a enfin pu r'trouver, j'vous dis pas dans quel état...

Alors ouais, super, les ennemis trépassent et on est encore là, le bien est l'plus fort et j't'en passe et des meilleures. Mais ya toujours la Dame Sombre et l'père de Manil quèqu'part, ya toujours un p'tit dragon dans les cavernes, ya toujours ce foutu monolithe noir qui m'fout les j'tons (et pas qu'à moi)... Me d'mande si l'nettoyage est terminé pis si on a fait du bon boulot ou si tout va bien vite recommencer avec d'autres. Pis on fait quoi après ? Lakem veut r'tourner en Gondor faire son rapport, mais certains copains sont pas trop sûrs de l'accueil qui les attend...

A la recherche du nain
Bon, Farouk a décidé d'aller chercher Marti sans plus attendre. I s'rait sans doute parti seul vu l'peu d'intérêt des autres si en fin d'compte j'avais pas décidé d'l'accompagner. Même si ce foutu drogué de baston ou d'argent a déjà essayé d'me voler, et chuis pas près d'oublier ça, n'empêche qu'il a aussi ses bons côtés et que j'le voyais mal se débrouiller tout seul dans la nature ou auprès de Haradrim pas forcément très accueillants envers des étrangers solitaires. Sans parler des adorateurs de secte divers qu'aiment rien d'mieux qu'de venir en aide aux personnes en détresse... de manière définitive. Après tout, on n'est pas les seuls bouchers au monde, loin d'là. Bref, me suis dit qu'Farouk pourrait apprécier un coup d'main d'ma part, pis les blessés étaient en bonne voie d'guérison, zavaient plus b'soin d'moi.

On est donc partis l'soir même, après avoir pris des trucs blancs à se mettre pour être plus durs à voir sur un paysage enneigé. Le ch'min était couvert de neige mais bon, le Haradrim et moi on a l'pied sûr, c'était pas un problème. On a bien avancé dans la nuit, avec la neige l'obscurité était pas trop un problème, surtout pour Farouk qui voit super bien dans l'noir. Bref, on est bien descendus jusqu'à un coin où j'aurais bien fait un camp mais yavait aussi un feu plus en contrebas : des gens étaient là, amis ou ennemis c'était pas possible de savoir. Alors Farouk a décidé d'me prendre sur ses épaules vu que j'commençais à êt' fatigué pis on a commencé à descendre pour voir de plus près le camp en contrebas sans s'faire voir.

On s'est donc approchés du camp installé plus au fond d'la vallée, dans un petit bois où coulait le ruisseau qui descendait des montagnes. Tout l'temps depuis l'chemin enneigé, Farouk a effacé nos traces, même si dans la neige ça reste facile de nous suivre quand même. Au bruit, yavait des chiens dans l'camp, et j'ai pu r'pérer des gardes mais difficile d'en savoir plus de si loin. On a contourné l'camp, on s'est planqué dans un coin, on a bouffé un lièvre attrapé peu auparavant, et on s'est pieutés. Au p'tit matin, le Haradrim m'a réveillé et j'ai entendu que les autres étaient en train d'lever l'camp. Mais aussi, j'ai pu entendre quelqu'un jurer et p'têt' même se battre un peu. Manifestement, ce con d'Marti était pas arrivé au village : l'avait fait une mauvaise rencontre et maint'nant l'était prisonnier du groupe qu'on v'nait d'contourner. Et qui semblait prêt à s'diriger vers la forteresse d'où on v'nait...

Bon, on s'est éloignés un peu et on s'est planqués en grimpant un peu en hauteur, derrière un trio d'épicéas sur une p'tite corniche. De loin on a vu le groupe arriver au ch'min qui menait à la forteresse : une bonne vingtaine de guerriers qui ressemblaient bien à ceux d'la forteresse, avec des chiens, deux mules et Marti attaché et bien gardé. Problème : quand l'groupe est tombé sur nos traces dans la neige (Farouk les avait effacées seulement après avoir quitté le ch'min), ça a été un peu l'branle-bas d'combat. Un groupe de six guerriers accompagnés de trois chiens s'est détaché du groupe et est arrivé assez vite dans not' direction. On était coincés et avec les chiens ou la neige, pas vraiment possible de semer les guerriers qu'arrivaient. Et l'reste du groupe attendait pas loin...

Bluff et méfiance
Farouk avait imaginé un discours pour passer pour un père à la recherche de son fils perdu ou un truc dans l'genre. Moi j'étais assez p'tit pour qu'i' m'remarquent pas, et donc le Haradrim a essayé de s'la jouer au bluff, genre pauv' gars paumé qui d'mande rien à personne mais qu'a eu peur en voyant le groupe armé. Bon, l'a débité son histoire, mais on sentait bien qu'les guerriers avaient pas franch'ment envie d'le laisser s'en tirer à bon compte. P'têt' qu'i croyaient à son histoire, mais après tout, vu l'nombre de gars qu'i d'vaient kidnapper, zavaient p'têt' pas envie d'laisser partir un éventuel témoin gênant. Ou p'têt' simplement qu'pour eux c'était un nouveau futur sacrifié à balancer à leur divinité, et zavaient pas envie d'le laisser filer si facilement !

Bref, à chaque fois, le chef des six lui disait d'accord ton histoire l'est bien jolie, mais descends donc par là qu'on voie à qui on a affaire, et viens avec nous c'est mieux pour ta propre sécurité. Pis en passant donne-nous tes armes, t'en auras pas b'soin avec nous. Ce à quoi Farouk leur répondait quèqu'chose du genre allez vous faire foutre, mais en plus poli. Enfin, chais pas exactement c'qu'i disait vu qu'c'était dans leur langue, hein, un parler haradrim local. Dans tous les cas ça avançait pas vraiment, pour pas dire que c'était complètement bloqué. Zétaient coincés en bas et Farouk leur avait bien fait comprendre qu'il accueillerait des invités avec du fer, et donc nous on était coincés en haut.

Vu l'impasse que c'était, au bout d'un moment deux gars sont partis prév'nir le reste de la troupe. En bas, les guerriers s'étaient tous planqués derrière des arbres proches, donc la fenêtre de tir était réduite. Mon rôdeur haradrim aurait pu en blesser un p'têt', mais après les autres auraient été encore plus vigilants. Enfin bref, les deux gars partis prév'nir les autres ont fini par revenir, tandis qu'on voyait le reste de la troupe commencer à reprendre la route sur le ch'min qui m'nait à la forteresse. Zavançaient pas bien vite, c'qu'était normal vu l'étroitesse et la présence de la neige. C'était la fin d'la matinée, et leur faudrait sans doute la journée pour arriver là-haut où les copains nous attendaient, mais pas eux, et pas si tôt...

Avec Farouk on a monté un plan. En plus de mettre du poison d'araignée sur ses flèches pour davantage d'efficacité, on a décidé d'attendre la nuit. Not' force c'était la discrétion, et on allait jouer là-d'sus. Les autres savaient pas qu'j'étais là, ou en tout cas i savaient pas de quoi j'étais capable. De nuit, nous discrets et perceptifs, et eux moins, on avait l'avantage... si j'arrivais à descendre sans m'faire voir et m'faire flécher. Le gros problème c'était les chiens également : i zavaient pas besoin d'me voir pour me r'pérer et réagir, donc i d'vaient être la cible prioritaire des flèches empoisonnées. Ben c'est c'qu'on a fait.

Des cris dans la nuit
J'ai réussi à descendre sans m'faire voir, jusqu'à des buissons plus ou moins en d'sous de là où Farouk nichait, derrière les trois p'tits épicéas. Me rappelle plus si les chiens ont commencé à grogner à c'moment-là ou après la première flèche de Farouk, mais l'résultat est l'même : un chien s'est pris la flèche, l'a jappé un bon coup, mais encore plus quand il a senti l'poison mortel lui courir dans les veines. La pauv' bête est morte peu d'temps après. Les deux autres ont filé vers moi, l'une s'est prise une autre flèche du Haradrim au-d'sus d'moi qui lui a définitivement fermé la gueule, et l'autre, ben, la pierre de ma fronde qu'il a prise en plein tête l'a sonné assez pour l'arrêter, le temps pour Farouk de l'achever avec une autre flèche pendant qu'j'me replanquais.

Les archers ont tiré sur Farouk qui s'était un peu découvert pour tirer les chiens en bas d'la falaise ousqu'il était, mais sans conséquence, même si i m'a dit qu'l'une des flèches était passée pas loin. Pis après l'a attendu, vu qu'c'était à moi d'jouer. Discrèt'ment, j'ai commencé à faire le tour du coin ousque les guerriers étaient planqués à zieuter du côté du Haradrim. J'en ai choisi un un peu à l'écart, une pierre de ma fronde, pis l'gars f'sait un pas d'côté juste assez pour qu'une flèche empoisonnée vienne lui rendre la vie un peu difficile - efficace, le poison des araignées. Et pendant c'temps-là j'me replanquais.

On a fait ça plus d'une fois et c'était assez efficace, p'têt' aussi qu'mon Haradrim a réussi à en tirer un ou deux directement, lorsqu'ils essayaient d'le flécher, mais à c'jeu-là c'était l'plus fort. En tout cas, après un moment, il en restait plus qu'un, leur chef. L'a compris qu'c'était perdu pour lui et il a essayé d'se débiner en courant, en prenant bien soin de mettre des arbres entre Farouk et lui pour pas s'prendre une flèche dans l'dos. Mais l'avait pas prévu qu'une branche viendrait s'mettre dans ses pattes juste en passant près d'un arbre où j'm'étais planqué. Par terre, c'était une cible plus facile, et une flèche lui a réglé son compte.

Bon, Farouk est descendu, on était contents : on avait divisé un peu l'groupe et on avait réglé leur compte au tiers d'entre eux. Restait maint'nant à espérer qu'les copains auraient bien géré le reste, là-haut. On a commencé à s'mettre en ch'min mais j'étais trop crevé pour faire le voyage. On a trouvé un coin où s'pieuter, et après quelques heures le Haradrim m'a réveillé, et on est r'partis. On voulait arriver avant l'aube à la forteresse, et on pensait mettre la moitié de la nuit, heureusement longue en hiver. Mais avant d'arriver là-haut, alors qu'i f'sait encore nuit, on s'est arrêtés et on s'est planqués : on avait rejoint l'groupe, même si i manquait p'têt' bien deux ou trois gugusses et un chien. Par contre Marti était toujours là...

Bluff et embuscade
Les copains m'ont raconté un peu c'qu'i s'était passé sans nous. Après not' départ, ils ont mis des sentinelles sur les murs de la forteresse et devant la salle du monolithe. J'crois que Kacem avait même installé une sorte d'alarme si jamais la porte des cavernes était ouverte. Pis i-z-ont continué à soigner les blessés, Gaerwen i'm'semble. Bon, en tout cas, le lend'main soir après not' départ, l'elfe a vu qu'du monde arrivait. L'a prév'nu l'équipe, et après un moment ses sens d'elfe lui ont appris qu'le nain était d'retour... et pas dans le meilleur état qui soit. Et avec le toit d'une tourelle à l'entrée qu'on avait fait partir en fumée, les guerriers qu'arrivaient risquaient fort de s'méfier...

Alors bon, z-ont décidé de la jouer à l'entourloupe : l'elfe s'est déguisée, le problème c'est qu'elle parlait pas la langue locale. Alors elle a déguisé aussi Kacem, qui parlait haradrim même si pas forcément exactement celui du coin, mais on pensait qu'ça pouvait passer. Le groupe est arrivé, le chef avait l'air méfiant, surtout qu'i r'connaissait pas not' voleur qui lui parlait. Lui a d'mandé d'faire venir quelqu'un qu'i connaissait, ce à quoi Kacem aurait répondu qu'l'était indisponible pour cause de retour de la Dame Sombre. Mais l'gars a posé d'autres questions et on sentait bien qu'la ruse prenait pas complètement. En tout cas l'chef a d'mandé à un d'ses hommes d'aller voir avec un chien, et les copains ont dû penser qu'la partie bluff allait prendre fin...

Ça a donc bastonné : Gaerwen a ouvert la porte et s'est occupée du chien, tandis qu'l'homme basculait dans l'vide suite aux couteaux dans l'dos lancés par Kacem. Plus tard, paraît qu'l'est descendu au fond - chouette grimpette pourtant - pour récupérer ses dagues. Ya eu d'autres échanges de tirs, l'elfe a p'têt' tué deux aut' gugusses dont l'chef, pis un autre gradé a commencé à ordonner une retraite. Zont fait une pause hors de portée de tir, mais Tirielle a proposé un marché : rendre la forteresse aux guerriers contre le nain ; le tout après avoir dit que tous dedans étaient morts et que ce s'rait leur tour à eux bientôt. Mais l'nouveau chef - qui parlait le ouistrain - avait l'air têtu m'ont dit les copains, et l'a compris qu'Marti était un copain, donc important, et l'a préféré envoyer des noms d'oiseau à Tirielle en la prenant pour la chef - ça lui a fait plaisir - et s'éloigner un peu plus.

Pis l'a commencé à torturer le nain pour en savoir plus sur le groupe. Son but c'était d'en savoir le plus possible et partir ramener des renforts, ou du moins c'est c'qu'i disait. Les copains se sont dit qu'le gars allait finir par tuer Marti qu'était trop con et têtu pour donner des réponses satisfaisantes, donc qu'i fallait intervenir et pas les laisser partir. Autrement dit, sortir de la forteresse pour combattre sur le chemin large de parfois juste un pas. A ce jeu-là, les archers étaient les plus forts, et Tirielle était la meilleure, donc fallait juste trouver de quoi s'protéger des flèches des autres. Son idée ? Prendre une porte de la forteresse, y mettre des poignées et s'en servir de bouclier, avec Belzagar comme porteur dudit bouclier.

Vives tensions
Les copains se sont donc approchés de la bande de guerriers dont l'chef essayait d'faire parler - ou plutôt chanter - Marti. Ledit nain a beau êt' fort et endurant (et têtu) comme une mule, i commençait à céder à la douleur et à chanter donc. Voyant qu'les secours arrivaient, le chef des guerriers s'l'est joué provocateur et il a commencé à balancer en l'air des morceaux d'barbe du nain. Rapport à une menace de l'elfe qu'avait dit qu'si i touchait à un poil de barbe de son copain, l'était un gars mort. Manifestement, le gars en question avait envie d'montrer qu'la menace prenait pas avec lui, et même au contraire. Bon, à un moment i s'est pris une flèche de Tirielle dans l'bras et il a chanté lui aussi, mais ça changeait rien.

Les guerriers étaient prêts au combat, et surtout le chef a dit qu'si les copains f'saient un pas d'plus, le nain partirait en morceaux plus ou moins gros dans l'vide. Arriver à temps pour sauver Marti semblait impossible, et l'elfe voulait y aller coûte que coûte pasque sinon son copain allait mourir. Le rôdeur du Gondor, Lakem, a dit qu'i yavait p'têt' mieux à faire, pasque pour lui, deux têtes de mule comme Tirielle et l'aut' chef des guerriers d'la secte, i risquaient bien d'avoir raison tous les deux : l'elfe allait tuer tout l'monde (pas toute seule, hein), mais l'chef allait tuer Marti. Alors que peut-être qu'en les laissant partir i s'méfieraient moins et on pourrait sauver Marti en les prenant par surprise.

Tirielle s'est laissée influencer, surtout qu'elle était bien la seule à penser qu'i fallait foncer dans l'tas pour sauver l'nain. Donc au bout du compte, ben, les copains ont arrêté d'avancer et pis i-z-ont fini par repartir vers la forteresse. Le tout avec des commentaires moqueurs du chef, des menaces de retour avec les forces nécessaires, etc. Surtout qu'le nain avait dit qu'les copains étaient une vingtaine, qu'i zavaient pris la forteresse d'assaut en passant par la montagne, etc. Manifestement le chef des guerriers prenait ça au sérieux. Et pis plus que tout, d'après c'que les copains m'ont dit, il avait vraiment la haine, et Tirielle en particulier d'vait lui donner de sacrées aigreurs d'estomac !

Paraît qu'la grande gueule d'elfe s'est pas mal exprimée aussi, elle a envoyé aussi des noms d'oiseau et des promesses de mort et tout et tout. L'histoire lui a donné raison, mais on en était pas encore là. Les copains ont fait retraite jusqu'à la forteresse, où ils ont décidé de s'reposer et d'repartir seulement en fin d'nuit ou début d'journée. Pendant c'temps-là, les guerriers avec Marti descendaient un peu sur le ch'min, avant d'trouver un endroit hors de vue d'la forteresse et assez large pour faire un camp. Où i-z-ont soigné leurs blessés - et même le nain, d'vaient avoir en tête de l'utiliser d'une manière ou d'une autre - et se sont r'posés. Et c'est là où on les a trouvés, Farouk et moi.

Chant et chutes
Le Haradrim et moi, on a donc monté un plan. J'étais r'posé, donc j'pouvais m'servir d'l'amulette magique qui m'permettait d'endormir les gars agressifs. Ben on allait faire une embuscade pour les rendre agressifs, pis j'allais chanter, en espérant qu'la majorité piquerait un roupillon qu'on rendrait définitif après s'être débarrassé des autres pas endormis. On a r'culé un peu jusqu'à trouver un coin idéal où on pouvait s'planquer un peu - surtout moi - et où on pourrait met' not' plan à l'œuvre. On a trouvé, on s'est installés, Farouk a mis de l'huile sur un buisson et a fait une flèche enflammée pour ralentir des guerriers pas endormis, pis on a attendu, planqués sur le chemin.

Le groupe est descendu après un moment, et Farouk a fléché l'premier chien, qu'est mort rapidement. Ces cons d'guerriers, zont pas réussi à voir d'où ça v'nait, donc le deuxième chien a subi l'même sort. A présent on avait les coudées encore plus franches, ça s'présentait bien. Les guerriers ont enfin r'péré mon Haradrim, et i's'sont divisés en deux : des guerriers ont commencé à courir vers nous, d'autres ont pris leurs arcs et leurs flèches pour trouer mon copain, sans compter un blessé qu'savait pas trop quoi faire. Bien entendu, Marti était resté plus haut avec les archers et les mules, et p'têt' qu'il avait un gusse pour lui tenir la corde qui l'attachait, mais j'crois pas, ça d'vait être un des archers. Et j'ai chanté.

Ben, l'amulette marche toujours pas mal, hein. Les deux tiers des guerriers s'sont endormis, et certains, en mouvement ou penchés vers le bas pour tirer, ben i sont tombés pas seul'ment dans l'sommeil mais aussi d'assez haut - une portée d'flèche peut-être dans l'bas d'la vallée - et on a pas eu b'soin d'aller les ach'ver. Deux guerriers armés ont continué sur le ch'min vers Farouk, un archer a tiré, le blessé était encore là... Le rôdeur était un peu plus loin qu'moi, et manifestement les guerriers m'avaient toujours pas r'péré. L'premier m'est passé d'vant sans m'voir et a fini avec une flèche de Farouk (qui s'est occupé d'l'autre archer avant j'crois, chais plus bien). Le second a p'têt' r'marqué quèqu'chose mais pas assez vite pour éviter ma pierre dans sa tête, et l'a continué bien bas... Et Marti s'est occupé du blessé surpris, histoire de lui faire goûter aussi aux joies du fond d'la vallée !

Bref, on a réussi à tous les tuer, à r'trouver Marti et à récupérer ses affaires (et deux mules), entre autres choses. Là-d'sus, Kacem et Tirielle sont arrivés qui comptaient prendre le groupe en filature et faire des trucs discrets et mortels, mais zont même pas eu l'temps ! On est r'montés à la forteresse, mais pas tout d'suite, j'étais crevé et l'nain était mal en point. Après avoir soigné Marti et pris un peu d'repos, on a pu rejoindre les autres et passer une semaine à s'reposer. L'a fallu encore utiliser l'amulette pour soigner magiquement l'nain pasqu'il en avait bien besoin et ça allait plus vite. Si bien que malgré ses nombreuses blessures, et l'une était sérieuse, l'a été r'mis sur pied en juste une semaine !

Restait plus qu'à savoir quoi faire ensuite : on avait cinq mules, trois kidnappés sauvés, plein d'matos à transporter et vendre. Sans compter des trucs précieux trouvés çà ou là, et j'me d'mande c'que l'voleur d'Umbar a trouvé sans nous l'dire. Et Manil avait plein d'livres concernant l'passé d'la forteresse et son père, entre autres choses. Et on fait quoi maint'nant, on va où ? Lakem voulait rev'nir en Gondor faire son rapport, on avait trois gugusses à ram'ner chez eux, des trucs à vendre... et ensuite ?
Slyden

Re: Terre du milieu Système J - La relève...

Message non lu par Slyden »




Le groupe n’est plus sur la route principale et ne semble pas avoir été suivi.
Autour du feu, Farouk exprime ce qui est latent depuis un certain moment: il est temps de se séparer. Désormais libre de choisir une route, chacun n’a pas les mêmes envies, les mêmes buts ce qui est légitime.
L’Haradrim annonce qu’il n’ira pas au Gondor. Il restera dans le Harondor afin d’aider comme il le peut la population sous le joug des seigneurs Haruzes. Il souhaite bonne chance au groupe. Peut être leurs chemins se recroiseront-ils ? Tobias indique alors qu’il va suivre le Haradrim.
Ils emporteront un cheval pour deux et la mule qui porte leur équipement et laissent leur part de pierres précieuses.
D’autres personnes peuvent bien sur se joindre à eux si ils le souhaitent même si pour beaucoup il est difficile de passer inaperçu et qu’ils ont peut être d’autres objectifs que de voler les riches pour donner aux pauvres.


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phejal
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Re: Terre du milieu Système J - La relève...

Message non lu par phejal »

Tiriel et Marty lui souhaite bonne chance pour la suite, à lui ainsi qu'à Tobias (gros bisous) mais leur rêve un jour de revoir leur pays natal et la dangerosité d'être elfe ou nain dans cette région fait qu'ils ne peuvent les accompagner.

"Bonne route les amis et que les Valars vous protège".
Le meilleur savoir-faire n’est pas de gagner cent victoires dans cent batailles, mais plutôt de vaincre l’ennemi sans combattre.
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Niemal
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Journal de Tobias : récit n° 41

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Pas à dire, j'commence à r'gretter d'plus en plus not' bonne vieille île magique, loin d'la "civilisation" où tout est compliqué et ousqu'on dirait qu'ya toujours quelqu'un qui t'veut què'que chose de pas très bon pour toi... Au choix : ta vie, ton équipement, ton fric, ou d'autres trucs qu'on sait pas et qu'on veut pas savoir ! Et chuis pas l'seul à penser ça, les copains ont l'air de pas vouloir traîner dans l'coin et la proximité du Mordor les ennuie d'moins en moins, dans la mesure où au moins ya pas grand monde à part què'ques orcs faciles à gérer. Alors qu'ceux qui nous ont en grippe, par contre...

Pas non plus qu'ce soit simple entre nous : entre Tirielle qui ronronne du côté du pirate d'Umbar, et Kacem qu'est prêt à m'trucider si j'touche à son fameux or, j'vous dis pas l'ambiance des fois ! Alors comme ça, l'or qu'on a récolté peut servir à nous sauver mais pas à sauver les autres ? Du coup Farouk s'demande c'qu'i fait là, pendant qu'l'elfe cherche les compromis... Même Marti a pas trop mal réagi quand j'lui ai piqué sa bourse pour en faire profiter les pauv' du coin... qu'ont pas fait trop d'histoire à m'aider à sauver Tirielle au passage. 'fin bon, si Kacem veut crever seul sur son or comme un dragon, ben j'attendrai qu'i crève pour me servir après coup !

Retour et partage
Bon, alors suite à nos dernières aventures, le bilan était simple : on avait trois blessés, des gens sauvés du culte qu'allait leur faire un mauvais sort. J'parle mêm' pas d'Marti : entre sa super constitution et l'amulette magique que j'avais, l'avait guéri en un rien d'temps ! Bref, nous restait plus qu'à attendre un peu qu'les ex-futur sacrifiés soient prêts à assumer un p'tit voyage en montagne en hiver - une semaine à tout casser - et on pouvait charger les mules avec le meilleur trouvé dans la forteresse, et en particulier les armures métalliques et les meilleures armes. Et je passe sur les trucs que l'voleur d'Umbar avait pu trouver et garder par-devers lui...

Au final, entre la guérison des ex-prisonniers et le mauvais temps, on a dû attendre neuf jours. Pis on est descendus dans la vallée, sans problème aucun, pis on est rev'nus au village ousqu'on avait laissé nos affaires et chevaux, à la grande surprise de certains. Bon, bref, on a tout récupéré sans mal, pis on est r'partis, vu qu'les gars du coin avaient pas de forgeron ou marchand capable de nous donner la valeur des trucs qu'on voulait vendre, d'après les copains. On s'est dit qu'i fallait aller jusqu'à Amrûn j'crois qu'la ville s'appelle, un coin fortifié sur la rivière qui s'jette dans l'océan. En tout cas, d'après Farouk, un endroit où on pouvait trouver des bons marchands et artisans.

Ouais p'têt' ben, mais en attendant, on est passés sur plein de p'tits territoires haruzes dont les patrouilles avaient une règle toute simple : la tranquillité en échange d'une "taxe" pour les marchandises qu'on transportait. Du coup, après un moment, on est sortis d'la route principale pour les éviter le plus possible, même si ça nous prenait plus de temps. On en profitait pour se trouver à bouffer nous-mêmes le plus possible - Farouk est vraiment un as - et si parfois on croisait une patrouille, nos deux Haradrim discutaient l'bout d'gras pour faire baisser le prix d'la taxe, qui s'montait quand même à què'ques pièces de bronze à chaque fois...

Mais à la ville d'Amrûn, on d'vait subir un inventaire complet pour payer une taxe d'entrée en fonction de c'qu'on f'sait entrer comme trucs précieux. Du coup, et aussi pour le cas où, et en tout cas pour que ce soit moins visible, le fric qu'on avait rassemblé a été partagé entre tous. Sauf pour moi, vu qu'j'aime pas avoir de l'argent sur moi sauf pour le donner. Bref, l'argent a été réparti, on s'est présentés à l'entrée d'la ville, on a payé la taxe d'entrée et on est entrés. On a laissé les ch'vaux à une écurie proche de l'entrée, celle de l'auberge conseillée par Lakem, où on pouvait laisser un message au patron pour lui. Ben ouais, le gars du Gondor avait préféré pas êt' vu en not' compagnie, pis s'était occupé des gugusses qu'on avait sauvés, donc on était juste entre nous.

Voleurs et proie
En entrant j'ai vu plein d'mendiants, pour beaucoup d'anciens guerriers qu'la guerre (avec Umbar ou Gondor, ou les deux, ou entre les seigneurs du coin, pas très clair tout ça) avait laissés en piteux état - estropiés quoi. Certains étaient encore blessés ou malades, donc j'me suis dit qu'c'était du boulot pour moi. Bien sûr le premier truc qu'ces pauv' gars avaient besoin, c'était un peu d'argent pour pouvoir manger, dormir sous un toit, etc. Bref, zavaient besoin d'argent, donc j'ai pris la bourse du nain - chuis pas près d'oublier la fois où il avait voulu prendre la mienne à Tharbad - et chuis allé leur en faire profiter.

Pendant c'temps, les copains voulaient aller vendre leur équip'ment piqué au culte auprès d'un bon (et unique) armurier de trucs de métal de la ville. Mais Tirielle a pas voulu attendre et elle a préféré partir seule dans son coin, pour trouver un autre artisan capable de lui vendre c'qu'elle cherchait. Apparemment l'a trouvé c'qu'elle voulait, mais j'ai cru comprendre auprès des mendiants du coin qu'c'était pas très prudent, surtout qu'j'ai vite repéré des gars qui l'avaient repérée et qui la suivaient. P'têt' qu'elle s'était grimée en homme, mais un gars qu'achète auprès d'un armurier, c'est qu'il a du fric. Quand c'est un étranger qu'a pas l'air gros et qu'est seul, forcément, c'est tentant...

J'avais connu ça à Tharbad, donc j'ai pas été surpris d'la suite. Les gars l'ont suivie, et ont fini par lui tendre une embuscade. Elle a réussi à éviter leurs coups et en a tué un avant d'se jeter par la fenêtre d'une maison quand elle a vu qu'elle était coincée. Mais elle a été suivi par le groupe de voleurs, alors j'ai décidé d'faire intervenir les mendiants qui m'avaient accompagné pour m'aider - m'étais dit qu'i pouvaient être utiles, et vu tout l'fric que j'venais d'leur refiler, i pouvaient bien m'faire ça ! On est donc arrivés dare-dare dans la boutique d'un fripier où elle avait fini par être coincée...

Ben elle s'était bien battue - l'avait même tué un autre de ses poursuivants - mais à présent elle était par terre où deux gars étaient en train d'la rouer d'coups avant d'l'achever d'un coup d'épée. Bon, le gars qu'a levé son épée s'est pris une pierre de ma fronde derrière le crâne et les autres ont vite compris que des gueux, et surtout d'anciens guerriers, même blessés, quand c'est nombreux ça peut être vilain. Bref, les voleurs ont été laissés par terre, pour mort, dépouillés par mes "copains", pendant que j'soignais ma copine. Heureusement l'avait aucune blessure grave, et vu qu'c'est une elfe elle gardera pas d'cicatrice. S'est même fendue de quelques pièces pour les gueux, pour les r'mercier d'lui avoir sauvé la vie. Ça c'est la Tirielle que j'aime !

Tensions internes
Bon, après l'avoir soignée on est r'partis chercher les autres, qu'étaient plus à l'auberge. I d'vaient essayer d'vendre les armures et armes récupérées dans la forteresse, et vu qu'les gars du coin utilisaient pas trop de métal - portez une armure métallique dans l'désert, qu'y fasse froid ou chaud, et vous comprendrez - ça laissait pas guère de choix : yavait qu'un seul artisan qui f'sait et vendait ou ach'tait des armures métalliques, sans parler des armes, dans la ville. Et c'est bien là qu'on les a trouvés, ousque ça discutait ferme. Peu de demande, un gars qu'avait l'monopole, les prix proposés plaisaient pas aux copains. Zont fait affaire mais presque à contre-cœur on dirait.

Quand on est entrés et qu'les autres ont vu l'état d'l'elfe, forcément, ya eu des questions. On a raconté c'qu'y s'était passé et Tirielle s'en est pris plein la tronche, comme quoi elle en f'sait qu'à sa tête et écoutait pas les autres, etc. Pas qu'c'était pas mérité, même si, à sa décharge, j'ai cru comprendre qu'elle avait voulu faire une surprise. Si j'ai bien compris et bien r'péré què'ques p'tits échanges, l'était allé acheter un cadeau pour le grand pirate pour qui on dirait qu'elle avait des sentiments. Ch'crois qu'le cadeau lui a plu - l'a gardé en tout cas - mais l'a pas répondu aussi favorablement qu'elle l'aurait souhaité. I voulait prendre le temps d'considérer ses sentiments à elle avant d'voir si ça changeait beaucoup les siens...

Pour rev'nir sur ce côté perso d'l'elfe, yavait tout d'même un p'tit truc : j'pouvais dire qu'je faisais la même chose sans qu'les autres m'engueulent autant. Après tout, j'avais dit qu'j'allais m'occuper des pauvres, seul, et on m'a laissé faire sans problème. Bon, p'têt' aussi j'attire pas l'attention comme l'elfe pis mon côté "survivor", mon héritage de Tharbad, fait qu'les autres ont plus confiance en moi pour me dépatouiller tout seul. Ou qu'i s'en fichent plus pour certains. Bref, l'elfe s'est fait tirer les cloches et le négoce a continué. Vendre, récupérer du fric, mais aussi achats. Et c'est là qu'ça a commencé à êt' mon tour d'm'en prendre plein la gueule.

Tirielle l'avait déjà d'viné quand elle m'avait d'mandé d'où v'nait l'fric donné aux pauvres par mes soins. J'lui avait dit et elle avait l'vé les yeux au ciel vu qu'yen avait pour une p'tite fortune - l'équivalent d'plusieurs pièces d'or. Et l'nain a bien fini par s'rendre compte qu'i lui manquait quèqu'chose, et deux plus deux faisant quatre le reste du groupe a bien fini par comprendre. Marti était écoeuré mais l'a pas fait d'grabuge pour autant, l'a même refusé l'argent que Tirielle a voulu lui donner pour compenser. Par contre, Kacem m'a dit droit dans les yeux qu'si jamais un jour j'lui f'sait un truc pareil, i'm'tuerait. Et l'était très sérieux. Marrant - normal ? - v'nant d'la part d'un voleur qui gérait l'fric du groupe, à sa manière...

Recherchés !
Ce côté pas très souple de Kacem, ça l'a aussi empêché de faire quelques affaires, estimant qu'il avait pas l'fric qu'i méritait pour les trucs qu'i vendait. Bon, l'avait p'têt' pas complètement tort mais j'pense qu'il était un peu gourmand aussi. En tout cas i f'sait bien la paire avec Belzagar, alors que Farouk passait mieux auprès des gens, l'était plus à leur écoute. Pas qu'l'un soit forcément meilleur que l'autre, chacun son style... Mais en tout cas ça laissait pas les gens indifférent. Et notamment un marchand qu'a eu l'idée de faire pression auprès du groupe pour remporter un truc à bon prix. Comme les copains étaient pas disposés à l'céder au rabais, l'a laissé traîner quelques paroles comme quoi i pouvait p'têt' se faire aider par des copains convaincants pour obtenir quand même la marchandise...

Ces paroles ont pas plu au pirate - normal - même si manifestement dans l'coin les gens causaient facilement comme ça. Bref, Belzagar a dit au marchand qu'au moindre problème i r'viendrait faire la fête au gars et lui mettre la tête dans un étant qu'j'vous laisse imaginer. Le pirate d'Umbar a pas forcément beaucoup d'imagination mais i sait stimuler celle des autres... Le gars a pas bronché mais l'a apprécié la tentative de Farouk d'arrondir les angles et de pas être aussi percutant. Du coup il lui a dit - gratuitement - qu'en fait plusieurs personnes du groupe étaient recherchées depuis peu, des annonces circulaient en ville et quelqu'un semblait prêt à donner de l'or pour nos têtes...

Bon, quand Farouk nous a dit ça j'ai rajouté qu'les pauvres du coin m'avaient dit un truc un peu dans l'genre, même si vu l'argent qu'j'avais donné zavaient plus vraiment besoin d'nous dénoncer. En fait, en décortiquant nos informations, i semblait qu'i yavait peut-être plus d'un gars qu'en voulait à nos têtes. Enfin, quand j'dis nos, la mienne en f'sait pas trop partie. N'empêche que ça a achevé de refroidir les désirs de marchandage des membres du groupe. On a fait nos cliques et nos claques, pis on est r'partis sans attendre le lend'main. En passant j'ai quand même d'mandé aux gueux qu'j'avais aidés à prév'nir Lakem, notre copain du Gondor, avec qui un rendez-vous avait été pris dans la ville. Comme ça au moins i aurait pas à nous'attendre.

Pis on a voyagé, et vite encore. Dès qu'on a pu on est sortis d'la route principale pour aller au nord sur des routes secondaires, où on était moins visibles. On risquait les pépins en allant vers la côté donc on a choisi d'passer par les terres, quitte à s'rapprocher du Mordor. Mais on voulait plus attendre les mauvaises surprises que des inconnus puissants allaient nous mettre dans les pattes. Manifestement, on s'était fait des ennemis et des envieux. Des ennemis à cause de ceux qu'on avait trucidés, p'têt', mais sans doute aussi des envieux à cause des trucs qu'on portait. Après tout, yavait des machins magiques vach'ment vieux et puissants dans l'équipe, et apparemment ça commençait à se savoir...

Mais pour Farouk, tout ça lui conv'nait pas. Avoir sa tête à prix, l'avait l'habitude, à jouer les r'dresseurs de torts par chez lui. Et justement, l'avait pas envie d'fuir, mais combattre à sa manière pour aider les gens. Et franch'ment, les gars comme Kacem ou Belzagar, ils aidaient pas trop, zavaient trop leur intérêt à eux en premier avant celui des autres. Et le rôdeur haradrim avait pas non plus apprécié la menace du voleur d'Umbar à mon égard. Bref, Farouk et moi on voulait aider les autres, y compris en leur donnant le fric des riches. Le pirate et l'voleur d'Umbar, voulaient bien aider les autres mais eux-mêmes en premier, ça les dérangeait pas d'êt' riches et d'le rester. On avait passé des bons moments ensemble, mais l'était temps d'se quitter tant qu'on était encore en bons termes. Pas la première fois qu'ça nous pendait au nez, mais là fallait trancher... si possible sans blesser quiconque. Farouk et moi on a donc dit aux autres qu'on allait les quitter et rester dans l'coin.

Foutus couillons. J'espère qu'i trouveront l'moyen d'pas se faire trucider... ou au moins pas trop vite. Et qui va écrire le récit d'leurs aventures à présent ?
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Psychopat
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Re: Terre du milieu Système J - La relève...

Message non lu par Psychopat »

Pour Belzagar, c'est plus l'envie de quitter la région (trop peuplée d'haradrim) qui l'emporte que d'aider son prochain (qui peut être "presque" tout le monde sauf un haradrim). Faudrait pas oublier qu'il a au moins sauver une ou deux fois tout les membres du groupe... De là à le faire passer pour un nombriliste c'est un peu ingrat. Pour l'affaire de l'or du nain, on ne parle pas de quelques piècettes de bronze mais de plusieurs pièces d'or, une réelle fortune, sans parler que cela a été fait à l'insu du groupe (vol), une pratique que le pirate déteste le plus (le vol entre camarade hein...). Même si cela avait été fait dans un but charitable, cela reste quand même pas tolérable...

Belzagar regrette sincèremment le départ du semi-homme en lui souhaitant les meilleures fortunes à l'avenir. II lui pardonne quand même son dernier geste en pensant que c'est une erreur de jeunesse et explique au jeune hobbit que l'amitié est une denrée rare en ce monde et qu'il faut la préserver à tout prix...

Pour Farouk, il le regarde fixement une main sur la garde de son épée et fonce rapidement sur lui pour le serrer très fortement dans ses bras (une embrassade virile quoi...). Il lui glisse à l'oreille en lui faisant un clin d'oeil qu'il n'aura pas le plaisir de le tuer et qu'il a intêret à tuer le plus d'haradrim pour son souvenir...
"Allez tous vous faire déchirer..."



Asako Moharu :
"Un rikugunshokan infaillible peut-il commettre une erreur Daïdoji-san ?"
Daïdoji Asami :
"Un rikugunshokan Grue ou un rikugunshokan Lion Asako-sama ?"
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Niemal
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Journal de Manil - premier récit

Message non lu par Niemal »

Foutu hobbit qui me laisse sa plume et ses écrits, il aurait pas pu rester plus longtemps ? "Mais si mais si, qu'il m'a dit, tu t'en sortiras très bien, t'as qu'à laisser les mots s'écrire tout seuls, tu vas voir, c'est facile ! Le plus dur c'est d'commencer..." Et dire que c'est un gamin semi-homme de quinze ans haut comme trois grosses pommes qui m'a dit ça, comme si c'était lui le maître et moi l'élève... et c'est bien le cas ! Comment se faire ridiculiser par beaucoup plus petit que soi...

Et s'il n'y avait que ça ! Le nombre de fois où ils nous a soignés ou sortis d'une situation de merde... Farouk et lui vont nous manquer, ça va être coton sans eux. "C'est toi l'soigneur du groupe à présent !" qu'il a dit. Ben tiens, comme si j'en savais moitié autant que lui concernant les soins et herbes médicinales... Et vu la manière que les autres du groupe me regardent, on dirait bien qu'ils partagent mes doutes eux aussi ! Mais voilà, il a raison, il n'est plus là, et j'étais le meilleur soigneur après lui. Je me demande si je n'aurais pas mieux fait de le suivre, plutôt que de rester avec les trois quarts timbrés qui sont mes actuels compagnons. Enfin...

Le mauvais endroit et le mauvais moment
Le rôdeur haradrim et le hobbit soigneur nous ont donc quittés. On les aimait bien quand même, Kacem y compris, malgré les mots qu'il avait pu avoir. En tout cas il a remis à Farouk une bonne bourse d'argent sur le tas qu'on avait ramassé. Bon sang, quand je pense à toutes les filles que j'aurais pu avoir dans mon lit si j'avais eu tout ça quand j'étais avec mon maître... Pas qu'on en manque pour le moment, mais pour ce qui est de l'utiliser, avec toutes les casseroles qu'on se trimbale, c'est pas pour tout de suite ! C'est d'ailleurs à cause de ça qu'on a décidé de rester en dehors des routes principales, de voyager de nuit et de monter vers le Gondor en passant par des zones pas très peuplées, genre le Harondor sauvage loin des côtes et un peu proche du Mordor à mon goût, avec des petits seigneurs haruzes guerroyeurs parmi lesquels on devait à certains de nous avoir envoyés en esclavage, Farouk et moi...

Bref, en dehors d'un petit hameau fermier où on a acheté - cher - un peu de bouffe, on s'est débrouillés tout seuls. Heureusement, même sans le rôdeur et le hobbit, on manque pas de débrouillards en nature dans l'équipe. Tirielle a beau être une connasse de première pour ce qui est de certaines décisions à prendre, elle a aussi ses qualités. Et elle n'est pas toute seule. Donc on a avancé, plus ou moins lentement et discrètement, vers le nord. En évitant les ennuis, comme des bandes de brigands ou anciens déserteurs des armées locales, ou d'autres troupes plus régulières mais qui ne valaient pas mieux.

Et puis une nuit, on a compris qu'on était proches de deux armées assez conséquentes, et on s'est dit qu'on allait passer au milieu, discrètement. Mais c'était oublier qu'on a deux bons guerriers dúnedain parmi nous - Belzagar et Gaerwen - mais pas vraiment des flèches question discrétion. La capitaine du Gondor, pour faire simple, est plus bruyante que le nain même sans ouvrir la bouche, c'est peu dire. Et manque de pot - mais comment voulez-vous avoir de la chance avec certains des pignoufs qui m'entourent - on a croisé non seulement une patrouille qui a entendu quelque chose venant de notre côté (pfff, quelle surprise !), mais aussi un gros groupe armé parti pour une mission d'infiltration, embuscade nocturne ou sabotage, allez savoir. Et donc, avec la discrétion légendaire de certains d'entre nous, on a fait capoter leur beau projet...

Bref, l'alerte a été donnée et on s'est retrouvés en plein milieu d'une zone en train de se transformer très rapidement en champ de bataille avec des ennemis de tout bord tout autour de nous. Comme on est aussi des flèches question équitation, surtout de nuit dans un maquis un peu escarpé, impossible de s'en tirer facilement. D'ailleurs, si certains ont réussi à s'agripper au cou de leur cheval pour ne pas tomber, Gaerwen a trouvé plus rapide (et plus sûr, moins de chutes) de continuer à pied, c'est dire. Même le nain a donné des leçons au pirate d'Umbar, pour le peu que ça nous a servis... On s'est retrouvés coincés entre près d'une centaine de guerriers proches tout autour, plus d'autres qui arrivaient de partout !

Choix et tractations
L'a fallu faire un choix. On a fait celui des fuyards dont on avait foutu en l'air leur belle opération, et qui étaient plus motivés pour fuir devant l'armée adverse qui arrivait sur leurs talons que pour nous poser des questions gênantes ou perdre du temps à essayer de nous faire des misères. Bref, on a montré notre bonne volonté en brisant l'élan des autres qui arrivaient, avec notre efficacité habituelle : Gaerwen a fait sauter une tête ou deux, pendant que Tirielle transperçait gorges et autres points vitaux, et que Belzagar faisait des mathématiques - il multipliait les ennemis en les tranchant en deux. Marti rendait lui aussi la vie difficile aux ploucs du coin, et Kacem se débrouillait très bien, merci pour lui. Et moi je restais dans un coin libre d'ennemis armés...

On a si bien brisé l'élan de l'armée adverse que ça a permis à celle qu'on aidait de faire venir des renforts et de plus avoir besoin de nous. Bref, assez rapidement, chacun est rentré chez lui... sauf nous. Malgré notre demande de nous oublier et de nous laisser continuer notre chemin, bizarrement n'est-ce pas, l'armée qu'on a aidée a souhaité nous offrir le gîte, en plus de nous poser quelques questions. Et vu la foule qui nous entourait, on s'est senti obligés d'accepter cette si gentille invitation, bien sûr. Accessoirement, le capitaine qui commandait les troupes (un certain Moumaal) semblait loin d'être un idiot et un incapable.

Bieeeen entendu, une fois dans le camp de l'armée - quelques centaines de guerriers - et privés de nos chevaux, donc bien à leur merci, on a vu notre passé revenir nous faire des misères. Autrement dit, lorsqu'on est allé voir le chef haruze (Baal, un mec puissant mais pas très aimé dans la région) pour discuter le bout de gras, le gars avait entendu parler de nous. Oh surprise, nos têtes étaient mises à prix, vivantes pour certaines mais on voulait pas trop en savoir - juste qui était l'envoyeur d'un certain message écrit avec l'offre de prix. Bref, le Baal était très content de voir tomber dans son escarcelle un paquet d'or, potentiellement. Sauf si...

Ben en fait, on pouvait aussi essayer de réparer l'échec de l'embuscade nocturne, soi-disant en raison de notre présence inopportune (mazette, quelle insinuation que voilà !), en prenant pour nous la mission de ladite embuscade ratée : aller récupérer la fille de Baal, une certaine Esballah, et son nourrisson (et héritier de Baal). Tous deux enlevés par le vilain Planiuk, seigneur voisin, dont l'armée proche avait été empêchée - de justesse - de rejoindre ses pénates. Bien entendu, on a dit oui, et gratuitement bien sûr, mais n'oubliez pas de nous rendre nos affaires ensuite. Le Baal a promis, mais j'aurais pas parié beaucoup sur la manière qu'il aurait de tenir (ou pas) sa promesse...

Repos et informations
Après ça on a eu une tente pour se reposer, et ils nous ont même apporté nos affaires de couchage à notre demande - c'est que c'est encore l'hiver et il fait frisquet de nuit, surtout si loin des côtes. On risquait pas de s'envoler depuis le milieu du camp, et on a bien compris qu'on était surveillés de loin. On en a profité pour faire un petit point sur ce qu'on savait de l'affaire, notamment à l'aide du grimoire magique que je trimballe et qui semble pratiquement tout savoir sur tout. Bon, je connaissais déjà des trucs, mais j'en ai appris d'autres.

Je savais déjà que le Baal en question était un mec sans pitié dont la vie des autres ne valait pas tripette si elle se dressait sur le chemin de sa puissance/sa richesse/sa renommée. Il avait fait le vide autour de lui ou réduit les autres seigneurs du coin à l'état de petits vassaux, sauf pour le Planiuk qui était du genre malin, fourbe, retors et planqué sur un site facile à défendre. Bref, un connard puissant d'un côté et un habile filou de l'autre. Des Haruzes dans ce qu'ils ont de plus caricatural, quoi. Chacun à leur manière, le genre de putain de seigneur empêcheur de baiser en rond s'il a le malheur de poser les yeux sur ta copine, vu qu'après ça il veut l'avoir rien que pour lui - pas prêteurs pour un sou, ces connards.

Mais à l'aide du livre, j'ai appris d'autres choses. La fille en question, elle avait peut-être l'âge d'être sa fille, mais ça semblait plutôt être sa femme et pas forcément une femme très amoureuse de son mari - comme si on lui demandait son avis, aussi... De là à penser qu'elle n'avait pas été enlevée par l'ennemi mais qu'elle avait cherché à jouer les filles de l'air, il n'y avait qu'un pas qui fut vite franchi. D'autant que le Planiuk susmentionné, à y regarder bien, semblait épris de ladite fille. A se demander même si le nourrisson - et garçon, de peut-être un peu moins d'un an - était bien celui de Baal ou d'un autre... Pas que ça changeait quoi que ce fût : ça restait son héritier, officiellement.

Le capitaine Moumaal confirma le fait que la fille était en fait l'épouse, et en plus qu'elle était plutôt aimée des gens du coin, pas comme son mari. Et qu'elle ne verrait peut-être pas d'un très bon œil l'idée de revenir dans les bras de son cher époux. Peut-être même qu'après avoir servi de pouliche elle ne serait plus nécessaire à son seigneur, d'où son départ précipité ? Bon, là, je m'avance peut-être un peu, mais c'est juste histoire de bien décrire le panier de crabes merdeux dans lequel on se trouvait. Non seulement fallait aller récupérer une femme et son gamin dans un camp adverse bien gardé, mais en plus elle serait peut-être la première - et avec raison - à nous en vouloir et à nous mettre des bâtons dans les roues. Joie.

Reconnaissance et exploration
Au matin, armé de ces joyeuses informations, on a tenté d'en savoir plus sur la manière d'arriver jusqu'à la fille et son gamin. Avant même de savoir où et à qui l'amener, il fallait pouvoir arriver jusqu'à elle et pouvoir l'exfiltrer. On était dans une zone de maquis un peu désertique, des collines sans grande végétation - pas d'arbre auquel grimper, au grand dam de Tirielle entre autres - et pas l'idéal pour approcher de jour sans se faire voir. En plus le camp adverse était situé sur une hauteur facile à défendre et à surveiller, accolé au nord-ouest à des escarpements rocheux durs à escalader et connus pour héberger des cavernes avec de l'eau - c'était un site régulièrement utilisé par les bergers du coin, qui faisaient partie des peuplades du seigneur Planiuk.

A l'aide de mon bouquin magique, on a pu vérifier que les escarpements, falaises et autres reliefs servant de défense à Planiuk et son armée, étaient truffés de cavernes diverses. Il était peut-être possible qu'on puisse trouver, loin du camp adverse, d'autres ouvertures - non gardées - qui pourraient nous amener au camp et à la damoiselle en détresse et son rejeton et objet de beaucoup de convoitises ; les convoitises plus pour le rejeton que la demoiselle (pour Baal en tout cas), même si moi la Esballah me titillait plus que son marmot. Bref, le camp semblait bien gardé, donc passer par derrière, de nuit (n'y voyez aucune allusion...), serait sans doute plus efficace (oh, oui !) pour toucher le gros lot.

Du coup, on a obtenu du capitaine Moumaal quelques éclaireurs pour nous guider jusque-là (et nous surveiller, accessoirement). On est partis en fin de nuit suivante afin de se trouver là-bas de jour, trouver une entrée et un chemin jusqu'à la belle, et profiter d'une diversion créée par le capitaine vers la fin de la nuit pour nous aider à partir avec le tout. Jusqu'à où, ça restait à voir, mais si on arrivait déjà à faire tout ça, ce serait pas mal. Bref, on s'est retrouvé près des escarpements, loin des camps, avec nos quelques guides, prêts à aller explorer les cavernes dont certaines, selon les rumeurs, pouvaient abriter des ours, des orcs, des araignées géantes ou autres joyeusetés.

Vu l'habileté du nain à l'escalade et mes capacités de guerrier et autres compétences physiques, les quatre autres membres de l'équipe sont allés faire de l'exploration tout seuls. Ils ont escaladé, on les a vus fouiller quelques cavernes, sans grand succès, sauf pour une colonie de grosses araignées où Kacem n'est pas resté bien longtemps. Et puis ils ont commencé à aller voir de plus en plus loin et de plus en plus haut et on a fini par les perdre de vue. Mais les heures passent et ce serait bien qu'ils ne tardent pas trop à trouver la bonne caverne et le bon chemin, car on a encore du pain sur la planche avant de pouvoir quitter le coin...
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phejal
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Re: Terre du milieu Système J - La relève...

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Lu
Merci Hervé
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Niemal
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Journal de Manil - 2e récit

Message non lu par Niemal »

Evidemment, les copains, bien trop occupés par leurs recherches, n'ont pas pris la peine de venir nous dire, à Marti et à moi, où ils en étaient arrivés de leurs fouilles des cavernes du coin. D'ailleurs, "copain" veut dire "avec qui on partage le pain", comme "compagnon". Donc, de là à dire qu'il y a amitié, c'est un pas que je ne franchirais pas... Bref, ou bien mes connards de compagnons - Kacem, Gaerwen, Tirielle et Belzagar - se fichent complètement de nous laisser attendre dans l'ignorance de ce qu'ils font, ou bien ils ont des gros problèmes. Honnêtement, je ne sais pas, des deux, quelle hypothèse je préfère...

Enfin bref, faute d'autre chose à faire et comme la nuit arrivait, ben que faire de mieux que d'aller roupiller après avoir mangé un brin ? Après, bien sûr, j'ai eu des rêves assez marrants les concernant. Comme si je voyais ce qu'ils faisaient en songe... Foutu sommeil ou foutue magie qui me joue de pareils tours, y aurait-il moyen d'avoir un peu de temps sans voir ces branquignoles autour de moi en permanence ? Bon, d'un autre côté, il y avait quelques situations pas piquées des hannetons. Si les copains ont vraiment vécu ça, je veux bien me marrer une deuxième fois en les écoutant me raconter leur histoire...

Recherches et araignées
Dans mon rêve, donc, en bon grimpeur qu'il était, Kacem explorait caverne après caverne pour trouver des passages pouvant les amener à Esballah et son marmot. Sans succès, même s'il restait un espèce de grand puits à aller voir plus loin. En fin de compte, les copains ont décidé d'aller revoir la caverne aux araignées déjà entraperçue. Après tout, qui dit araignées dit vie à bouffer pour les araignées, et la vie peut venir d'ailleurs que juste dehors. Bref, ils sont allés voir tous les quatre ces charmantes bestioles agressives, ou plutôt les cavernes qu'elles avaient remplies de leurs soyeuses toiles (hmmm), et dans lesquelles elles rêvaient probablement de faire dormir des corps si beaux et charpentés - bon, peut-être pas Kacem, mais faut avouer que les trois autres sont quand même pas mal...

Bref, toujours en rêve n'est-ce pas, je vois les copains allumer des torches (vous enflammez pas les gars !) pour pénétrer la caverne (oh ouiiiiii) sans se faire mordre par les araignées nombreuses et très - trop - câlines. Peine perdue, rien d'intéressant dans les cavernes une fois arrivés au bout (pour certain(e)s ça peut être douloureux...), sauf une fente (encore !) ou plutôt une fissure par où les araignées peuvent passer mais certainement pas des aventuriers plus gros qu'un hobbit contorsionniste, et encore. Preuve qu'il y a d'autres cavernes plus loin sans doute, mais que le passage pour nous/eux n'était pas par là.

Demi-tour donc un peu plus loin dans les montagnes, histoire d'aller voir de plus près le gouffre aperçu de loin et les ouvertures qu'il comporte sans nul doute. Mes compagnons avaient pris de la corde avec eux, et je crois bien que Kacem s'en est servi pour aller voir de plus près de quoi il retournait. Et plus il descendait le long de la paroi, plus il pouvait voir profondément - la paroi qu'il suivait n'était pas verticale mais bien bombée - et notamment les ouvertures et éventuels obstacles. Et justement, en termes d'obstacle, il en distingua un, et de taille, puisqu'il couvrait toute la largeur du gouffre - entre vingt et trente pas de diamètre - à une portée de flèche du fond du puits...

L'obstacle en question, c'était une gigantesque toile d'araignée que seule un arachnide géant était capable de tisser. Une espèce d'hymen gigantesque en quelque sorte, et entièrement vierge. Et, ô surprise, une caverne avec une ouverture assez large était disposée juste sur le bord de la toile, avec divers fils passant par l'ouverture et susceptible de prévenir la gardienne des lieux qu'une proie venait de tomber dans sa toile (la coquine). Bien entendu, la toile était peut-être à une portée de flèche de profondeur depuis là où Tirielle et les autres attendaient, et à cause de la courbe formée par la paroi, il n'y avait pas de vue directe sur la toile ou l'entrée de l'antre de l'araignée géante - ou des araignées géantes : après tout, pourquoi n'y en aurait-il qu'une ?

Araignées et proie
Bon, Kacem était gêné par l'obscurité du puits, donc l'elfe est allée faire un tour de plus près. Deux grandes cordes avaient été mises bout à bout qui arrivaient plus d'une vingtaine de pas au-dessus de la toile. De là, la foldingue a vu diverses ouvertures plus petites à différents endroits sur la paroi. Elle a donc lâché la corde pour y arriver à pinces, comme une petite araignée, histoire de tester largeur et profondeur (c'est bon quand c'est étroit... mais pas trop) et voir si ça peut permettre d'aller plus loin, et pour qui. Faut dire que pour l'armoire qu'est Belzagar, c'est plus compliqué - ça fait toujours plus mal avec un pirate d'Umbar.

Ça se présentait pas très bien, toutes les ouvertures étaient trop petites. L'une d'elles était quand même assez grande pour que la belle se glisse dedans (sensuellement...) et sorte son arc. Elle pensait pouvoir tirer sur l'araignée même à plat ventre, et en plus elle était assez haut pour être visible des copains. Donc l'un d'eux a balancé une pierre dans la toile, et le résultat ne s'est pas fait attendre : une trèèès grosse araignée a pointé le bout de son nez, assez grosse pour que ses pattes touchent les deux bords de l'entrée de la caverne, à trois pas l'un de l'autre...

Manque de pot, Tirielle a entendu une autre araignée, plus petite mais quand même, essayer d'arriver jusqu'à ses jambes pour on ne sait quel affectueux câlin avec ses chélicères. Le temps que l'elfe essaye de faire de la pulpeuse bouillie d'araignée, la grosse avait perçu le mouvement et elle grimpait dare-dare à la paroi, si vite que l'archère n'avait plus le temps de reprendre son arc et de tirer. Armée d'un couteau et coincée dans un étroit boyau, elle était en fâcheuse position. Heureusement, de là-haut, Belzagar a tiré une flèche et a blessé l'araignée, qui est rentrée tout aussi vite dans sa caverne, hors de portée des arcs. Mais l'autre petite araignée, un peu vite oubliée, a surpris l'elfe avec un mignon petit poutou sanglant à la jambe... sanglant et empoisonné !

Tirielle commençait à sentir ses membres s'engourdir, mais elle a réussi à sortir et à arriver à la rencontre de Kacem qui était descendu l'aider. Il l'a attachée à la corde puis il est remonté, et l'armoire d'Umbar a pu remonter l'elfe à la force de ses gros bras. Entretemps l'archère était tombée dans le coma (pas dans la toile), mais elle en est sortie une heure après, ses compagnons ayant décidé de faire une pause. Elle était un peu vaseuse et engourdie, mais en fin de compte prête à un second round. L'idée était de la faire descendre, attachée à la corde, assez basse pour être en position de tirer sur l'araignée. Et de laisser Kacem, Gaerwen et Belzagar aller sur la toile et jouer les appâts...

Cavernes humides
Et bien ça a parfaitement marché ! Même si Tirielle, de là où elle était, ne voyait pas toute la toile, elle avait quand même l'ouverture de la caverne de l'araignée géante bien visible. Pour les trois autres, il a fallu faire un peu plus de grimpette avant d'atteindre la toile costaude et collante, mais ça allait. Et quand l'araignée est sortie pour évaluer l'intérêt de ces nouvelles proies, la flèche de l'elfe lui a définitivement ôté tout appétit. L'araignée s'est quand même un peu vengée, même morte : en progressant sur la toile pour aller voir la caverne, Gaerwen a trouvé le moyen de tomber et de s'emberlificoter si bien dans la toile qu'elle a commencé à étouffer toute seule ! Belzagar a dû revenir en arrière pour la libérer... même s'il a eu dans le regard des idées assez différentes - vous ai-je dit qu'il affectionnait particulièrement le viol et les situations un peu extraordinaires... comme celle-là ?

Enfin bon, la mission avant tout, n'est-ce pas... Les quatre copains ont pu pénétrer (encore... quels obsédés vraiment) l'antre de l'araignée, qui comportait entre autres un garde-manger. Ils ont décidé de se reposer et de dormir un peu, et Kacem a fait griller quelques rongeurs encore vivants trouvés dans des cocons. Il a fait un feu avec des bouts de toile d'araignée, mais quant au frichti, à voir la gueule de ses compagnons, il était clair que l'absence du hobbit était très largement regrettée ! On ne s'improvise pas cuisinier comme cela, et le semi-homme était vraiment un as...

L'exploration des cavernes a mené les quatre amis (amis, enfin... en théorie on va dire) dans une grande grotte avec un petit lac et un courant léger. Ni une ni deux, le pirate d'Umbar a plongé dans l'eau glaciale et a pénétré (sans commentaire) le siphon avec une corde en main. Bien entendu, à une dizaine de brasses de là, il a débouché dans une autre caverne manifestement habitée : des tentes et des restes de feu attestaient que l'objectif fixé était proche : il s'agissait certainement d'une partie de l'armée adverse recherchée, donc les otages ne devaient pas être loin. Restait encore à les trouver et à les embarquer, cela dit.

Le pirate est revenu porter la bonne nouvelle et les quatre copains ont plongé dans l'eau pour se retrouver bientôt de l'autre côté, transis de froid, sauf la connasse d'elfe qui est tellement chaudasse tout le temps que le froid lui fait jamais rien. Elle a pu distinguer trois tentes proches dont deux avaient un peu de lumière filtrant de l'intérieur. Il y avait également trois boyaux permettant de sortir de la caverne, et des bruits et rayons de lumière qui indiquaient une présence dans chacun des trois boyaux. A présent, il fallait la jouer finement, avec discrétion. Avec Belzagar et Gaerwen, c'était pas gagné d'avance...

Enlèvement et cris dans la nuit
Tout était à peu près silencieux, ce qui n'était guère étonnant vu que ce devait être la nuit, et même pas le milieu encore. Kacem est parti en éclaireur vers le boyau de droite, couvert par Tirielle avec son arc bandé (à défaut de pouvoir bander autre chose...). Il y avait là un garde, avec un peu plus loin un embranchement en Y, les restes d'un feu et trois autres gardes allongés autour du feu, dans leur couverture. L'assassin a fait son boulot et le garde s'est silencieusement transformé en cadavre, cadavre transporté un peu plus loin pour ne pas éveiller de soupçons en cas de réveil de ses collègues proches. Et puis il est reparti faire de même un peu plus loin.

Au deuxième boyau, celui du milieu, le garde était seul mais le boyau faisait un coude d'où parvenait un peu de lumière et une présence plus loin. Mais bon, un cadavre reste un cadavre. A gauche, l'ouverture donnait sur une caverne où dormaient une dizaine de guerriers, plus un trou servant de stockage de provisions, pour le plus grand bonheur de l'estomac du Haradrim d'Umbar. Manifestement, tuer son troisième garde (peut-être gardait-il la nourriture en fait) ne lui avait pas coupé l'appétit, juste un peu stimulé par des morceaux de rat mal cuit. Puis il est venu voir le contenu des tentes : tissus, cordes, matériel de voyage divers... mais personne dans la tente sans lumière. Deux guerriers dans une autre tente avec les restes d'un foyer à moitié éteint dans un brasero, manifestement des officiers. Dans la dernière tente, une personne seule avec aussi un brasero et un feu mourant.

Avec l'aide de l'elfe, les deux officiers connurent un repos éternel. Mais au moment de s'occuper de la troisième personne, l'assassin vit que c'était une femme. Etait-ce la fameuse Esballah qu'ils recherchaient ? Mais si c'était le cas, où était son môme ? Dans le doute, et prévoyant une réaction peu amicale (Esballah, aux dernières nouvelles, ne souhaitait pas retrouver son cher époux), Kacem la réveilla avec une main sur la bouche et un couteau dans l'autre, appuyé contre sa gorge. Avec l'aide de Tirielle il la bâillonna et l'attacha ensuite. C'est à ce moment que les choses se gâtèrent...

Il faut dire qu'un garde mobile armé d'une torche était arrivé et commençait à réveiller les trois autres gardes endormis à droite, leur demandant où était l'absent. Puis il s'était dirigé vers les tentes, d'où Tirielle et Kacem émergeaient tout juste. Gaerwen arriva dans son dos - pour une fois elle s'était tellement bien planqué que personne ne l'avait remarquée - mais la flèche de l'elfe fut plus rapide. L'homme tomba, sa torche aussi, et les trois gardes un peu plus loin derrière donnèrent l'alerte. Les cris fusèrent, les gens se réveillèrent, et les quatre copains entrèrent dans l'eau fissa fissa avec leur précieux fardeau. Peu de temps après, ils se retrouvaient dans l'autre caverne où ils se faisaient copieusement injurier par une Esballah grelottante et pas franchement heureuse de ce qui lui arrivait.

Après quelques explications et un peu de temps pour se sécher à distance respectable, l'ex-otage se calma un peu et échangea plus tranquillement avec le quatuor. Si effectivement elle confirma bien que son mari était un pourri qu'elle n'aimait pas particulièrement, elle en surprit plus d'un en disant qu'elle n'aimait pas plus Planiuk, qui avait certainement des vues bien arrêtées sur elle et qui était sans doute à l'origine de la fameuse - et fausse - histoire d'amour entre elle et lui. En attendant il lui avait pris son marmot pour la faire réfléchir et amadouer un peu, et il n'était pas question pour elle de le laisser en arrière. Malheureusement pour les quatre mercenaires malgré eux et elle, vu le souk qu'ils avaient laissé derrière, la perspective de retrouver le marmot semblait des plus inaccessibles. D'un autre côté, rentrer sans l'héritier de Baal risquait de rappeler à ce dernier à quel point il aimait les espèces sonnantes et trébuchantes que représentaient les aventuriers. Je me consolais - dans mon rêve - en me disant que paraît-il ma valeur marchande concernait juste ma personne vivante...
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Seb
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Re: Terre du milieu Système J - La relève...

Message non lu par Seb »

Très bien le résumé :)
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Niemal
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Journal de Manil - 3e récit

Message non lu par Niemal »

Ha ! Ha ! Ha ! Je me demande comment j'ai pu arriver à me poiler autant dans mon rêve sans me réveiller ou me retrouver bâillonné pour me faire taire... Bref, après avoir sauvé la belle Esbollah - fort mignonne au demeurant, quel dommage que je n'aie pas mieux vu la partie où elle se séchait - il était temps de découvrir quelle espèce de petite vipère le groupe avait sauvé. Bon, en fait je m'emporte un peu, moi je la trouve bien sympathique cette petite, mais par contre je ne sais pas si elle est beaucoup au goût de Gaerwen, dont mes précédents mots illustrent bien le sentiment...

Bref, le reste du rêve s'est montré à la hauteur du précédent : des situations pas piquées des vers ont amené mes quatre copains et leur protégée à aller à la recherche de son marmot. Rien que de très ordinaire, les habituelles foutaises pseudo-héroïques de ma bande de branquignoles préférés. Mais les échanges entre eux et avec la belle Esballah, notamment au sujet de son lardon ou des "utilités" du corps du grand pirate, valaient le déplacement (onirique). Il manquait peut-être le crêpage de chignon entre filles et une scène torride avec Belzagar, mais vu comme c'est parti, j'ai encore bon espoir...

Une noble à la main leste
Les copains avaient donc retrouvé Esballah, épouse de Baal, ce gros con qui nous avait envoyés pour la récupérer, et surtout son mouflet et donc son héritier (à Baal). Je soupçonne fort notre foutu commanditaire de nous vendre quand même une fois qu'on sera de retour avec le minot et sa mère, mais au moins à présent on a quelque chose dans notre escarcelle. La fille seule ferait-elle l'affaire ? Kacem était persuadé qu'un gamin mort aurait foutrement simplifié la mission, maintenant que le camp de Planiuk était prévenu, mais la mère nous aurait sans doute gardé une dent bien dure, et Baal n'aurait peut-être pas apprécié non plus. Il fallait trouver autre chose qu'une excuse bidon.

En attendant, Tirielle et les autres ont fait plus ample connaissance avec la mère de Pitil (moins d'un an), mère dont les talents en ont surpris plus d'un. Car en plus de nous en apprendre sur la manière dont elle percevait tant Baal que Planiuk, la belle Esballah a montré qu'elle en avait dans la culotte, même si je regrette de ne pas avoir vu ça de plus près pour mieux détailler. Après son bain forcé, même séchée, elle avait un peu froid et a réclamé à notre voleur haradrim ses vêtements pour lui tenir plus chaud. Déjà en soi j'ai trouvé ça culotté, mais encore plus quand Kacem, malgré sa méfiance, a découvert qu'il lui manquait les trois dagues qu'il portait à la ceinture et avec lesquelles il jouait régulièrement.

Il a menacé la prisonnière - car oui, il la considérait ainsi - de se fâcher si elle ne lui rendait pas ses outils de travail, et a même dû insister un peu. Elle ne s'est pas démonté pour autant - même si sa tentative de jouer à l'ingénue a fait long feu - en répliquant qu'elle avait besoin de pouvoir se défendre pour mieux aider à retrouver son bébé. Et devant la question de savoir si elle était capable de se servir des dagues, elle s'est mise à jongler avec d'une manière que le voleur, pourtant très habile de ses mains, aurait eu le plus grand mal à égaler. Et il n'avait pas le moins du monde réussi à voir comment elle lui avait subtilisé ses outils ou planqué les dagues dans ses habits mouillés... Crénom, avec des mains habiles comme ça, elle m'intéresse de plus en plus l'épouse à sauver !

Au bout du compte, elle a quand même compris qu'il valait mieux rendre ses dagues de lancer au voleur. Mais par contre Belzagar, qui avait l'air d'apprécier la donzelle (et la variété diront certains, mais pas face à Gaerwen), lui prêta son couteau. Au grand dam de la capitaine dúnadan et de Tirielle, cette dernière s'étonnant qu'on prêtât une arme à une pareille personne alors que manifestement elle savait un peu trop bien s'en servir et qu'elle n'était peut-être pas franchement du même côté qu'eux. Car Esballah n'avait pas fait mystère de son désir de ne pas retrouver Baal... Mais il fallait bien dire que récupérer son marmouset passait par Kacem et compagnie, donc elle avait intérêt à ne pas trop leur faire de mal. Gaerwen n'avait pas l'air de penser la même chose de la belle Haradrim, ou peut-être n'avait-elle pas apprécié l'intérêt que lui portait son homme ?

Sortie de terre
Gaerwen et Kacem sont allés fouiller un peu plus les souterrains et le voleur haradrim a entendu au loin des bruits des gardes de Planiuk. Il s'est dit que sans doute certains passages reliaient leur caverne au réseau qu'occupait l'armée ennemie, donc il valait peut-être mieux ne pas traîner trop dans le coin. Sans compter que les gardes pouvaient avoir l'idée de plonger dans l'eau et de trouver le passage qu'ils avaient pris. Comme en plus certaines cavernes semblaient habitées par un reptile de taille un peu trop grande pour la bonne santé d'un voire plusieurs aventuriers, vu les traces qu'il avait laissées, le groupe opta pour une sortie prudente de ce boyau humide, et au diable le marmot pour l'instant (ou dans neuf mois - pardon je m'égare).

Bref, les quatre copains et leur "prisonnière" retrouvèrent la sortie sans mal grâce aux marques que Kacem avait pris soin de laisser. Ils traversèrent la toile géante sans problème, Gaerwen courant sur les fils comme si elle avait le feu aux fesses. Apparemment, elle se souvenait de la fâcheuse posture (!) dans laquelle elle s'était trouvée à l'aller. Esballah montra aussi qu'elle savait faire autre chose que de la couture et de la cuisine et traversa sans problème. Décidément, j'aurais grand plaisir à explorer plus la profondeur de ses multiples capacités physiques...

Restait encore à faire un peu de grimpette (ah...) pour retrouver des cordes laissées plus haut, et qui permettaient de sortir du puits où le groupe était coincé. Pas une mince affaire vu l'obscurité presque totale (propre à tant de perversités...) et les compétences très distinctes des uns et des autres en escalade. Tirielle devint vite le centre de l'attention avec une aura magique dont elle savait s'envelopper. A défaut d'être une lumière, elle arrivait quand même à éclairer un peu les autres et les aider à mieux voir leurs prises. Bref, ils arrivèrent tous à grimper, Esballah comprise, qui montra juste qu'elle manquait peut-être un peu d'endurance pour des plans d'une certaine durée. Toute une éducation à parfaire...

Le groupe sortit donc du trou noir (encore un), à se demander quoi faire. La nuit était vraiment bien noire, sans lune ni étoiles, propice à toutes les surprises. Comme la mère, privée de son marmot plusieurs jours, ne l'avait pas entendu dans les cavernes, elle se disait qu'il était peut-être à l'extérieur, et aurait bien voulu aller le retrouver cette nuit même. Fallait-il retourner au camp de Baal, attendre une autre nuit, ou continuer sur la lancée et pénétrer (oh oui !) une nouvelle fois le camp adverse par surprise ? Par derrière (valeur sûre) ils l'avaient déjà fait, mieux valait ne pas insister. Par devant (classique) avec Marti et Manil ? Par au-dessus (ha, tiens...) en escaladant les reliefs ? Et peut-être d'autres manières d'infiltrer le camp ennemi étaient-elles possibles.

Grimpette et huile de coude
Au bout du compte, les cinq compagnons (bien malgré eux pour certain(e)s) choisirent de rester dans les reliefs et de tenter un sauvetage de Pitil la nuit même. La mère était venue avec divers serviteurs, dont une nourrice pour s'occuper de son petit. Avec de la chance ils seraient gardés dans une tente à l'extérieur des grottes, et en escaladant le relief qui les séparait de l'entrée de la grotte il serait peut-être possible d'arriver directement au but, de nuit, discrètement. De quoi vous donner bien des frissons...

Les étoiles n'étaient pas vraiment visibles mais les copains ont estimé à peu près la direction dans laquelle il fallait escalader le relief pour arriver à l'endroit voulu. Après avoir avancé un peu, ils sont arrivés à un gros dénivelé d'une portée de flèche de haut, dur à avaler, dont le sommet devait correspondre à une butte surplombant l'entrée des cavernes utilisées par Planiuk. Ou du moins c'est ce qu'ils espéraient. Problème : ils n'avaient pas assez de corde pour faire franchir pareille hauteur à tous, or pareille escalade - sans corde pour aider - était au-delà des capacités de certains, comme la belle Esballah. Solution : faire un petit zigzag permettant de couper la montée en deux morceaux, plus longs mais un peu plus faciles, et à chaque fois avec l'aide d'une corde pour les moins habiles.

Et c'est bien ce qui fut fait. Le plus habile en escalade - Belzagar - monta en premier et accrocha la corde à une arrête pouvant servir de pause à mi-parcours. La nuit noire ne facilita pas son ascension, car Tirielle ne pouvait pas monter en même temps que lui. Les autres grimpèrent ensuite, mais la tâche se révéla trop difficile pour l'endurance de la noble Haradrim, qui dut en fin de compte être montée à la force des bras du pirate et de la capitaine du Gondor. Et ce fut un peu la même chose pour la deuxième partie de la grimpette, et ils se mirent à trois pour monter la donzelle sauvée des griffes de Planiuk.

Une fois au sommet, en forme de plateau balayé par les vents, les grimpeurs prirent un peu de temps pour se reposer et dormir un brin. Mais comme c'était l'hiver et que le vent ne manquait pas, certaines auraient bien voulu avoir le corps musclé de Belzagar pour les réchauffer, et Esballah ne se priva pas de le lui demander en direct. Ce dont l'intéressé s'amusa bien, ne cédant à personne mais observant avec plaisir les trois femmes du groupe, et en particulier Gaerwen, se chamailler avec une certaine dose d'acidité. Dire que ce gros con n'en a pas profité pour sauter - c'est vraiment le mot - sur l'occasion me laisse sans voix... La Haradrim profita tout de même d'une tente prêtée par la capitaine.

Envol
Le repos ne dura pas longtemps, juste assez pour reposer un peu quelques muscles endoloris. Il faut dire que le camp ennemi était bien de l'autre côté, avec une partie non troglodyte gardée par la bagatelle de 37 gardes visibles à proximité, sans parler d'autres gardes stationnés dans une ouverture dans une caverne proche et dont on pouvait entendre les voix. Et les cinq grimpeurs étaient juste au-dessus, à une portée de flèche de distance du camp, juste séparés par une falaise à peu près verticale. Quelques tentes solidement gardées, appuyées à la paroi rocheuse, laissaient entrevoir une possible issue heureuse à leur expédition : il devait y avoir quelque chose de précieux gardé là...

Kacem se laissa descendre, à l'aide de la corde, juste au-dessus de la série de tentes collées les unes aux autres et bien gardées. Il entendit dans l'une d'elle comme un vagissement de bébé, et dirigea la fin de sa descente - sans corde - au-dessus de la tente en question. Il était suivi peu après par Tirielle, puis Esballah. Tous restaient aussi discrets que possible pour ne pas alerter les gardes distants de quelques pas à peine. Heureusement l'obscurité les masquait presque entièrement. Mais les lueurs de torches ou autres foyers envoyaient des rais de lumière qui pouvaient aider à les faire découvrir...

Le voleur, non sans mal (il faillit chuter et se rattrapa de justesse) découpa le sommet de la tente avant d'y pénétrer (aaaahhhh...) en se laissant silencieusement tomber dedans. Ce qui fit lever la tête, dans le noir, à la nourrice qui s'occupait de Pitil. Une main sur la bouche et un couteau sur la gorge plus tard, la nourrice se retrouva paralysée de terreur. Et, à défaut d'émettre le moindre son, comme le lui avait si gentiment demandé Kacem, Pitil, pour sa part, se mit à pleurer. Ce qui fit certainement rêver à nouveau l'assassin de fatal accident à un encombrant marmot, mais ne l'aida aucunement à régler le problème de bruit qui risquait de devenir gênant s'il n'était pas vite résolu d'une manière ou l'autre... L'arrivée de Tirielle par la même voie (nouvelle pénétration, et par une femme elfe en plus !) montra que malgré des dons elfiques certains, l'enfant n'était pas complètement satisfait, même si un petit mieux fut obtenu. La chute d'Esballah - qui faillit tomber sur la tête de l'elfe - permit enfin de rassurer pour de bon son marmot...

Restait à prendre le chemin inverse. La mère fit un sac de toile sur son dos, dans lequel elle glissa son enfant. Puis elle grimpa sur les épaules du voleur afin de pouvoir sortir de la tente et escalader la paroi rocheuse jusqu'à la corde laissée une vingtaine de pas plus haut. Il y eut juste un moment de peur quand un garde regarda dans la mauvaise direction, forçant la belle à se figer un moment qu'elle ne tenait pas à voir durer pour ses muscles endoloris. Puis Belzagar et Gaerwen hissèrent la mère et l'enfant en sécurité au sommet. Tirielle et Kacem suivirent le même chemin peu après, l'elfe trouvant même l'inspiration et l'énergie pour grimper toute seule sans avoir besoin de l'aide de ses amis ! Après trois pénétrations et un accouchement discret, l'objectif du groupe était atteint : Pitil était sorti des griffes de Planiuk ! Restait à revenir au camp de Baal, ce qui était une autre histoire, d'autant que son épouse ne semblait pas vraiment d'accord avec cet objectif...
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Niemal
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Journal de Manil - 4e récit

Message non lu par Niemal »

Ha ben ça y est, j'ai enfin retrouvé les copains... même s'il a fallu les appeler sacrément fort pour les faire réagir, les salauds ! Alors comme ça, on dirait bien que mes précédents rêves étaient vrais, et la Esballah encore plus mignonne en vrai qu'en rêve... Bon, j'ai appris aussi que j'étais moins important qu'un bébé de moins d'un an, mais pour une fois j'en suis enchanté ! Pas la jolie et jeune épouse de Baal, qui a dû céder son gamin plus important que moi. Me demande pourquoi elle s'en fait autant pour lui, vu sa valeur ; et puis c'est si facile d'en faire un autre, je lui montrerais bien, tiens !

Bon, après je ne sais pas bien si j'ai gagné au change : avant j'étais un otage chargé d'attendre que les copains ramènent la fille et l'enfant ; maintenant je ne suis plus otage mais je dois aider les autres à tuer Baal au milieu de son armée, sans se faire trucider. Même pas sûr que ça nous évite une mort funeste si on écoute Esballah qui répète tout le temps que Planiuk, qui garde Marti et le gamin, n'est pas fiable. Surtout que Tirielle, qui a négocié avec le petit seigneur roublard, s'est rappelée un peu tard qu'elle n'avait jamais mentionné le fiston de la belle dans l'accord qui a été passé, accord qu'il est facile d'interpréter de diverses manières...

Mauvaise surprise
En tout cas, j'étais en train de dormir et de faire de beaux rêves poilants, même s'il me tardait de voir plus de poils (ou leur absence) sur le corps de certaines. Quand quelque chose de pointu et désagréable m'a fait me rappeler que le monde réel existait et qu'il était plein de dangers et de désagréments. En l'occurrence, des désagréments métalliques, pointus et plutôt inquiétants quand on les voit servir sur des personnes qui étaient censées nous garder, Marti et moi. Pas que j'affectionnais beaucoup nos geôliers, mais entendre les derniers se faire égorger et se demander si j'étais le suivant n'est pas le genre de réveil que j'affectionne.

Heureusement, le fait d'être prisonnier a retenu le bras des guerriers de Planiuk qui venaient de liquider les guerriers de Baal envoyés avec les copains, le nain et moi, pour ramener la belle Esballah et son marmot. J'ai appris plus tard que Tirielle et compagnie, conformément à mes rêves, avaient réussi leur mission, mais n'étaient pas allés jusqu'au bout, à savoir revenir. Et du coup le seigneur Planiuk, un peu furax, a cherché à remettre la main sur ses ex-prisonniers ou otages. Et il a envoyé des groupes armés et discrets farfouiller les environs. Et l'un d'eux, particulièrement bien inspiré, a complètement pris par surprise les guerriers de Baal qui nous surveillaient... pour leur plus grand - et éternel - regret.

Une partie des guerriers de Planiuk nous ont ensuite accompagnés - bâillonnés et mains liées dans le dos - au camp militaire du rival de Baal. Il a fallu qu'on se fasse discrets, pour ne pas rencontrer ceux de Baal et se retrouver au milieu d'une bataille ou comme dommage collatéral. Mais on a pu arriver sans mal dans une caverne, face au chef qui a commencé par laisser un officier s'adresser à nous à sa place. Après nous avoir mis à genoux et enlevé le bâillon, pour qu'on puisse lui répondre. C'était dans la langue locale, donc il a fallu que je traduise à Marti, mais j'ai vu par la suite que le chef et son guerrier (son général peut-être ?) comprenaient et parlaient convenablement le ouistrain.

On avait déjà été repérés la nuit où on avait fait capoter une mission de l'armée de Baal et où on s'était retrouvés à combattre les guerriers de Planiuk. Donc ce dernier a dû comprendre que c'étaient nos copains qui s'étaient emparés de la belle Esballah et son gamin, et que Tirielle, Kacem et les autres tenaient peut-être à nous. Et Planiuk et son général ont alors demandé à ce qu'on contacte les autres si on ne voulaient pas qu'il nous arrive malheur. En réfléchissant bien, je me suis dit que le reste du groupe n'était peut-être pas loin, s'ils n'avaient pas eu le temps de revenir, et puis les enlèvements semblaient récents. J'ai donc suggéré qu'on pouvait peut-être les appeler ou leur faire un message visible de loin, ce qui a plu à Planiuk qui nous a suggéré de le faire immédiatement...

Otages et menaces
Autrement dit, on s'est retrouvés sur un petit plateau occupé et défendu par les troupes de Planiuk, à crier, Marti et moi, pour attirer l'attention des copains. En prime, le général nous avait fait remettre des bâtons pour qu'on puisse faire des lettres et des mots visibles de loin. Planiuk soupçonnait fort Esballah et son gamin de s'être fait la malle par la voie des airs, aux dires d'une nourrice qui les avait vu arriver ou partir par le toit d'une tente gardée de tous les côtés, et par un garde qui avait cru voir quelque chose en l'air, dans la nuit, mais qu'il n'avait pas vérifié - il ne le ferait jamais plus. Les autres étaient peut-être là-haut et le seigneur voulait leur parler et passer un accord avec eux, et récupérer Esballah ou le marmot.

En tout cas, l'officier nous a demandés d'être convaincants et de faire bien comprendre que Planiuk n'était pas très patient et qu'il n'attendrait pas toute la journée le bon vouloir du groupe. Groupe qui avait bien perçu ce qui se passait : Tirielle montait la garde là-haut pendant que les autres se reposaient, elle avait entendu qu'il y avait quelque chose d'inhabituel et elle nous avait vus passer, prisonniers des guerriers de Planiuk. Elle avait alors réveillé les autres - Gaerwen se réchauffait avec Belzagar, et Esballah avec Kacem, les veinards - pour leur faire part de la situation. Du coup, quand on s'est mis à crier et à faire des mots avec les bâtons, ils étaient bien là qui suivaient ce qu'on faisait.

Sauf qu'au début ils ne voulaient rien faire, surtout qu'Esballah disait qu'on ne pouvait avoir aucune confiance en Planiuk. A ses yeux, on était un dommage collatéral tout à fait acceptable j'imagine (c'est qu'elle ne me connaissait pas encore...). Le général de Planiuk, lui, nous mettait la pression et menaçait de motiver davantage les copains en leur montrant qu'il ne rigolait pas. Dans le même temps, il disait qu'il n'exigeait pas forcément de voir venir les autres dans le camp, mais qu'au moins on puisse parler, même à distance. Bref, Marti a gueulé plus fort et moi j'ai fait des phrases mi-rassurantes mi-urgentes. On tenait pas trop à connaître les mesures pour "motiver plus" les copains...

En fin de compte, Tirielle est apparue au sommet et elle a interpelé l'officier ou général. Elle a dit qu'elle était prête à descendre si elle avait la parole du gars qu'elle pourrait remonter ensuite, libre. Le général ou homme de confiance du seigneur est allé demander à ce dernier - il était toujours dans la grotte - et il est revenu avec une réponse positive. Tirielle a fait descendre les deux cordes du groupe accrochées l'une à l'autre, qui n'arrivaient pas jusqu'en bas, et elle est descendue comme une grande, même si elle avait l'air bien fatiguée, pour ne pas dire plus. Apparemment, la nuit avait été dure... En tout cas, même si c'est une vraie connasse la plupart du temps, je dois dire que pour le coup elle a bien assuré et n'a pas attendu que Marti et moi on passe à un stade de prisonnier "avancé" pour réagir...

Transaction et accord
Elle était venue sans arme et avec prière de laisser sa magie de côté - on leur avait dit auparavant (enfin, j'avais dit) que c'était une elfe et parmi les Haradrim les elfes sont des magiciens et sorciers. Elle a été amenée devant Planiuk, avec nous autres (Marti et moi) pas loin, et pas mal de gardes pour s'assurer qu'il n'arrive rien - dont l'officier ou général. En tout cas les chefs avaient l'air contents de voir les choses avancer dans une direction qui leur convenait, un premier pas vers la récupération d'Esballah et son marmot. Apparemment ils tenaient peut-être plus au marmot qu'à la belle, et ça tombe bien parce que moi c'était le contraire...

En fait Planiuk et son homme de confiance avaient été impressionnés par ce que les copains avaient réussi à faire, leur subtiliser l'épouse et le fils de Baal sous le nez, sans se faire voir - sauf peut-être par les gardes retrouvés morts, mais bon, ça ne parle pas beaucoup un mort. En tout cas l'officier semblait penser, et il disait, que travailler pour Baal était un mauvais choix, et qu'il serait bien plus profitable de passer de l'autre côté, côté Planiuk donc. Ce à quoi Tirielle a répondu qu'elle était bien persuadée que Baal était un bel enfoiré, mais qu'elle doutait de la parole de Planiuk, faute de le connaître mieux.

En fait, ce dernier a fini par dire ce qu'il avait derrière le crâne : nous embaucher - en nous forçant un peu la main, il faut bien le dire - pour aller assassiner Baal. En échange il semblait prêt à nous laisser partir avec nos possessions - moins une "taxe" de 10% - où bon nous voulions, si jamais nous ne voulions pas rester. Tirielle a insisté aussi pour qu'Esballah puisse aussi choisir l'avenir qu'elle souhaitait - l'elfe a toujours eu un côté nunuche très copine avec les autres femmes, on s'étonnera qu'elle n'ait pas encore couché avec un homme. Pas faute de mouiller dès qu'elle en voit un bien bâti, mais je comprends Belzagar qui préfère quelqu'un de moins compliqué et attireur de merde que notre grande gueule elfe. J'étais quand même bien content de la voir là, au contraire des autres absents...

Planiuk a fini par se laisser attendrir et dire qu'il était d'accord - a priori - pour laisser partir Esballah si elle ne souhaitait pas rester avec lui, mais partir loin. Et il voulait bien laisser partir Marti ou moi pour aider à la mission, mais il tenait à récupérer le marmot d'abord. Tirielle a donné son accord et l'accord a été conclu par un partage de thé, sachant que les témoins présents étaient là pour dénoncer d'éventuels parjures. Enfin bref, on a décidé que je viendrais avec les autres, et Marti, pas très discret pour une opération d'infiltration et assassinat, resterait pour "garder" le marmot aux côtés de la nourrice. Le nain aurait-il des vues sur cette dernière ? Parce que pour ce qui est de garder, je ne voyais pas bien ce qu'il allait faire... En tout cas Tirielle est repartie jouer les monte-en-l'air et ramener le fils d'Esballah peu après. Et j'ai pu remonter avec elle en laissant le nain derrière moi...

Soins et descente
Toute cette grimpette avait beaucoup éprouvé l'elfe : elle ne s'était pas reposée de la nuit, qui avait été active. Et même si sa magie d'elfe l'aidait bien à jouer les monte-en-l'air, ses muscles avaient leurs limites... qu'elle avait largement atteintes. Bref, elle avait mal partout, et ça risquait de prendre du temps pour guérir. Pas l'idéal pour pénétrer furtivement (elle qui ne pense qu'à ça...) dans un camp militaire et tuer son chef. Elle est donc partie se reposer dans la tente avec Belzagar, qui était encore fatigué, au grand dam de Gaerwen qui râlait, et qui a dû partager l'autre tente avec l'assassin du groupe.

Quant à moi, il me fallait des herbes médicinales pour faire un rituel de soin sur l'elfe endormie, ou plutôt sur la tente où elle se trouvait. Le hobbit était un crack en herbes mais il n'était plus là, mais j'ai découvert que la belle Esballah en connaissait plus que moi sur ce sujet. On se demande quel genre d'herbes elle avait coutume d'utiliser le plus : aphrodisiaques ou contraceptifs ? On est donc partis tous les deux (ouaouh !) à la recherche d'herbes rares sur notre coin de caillou hivernal battu par les vents glaciaux. On n'a rien trouvé, et j'aurais bien aimé chercher plus loin, plus profondément, mais bon, ce n'était peut-être pas encore le moment... et nous sommes revenus bredouilles. Qu'à cela ne tienne, j'ai fait le rituel en visualisant les herbes et en chantant particulièrement bien, et au final ça a marché : Tirielle, quand elle s'est réveillée après trois heures de repos, ne sentait plus rien, toutes ses douleurs avaient disparu...

On est donc redescendus par où on (enfin, les copains) était arrivés. Pas mal de grimpette qui a pris quelques heures et donné des sueurs voire des frissons ; malheureusement pas mes préférés, mais que voulez-vous, il faut savoir être patient. Au final on est tous revenus à une bonne heure du camp de Baal, là où on avait fait un campement avec leurs guerriers jusqu'au moment où ils s'étaient fait surprendre et trucider par ceux de Planiuk. D'ailleurs ils étaient encore là et surveillaient les environs, plutôt attentifs à ce qu'il y avait face à eux (côté camp militaire de Baal) et non dans leur dos, par où on arrivait. Normalement on était maintenant dans le même camp, mais la communication en temps de guerre étant ce qu'elle est, on a préféré pas prendre le risque d'un conflit et passer discrètement.

Kacem, Tirielle, Belzagar, Esballah et moi on est passés sans trop de problème, sans se faire voir donc, même si pour un ou deux c'était limite. Par contre, Gaerwen étant aussi discrète que le nain, voire pire si c'est possible, elle s'est fait repérer. Une demi-douzaine de guerriers se sont immédiatement lancés à ses trousses, armes prêtes à servir, et elle avait l'air de ne pas savoir trop quoi faire. Du coup je me suis montré et j'ai essayé de calmer le jeu, en espérant que les guerriers me reconnaîtraient et surtout qu'ils sauraient dans quel camp on était désormais. Coup de bol, l'info était bien passée et les guerriers ont juste râlé qu'ils auraient pu nous tuer. Gaerwen m'en doit une je crois, j'espère bien avoir l'occasion de lui rappeler lorsqu'on sera plus tranquilles. Et puis je n'ai jamais compris ce qu'elle trouvait au pirate brutal qu'on avait avec nous, surtout que c'était un ennemi de longue date des siens...
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Niemal
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Journal de Manil - 5e récit

Message non lu par Niemal »

Bon, ben par certains côtés on peut dire qu'on s'en sort pas trop mal. Je regrette juste que la belle Esballah soit encore un peu farouche ou aveugle à mes charmes, mais si c'était trop rapide le plaisir ne serait pas le même, n'est-ce pas ? En tout cas, elle est maintenant débarrassée de son connard de mari cocu et libre d'entamer de nouvelles relations. Ce qu'elle avait déjà fait en réalité, ce qui nous a permis de bénéficier de l'aide précieuse du commandant des troupes de Baal, qui est peut-être le véritable père du petiot de la belle ! Petiot autour duquel tourne tout ce conflit et pour lequel déjà pas mal de monde est mort, sans parler de nous foutre dans la m... Petiot qu'il faut encore récupérer, avec Marti en prime.

Il faut bien dire que pour l'instant le capitaine Moumaal a été très correct avec nous, ce qu'on ne peut dire de feu Baal et de cet enfoiré de Planiuk. Donc Esballah a plutôt bien choisi, d'autant que le capitaine peut lui permettre de conserver le trône à la place de Baal et de continuer à vivre la belle vie et se taper qui elle veut (moi, moi, moi !!!). Pour un peu j'aurais presque envie de rester avec elle comme nouveau régent du coin, mais je me doute bien que mes cheveux roux, s'ils plaisent peut-être à la belle, ne seront jamais acceptés par les gens du cru. Faudra donc que je continue à me taper la compagnie du psychopathe de pirate d'Umbar et des autres non moins fêlés, même si avec le temps je trouve Kacem de plus en plus fréquentable... tant qu'on est de son côté. Mais bon, reprenons par le début et dans le détail.

Un assassin dans la nuit
Une fois passé l'ancien camp désormais aux mains des soldats de Planiuk, on s'est concertés. Et le moins qu'on puisse dire c'est que les idées ne fusaient pas sur la manière d'éliminer le mari d'Esballah. Néanmoins, certains ont émis l'idée de peut-être encourager l'idée chez Moumaal, son capitaine, de devenir calife à la place du calife. Ce qui fut approuvé par la donzelle concernée, qui semblait penser que le capitaine n'appréciait pas forcément le sale boulot que son patron lui faisait faire, et qui pourrait être intéressé par un changement de boss. En fait, sa manière d'appuyer l'individu laissa vite entendre qu'elle avait des liens particulier avec l'homme, genre liens intimes, la coquine ! De là à penser que le fiston était en fait le sien, à Moumaal, il y avait un pas qui fut vite franchi, d'autant que la belle ne réfutait aucunement l'idée. Baal était non seulement un connard mais c'était aussi un cocu ! Logique remarquez...

Du coup, on s'est dit qu'il fallait pouvoir lui parler sans que Baal en ait connaissance, ce qui était plus facile à dire qu'à faire, vu qu'il voulait tout savoir et maîtriser : si on se pointait là-bas, on serait amenés devant lui pour interrogatoire rapide. Alors Kacem a décidé de se la jouer assassin discret, comme - ça tombe bien ! - c'était quelque chose qu'il avait l'habitude de faire. Manque de pot pour lui, si la pénétration du camp se révéla assez facile, il eut un problème pour reconnaître la tente des officiers qui abritait le capitaine : il y en avait trois, identiques et bien gardées. Et en écoutant pour savoir combien d'hommes dormaient dedans, un garde trop efficace l'a repéré... et a donné l'alerte générale.

L'assassin s'est rendu sans opposer aucune résistance ou tenter de fuir. Il a tout de suite été amené devant le capitaine qui a fait prévenir Baal, mais Kacem a quand même eu le temps de glisser quelques mots au chef des armées de Baal pour lui expliquer brièvement la situation. L'homme a compris et a semblé être sur la même longueur d'onde, mais cela n'a pas empêché Kacem de passer devant l'autre connard. Notre assassin s'en est tiré par une pirouette - sait être convaincant quand il veut - et il a écopé d'une dizaine de coups de fouet pour avoir perturbé le sommeil de sa seigneurie... Coups de fouet maniés par Moumaal qui a été très tendre et a plus fait semblant qu'autre chose. Bref, Kacem n'a pas été trop affecté par la punition et il a été remis hors de camp avec un coup de pied au cul en prime pour aller finir sa mission !

Mais il était aussi suivi par des hommes de Moumaal. Au début il a essayé de les semer mais manque de pot, ils étaient vraiment doués ou chanceux et ils sont restés accrochés à ses basques, comme des sangsues bien tenaces, ou des amoureux bien transis... Après coup il a laissé faire et il les a amenés au reste du groupe. Il a même discuté avec eux, car en fait les trois hommes qui l'avaient suivi semblait attendre un éventuel message. On a compris qu'en fait ils étaient là pour aider Moumaal à trouver un moyen de parler en privé, et du coup ils sont repartis en sachant où on créchait et qu'on attendrait sans doute le capitaine un moment s'il avait le bonheur de passer par là... ce qui arriva bien vite.

Coup d'état en préparation
Et donc, le galant capitaine (mais qu'est-ce qu'elle peut lui trouver Esballah, à part sa position ?) est arrivé un peu plus tard, en milieu de journée, à la tête d'une patrouille de guerre. On avait eu le temps de se reposer, on a tenu conseil pendant que les guerriers qu'il avait amenés veillaient tout autour. Moumaal avait plutôt confiance en eux mais il a préféré parler en ouistrain, qu'ils maîtrisaient peu à part un officier en qui il avait assez confiance. Et donc on a parlé sans détour de tuer son connard de patron comme demandé par Planiuk, même si on se doutait qu'ensuite récupérer le gamin d'Esballah ne serait pas si facile que promis...

Le capitaine a vite précisé que tuer était une chose, faire porter le chapeau à quelqu'un d'autre était autre chose, et peut-être plus important encore. Il fallait discréditer Planiuk en faisant en sorte que ce soit un meurtre et non un simple accident qui faciliterait sa venue comme "sauveur de la veuve et de l'orphelin". Au contraire, cela devait être un meurtre déloyal qui le ferait passer pour un méchant et permettrait à Esballah de garder le pouvoir avec l'aide du capitaine. Ce dernier ne pouvait être calife à la place du calife : vu qu'il avait fait le sale boulot du boss les gens ne l'aimaient guère, contrairement à la belle donzelle.

Après avoir évoqué un empoisonnement possible, Moumaal suggéra que le goûteur de Baal - ce dernier était un peu parano, son sans raison d'ailleurs - aimerait peut-être changer de métier et pourrait apprécier de voir son job disparaître suite à la mort de celui qu'il était sensé protéger. Mais en fait, après réflexion, il paraissait encore plus simple de lui faire porter le chapeau, et indirectement à Planiuk : Esballah était une manipulatrice de premier ordre - dans le sens physique du terme, je vous dis pas les frissons que ça me donnait rien qu'à y penser - en ce sens qu'elle pouvait subtiliser les objets sans que personne n'y voit rien... ou mettre du poison dans un verre.

Après coup, le plan suivant fut arrêté : c'est la belle qui tuerait son mari grâce à un poison qu'il trouverait malencontreusement dans sa boisson. Le goûteur serait accusé car il aurait dû repérer le poison avant. Ses aveux seraient extraits sous la torture (on faisait confiance à Moumaal pour ça) et Planiuk serait le méchant de l'histoire ayant commandité l'assassinat. Restait à trouver le poison (c'est le hobbit qui avait gardé tous ceux qu'on avait !) et à trouver un moyen d'innocenter Esballah qui aurait sûrement à partager le breuvage avec son cher (tu parles !) et (pas) tendre... Une petite recherche de ma part avec Esballah (tous deux seuls dans la nature, ouaouh !!! Mais pourquoi elle hésite, cette petite mijaurée ?) ramena que dalle, jusqu'à ce qu'on se souvienne qu'il y avait pas loin une araignée géante trépassée qui ne demandait qu'à donner ses glandes à venin...

Venin et embrouilles
Avec le venin, les choses paraissaient plus faciles : je savais que ces foutues bestioles peuvent tuer ou paralyser très rapidement, et sans être le hobbit, ça pouvait être dans mes cordes de mettre la main sur les glandes. En plus j'avais le bouquin magique pour m'aider avec la théorie, c'était déjà ça. On récupère les glandes dans la montagne, on revient au camp de Baal avec Esballah. Manquera encore le petiot mais on peut lui dire qu'il va arriver, après tout on a un bon début... Et l'épouse se débrouille pour que le début devienne définitif. Et en plus, si on a le venin paralysant, c'est encore mieux ! Baal a la dose mortelle, il en crève, et Esballah prend la dose qui paralyse, on la "sauve" d'une mort certaine en l'innocentant en même temps. Le vilain c'est Planiuk, qui a voulu tuer Baal et Esballah, aimée de tous et qu'il n'était peut-être pas nécessaire d'éliminer... Exit Planiuk de la course aux prétendants de la succession de Baal !

Après, il y avait bien quelques détails un peu gênants en chemin. Déjà, une équipe des gardes de Planiuk était postée par là où on devait passer, et on n'avait pas forcément le temps de chercher un autre chemin. Moumaal pouvait pas nous aider avec ça ? L'intéressé nous expliqua qu'officiellement il était venu pour cela, suite à la disparition des gars qui gardaient Marti et moi, et de la patrouille envoyée les relever - Moumaal se doutait qu'ils étaient tombés dans une embuscade avant même qu'on le lui dise. Bon, après coup, on a décidé de faire encore mieux : envoyer Belzagar et moi-même dire la vérité aux soldats, tout simplement ! A savoir qu'on avait besoin du venin d'araignée pour tuer Baal... Et comme ça, on pourrait éliminer plus facilement les gardes avec le grand pirate dans leur dos.

Ce qui fut fait : on s'est pointés avec Belzagar et j'ai expliqué ce qu'on venait faire. On est allés dans la montagne, on a fini par retrouver l'araignée géante sur sa toile. Bon sang, comment le hobbit arrivait à faire ça aussi bien, ça avait l'air tellement facile avec lui ! Enfin bon, j'ai réussi quand même à récupérer les deux glandes, et à les identifier aussi. Pas vraiment envie que la belle Esballah et son joli petit minois (sans parler du reste plus bas) disparaisse et que Baal soit seulement paralysé... Et quand on est revenus, avec une lanterne car il commençait à faire nuit, on a fait comme convenu avec Moumaal : au signal de la lanterne qui approchait il a donné l'assaut, avec Gaerwen en prime ; et Belzagar était censé être la bonne surprise venant juste dans leur dos...

Bon, en fait ça n'a pas été aussi simple. Côté Belzagar et moi, si, en fait : les guerriers ont été pris par surprise et n'ont pas fait un pli, on a juste eu des blessés légers côté Moumaal. Faut dire aussi que le pirate leur a tellement foutu les chocottes que beaucoup ont préféré se rendre que résister. Mais les trois autres (Esballah, Tirielle et Kacem), qui s'étaient planqués à une petite distance pour empêcher d'éventuels guerriers de fuir vers le camp de Planiuk, ont eu une petite surprise : ils ont vu venir du côté du camp de Planiuk une autre patrouille pour relever ceux du camp. Mais les copains ont bien géré, en laissant passer les guerriers, puis en leur envoyant quelques gentilles petites flèches ou lames diverses dans leur dos. Et puis ceux qui restaient avaient un peu trop d'ennemis autour d'eux...

Funestes retrouvailles
Après quoi tout a été un peu trop facile. Bon, on avait juste des petits détails à régler comme par exemple d'extraire le venin d'araignée. Je pouvais le faire, mais pour le mettre dans quoi ? Les rares flacons que je pouvais avoir étaient avec notre matériel au camp de Baal... On a donc fait les grands vainqueurs de retour d'une victorieuse expédition, avec des prisonniers et Esballah - mais sans le gamin. Pendant que les autres allaient raconter leurs exploits auprès de Baal, moi je prenais ma trousse de soin et le matériel dont j'avais besoin pour l'extraction. Une fois celle-ci faite, j'ai marqué la fiole avec le poison mortel pour ne pas confondre avec celui paralysant, et j'ai remis les deux à la belle (qui ne m'a même pas remercié d'un regard langoureux !)... avant de filer pour aller soigner les blessés - c'était l'excuse que j'avais trouvée pour récupérer mon matériel.

Et j'ai été bien content de ne pas être avec les autres en fait : pour les punir de n'avoir pas ramené le petit, Baal les a châtiés de trois coups de fouet chacun - et encore, après que Kacem a négocié et montré que ce n'était qu'un début. Et là ce n'était pas Moumaal qui tenait le fouet, mais des guerriers bien vicieux qui ont fait saigner très proprement (enfin... façon de parler) les copains. Puis il s'est retiré pour fêter les retrouvailles avec Esballah, qui n'a pas eu trop de mal à le stimuler pour lui mettre diverses idées dans la tête - elle sait bien y faire, la donzelle. Et alors que j'étais en train de soigner divers soldats, j'entends des cris, et quelqu'un vient me dire que je suis réquisitionné fissa fissa pour sauver Baal et Esballah !

Le soigneur de Baal était déjà là et il avait déjà constaté la mort du chef, qui avait été foudroyante - efficace le venin, il avait à peine eu le temps de pousser un cri avant de tomber raide mort ! Et Esballah était bien paralysée, inconsciente, alors j'ai fait le gars paniqué qui fait tout son possible pour la soigner avec des herbes médicinales, et bien entendu ça a marché... même s'il a fallu attendre le lendemain matin pour qu'elle commence à émerger. Me suis aussi occupé des copains qui avaient reçu des beaux coups de fouet, pendant que Moumaal s'acharnait sur le pauvre goûteur qui a vite envie eu de dire tout et n'importe quoi (et en particulier ce que le capitaine voulait qu'il dise)... avant d'expirer.

Et donc Esballah est devenue l'héritière de Baal et la chef par intérim du pays, avec l'aide de Moumaal. Et Planiuk le méchant - ce qu'il était vraiment - qui retenait le fils de la belle en otage... Fils à récupérer, et pour lequel on a imaginé plein de solutions possibles. Le problème était que le Planiuk était bien retranché là-haut sur son plateau. Cela étant, on pouvait guider vingt ou trente archers jusqu'au sommet par où Tirielle et les autres étaient passés pour se glisser dans le camp, ou par les cavernes qui donnaient dans les grottes - en espérant que des petites surprises n'y avaient pas été laissées. Enfin bref, on est partis sur un scénario plutôt militaire, mais certains tenaient tout de même à essayer de parlementer. Si le Planiuk n'était pas trop con et si Moumaal lui garantissait la vie sauve et un retour chez lui sans problème, il pourrait céder Marti et le marmot. Alors que s'il était acculé à la défaite, je donnais pas cher de leur peau !
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Seb
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Re: Terre du milieu Système J - La relève...

Message non lu par Seb »

Très bien le résumé :)
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Niemal
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Journal de Manil - 6e récit

Message non lu par Niemal »

N'en déplaise à Gaerwen - qui ne peut pas la piffer - et à Belzagar, qui ne l'apprécie guère (mais qui apprécie-t-il au juste ?), moi je l'aime bien cette petite Esballah - et j'aimerais bien l'aimer plus si elle le voulait bien... Après tout, elle nous a bien soutenus auprès de Moumaal, et vu comme le pirate lui parle, je trouve qu'elle a du cran : elle n'a pas l'air de se démonter facilement, et elle ne se braque pas non plus. Je suis en tout cas d'accord avec la grosse brute du groupe sur un point : franchement, on pourrait leur laisser Marti et le marmot, ça ne me poserait aucun problème... du moment que la belle vient avec nous !

Mais faut croire qu'elle éprouve quand même quelques sentiments pour son gamin, et il est encore loin d'être à nous, même si on a bien avancé malgré tout. Nouveau coup de chapeau au pirate, qui, même s'il râle vraiment trop souvent, a quand même été pas mal moteur et a emmené plein de guerriers avec lui à des points stratégiques - sans lui c'était loin d'être gagné ! Et maintenant que les guerriers du groupe sont exclus de la partie délicate des opérations, Esballah rejoint Tirielle et Kacem comme troisième pièce essentielle de notre jeu de chat et souris avec les armées de Planiuk...

Discussions encore
Bon, revenons au début : les discussions sont reparties de plus belle, et Belzagar a nettement pris le dessus dans les conversations, Kacem restant cette fois en retrait. Honnêtement, vu comme le pirate criait après tout le monde, je me demande comment Moumaal a réussi à garder son calme et à ne pas lui voler dans le lard... D'un autre côté, notre brute épaisse n'avait sans doute pas tort sur une chose essentielle : Planiuk n'allait pas laisser partir facilement le petiot, et arriverait tôt ou tard le moment où il mettrait le couteau sous la gorge des otages pour sauver sa vie. Et ce serait à ce moment-là que notre maman empoisonneuse avait intérêt à être convaincante auprès du seigneur (ou saigneur ?) qui retenait son petit. Car ce n'est pas sur Belzagar qu'il fallait compter pour la diplomatie, il avait été très clair là-dessus !

En tout cas le pirate s'est montré bien plus conciliant quand il s'est agit de parler stratégie avec le capitaine des armées de feu Baal. Moumaal a su voir l'avantage qu'on pouvait lui donner sur un plan militaire, tout en étant conscient du risque concernant son probable marmot. Il a été d'accord pour pousser ses armées aussi loin que possible pour donner du poids à la négociation, au risque de pousser Planiuk à une action désespérée... et définitive. Il enverrait donc une trentaine d'archers tout en haut, au-dessus du camp adverse, menés par le pirate dont les talents de grimpeur permettraient aux siens d'arriver là-haut sans trop de mal. Ils donneraient le signal aux troupes au sol de lancer un assaut et prendraient les défenseurs à revers, dans le dos, et le plateau serait très vite aux mains des siens. Tandis qu'avec une douzaine de guerriers, nous on passerait par les cavernes pour ouvrir un autre front et peut-être prendre tout le monde par surprise. Même si on s'attendait à des mauvaises rencontres en route...

Belzagar voulait tout de même avoir des garanties sur notre avenir au cas où ça se passerait mal, mais Moumaal a refusé d'en donner à d'éventuels survivants. Esballah a expliqué que son capitaine tiendrait sa parole tant que notre groupe ferait son possible - sans être suicidaires - pour récupérer les otages ou en tout cas mettre les ennemis en difficulté. Elle regardait parfois Gaerwen, l'air de dire que si un "accident" arrivait, genre un accident provoqué par la corsaire du Gondor, accident néfaste à elle-même ou son petit, le capitaine ne serait sûrement pas tenu de respecter sa parole s'il l'apprenait ! Bref, si le groupe se comportait de manière honorable, il le serait aussi et le groupe pourrait partir avec toutes ses affaires.

A la fin, le pirate est allé le voir pour lui souhaiter bonne chance, même si c'était un Haradrim, alors que le camp était en effervescence en prévision du combat prochain. Moumaal a eu l'air touché par cet encouragement, et il en a souhaité autant au pirate, en lui conseillant la plus grande prudence : le groupe allait passer par une rivière souterraine, or les sources d'eau potable étaient toujours un élément crucial dans la région, donc il fallait s'attendre à ce que la caverne par où passait la rivière soit bien surveillée. Tout le monde est parti se reposer après avoir préparé quelques équipements. Esballah insista auprès de son amant de capitaine pour que les guerriers qui viendraient avec nous soient bien équipés, notamment avec des boucliers pour nous protéger d'éventuels archers. On devait se mettre en route à minuit.

Mise en place
A minuit, le camp s'est mis en branle. La plupart des guerriers - plus de deux cent cinquante - ont commencé à se rapprocher du camp des hommes de Planiuk, sans trop être discrets, tandis que nous, avec une trentaine d'archers et une douzaine de guerriers sachant nager, on partait discrètement ailleurs, vers les montagnes plus à l'ouest. De cette manière on forçait les patrouilles ennemies à faire retraite tout en nous laissant le champ libre à travers les montagnes pour les prendre par surprise. On a donc commencé à monter dans les rochers, menés par Belzagar qui ouvrait la voie avec des cordes pour faciliter le passage de tous.

Après un moment il est parti avec les archers vers l'est et la falaise qui permettait d'arriver au-dessus du camp de Planiuk. A l'aube ils sont montés, et ça n'a pas été trop dur pour lui, mais les archers de Baal en ont quand même bavé un peu, même si c'étaient des montagnards habitués à la grimpette. Quand il est revenu plus tard, le pirate nous a dit que deux d'entre eux étaient morts en chutant. En plus l'ascension avait été lente - on a eu largement assez de temps pour se reposer, et il était presque midi au retour de Belzagar - et les archers étaient crevés. Il leur avait demandé un délai avant de donner le signal du déclenchement des hostilités au sol, le temps pour lui de nous retrouver et d'arriver à la caverne où on espérait prendre les forces de Planiuk à revers.

Avec les douze guerriers qui allaient jouer aux troglodytes avec nous, on est partis en direction du puits de l'araignée géante. On a balancé une espèce d'échelle de corde rudimentaire pour descendre dans le puits, avec le pirate qui restait en dernier pour enlever l'échelle et redescendre avec. Ça ne plaisait pas trop aux guerriers de Baal/Moumaal, mais Esballah a su calmer leurs craintes et ils n'ont pas trop râlé. Belzagar a fait preuve d'un peu d'humour et de justesse en disant que de cette manière ils feraient plus attention à ce qu'il survive puisqu'ils avaient besoin de lui pour remonter et espérer sortir de là. Bon, au départ il avait fait ça pour éviter une mauvaise surprise par derrière et le signalement de notre passage/notre position. N'empêche que j'ai trouvé qu'il était malin quand il voulait, le pirate !

Avec la descente, Esballah me paraissait toujours aussi croquante et débrouillarde. Ce n'était pas la plus rapide mais en général elle se débrouillait largement aussi bien que moi pour tout, que ce soit l'escalade ou la progression en équilibre sur la toile de l'araignée géante. Quels charmants petits secrets nous cachait-elle concernant son passé, j'en salivais rien que de penser à la manière de les découvrir (et pas que les secrets de son passé, j'aime d'autres découvertes, dans le sens premier du mot !). Pas que j'aie été très exemplaire par contre, même Gaerwen se débrouillait bien pour une fois, je devais être le plus lent la plupart du temps ! Mais attends la belle, je ne t'ai pas encore montré tout ce que je savais faire... Et nous sommes arrivés à la caverne.

Souterrains visités
On a allumé quelques torches et nous sommes descendus dans les profondeurs (hmmmm...). Là, la belle Esballah n'était pas tout à fait à son aise et elle a fait plus mauvaise figure, mais tout s'est quand même bien passé. Avec un petit détail gênant tout de même : les plus perceptifs dans l'équipe ont remarqué des traces récentes et de bonne taille, genre celles que ferait un lézard assez gros pour m'avaler en une fois, sur les parois d'un boyau important que nous prenions. Les grottes avaient été visitées récemment, et ce que les copains avaient cru deviner lors de leur précédent passage se confirmait : il y avait un occupant de bonne taille dans le coin, et il était passé par là il y avait peu ! Si jamais ça bardait dans le secteur, il risquait de venir, et sans doute pas pour faire les mêmes mamours que j'aurais voulu faire à la jeune et belle Haradrim !

Mais pour le moment il n'y avait aucun signe de la présence proche ou active du monstre, donc on est descendus. Certains parlaient de la fois où j'avais contrôlé une bestiole similaire que mon père avait enchantée, mais je ne tenais pas trop à essayer à nouveau un truc pareil, car je n'étais pas du tout sûr que je pourrais faire la même chose avec un ver que mon père n'aurait jamais vu, et je ne voyais pas ce qu'il serait venu faire ici de toute manière. Enfin bref, on a continué et on est arrivés à l'endroit où la rivière souterraine affleurait et nous permettrait de passer côté armées de Planiuk. Restait juste à faire trempette dans de l'eau glaciale et à arriver discrètement dans une caverne où nous attendraient certainement des pièges, des gardes, des mauvaises surprises et peut-être un ou deux otages dont la plupart d'entre nous n'avaient rien à foutre...

Cela étant, Kacem et Tirielle ont dit qu'il y avait quelque chose de bizarre : le niveau de l'eau semblait plus élevé qu'avant, d'après eux. A quoi était dû cette montée des eaux ? Après avoir passé en revue plusieurs causes possibles, et faute de pluie récente ou de fonte de glacier proche, certains se sont dit que quelque chose était peut-être venu perturber le flux de la rivière souterraine. Le pirate a émis l'idée que les armées de Planiuk avaient bloqué en partie le passage de l'eau pour en avoir plus. En tout cas, il fallait envoyer les plus discrets en avant - Tirielle, Kacem et la belle Esballah, que je salivais à l'idée de revoir toute mouillée - pour repérer les lieux de l'autre côté de la paroi rocheuse.

L'elfe est donc passée en premier, suivie par l'assassin haradrim et notre jongleuse de poignards - elle en avait d'ailleurs emporté quelques-uns pour l'occasion. Mais après peu de temps, Tirielle est ressortie, bientôt suivie par les autres, grelottant. Pendant qu'ils se séchaient, l'elfe expliqua que de nombreuses pierres obstruaient le passage, ce qui était certainement la cause de la montée du niveau de l'eau. Elle pensait qu'il restait assez de place pour pouvoir se faufiler, du moins pour des personnes souples et adroites comme elle, mais certainement pas pour les Dúnedain comme Gaerwen ou Belzagar ! Il fallait qu'elle y retourne pour voir si elle y arrivait et ce qu'il y avait de l'autre côté, et dire aux autres de venir... ou demander à ce qu'on la ramène au plus vite !

Passage difficile
Elle est donc retournée dans l'eau, une corde à la main, avec un code simple : si elle tirait une fois, c'était bon, on pouvait venir, deux fois il y avait un problème, et trois fois ou plus il fallait la tirer de là en vitesse ! Elle a donc disparu dans la flotte, et on a attendu un moment... qui a commencé par se faire un peu long. Puis il y a eu trois coups secs de la corde, alors on a tiré bien fort et l'elfe est revenue parmi nous peu après, en un seul morceau. Bon, elle n'avait pas été attaquée ou quoi que ce soit, mais après avoir observé et jaugé la situation elle avait préféré revenir pour nous parler de ce qu'elle avait vu de l'autre côté, avec notre aide pour aider à lutter contre le courant contraire, plus fort au niveau du goulot.

Elle a confirmé que le passage était très étroit sous l'eau et que sans sa magie elle aurait eu bien du mal. Selon elle, Kacem pouvait passer sans doute, Esballah à la rigueur, avec de l'aide peut-être. Quant aux autres comme moi-même ou les guerriers, peut-être avec quelqu'un qui tirerait de l'autre côté, au risque de blesser la personne. Et pirate et corsaire étaient exclus, ils étaient trop larges et costauds. Exclus les deux principaux guerriers du groupe, il fallait faire sans eux ! D'autant que retirer les pierres ne pourrait se faire qu'une fois passé de l'autre côté, en prenant du temps... qu'on n'aurait pas en raison de la nécessité de remonter souvent pour respirer et des risques que cela entraînerait.

Car la caverne était loin d'être inoccupée : six gardes la surveillaient, dont trois près de l'eau. Heureusement ils étaient aussi distraits par des bruits de combat que l'elfe avait entendus plus loin dans les cavernes, et comme le niveau de l'eau avait baissé, sa tête se trouvait dans l'ombre - la caverne était éclairée par trois feux - quand elle l'avait sorti hors de l'eau. Les trois guerriers près de l'eau étaient armés de lances, et les trois autres, plus loin, avec des arcs à la main. Petit hic : si on s'attaquait à l'un d'eux, les autres le remarqueraient très vite et l'alarme serait vite donnée, ou en tout cas les trois archers seraient en mesure de le faire ou de réagir d'une autre manière.

On a donc fait un plan : les trois seuls susceptibles de passer de l'autre côté sans aide iraient jouer aux assassins et devraient maîtriser les trois gardes près de l'eau puis les trois archers à eux seuls. Tirielle, Kacem et Esballah - tes dagues vont servir ma belle - devaient faire l'impossible pour sécuriser la grotte, pour qu'on puisse ensuite enlever les pierres et permettre à tous de passer. Ma petite Haradrim avait pas l'air très chaude sur ce coup, à croire qu'elle préférait d'autres types de combat... Il faut dire que si on ne donnait pas cher de la peau de ceux près de l'eau, les trois archers, dont deux près d'une ouverture d'où venaient les bruits, ça risquait d'être une autre paire de manche. Surtout qu'au sortir de l'eau, l'arc de Tirielle demanderait peut-être qu'on le retende avant de l'utiliser...
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Niemal
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Journal de Manil - 7e récit

Message non lu par Niemal »

Bon ben voilà, les objectifs ont été atteints : marmot récupéré, Planuik trucidé, nain et affaires retrouvés... Personnellement c'est surtout ce dernier point - les affaires - qui me satisfait le plus. Et côté objectif, j'en avais un plus personnel qui n'a pas été franchement atteint, loin de là. La belle Esballah m'a régalé d'un bisou sur la joue, c'est déjà une chose, mais il reste encore du chemin avant d'arriver là où je voulais en venir. D'ailleurs, j'aimerais bien savoir où veulent aller tous les membres du groupe, je me demande si on va rester ensemble encore longtemps...

En tout cas ça a été chaud, gluant aussi - visiter la gueule d'un petit dragon est une sacrée expérience - et assez mortel, il faut bien le dire. On laisse pas mal de cadavres derrière nous, même si certains sont à l'intérieur d'un autre gros cadavre. Et je dois dire que je suis assez fier de la manière dont j'ai évité que le pirate d'Umbar fasse lui aussi partie du contenu de l'estomac du dragon. Il l'a peut-être achevé, mais sans moi - et les autres aussi - son combat n'aurait pas valu tripette... mais lui aurait été tripette !

Première partie : eau et feu
Comme prévu, Tirielle, Kacem et Esballah ont pris place chacun près d'un des guetteurs près de l'eau. L'elfe tout au fond (comme c'est excitant), la Haradrim au milieu (partie à trois ?), l'assassin au plus près de l'ouverture (le coquin). Discrètement, ils ont pu sortir de l'eau et les trois gardes n'ont pas fait un pli, tué par lame ou par flèche. Même avec arc mouillé et corde détendue Tirielle se débrouille, et Esballah lance ses dagues avec vraiment beaucoup de précision. Quant à Kacem, il n'est pas assassin pour rien.

N'empêche que les corps ont fait du bruit en tombant et que les trois archers qui gardaient les ouvertures se sont retournés rapidement. Avec les trois feux qui illuminaient la pièce, la belle Haradrim a été facilement repérée, surtout qu'elle s'approchait de l'un d'eux, et les trois arcs se sont tendus vers elle. La flèche de l'elfe a été plus rapide et un archer s'est abattu, la dague de la jongleuse a aussi été plus rapide et un deuxième s'est abattu, mais Kacem s'est approché plus lentement, discrètement, et le troisième a pu tirer. Et a fait mouche sur Esballah - aïe que voilà une pénétration un peu brutale !

Bon, l'assassin a réglé son compte au troisième archer, et Tirielle s'est précipitée vers la Haradrim blessée. Les archers avaient eu le temps de crier un peu, mais apparemment pas assez fort ou alors les autres gardes plus loin n'ont pas fait assez attention, en tout cas on n'a pas été embêtés par des renforts. Cela a permis à l'elfe de stabiliser la blessure d'Esballah, sérieuse mais pas trop grave quand même. Grâce au pansement de notre archère, notre nouvelle amie ne se viderait pas de son sang et pourrait nous suivre. Bon, ça ne m'aurait pas déplu de veiller sur elle, mais vous savez ce que c'est que les priorités...

Et puis Kacem et Tirielle sont retournés dans l'eau et ont tenté d'agrandir le passage pour nous autres. On ne sait pas comment elle a fait, mais Tirielle a tiré une grosse pierre comme une furie, et elle a réussi à l'arracher du bouchon... qui s'est désagrégé tout seul avec l'aide du courant ! Du coup le passage était libre, on a pu tous passer - ouaaaah qu'elle est froide - c'est-à-dire Belzagar, Gaerwen et votre serviteur, plus les quinze guerriers envoyés par Moumaal pour nous aider. Et on a pu se sécher un peu près des feux, où Esballah se tenait déjà, moins quelques vêtements (miam !).

Deuxième partie : avancée discrète
Après ça, on entendait des bruits de combat au loin dans deux boyaux donnant sur la grotte où on était. Le troisième donnait sur une pièce qui servait de stockage ou dortoir. Tirielle est partie explorer un peu les environs. A gauche, ça se rapprochait trop des combats alors elle est revenue. A droite, à part des culs-de-sac ou des boyaux qui semblaient un peu trop fréquentés par des araignées de grosse taille, il y avait une intersection avec deux gardes pas très attentifs.

En fait ils semblaient un peu nerveux, soit à cause des bruits de combat au loin, soit par la proche présence, dans un boyau, de gros fils d'araignée, voire du cadavre de l'une de ces créatures. L'elfe n'a pas eu de mal à se débarrasser des deux gardes, et elle a évacué les corps vers notre caverne. Après quoi il était facile de la suivre. J'avais eu le temps de faire un meilleur pansement à la Haradrim blessée (oh quelle belle peau que voilà), on avait fouillé les affaires présentes - nourriture et bière - et on était prêts à partir.

En avançant plus dans les boyaux souterrains on a fini par arriver - discrètement - à une caverne plus grande avec diverses tentes et pas mal de guerriers. Le sol de la caverne était coupé, en son centre, par une fissure de belle dimension - trois ou quatre pas - que l'on pouvait franchir grâce à deux passerelles en bois. Une demi-douzaine de guerriers, l'air peu rassurés, gardaient les passerelles et la fissure, tandis qu'au-delà, on pouvait distinguer deux ouvertures d'où provenaient des bruits de combat, une vingtaine d'autres guerriers, quatre tentes... dont une d'où s'élevaient les pleurs d'un bébé !

Mais depuis un moment déjà, je sentais une magie proche qui montait de plus en plus, quelque chose qui n'était pas sans me rappeler ce qu'on avait trouvé dans le refuge dans le désert, refuge qui servait probablement au père que je n'avais jamais vu... Et cette magie, je pouvais maintenant sentir qu'elle était plus bas dans la fissure, mais qu'elle allait tôt ou tard finir par en sortir. Pas tout de suite, mais ça risquait de se faire alors qu'on était encore là... D'où l'intérêt de passer au plus vite.

Troisième partie : arrivée massive
Esballah a donné des ordres au lieutenant qui gérait les guerriers avec nous : certains, un peu plus loin, ont fait mine de se battre, pour qu'il y ait des bruits de combat ; et deux autres, avec Kacem, ont appelé les guerriers à l'aide en disant que des intrus étaient arrivés. Avant de courir vers le reste de nos troupes, qui attendaient, l'arc prêt. Les six gardes ennemis se sont empressés de venir, ils ont été cueillis par nos flèches, ou du moins la plupart. Les deux survivants ont fui, l'un a été abattu et le dernier a été rattrapé par Kacem, dans la caverne, juste avant la fissure.

Alors bien sûr, l'alerte a été donnée et les autres guerriers ont commencé à prendre leurs armes. L'assassin a réglé son compte au dernier garde et a laissé tomber son corps dans la fissure... d'où est monté un bruit de corps que l'on broie ! Kacem a regardé brièvement dans le noir, il a juste entraperçu un corps serpentin gigantesque plus bas, en train d'avaler les restes du guerrier... Puis il a plongé de côté pour éviter les flèches que les ennemis ont commencé à lui tirer dessus. Bientôt c'était bataille rangée d'archers. On a dû se réfugier dans le boyau, pendant que les ennemis se protégeaient derrière les tentes... où un gamin piaillait de plus belle, au grand dam d'Esballah qui demandait de ne pas tirer dans sa direction !

N'empêche que la bestiole dans la fissure avait repris son ascension, je la sentais. Alors un peu en catastrophe j'ai commencé un rituel magique pour pouvoir lui parler, en espérant qu'elle pourrait m'obéir, surtout que la magie qui l'environnait m'était familière. Comme près du refuge de mon cher père, j'espérais bien, grâce à cette magie et à la sienne, contrôler la créature. Et il valait mieux, car on n'avait pas vraiment de plan B, à part la fuite qui ne nous mènerait pas très loin, à savoir dans la zone de combat.

Mais dans le même temps, les guerriers ennemis avaient prévenu les leurs. D'ailleurs, à cette occasion on a entendu un cri de douleur et des jurons et on s'est dit que le nain ne devait pas être loin et qu'il voulait nous dire quelque chose. Le quelque chose en question, c'était une troupe d'une quinzaine de guerriers qui sont venus nous chercher noise par derrière, par là d'où on était venus, sans doute grâce à l'autre boyau où on entendait aussi un peu des bruits de combat. Heureusement on avait posté des guetteurs, et donc ça a commencé à se battre.

Au milieu de toute cette agitation, et tandis que j'étais loin d'avoir fini mon rituel, la bestiole est sortie de sa fissure, entraînant la fuite des guerriers ennemis (avec le bébé) de la caverne proche, tandis que le ver des cavernes - un gros lézard de dix pas de long au moins - venait vers nous. En gueulant très fort Gaerwen a réussi à empêcher les guerriers avec nous de fuir. Ils ont commencé à se faire dévorer les uns après les autres, mais ont tenu. Les ennemis avec qui on se battait ont préféré fuir, les attaques de Tirielle et Belzagar n'ont rien donné, les copains ne sont pas restés, et je me suis retrouvé seule face à la bête...

Quatrième partie : combat final
J'ai quand même lancé mon sort, même pas terminé, et j'ai réussi - avec beaucoup de volonté - à le faire marcher. Je pouvais communiquer avec la bestiole. Apparemment, le ver avait pour ordre de ne pas me manger, mais par contre il se fichait de ce que je voulais lui faire faire, il avait juste envie de continuer à aller bouffer mes copains... Mais en m'interposant je le bloquais car il aurait dû me passer sur le corps et le sort l'en empêchait. Impossible de lui commander, mais au moins je pouvais gagner du temps.

Les copains - et les guerriers de Moumaal qui restaient encore en vie - ont fui dans les boyaux jusqu'à arriver à la caverne principale où se battaient les forces de Planiuk et celles de Moumaal. Ils ont crié qu'un dragon arrivait, qu'il fallait fuir, avec suffisamment de conviction pour ne pas se faire attaquer. En même temps, ils repéraient où étaient les officiers, le nain - attaché et bâillonné, par terre - et sans doute Planiuk et le bébé. Et les ordres de Planiuk étaient de nous liquider... Les guerriers hésitaient, tandis que les copains entendaient du bruit derrière eux, et préféraient faire une petite translation en direction des tentes de commandement...

Il faut dire que j'avais réussi à convaincre le ver de faire demi-tour et de s'attaquer à l'armée adverse. Bon, en fait il m'avait fait comprendre qu'il allait tuer et manger tout le monde sauf moi, mais je pressentais que les copains auraient besoin d'une petite (ou grosse) diversion. Et effectivement, quand la bestiole est arrivée dans la caverne des combats, ça a vite changé les plans de tout le monde : les guerriers de Planiuk et Moumaal qui se combattaient ont arrêté et commencé à fuir ; ceux derrière eux ont attaqué la créature et se sont fait balayer et écraser en un rien de temps, entraînant un vent de panique ; et les copains ont pu se rapprocher des officiers et tentes de commandement.

Divers guerriers et officiers leur ont barré la route et les ont combattus, mais ils se sont fait tuer les uns après les autres, tandis qu'Esballah essayait de passer derrière les tentes, discrètement. Et puis le ver n'a eu plus d'autres adversaires que nous et la garde rapprochée de Planiuk, qui est sorti de sa tente avec le marmot d'Esballah sous le bras, un couteau sous la gorge. Guerriers de Planiuk et guerriers du groupe ont attaqué le ver, avec peu de succès, sauf Belzagar qui a réussi à lui faire assez mal pour le blesser légèrement et qu'il se retourne face à lui... Sauf également Gaerwen qui essayait d'arriver discrètement jusqu'à Planiuk, pour l'attaquer par surprise - mais sans succès.

Esballah est arrivée dans le dos du ravisseur de son marmot et lui a lancé une dague aussi fort qu'elle pouvait, dans la nuque. Malgré sa cotte de mailles il est mort sur le coup et Gaerwen a tout juste eu le temps de récupérer le fils de la Haradrim, qui s'est précipitée ensuite pour le retrouver. Moi Manil j'arrivais à peu près à ce moment-là, et malgré mes demandes le gros lézard géant allait bientôt faire une bouchée de mes copains, qui essayaient désespérément de trouver son point faible. Je m'accrochais à la bestiole pour la gêner - elle devait faire attention à ne pas me faire de mal - mais ça ne semblait pas très efficace.

Face à la gueule béante qui s'ouvrait face à lui, Belzagar a plongé pour l'éviter, mais pas assez vite, et les énormes mâchoires l'ont cueilli au vol. Mais pas que : j'avais plongé en même temps et je suis entré aussi dans la gueule du monstre. Il ne pouvait plus tuer le pirate ou il m'aurait tué aussi. Alors il nous a recrachés, tandis que Kacem montait sur la bestiole et trouvait son point faible au niveau de la nuque, une zone non protégée, comme la peau d'un bébé. L'assassin y a enfoncé plusieurs fois sa lame, blessant le dragon. Tirielle monta aussi mais toute son énergie était concentrée à ne pas tomber, elle ne pouvait pas attaquer. Belzagar a fait de même, sans pouvoir attaquer, jusqu'à arriver à trouver une occasion où il a pu le faire. Il a alors enfoncé profondément sa lame dans le point faible, mettant la bête KO. Il ne fut pas trop difficile de l'achever ensuite...

On avait vaincu le dragon, tué Planiuk, récupéré vivant le fils d'Esballah (et probablement Moumaal), on était des héros. Marti n'avait rien pu faire - Esballah avait juste pu le libérer avant d'aller récupérer son fils - mais Tirielle était contente de le retrouver.
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Niemal
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Journal de Tirielle - 1ère feuille

Message non lu par Niemal »

Alors voilà, les bonnes choses ont une fin, et l'équipe n'est plus la même. Certains sont restés sur place, les autres comme moi-même ont poursuivi vers le nord et la civilisation. Manil m'a refilé le bébé de décrire nos aventures - lui en avait une autre en tête - mais je ne suis pas une scribouillarde comme lui, moi. Alors ça sera rapide, beaucoup plus rapide, moi je préfère l'action aux belles paroles. Du concret, pas trop de détails ou de sous-entendus. Après un moment un nouveau groupe s'est formé, plus équilibré peut-être, avec au final quatre femmes pour trois hommes, ce qui me convient très bien. Mais reprenons depuis le début.

Séparation et départ
Nous étions sept, il en est resté quatre : moi-même (Tirielle), mon ami nain Marti, Belzagar le pirate d'Umbar, et Gaerwen la corsaire du Gondor. Trois sont restés derrière : Esballah, maintenant à la tête d'un fief (voire de deux), secondée par son amant de capitaine et probable père de son fils ; Kacem l'assassin, apparemment content de poser ses bottes et son lourd passé quelque part ; et Manil, le fils de magicien, très intéressé à seconder de (très) près la belle Esballah.

Je me retrouve donc avec les trois plus bourrins de l'équipe, les plus directs, les moins subtils. Pas grave, côté subtilité j'ai de quoi donner, et puis je suis contente de rester avec mon ami Marti et ce beau gosse de Belzagar, malgré ses cicatrices. En plus il a l'air de passer de moins en moins de temps avec Gaerwen, ça devient intéressant. Par contre c'est vrai que côté discrétion je vais peut-être me sentir un peu seule. D'un autre côté j'ai l'habitude de me débrouiller seule quand il le faut, même si j'ai pu tester les limites de la chose par le passé. Je veillerai sur les autres, mais qui veillera sur moi ?

Bref, Esballah et son Jules ont été contents du boulot accompli, on a pu récupérer nos affaires plus quelques bonus, et on est partis vers le nord. On a fini par rejoindre la route principale menant en Ithilien du sud, jusqu'à Minas Ithil dans le Gondor, paraît-il. On n'a pas été inquiétés, peut-être parce que c'était l'hiver et les armées préféraient rester au chaud ; peut-être parce que le pirate fait peur à voir et avec raison, et honnêtement il n'est pas le seul ; peut-être parce que je suis douée à voir venir les problèmes de loin.

On a franchi la rivière Poros à Tir Ethraid. Il y avait une petite ville qui accompagnait la tour de garde qui sécurisait le gué sur la rivière, rivière qui marque la frontière entre le Harondor, bien disputé entre Umbar et Gondor, et l'Ithilien du sud, bien contrôlé par le Gondor, bien cultivé, assez riche d'après ce que j'ai entendu dire. En tant que pirate d'Umbar recherché chez lui comme dans le Gondor, Belzagar pouvait avoir des ennuis avec les autorités, donc je l'ai maquillé un peu. Reste que du haut de ses près de sept pieds, il en impose, donc il ne passe pas inaperçu.

Tir Ethraid
La ville était le premier coin de civilisation dans lequel on entrait depuis longtemps. Entre la poussière, la saleté, le sang sur nos armes (ou ailleurs) on devait faire un peu tâche. Ça ne nous ferait pas de mal de nous décrasser, même si ça avait pas l'air de déranger le nain. A l'extérieur de la ville il y avait une zone de campement pour les caravanes de passage. C'était l'hiver mais une caravane était là et elle semblait avoir un peu souffert. La guerre avec Umbar n'arrangeait pas les marchands mais certains tentaient de passer malgré les risques : la coupure des routes commerciales faisait flamber les prix, donc avec davantage de blé à se faire pour les audacieux.

La caravane venait du sud mais il y avait eu des dégâts, des blessés et des morts. On m'a dit que les chefs étaient en ville pour recruter du monde, ça pouvait être intéressant et permettrait au pirate de passer plus inaperçu, juste comme mercenaire. J'ai laissé Gaerwen qui ne semblait pas tellement pressée de retrouver son pays - problèmes de famille ? - mais plutôt de rester avec le beau Belzagar, qu'elle avait peut-être peur de perdre, non sans raison. Bref, je suis entré avec Marti, et on a vite trouvé l'auberge où le marchand et son capitaine des gardes recevaient les volontaires.

Le capitaine avait l'air d'avoir pris gras, avec deux blessures dont une assez sérieuse, au bras. Mais une femme était en train de le soigner et elle avait l'air de savoir s'y prendre, tant pour manier l'aiguille que pour faire un pansement après l'application d'une herbe médicinale ! Cela m'a rappelé qu'on n'avait plus de soigneur dans le groupe. La soigneuse était accompagnée d'une grande rousse, l'air assez chaude, en train d'allumer le marchand qui était un peu distrait, et même plus qu'un peu. Il y avait aussi un gars petit, l'avait l'air d'être un beau parleur mais j'avais du mal à savoir ce qu'il pouvait faire de sa vie à part avaler les mouches...

En tout cas les deux femmes ont été prises dans l'équipe du marchand, et elles ont insisté pour que le gars qui les accompagnait vienne avec elles. Le marchand avait pas l'air convaincu de l'utilité du gars - et j'le comprends - mais la soigneuse avait l'air très efficace et l'autre allumait vraiment bien, donc il a pas été trop dur à convaincre. La rousse avait l'air plus que chaude, elle était même brûlante, elle commençait à se mettre à l'aise et manifestement elle était en manque ! N'empêche que le marchand et son capitaine étaient là pour affaires, et j'ai pu m'avancer vers eux.

Contrat et rafraîchissement
Ils ont confirmé ce qu'on m'avait dit : ils venaient du sud lointain, mais ils avaient souffert d'attaques diverses en cours de route, avec des morts et des blessés, et ils cherchaient des mercenaires expérimentés, fiables et équipés, pas des bouseux du coin qui savaient juste se battre contre les animaux sauvages. Je leur ai dit qu'on avait ce qu'il leur fallait et je suis parti en promettant de revenir, ce que j'ai vite fait, avec le pirate et la capitaine d'Umbar. Leur physique et leur équipement ont parlé pour eux, sans parler du nain. Quant à moi, le marchand avait l'air moins intéressé, mais j'ai fait voler une pomme de la main d'un client à l'aide d'une flèche et il a été convaincu.

Il nous a offert à manger pendant qu'il faisait passer d'autres volontaires, il lui manquait une demi-douzaine de guerriers. On en a profité pour faire la connaissance des trois autres récemment embauchés : Ventus, une espèce de barde et beau parleur ; Itesa, la grande rousse bien chaude, qui ressemblait à une travailleuse du sexe ; et Anaelle, qui venait des Maisons de Guérison de Minas Ithil. Je ne sais pas ce qui les avait réunis tous les trois, mais ils n'avaient pas l'air très expérimentés, voire carrément un peu paumés ici.

On est allés se décrasser un peu, Belzagar et moi. Depuis le temps que j'en avais envie... Et le pirate est pas resté insensible à mon beau corps d'elfe, enfin ! Ha, ces humains, ils ont des trucs à nous apprendre à nous autres elfes, pas à dire... Je suis redescendue avec un sourire jusqu'aux oreilles ; quand Gaerwen a vu ça, même si elle est pas très fute-fute, elle a bien compris ce qui s'est passé et elle m'a retourné une gifle, ouch ! J'en avais du sang dans la bouche...

Après ça, comme ça se bousculait pas côté volontaires, le capitaine des gardes a laissé le marchand faire un tour du côté de la chambre qu'il avait prise. Peu après on a entendu des bruits très significatifs venant de ladite chambre, ah la vache ! J'ai donné de l'argent au gars, là, Ventus, pour qu'il chante quelque chose et couvre le bruit, mais côté chansonnette il vaut pas grand-chose ! Après il s'est mis à déclamer, et faut dire que côté théâtre il assure déjà plus. N'empêche que je vois toujours pas bien à quoi il va servir, à part nettoyer les pots...

Attente et départ
Peu après le capitaine est parti avec la soigneuse à leur camp, afin de soigner leurs blessés. Il leur manquait toujours du monde, donc on resterait encore au moins une journée sur place avant le départ. Le lendemain, on a continué à se reposer, la soigneuse soignait - et bien - et la rousse se faisait se l'argent en ville, à utiliser ses charmes plus ou moins discrètement. Apparemment le marchand ne lui suffisait pas. Le théâtreux passait du temps avec un tailleur, l'avait l'air de savoir coudre et tailler les tissus. Vois toujours pas ce à quoi il va servir. On s'est acheté des nouveaux habits en ville, il y en avait besoin.

Le capitaine des gardes et le marchand ont fait chou blanc ce jour-là, aucun mercenaire sérieux à recruter. Donc on est restés un jour de plus. Je suivais ce que faisait Itesa de loin, je me rappelais un peu trop bien les dangers d'être une femme isolée. Et ça n'a pas loupé : elle avait eu trop de succès la veille, du coup un maquereau s'est pointé avec des renforts pour la "taxer" de ce qu'elle avait gagné "chez eux". Ils étaient six, dont au moins trois armés, mais quand j'ai transpercé la main de l'un d'eux avec une flèche, l'ambiance a changé.

J'ai bien fait comprendre que j'étais une bonne archère et qu'ils avaient tout intérêt à laisser la rousse pour ne pas gagner une boutonnière, et j'ai pu filer avec elle en essayant de la mettre en garde. Heureusement ce jour-là les affaires ont mieux marché, cinq bons guerriers ont été trouvés et ça a suffi avec les blessés qu'Anaelle a pu remettre sur pied en un temps record. Donc le lendemain on a pu partir. Au passage, Itesa m'a chauffé moi aussi, elle a vraiment des dons pour ça et le feu au cul et ailleurs celle-là !

La caravane est donc partie le lendemain. Les deux filles avaient trouvé place sans un des trois charriots, tandis que leur copain marchait. Nous quatre, Marti, Gaerwen, Belzagar et moi, on faisait les éclaireurs (un de chaque côté) avec nos chevaux. En plus des trois charriots, il y avait un train de mules. Au total on était une quinzaine de gardes, des muletiers, des conducteurs, les deux filles et leur copain, nous quatre, le capitaine des gardes et le marchand. Pas permis de voir ce qu'il y avait dans les véhicules, mais ça sentait bon les soies et épices et autres trucs précieux venus du sud, que les nobles des grandes villes allaient acheter à prix d'or.
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Niemal
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Journal de Tirielle - 2e feuille

Message non lu par Niemal »

Bien sûr, quand on pense avoir dégotté un boulot correct, on s'aperçoit vite qu'il y a anguille sous roche. En l'occurrence, il y a paquet maudit sous soieries et autres marchandises classiques. Le genre de truc qui attire les ennuis à la ronde et qui explique que le voyage n'a pas été de tout repos avant qu'on prenne la caravane en marche. Le genre de paquet qui promet des journées pas tristes. Bon, au moins, on n'a pas trop l'occasion de s'ennuyer. Quelque chose me dit que les événements de la nuit dernière ne sont qu'un avant-goût de ce qui nous attend. Mais détaillons un peu ces événements récents.

Confidences et autres informations
Au cours du début du voyage, on a donc fait notre boulot de gardes, Belzagar, Gaerwen, Marti et moi. En tant que gardes certains voulaient fraterniser avec nous. Pas trop avec le pirate, toujours aussi aimable qu'une gueule de dragon et manifestement au-dessus du lot question petits jeux guerriers. Par contre, Gaerwen ayant plus de temps libre, les gardes qui voyaient en elle un adversaire à leur portée en sont tombés sur le cul, littéralement. Bref, elle a montré qu'elle valait n'importe lequel d'entre eux et elle a bien gagné leur estime, toute femme qu'elle était. Pas un pour la battre au bras de fer...

Tandis qu'elle fraternisait avec les gardes, voire avec le capitaine, Iteza fraternisait aussi mais d'une autre manière. Le soir était réservé au marchand mais elle ne perdait pas de temps le reste de la journée. Pas croyable le nombre de fois où elle allait se soulager... au même moment que certains gardes, voire au même endroit diront certains. A tel point qu'Anaelle allait régulièrement lui chercher des herbes spéciales pour lui faire une tisane rien que pour elle, un truc assez amer j'ai cru comprendre mais qui avait des vertus spéciales... sur la fertilité. Cette rousse a vraiment le sang très très chaud !

N'empêche que ses "compétences" lui ont permis d'apprendre divers trucs intéressants, des petites confidences sur l'oreiller partagé avec le marchand qui nous employait. Il semblait que ledit marchand n'avait pas acheté que des soieries précieuses et épices recherchés dans le sud, mais aussi autre chose pour lequel il avait reçu une avance intéressante. Cela avait piqué la curiosité de la rousse, assez pour la pousser à faire une petite réunion avec Anaelle et moi. D'après elle, il y avait un petit colis planqué quelque part, sans doute dans un charriot, à destination de quelqu'un de Minas Ithil. Quelqu'un de bonne réputation d'après le marchand, mais savait-on exactement de qui il s'agissait ?

En parallèle, Gaerwen apprenait diverses choses grâce à ses nouveaux amis parmi les gardes. On avait déjà remarqué que tous les gardes étaient bien choisis par le capitaine, c'étaient probablement tous des vétérans des conflits dans le sud, d'anciens guerriers habitués à se défendre et à tuer. N'empêche qu'il y avait une certaine différence entre les "anciens", embauchés avant notre arrivée, et les "nouveaux", ayant intégré la caravane en même temps que nous : les seconds étaient plus confiants, un peu turbulents, plus grande gueule... Les premiers, les anciens, étaient moins joyeux, plus attentifs, plus réservés. Ils avaient dit à la capitaine du Gondor qu'ils n'avaient jamais eu autant d'attaques sur un convoi de cette taille de tout leur passé de gardes de caravane...

Recherches infructueuses
Il y avait effectivement de quoi s'inquiéter, d'autant que Belzagar avait fini par sentir comme une tension au niveau de son cheval, comme si sa bête percevait quelque chose qui la rendait nerveuse. Mais qu'est-ce qu'on pouvait bien transporter ? Et où ? Pour certains, la réponse à la deuxième question était évidente : dans le charriot des soieries, près duquel le marchand plantait systématiquement sa tente. Quant à la première question, plusieurs avançaient quelque chose de magique, bien sûr. N'empêche que malgré mes tentatives, je ne sentais rien de particulier, aucune aura magique spéciale. Bon, d'accord, je n'avais pas l'expérience de Manil, qui était un vrai magicien. Mais ça ne me rassurait pas spécialement : plus un objet magique est puissant, plus souvent sa magie est masquée...

De nouvelles confidences sur l'oreiller ne donnèrent rien : le marchand ne disait pas tout ou peut-être qu'il ne savait pas tout lui-même. Apparemment, il jouait pas mal d'or dans ce contrat, et il avait été prévenu qu'une garde plus conséquente que la normale serait nécessaire. Mais d'après Gaerwen, même avec des effectifs au moins doublés, ça n'avait pas empêché un grand nombre de gardes de rester sur le carreau. Pourtant, il y avait deux gardes qui avaient l'habitude d'encadrer des convois avec le même marchand et son capitaine, et ils n'avaient pas grand-chose de mal à dire d'eux, ils veillaient sur leurs gardes et n'appréciaient pas de les voir partir si vite...

Du coup on a monté une petite entourloupe entre filles (pas avec Gaerwen, juste Anaelle, Iteza et moi) : au cours d'un campement, quand les mules étaient détachées, la soigneuse s'est approchée discrètement de l'une des mules. Puis elle lui a donné un bon coup dans le postérieur histoire de la faire réagir bruyamment, ce qui n'a pas manqué d'attirer l'attention de toute la troupe. Le muletier le plus proche a sifflé la mule et il s'est précipité vers elle et a pu la maîtriser sans problème. Les gardes ont regardé ce qui se passait et ils ont tout de suite cherché autour s'il y avait autre chose, un danger quelconque. Le capitaine des gardes et le marchand ont fait de même. A mon grand regret, le marchand n'a pas dirigé son regard vers l'endroit où il avait caché son précieux paquet... Bref, un coup pour rien.

Une nuit, alors que j'étais de quart avec Belzagar et deux autres gardes, j'ai voulu jeter un œil au contenu des charriots, mais sans succès : il y avait trop de paquets les uns sur les autres, c'était impossible de faire une recherche sans tout défaire. Bref, la caravane a poursuivi sa route un peu plus longtemps. Jusqu'à une nouvelle journée froide, sombre, pluvieuse avec beaucoup de vent. L'allure était plus difficile, on a pris du retard, et on n'a pas pu atteindre le relais prévu, un petit village sur la route menant à Minas Ithil comme il y en avait régulièrement. La nuit commençait à tomber, on ne voyait pas loin, alors il a fallu se rendre à l'évidence : il fallait chercher un endroit où monter le camp. Je m'y suis collée, et bien vite j'ai trouvé un coin abrité du vent, avec de l'eau et des arbres, facile à défendre.

Des loups pas très lupins
J'ai fait le premier quart avec Belzagar et deux autres gardes. Je suis montée avec mon cheval sur le coteau qui dominait l'étang près duquel on avait fait le camp, à l'abri des quelques arbres qui entouraient le point d'eau. Tous sont vite partis se coucher après le repas, vu le temps exécrable. Et l'attente a commencé. Il faisait noir comme dans un four, même moi je ne voyais pas grand-chose. Mais à un moment mon cheval a donné des signes d'inquiétude, comme s'il sentait une odeur qui le dérangeait, une odeur apportée par le vent, malgré la pluie. J'ai bien regardé, et j'ai fini par repérer des petits points qui avançaient dans notre direction, des petits quadrupèdes : des loups arrivaient, et en nombre en plus !

Je me suis rapprochée du bord du coteau, de manière à pouvoir voir et parler au pirate qui se tenait non loin. L'ayant prévenu, il a immédiatement pris son cor et a réveillé le camp, tandis que les loups s'élançaient avec des hurlements. Mais que font ces loups à tendre une embuscade à une force d'hommes plus nombreux qu'eux, sans parler des montures et bêtes de somme ? Voilà qui n'était pas très lupin tout ça... Le gros de la meute s'est dirigé vers nos bêtes où la plupart de nos gardes les attendaient. Mais deux ont contourné le coteau de l'autre côté... et cinq m'ont foncé dessus ! Seul avec mon cheval, je devais être une proie tentante...

Tandis qu'une vingtaine de loups s'attaquaient à une douzaine de gardes qui protégeaient les bêtes, les deux qui passaient de l'autre côté tombaient vite sur Gaerwen avec un autre garde. Ils n'ont pas eu de mal à les expédier chez le Mandos des loups, mais moi je ne pouvais pas en dire autant : le vent et la pluie me gênaient, et même si j'ai pu en blesser un avec mon arc, les quatre autres arrivaient trop vite, j'allais me faire attaquer si je continuais à les flécher. J'ai lancé mon cheval au galop, suivi de près par quatre bêtes bien agressives. Mais qu'est-ce que c'est que ces loups ? Pour m'en débarrasser, faute de mieux, après un moment à fuir, j'ai lancé mon cheval dans l'étang. Ils n'ont pas suivi, et ont préféré se tourner, pour trois d'entre eux, vers Gaerwen et l'autre garde, qui n'étaient pas loin.

Bon, ils n'ont pas fait un pli, pas plus que les autres qui s'attaquaient aux bêtes. Au départ Belzagar n'a pas voulu intervenir (contrairement au nain ou à Iteza, qui lançait ses dagues sur les loups), restant en retrait ; mais quand il a vu que les gardes commençaient à se faire déborder et que des loups allaient réussir à passer, son épée s'est mise à danser et les têtes sont vite tombées. Très rapidement, la meute a perdu la moitié de ses membres et les autres ont fui sans demander leur reste. Au final, seuls une demi-douzaine de gardes avaient été blessés, dont un gravement et qui fut tout de suite soigné par Anaelle. Sans parler aussi de quelques bleus et écorchures. Aucune bête perdue, même si ça n'avait pas été de tout repos pour les muletiers ou Anaelle, qui les avait aidés. N'empêche : l'attitude de ces loups n'avait rien de naturel, et on n'aurait jamais dû être inquiétés comme ça.

Discussions
Après avoir remis le camp en ordre et soigné tous les blessés (merci Anaelle), je me suis dit qu'il était temps d'aller discuter franchement avec le marchand. Je lui ai demandé à ce qu'on puisse se voir en privé, ce qu'il a bien voulu faire... en amenant son capitaine, pour lequel il n'avait apparemment rien à cacher. Je lui ai dit qu'on savait qu'il transportait quelque chose de particulièrement précieux, ce qu'il n'a pas nié. Et d'une certaine manière il a été honnête : il a avoué qu'il avait un gros contrat sur un objet dans une boîte, qu'il avait été prévenu que cela risquait d'attirer du monde et qu'il avait été payé pour gérer ça. Il a même décrit la personne du sud qui lui avait remis un coffret de bois noir, fermé à clé et sans clé, contre une bourse conséquente remise par son commanditaire, le chef de la maison Aludor, une des principales maisons nobles de Minas Ithil. Un bon point pour le gars.

Par contre, la liste de ses bons points s'arrêtait là. Il était d'accord pour dire que la liste des embûches était anormalement longue sur ce trajet, mais d'une certaine manière ce n'était pas son problème. Gaerwen a pourtant rapporté qu'elle avait entendu un garde dire que l'attaque des loups avait été comme celle dans le désert, où des chacals avaient fait la même chose. Bref, il était clair que l'objet transporté était un truc maudit, ou qu'il était recherché par de belles saloperies capables de contrôler des loups... Et qu'il était peut-être urgent de savoir de quoi il s'agissait.

Mais voilà, il n'était pas d'accord. En gros, pour lui, un contrat est un contrat. Pas question d'en savoir plus sur l'objet en question, son commanditaire lui avait interdit de le faire. Et apparemment il y avait un paquet d'or à la clé. Et pour lui son commanditaire avait une réputation suffisante pour éviter de se poser trop de questions. Le problème est qu'il n'avait pas tort : Anaelle venait de là-bas et elle confirmait que la maison Aludor avait très bonne réputation. Par contre, elle ajouta tout de même que la plupart de ses membres étaient morts pendant la peste, et que le nouveau chef de famille n'était pas très connu...

Bon, ça servait à rien de discuter plus avec lui, il était trop borné. A l'occasion je suis retourné voir les charriots, en particulier celui des soieries, mais rien à faire, impossible de faire une fouille dans tout ce bazar sans que ça prenne des heures et que ça se voit. Je suis même allé voir les deux autres, y compris celui dans lequel le blessé grave dormait, mais sans résultat. Mais avec les copains on était d'accord sur un truc : on allait pas laisser l'objet en question tomber dans de mauvaises mains. Même si on ne savait pas bien quoi en faire si jamais ça tombait entre nos mains... Par contre, j'ai été un peu estomaquée d'entendre Anaelle ou Iteza parler d'envisager de tuer tous les membres de la caravane pour mettre la main sur l'objet en question ! A se demander si l'objet maudit ne commençait pas à les influencer...
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