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Journal de Manil - 2e récit

Posté : 05 novembre 2017, 22:17
par Niemal
Evidemment, les copains, bien trop occupés par leurs recherches, n'ont pas pris la peine de venir nous dire, à Marti et à moi, où ils en étaient arrivés de leurs fouilles des cavernes du coin. D'ailleurs, "copain" veut dire "avec qui on partage le pain", comme "compagnon". Donc, de là à dire qu'il y a amitié, c'est un pas que je ne franchirais pas... Bref, ou bien mes connards de compagnons - Kacem, Gaerwen, Tirielle et Belzagar - se fichent complètement de nous laisser attendre dans l'ignorance de ce qu'ils font, ou bien ils ont des gros problèmes. Honnêtement, je ne sais pas, des deux, quelle hypothèse je préfère...

Enfin bref, faute d'autre chose à faire et comme la nuit arrivait, ben que faire de mieux que d'aller roupiller après avoir mangé un brin ? Après, bien sûr, j'ai eu des rêves assez marrants les concernant. Comme si je voyais ce qu'ils faisaient en songe... Foutu sommeil ou foutue magie qui me joue de pareils tours, y aurait-il moyen d'avoir un peu de temps sans voir ces branquignoles autour de moi en permanence ? Bon, d'un autre côté, il y avait quelques situations pas piquées des hannetons. Si les copains ont vraiment vécu ça, je veux bien me marrer une deuxième fois en les écoutant me raconter leur histoire...

Recherches et araignées
Dans mon rêve, donc, en bon grimpeur qu'il était, Kacem explorait caverne après caverne pour trouver des passages pouvant les amener à Esballah et son marmot. Sans succès, même s'il restait un espèce de grand puits à aller voir plus loin. En fin de compte, les copains ont décidé d'aller revoir la caverne aux araignées déjà entraperçue. Après tout, qui dit araignées dit vie à bouffer pour les araignées, et la vie peut venir d'ailleurs que juste dehors. Bref, ils sont allés voir tous les quatre ces charmantes bestioles agressives, ou plutôt les cavernes qu'elles avaient remplies de leurs soyeuses toiles (hmmm), et dans lesquelles elles rêvaient probablement de faire dormir des corps si beaux et charpentés - bon, peut-être pas Kacem, mais faut avouer que les trois autres sont quand même pas mal...

Bref, toujours en rêve n'est-ce pas, je vois les copains allumer des torches (vous enflammez pas les gars !) pour pénétrer la caverne (oh ouiiiiii) sans se faire mordre par les araignées nombreuses et très - trop - câlines. Peine perdue, rien d'intéressant dans les cavernes une fois arrivés au bout (pour certain(e)s ça peut être douloureux...), sauf une fente (encore !) ou plutôt une fissure par où les araignées peuvent passer mais certainement pas des aventuriers plus gros qu'un hobbit contorsionniste, et encore. Preuve qu'il y a d'autres cavernes plus loin sans doute, mais que le passage pour nous/eux n'était pas par là.

Demi-tour donc un peu plus loin dans les montagnes, histoire d'aller voir de plus près le gouffre aperçu de loin et les ouvertures qu'il comporte sans nul doute. Mes compagnons avaient pris de la corde avec eux, et je crois bien que Kacem s'en est servi pour aller voir de plus près de quoi il retournait. Et plus il descendait le long de la paroi, plus il pouvait voir profondément - la paroi qu'il suivait n'était pas verticale mais bien bombée - et notamment les ouvertures et éventuels obstacles. Et justement, en termes d'obstacle, il en distingua un, et de taille, puisqu'il couvrait toute la largeur du gouffre - entre vingt et trente pas de diamètre - à une portée de flèche du fond du puits...

L'obstacle en question, c'était une gigantesque toile d'araignée que seule un arachnide géant était capable de tisser. Une espèce d'hymen gigantesque en quelque sorte, et entièrement vierge. Et, ô surprise, une caverne avec une ouverture assez large était disposée juste sur le bord de la toile, avec divers fils passant par l'ouverture et susceptible de prévenir la gardienne des lieux qu'une proie venait de tomber dans sa toile (la coquine). Bien entendu, la toile était peut-être à une portée de flèche de profondeur depuis là où Tirielle et les autres attendaient, et à cause de la courbe formée par la paroi, il n'y avait pas de vue directe sur la toile ou l'entrée de l'antre de l'araignée géante - ou des araignées géantes : après tout, pourquoi n'y en aurait-il qu'une ?

Araignées et proie
Bon, Kacem était gêné par l'obscurité du puits, donc l'elfe est allée faire un tour de plus près. Deux grandes cordes avaient été mises bout à bout qui arrivaient plus d'une vingtaine de pas au-dessus de la toile. De là, la foldingue a vu diverses ouvertures plus petites à différents endroits sur la paroi. Elle a donc lâché la corde pour y arriver à pinces, comme une petite araignée, histoire de tester largeur et profondeur (c'est bon quand c'est étroit... mais pas trop) et voir si ça peut permettre d'aller plus loin, et pour qui. Faut dire que pour l'armoire qu'est Belzagar, c'est plus compliqué - ça fait toujours plus mal avec un pirate d'Umbar.

Ça se présentait pas très bien, toutes les ouvertures étaient trop petites. L'une d'elles était quand même assez grande pour que la belle se glisse dedans (sensuellement...) et sorte son arc. Elle pensait pouvoir tirer sur l'araignée même à plat ventre, et en plus elle était assez haut pour être visible des copains. Donc l'un d'eux a balancé une pierre dans la toile, et le résultat ne s'est pas fait attendre : une trèèès grosse araignée a pointé le bout de son nez, assez grosse pour que ses pattes touchent les deux bords de l'entrée de la caverne, à trois pas l'un de l'autre...

Manque de pot, Tirielle a entendu une autre araignée, plus petite mais quand même, essayer d'arriver jusqu'à ses jambes pour on ne sait quel affectueux câlin avec ses chélicères. Le temps que l'elfe essaye de faire de la pulpeuse bouillie d'araignée, la grosse avait perçu le mouvement et elle grimpait dare-dare à la paroi, si vite que l'archère n'avait plus le temps de reprendre son arc et de tirer. Armée d'un couteau et coincée dans un étroit boyau, elle était en fâcheuse position. Heureusement, de là-haut, Belzagar a tiré une flèche et a blessé l'araignée, qui est rentrée tout aussi vite dans sa caverne, hors de portée des arcs. Mais l'autre petite araignée, un peu vite oubliée, a surpris l'elfe avec un mignon petit poutou sanglant à la jambe... sanglant et empoisonné !

Tirielle commençait à sentir ses membres s'engourdir, mais elle a réussi à sortir et à arriver à la rencontre de Kacem qui était descendu l'aider. Il l'a attachée à la corde puis il est remonté, et l'armoire d'Umbar a pu remonter l'elfe à la force de ses gros bras. Entretemps l'archère était tombée dans le coma (pas dans la toile), mais elle en est sortie une heure après, ses compagnons ayant décidé de faire une pause. Elle était un peu vaseuse et engourdie, mais en fin de compte prête à un second round. L'idée était de la faire descendre, attachée à la corde, assez basse pour être en position de tirer sur l'araignée. Et de laisser Kacem, Gaerwen et Belzagar aller sur la toile et jouer les appâts...

Cavernes humides
Et bien ça a parfaitement marché ! Même si Tirielle, de là où elle était, ne voyait pas toute la toile, elle avait quand même l'ouverture de la caverne de l'araignée géante bien visible. Pour les trois autres, il a fallu faire un peu plus de grimpette avant d'atteindre la toile costaude et collante, mais ça allait. Et quand l'araignée est sortie pour évaluer l'intérêt de ces nouvelles proies, la flèche de l'elfe lui a définitivement ôté tout appétit. L'araignée s'est quand même un peu vengée, même morte : en progressant sur la toile pour aller voir la caverne, Gaerwen a trouvé le moyen de tomber et de s'emberlificoter si bien dans la toile qu'elle a commencé à étouffer toute seule ! Belzagar a dû revenir en arrière pour la libérer... même s'il a eu dans le regard des idées assez différentes - vous ai-je dit qu'il affectionnait particulièrement le viol et les situations un peu extraordinaires... comme celle-là ?

Enfin bon, la mission avant tout, n'est-ce pas... Les quatre copains ont pu pénétrer (encore... quels obsédés vraiment) l'antre de l'araignée, qui comportait entre autres un garde-manger. Ils ont décidé de se reposer et de dormir un peu, et Kacem a fait griller quelques rongeurs encore vivants trouvés dans des cocons. Il a fait un feu avec des bouts de toile d'araignée, mais quant au frichti, à voir la gueule de ses compagnons, il était clair que l'absence du hobbit était très largement regrettée ! On ne s'improvise pas cuisinier comme cela, et le semi-homme était vraiment un as...

L'exploration des cavernes a mené les quatre amis (amis, enfin... en théorie on va dire) dans une grande grotte avec un petit lac et un courant léger. Ni une ni deux, le pirate d'Umbar a plongé dans l'eau glaciale et a pénétré (sans commentaire) le siphon avec une corde en main. Bien entendu, à une dizaine de brasses de là, il a débouché dans une autre caverne manifestement habitée : des tentes et des restes de feu attestaient que l'objectif fixé était proche : il s'agissait certainement d'une partie de l'armée adverse recherchée, donc les otages ne devaient pas être loin. Restait encore à les trouver et à les embarquer, cela dit.

Le pirate est revenu porter la bonne nouvelle et les quatre copains ont plongé dans l'eau pour se retrouver bientôt de l'autre côté, transis de froid, sauf la connasse d'elfe qui est tellement chaudasse tout le temps que le froid lui fait jamais rien. Elle a pu distinguer trois tentes proches dont deux avaient un peu de lumière filtrant de l'intérieur. Il y avait également trois boyaux permettant de sortir de la caverne, et des bruits et rayons de lumière qui indiquaient une présence dans chacun des trois boyaux. A présent, il fallait la jouer finement, avec discrétion. Avec Belzagar et Gaerwen, c'était pas gagné d'avance...

Enlèvement et cris dans la nuit
Tout était à peu près silencieux, ce qui n'était guère étonnant vu que ce devait être la nuit, et même pas le milieu encore. Kacem est parti en éclaireur vers le boyau de droite, couvert par Tirielle avec son arc bandé (à défaut de pouvoir bander autre chose...). Il y avait là un garde, avec un peu plus loin un embranchement en Y, les restes d'un feu et trois autres gardes allongés autour du feu, dans leur couverture. L'assassin a fait son boulot et le garde s'est silencieusement transformé en cadavre, cadavre transporté un peu plus loin pour ne pas éveiller de soupçons en cas de réveil de ses collègues proches. Et puis il est reparti faire de même un peu plus loin.

Au deuxième boyau, celui du milieu, le garde était seul mais le boyau faisait un coude d'où parvenait un peu de lumière et une présence plus loin. Mais bon, un cadavre reste un cadavre. A gauche, l'ouverture donnait sur une caverne où dormaient une dizaine de guerriers, plus un trou servant de stockage de provisions, pour le plus grand bonheur de l'estomac du Haradrim d'Umbar. Manifestement, tuer son troisième garde (peut-être gardait-il la nourriture en fait) ne lui avait pas coupé l'appétit, juste un peu stimulé par des morceaux de rat mal cuit. Puis il est venu voir le contenu des tentes : tissus, cordes, matériel de voyage divers... mais personne dans la tente sans lumière. Deux guerriers dans une autre tente avec les restes d'un foyer à moitié éteint dans un brasero, manifestement des officiers. Dans la dernière tente, une personne seule avec aussi un brasero et un feu mourant.

Avec l'aide de l'elfe, les deux officiers connurent un repos éternel. Mais au moment de s'occuper de la troisième personne, l'assassin vit que c'était une femme. Etait-ce la fameuse Esballah qu'ils recherchaient ? Mais si c'était le cas, où était son môme ? Dans le doute, et prévoyant une réaction peu amicale (Esballah, aux dernières nouvelles, ne souhaitait pas retrouver son cher époux), Kacem la réveilla avec une main sur la bouche et un couteau dans l'autre, appuyé contre sa gorge. Avec l'aide de Tirielle il la bâillonna et l'attacha ensuite. C'est à ce moment que les choses se gâtèrent...

Il faut dire qu'un garde mobile armé d'une torche était arrivé et commençait à réveiller les trois autres gardes endormis à droite, leur demandant où était l'absent. Puis il s'était dirigé vers les tentes, d'où Tirielle et Kacem émergeaient tout juste. Gaerwen arriva dans son dos - pour une fois elle s'était tellement bien planqué que personne ne l'avait remarquée - mais la flèche de l'elfe fut plus rapide. L'homme tomba, sa torche aussi, et les trois gardes un peu plus loin derrière donnèrent l'alerte. Les cris fusèrent, les gens se réveillèrent, et les quatre copains entrèrent dans l'eau fissa fissa avec leur précieux fardeau. Peu de temps après, ils se retrouvaient dans l'autre caverne où ils se faisaient copieusement injurier par une Esballah grelottante et pas franchement heureuse de ce qui lui arrivait.

Après quelques explications et un peu de temps pour se sécher à distance respectable, l'ex-otage se calma un peu et échangea plus tranquillement avec le quatuor. Si effectivement elle confirma bien que son mari était un pourri qu'elle n'aimait pas particulièrement, elle en surprit plus d'un en disant qu'elle n'aimait pas plus Planiuk, qui avait certainement des vues bien arrêtées sur elle et qui était sans doute à l'origine de la fameuse - et fausse - histoire d'amour entre elle et lui. En attendant il lui avait pris son marmot pour la faire réfléchir et amadouer un peu, et il n'était pas question pour elle de le laisser en arrière. Malheureusement pour les quatre mercenaires malgré eux et elle, vu le souk qu'ils avaient laissé derrière, la perspective de retrouver le marmot semblait des plus inaccessibles. D'un autre côté, rentrer sans l'héritier de Baal risquait de rappeler à ce dernier à quel point il aimait les espèces sonnantes et trébuchantes que représentaient les aventuriers. Je me consolais - dans mon rêve - en me disant que paraît-il ma valeur marchande concernait juste ma personne vivante...

Re: Terre du milieu Système J - La relève...

Posté : 05 novembre 2017, 22:39
par Seb
Très bien le résumé :)

Journal de Manil - 3e récit

Posté : 23 janvier 2018, 00:55
par Niemal
Ha ! Ha ! Ha ! Je me demande comment j'ai pu arriver à me poiler autant dans mon rêve sans me réveiller ou me retrouver bâillonné pour me faire taire... Bref, après avoir sauvé la belle Esbollah - fort mignonne au demeurant, quel dommage que je n'aie pas mieux vu la partie où elle se séchait - il était temps de découvrir quelle espèce de petite vipère le groupe avait sauvé. Bon, en fait je m'emporte un peu, moi je la trouve bien sympathique cette petite, mais par contre je ne sais pas si elle est beaucoup au goût de Gaerwen, dont mes précédents mots illustrent bien le sentiment...

Bref, le reste du rêve s'est montré à la hauteur du précédent : des situations pas piquées des vers ont amené mes quatre copains et leur protégée à aller à la recherche de son marmot. Rien que de très ordinaire, les habituelles foutaises pseudo-héroïques de ma bande de branquignoles préférés. Mais les échanges entre eux et avec la belle Esballah, notamment au sujet de son lardon ou des "utilités" du corps du grand pirate, valaient le déplacement (onirique). Il manquait peut-être le crêpage de chignon entre filles et une scène torride avec Belzagar, mais vu comme c'est parti, j'ai encore bon espoir...

Une noble à la main leste
Les copains avaient donc retrouvé Esballah, épouse de Baal, ce gros con qui nous avait envoyés pour la récupérer, et surtout son mouflet et donc son héritier (à Baal). Je soupçonne fort notre foutu commanditaire de nous vendre quand même une fois qu'on sera de retour avec le minot et sa mère, mais au moins à présent on a quelque chose dans notre escarcelle. La fille seule ferait-elle l'affaire ? Kacem était persuadé qu'un gamin mort aurait foutrement simplifié la mission, maintenant que le camp de Planiuk était prévenu, mais la mère nous aurait sans doute gardé une dent bien dure, et Baal n'aurait peut-être pas apprécié non plus. Il fallait trouver autre chose qu'une excuse bidon.

En attendant, Tirielle et les autres ont fait plus ample connaissance avec la mère de Pitil (moins d'un an), mère dont les talents en ont surpris plus d'un. Car en plus de nous en apprendre sur la manière dont elle percevait tant Baal que Planiuk, la belle Esballah a montré qu'elle en avait dans la culotte, même si je regrette de ne pas avoir vu ça de plus près pour mieux détailler. Après son bain forcé, même séchée, elle avait un peu froid et a réclamé à notre voleur haradrim ses vêtements pour lui tenir plus chaud. Déjà en soi j'ai trouvé ça culotté, mais encore plus quand Kacem, malgré sa méfiance, a découvert qu'il lui manquait les trois dagues qu'il portait à la ceinture et avec lesquelles il jouait régulièrement.

Il a menacé la prisonnière - car oui, il la considérait ainsi - de se fâcher si elle ne lui rendait pas ses outils de travail, et a même dû insister un peu. Elle ne s'est pas démonté pour autant - même si sa tentative de jouer à l'ingénue a fait long feu - en répliquant qu'elle avait besoin de pouvoir se défendre pour mieux aider à retrouver son bébé. Et devant la question de savoir si elle était capable de se servir des dagues, elle s'est mise à jongler avec d'une manière que le voleur, pourtant très habile de ses mains, aurait eu le plus grand mal à égaler. Et il n'avait pas le moins du monde réussi à voir comment elle lui avait subtilisé ses outils ou planqué les dagues dans ses habits mouillés... Crénom, avec des mains habiles comme ça, elle m'intéresse de plus en plus l'épouse à sauver !

Au bout du compte, elle a quand même compris qu'il valait mieux rendre ses dagues de lancer au voleur. Mais par contre Belzagar, qui avait l'air d'apprécier la donzelle (et la variété diront certains, mais pas face à Gaerwen), lui prêta son couteau. Au grand dam de la capitaine dúnadan et de Tirielle, cette dernière s'étonnant qu'on prêtât une arme à une pareille personne alors que manifestement elle savait un peu trop bien s'en servir et qu'elle n'était peut-être pas franchement du même côté qu'eux. Car Esballah n'avait pas fait mystère de son désir de ne pas retrouver Baal... Mais il fallait bien dire que récupérer son marmouset passait par Kacem et compagnie, donc elle avait intérêt à ne pas trop leur faire de mal. Gaerwen n'avait pas l'air de penser la même chose de la belle Haradrim, ou peut-être n'avait-elle pas apprécié l'intérêt que lui portait son homme ?

Sortie de terre
Gaerwen et Kacem sont allés fouiller un peu plus les souterrains et le voleur haradrim a entendu au loin des bruits des gardes de Planiuk. Il s'est dit que sans doute certains passages reliaient leur caverne au réseau qu'occupait l'armée ennemie, donc il valait peut-être mieux ne pas traîner trop dans le coin. Sans compter que les gardes pouvaient avoir l'idée de plonger dans l'eau et de trouver le passage qu'ils avaient pris. Comme en plus certaines cavernes semblaient habitées par un reptile de taille un peu trop grande pour la bonne santé d'un voire plusieurs aventuriers, vu les traces qu'il avait laissées, le groupe opta pour une sortie prudente de ce boyau humide, et au diable le marmot pour l'instant (ou dans neuf mois - pardon je m'égare).

Bref, les quatre copains et leur "prisonnière" retrouvèrent la sortie sans mal grâce aux marques que Kacem avait pris soin de laisser. Ils traversèrent la toile géante sans problème, Gaerwen courant sur les fils comme si elle avait le feu aux fesses. Apparemment, elle se souvenait de la fâcheuse posture (!) dans laquelle elle s'était trouvée à l'aller. Esballah montra aussi qu'elle savait faire autre chose que de la couture et de la cuisine et traversa sans problème. Décidément, j'aurais grand plaisir à explorer plus la profondeur de ses multiples capacités physiques...

Restait encore à faire un peu de grimpette (ah...) pour retrouver des cordes laissées plus haut, et qui permettaient de sortir du puits où le groupe était coincé. Pas une mince affaire vu l'obscurité presque totale (propre à tant de perversités...) et les compétences très distinctes des uns et des autres en escalade. Tirielle devint vite le centre de l'attention avec une aura magique dont elle savait s'envelopper. A défaut d'être une lumière, elle arrivait quand même à éclairer un peu les autres et les aider à mieux voir leurs prises. Bref, ils arrivèrent tous à grimper, Esballah comprise, qui montra juste qu'elle manquait peut-être un peu d'endurance pour des plans d'une certaine durée. Toute une éducation à parfaire...

Le groupe sortit donc du trou noir (encore un), à se demander quoi faire. La nuit était vraiment bien noire, sans lune ni étoiles, propice à toutes les surprises. Comme la mère, privée de son marmot plusieurs jours, ne l'avait pas entendu dans les cavernes, elle se disait qu'il était peut-être à l'extérieur, et aurait bien voulu aller le retrouver cette nuit même. Fallait-il retourner au camp de Baal, attendre une autre nuit, ou continuer sur la lancée et pénétrer (oh oui !) une nouvelle fois le camp adverse par surprise ? Par derrière (valeur sûre) ils l'avaient déjà fait, mieux valait ne pas insister. Par devant (classique) avec Marti et Manil ? Par au-dessus (ha, tiens...) en escaladant les reliefs ? Et peut-être d'autres manières d'infiltrer le camp ennemi étaient-elles possibles.

Grimpette et huile de coude
Au bout du compte, les cinq compagnons (bien malgré eux pour certain(e)s) choisirent de rester dans les reliefs et de tenter un sauvetage de Pitil la nuit même. La mère était venue avec divers serviteurs, dont une nourrice pour s'occuper de son petit. Avec de la chance ils seraient gardés dans une tente à l'extérieur des grottes, et en escaladant le relief qui les séparait de l'entrée de la grotte il serait peut-être possible d'arriver directement au but, de nuit, discrètement. De quoi vous donner bien des frissons...

Les étoiles n'étaient pas vraiment visibles mais les copains ont estimé à peu près la direction dans laquelle il fallait escalader le relief pour arriver à l'endroit voulu. Après avoir avancé un peu, ils sont arrivés à un gros dénivelé d'une portée de flèche de haut, dur à avaler, dont le sommet devait correspondre à une butte surplombant l'entrée des cavernes utilisées par Planiuk. Ou du moins c'est ce qu'ils espéraient. Problème : ils n'avaient pas assez de corde pour faire franchir pareille hauteur à tous, or pareille escalade - sans corde pour aider - était au-delà des capacités de certains, comme la belle Esballah. Solution : faire un petit zigzag permettant de couper la montée en deux morceaux, plus longs mais un peu plus faciles, et à chaque fois avec l'aide d'une corde pour les moins habiles.

Et c'est bien ce qui fut fait. Le plus habile en escalade - Belzagar - monta en premier et accrocha la corde à une arrête pouvant servir de pause à mi-parcours. La nuit noire ne facilita pas son ascension, car Tirielle ne pouvait pas monter en même temps que lui. Les autres grimpèrent ensuite, mais la tâche se révéla trop difficile pour l'endurance de la noble Haradrim, qui dut en fin de compte être montée à la force des bras du pirate et de la capitaine du Gondor. Et ce fut un peu la même chose pour la deuxième partie de la grimpette, et ils se mirent à trois pour monter la donzelle sauvée des griffes de Planiuk.

Une fois au sommet, en forme de plateau balayé par les vents, les grimpeurs prirent un peu de temps pour se reposer et dormir un brin. Mais comme c'était l'hiver et que le vent ne manquait pas, certaines auraient bien voulu avoir le corps musclé de Belzagar pour les réchauffer, et Esballah ne se priva pas de le lui demander en direct. Ce dont l'intéressé s'amusa bien, ne cédant à personne mais observant avec plaisir les trois femmes du groupe, et en particulier Gaerwen, se chamailler avec une certaine dose d'acidité. Dire que ce gros con n'en a pas profité pour sauter - c'est vraiment le mot - sur l'occasion me laisse sans voix... La Haradrim profita tout de même d'une tente prêtée par la capitaine.

Envol
Le repos ne dura pas longtemps, juste assez pour reposer un peu quelques muscles endoloris. Il faut dire que le camp ennemi était bien de l'autre côté, avec une partie non troglodyte gardée par la bagatelle de 37 gardes visibles à proximité, sans parler d'autres gardes stationnés dans une ouverture dans une caverne proche et dont on pouvait entendre les voix. Et les cinq grimpeurs étaient juste au-dessus, à une portée de flèche de distance du camp, juste séparés par une falaise à peu près verticale. Quelques tentes solidement gardées, appuyées à la paroi rocheuse, laissaient entrevoir une possible issue heureuse à leur expédition : il devait y avoir quelque chose de précieux gardé là...

Kacem se laissa descendre, à l'aide de la corde, juste au-dessus de la série de tentes collées les unes aux autres et bien gardées. Il entendit dans l'une d'elle comme un vagissement de bébé, et dirigea la fin de sa descente - sans corde - au-dessus de la tente en question. Il était suivi peu après par Tirielle, puis Esballah. Tous restaient aussi discrets que possible pour ne pas alerter les gardes distants de quelques pas à peine. Heureusement l'obscurité les masquait presque entièrement. Mais les lueurs de torches ou autres foyers envoyaient des rais de lumière qui pouvaient aider à les faire découvrir...

Le voleur, non sans mal (il faillit chuter et se rattrapa de justesse) découpa le sommet de la tente avant d'y pénétrer (aaaahhhh...) en se laissant silencieusement tomber dedans. Ce qui fit lever la tête, dans le noir, à la nourrice qui s'occupait de Pitil. Une main sur la bouche et un couteau sur la gorge plus tard, la nourrice se retrouva paralysée de terreur. Et, à défaut d'émettre le moindre son, comme le lui avait si gentiment demandé Kacem, Pitil, pour sa part, se mit à pleurer. Ce qui fit certainement rêver à nouveau l'assassin de fatal accident à un encombrant marmot, mais ne l'aida aucunement à régler le problème de bruit qui risquait de devenir gênant s'il n'était pas vite résolu d'une manière ou l'autre... L'arrivée de Tirielle par la même voie (nouvelle pénétration, et par une femme elfe en plus !) montra que malgré des dons elfiques certains, l'enfant n'était pas complètement satisfait, même si un petit mieux fut obtenu. La chute d'Esballah - qui faillit tomber sur la tête de l'elfe - permit enfin de rassurer pour de bon son marmot...

Restait à prendre le chemin inverse. La mère fit un sac de toile sur son dos, dans lequel elle glissa son enfant. Puis elle grimpa sur les épaules du voleur afin de pouvoir sortir de la tente et escalader la paroi rocheuse jusqu'à la corde laissée une vingtaine de pas plus haut. Il y eut juste un moment de peur quand un garde regarda dans la mauvaise direction, forçant la belle à se figer un moment qu'elle ne tenait pas à voir durer pour ses muscles endoloris. Puis Belzagar et Gaerwen hissèrent la mère et l'enfant en sécurité au sommet. Tirielle et Kacem suivirent le même chemin peu après, l'elfe trouvant même l'inspiration et l'énergie pour grimper toute seule sans avoir besoin de l'aide de ses amis ! Après trois pénétrations et un accouchement discret, l'objectif du groupe était atteint : Pitil était sorti des griffes de Planiuk ! Restait à revenir au camp de Baal, ce qui était une autre histoire, d'autant que son épouse ne semblait pas vraiment d'accord avec cet objectif...

Journal de Manil - 4e récit

Posté : 04 mars 2018, 09:35
par Niemal
Ha ben ça y est, j'ai enfin retrouvé les copains... même s'il a fallu les appeler sacrément fort pour les faire réagir, les salauds ! Alors comme ça, on dirait bien que mes précédents rêves étaient vrais, et la Esballah encore plus mignonne en vrai qu'en rêve... Bon, j'ai appris aussi que j'étais moins important qu'un bébé de moins d'un an, mais pour une fois j'en suis enchanté ! Pas la jolie et jeune épouse de Baal, qui a dû céder son gamin plus important que moi. Me demande pourquoi elle s'en fait autant pour lui, vu sa valeur ; et puis c'est si facile d'en faire un autre, je lui montrerais bien, tiens !

Bon, après je ne sais pas bien si j'ai gagné au change : avant j'étais un otage chargé d'attendre que les copains ramènent la fille et l'enfant ; maintenant je ne suis plus otage mais je dois aider les autres à tuer Baal au milieu de son armée, sans se faire trucider. Même pas sûr que ça nous évite une mort funeste si on écoute Esballah qui répète tout le temps que Planiuk, qui garde Marti et le gamin, n'est pas fiable. Surtout que Tirielle, qui a négocié avec le petit seigneur roublard, s'est rappelée un peu tard qu'elle n'avait jamais mentionné le fiston de la belle dans l'accord qui a été passé, accord qu'il est facile d'interpréter de diverses manières...

Mauvaise surprise
En tout cas, j'étais en train de dormir et de faire de beaux rêves poilants, même s'il me tardait de voir plus de poils (ou leur absence) sur le corps de certaines. Quand quelque chose de pointu et désagréable m'a fait me rappeler que le monde réel existait et qu'il était plein de dangers et de désagréments. En l'occurrence, des désagréments métalliques, pointus et plutôt inquiétants quand on les voit servir sur des personnes qui étaient censées nous garder, Marti et moi. Pas que j'affectionnais beaucoup nos geôliers, mais entendre les derniers se faire égorger et se demander si j'étais le suivant n'est pas le genre de réveil que j'affectionne.

Heureusement, le fait d'être prisonnier a retenu le bras des guerriers de Planiuk qui venaient de liquider les guerriers de Baal envoyés avec les copains, le nain et moi, pour ramener la belle Esballah et son marmot. J'ai appris plus tard que Tirielle et compagnie, conformément à mes rêves, avaient réussi leur mission, mais n'étaient pas allés jusqu'au bout, à savoir revenir. Et du coup le seigneur Planiuk, un peu furax, a cherché à remettre la main sur ses ex-prisonniers ou otages. Et il a envoyé des groupes armés et discrets farfouiller les environs. Et l'un d'eux, particulièrement bien inspiré, a complètement pris par surprise les guerriers de Baal qui nous surveillaient... pour leur plus grand - et éternel - regret.

Une partie des guerriers de Planiuk nous ont ensuite accompagnés - bâillonnés et mains liées dans le dos - au camp militaire du rival de Baal. Il a fallu qu'on se fasse discrets, pour ne pas rencontrer ceux de Baal et se retrouver au milieu d'une bataille ou comme dommage collatéral. Mais on a pu arriver sans mal dans une caverne, face au chef qui a commencé par laisser un officier s'adresser à nous à sa place. Après nous avoir mis à genoux et enlevé le bâillon, pour qu'on puisse lui répondre. C'était dans la langue locale, donc il a fallu que je traduise à Marti, mais j'ai vu par la suite que le chef et son guerrier (son général peut-être ?) comprenaient et parlaient convenablement le ouistrain.

On avait déjà été repérés la nuit où on avait fait capoter une mission de l'armée de Baal et où on s'était retrouvés à combattre les guerriers de Planiuk. Donc ce dernier a dû comprendre que c'étaient nos copains qui s'étaient emparés de la belle Esballah et son gamin, et que Tirielle, Kacem et les autres tenaient peut-être à nous. Et Planiuk et son général ont alors demandé à ce qu'on contacte les autres si on ne voulaient pas qu'il nous arrive malheur. En réfléchissant bien, je me suis dit que le reste du groupe n'était peut-être pas loin, s'ils n'avaient pas eu le temps de revenir, et puis les enlèvements semblaient récents. J'ai donc suggéré qu'on pouvait peut-être les appeler ou leur faire un message visible de loin, ce qui a plu à Planiuk qui nous a suggéré de le faire immédiatement...

Otages et menaces
Autrement dit, on s'est retrouvés sur un petit plateau occupé et défendu par les troupes de Planiuk, à crier, Marti et moi, pour attirer l'attention des copains. En prime, le général nous avait fait remettre des bâtons pour qu'on puisse faire des lettres et des mots visibles de loin. Planiuk soupçonnait fort Esballah et son gamin de s'être fait la malle par la voie des airs, aux dires d'une nourrice qui les avait vu arriver ou partir par le toit d'une tente gardée de tous les côtés, et par un garde qui avait cru voir quelque chose en l'air, dans la nuit, mais qu'il n'avait pas vérifié - il ne le ferait jamais plus. Les autres étaient peut-être là-haut et le seigneur voulait leur parler et passer un accord avec eux, et récupérer Esballah ou le marmot.

En tout cas, l'officier nous a demandés d'être convaincants et de faire bien comprendre que Planiuk n'était pas très patient et qu'il n'attendrait pas toute la journée le bon vouloir du groupe. Groupe qui avait bien perçu ce qui se passait : Tirielle montait la garde là-haut pendant que les autres se reposaient, elle avait entendu qu'il y avait quelque chose d'inhabituel et elle nous avait vus passer, prisonniers des guerriers de Planiuk. Elle avait alors réveillé les autres - Gaerwen se réchauffait avec Belzagar, et Esballah avec Kacem, les veinards - pour leur faire part de la situation. Du coup, quand on s'est mis à crier et à faire des mots avec les bâtons, ils étaient bien là qui suivaient ce qu'on faisait.

Sauf qu'au début ils ne voulaient rien faire, surtout qu'Esballah disait qu'on ne pouvait avoir aucune confiance en Planiuk. A ses yeux, on était un dommage collatéral tout à fait acceptable j'imagine (c'est qu'elle ne me connaissait pas encore...). Le général de Planiuk, lui, nous mettait la pression et menaçait de motiver davantage les copains en leur montrant qu'il ne rigolait pas. Dans le même temps, il disait qu'il n'exigeait pas forcément de voir venir les autres dans le camp, mais qu'au moins on puisse parler, même à distance. Bref, Marti a gueulé plus fort et moi j'ai fait des phrases mi-rassurantes mi-urgentes. On tenait pas trop à connaître les mesures pour "motiver plus" les copains...

En fin de compte, Tirielle est apparue au sommet et elle a interpelé l'officier ou général. Elle a dit qu'elle était prête à descendre si elle avait la parole du gars qu'elle pourrait remonter ensuite, libre. Le général ou homme de confiance du seigneur est allé demander à ce dernier - il était toujours dans la grotte - et il est revenu avec une réponse positive. Tirielle a fait descendre les deux cordes du groupe accrochées l'une à l'autre, qui n'arrivaient pas jusqu'en bas, et elle est descendue comme une grande, même si elle avait l'air bien fatiguée, pour ne pas dire plus. Apparemment, la nuit avait été dure... En tout cas, même si c'est une vraie connasse la plupart du temps, je dois dire que pour le coup elle a bien assuré et n'a pas attendu que Marti et moi on passe à un stade de prisonnier "avancé" pour réagir...

Transaction et accord
Elle était venue sans arme et avec prière de laisser sa magie de côté - on leur avait dit auparavant (enfin, j'avais dit) que c'était une elfe et parmi les Haradrim les elfes sont des magiciens et sorciers. Elle a été amenée devant Planiuk, avec nous autres (Marti et moi) pas loin, et pas mal de gardes pour s'assurer qu'il n'arrive rien - dont l'officier ou général. En tout cas les chefs avaient l'air contents de voir les choses avancer dans une direction qui leur convenait, un premier pas vers la récupération d'Esballah et son marmot. Apparemment ils tenaient peut-être plus au marmot qu'à la belle, et ça tombe bien parce que moi c'était le contraire...

En fait Planiuk et son homme de confiance avaient été impressionnés par ce que les copains avaient réussi à faire, leur subtiliser l'épouse et le fils de Baal sous le nez, sans se faire voir - sauf peut-être par les gardes retrouvés morts, mais bon, ça ne parle pas beaucoup un mort. En tout cas l'officier semblait penser, et il disait, que travailler pour Baal était un mauvais choix, et qu'il serait bien plus profitable de passer de l'autre côté, côté Planiuk donc. Ce à quoi Tirielle a répondu qu'elle était bien persuadée que Baal était un bel enfoiré, mais qu'elle doutait de la parole de Planiuk, faute de le connaître mieux.

En fait, ce dernier a fini par dire ce qu'il avait derrière le crâne : nous embaucher - en nous forçant un peu la main, il faut bien le dire - pour aller assassiner Baal. En échange il semblait prêt à nous laisser partir avec nos possessions - moins une "taxe" de 10% - où bon nous voulions, si jamais nous ne voulions pas rester. Tirielle a insisté aussi pour qu'Esballah puisse aussi choisir l'avenir qu'elle souhaitait - l'elfe a toujours eu un côté nunuche très copine avec les autres femmes, on s'étonnera qu'elle n'ait pas encore couché avec un homme. Pas faute de mouiller dès qu'elle en voit un bien bâti, mais je comprends Belzagar qui préfère quelqu'un de moins compliqué et attireur de merde que notre grande gueule elfe. J'étais quand même bien content de la voir là, au contraire des autres absents...

Planiuk a fini par se laisser attendrir et dire qu'il était d'accord - a priori - pour laisser partir Esballah si elle ne souhaitait pas rester avec lui, mais partir loin. Et il voulait bien laisser partir Marti ou moi pour aider à la mission, mais il tenait à récupérer le marmot d'abord. Tirielle a donné son accord et l'accord a été conclu par un partage de thé, sachant que les témoins présents étaient là pour dénoncer d'éventuels parjures. Enfin bref, on a décidé que je viendrais avec les autres, et Marti, pas très discret pour une opération d'infiltration et assassinat, resterait pour "garder" le marmot aux côtés de la nourrice. Le nain aurait-il des vues sur cette dernière ? Parce que pour ce qui est de garder, je ne voyais pas bien ce qu'il allait faire... En tout cas Tirielle est repartie jouer les monte-en-l'air et ramener le fils d'Esballah peu après. Et j'ai pu remonter avec elle en laissant le nain derrière moi...

Soins et descente
Toute cette grimpette avait beaucoup éprouvé l'elfe : elle ne s'était pas reposée de la nuit, qui avait été active. Et même si sa magie d'elfe l'aidait bien à jouer les monte-en-l'air, ses muscles avaient leurs limites... qu'elle avait largement atteintes. Bref, elle avait mal partout, et ça risquait de prendre du temps pour guérir. Pas l'idéal pour pénétrer furtivement (elle qui ne pense qu'à ça...) dans un camp militaire et tuer son chef. Elle est donc partie se reposer dans la tente avec Belzagar, qui était encore fatigué, au grand dam de Gaerwen qui râlait, et qui a dû partager l'autre tente avec l'assassin du groupe.

Quant à moi, il me fallait des herbes médicinales pour faire un rituel de soin sur l'elfe endormie, ou plutôt sur la tente où elle se trouvait. Le hobbit était un crack en herbes mais il n'était plus là, mais j'ai découvert que la belle Esballah en connaissait plus que moi sur ce sujet. On se demande quel genre d'herbes elle avait coutume d'utiliser le plus : aphrodisiaques ou contraceptifs ? On est donc partis tous les deux (ouaouh !) à la recherche d'herbes rares sur notre coin de caillou hivernal battu par les vents glaciaux. On n'a rien trouvé, et j'aurais bien aimé chercher plus loin, plus profondément, mais bon, ce n'était peut-être pas encore le moment... et nous sommes revenus bredouilles. Qu'à cela ne tienne, j'ai fait le rituel en visualisant les herbes et en chantant particulièrement bien, et au final ça a marché : Tirielle, quand elle s'est réveillée après trois heures de repos, ne sentait plus rien, toutes ses douleurs avaient disparu...

On est donc redescendus par où on (enfin, les copains) était arrivés. Pas mal de grimpette qui a pris quelques heures et donné des sueurs voire des frissons ; malheureusement pas mes préférés, mais que voulez-vous, il faut savoir être patient. Au final on est tous revenus à une bonne heure du camp de Baal, là où on avait fait un campement avec leurs guerriers jusqu'au moment où ils s'étaient fait surprendre et trucider par ceux de Planiuk. D'ailleurs ils étaient encore là et surveillaient les environs, plutôt attentifs à ce qu'il y avait face à eux (côté camp militaire de Baal) et non dans leur dos, par où on arrivait. Normalement on était maintenant dans le même camp, mais la communication en temps de guerre étant ce qu'elle est, on a préféré pas prendre le risque d'un conflit et passer discrètement.

Kacem, Tirielle, Belzagar, Esballah et moi on est passés sans trop de problème, sans se faire voir donc, même si pour un ou deux c'était limite. Par contre, Gaerwen étant aussi discrète que le nain, voire pire si c'est possible, elle s'est fait repérer. Une demi-douzaine de guerriers se sont immédiatement lancés à ses trousses, armes prêtes à servir, et elle avait l'air de ne pas savoir trop quoi faire. Du coup je me suis montré et j'ai essayé de calmer le jeu, en espérant que les guerriers me reconnaîtraient et surtout qu'ils sauraient dans quel camp on était désormais. Coup de bol, l'info était bien passée et les guerriers ont juste râlé qu'ils auraient pu nous tuer. Gaerwen m'en doit une je crois, j'espère bien avoir l'occasion de lui rappeler lorsqu'on sera plus tranquilles. Et puis je n'ai jamais compris ce qu'elle trouvait au pirate brutal qu'on avait avec nous, surtout que c'était un ennemi de longue date des siens...

Journal de Manil - 5e récit

Posté : 21 mai 2018, 16:15
par Niemal
Bon, ben par certains côtés on peut dire qu'on s'en sort pas trop mal. Je regrette juste que la belle Esballah soit encore un peu farouche ou aveugle à mes charmes, mais si c'était trop rapide le plaisir ne serait pas le même, n'est-ce pas ? En tout cas, elle est maintenant débarrassée de son connard de mari cocu et libre d'entamer de nouvelles relations. Ce qu'elle avait déjà fait en réalité, ce qui nous a permis de bénéficier de l'aide précieuse du commandant des troupes de Baal, qui est peut-être le véritable père du petiot de la belle ! Petiot autour duquel tourne tout ce conflit et pour lequel déjà pas mal de monde est mort, sans parler de nous foutre dans la m... Petiot qu'il faut encore récupérer, avec Marti en prime.

Il faut bien dire que pour l'instant le capitaine Moumaal a été très correct avec nous, ce qu'on ne peut dire de feu Baal et de cet enfoiré de Planiuk. Donc Esballah a plutôt bien choisi, d'autant que le capitaine peut lui permettre de conserver le trône à la place de Baal et de continuer à vivre la belle vie et se taper qui elle veut (moi, moi, moi !!!). Pour un peu j'aurais presque envie de rester avec elle comme nouveau régent du coin, mais je me doute bien que mes cheveux roux, s'ils plaisent peut-être à la belle, ne seront jamais acceptés par les gens du cru. Faudra donc que je continue à me taper la compagnie du psychopathe de pirate d'Umbar et des autres non moins fêlés, même si avec le temps je trouve Kacem de plus en plus fréquentable... tant qu'on est de son côté. Mais bon, reprenons par le début et dans le détail.

Un assassin dans la nuit
Une fois passé l'ancien camp désormais aux mains des soldats de Planiuk, on s'est concertés. Et le moins qu'on puisse dire c'est que les idées ne fusaient pas sur la manière d'éliminer le mari d'Esballah. Néanmoins, certains ont émis l'idée de peut-être encourager l'idée chez Moumaal, son capitaine, de devenir calife à la place du calife. Ce qui fut approuvé par la donzelle concernée, qui semblait penser que le capitaine n'appréciait pas forcément le sale boulot que son patron lui faisait faire, et qui pourrait être intéressé par un changement de boss. En fait, sa manière d'appuyer l'individu laissa vite entendre qu'elle avait des liens particulier avec l'homme, genre liens intimes, la coquine ! De là à penser que le fiston était en fait le sien, à Moumaal, il y avait un pas qui fut vite franchi, d'autant que la belle ne réfutait aucunement l'idée. Baal était non seulement un connard mais c'était aussi un cocu ! Logique remarquez...

Du coup, on s'est dit qu'il fallait pouvoir lui parler sans que Baal en ait connaissance, ce qui était plus facile à dire qu'à faire, vu qu'il voulait tout savoir et maîtriser : si on se pointait là-bas, on serait amenés devant lui pour interrogatoire rapide. Alors Kacem a décidé de se la jouer assassin discret, comme - ça tombe bien ! - c'était quelque chose qu'il avait l'habitude de faire. Manque de pot pour lui, si la pénétration du camp se révéla assez facile, il eut un problème pour reconnaître la tente des officiers qui abritait le capitaine : il y en avait trois, identiques et bien gardées. Et en écoutant pour savoir combien d'hommes dormaient dedans, un garde trop efficace l'a repéré... et a donné l'alerte générale.

L'assassin s'est rendu sans opposer aucune résistance ou tenter de fuir. Il a tout de suite été amené devant le capitaine qui a fait prévenir Baal, mais Kacem a quand même eu le temps de glisser quelques mots au chef des armées de Baal pour lui expliquer brièvement la situation. L'homme a compris et a semblé être sur la même longueur d'onde, mais cela n'a pas empêché Kacem de passer devant l'autre connard. Notre assassin s'en est tiré par une pirouette - sait être convaincant quand il veut - et il a écopé d'une dizaine de coups de fouet pour avoir perturbé le sommeil de sa seigneurie... Coups de fouet maniés par Moumaal qui a été très tendre et a plus fait semblant qu'autre chose. Bref, Kacem n'a pas été trop affecté par la punition et il a été remis hors de camp avec un coup de pied au cul en prime pour aller finir sa mission !

Mais il était aussi suivi par des hommes de Moumaal. Au début il a essayé de les semer mais manque de pot, ils étaient vraiment doués ou chanceux et ils sont restés accrochés à ses basques, comme des sangsues bien tenaces, ou des amoureux bien transis... Après coup il a laissé faire et il les a amenés au reste du groupe. Il a même discuté avec eux, car en fait les trois hommes qui l'avaient suivi semblait attendre un éventuel message. On a compris qu'en fait ils étaient là pour aider Moumaal à trouver un moyen de parler en privé, et du coup ils sont repartis en sachant où on créchait et qu'on attendrait sans doute le capitaine un moment s'il avait le bonheur de passer par là... ce qui arriva bien vite.

Coup d'état en préparation
Et donc, le galant capitaine (mais qu'est-ce qu'elle peut lui trouver Esballah, à part sa position ?) est arrivé un peu plus tard, en milieu de journée, à la tête d'une patrouille de guerre. On avait eu le temps de se reposer, on a tenu conseil pendant que les guerriers qu'il avait amenés veillaient tout autour. Moumaal avait plutôt confiance en eux mais il a préféré parler en ouistrain, qu'ils maîtrisaient peu à part un officier en qui il avait assez confiance. Et donc on a parlé sans détour de tuer son connard de patron comme demandé par Planiuk, même si on se doutait qu'ensuite récupérer le gamin d'Esballah ne serait pas si facile que promis...

Le capitaine a vite précisé que tuer était une chose, faire porter le chapeau à quelqu'un d'autre était autre chose, et peut-être plus important encore. Il fallait discréditer Planiuk en faisant en sorte que ce soit un meurtre et non un simple accident qui faciliterait sa venue comme "sauveur de la veuve et de l'orphelin". Au contraire, cela devait être un meurtre déloyal qui le ferait passer pour un méchant et permettrait à Esballah de garder le pouvoir avec l'aide du capitaine. Ce dernier ne pouvait être calife à la place du calife : vu qu'il avait fait le sale boulot du boss les gens ne l'aimaient guère, contrairement à la belle donzelle.

Après avoir évoqué un empoisonnement possible, Moumaal suggéra que le goûteur de Baal - ce dernier était un peu parano, son sans raison d'ailleurs - aimerait peut-être changer de métier et pourrait apprécier de voir son job disparaître suite à la mort de celui qu'il était sensé protéger. Mais en fait, après réflexion, il paraissait encore plus simple de lui faire porter le chapeau, et indirectement à Planiuk : Esballah était une manipulatrice de premier ordre - dans le sens physique du terme, je vous dis pas les frissons que ça me donnait rien qu'à y penser - en ce sens qu'elle pouvait subtiliser les objets sans que personne n'y voit rien... ou mettre du poison dans un verre.

Après coup, le plan suivant fut arrêté : c'est la belle qui tuerait son mari grâce à un poison qu'il trouverait malencontreusement dans sa boisson. Le goûteur serait accusé car il aurait dû repérer le poison avant. Ses aveux seraient extraits sous la torture (on faisait confiance à Moumaal pour ça) et Planiuk serait le méchant de l'histoire ayant commandité l'assassinat. Restait à trouver le poison (c'est le hobbit qui avait gardé tous ceux qu'on avait !) et à trouver un moyen d'innocenter Esballah qui aurait sûrement à partager le breuvage avec son cher (tu parles !) et (pas) tendre... Une petite recherche de ma part avec Esballah (tous deux seuls dans la nature, ouaouh !!! Mais pourquoi elle hésite, cette petite mijaurée ?) ramena que dalle, jusqu'à ce qu'on se souvienne qu'il y avait pas loin une araignée géante trépassée qui ne demandait qu'à donner ses glandes à venin...

Venin et embrouilles
Avec le venin, les choses paraissaient plus faciles : je savais que ces foutues bestioles peuvent tuer ou paralyser très rapidement, et sans être le hobbit, ça pouvait être dans mes cordes de mettre la main sur les glandes. En plus j'avais le bouquin magique pour m'aider avec la théorie, c'était déjà ça. On récupère les glandes dans la montagne, on revient au camp de Baal avec Esballah. Manquera encore le petiot mais on peut lui dire qu'il va arriver, après tout on a un bon début... Et l'épouse se débrouille pour que le début devienne définitif. Et en plus, si on a le venin paralysant, c'est encore mieux ! Baal a la dose mortelle, il en crève, et Esballah prend la dose qui paralyse, on la "sauve" d'une mort certaine en l'innocentant en même temps. Le vilain c'est Planiuk, qui a voulu tuer Baal et Esballah, aimée de tous et qu'il n'était peut-être pas nécessaire d'éliminer... Exit Planiuk de la course aux prétendants de la succession de Baal !

Après, il y avait bien quelques détails un peu gênants en chemin. Déjà, une équipe des gardes de Planiuk était postée par là où on devait passer, et on n'avait pas forcément le temps de chercher un autre chemin. Moumaal pouvait pas nous aider avec ça ? L'intéressé nous expliqua qu'officiellement il était venu pour cela, suite à la disparition des gars qui gardaient Marti et moi, et de la patrouille envoyée les relever - Moumaal se doutait qu'ils étaient tombés dans une embuscade avant même qu'on le lui dise. Bon, après coup, on a décidé de faire encore mieux : envoyer Belzagar et moi-même dire la vérité aux soldats, tout simplement ! A savoir qu'on avait besoin du venin d'araignée pour tuer Baal... Et comme ça, on pourrait éliminer plus facilement les gardes avec le grand pirate dans leur dos.

Ce qui fut fait : on s'est pointés avec Belzagar et j'ai expliqué ce qu'on venait faire. On est allés dans la montagne, on a fini par retrouver l'araignée géante sur sa toile. Bon sang, comment le hobbit arrivait à faire ça aussi bien, ça avait l'air tellement facile avec lui ! Enfin bon, j'ai réussi quand même à récupérer les deux glandes, et à les identifier aussi. Pas vraiment envie que la belle Esballah et son joli petit minois (sans parler du reste plus bas) disparaisse et que Baal soit seulement paralysé... Et quand on est revenus, avec une lanterne car il commençait à faire nuit, on a fait comme convenu avec Moumaal : au signal de la lanterne qui approchait il a donné l'assaut, avec Gaerwen en prime ; et Belzagar était censé être la bonne surprise venant juste dans leur dos...

Bon, en fait ça n'a pas été aussi simple. Côté Belzagar et moi, si, en fait : les guerriers ont été pris par surprise et n'ont pas fait un pli, on a juste eu des blessés légers côté Moumaal. Faut dire aussi que le pirate leur a tellement foutu les chocottes que beaucoup ont préféré se rendre que résister. Mais les trois autres (Esballah, Tirielle et Kacem), qui s'étaient planqués à une petite distance pour empêcher d'éventuels guerriers de fuir vers le camp de Planiuk, ont eu une petite surprise : ils ont vu venir du côté du camp de Planiuk une autre patrouille pour relever ceux du camp. Mais les copains ont bien géré, en laissant passer les guerriers, puis en leur envoyant quelques gentilles petites flèches ou lames diverses dans leur dos. Et puis ceux qui restaient avaient un peu trop d'ennemis autour d'eux...

Funestes retrouvailles
Après quoi tout a été un peu trop facile. Bon, on avait juste des petits détails à régler comme par exemple d'extraire le venin d'araignée. Je pouvais le faire, mais pour le mettre dans quoi ? Les rares flacons que je pouvais avoir étaient avec notre matériel au camp de Baal... On a donc fait les grands vainqueurs de retour d'une victorieuse expédition, avec des prisonniers et Esballah - mais sans le gamin. Pendant que les autres allaient raconter leurs exploits auprès de Baal, moi je prenais ma trousse de soin et le matériel dont j'avais besoin pour l'extraction. Une fois celle-ci faite, j'ai marqué la fiole avec le poison mortel pour ne pas confondre avec celui paralysant, et j'ai remis les deux à la belle (qui ne m'a même pas remercié d'un regard langoureux !)... avant de filer pour aller soigner les blessés - c'était l'excuse que j'avais trouvée pour récupérer mon matériel.

Et j'ai été bien content de ne pas être avec les autres en fait : pour les punir de n'avoir pas ramené le petit, Baal les a châtiés de trois coups de fouet chacun - et encore, après que Kacem a négocié et montré que ce n'était qu'un début. Et là ce n'était pas Moumaal qui tenait le fouet, mais des guerriers bien vicieux qui ont fait saigner très proprement (enfin... façon de parler) les copains. Puis il s'est retiré pour fêter les retrouvailles avec Esballah, qui n'a pas eu trop de mal à le stimuler pour lui mettre diverses idées dans la tête - elle sait bien y faire, la donzelle. Et alors que j'étais en train de soigner divers soldats, j'entends des cris, et quelqu'un vient me dire que je suis réquisitionné fissa fissa pour sauver Baal et Esballah !

Le soigneur de Baal était déjà là et il avait déjà constaté la mort du chef, qui avait été foudroyante - efficace le venin, il avait à peine eu le temps de pousser un cri avant de tomber raide mort ! Et Esballah était bien paralysée, inconsciente, alors j'ai fait le gars paniqué qui fait tout son possible pour la soigner avec des herbes médicinales, et bien entendu ça a marché... même s'il a fallu attendre le lendemain matin pour qu'elle commence à émerger. Me suis aussi occupé des copains qui avaient reçu des beaux coups de fouet, pendant que Moumaal s'acharnait sur le pauvre goûteur qui a vite envie eu de dire tout et n'importe quoi (et en particulier ce que le capitaine voulait qu'il dise)... avant d'expirer.

Et donc Esballah est devenue l'héritière de Baal et la chef par intérim du pays, avec l'aide de Moumaal. Et Planiuk le méchant - ce qu'il était vraiment - qui retenait le fils de la belle en otage... Fils à récupérer, et pour lequel on a imaginé plein de solutions possibles. Le problème était que le Planiuk était bien retranché là-haut sur son plateau. Cela étant, on pouvait guider vingt ou trente archers jusqu'au sommet par où Tirielle et les autres étaient passés pour se glisser dans le camp, ou par les cavernes qui donnaient dans les grottes - en espérant que des petites surprises n'y avaient pas été laissées. Enfin bref, on est partis sur un scénario plutôt militaire, mais certains tenaient tout de même à essayer de parlementer. Si le Planiuk n'était pas trop con et si Moumaal lui garantissait la vie sauve et un retour chez lui sans problème, il pourrait céder Marti et le marmot. Alors que s'il était acculé à la défaite, je donnais pas cher de leur peau !

Re: Terre du milieu Système J - La relève...

Posté : 21 mai 2018, 16:26
par Seb
Très bien le résumé :)

Journal de Manil - 6e récit

Posté : 27 mai 2018, 07:52
par Niemal
N'en déplaise à Gaerwen - qui ne peut pas la piffer - et à Belzagar, qui ne l'apprécie guère (mais qui apprécie-t-il au juste ?), moi je l'aime bien cette petite Esballah - et j'aimerais bien l'aimer plus si elle le voulait bien... Après tout, elle nous a bien soutenus auprès de Moumaal, et vu comme le pirate lui parle, je trouve qu'elle a du cran : elle n'a pas l'air de se démonter facilement, et elle ne se braque pas non plus. Je suis en tout cas d'accord avec la grosse brute du groupe sur un point : franchement, on pourrait leur laisser Marti et le marmot, ça ne me poserait aucun problème... du moment que la belle vient avec nous !

Mais faut croire qu'elle éprouve quand même quelques sentiments pour son gamin, et il est encore loin d'être à nous, même si on a bien avancé malgré tout. Nouveau coup de chapeau au pirate, qui, même s'il râle vraiment trop souvent, a quand même été pas mal moteur et a emmené plein de guerriers avec lui à des points stratégiques - sans lui c'était loin d'être gagné ! Et maintenant que les guerriers du groupe sont exclus de la partie délicate des opérations, Esballah rejoint Tirielle et Kacem comme troisième pièce essentielle de notre jeu de chat et souris avec les armées de Planiuk...

Discussions encore
Bon, revenons au début : les discussions sont reparties de plus belle, et Belzagar a nettement pris le dessus dans les conversations, Kacem restant cette fois en retrait. Honnêtement, vu comme le pirate criait après tout le monde, je me demande comment Moumaal a réussi à garder son calme et à ne pas lui voler dans le lard... D'un autre côté, notre brute épaisse n'avait sans doute pas tort sur une chose essentielle : Planiuk n'allait pas laisser partir facilement le petiot, et arriverait tôt ou tard le moment où il mettrait le couteau sous la gorge des otages pour sauver sa vie. Et ce serait à ce moment-là que notre maman empoisonneuse avait intérêt à être convaincante auprès du seigneur (ou saigneur ?) qui retenait son petit. Car ce n'est pas sur Belzagar qu'il fallait compter pour la diplomatie, il avait été très clair là-dessus !

En tout cas le pirate s'est montré bien plus conciliant quand il s'est agit de parler stratégie avec le capitaine des armées de feu Baal. Moumaal a su voir l'avantage qu'on pouvait lui donner sur un plan militaire, tout en étant conscient du risque concernant son probable marmot. Il a été d'accord pour pousser ses armées aussi loin que possible pour donner du poids à la négociation, au risque de pousser Planiuk à une action désespérée... et définitive. Il enverrait donc une trentaine d'archers tout en haut, au-dessus du camp adverse, menés par le pirate dont les talents de grimpeur permettraient aux siens d'arriver là-haut sans trop de mal. Ils donneraient le signal aux troupes au sol de lancer un assaut et prendraient les défenseurs à revers, dans le dos, et le plateau serait très vite aux mains des siens. Tandis qu'avec une douzaine de guerriers, nous on passerait par les cavernes pour ouvrir un autre front et peut-être prendre tout le monde par surprise. Même si on s'attendait à des mauvaises rencontres en route...

Belzagar voulait tout de même avoir des garanties sur notre avenir au cas où ça se passerait mal, mais Moumaal a refusé d'en donner à d'éventuels survivants. Esballah a expliqué que son capitaine tiendrait sa parole tant que notre groupe ferait son possible - sans être suicidaires - pour récupérer les otages ou en tout cas mettre les ennemis en difficulté. Elle regardait parfois Gaerwen, l'air de dire que si un "accident" arrivait, genre un accident provoqué par la corsaire du Gondor, accident néfaste à elle-même ou son petit, le capitaine ne serait sûrement pas tenu de respecter sa parole s'il l'apprenait ! Bref, si le groupe se comportait de manière honorable, il le serait aussi et le groupe pourrait partir avec toutes ses affaires.

A la fin, le pirate est allé le voir pour lui souhaiter bonne chance, même si c'était un Haradrim, alors que le camp était en effervescence en prévision du combat prochain. Moumaal a eu l'air touché par cet encouragement, et il en a souhaité autant au pirate, en lui conseillant la plus grande prudence : le groupe allait passer par une rivière souterraine, or les sources d'eau potable étaient toujours un élément crucial dans la région, donc il fallait s'attendre à ce que la caverne par où passait la rivière soit bien surveillée. Tout le monde est parti se reposer après avoir préparé quelques équipements. Esballah insista auprès de son amant de capitaine pour que les guerriers qui viendraient avec nous soient bien équipés, notamment avec des boucliers pour nous protéger d'éventuels archers. On devait se mettre en route à minuit.

Mise en place
A minuit, le camp s'est mis en branle. La plupart des guerriers - plus de deux cent cinquante - ont commencé à se rapprocher du camp des hommes de Planiuk, sans trop être discrets, tandis que nous, avec une trentaine d'archers et une douzaine de guerriers sachant nager, on partait discrètement ailleurs, vers les montagnes plus à l'ouest. De cette manière on forçait les patrouilles ennemies à faire retraite tout en nous laissant le champ libre à travers les montagnes pour les prendre par surprise. On a donc commencé à monter dans les rochers, menés par Belzagar qui ouvrait la voie avec des cordes pour faciliter le passage de tous.

Après un moment il est parti avec les archers vers l'est et la falaise qui permettait d'arriver au-dessus du camp de Planiuk. A l'aube ils sont montés, et ça n'a pas été trop dur pour lui, mais les archers de Baal en ont quand même bavé un peu, même si c'étaient des montagnards habitués à la grimpette. Quand il est revenu plus tard, le pirate nous a dit que deux d'entre eux étaient morts en chutant. En plus l'ascension avait été lente - on a eu largement assez de temps pour se reposer, et il était presque midi au retour de Belzagar - et les archers étaient crevés. Il leur avait demandé un délai avant de donner le signal du déclenchement des hostilités au sol, le temps pour lui de nous retrouver et d'arriver à la caverne où on espérait prendre les forces de Planiuk à revers.

Avec les douze guerriers qui allaient jouer aux troglodytes avec nous, on est partis en direction du puits de l'araignée géante. On a balancé une espèce d'échelle de corde rudimentaire pour descendre dans le puits, avec le pirate qui restait en dernier pour enlever l'échelle et redescendre avec. Ça ne plaisait pas trop aux guerriers de Baal/Moumaal, mais Esballah a su calmer leurs craintes et ils n'ont pas trop râlé. Belzagar a fait preuve d'un peu d'humour et de justesse en disant que de cette manière ils feraient plus attention à ce qu'il survive puisqu'ils avaient besoin de lui pour remonter et espérer sortir de là. Bon, au départ il avait fait ça pour éviter une mauvaise surprise par derrière et le signalement de notre passage/notre position. N'empêche que j'ai trouvé qu'il était malin quand il voulait, le pirate !

Avec la descente, Esballah me paraissait toujours aussi croquante et débrouillarde. Ce n'était pas la plus rapide mais en général elle se débrouillait largement aussi bien que moi pour tout, que ce soit l'escalade ou la progression en équilibre sur la toile de l'araignée géante. Quels charmants petits secrets nous cachait-elle concernant son passé, j'en salivais rien que de penser à la manière de les découvrir (et pas que les secrets de son passé, j'aime d'autres découvertes, dans le sens premier du mot !). Pas que j'aie été très exemplaire par contre, même Gaerwen se débrouillait bien pour une fois, je devais être le plus lent la plupart du temps ! Mais attends la belle, je ne t'ai pas encore montré tout ce que je savais faire... Et nous sommes arrivés à la caverne.

Souterrains visités
On a allumé quelques torches et nous sommes descendus dans les profondeurs (hmmmm...). Là, la belle Esballah n'était pas tout à fait à son aise et elle a fait plus mauvaise figure, mais tout s'est quand même bien passé. Avec un petit détail gênant tout de même : les plus perceptifs dans l'équipe ont remarqué des traces récentes et de bonne taille, genre celles que ferait un lézard assez gros pour m'avaler en une fois, sur les parois d'un boyau important que nous prenions. Les grottes avaient été visitées récemment, et ce que les copains avaient cru deviner lors de leur précédent passage se confirmait : il y avait un occupant de bonne taille dans le coin, et il était passé par là il y avait peu ! Si jamais ça bardait dans le secteur, il risquait de venir, et sans doute pas pour faire les mêmes mamours que j'aurais voulu faire à la jeune et belle Haradrim !

Mais pour le moment il n'y avait aucun signe de la présence proche ou active du monstre, donc on est descendus. Certains parlaient de la fois où j'avais contrôlé une bestiole similaire que mon père avait enchantée, mais je ne tenais pas trop à essayer à nouveau un truc pareil, car je n'étais pas du tout sûr que je pourrais faire la même chose avec un ver que mon père n'aurait jamais vu, et je ne voyais pas ce qu'il serait venu faire ici de toute manière. Enfin bref, on a continué et on est arrivés à l'endroit où la rivière souterraine affleurait et nous permettrait de passer côté armées de Planiuk. Restait juste à faire trempette dans de l'eau glaciale et à arriver discrètement dans une caverne où nous attendraient certainement des pièges, des gardes, des mauvaises surprises et peut-être un ou deux otages dont la plupart d'entre nous n'avaient rien à foutre...

Cela étant, Kacem et Tirielle ont dit qu'il y avait quelque chose de bizarre : le niveau de l'eau semblait plus élevé qu'avant, d'après eux. A quoi était dû cette montée des eaux ? Après avoir passé en revue plusieurs causes possibles, et faute de pluie récente ou de fonte de glacier proche, certains se sont dit que quelque chose était peut-être venu perturber le flux de la rivière souterraine. Le pirate a émis l'idée que les armées de Planiuk avaient bloqué en partie le passage de l'eau pour en avoir plus. En tout cas, il fallait envoyer les plus discrets en avant - Tirielle, Kacem et la belle Esballah, que je salivais à l'idée de revoir toute mouillée - pour repérer les lieux de l'autre côté de la paroi rocheuse.

L'elfe est donc passée en premier, suivie par l'assassin haradrim et notre jongleuse de poignards - elle en avait d'ailleurs emporté quelques-uns pour l'occasion. Mais après peu de temps, Tirielle est ressortie, bientôt suivie par les autres, grelottant. Pendant qu'ils se séchaient, l'elfe expliqua que de nombreuses pierres obstruaient le passage, ce qui était certainement la cause de la montée du niveau de l'eau. Elle pensait qu'il restait assez de place pour pouvoir se faufiler, du moins pour des personnes souples et adroites comme elle, mais certainement pas pour les Dúnedain comme Gaerwen ou Belzagar ! Il fallait qu'elle y retourne pour voir si elle y arrivait et ce qu'il y avait de l'autre côté, et dire aux autres de venir... ou demander à ce qu'on la ramène au plus vite !

Passage difficile
Elle est donc retournée dans l'eau, une corde à la main, avec un code simple : si elle tirait une fois, c'était bon, on pouvait venir, deux fois il y avait un problème, et trois fois ou plus il fallait la tirer de là en vitesse ! Elle a donc disparu dans la flotte, et on a attendu un moment... qui a commencé par se faire un peu long. Puis il y a eu trois coups secs de la corde, alors on a tiré bien fort et l'elfe est revenue parmi nous peu après, en un seul morceau. Bon, elle n'avait pas été attaquée ou quoi que ce soit, mais après avoir observé et jaugé la situation elle avait préféré revenir pour nous parler de ce qu'elle avait vu de l'autre côté, avec notre aide pour aider à lutter contre le courant contraire, plus fort au niveau du goulot.

Elle a confirmé que le passage était très étroit sous l'eau et que sans sa magie elle aurait eu bien du mal. Selon elle, Kacem pouvait passer sans doute, Esballah à la rigueur, avec de l'aide peut-être. Quant aux autres comme moi-même ou les guerriers, peut-être avec quelqu'un qui tirerait de l'autre côté, au risque de blesser la personne. Et pirate et corsaire étaient exclus, ils étaient trop larges et costauds. Exclus les deux principaux guerriers du groupe, il fallait faire sans eux ! D'autant que retirer les pierres ne pourrait se faire qu'une fois passé de l'autre côté, en prenant du temps... qu'on n'aurait pas en raison de la nécessité de remonter souvent pour respirer et des risques que cela entraînerait.

Car la caverne était loin d'être inoccupée : six gardes la surveillaient, dont trois près de l'eau. Heureusement ils étaient aussi distraits par des bruits de combat que l'elfe avait entendus plus loin dans les cavernes, et comme le niveau de l'eau avait baissé, sa tête se trouvait dans l'ombre - la caverne était éclairée par trois feux - quand elle l'avait sorti hors de l'eau. Les trois guerriers près de l'eau étaient armés de lances, et les trois autres, plus loin, avec des arcs à la main. Petit hic : si on s'attaquait à l'un d'eux, les autres le remarqueraient très vite et l'alarme serait vite donnée, ou en tout cas les trois archers seraient en mesure de le faire ou de réagir d'une autre manière.

On a donc fait un plan : les trois seuls susceptibles de passer de l'autre côté sans aide iraient jouer aux assassins et devraient maîtriser les trois gardes près de l'eau puis les trois archers à eux seuls. Tirielle, Kacem et Esballah - tes dagues vont servir ma belle - devaient faire l'impossible pour sécuriser la grotte, pour qu'on puisse ensuite enlever les pierres et permettre à tous de passer. Ma petite Haradrim avait pas l'air très chaude sur ce coup, à croire qu'elle préférait d'autres types de combat... Il faut dire que si on ne donnait pas cher de la peau de ceux près de l'eau, les trois archers, dont deux près d'une ouverture d'où venaient les bruits, ça risquait d'être une autre paire de manche. Surtout qu'au sortir de l'eau, l'arc de Tirielle demanderait peut-être qu'on le retende avant de l'utiliser...

Journal de Manil - 7e récit

Posté : 14 octobre 2018, 12:56
par Niemal
Bon ben voilà, les objectifs ont été atteints : marmot récupéré, Planuik trucidé, nain et affaires retrouvés... Personnellement c'est surtout ce dernier point - les affaires - qui me satisfait le plus. Et côté objectif, j'en avais un plus personnel qui n'a pas été franchement atteint, loin de là. La belle Esballah m'a régalé d'un bisou sur la joue, c'est déjà une chose, mais il reste encore du chemin avant d'arriver là où je voulais en venir. D'ailleurs, j'aimerais bien savoir où veulent aller tous les membres du groupe, je me demande si on va rester ensemble encore longtemps...

En tout cas ça a été chaud, gluant aussi - visiter la gueule d'un petit dragon est une sacrée expérience - et assez mortel, il faut bien le dire. On laisse pas mal de cadavres derrière nous, même si certains sont à l'intérieur d'un autre gros cadavre. Et je dois dire que je suis assez fier de la manière dont j'ai évité que le pirate d'Umbar fasse lui aussi partie du contenu de l'estomac du dragon. Il l'a peut-être achevé, mais sans moi - et les autres aussi - son combat n'aurait pas valu tripette... mais lui aurait été tripette !

Première partie : eau et feu
Comme prévu, Tirielle, Kacem et Esballah ont pris place chacun près d'un des guetteurs près de l'eau. L'elfe tout au fond (comme c'est excitant), la Haradrim au milieu (partie à trois ?), l'assassin au plus près de l'ouverture (le coquin). Discrètement, ils ont pu sortir de l'eau et les trois gardes n'ont pas fait un pli, tué par lame ou par flèche. Même avec arc mouillé et corde détendue Tirielle se débrouille, et Esballah lance ses dagues avec vraiment beaucoup de précision. Quant à Kacem, il n'est pas assassin pour rien.

N'empêche que les corps ont fait du bruit en tombant et que les trois archers qui gardaient les ouvertures se sont retournés rapidement. Avec les trois feux qui illuminaient la pièce, la belle Haradrim a été facilement repérée, surtout qu'elle s'approchait de l'un d'eux, et les trois arcs se sont tendus vers elle. La flèche de l'elfe a été plus rapide et un archer s'est abattu, la dague de la jongleuse a aussi été plus rapide et un deuxième s'est abattu, mais Kacem s'est approché plus lentement, discrètement, et le troisième a pu tirer. Et a fait mouche sur Esballah - aïe que voilà une pénétration un peu brutale !

Bon, l'assassin a réglé son compte au troisième archer, et Tirielle s'est précipitée vers la Haradrim blessée. Les archers avaient eu le temps de crier un peu, mais apparemment pas assez fort ou alors les autres gardes plus loin n'ont pas fait assez attention, en tout cas on n'a pas été embêtés par des renforts. Cela a permis à l'elfe de stabiliser la blessure d'Esballah, sérieuse mais pas trop grave quand même. Grâce au pansement de notre archère, notre nouvelle amie ne se viderait pas de son sang et pourrait nous suivre. Bon, ça ne m'aurait pas déplu de veiller sur elle, mais vous savez ce que c'est que les priorités...

Et puis Kacem et Tirielle sont retournés dans l'eau et ont tenté d'agrandir le passage pour nous autres. On ne sait pas comment elle a fait, mais Tirielle a tiré une grosse pierre comme une furie, et elle a réussi à l'arracher du bouchon... qui s'est désagrégé tout seul avec l'aide du courant ! Du coup le passage était libre, on a pu tous passer - ouaaaah qu'elle est froide - c'est-à-dire Belzagar, Gaerwen et votre serviteur, plus les quinze guerriers envoyés par Moumaal pour nous aider. Et on a pu se sécher un peu près des feux, où Esballah se tenait déjà, moins quelques vêtements (miam !).

Deuxième partie : avancée discrète
Après ça, on entendait des bruits de combat au loin dans deux boyaux donnant sur la grotte où on était. Le troisième donnait sur une pièce qui servait de stockage ou dortoir. Tirielle est partie explorer un peu les environs. A gauche, ça se rapprochait trop des combats alors elle est revenue. A droite, à part des culs-de-sac ou des boyaux qui semblaient un peu trop fréquentés par des araignées de grosse taille, il y avait une intersection avec deux gardes pas très attentifs.

En fait ils semblaient un peu nerveux, soit à cause des bruits de combat au loin, soit par la proche présence, dans un boyau, de gros fils d'araignée, voire du cadavre de l'une de ces créatures. L'elfe n'a pas eu de mal à se débarrasser des deux gardes, et elle a évacué les corps vers notre caverne. Après quoi il était facile de la suivre. J'avais eu le temps de faire un meilleur pansement à la Haradrim blessée (oh quelle belle peau que voilà), on avait fouillé les affaires présentes - nourriture et bière - et on était prêts à partir.

En avançant plus dans les boyaux souterrains on a fini par arriver - discrètement - à une caverne plus grande avec diverses tentes et pas mal de guerriers. Le sol de la caverne était coupé, en son centre, par une fissure de belle dimension - trois ou quatre pas - que l'on pouvait franchir grâce à deux passerelles en bois. Une demi-douzaine de guerriers, l'air peu rassurés, gardaient les passerelles et la fissure, tandis qu'au-delà, on pouvait distinguer deux ouvertures d'où provenaient des bruits de combat, une vingtaine d'autres guerriers, quatre tentes... dont une d'où s'élevaient les pleurs d'un bébé !

Mais depuis un moment déjà, je sentais une magie proche qui montait de plus en plus, quelque chose qui n'était pas sans me rappeler ce qu'on avait trouvé dans le refuge dans le désert, refuge qui servait probablement au père que je n'avais jamais vu... Et cette magie, je pouvais maintenant sentir qu'elle était plus bas dans la fissure, mais qu'elle allait tôt ou tard finir par en sortir. Pas tout de suite, mais ça risquait de se faire alors qu'on était encore là... D'où l'intérêt de passer au plus vite.

Troisième partie : arrivée massive
Esballah a donné des ordres au lieutenant qui gérait les guerriers avec nous : certains, un peu plus loin, ont fait mine de se battre, pour qu'il y ait des bruits de combat ; et deux autres, avec Kacem, ont appelé les guerriers à l'aide en disant que des intrus étaient arrivés. Avant de courir vers le reste de nos troupes, qui attendaient, l'arc prêt. Les six gardes ennemis se sont empressés de venir, ils ont été cueillis par nos flèches, ou du moins la plupart. Les deux survivants ont fui, l'un a été abattu et le dernier a été rattrapé par Kacem, dans la caverne, juste avant la fissure.

Alors bien sûr, l'alerte a été donnée et les autres guerriers ont commencé à prendre leurs armes. L'assassin a réglé son compte au dernier garde et a laissé tomber son corps dans la fissure... d'où est monté un bruit de corps que l'on broie ! Kacem a regardé brièvement dans le noir, il a juste entraperçu un corps serpentin gigantesque plus bas, en train d'avaler les restes du guerrier... Puis il a plongé de côté pour éviter les flèches que les ennemis ont commencé à lui tirer dessus. Bientôt c'était bataille rangée d'archers. On a dû se réfugier dans le boyau, pendant que les ennemis se protégeaient derrière les tentes... où un gamin piaillait de plus belle, au grand dam d'Esballah qui demandait de ne pas tirer dans sa direction !

N'empêche que la bestiole dans la fissure avait repris son ascension, je la sentais. Alors un peu en catastrophe j'ai commencé un rituel magique pour pouvoir lui parler, en espérant qu'elle pourrait m'obéir, surtout que la magie qui l'environnait m'était familière. Comme près du refuge de mon cher père, j'espérais bien, grâce à cette magie et à la sienne, contrôler la créature. Et il valait mieux, car on n'avait pas vraiment de plan B, à part la fuite qui ne nous mènerait pas très loin, à savoir dans la zone de combat.

Mais dans le même temps, les guerriers ennemis avaient prévenu les leurs. D'ailleurs, à cette occasion on a entendu un cri de douleur et des jurons et on s'est dit que le nain ne devait pas être loin et qu'il voulait nous dire quelque chose. Le quelque chose en question, c'était une troupe d'une quinzaine de guerriers qui sont venus nous chercher noise par derrière, par là d'où on était venus, sans doute grâce à l'autre boyau où on entendait aussi un peu des bruits de combat. Heureusement on avait posté des guetteurs, et donc ça a commencé à se battre.

Au milieu de toute cette agitation, et tandis que j'étais loin d'avoir fini mon rituel, la bestiole est sortie de sa fissure, entraînant la fuite des guerriers ennemis (avec le bébé) de la caverne proche, tandis que le ver des cavernes - un gros lézard de dix pas de long au moins - venait vers nous. En gueulant très fort Gaerwen a réussi à empêcher les guerriers avec nous de fuir. Ils ont commencé à se faire dévorer les uns après les autres, mais ont tenu. Les ennemis avec qui on se battait ont préféré fuir, les attaques de Tirielle et Belzagar n'ont rien donné, les copains ne sont pas restés, et je me suis retrouvé seule face à la bête...

Quatrième partie : combat final
J'ai quand même lancé mon sort, même pas terminé, et j'ai réussi - avec beaucoup de volonté - à le faire marcher. Je pouvais communiquer avec la bestiole. Apparemment, le ver avait pour ordre de ne pas me manger, mais par contre il se fichait de ce que je voulais lui faire faire, il avait juste envie de continuer à aller bouffer mes copains... Mais en m'interposant je le bloquais car il aurait dû me passer sur le corps et le sort l'en empêchait. Impossible de lui commander, mais au moins je pouvais gagner du temps.

Les copains - et les guerriers de Moumaal qui restaient encore en vie - ont fui dans les boyaux jusqu'à arriver à la caverne principale où se battaient les forces de Planiuk et celles de Moumaal. Ils ont crié qu'un dragon arrivait, qu'il fallait fuir, avec suffisamment de conviction pour ne pas se faire attaquer. En même temps, ils repéraient où étaient les officiers, le nain - attaché et bâillonné, par terre - et sans doute Planiuk et le bébé. Et les ordres de Planiuk étaient de nous liquider... Les guerriers hésitaient, tandis que les copains entendaient du bruit derrière eux, et préféraient faire une petite translation en direction des tentes de commandement...

Il faut dire que j'avais réussi à convaincre le ver de faire demi-tour et de s'attaquer à l'armée adverse. Bon, en fait il m'avait fait comprendre qu'il allait tuer et manger tout le monde sauf moi, mais je pressentais que les copains auraient besoin d'une petite (ou grosse) diversion. Et effectivement, quand la bestiole est arrivée dans la caverne des combats, ça a vite changé les plans de tout le monde : les guerriers de Planiuk et Moumaal qui se combattaient ont arrêté et commencé à fuir ; ceux derrière eux ont attaqué la créature et se sont fait balayer et écraser en un rien de temps, entraînant un vent de panique ; et les copains ont pu se rapprocher des officiers et tentes de commandement.

Divers guerriers et officiers leur ont barré la route et les ont combattus, mais ils se sont fait tuer les uns après les autres, tandis qu'Esballah essayait de passer derrière les tentes, discrètement. Et puis le ver n'a eu plus d'autres adversaires que nous et la garde rapprochée de Planiuk, qui est sorti de sa tente avec le marmot d'Esballah sous le bras, un couteau sous la gorge. Guerriers de Planiuk et guerriers du groupe ont attaqué le ver, avec peu de succès, sauf Belzagar qui a réussi à lui faire assez mal pour le blesser légèrement et qu'il se retourne face à lui... Sauf également Gaerwen qui essayait d'arriver discrètement jusqu'à Planiuk, pour l'attaquer par surprise - mais sans succès.

Esballah est arrivée dans le dos du ravisseur de son marmot et lui a lancé une dague aussi fort qu'elle pouvait, dans la nuque. Malgré sa cotte de mailles il est mort sur le coup et Gaerwen a tout juste eu le temps de récupérer le fils de la Haradrim, qui s'est précipitée ensuite pour le retrouver. Moi Manil j'arrivais à peu près à ce moment-là, et malgré mes demandes le gros lézard géant allait bientôt faire une bouchée de mes copains, qui essayaient désespérément de trouver son point faible. Je m'accrochais à la bestiole pour la gêner - elle devait faire attention à ne pas me faire de mal - mais ça ne semblait pas très efficace.

Face à la gueule béante qui s'ouvrait face à lui, Belzagar a plongé pour l'éviter, mais pas assez vite, et les énormes mâchoires l'ont cueilli au vol. Mais pas que : j'avais plongé en même temps et je suis entré aussi dans la gueule du monstre. Il ne pouvait plus tuer le pirate ou il m'aurait tué aussi. Alors il nous a recrachés, tandis que Kacem montait sur la bestiole et trouvait son point faible au niveau de la nuque, une zone non protégée, comme la peau d'un bébé. L'assassin y a enfoncé plusieurs fois sa lame, blessant le dragon. Tirielle monta aussi mais toute son énergie était concentrée à ne pas tomber, elle ne pouvait pas attaquer. Belzagar a fait de même, sans pouvoir attaquer, jusqu'à arriver à trouver une occasion où il a pu le faire. Il a alors enfoncé profondément sa lame dans le point faible, mettant la bête KO. Il ne fut pas trop difficile de l'achever ensuite...

On avait vaincu le dragon, tué Planiuk, récupéré vivant le fils d'Esballah (et probablement Moumaal), on était des héros. Marti n'avait rien pu faire - Esballah avait juste pu le libérer avant d'aller récupérer son fils - mais Tirielle était contente de le retrouver.

Journal de Tirielle - 1ère feuille

Posté : 18 novembre 2018, 23:52
par Niemal
Alors voilà, les bonnes choses ont une fin, et l'équipe n'est plus la même. Certains sont restés sur place, les autres comme moi-même ont poursuivi vers le nord et la civilisation. Manil m'a refilé le bébé de décrire nos aventures - lui en avait une autre en tête - mais je ne suis pas une scribouillarde comme lui, moi. Alors ça sera rapide, beaucoup plus rapide, moi je préfère l'action aux belles paroles. Du concret, pas trop de détails ou de sous-entendus. Après un moment un nouveau groupe s'est formé, plus équilibré peut-être, avec au final quatre femmes pour trois hommes, ce qui me convient très bien. Mais reprenons depuis le début.

Séparation et départ
Nous étions sept, il en est resté quatre : moi-même (Tirielle), mon ami nain Marti, Belzagar le pirate d'Umbar, et Gaerwen la corsaire du Gondor. Trois sont restés derrière : Esballah, maintenant à la tête d'un fief (voire de deux), secondée par son amant de capitaine et probable père de son fils ; Kacem l'assassin, apparemment content de poser ses bottes et son lourd passé quelque part ; et Manil, le fils de magicien, très intéressé à seconder de (très) près la belle Esballah.

Je me retrouve donc avec les trois plus bourrins de l'équipe, les plus directs, les moins subtils. Pas grave, côté subtilité j'ai de quoi donner, et puis je suis contente de rester avec mon ami Marti et ce beau gosse de Belzagar, malgré ses cicatrices. En plus il a l'air de passer de moins en moins de temps avec Gaerwen, ça devient intéressant. Par contre c'est vrai que côté discrétion je vais peut-être me sentir un peu seule. D'un autre côté j'ai l'habitude de me débrouiller seule quand il le faut, même si j'ai pu tester les limites de la chose par le passé. Je veillerai sur les autres, mais qui veillera sur moi ?

Bref, Esballah et son Jules ont été contents du boulot accompli, on a pu récupérer nos affaires plus quelques bonus, et on est partis vers le nord. On a fini par rejoindre la route principale menant en Ithilien du sud, jusqu'à Minas Ithil dans le Gondor, paraît-il. On n'a pas été inquiétés, peut-être parce que c'était l'hiver et les armées préféraient rester au chaud ; peut-être parce que le pirate fait peur à voir et avec raison, et honnêtement il n'est pas le seul ; peut-être parce que je suis douée à voir venir les problèmes de loin.

On a franchi la rivière Poros à Tir Ethraid. Il y avait une petite ville qui accompagnait la tour de garde qui sécurisait le gué sur la rivière, rivière qui marque la frontière entre le Harondor, bien disputé entre Umbar et Gondor, et l'Ithilien du sud, bien contrôlé par le Gondor, bien cultivé, assez riche d'après ce que j'ai entendu dire. En tant que pirate d'Umbar recherché chez lui comme dans le Gondor, Belzagar pouvait avoir des ennuis avec les autorités, donc je l'ai maquillé un peu. Reste que du haut de ses près de sept pieds, il en impose, donc il ne passe pas inaperçu.

Tir Ethraid
La ville était le premier coin de civilisation dans lequel on entrait depuis longtemps. Entre la poussière, la saleté, le sang sur nos armes (ou ailleurs) on devait faire un peu tâche. Ça ne nous ferait pas de mal de nous décrasser, même si ça avait pas l'air de déranger le nain. A l'extérieur de la ville il y avait une zone de campement pour les caravanes de passage. C'était l'hiver mais une caravane était là et elle semblait avoir un peu souffert. La guerre avec Umbar n'arrangeait pas les marchands mais certains tentaient de passer malgré les risques : la coupure des routes commerciales faisait flamber les prix, donc avec davantage de blé à se faire pour les audacieux.

La caravane venait du sud mais il y avait eu des dégâts, des blessés et des morts. On m'a dit que les chefs étaient en ville pour recruter du monde, ça pouvait être intéressant et permettrait au pirate de passer plus inaperçu, juste comme mercenaire. J'ai laissé Gaerwen qui ne semblait pas tellement pressée de retrouver son pays - problèmes de famille ? - mais plutôt de rester avec le beau Belzagar, qu'elle avait peut-être peur de perdre, non sans raison. Bref, je suis entré avec Marti, et on a vite trouvé l'auberge où le marchand et son capitaine des gardes recevaient les volontaires.

Le capitaine avait l'air d'avoir pris gras, avec deux blessures dont une assez sérieuse, au bras. Mais une femme était en train de le soigner et elle avait l'air de savoir s'y prendre, tant pour manier l'aiguille que pour faire un pansement après l'application d'une herbe médicinale ! Cela m'a rappelé qu'on n'avait plus de soigneur dans le groupe. La soigneuse était accompagnée d'une grande rousse, l'air assez chaude, en train d'allumer le marchand qui était un peu distrait, et même plus qu'un peu. Il y avait aussi un gars petit, l'avait l'air d'être un beau parleur mais j'avais du mal à savoir ce qu'il pouvait faire de sa vie à part avaler les mouches...

En tout cas les deux femmes ont été prises dans l'équipe du marchand, et elles ont insisté pour que le gars qui les accompagnait vienne avec elles. Le marchand avait pas l'air convaincu de l'utilité du gars - et j'le comprends - mais la soigneuse avait l'air très efficace et l'autre allumait vraiment bien, donc il a pas été trop dur à convaincre. La rousse avait l'air plus que chaude, elle était même brûlante, elle commençait à se mettre à l'aise et manifestement elle était en manque ! N'empêche que le marchand et son capitaine étaient là pour affaires, et j'ai pu m'avancer vers eux.

Contrat et rafraîchissement
Ils ont confirmé ce qu'on m'avait dit : ils venaient du sud lointain, mais ils avaient souffert d'attaques diverses en cours de route, avec des morts et des blessés, et ils cherchaient des mercenaires expérimentés, fiables et équipés, pas des bouseux du coin qui savaient juste se battre contre les animaux sauvages. Je leur ai dit qu'on avait ce qu'il leur fallait et je suis parti en promettant de revenir, ce que j'ai vite fait, avec le pirate et la capitaine d'Umbar. Leur physique et leur équipement ont parlé pour eux, sans parler du nain. Quant à moi, le marchand avait l'air moins intéressé, mais j'ai fait voler une pomme de la main d'un client à l'aide d'une flèche et il a été convaincu.

Il nous a offert à manger pendant qu'il faisait passer d'autres volontaires, il lui manquait une demi-douzaine de guerriers. On en a profité pour faire la connaissance des trois autres récemment embauchés : Ventus, une espèce de barde et beau parleur ; Itesa, la grande rousse bien chaude, qui ressemblait à une travailleuse du sexe ; et Anaelle, qui venait des Maisons de Guérison de Minas Ithil. Je ne sais pas ce qui les avait réunis tous les trois, mais ils n'avaient pas l'air très expérimentés, voire carrément un peu paumés ici.

On est allés se décrasser un peu, Belzagar et moi. Depuis le temps que j'en avais envie... Et le pirate est pas resté insensible à mon beau corps d'elfe, enfin ! Ha, ces humains, ils ont des trucs à nous apprendre à nous autres elfes, pas à dire... Je suis redescendue avec un sourire jusqu'aux oreilles ; quand Gaerwen a vu ça, même si elle est pas très fute-fute, elle a bien compris ce qui s'est passé et elle m'a retourné une gifle, ouch ! J'en avais du sang dans la bouche...

Après ça, comme ça se bousculait pas côté volontaires, le capitaine des gardes a laissé le marchand faire un tour du côté de la chambre qu'il avait prise. Peu après on a entendu des bruits très significatifs venant de ladite chambre, ah la vache ! J'ai donné de l'argent au gars, là, Ventus, pour qu'il chante quelque chose et couvre le bruit, mais côté chansonnette il vaut pas grand-chose ! Après il s'est mis à déclamer, et faut dire que côté théâtre il assure déjà plus. N'empêche que je vois toujours pas bien à quoi il va servir, à part nettoyer les pots...

Attente et départ
Peu après le capitaine est parti avec la soigneuse à leur camp, afin de soigner leurs blessés. Il leur manquait toujours du monde, donc on resterait encore au moins une journée sur place avant le départ. Le lendemain, on a continué à se reposer, la soigneuse soignait - et bien - et la rousse se faisait se l'argent en ville, à utiliser ses charmes plus ou moins discrètement. Apparemment le marchand ne lui suffisait pas. Le théâtreux passait du temps avec un tailleur, l'avait l'air de savoir coudre et tailler les tissus. Vois toujours pas ce à quoi il va servir. On s'est acheté des nouveaux habits en ville, il y en avait besoin.

Le capitaine des gardes et le marchand ont fait chou blanc ce jour-là, aucun mercenaire sérieux à recruter. Donc on est restés un jour de plus. Je suivais ce que faisait Itesa de loin, je me rappelais un peu trop bien les dangers d'être une femme isolée. Et ça n'a pas loupé : elle avait eu trop de succès la veille, du coup un maquereau s'est pointé avec des renforts pour la "taxer" de ce qu'elle avait gagné "chez eux". Ils étaient six, dont au moins trois armés, mais quand j'ai transpercé la main de l'un d'eux avec une flèche, l'ambiance a changé.

J'ai bien fait comprendre que j'étais une bonne archère et qu'ils avaient tout intérêt à laisser la rousse pour ne pas gagner une boutonnière, et j'ai pu filer avec elle en essayant de la mettre en garde. Heureusement ce jour-là les affaires ont mieux marché, cinq bons guerriers ont été trouvés et ça a suffi avec les blessés qu'Anaelle a pu remettre sur pied en un temps record. Donc le lendemain on a pu partir. Au passage, Itesa m'a chauffé moi aussi, elle a vraiment des dons pour ça et le feu au cul et ailleurs celle-là !

La caravane est donc partie le lendemain. Les deux filles avaient trouvé place sans un des trois charriots, tandis que leur copain marchait. Nous quatre, Marti, Gaerwen, Belzagar et moi, on faisait les éclaireurs (un de chaque côté) avec nos chevaux. En plus des trois charriots, il y avait un train de mules. Au total on était une quinzaine de gardes, des muletiers, des conducteurs, les deux filles et leur copain, nous quatre, le capitaine des gardes et le marchand. Pas permis de voir ce qu'il y avait dans les véhicules, mais ça sentait bon les soies et épices et autres trucs précieux venus du sud, que les nobles des grandes villes allaient acheter à prix d'or.

Journal de Tirielle - 2e feuille

Posté : 10 décembre 2018, 00:18
par Niemal
Bien sûr, quand on pense avoir dégotté un boulot correct, on s'aperçoit vite qu'il y a anguille sous roche. En l'occurrence, il y a paquet maudit sous soieries et autres marchandises classiques. Le genre de truc qui attire les ennuis à la ronde et qui explique que le voyage n'a pas été de tout repos avant qu'on prenne la caravane en marche. Le genre de paquet qui promet des journées pas tristes. Bon, au moins, on n'a pas trop l'occasion de s'ennuyer. Quelque chose me dit que les événements de la nuit dernière ne sont qu'un avant-goût de ce qui nous attend. Mais détaillons un peu ces événements récents.

Confidences et autres informations
Au cours du début du voyage, on a donc fait notre boulot de gardes, Belzagar, Gaerwen, Marti et moi. En tant que gardes certains voulaient fraterniser avec nous. Pas trop avec le pirate, toujours aussi aimable qu'une gueule de dragon et manifestement au-dessus du lot question petits jeux guerriers. Par contre, Gaerwen ayant plus de temps libre, les gardes qui voyaient en elle un adversaire à leur portée en sont tombés sur le cul, littéralement. Bref, elle a montré qu'elle valait n'importe lequel d'entre eux et elle a bien gagné leur estime, toute femme qu'elle était. Pas un pour la battre au bras de fer...

Tandis qu'elle fraternisait avec les gardes, voire avec le capitaine, Iteza fraternisait aussi mais d'une autre manière. Le soir était réservé au marchand mais elle ne perdait pas de temps le reste de la journée. Pas croyable le nombre de fois où elle allait se soulager... au même moment que certains gardes, voire au même endroit diront certains. A tel point qu'Anaelle allait régulièrement lui chercher des herbes spéciales pour lui faire une tisane rien que pour elle, un truc assez amer j'ai cru comprendre mais qui avait des vertus spéciales... sur la fertilité. Cette rousse a vraiment le sang très très chaud !

N'empêche que ses "compétences" lui ont permis d'apprendre divers trucs intéressants, des petites confidences sur l'oreiller partagé avec le marchand qui nous employait. Il semblait que ledit marchand n'avait pas acheté que des soieries précieuses et épices recherchés dans le sud, mais aussi autre chose pour lequel il avait reçu une avance intéressante. Cela avait piqué la curiosité de la rousse, assez pour la pousser à faire une petite réunion avec Anaelle et moi. D'après elle, il y avait un petit colis planqué quelque part, sans doute dans un charriot, à destination de quelqu'un de Minas Ithil. Quelqu'un de bonne réputation d'après le marchand, mais savait-on exactement de qui il s'agissait ?

En parallèle, Gaerwen apprenait diverses choses grâce à ses nouveaux amis parmi les gardes. On avait déjà remarqué que tous les gardes étaient bien choisis par le capitaine, c'étaient probablement tous des vétérans des conflits dans le sud, d'anciens guerriers habitués à se défendre et à tuer. N'empêche qu'il y avait une certaine différence entre les "anciens", embauchés avant notre arrivée, et les "nouveaux", ayant intégré la caravane en même temps que nous : les seconds étaient plus confiants, un peu turbulents, plus grande gueule... Les premiers, les anciens, étaient moins joyeux, plus attentifs, plus réservés. Ils avaient dit à la capitaine du Gondor qu'ils n'avaient jamais eu autant d'attaques sur un convoi de cette taille de tout leur passé de gardes de caravane...

Recherches infructueuses
Il y avait effectivement de quoi s'inquiéter, d'autant que Belzagar avait fini par sentir comme une tension au niveau de son cheval, comme si sa bête percevait quelque chose qui la rendait nerveuse. Mais qu'est-ce qu'on pouvait bien transporter ? Et où ? Pour certains, la réponse à la deuxième question était évidente : dans le charriot des soieries, près duquel le marchand plantait systématiquement sa tente. Quant à la première question, plusieurs avançaient quelque chose de magique, bien sûr. N'empêche que malgré mes tentatives, je ne sentais rien de particulier, aucune aura magique spéciale. Bon, d'accord, je n'avais pas l'expérience de Manil, qui était un vrai magicien. Mais ça ne me rassurait pas spécialement : plus un objet magique est puissant, plus souvent sa magie est masquée...

De nouvelles confidences sur l'oreiller ne donnèrent rien : le marchand ne disait pas tout ou peut-être qu'il ne savait pas tout lui-même. Apparemment, il jouait pas mal d'or dans ce contrat, et il avait été prévenu qu'une garde plus conséquente que la normale serait nécessaire. Mais d'après Gaerwen, même avec des effectifs au moins doublés, ça n'avait pas empêché un grand nombre de gardes de rester sur le carreau. Pourtant, il y avait deux gardes qui avaient l'habitude d'encadrer des convois avec le même marchand et son capitaine, et ils n'avaient pas grand-chose de mal à dire d'eux, ils veillaient sur leurs gardes et n'appréciaient pas de les voir partir si vite...

Du coup on a monté une petite entourloupe entre filles (pas avec Gaerwen, juste Anaelle, Iteza et moi) : au cours d'un campement, quand les mules étaient détachées, la soigneuse s'est approchée discrètement de l'une des mules. Puis elle lui a donné un bon coup dans le postérieur histoire de la faire réagir bruyamment, ce qui n'a pas manqué d'attirer l'attention de toute la troupe. Le muletier le plus proche a sifflé la mule et il s'est précipité vers elle et a pu la maîtriser sans problème. Les gardes ont regardé ce qui se passait et ils ont tout de suite cherché autour s'il y avait autre chose, un danger quelconque. Le capitaine des gardes et le marchand ont fait de même. A mon grand regret, le marchand n'a pas dirigé son regard vers l'endroit où il avait caché son précieux paquet... Bref, un coup pour rien.

Une nuit, alors que j'étais de quart avec Belzagar et deux autres gardes, j'ai voulu jeter un œil au contenu des charriots, mais sans succès : il y avait trop de paquets les uns sur les autres, c'était impossible de faire une recherche sans tout défaire. Bref, la caravane a poursuivi sa route un peu plus longtemps. Jusqu'à une nouvelle journée froide, sombre, pluvieuse avec beaucoup de vent. L'allure était plus difficile, on a pris du retard, et on n'a pas pu atteindre le relais prévu, un petit village sur la route menant à Minas Ithil comme il y en avait régulièrement. La nuit commençait à tomber, on ne voyait pas loin, alors il a fallu se rendre à l'évidence : il fallait chercher un endroit où monter le camp. Je m'y suis collée, et bien vite j'ai trouvé un coin abrité du vent, avec de l'eau et des arbres, facile à défendre.

Des loups pas très lupins
J'ai fait le premier quart avec Belzagar et deux autres gardes. Je suis montée avec mon cheval sur le coteau qui dominait l'étang près duquel on avait fait le camp, à l'abri des quelques arbres qui entouraient le point d'eau. Tous sont vite partis se coucher après le repas, vu le temps exécrable. Et l'attente a commencé. Il faisait noir comme dans un four, même moi je ne voyais pas grand-chose. Mais à un moment mon cheval a donné des signes d'inquiétude, comme s'il sentait une odeur qui le dérangeait, une odeur apportée par le vent, malgré la pluie. J'ai bien regardé, et j'ai fini par repérer des petits points qui avançaient dans notre direction, des petits quadrupèdes : des loups arrivaient, et en nombre en plus !

Je me suis rapprochée du bord du coteau, de manière à pouvoir voir et parler au pirate qui se tenait non loin. L'ayant prévenu, il a immédiatement pris son cor et a réveillé le camp, tandis que les loups s'élançaient avec des hurlements. Mais que font ces loups à tendre une embuscade à une force d'hommes plus nombreux qu'eux, sans parler des montures et bêtes de somme ? Voilà qui n'était pas très lupin tout ça... Le gros de la meute s'est dirigé vers nos bêtes où la plupart de nos gardes les attendaient. Mais deux ont contourné le coteau de l'autre côté... et cinq m'ont foncé dessus ! Seul avec mon cheval, je devais être une proie tentante...

Tandis qu'une vingtaine de loups s'attaquaient à une douzaine de gardes qui protégeaient les bêtes, les deux qui passaient de l'autre côté tombaient vite sur Gaerwen avec un autre garde. Ils n'ont pas eu de mal à les expédier chez le Mandos des loups, mais moi je ne pouvais pas en dire autant : le vent et la pluie me gênaient, et même si j'ai pu en blesser un avec mon arc, les quatre autres arrivaient trop vite, j'allais me faire attaquer si je continuais à les flécher. J'ai lancé mon cheval au galop, suivi de près par quatre bêtes bien agressives. Mais qu'est-ce que c'est que ces loups ? Pour m'en débarrasser, faute de mieux, après un moment à fuir, j'ai lancé mon cheval dans l'étang. Ils n'ont pas suivi, et ont préféré se tourner, pour trois d'entre eux, vers Gaerwen et l'autre garde, qui n'étaient pas loin.

Bon, ils n'ont pas fait un pli, pas plus que les autres qui s'attaquaient aux bêtes. Au départ Belzagar n'a pas voulu intervenir (contrairement au nain ou à Iteza, qui lançait ses dagues sur les loups), restant en retrait ; mais quand il a vu que les gardes commençaient à se faire déborder et que des loups allaient réussir à passer, son épée s'est mise à danser et les têtes sont vite tombées. Très rapidement, la meute a perdu la moitié de ses membres et les autres ont fui sans demander leur reste. Au final, seuls une demi-douzaine de gardes avaient été blessés, dont un gravement et qui fut tout de suite soigné par Anaelle. Sans parler aussi de quelques bleus et écorchures. Aucune bête perdue, même si ça n'avait pas été de tout repos pour les muletiers ou Anaelle, qui les avait aidés. N'empêche : l'attitude de ces loups n'avait rien de naturel, et on n'aurait jamais dû être inquiétés comme ça.

Discussions
Après avoir remis le camp en ordre et soigné tous les blessés (merci Anaelle), je me suis dit qu'il était temps d'aller discuter franchement avec le marchand. Je lui ai demandé à ce qu'on puisse se voir en privé, ce qu'il a bien voulu faire... en amenant son capitaine, pour lequel il n'avait apparemment rien à cacher. Je lui ai dit qu'on savait qu'il transportait quelque chose de particulièrement précieux, ce qu'il n'a pas nié. Et d'une certaine manière il a été honnête : il a avoué qu'il avait un gros contrat sur un objet dans une boîte, qu'il avait été prévenu que cela risquait d'attirer du monde et qu'il avait été payé pour gérer ça. Il a même décrit la personne du sud qui lui avait remis un coffret de bois noir, fermé à clé et sans clé, contre une bourse conséquente remise par son commanditaire, le chef de la maison Aludor, une des principales maisons nobles de Minas Ithil. Un bon point pour le gars.

Par contre, la liste de ses bons points s'arrêtait là. Il était d'accord pour dire que la liste des embûches était anormalement longue sur ce trajet, mais d'une certaine manière ce n'était pas son problème. Gaerwen a pourtant rapporté qu'elle avait entendu un garde dire que l'attaque des loups avait été comme celle dans le désert, où des chacals avaient fait la même chose. Bref, il était clair que l'objet transporté était un truc maudit, ou qu'il était recherché par de belles saloperies capables de contrôler des loups... Et qu'il était peut-être urgent de savoir de quoi il s'agissait.

Mais voilà, il n'était pas d'accord. En gros, pour lui, un contrat est un contrat. Pas question d'en savoir plus sur l'objet en question, son commanditaire lui avait interdit de le faire. Et apparemment il y avait un paquet d'or à la clé. Et pour lui son commanditaire avait une réputation suffisante pour éviter de se poser trop de questions. Le problème est qu'il n'avait pas tort : Anaelle venait de là-bas et elle confirmait que la maison Aludor avait très bonne réputation. Par contre, elle ajouta tout de même que la plupart de ses membres étaient morts pendant la peste, et que le nouveau chef de famille n'était pas très connu...

Bon, ça servait à rien de discuter plus avec lui, il était trop borné. A l'occasion je suis retourné voir les charriots, en particulier celui des soieries, mais rien à faire, impossible de faire une fouille dans tout ce bazar sans que ça prenne des heures et que ça se voit. Je suis même allé voir les deux autres, y compris celui dans lequel le blessé grave dormait, mais sans résultat. Mais avec les copains on était d'accord sur un truc : on allait pas laisser l'objet en question tomber dans de mauvaises mains. Même si on ne savait pas bien quoi en faire si jamais ça tombait entre nos mains... Par contre, j'ai été un peu estomaquée d'entendre Anaelle ou Iteza parler d'envisager de tuer tous les membres de la caravane pour mettre la main sur l'objet en question ! A se demander si l'objet maudit ne commençait pas à les influencer...

Journal de Tirielle - 3e feuille

Posté : 23 janvier 2019, 21:03
par Niemal
Comme prévu, les ennuis ont continué sur le chemin, mais pas forcément comme on s'y attendait. La première fois, on était prêts, et les dégâts ont été minimes. La deuxième fois, il y a eu des morts, et j'ai bien failli y passer aussi ! N'empêche qu'on a fini par arriver à destination, objectif premier accompli ! Au passage, j'aurais bien voulu arriver à faire dépuceler mon ami Mordin, mais malgré l'indéniable expérience d'Iteza, il va lui falloir encore du travail avant d'accomplir son objectif à elle. Heureusement, quelque chose me dit qu'on va encore rester ensemble un petit moment...

Avancée et relationnel
On a donc repris la route du sud, mais en direction du nord, vers Minas Ithil. Au départ je voulais forcer l'allure pour arriver plus vite, mais on n'aurait pas gagné tant de temps que ça en cette saison, et ça nous aurait forcé à dormir plus souvent dans la nature plutôt qu'à des relais pour caravanes près de petits villages. Des relais plus sûrs, avec du monde (et des chiens) qui garantissaient en peu plus de sécurité, sans parler de pouvoir se décrasser et se reposer un peu mieux. Donc au final on a respecté le plan de route du marchand.

Au fur et à mesure qu'on avançait vers le nord, la route était meilleure, mieux entretenue. La zone de conflit entre Gondor et Umbar s'éloignant, on avait moins de soucis de sécurité. On était tout de même aux aguets, avec des tours de garde à quatre ou cinq la nuit : on s'attendait toujours à voir des saletés débarquer, comme loups ou autres prédateurs. Chaque fois qu'on passait près d'une ferme ou autre endroit habité, les réactions des animaux étaient les mêmes : les chiens et autres prédateurs étaient agressifs, les autres animaux - d'élevage ou sauvages - avaient tendance à fuir. Nos propres montures étaient nerveuses...

N'empêche qu'on avançait bien et que les choses semblaient s'améliorer : le temps d'abord, superbe pendant plusieurs jours ; le blessé, bien soigné par Anaelle, a vite guéri et a été sur pieds avant tout nouvel ennui. De mon côté, j'ai travaillé à renforcer les liens avec le grand Belzagar, qui m'a appris deux-trois trucs dans l'intimité de la tente. Ha ces humains, on aurait tort de ne pas les côtoyer davantage... Cela étant, le pirate d'Umbar est assez expressif, pour ne pas dire bruyant, et tous dans le camp n'ont pas apprécié sa manière de m'enseigner les trucs de couple qu'Iteza prodiguait à pratiquement toute la troupe de manière bien plus discrète...

Ce qui m'a donné l'idée de lui demander d'en faire profiter Mordin, qui aurait bien eu besoin de quelques expériences similaires pour le dérider un peu. Il a fallu que je paye la belle rousse, qui - une fois n'est pas coutume - n'était pas très chaude au départ. Mais elle a fini par prendre le taureau par les cornes... pour être bien vite déçue. Malgré une approche tout en subtilités, à petit pas, le nain - s'il a bien compris ce qu'elle lui proposait - n'a pas réagi du tout à ses attentes, au grand dam de la belle. Mais je lui ai dit qu'il fallait être patiente...

Orcs en maraude
On a fini par quitter le Harondor pour arriver en Harithilien, autrement dit l'Ithilien du sud, le sud du "Pays de la lune". Malgré la présence de plus en plus proche des montagnes du Mordor, ce pays était surnommé le jardin du Gondor, et il était en grande partie boisé. Avant les forêts, on a traversé une zone de collines un peu vidées de leurs habitants suite à la Grande Peste de 1636 et plus, un endroit où il y avait davantage de vignes à une époque. Du coup, même si on a commencé à croiser des patrouilles régulièrement, on a eu droit à quelques haltes en pleine nature, loin des quelques villages qui parsemaient encore la région.

Curieusement, le temps s'est fait bien plus mauvais, avec nuages noirs et pluie. On a fait le camp sur le bord de la route, bien dégagée pour permettre aux voyageurs de facilement se croiser et éviter de possibles embuscades. La pluie ne nous a pas permis de faire de feu, et les gens sont vite partis se coucher tandis que la garde se mettait en place. J'ai dormi avec le grand pirate, puis je l'ai laissé alors que la nuit était encore jeune - les elfes n'ont pas besoin de dormir beaucoup - pour les trois quarts qui restaient, tandis que les autres gardes prenaient leur tour, puis d'autres encore plus tard.

Mais j'étais bien attentive, et j'ai fini, plutôt tard dans la nuit, par entendre au loin des bruits que seule une oreille d'elfe pouvait entendre : des orcs étaient en maraude, et ils approchaient ! J'ai réveillé le camp discrètement, et on a fait comme si on dormait encore. Par contre, vu l'obscurité, les orcs pouvaient arriver facilement jusqu'à nous sans se faire voir des humains, le combat risquait d'être mortel. Alors on a installé quelques lanternes avec des gens prêts à les allumer, tandis que tous les combattants se préparaient à combattre.

Les orcs sont arrivés discrètement mais je pouvais les percevoir, et j'ai donné le signal convenu. Les quatre lanternes ont été allumées plus ou moins vite, Anaelle étant la plus rapide, et les orcs ont foncé en hurlant. Ils étaient une bonne vingtaine, mais ils ne nous ont pas donné beaucoup de mal, la plupart sont vite tombés et les derniers ont fui comme des mouches. En dehors d'un blessé grave, très rapidement soigné par Anaelle, les principaux dégâts concernaient les tentes : la plupart avaient été complètement saccagées, les orcs s'attendant peut-être à y trouver des dormeurs, ou peut-être qu'ils avaient juste envie de tout casser...

L'ennemi vient de l'intérieur
On est repartis le lendemain et on a pu arriver à un village où les tentes détruites ont pu être changées. On a poursuivi et on est arrivés aux grandes forêts d'Ithilien. On n'avait plus qu'environ deux jours de route après ça pour arriver à Minas Ithil, la route était pavée et bien entretenue, avec des patrouilles de temps en temps, et les bois tout autour. Le dernier camp a été monté, là encore loin de toute habitation. J'ai partagé la couche du pirate une nouvelle fois tandis que Gaerwen et Mordin prenaient le premier quart, avec d'autres. Iteza, de son côté, partagea celle du marchand, comme d'habitude, puis elle alla dans celle que Mordin partageait avec Ventus, et demanda à ce dernier d'aller voir ailleurs tandis qu'elle se mettait, nue, dans le sac de couchage du nain... et elle s'endormit là.

Plus tard, Mordin vint me chercher pour me signaler mon tour, et je suis sortie prendre le premier de mes trois quarts. Aucun bruit dans la tente de Mordin, j'ai su plus tard qu'il avait préféré laisser dormir Iteza et se coucher à côté - encore raté la belle ! De toute manière, j'ai vite été distraite par des bruits insolites, comme des gargouillis ou sons étouffés. En regardant de plus près, j'ai constaté un étrange manège : des gardes qui allaient d'une tente à une autre, de nouveaux bruits... et j'ai compris : bon sang, ces traîtres étaient en train de tuer nos gardes endormis !

J'ai vite prévenu Belzagar qui a pris ses armes et a sonné du cor pour réveiller tout le monde, tandis que j'affrontais deux gardes. En fait j'en ai tenu un immobile face à mon arc, mais le deuxième arrivant dans mon dos, je me suis retournée et je l'ai occis. Mais le premier en a profité pour me planter sa dague dans le dos... Le pirate arrivant juste derrière, le garde n'a pas pu finir son travail, mais il m'a mis sa dague sous la gorge et a menacé de me trucider, ce qui a arrêté mon homme. Mais, alors qu'un autre combat avaient lieu autour d'un autre garde, je prenais discrètement ma dague... puis je l'ai plantée dans le bras du gars qui a desserré son étreinte, me permettant de plonger hors de sa portée. Puis Belzagar l'a assommé d'un coup du plat de sa lame, après avoir reçu une petite estafilade.

Au final, sept gardes avaient été tués, plus celui que j'avais fléché. Ils avaient été trois à tuer leurs copains, et les deux survivants avaient été maîtrisés mais étaient bien blessés, dont un inconscient. On a essayé de faire parler l'autre, et le pirate semblait prêt à le torturer, mais ça n'avait pas l'air de faire peur au gars. Par contre, celui qui avait été assommé, une fois réveillé, semblait ne plus se souvenir de rien, et Ventus disait qu'il ne croyait pas que le gars mentait. On (Belzagar) a assommé l'autre, puis on l'a réveillé, et il a eu le même comportement. Ces gars-là avaient été ensorcelés, ils s'étaient éloignés un peu pour aller pisser pendant le premier tour de garde, puis quelqu'un d'autre les avait contrôlés... Anaelle a soigné tout le monde mais il n'était plus question pour quiconque de continuer à dormir cette nuit-là.

Traces, histoire et promesse
Le matin, j'ai fait des recherches et j'ai trouvé les traces de deux personnes arrivées avec des chevaux, non loin. Deux personnes dont les pas (bottés) ont ensuite croisé les chemins de nos trois gardes ensorcelés... Plus tard, d'après les traces, les deux personnes ont repris leurs chevaux et sont parties vers le nord et Minas Ithil, d'où elles étaient probablement venues, mais impossible de suivre leurs traces sur les pavés. Et une question me taraudait : comment savaient-elles qu'on était là, on plutôt qu'on serait là cette nuit ?

A côté de ça, Anaelle nous a dit qu'il y avait trois ans, la reine de Gondor, Mírien, avait été attaquée - et sauvée - par une bande d'aventuriers. Mais en revanche, la voyante qui s'occupait du palantír, une certaine Lúthien Ascarnil, avait été touchée et n'avait pas repris conscience. Et depuis tout ce temps personne ne l'avait revue... Le palantír, cette fameuse "pierre de vue" qui permet de voir à travers l'espace et le temps... se pouvait-il que le ou les sorciers qui nous avaient attaqués aient eu accès à cet artefact ? Si c'était le cas, on avait du souci à se faire !

On est repartis en laissant les corps sous une bâche, et les premières personnes qu'on a rencontrées ont été informées des corps à aller enterrer. Le marchand ne savait pas quoi faire des deux gardes blessés qui avaient tué leurs copains. Je lui ai dit - ainsi qu'à toute la caravane - de ne pas parler de l'histoire, que personne n'était responsable de ce qui s'était passé. J'ai été vraiment inspirée, les mots sortaient tout seuls, tous ont été convaincus qu'il fallait pardonner et oublier... Plus tard, à Minas Ithil, comme je lui avais conseillé, le marchand leur donna leur solde et les envoya aux Maisons de Guérison, avec Anaelle qui les connaissait bien.

On est donc enfin arrivés à la "Tour de la Lune" en soirée, malgré ces mauvaises rencontres. Le marchand, tout réjoui, a laissé tout le monde à une auberge près de l'entrée de la cité, avec toutes ses affaires, et il est parti voir son commanditaire. Iteza et Ventus l'ont suivi discrètement, le marchand est bien allé en haut de la ville, le quartier des nobles, à la maison Aludor où il est resté un moment. Puis il est redescendu la mine joyeuse jusqu'à l'auberge où on l'attendait. Avant de nous donner notre paye, il nous remercia beaucoup et vanta nos qualités (surtout celles d'Anaelle, de Belzagar et moi). Et il ajouta que le seigneur Aludor avait été très intéressé par toute l'histoire racontée par notre marchand, et qu'il avait une offre à nous faire pour lorsqu'il viendrait chercher sa commande. Manifestement, il avait besoin d'aventuriers compétents pour une mission difficile. Et il semblait qu'il payait bien...

Grâce à la magie d'Anaelle et à ses soins, je sentais que j'allais très vite être sur pied. Et j'étais curieuse de savoir ce que ce fameux chef de la maison Aludor avait à nous proposer, lui qui était le seul survivant de sa maison, entièrement morte dans la Peste. D'après Anaelle, les gens ne le connaissaient pas, auparavant il habitait au loin, mais depuis son arrivée il semblait plaire à tout le monde... avec quelques exceptions.

Journal de Tirielle - 4e feuille

Posté : 18 février 2019, 10:56
par Niemal
Mais c'est pas vrai, mais qu'est-ce que je suis venue faire ici !!! On va aller se friter une araignée géante démoniaque impossible à battre, avec en plus un sorcier qui rôde dans le coin et qui a peut-être accès à un palantír, tout ça pour sauver une femme qu'on connaît même pas et qui est presque déjà morte, pour faire plaisir à un gars qui veut se faire bien mousser et qui a peut-être d'autres raisons moins avouables ! Et les copains ont dit oui !! Et moi, comme une conne, j'ai dit que j'allais les suivre !!! Et en plus j'étais la seule à ne pas vouloir y aller, même Marti avait l'air content...

Sortie au théâtre
En fin de compte, le marchand nous a dit que le paiement aurait lieu le lendemain. Le noble qui avait commandité l'expédition, Angon Aludor, viendrait à l'auberge du Cygne Noir, où on créchait, le lendemain dans la matinée. Une salle avait été louée pour ça, le gars nous ferait aussi une offre de nouveau boulot. Bref, ça nous laissait un peu de temps pour faire des emplettes et gérer nos histoires personnelles. J'aurais bien voulu aller chercher quelques cadeaux pour les autres, du bon matériel de déguisement, des trucs comme ça. Et aider Belzagar à refourguer les couverts en argent qu'il avait pris chez le père de Manil, et qu'il trimballait depuis un moment déjà...

Alors on a fait des courses. A certains moments j'étais avec Ventus dans une espèce de grand théâtre, c'est peut-être un théâtreux mais il est nul en marchandage, j'ai dû prendre les choses en main. Le gars qui gère le matériel m'a dit de repasser le lendemain, il aurait quelque chose pour moi question matériel de déguisement. J'ai aussi vu qu'ils jouaient une pièce de théâtre le soir et je me suis dis qu'on pourrait y faire un tour. Sinon j'ai acheté savon et parfum pour offrir aux autres femmes du groupe, et je suis allé avec le grand pirate dans un magasin pour personnes fortunées pour voir combien on pouvait vendre les trucs en argent. Mais le marchand était un peu trop méfiant alors on n'est pas restés.

J'ai réussi à convaincre les autres de m'accompagner au théâtre. Ils jouaient une pièce à propos d'un truc qui se serait passé trois ans auparavant, une attaque sur la reine et une autre femme, ici même où on était. Il y avait une attaque de la part de deux personnages vêtus de noir avec une araignée dessinée sur le dos, des effets pyrotechniques sympas, des aventuriers vaillants, une reine sauvée de justesse, un culte démasqué et en fuite... L'histoire était un peu abracadabrante mais dynamique, et les acteurs jouaient bien. A la fin on est allés les féliciter voire leur donner quelques conseils. Ça faisait un peu penser à nos propres aventures, mais en fait c'était d'autres aventuriers que nous.

Anaelle en a profité pour nous donner des détails : elle était allée voir sa maîtresse en magie des soins, Morwen, laquelle avait dit de se méfier du noble qu'on verrait le lendemain. Et par ailleurs, la pièce de théâtre avait peut-être un rapport avec nous. On avait entendu parler de l'attaque de la reine déjouée par des aventuriers, et de l'absence de la personne qui contrôlait le palantír, la pierre de vision lointaine de Minas Ithil. En fait, cette personne, Lúthien Ascarnil, était dans le coma depuis trois ans, maintenue en vie mais plus pour longtemps. C'était Morwen qui la gardait en vie. Elle était très intéressée pour connaître la proposition du seigneur Aludor, le lendemain...

Paiement et proposition
Ledit seigneur est arrivé, avec une espèce de majordome un peu sec, pas très causant mais obéissant et efficace. Le seigneur Aludor a vanté les récits du marchand à notre égard, comme quoi on était bons et tout, et que grâce à nous l'objet qu'il avait acheté était arrivé à bon port. D'où une bonne paye - une pièce d'argent chacun - et une offre de travail qu'il était venu faire. Il nous expliqua alors que maintenant qu'il avait en possession un artefact manifestement magique, il cherchait des individus capables de s'en servir pour une mission des plus dangereuses : rien moins qu'aller voir une araignée vraiment géante dans les montagnes proches, et discuter le bout de gras avec elle pour récupérer un bijou qu'elle avait, bijou dans lequel était enfermé l'âme de la personne que Morwen gardait en vie...

Bon, il nous fallait plus de détails, et cet Angon Aludor en a donné : il y avait eu une vraie attaque sur la reine il y a trois ans, c'était de notoriété publique. Des aventuriers s'étaient interposés, et notamment une personne qui avait pris le sort destiné à la reine dans la gueule. Elle et l'autre personne visée, la dénommée Lúthien Ascarnil, avaient perdu leur âme, arrachée par des sorciers qui étaient à la tête du Culte de l'Araignée. Les deux âmes avaient été mises dans un bijou remis à l'araignée démoniaque, ce qui empêcha toute guérison. Les aventuriers étaient repartis avec leur amie blessée, et Lúthien était depuis dans le coma. Rien n'avait pu la guérir, et personne n'avait pu récupérer le bijou avec les âmes, pas même les aventuriers qui avaient sauvé la reine...

Et le seigneur Aludor dans tout ça ? Il avait entendu parler d'un artefact dans le lointain Harad, un objet magique qui permettait de contrôler des araignées géantes et intelligentes. Il avait réussi à se procurer l'objet à un prix très élevé, après avoir reçu des garanties que c'était quelque chose de sérieux. En fait l'objet attirait les problèmes, et auparavant il avait été possédé par un sorcier qui semait la terreur dans sa région. Mais un vaillant héros avait tué le sorcier... et il avait été corrompu par l'objet une fois récupéré ! Après un moment à faire lui aussi le mal, il s'était repris en prenant conscience de qui il était devenu, mais n'avait pas pu se débarrasser de l'objet. Il l'avait donc vendu contre promesse de le voir partir loin, et contre pas mal d'or, payé par Angon Aludor. Seigneur qui se disait que là où tout le reste avait échoué, cet objet maudit pourrait peut-être arriver à sauver Lúthien, bientôt condamnée.

Et il avait apporté l'objet dans son coffret métallique : c'était une pierre plus noire que noire, elle semblait absorber la lumière alentour ! Le coffret était d'ailleurs piégé avec du venin d'araignée géante, sous la forme d'un nuage de gaz qui pouvait émaner du coffret : certaines doses paralysaient, d'autres tuaient, il y avait une clé pour désamorcer le piège et une pour ouvrir le coffret. Et donc le seigneur Aludor voulait qu'on aille voir l'araignée démoniaque dans les montagnes, et qu'on la persuade, avec l'aide de l'objet magique qui permettait de commander aux araignées, de nous remettre le bijou avec les âmes arrachées. Le gars avait l'air de ne pas mentir, mais manifestement il ne disait pas tout. Il promettait beaucoup d'or, mais son intérêt n'était pas clair pour nous. Il a remballé en disant qu'on avait deux jours pour se décider, après il chercherait d'autres aventuriers compétents.

Discussion et choix démocratique
Une fois le noble parti, chacun y est allé de son analyse. Pour ma part, je me fichais pas mal de la personne dans le coma prête à mourir : qu'est-ce que ça changerait, elle était comme morte depuis des années... Et si la reine du Gondor elle-même n'avait rien pu y faire, qui étions-nous pour prétendre faire mieux ? Surtout que je ne sentais vraiment pas, mais alors vraiment pas, cette putain de pierre noire capable de transformer un héros en salaud assoiffé de meurtre. Ce qui ne manquerait pas d'arriver. Et penser que la pierre allait nous aider à obtenir un trésor de la part d'une araignée démoniaque que le Gondor était incapable de gérer, fallait pas rêver : elle ne le ferait qu'en échange de quelque chose d'encore plus gros et on s'en mordrait les doigts encore plus fort...

Avec ça, le gars n'était pas clair, et ne parlons même pas du sorcier qui nous avait tendu sa petite embuscade magique. Rajoutons quelques menaces à peine voilées : le seigneur Aludor avait l'air de savoir des choses sur nous, et d'ailleurs je commençais à remarquer qu'on attirait l'attention, avec parfois des gardes qui nous suivaient. Entre les casseroles du grand pirate, qui ne faisait pas trop couleur locale, et celle de Ventus, qui se maquillait pour ne pas être reconnu - d'ailleurs, son dernier déguisement était génial, personne ne l'avait reconnu - et échapper à ses créanciers, on pouvait avoir des soucis. Et le gars Aludor avait parlé d'effacer nos ardoises... Ça, plus quelques dizaines de pièces d'or - une fortune ! - ça pouvait faire tourner des têtes. Pourtant c'était pour moi que du pipi de chat à côté des mauvais trucs qui nous pendaient au nez dans cette affaire.

Les autres semblaient pas de mon avis, mais de toute manière il y avait trop de questions sans réponse. Anaelle est allée voir sa maîtresse en soins, Morwen, pour en savoir plus sur tout ça. Et elle est revenue en disant que ça pourrait peut-être marcher, d'après son amie. Amie qui connaissait quelqu'un qui pourrait peut-être nous en dire plus sur l'objet si on pouvait l'amener, comment s'en servir, ses pouvoirs, etc. Mais sans dire en combien de temps ça lui prendrait. Plusieurs disaient qu'il faudrait qu'on soit accompagnés par un magicien pour se servir de la babiole. Iteza, elle, était plus directe : d'une part ça l'intéressait, cette affaire, d'autre part si on la prenait pas, le seigneur Aludor trouverait d'autres personnes qui seraient moins douées que nous pour s'en charger donc fallait y aller et dire oui, point barre. On a voté, et tous sauf moi étaient de cet avis. J'ai dit que je les suivrais, mais je sens bien que je vais le regretter...

C'était midi, on est allés voir le seigneur, il était en train de manger en draguant, ou le contraire peut-être. Il y avait d'ailleurs une amie de l'ancienne petite amie de Ventus, qui l'avait mise dans le pétrin - sombre histoire d'enlèvement de la fille, qu'il avait dû payer sans pouvoir rembourser, bref. Les filles sont parties et on a dit au seigneur qu'on prenait l'affaire. Ils nous a remis l'objet, on a convenu d'une paye de vingt pièces d'or par personne, avec avance possible pour frais pour se préparer. Et il nous a donné en bonus son serviteur, chargé de lui rendre compte de ce qu'on faisait - de nous espionner, quoi - et de nous aider à payer ce dont on avait besoin au nom de son maître...

Expertise magique
On est revenus à l'auberge du Cygne Noir, où on créchait, et à nos frais à présent : le marchand avait été payé, il achetait de nouvelles marchandises et partirait dès que possible, et il avait compris qu'on était aux ordres d'un autre maintenant. Il continuait à partager bien des choses avec Iteza (la nuit), mais elle ne comptait pas partir avec lui comme il le voulait. On a passé la journée à faire quelques courses avec le serviteur, tout en attendant une info venant de Morwen pour peut-être un rendez-vous le soir même pour faire expertiser la babiole qu'on se fadait à présent : Belzagar portait le coffre, Ventus la clé du piège et Anaelle la clé du coffret. Ventus a fait du théâtre à l'auberge pour gagner quelques pièces et un repas, puis je suis montée et il a vu ce qu'une personne de sang elfique arrivait à faire : il est bon mais était un peu dégoûté de voir comme je m'en sortais mieux que lui.

En fin de journée on a vu venir à nous un serviteur de Morwen, pour nous dire que c'était bon pour le soir. On ne voulait pas y aller avec le serviteur, mais il avait tout suivi et il a été clair : pas de confiance égale pas de mission, pas d'objet, donc il venait. On est monté au quartier de la reine, on a été arrêtés plusieurs fois, ça faisait louche un groupe comme le nôtre dans un quartier huppé. Mais le serviteur a servi, il était connu, il a dit qu'on avait affaire avec Morwen et on nous a laissés passer. On est donc tous entrés chez la dame Morwen, soigneuse anoblie pendant la Grande Peste pour services rendus à la population. Quand elle a vu qui nous accompagnait, elle n'a pas trop réagi mais s'est éclipsée avant de revenir nous dire que son ami était prêt à nous recevoir...

Le magicien en question était couvert de vêtements qui ne laissaient rien voir de son visage. Sa voix semblait bizarre, ni homme ni femme, et il semblait plutôt petit mais on n'aurait pas pu en dire plus. Il nous a dit de l'appeler "le mage" tandis qu'on donnait de faux noms en se présentant. J'étais maquillée en humaine, et pareil, Ventus et Belzagar ne ressemblaient pas trop à eux-mêmes. Enfin bref, on a ouvert le coffret, le mage a fait tomber la pierre hors du coffret et a commencé à la manipuler avec des mains gantées, non sans émettre parfois de petites exclamations discrètes. En fin de compte, en précisant bien que pour avoir davantage de détails, il faudrait qu'il y passe plus de temps, il a commencé à nous parler de cette pierre noire.

Pour commencer, cette personne masquée a annoncé que, pour le peu qu'elle en savait, il s'agissait peut-être d'un artefact très ancien, d'avant le soleil et la lune : une pierre de lumière elfique de Valinor volée par Morgoth et avalée par Ungoliant. Elle avait de grands pouvoirs corrupteurs, et attirait les araignées géantes dans un rayon de dix kilomètres, faisant fuir tous les animaux normaux (oiseaux, rats, insectes, petites araignées...) dans ce même rayon. Elle permettait sans doute d'influencer (commander...) aux araignées intelligentes, et conférait probablement des pouvoirs magiques. Ça et son pouvoir corrupteur, elle transformerait n'importe qui en sorcier maléfique assez vite, quoi. Et elle déconseilla de donner la pierre à un magicien comme elle-même, ou toute personne un tant soit peu puissante : il fallait au contraire la donner à quelqu'un d'inoffensif, avec une bonne volonté. Sachant que la pierre tenterait d'influencer son ou sa porteuse...

Déjà, on avait discuté de ça entre nous, et dans l'équipe on avait vu qu'il n'y avait que deux candidats pour cette pierre corruptrice : Anaelle tout d'abord, soigneuse et personne de bien, même si elle était un peu naïve - ce qui était peut-être une force. Et Ventus, qui était un pacifiste incapable de faire de mal à une mouche. Le côté naïf d'Anaelle, selon le mage, était un gros défaut car la pierre allait souvent s'en servir. Donc en fin de compte c'est le théâtreux du groupe qui allait se taper la pierre et discuter avec l'araignée démoniaque. Ben on est pas sortis d'affaire...

Journal de Tirielle - 5e feuille

Posté : 05 mars 2019, 00:02
par Niemal
Mais qui m'a fichu des compagnons de route pareils ? Les trois nouveaux qui viennent de la ville, ben, à part Anaelle qui se débrouille très bien, les autres ont pas l'air d'avoir sorti beaucoup le nez (et le reste) de la cité ! Entre Iteza qui manque de nous faire tomber tous, et Ventus qu'on dirait moins costaud ou endurant que Tobias notre ancien soigneur hobbit, on n'est pas gâtés ! Et maintenant qu'on est face à cette foutue araignée-démon, le théâtreux, l'a intérêt à se montrer vraiment convaincant, sinon je vois mal comment on va s'en sortir ! Comme les tas d'os rencontrés en route sans doute...

Organisation et départ
D'après la carte copiée chez le seigneur qui nous employait, le voyage jusque chez l'araignée devait pas être trop long, sans doute moins d'une journée. Comme en plus la personne à sauver était au bout du rouleau et risquait de partir chez Mandos sans trop tarder, je me suis dit qu'on n'avait pas trop de temps à perdre côté préparatifs. J'ai dit aux autres qu'on passerait juste une journée à Minas Ithil pour les préparatifs, puis qu'on partirait. Le temps d'acheter quelques vivres et autres bricoles dont on aurait besoin. Et puis il faudrait voyager léger, pas question de prendre de l'équipement qui ne risquait pas de nous servir.

Au matin, Ventus a essayé de se servir de la pierre maudite pour savoir où on irait. Il a perçu des choses, s'est mis à sentir ce que c'est que d'être une araignée, mais comme il est nul question orientation, il a demandé où était le nord. Belzagar lui a pris la pierre et l'a envoyé valdinguer sèchement, et s'est concentré sur la pierre lui aussi : il a ressenti un peu la même chose, et a dit que l'araignée était dans les montagnes comme prévu. Puis il a rendu la pierre au théâtreux, qui est resté un peu choqué par les méthodes brutales du pirate. Après quoi Ventus est parti avec Caleb, le serviteur du seigneur, pour s'acheter du matériel de couture de qualité, des tissus et du cuir, pour pouvoir se faire des gants. Il a commencé à les confectionner mais une journée était pas assez pour faire ça bien et il a laissé son matériel en ville avant qu'on parte.

De notre côté on a acheté de la nourriture à emporter - juste trois jours ça me semblait bien - et on avait le reste, notamment de la corde. On a profité du reste de la journée à essayer d'en savoir plus sur le trajet ou l'araignée : j'ai utilisé le bouquin magique de Manil, et j'ai appris des tas de choses sur l'araignée qu'on allait rencontrer : énorme (corps de six pas de long, des pattes de la même taille), impossible à combattre (Beren lui-même l'aurait combattue sans pouvoir la tuer, c'est dire), et vaut mieux avoir des armes magiques ; c'est la mère des araignées géantes du Mordor et de la Forêt Sombre ; elle possède des poisons mortels ou paralysants, elle est joueuse... mais elle déteste la lumière. Et on peut la sentir de très loin, on dirait qu'elle a sur elle une odeur de charogne vraiment très forte. Mouais.

Le lendemain on est partis à l'aube. On est sortis de la ville, et on a marché une heure ou deux jusqu'à un pont pour franchir la rivière de la lune qui traverse la vallée, avec le chemin qu'on voulait prendre de l'autre côté. Il y avait une patrouille de gardes du Gondor sur le pont, ils nous ont demandé où on allait. Quand on leur a dit, ils ont poussé des hauts cris en disant qu'on était cinglés, il y avait plein d'araignées géantes pas loin, elles étaient particulièrement actives ces derniers jours. Bref, selon le capitaine, on allait se faire bouffer. Si même on y arrivait : on était vêtus légèrement pour certains, comme les trois nouveaux copains. Or on était encore en hiver, on allait monter haut en montagne, avec de la neige et du vent ! On s'est regardés comme des cons : moi je faisais pas attention, j'ai pas froid, et Belzagar, Marti et Gaerwen étaient habitués aussi et plutôt équipés, mais les autres... Résultat : retour à Minas Ithil pour aller acheter des vêtements chauds ! Quels nuls on fait...

Escalier Droit
On est donc revenus à la cité de la lune, on a acheté des vêtements chauds pour Anaelle, Iteza et Ventus, et on est repartis. On est arrivés au pont blanc peu avant midi, une autre patrouille avait remplacé la précédente, et on a eu droit aux mêmes commentaires. Mais bon, les gardes nous ont laissé passer. Il y avait un mur qui longeait la route près du pont, mais une petite ouverture donnait sur un sentier qui devait nous mener à une corniche qui grimpait dans la montagne. Et après un moment, on est arrivé à un escalier droit et étroit, très raide, presque comme une échelle. Loin au-dessus, on ne voyait pas le sommet de la montagne, et même pas le sommet de l'escalier en fait : des nuages bloquaient la vue et le soleil. Mais je pouvais bien voir que l'escalier était vraiment très long.

Alors on s'est encordés, car ça ne paraissait pas très difficile de faire une mauvaise chute sur le côté ou en arrière. Le flanc de la montagne était très raide, une chute serait fatale. On a fait deux cordées : la première avec moi en premier, puis Belzagar, Ventus et Iteza. La seconde avec Marti, Gaerwen, Caleb et Anaelle. A peine on a commencé à monter que la sulfureuse rousse a fait un mauvais pas et a commencé à glisser sur le côté, prête à tomber dans le vide. Ventus s'est accroché aux marches et aux pierres, et il a réclamé de l'aide, et rapidement, car il ne tiendrait pas longtemps ! Belzagar, sentant la corde se tendre, n'a pas été déséquilibré. Il a juste tiré la corde et a soulevé les deux citadins à la force des bras, jusqu'à ce qu'ils soient à nouveau au milieu de l'escalier, contre la paroi rocheuse...

On est repartis en demandant à Iteza de faire plus attention, et elle a fait des efforts. Mais Ventus et elle étaient assez lents, ils n'étaient pas à l'aise dans cet escalier raide et dangereux. On a donc monté lentement, et c'est vrai que c'était fatigant. Bientôt on est arrivés juste sous le niveau des nuages, quand le théâtreux a demandé une pause : il n'en pouvait plus, il avait besoin de se reposer un moment... On en a profité pour manger un brin, tandis que loin à l'ouest, on voyait le soleil descendre. La nuit allait bientôt tomber, il ne fallait pas s'arrêter là... En même temps, j'ai commencé à entendre des bruits de cliquetis au-dessus de nous : des araignées géantes étaient en train d'arriver...

Belzagar a fait passer la boîte à Ventus, juste en-dessous de lui, et Anaelle a fait passer sa clé. Le théâtreux a tout ouvert et pris la pierre, juste à temps pour accueillir trois araignées géantes qui arrivaient. On avait nos armes prêtes, mais Ventus s'est mis à parler dans leur langue, on n'y comprenait rien. Mais en fin de compte les araignées se sont éloignées un peu dans le nuage. Il nous a expliqué qu'elles auraient bien voulu "s'occuper" de nous plutôt que de nous laisser filer voir leur mère qui nous mangerait immanquablement... Enfin bon, après un moment on est repartis, tandis que la nuit tombait. On a juste eu le temps d'arriver au sommet de l'escalier, dans le nuage. Puis on s'est installés sur la corniche tandis que Ventus se plaignait de ses courbatures douloureuses et qu'il recevait un soin magique des mains d'Anaelle. Et puis on a dormi un brin après un repas froid.

Escalier en Lacets
Belzagar a pris le premier quart, tandis que je me reposais et que les autres dormaient. Puis je l'ai remplacé pour le reste de la nuit, tandis que davantage d'araignées géantes venaient rejoindre les trois premières qui nous avaient accompagnés. Plus tard, quand tout le monde a été réveillé, il devait bien y en avoir au moins une dizaine, et d'après Ventus, qui gardait maintenant la pierre sur lui, dans sa bourse, elles n'arrêtaient pas de râler que c'était vraiment injuste de laisser toute cette bonne nourriture partir à Arachné, leur mère. Mais apparemment les ordres donnés par le théâtreux seraient respectés et on ne serait pas attaqués...

On est repartis alors que ça s'éclaircissait un peu, même si on restait dans le brouillard. On ne voyait pas les araignées, mais on les entendait. Il y avait de plus en plus de neige, mais pour l'instant ça restait gérable, si ce n'est que les mêmes étaient toujours aussi lents, si bien qu'on n'allait pas vite. Et puis enfin, vers le milieu de journée, on est arrivés au deuxième escalier, celui en lacets. Moins raide que le premier, mais avec la neige c'était bien plus délicat à franchir. Ça risquait d'être dur pour certains, et l'escalier était encore plus long que le premier... Enfin bon, on a mangé un peu et on est repartis.

La neige devant nous était pleine de traces des pattes des araignées géantes qui nous précédaient. On montait, lentement, mais sans incident cette fois, malgré la difficulté plus grande. Iteza faisait son possible, Ventus aussi, c'était juste très lent. Et après un assez long moment, le théâtreux s'est arrêté et a réclamé encore une pause. Et donc on a fait une pause, et on est repartis alors qu'il commençait à faire nuit. Et cette fois on a allumé des lanternes, une au milieu de chaque cordée. Et puis Ventus s'est à nouveau écroulé, mais il faisait bien nuit à présent, et on n'allait pas attendre là, et on ne pouvait pas faire de camp et dormir, il fallait finir ce fichu escalier.

Malgré les courbatures de Ventus on est repartis. Iteza a essayé de lui remonter le moral, qu'il avait assez bas, pour l'aider à progresser. Ses encouragements ont porté leur fruit, il a progressé à son allure mais sans s'arrêter. Et enfin on est arrivés en haut de l'escalier, dans la nuit et la purée de pois - on ne voyait pas à plus de trois pas. Le théâtreux avait mal partout, Anaelle s'est encore occupée de lui. Avec la neige on a pu installer une tente sur la corniche, on a mangé encore un peu - il ne restait qu'une journée de vivres ! - et on est allés dormir, avec les mêmes tours de garde que la veille, soit Belzagar et moi. Sans parler des araignées qu'on entendait tout autour...

La passe de l'araignée
Au petit matin, on a repris la route. Comme la fois précédente, Ventus ne sentait plus aucune douleur grâce aux soins magiques d'Anaelle, et son sommeil avait été très récupérateur pour son moral. Après très peu de temps, la corniche s'est arrêtée devant une large caverne qui pénétrait directement dans la montagne : nous étions arrivés à la passe de l'araignée. Six pas de large, quatre-cinq de haut, on n'aurait plus à marcher les uns derrière les autres... mais ça semblait assez gros pour l'araignée qu'on allait rencontrer. Il faisait plus noir que dans un four, et on a allumé une lanterne, tenue par Ventus, au milieu de nous. Et puis on est entrés, précédés et suivis par un tas d'araignées géantes - quelques dizaines sans doute.

Sans trop tarder, on a rencontré deux choses dans ce grand tunnel : d'abord des ossements, plutôt du genre que laisserait un orc, d'après la soigneuse. Souvent ça venait avec des restes de soie d'araignée, mais des soies sacrément grosses et dures. Et parfois on a même rencontré des cocons de soie suspendus en l'air, avec des choses vivantes dedans. Une fois un orc, une autre fois une espèce de très gros lézard... On s'est dit que ça ferait mal de lui gâcher son garde-manger avant de la voir, alors on a préféré ne toucher à rien. En tout cas les fils de soie avaient l'air assez costauds pour retenir même quelqu'un comme Belzagar...

On a aussi rencontré des passages plus petits sur les côtés. Au début on a voulu les suivre pour voir où ça pouvait mener, mais on a vite compris que c'était peine perdue : ils faisaient un labyrinthe en trois dimensions dans lequel les "petites" araignées géantes progressaient et vivaient, à l'abri de leur mère. Car il ne restait plus aucune araignée géante pour nous précéder : toutes restaient soigneusement derrière nous, et Ventus pouvait nous traduire qu'elles avaient peur de se faire manger par Arachné, et en même temps elles étaient très attirées par la pierre... En tout cas le gros boyau dans lequel on progressait était artificiel, régulier, manifestement de facture gondorienne. Les autres tunnels latéraux, eux, semblaient plus naturels, juste élargis par le passage répété de nombreuses araignées géantes.

Plus on progressait, plus l'infecte odeur de charogne qui empestait dans le tunnel devenait plus forte. Egalement, on avait l'impression que l'obscurité autour de nous était plus grande, et la lumière de la lanterne ou mon aura elfique ne portaient plus aussi loin. Enfin, on a senti qu'on arrivait à quelque chose de nouveau : il y avait une présence non loin devant, ça nous a pris aux tripes sans même la voir, mais ce n'était pas difficile de deviner ce que c'était. Quant à l'odeur, ça devenait de plus en plus dur à supporter. Les lumières ne semblaient plus éclairer grand-chose, et j'entendais quelque chose de gros devant nous, impossible à voir, qui nous attendait. Arachné était là, et je sentais bien que je n'avais vraiment aucune envie de m'attarder plus que nécessaire dans cette foutue passe de l'araignée. Vite qu'on récupère le bijou avec les âmes des deux guignols et qu'on foute le camp au plus vite !

Journal de Tirielle - 6e feuille

Posté : 16 avril 2019, 10:45
par Niemal
Déjà que je trouvais que les nouveaux faisaient boulet pour certains, voilà maintenant que je découvre des côtés bien plus noirs à leur personnalité, et en particulier concernant Iteza. A sa décharge, elle est plus efficace - sur son domaine - que je ne l'aurais cru. Avec elle, ça ne bouge pas, ça déménage ! Mais côté sens moral, par contre, je ne suis pas sûr qu'elle en ait beaucoup plus qu'un orc ! Qu'importe la méthode, pourvu qu'on ait le résultat... Et le pire c'est que les autres la suivent, comme si le sacrifice de plus d'une quinzaine d'innocents ne serait qu'un "moindre mal". Me demande si je ne vais pas aller rejoindre le hobbit, moi !

Confrontation
Mais reprenons : on était face à Arachne, terrible araignée géante venue du fond des âges, dernier enfant d'Ungoliant pour tourmenter le pauvre monde. Son corps emplissait toute la largeur du tunnel pourtant bien vaste, elle puait comme les pires charognes que j'aie jamais senties, elle semblait environnée de ténèbres, et de ses yeux à facettes brillants on pouvait sentir toute sa malice et sa malveillance. Face à elle : Ventus, armé seulement de son pacifisme benêt et de la pierre d'Ungoliant qui lui permettait de parler comme une araignée et de l'influencer magiquement. Autrement dit, on était pas dans la merde...

Le Ventus s'est mis devant - faut reconnaître qu'il a des couilles, à défaut de cervelle - et il a commencé à lui parler dans une langue à laquelle on ne comprenait rien. Comme ça n'avait pas l'air d'avancer beaucoup - en tout cas pas dans la bonne direction - il se tournait souvent vers nous pour nous demander de l'aide, des idées. Au début elle semblait prête à nous donner la pierre avec les deux âmes en échange de bouffer deux d'entre nous - Belzagar et moi, pour être précis. Elle a l'air d'aimer les elfes et les Dúnedain. Mais après elle voulait manger toute l'équipe, et puis en fin de compte il fallait encore plus, et tout de suite ! Bon sang, Ventus, comme négociateur tu la fous un peu mal. Pas que ça m'étonne, mais là j'espérais vraiment mieux !

Arachne a commencé à se faire plus menaçante et à avancer vers nous. Quand Ventus a essayé de la toucher avec la pierre d'Ungoliant, l'araignée-démon a failli lui arracher le bras (et la pierre avec), il a dû plonger sur le côté pour rester en vie et en possession de la pierre. Vu comme ça sentait bon, Marti et moi on a commencé à s'enfuir, mais les autres, à commencer par Anaelle, ont préféré se précipiter sur la pierre pour la toucher. Bientôt ils étaient cinq à toucher la pierre et à discuter avec Arachne, et peu à peu elle a semblé se calmer. En gros, certains avaient des idées, et le théâtreux, qui est quand même un beau parleur, reformulait de manière à mieux faire passer la pilule.

Au final, ils sont quand même arrivés à un accord qui ne nécessitait pas que je me fasse bouffer maintenant et tout de suite : contre une quinzaine de personnes vivantes, de préférence des "elfes et grands hommes" (des Dúnedain, quoi), elle voulait bien nous remettre la pierre avec les deux âmes. Et elle nous a laissés repartir. Au passage, on a aussi découvert que le magicien copain de l'amie d'Anaelle, celui qu'on avait vu à Minas Ithil, ben il nous avait suivi pour aider "au cas où". D'ailleurs sa voix avait changé et c'était une magicienne, et elle a servi à rien. Mais elle a quand même confirmé qu'elle sentait la pierre qu'on cherchait pas loin. Après ça on est sorti de la caverne, il y avait un grand soleil et avec la neige il a fallu qu'on se couvre les yeux (à l'aide de tissus fendus réalisés par Ventus) et la magicienne nous a laissés.

Corruption
On n'a pas traîné : on s'est encordés à nouveau et on a descendu l'escalier en lacets. Entre la neige et le reste, ça a pas été simple, et le théâtreux et sa copine courtisane ont glissé plus d'une fois, retenus seulement par le pied sûr et les beaux biceps de mon pirate adoré. Ils se sont fait un peu mal mais rien de méchant. Par ailleurs, les araignées géantes - les filles d'Arachne - sont revenues dès que la nuit est tombée. Heureusement Ventus les tenait mieux que leur mère, et il a même réussi à passer une espèce de contrat : contre quelques proies, certaines étaient prêtes à aller chercher dans l'antre de leur mère le bijou qu'on cherchait. Rendez-vous dans dix jours au même endroit, entre les deux escaliers...

Bon, on était crevés, il fallait se reposer, alors les toiles des tentes ont été installées du mieux possible, comme à l'aller. Moi je me suis mise à méditer, comme un sommeil très profond que les elfes utilisent pour se reposer. A mon réveil il s'était passé des choses, et j'ai eu droit à une petite histoire qui m'a laissée songeuse. Pour faire très court, en touchant la pierre d'Ungoliant, Gaerwen, Iteza, Anaelle et Belzagar ont été corrompus par la sorcellerie de la pierre. Je ne sais pas pourquoi ça n'a pas marché sur Ventus - il a pas fini de m'étonner celui-là - mais les autres ont tous ressenti l'envie de posséder la pierre pour eux.

Et deux d'entre eux ont essayé de la prendre. Au début tout le monde se reposait, sauf le pirate à mes côtés et le théâtreux à l'autre bout du groupe - tous deux montaient la garde. Anaelle non plus ne dormait pas, elle a voulu vérifier les plaies reçues en cours de journée par Ventus, et refaire les pansements. Elle lui a notamment demandé d'enlever son pantalon, avec la pierre maudite dans la poche. Il a fait comme demandé... mais en gardant la main sur la pierre, à travers le tissu. Anaelle a voulu prendre le pantalon et la pierre avec, mais le théâtreux a tenu bon. Soudain Iteza est arrivée par derrière et elle a voulu arracher le pantalon des mains de Ventus mais il a été le plus fort, il n'a pas lâché - et le pantalon s'est déchiré. Les deux filles ont commencé à se battre et ça réveillé tout le monde sauf moi.

Du coup elles ont fini par se calmer et se rendre compte de ce qu'elles avaient fait, et du pouvoir corrupteur de la pierre. Pouvoir corrupteur qu'ils étaient donc quatre à ressentir... ça promettait de ne pas être triste par la suite ! En tout cas le reste de la nuit s'est bien passé, et Ventus a pu garder la pierre sans plus de problème, après avoir raccommodé son pantalon - ses talents de couture sont utiles, faut reconnaître. Au matin on a repris la descente, avec toujours quelques petits soucis pour certains, mais on a pu arriver au bout de l'escalier droit. Peu après on était revenus à Minas Ithil, à l'auberge où on avait laissé nos affaires. Iteza était en manque de sexe, alors Ventus l'a emmenée voir des copains à lui chez qui elle trouverait sûrement chaussure à son pied, et de toute manière elle n'était pas difficile dans son état.

Recrutement
Le serviteur d'Angon Aludor est parti chez son maître faire son rapport, Anaelle a rejoint les Maisons de Guérison, et pour les autres on a préféré se reposer. Les jours qui ont suivi le groupe n'a pas été trop soudé, chacun vaquant à ses propres tâches. Pourtant on était censés trouver une quinzaine de volontaires prêts à se sacrifier pour la bonne cause, ou des gens perdus de toute manière, comme des malades en phase terminale, des prisonniers condamnés à mort, ce genre de cas. Et honnêtement, ce n'est pas quelque chose qui me plaisait beaucoup, et je rêvais de laisser tout tomber et de laisser crever la personne privée d'âme qu'on était censés sauver.

Côté Maisons de Guérison, Anaelle est revenue bredouille : les soigneurs de Minas Ithil, et son amie Morwen la première, étaient trop bons, trop efficaces. Il n'y avait guère que des blessés légers. Du côté des prisons, la piste n'a pas vraiment été explorée. Gaerwen est allée voir du côté de l'armée, en espérant avoir des passe-droits grâce à son origine noble, mais elle n'est pas trop connue par ici. Donc ça n'a rien donné non plus. Ventus s'est concentré sur la fabrication de gants... Seule Iteza semblait bien active, elle rentrait tard la nuit, ou plutôt tôt le matin, pour nous dire qu'elle avait trouvé des volontaires. Mais où était-elle allée les chercher ?

Certains ont aussi fait un tour à la bibliothèque de la cité pour en savoir plus sur les araignées géantes, entre autres choses, et Anaelle a questionné ses contacts. J'ai cherché des choses dans le livre magique, mais sans grand succès. La soigneuse a cherché des trucs sur les objets magiques qui faisaient de la lumière, de manière à combattre Arachne éventuellement. Elle a appris l'histoire des Silmarils, elle a lu que les nains et les elfes étaient capables de faire des pierres lumineuses, même si elles n'étaient pas forcément très fortes ou durables... A côté de ça, la magicienne qui nous avait suivi nous avait dit qu'elle pouvait faire de la lumière mais elle ne savait pas si ce serait suffisant face à l'araignée-démon... et elle ne tenait pas trop à faire le test.

Au moins ces quelques jours ont servi à se retaper physiquement et moralement, même si j'avais encore bien des doutes sur notre mission. Anaelle et Iteza semblaient les plus actives, et en fin de journée, trois jours après notre retour des montagnes du Mordor, la belle aguicheuse est venue nous annoncer qu'elle avait trouvé assez de volontaires, et même plus : dix-sept personnes étaient prêtes à nous accompagner dans les montagnes pour faire face à Arachne ! Ou du moins c'est ce que cette petite maligne nous a dit. Mais qu'en était-il exactement ? Je commençais à avoir des doutes sur sa moralité, et ce qui a suivi m'a donné des frissons...

Décision
Pour commencer, j'aurais bien aimé avoir confirmation que ces personnes étaient prêtes à se sacrifier pour la bonne cause : savaient-elles vraiment ce qui les attendait ? D'où venaient-elles ? Au début Iteza s'est montrée très rassurante, mais plus on creusait et plus elle était évasive. Sûr qu'elles étaient prêtes à monter avec nous dans les montagnes du Mordor, mais pour quoi et pour qui, c'était autre chose. Pour récupérer l'âme de Lúthien Ascarnil et celle d'une elfe aventurière, pour le bien de Minas Ithil, du Gondor et des peuples libres ? Prêtes à se faire dévorer par une araignée-démon pour cela ? Ou juste prêtes à suivre une aguicheuse qui avait fait tourner leur cœur en jouant de ses charmes et en disant qu'elle était une faible femme ?

Et je n'ai pas été la seule à être choquée : Ventus a découvert qu'une demi-douzaine de ces personnes faisaient partie de la troupe de théâtre dans laquelle il avait envoyé la belle pour qu'elle soit réconfortée. Ça l'a un peu estomaqué, mais ce couillon a quand même dit oui, à condition que ses amis soient vraiment consentants. Me demande ce qu'il lui faut pour ouvrir davantage les yeux... Et j'imagine assez bien la provenance des autres, au vu des retours précoces d'Iteza les matins, avant d'aller se coucher : divers individus pêchés dans les tavernes et bas-fonds, transis d'amour après les petits tours de la belle, experte en la matière. Autant de personnes peut-être prêtes à aller en enfer lorsqu'on l'imagine dans les bras d'une chaude courtisane, mais face à la réalité, je doute de leur motivation pour se sacrifier, dévorés par une araignée géante presque aussi vieille que le monde...

N'empêche que les personnes étaient là et que personne n'avait fait mieux. Et Iteza de dire que de toute manière, on sacrifiait quelques personnes pour en sauver d'autres et pour le bien du royaume, pas vrai ? On ne fait pas d'omelette sans casser d'œufs... Et le pire, c'est que les autres lui ont donné raison, même Marti ! Et on était juste dans les temps : entre le fait de rameuter tout le monde, organiser l'expédition et monter là-haut, entre les deux escaliers, on serait un poil en avance. Donc Iteza allait prévenir tout le monde le lendemain pour un départ le surlendemain, et ce serait très bien, on aurait le temps de faire la grimpette. Vu comme on a galéré, je me demande franchement combien seront capables d'arriver au point de rendez-vous.

Et puis quel rendez-vous au fait ? On avait dit quinze personnes à Arachne, sans déterminer de date, et juste "des" proies à ses filles, dans dix jours, alors ça rime à quoi d'en amener plus de quinze ? Et où ? Donner rendez-vous aux filles et tromper la mère ? J'ai prévenu les autres que c'était une très mauvaise idée de vouloir se jouer d'un être comme celui-là. Mais Iteza a répondu qu'il y aurait quinze personnes pour Arachne, et les autres, en bonus, pour les filles. On allait sacrifier froidement des innocents, avec des "bonus" en prime ? Et avec quelle garantie d'avoir les deux âmes en échange ? J'étais écœurée et j'ai dit aux autres qu'il ne fallait pas compter sur ma participation pour ce coup-là.

Journal de Tirielle - 7e feuille

Posté : 19 mai 2019, 23:08
par Niemal
De mieux en mieux. Si les autres ont bien pris acte de mon absence de participation, ça ne s'est pas passé si facilement avec Ventus. Je ne dirais pas que j'ai beaucoup de sympathie pour lui, mais franchement, lui faire subir ce qu'il a subi par peur qu'il compromette le déroulement de la mission... Et relativement, certains tiennent à lui, sinon Belzagar se serait empressé de réduire l'équipe d'un membre qu'il trouve plus qu'inutile ! Et moi aussi j'ai eu droit à quelque chose que je ne pensais pas pensable de la part de gens auxquels j'avais accordé ma confiance... ou du moins d'une des dernières en qui j'avais confiance.

Petits complots
Après la réunion du groupe, je suis descendue dans la salle commune de l'auberge pour profiter d'un dernier repas avec mon homme. Ou du moins c'était mon intention, profiter le plus possible de lui avant qu'ils ne partent tous le lendemain matin, comme prévu, avec dix-sept innocents qui allaient être sacrifiés "pour le bien commun". Pour Iteza, on sacrifiait dix-sept gugusses qui n'avaient rien demandé, et on sauvait une cité de trente mille âmes, donc tout allait bien. Elle allait un peu vite pour juger du bien ou du mal de ses actions, mais dans la mesure où les autres la suivaient, je n'avais rien à dire...

Et donc je traînais avec Belzagar, profitant de ce qui serait sans doute notre dernier repas ensemble, car je n'avais pas beaucoup d'espoir de réussite de leur expédition, vu comme ça se profilait. J'avais aussi idée de continuer à profiter de lui après le repas, mais... j'en ai été un peu pour mes frais. D'abord parce que le repas a été un peu interrompu : alors qu'il était parti se soulager, son absence s'est prolongée... plus que la normale. Il a fini par revenir au bout d'un moment, la tête pas vraiment dans son assiette, concerné on va dire. Et inutile de dire que le repas était froid, et moi j'allais finir par l'être aussi...

Il s'était réveillé dans les latrines, et rien ne lui avait été volé, il n'avait aucune marque de coup, bref il n'avait pas été assommé. Et il ne voyait aucune explication à ce qu'il s'était passé. Sa méfiance pour d'autres membres du groupe ne fit que grandir, non sans raison peut-être, mais peut-être qu'elle était mal placée. Je savais en fait ce qui s'était passé, mais ce n'était pas vraiment dans son intérêt d'en savoir trop. Si jamais je dois le revoir, j'imagine qu'il me comprendra. En attendant, son absence ne fut pas perdue pour tout le monde, même si j'avais idée d'un autre genre de tête-à-tête qu'avec la personne qui est venue le remplacer... Néanmoins ce ne fut pas inutile.

Le repas une fois terminé, comme je m'apprêtais à l'inviter dans notre chambre pour une suite un peu plus gaie, la belle Iteza est venue me couper l'herbe sous le pied : elle l'a invité à la suivre pour un menu service concernant Ventus, et le bon déroulement des opérations. Et je me suis retrouvée seule, certains humains diront comme une conne, avant d'aller dans ma chambre à attendre mon homme pendant que ça discutait pas très loin - mais pas la voix de Belzagar, juste celle de Ventus qui accompagnait celle d'Iteza. Et on dirait que les pouvoirs de persuasion de la belle n'avaient pas trop d'effet sur le théâtreux...

Prisonnier !
En bref : Ventus avait dit qu'il était d'accord avec le plan seulement si les personnes à sacrifier étaient conscientes de la sauce (araignée géante) à laquelle elles allaient être mangées. Et dans la mesure où il connaissait six de ces personnes, on pouvait compter sur lui pour les prévenir qu'elles allaient à une mort certaine. Iteza voulait donc le convaincre de ne rien dire, notamment en lui rappelant qu'il devait une centaine de pièces d'or à un usurier et que la mission était nécessaire pour réunir la somme ! Mais peine perdue, elle n'a pas obtenu de lui ce qu'elle voulait... Elle a donc utilisé son joker, qui attendait tranquillement derrière la porte de la chambre de Ventus. Et Belzagar est entré, comme il savait qu'il le ferait tôt ou tard.

Le baladin a vite été maîtrisé, et un bon coup de mon homme à l'arrière du crâne, en plus de le faire saigner un peu et de lui faire une belle bosse, l'a envoyé au pays des songes. Après quoi Iteza et Belzagar l'ont attaché au lit, nu, bâillonné, recouvert par le drap et la couverture. L'idée était de le laisser là au départ du groupe, en disant à l'aubergiste qu'il était malade. Avec consigne de lui apporter un bol de soupe en soirée, quand ce serait trop tard pour faire échouer leur expédition. Et de manière à avoir quelqu'un pour le libérer et éviter qu'il ne meure de faim et de soif. Mais les deux comparses virent plusieurs problèmes à leur petit plan.

Premier problème : Iteza savait que son compère était adroit et qu'il pouvait parfois se libérer de ses liens. Belzagar s'empressa alors d'aller fouiller son équipement - moi qui pensait qu'il revenait pour moi ! - pour en ramener des chaînes et cadenas dont il avait fait l'acquisition au cours de nos aventures... Avec ça, les vêtements de Ventus furent déchirés pour qu'il ne puisse pas s'en servir, et ses bottes confisquées ! Deuxième problème : le corsaire voyait d'un très mauvais œil les autorités avoir vent de l'affaire, ce qui ne manquerait pas d'arriver si l'aubergiste trouvait Ventus attaché au lit. Mais Iteza lui rappela que son ami (!) ne tenait pas à ébruiter sa présence dans la ville, rapport à la dette qu'il avait...

A force de les entendre discuter à côté, sans voir revenir mon homme, j'ai fini par frapper à la porte. Ils m'ont laissé entrer, et j'ai pu découvrir l'étendue du petit complot ourdi par Iteza et Belzagar au détriment de Ventus. La belle aguicheuse a argumenté de la nécessité de faire ainsi pour garantir que cela ne pouvait être autrement. Honnêtement, connaissant Ventus, je me disais qu'elle avait sans doute raison, même si je n'étais pas d'accord avec ses méthodes. Mais bon, après tout je me lavais les mains de tout ça, ce n'est pas moi qui allait me les salir, c'était son plan à elle et elle rappelait souvent qu'elle était la seule à avoir fait avancer la mission. Et puis on a frappé à la porte.

Nuit blanche
C'était Anaelle, qui manifestement ne dormait pas non plus malgré l'heure tardive. Et elle avait apporté un plateau avec quatre pots remplis d'infusion, un pour chacun d'entre nous - sauf Ventus - et un pour elle. Et elle nous invita à boire pendant que c'était chaud, ce qu'elle s'empressa de faire avec son pot. J'ai pris un des trois autres, j'ai bu la tisane - fort bonne au demeurant - tandis que la soigneuse se voyait opposer un refus poli mais ferme de mes deux autres compagnons. Et puis je suis tombée au pays des songes où j'ai peut-être rejoint Ventus et Mordin, qui dormait lui aussi pas loin.

Le ton a monté entre les trois qui restaient, Belzagar disant que c'était la deuxième fois et qu'il n'allait pas se faire encore avoir - à la grande surprise d'Anaelle. Et il l'a forcée à boire les deux tisanes, ce qu'elle accomplit sans s'endormir. Mais plus tard - lorsque je me suis réveillée après un bon somme - elle avoua tout de même avoir drogué la tisane, "par peur de mon désaccord". Moi qui avait confiance en elle, me voilà à nouveau conne... Mais Belzagar, qui avait la pierre d'Ungoliant sur lui après l'avoir prise à Ventus, ne semblait pas le moins du monde surpris. Il n'y avait que Marti et moi qui ne l'avions pas touchée, mais je sentais bien à quel point cette saleté de pierre pourrissait tout autour d'elle !

En attendant, je dormais encore quand une nouvelle personne a frappé à la porte : Gaerwen non plus ne pouvait pas dormir, et elle venait aux nouvelles après avoir suivi de loin ce qui se disait. Elle aussi était attirée par la pierre portée par le pirate d'Umbar, et le sommeil lui était impossible. Et lui sentait bien que si jamais il dormait, il n'aurait plus la pierre à son réveil ! La nuit blanche se poursuivit donc entre les quatre compagnons, aucun ne voulant ou pouvant dormir, sachant que tous savaient que Belzagar était le plus fort physiquement, et qu'aucun ne pouvait avoir confiance en nul autre que lui-même...

Et puis j'ai fini par me réveiller. Belzagar était là avec Iteza, Ventus était toujours inconscient, mais les deux autres femmes étaient reparties dans leur chambre respective. Ou du moins c'est ce qu'elles avaient dit : j'ai trouvé Anaelle en train d'espionner derrière la porte - elle a failli se la prendre dans la figure quand je suis sortie - tandis que Gaerwen avait laissé la porte de sa chambre entrebâillée pour mieux espionner... Et peu après, Marti est venu rejoindre tout le monde après avoir bien dormi, lui ! Moi aussi d'ailleurs : le marchand de sable avec lequel Anaelle m'avait drogué est efficace, et il procure un sommeil très réparateur !

Réduction des effectifs
Au petit matin l'équipe s'est donc réunie, moins Ventus à qui la soigneuse a fourni une dose de marchand de sable pour le faire se tenir tranquille. Lorsqu'il se réveillerait, il serait trop tard pour empêcher quoi que ce fût. De la nourriture a été achetée au marché, car personne ne s'attendait à ce que les "invités" d'Iteza aient pensé à prendre de quoi se sustenter plus d'un repas, et encore. Bon, déjà, ils sont arrivés plutôt bien équipés, c'était une relativement bonne surprise. Par contre, ils étaient juste quatorze et non dix-sept comme prévu, alors que le contrat stipulait quinze personnes à donner en pâture à Arachne... Peut-être à cause de la neige qui tombait, et qui avait dû refroidir les ardeurs de certains... En tout cas il était trop tard pour reculer ou en trouver d'autres, il faudrait faire avec.

Alors j'ai dit au revoir à tous et en particulier à mon homme, et je les ai regardés partir au loin dans le paysage enneigé. La fois précédente, on n'avait eu de la neige qu'en altitude si je me souviens bien, et on en avait bavé. Là il y en avait davantage et j'aurais parié que certains des futurs sacrifiés n'étaient jamais allés en montagne, ça risquait d'être plus que chaud. Mais bon, peut-être qu'ils n'auraient pas que des mauvaises surprises... En tout cas la première partie, à travers la plaine puis sur le pont qui franchi la rivière de la lune, s'est bien passée, les gardes sur le pont ne les ont pas inquiétés. Ils arrivèrent donc au pied de l'escalier.

Ils ont fait quatre groupes de personnes encordées les unes aux autres, trois groupes de cinq et un de quatre. Ils s'étaient répartis d'après le peu qu'ils avaient vu des soupirants amenés par Iteza. En gros, le tiers des gars se débrouillaient pas mal, quatre autres risquaient d'avoir des problèmes, et ceux du dernier tiers étaient aussi nuls qu'Iteza, ou peu s'en fallait. Le premier groupe, avec Gaerwen a sa tête, n'a pas monté l'équivalent d'une portée de flèche que toute la troupe avait déjà failli dévisser deux fois. Une chose devint vite claire : les plus mauvais ne pourraient jamais monter l'escalier droit dans ces conditions, ils devaient repartir. Ce qui fit descendre le nombre de personnes à échanger aux araignées à neuf au lieu de quinze...

L'ascension a pu être reprise, mais avec difficulté. Entre la charge de l'équipement et les frayeurs apportées par les plus mauvais, la progression était lente, très lente, et diablement fatigante. L'après-midi était déjà bien entamé, et un peu de neige tombait toujours, que seule la moitié de l'escalier droit avait été franchie, et trop de gens étaient complètement crevés, dont Iteza et Anaelle. Et il ne restait que trois jours avant le rendez-vous... Mais on ne pouvait rien y faire. La soigneuse a fait des infusions de marchand de sable - ce qui lui restait - pendant que Belzagar accrochait les cordes à des pitons qu'il avait avec lui et qu'il mettait dans la roche, c qui permettait de dormir sans risquer de tomber de (très) haut, en s'attachant aux cordes. Iteza, Anaelle et Gaerwen ont pris les infusions, sombrant rapidement dans l'inconscience, si bien que le pirate d'Umbar a pu enfin fermer les yeux et se laisser aller au sommeil, sachant qu'il aurait encore la pierre sur lui à son réveil.

Journal de Tirielle - 8e feuille

Posté : 30 juin 2019, 16:33
par Niemal
Bon. Là, ça commence à ressembler à quelque chose d'un peu héroïque. Pourtant, il faut bien le dire, ça me dérange un peu de voir le groupe servir de pions dans une partie qui les dépasse... Et en même temps, même si je ne suis pas du tout d'accord avec les méthodes de certains - pour ne pas dire certaines - il faut bien reconnaître qu'à la fin ça a payé, ça a mis des choses en mouvement qui ont permis d'arriver à notre objectif, à savoir récupérer le bijou gardé par Arachne. N'empêche qu'il a fallu un petit jeu de dupes et que la maman des araignées géantes est prête à nous tomber sur le paletot et ça risque de faire mal...

Équipe parallèle
Mais revenons donc un peu en arrière. Ce pauvre Ventus avait été laissé bâillonné et attaché à son lit, à poil, tous ses vêtements réduits en charpie, sauf ses bottes que le pirate d'Umbar avait pris soin d'emporter avec lui... Et il était assommé par ledit pirate par la même occasion. Bon, en fait, il n'a pas eu besoin d'attendre que l'aubergiste lui apporte quelque chose le soir pour découvrir son état et le libérer : la chef des soigneurs de la ville et amie d'Anaelle je crois - Morwen - est venue à l'auberge. Elle est connue dans toute la ville et elle a parlé de venir soigner un malade (Ventus), donc ça ne lui a pas posé problème de se voir remettre la clé de la chambre.

Et en fait elle n'était pas seule, puisqu'il y avait l'autre magicienne qui nous avait déjà suivi chez Arachne, et moi également. On est donc entrées dans la chambre où le théâtreux était attaché, et après l'avoir détaché, Morwen l'a soigné avec quelque chose et il a vite retrouvé ses esprits. Et il a été informé de ce qui s'était passé - les copains partis chez l'araignée, sans nous deux - tandis que Morwen et son amie, car les deux se connaissaient manifestement, surveillaient notre petite aventure d'assez près. Et ce "assez près" leur avait donné envie d'intervenir, et elles nous laissaient le choix d'en faire autant si on le souhaitait.

Autrement dit, on s'est vu proposer la chose suivante : monter à notre tour jusqu'à la "Passe de l'Araignée" (Cirith Ungol), sans se faire voir des copains ; tout ça avec l'aide de grosses pointures de Minas Ithil, à savoir Morwen, son amie magicienne et - on le saura plus tard - encore une autre amie. Ou bien attendre sur place le résultat des courses, qui comprenait la survie (ou non) de nos cinq ami(e)s (quoique je me demande si ce mot est bien adapté...) et de quatorze couillons partis avec eux. Bon, on a su plus tard que le nombre était réduit à neuf car ne monte pas en montagne sur un chemin raide, étroit et enneigé qui veut.

Ventus, malgré son inexpérience notoire en grimpette au grand air hivernal, a choisi de venir. Les filles avaient prévu sa réponse et avaient déjà préparé des vêtements pour lui ainsi que du matériel d'escalade. Et très vite, on s'est retrouvés à cinq à crapahuter derrière Belzagar, Anaelle, Marti, Iteza et Gaerwen, plus leur petit monde de dupes partis aider la belle aguicheuse. Malgré le manque d'expérience du théâtreux, on a pu suivre sans problème et discrètement. Il faut dire qu'en plus de très bon matériel, Morwen savait encourager et motiver comme pas deux, sauf peut-être Tobias, et au besoin Ventus a même pu bénéficier de stimulants - d'où l'intérêt d'avoir une soigneuse renommée dans le groupe.

Tirés par le bout du nez... ou par la queue ?
Le temps n'était pas très bon, du moins au départ, ce qui n'était pas un problème pour nous. On a pu avancer discrètement, et moi je pouvais percevoir les efforts des copains assez bien à distance, et je n'étais pas la seule. La magicienne pouvait même s'approcher en se fondant dans le décor et en diminuant les bruits autour d'elle. Enfin bref, on a pu suivre les efforts des copains pour monter avec plus ou moins de succès. Apparemment, Gaerwen faisait la nique à tout le monde sur l'escalier droit, mais il a bien fallu qu'elle attende les autres.

Ça leur a pris trois jours pour monter, et durant l'escalier en lacets le temps est devenu très clair. C'était très facile pour moi d'espionner le groupe, mais la magicienne a dû régulièrement faire des sorts pour changer notre apparence et nous faire nous confondre avec le paysage. Je m'approchais aussi la nuit, discrètement, et je voyais la manière dont Iteza motivait les hommes qu'elle était allée pêcher. Bon sang, jusqu'à trois en même temps, c'est vraiment une pro, pas à dire. Par contre, quand je voyais comment elle voulait se réchauffer aux côtés - ou plutôt au-dessus - de mon homme, elle ne savait pas à quel point ça me chauffait moi aussi ! Attends un peu, la belle, je te garde une dent pour quand tout cela sera fini...

Enfin bref. D'après ce que j'ai pu comprendre, les araignées géantes ont commencé à remarquer la présence des copains entre les deux escaliers, mais la pierre magique que portait Belzagar lui permettait de les apaiser et de faire en sorte d'éviter les problèmes. Le jour, du moins quand il faisait beau, les araignées évitaient le soleil et restaient cachées, mais la nuit il y avait toujours au moins une douzaine de ces créatures. Marti les avait repérées assez vite, mais pas les neuf gars tombés dans les rets d'Iteza, même si je voyais que certains commençaient à se faire du souci, au fur et à mesure qu'ils montaient.

Reste que la séductrice avait les moyens d'apaiser leurs peurs en leur proposant quelques émotions fortes. Bon, sur la fin elle devait s'occuper de tout le monde chaque soir, mais apparemment ça l'aidait à dormir. On ne pouvait pas en dire autant de Gaerwen ou Anaelle : pour dormir Belzagar avait mis la pierre de l'araignée dans les tissus qui lui servaient d'oreiller, pour être sûr qu'on ne puisse pas y toucher dans son sommeil. Et ça a payé car les deux filles n'ont pas arrêté de lui tourner autour voire d'essayer de la prendre pendant son sommeil... dont il est vite sorti pour leur mettre les points (ou devrais-je dire les poings ?) sur les 'i', à la soigneuse en particulier...

Marché et tromperies
Et puis le groupe est arrivé tout en haut, pas loin de l'entrée de la grotte qui permettait de traverser la montagne... en passant par la demeure d'Arachne. Ils ont attendu là un moment, le temps que la nuit tombe, et Belzagar est allé discuter le bout de gras avec une araignée géante qui est vite sortie de la caverne. La magicienne est allée espionner de plus près, et elle n'a pas pu comprendre les échanges. Mais d'après ce que le pirate a dit à Iteza ensuite, elle a compris le marché qui avait été passé : il fallait livrer une première personne pour que les araignées donnent le signal à une autre araignée, à distance, pour qu'elle vole la pierre des âmes et la rapporte au plus vite, avant que leur maman ne découvre la chose...

Et donc la belle Iteza a dit vouloir faire une "session" personnelle (et intime...) à ses amoureux. Elle en a pris un, lui a mis un bâillon, un tissu sur les yeux, et l'a livré ainsi aux araignées qui l'ont endormi avant de le mettre dans un cocon, tandis que d'autres donnaient le signal. Ça pouvait prendre du temps j'imagine, donc Iteza a simulé des ébats bruyants et (très) longs. Pendant ce temps-là Anaelle faisait patienter les autres en les réconfortant, en leur faisant des massages (normaux), tandis que la magicienne, à l'insu de tous y compris des araignées géantes, se glissait discrètement dans le tunnel...

Le temps a passé encore et encore, et même si on était encore bien loin de la minuit, les huit gogos qui restaient ont commencé à s'impatienter, malgré les bons soins d'Anaelle. Iteza a alors utilisé un subterfuge et elle est descendue, ébouriffée, pour dire que son "partenaire" avait eu un malaise (échanges très intenses, tout ça...) et qu'il fallait venir le soigner. Toujours aussi naïve, la soigneuse a vite emboité le pas de la belle avant de vite se faire expliquer le pourquoi du comment. Bref, tout ça pour gagner encore un peu de temps, et manifestement ça a bien fonctionné.

Et puis la magicienne est réapparue près de Ventus (et moi) et de ses copines, bien essoufflée, d'autant qu'elle portait quelqu'un. Et elle avait la pierre, qu'elle a remise à l'autre copine (pas Morwen), en disant de descendre. Elle a aussi dit à la soigneuse de partir - ses soins seraient nécessaires pour rendre son âme à Lúthien et lui permettre de se réveiller. Elle nous a dit qu'elle avait intercepté l'araignée géante porteuse de la pierre magique, et au passage récupéré le corps endormi (paralysé par le venin d'araignée) du premier gugusse livré aux araignées. Morwen l'a vite réveillé et le gars, encore un peu groggy, est descendu avec les deux femmes. Vu ce qu'il avait perçu (morsure d'araignée), il n'a pas vraiment été dur à convaincre. D'autant qu'il semblait d'Arachne avait découvert le vol et qu'elle arrivait à toute allure par le tunnel...

Bas les masques
Plus haut, les copains avaient aussi été avertis auparavant que la pierre magique était en route mais aussi qu'Arachne n'était pas loin derrière. Mais par contre, l'araignée porteuse de la pierre s'étant volatilisée, ben, l'attente avait continué... contre toute attente, et avec la menace grandissante d'un combat pas piqué des vers. Et puis Belzagar avait vu sortir une araignée géante l'air furax, lui dire que non seulement sa copine avec la pierre avait disparu, mais en plus que le premier "cadeau" (le gars livré en premier) avait été libéré et avait aussi disparu !

En même temps, Ventus et moi on arrivait discrètement près de Marti et Gaerwen, avec Anaelle pas loin qui tentait de son mieux de calmer les craintes grandissantes des huit "monnaies d'échange" restantes. En effet, la magicienne avec qui on était venu nous avait laissé le choix : descendre tout de suite avec Morwen, l'autre amie et le pedzouille ramenée d'entre les araignées ; ou prévenir les copains qui allaient sans doute avoir à faire à des petits problèmes (araignées géantes pas contentes) surmontés d'un gros problème (Arachne furieuse d'avoir été volée). D'après la magicienne, entre la pierre de l'araignée portée par Belzagar et l'aide de tous, on pouvait au minimum ralentir Arachne et garantir la survie d'un paquet de monde, voire repousser l'araignée-démon...

Avant même de nous apercevoir, Belzagar avait compris que la pierre avait été interceptée par quelqu'un et qu'en fait le groupe avait juste servi de diversion. Par contre, nous retrouver là l'a un peu surpris, mais il a très vite réagi. La magicienne et ses amies avaient apporté de l'équipement (matériel d'escalade, lanternes...) pour tous et des stimulants (bonneherbe préparée), et tout a été distribué très vite. Mais alors que Ventus voulait fuir au plus vite, il l'a arrêté. Le pirate avait réussi à tromper les araignées géantes en leur disant qu'il allait tout leur donner un peu plus loin, et elles avaient acquiescé et s'étaient éclipsées devant la fureur de leur mère qui s'approchait. Mais fuir serait s'exposer bien trop facilement.

Il arrêta donc Ventus et les autres qui voulaient fuir au plus vite. Les huit gusses restants furent donc équipés et stimulés et livrés à eux-mêmes - descente en pleine nuit dans la montagne - mais ils avaient leurs chances ; d'autant qu'en montant, la magicienne, ses copines, Ventus et moi, nous avions pris soin de dégager les marches de la neige, au moins au milieu. Mais pas question de fuir comme cela, même face à Arachne, on se ferait attraper ou balayer comme des mouches. Le pirate avait autre chose en tête, et il força tout le monde à l'écouter et le suivre. Et une fois de plus, la magicienne avait disparu, imperceptible même à mes sens...

Le mot de la fin...

Posté : 04 octobre 2019, 11:19
par Niemal
Enfin, nous avons pu reprendre à Arachne les âmes qu'elle gardait suite aux sorcelleries d'un vieux culte maléfique. Mais cela ne s'est pas fait sans coût : des courageux aventuriers ont occupé l'araignée-démon pendant que nous mettions en lieu sûr les innocents ayant servi d'appât, et la gemme qui contenait les deux âmes arrachées par magie, dérobée au démon et source de sa fureur. Malheureusement, un combat a eu lieu, bref mais suffisant, qui a vu la disparition des aventuriers. Aucun corps n'a été retrouvé au pied des montagnes, rien qui permette de s'assurer de leur sort. Il est probable qu'ils aient succombé aux assauts de l'araignée géante, malgré leur courage, leur magie et leur fabuleux équipement. Sans doute a-t-elle emmené leurs corps pour s'en repaître, à moins que sa descendance s'en soit occupé.

Rendons donc hommage à ces courageuses personnes dont le sacrifice n'aura pas été vain :
- Gaerwen, noble capitaine du Gondor, disparue loin des mers où elle pensait qu'était son destin
- Marti, nain guerrier fidèle à ses amis, en particulier son amie elfe, peut-être plus qu'à l'or
- Ventus, rêveur et artiste, mené par amour à un funeste destin, comme l'une des tragédies qu'il affectionnait de jouer
- Iteza, dangereuse rousse dont le feu intérieur a failli dévorer bien du monde, sans rien dire de ses lames
- Anaelle, prometteuse soigneuse de Minas Ithil, dont la naïveté lui a fait prendre un chemin de trop
- Belzagar, pirate d'Umbar simple et direct, pour ne pas dire brutal, mais dont le cœur et l'âme débordaient de courage
- Tirielle, elfe très attachée aux autres peuples que les siens, capable de réunir des gens que tout opposait

Mais qui sait, peut-être certaines de ces personnes pleines de ressources ont-elles survécu ? Peut-être la Terre du Milieu n'a pas encore fini d'entendre parler d'elles... Dans tous les cas, mortes ou vivantes, elles inspireront sans doute encore longtemps d'autres aventuriers.