Terre du milieu Système J - La relève...

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Résumé, compte rendu, impression des joueurs des séances précédente.
Récit et nouvelle en tout genre.
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Niemal
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Journal de Tirielle - 3e feuille

Message non lu par Niemal »

Comme prévu, les ennuis ont continué sur le chemin, mais pas forcément comme on s'y attendait. La première fois, on était prêts, et les dégâts ont été minimes. La deuxième fois, il y a eu des morts, et j'ai bien failli y passer aussi ! N'empêche qu'on a fini par arriver à destination, objectif premier accompli ! Au passage, j'aurais bien voulu arriver à faire dépuceler mon ami Mordin, mais malgré l'indéniable expérience d'Iteza, il va lui falloir encore du travail avant d'accomplir son objectif à elle. Heureusement, quelque chose me dit qu'on va encore rester ensemble un petit moment...

Avancée et relationnel
On a donc repris la route du sud, mais en direction du nord, vers Minas Ithil. Au départ je voulais forcer l'allure pour arriver plus vite, mais on n'aurait pas gagné tant de temps que ça en cette saison, et ça nous aurait forcé à dormir plus souvent dans la nature plutôt qu'à des relais pour caravanes près de petits villages. Des relais plus sûrs, avec du monde (et des chiens) qui garantissaient en peu plus de sécurité, sans parler de pouvoir se décrasser et se reposer un peu mieux. Donc au final on a respecté le plan de route du marchand.

Au fur et à mesure qu'on avançait vers le nord, la route était meilleure, mieux entretenue. La zone de conflit entre Gondor et Umbar s'éloignant, on avait moins de soucis de sécurité. On était tout de même aux aguets, avec des tours de garde à quatre ou cinq la nuit : on s'attendait toujours à voir des saletés débarquer, comme loups ou autres prédateurs. Chaque fois qu'on passait près d'une ferme ou autre endroit habité, les réactions des animaux étaient les mêmes : les chiens et autres prédateurs étaient agressifs, les autres animaux - d'élevage ou sauvages - avaient tendance à fuir. Nos propres montures étaient nerveuses...

N'empêche qu'on avançait bien et que les choses semblaient s'améliorer : le temps d'abord, superbe pendant plusieurs jours ; le blessé, bien soigné par Anaelle, a vite guéri et a été sur pieds avant tout nouvel ennui. De mon côté, j'ai travaillé à renforcer les liens avec le grand Belzagar, qui m'a appris deux-trois trucs dans l'intimité de la tente. Ha ces humains, on aurait tort de ne pas les côtoyer davantage... Cela étant, le pirate d'Umbar est assez expressif, pour ne pas dire bruyant, et tous dans le camp n'ont pas apprécié sa manière de m'enseigner les trucs de couple qu'Iteza prodiguait à pratiquement toute la troupe de manière bien plus discrète...

Ce qui m'a donné l'idée de lui demander d'en faire profiter Mordin, qui aurait bien eu besoin de quelques expériences similaires pour le dérider un peu. Il a fallu que je paye la belle rousse, qui - une fois n'est pas coutume - n'était pas très chaude au départ. Mais elle a fini par prendre le taureau par les cornes... pour être bien vite déçue. Malgré une approche tout en subtilités, à petit pas, le nain - s'il a bien compris ce qu'elle lui proposait - n'a pas réagi du tout à ses attentes, au grand dam de la belle. Mais je lui ai dit qu'il fallait être patiente...

Orcs en maraude
On a fini par quitter le Harondor pour arriver en Harithilien, autrement dit l'Ithilien du sud, le sud du "Pays de la lune". Malgré la présence de plus en plus proche des montagnes du Mordor, ce pays était surnommé le jardin du Gondor, et il était en grande partie boisé. Avant les forêts, on a traversé une zone de collines un peu vidées de leurs habitants suite à la Grande Peste de 1636 et plus, un endroit où il y avait davantage de vignes à une époque. Du coup, même si on a commencé à croiser des patrouilles régulièrement, on a eu droit à quelques haltes en pleine nature, loin des quelques villages qui parsemaient encore la région.

Curieusement, le temps s'est fait bien plus mauvais, avec nuages noirs et pluie. On a fait le camp sur le bord de la route, bien dégagée pour permettre aux voyageurs de facilement se croiser et éviter de possibles embuscades. La pluie ne nous a pas permis de faire de feu, et les gens sont vite partis se coucher tandis que la garde se mettait en place. J'ai dormi avec le grand pirate, puis je l'ai laissé alors que la nuit était encore jeune - les elfes n'ont pas besoin de dormir beaucoup - pour les trois quarts qui restaient, tandis que les autres gardes prenaient leur tour, puis d'autres encore plus tard.

Mais j'étais bien attentive, et j'ai fini, plutôt tard dans la nuit, par entendre au loin des bruits que seule une oreille d'elfe pouvait entendre : des orcs étaient en maraude, et ils approchaient ! J'ai réveillé le camp discrètement, et on a fait comme si on dormait encore. Par contre, vu l'obscurité, les orcs pouvaient arriver facilement jusqu'à nous sans se faire voir des humains, le combat risquait d'être mortel. Alors on a installé quelques lanternes avec des gens prêts à les allumer, tandis que tous les combattants se préparaient à combattre.

Les orcs sont arrivés discrètement mais je pouvais les percevoir, et j'ai donné le signal convenu. Les quatre lanternes ont été allumées plus ou moins vite, Anaelle étant la plus rapide, et les orcs ont foncé en hurlant. Ils étaient une bonne vingtaine, mais ils ne nous ont pas donné beaucoup de mal, la plupart sont vite tombés et les derniers ont fui comme des mouches. En dehors d'un blessé grave, très rapidement soigné par Anaelle, les principaux dégâts concernaient les tentes : la plupart avaient été complètement saccagées, les orcs s'attendant peut-être à y trouver des dormeurs, ou peut-être qu'ils avaient juste envie de tout casser...

L'ennemi vient de l'intérieur
On est repartis le lendemain et on a pu arriver à un village où les tentes détruites ont pu être changées. On a poursuivi et on est arrivés aux grandes forêts d'Ithilien. On n'avait plus qu'environ deux jours de route après ça pour arriver à Minas Ithil, la route était pavée et bien entretenue, avec des patrouilles de temps en temps, et les bois tout autour. Le dernier camp a été monté, là encore loin de toute habitation. J'ai partagé la couche du pirate une nouvelle fois tandis que Gaerwen et Mordin prenaient le premier quart, avec d'autres. Iteza, de son côté, partagea celle du marchand, comme d'habitude, puis elle alla dans celle que Mordin partageait avec Ventus, et demanda à ce dernier d'aller voir ailleurs tandis qu'elle se mettait, nue, dans le sac de couchage du nain... et elle s'endormit là.

Plus tard, Mordin vint me chercher pour me signaler mon tour, et je suis sortie prendre le premier de mes trois quarts. Aucun bruit dans la tente de Mordin, j'ai su plus tard qu'il avait préféré laisser dormir Iteza et se coucher à côté - encore raté la belle ! De toute manière, j'ai vite été distraite par des bruits insolites, comme des gargouillis ou sons étouffés. En regardant de plus près, j'ai constaté un étrange manège : des gardes qui allaient d'une tente à une autre, de nouveaux bruits... et j'ai compris : bon sang, ces traîtres étaient en train de tuer nos gardes endormis !

J'ai vite prévenu Belzagar qui a pris ses armes et a sonné du cor pour réveiller tout le monde, tandis que j'affrontais deux gardes. En fait j'en ai tenu un immobile face à mon arc, mais le deuxième arrivant dans mon dos, je me suis retournée et je l'ai occis. Mais le premier en a profité pour me planter sa dague dans le dos... Le pirate arrivant juste derrière, le garde n'a pas pu finir son travail, mais il m'a mis sa dague sous la gorge et a menacé de me trucider, ce qui a arrêté mon homme. Mais, alors qu'un autre combat avaient lieu autour d'un autre garde, je prenais discrètement ma dague... puis je l'ai plantée dans le bras du gars qui a desserré son étreinte, me permettant de plonger hors de sa portée. Puis Belzagar l'a assommé d'un coup du plat de sa lame, après avoir reçu une petite estafilade.

Au final, sept gardes avaient été tués, plus celui que j'avais fléché. Ils avaient été trois à tuer leurs copains, et les deux survivants avaient été maîtrisés mais étaient bien blessés, dont un inconscient. On a essayé de faire parler l'autre, et le pirate semblait prêt à le torturer, mais ça n'avait pas l'air de faire peur au gars. Par contre, celui qui avait été assommé, une fois réveillé, semblait ne plus se souvenir de rien, et Ventus disait qu'il ne croyait pas que le gars mentait. On (Belzagar) a assommé l'autre, puis on l'a réveillé, et il a eu le même comportement. Ces gars-là avaient été ensorcelés, ils s'étaient éloignés un peu pour aller pisser pendant le premier tour de garde, puis quelqu'un d'autre les avait contrôlés... Anaelle a soigné tout le monde mais il n'était plus question pour quiconque de continuer à dormir cette nuit-là.

Traces, histoire et promesse
Le matin, j'ai fait des recherches et j'ai trouvé les traces de deux personnes arrivées avec des chevaux, non loin. Deux personnes dont les pas (bottés) ont ensuite croisé les chemins de nos trois gardes ensorcelés... Plus tard, d'après les traces, les deux personnes ont repris leurs chevaux et sont parties vers le nord et Minas Ithil, d'où elles étaient probablement venues, mais impossible de suivre leurs traces sur les pavés. Et une question me taraudait : comment savaient-elles qu'on était là, on plutôt qu'on serait là cette nuit ?

A côté de ça, Anaelle nous a dit qu'il y avait trois ans, la reine de Gondor, Mírien, avait été attaquée - et sauvée - par une bande d'aventuriers. Mais en revanche, la voyante qui s'occupait du palantír, une certaine Lúthien Ascarnil, avait été touchée et n'avait pas repris conscience. Et depuis tout ce temps personne ne l'avait revue... Le palantír, cette fameuse "pierre de vue" qui permet de voir à travers l'espace et le temps... se pouvait-il que le ou les sorciers qui nous avaient attaqués aient eu accès à cet artefact ? Si c'était le cas, on avait du souci à se faire !

On est repartis en laissant les corps sous une bâche, et les premières personnes qu'on a rencontrées ont été informées des corps à aller enterrer. Le marchand ne savait pas quoi faire des deux gardes blessés qui avaient tué leurs copains. Je lui ai dit - ainsi qu'à toute la caravane - de ne pas parler de l'histoire, que personne n'était responsable de ce qui s'était passé. J'ai été vraiment inspirée, les mots sortaient tout seuls, tous ont été convaincus qu'il fallait pardonner et oublier... Plus tard, à Minas Ithil, comme je lui avais conseillé, le marchand leur donna leur solde et les envoya aux Maisons de Guérison, avec Anaelle qui les connaissait bien.

On est donc enfin arrivés à la "Tour de la Lune" en soirée, malgré ces mauvaises rencontres. Le marchand, tout réjoui, a laissé tout le monde à une auberge près de l'entrée de la cité, avec toutes ses affaires, et il est parti voir son commanditaire. Iteza et Ventus l'ont suivi discrètement, le marchand est bien allé en haut de la ville, le quartier des nobles, à la maison Aludor où il est resté un moment. Puis il est redescendu la mine joyeuse jusqu'à l'auberge où on l'attendait. Avant de nous donner notre paye, il nous remercia beaucoup et vanta nos qualités (surtout celles d'Anaelle, de Belzagar et moi). Et il ajouta que le seigneur Aludor avait été très intéressé par toute l'histoire racontée par notre marchand, et qu'il avait une offre à nous faire pour lorsqu'il viendrait chercher sa commande. Manifestement, il avait besoin d'aventuriers compétents pour une mission difficile. Et il semblait qu'il payait bien...

Grâce à la magie d'Anaelle et à ses soins, je sentais que j'allais très vite être sur pied. Et j'étais curieuse de savoir ce que ce fameux chef de la maison Aludor avait à nous proposer, lui qui était le seul survivant de sa maison, entièrement morte dans la Peste. D'après Anaelle, les gens ne le connaissaient pas, auparavant il habitait au loin, mais depuis son arrivée il semblait plaire à tout le monde... avec quelques exceptions.
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Niemal
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Journal de Tirielle - 4e feuille

Message non lu par Niemal »

Mais c'est pas vrai, mais qu'est-ce que je suis venue faire ici !!! On va aller se friter une araignée géante démoniaque impossible à battre, avec en plus un sorcier qui rôde dans le coin et qui a peut-être accès à un palantír, tout ça pour sauver une femme qu'on connaît même pas et qui est presque déjà morte, pour faire plaisir à un gars qui veut se faire bien mousser et qui a peut-être d'autres raisons moins avouables ! Et les copains ont dit oui !! Et moi, comme une conne, j'ai dit que j'allais les suivre !!! Et en plus j'étais la seule à ne pas vouloir y aller, même Marti avait l'air content...

Sortie au théâtre
En fin de compte, le marchand nous a dit que le paiement aurait lieu le lendemain. Le noble qui avait commandité l'expédition, Angon Aludor, viendrait à l'auberge du Cygne Noir, où on créchait, le lendemain dans la matinée. Une salle avait été louée pour ça, le gars nous ferait aussi une offre de nouveau boulot. Bref, ça nous laissait un peu de temps pour faire des emplettes et gérer nos histoires personnelles. J'aurais bien voulu aller chercher quelques cadeaux pour les autres, du bon matériel de déguisement, des trucs comme ça. Et aider Belzagar à refourguer les couverts en argent qu'il avait pris chez le père de Manil, et qu'il trimballait depuis un moment déjà...

Alors on a fait des courses. A certains moments j'étais avec Ventus dans une espèce de grand théâtre, c'est peut-être un théâtreux mais il est nul en marchandage, j'ai dû prendre les choses en main. Le gars qui gère le matériel m'a dit de repasser le lendemain, il aurait quelque chose pour moi question matériel de déguisement. J'ai aussi vu qu'ils jouaient une pièce de théâtre le soir et je me suis dis qu'on pourrait y faire un tour. Sinon j'ai acheté savon et parfum pour offrir aux autres femmes du groupe, et je suis allé avec le grand pirate dans un magasin pour personnes fortunées pour voir combien on pouvait vendre les trucs en argent. Mais le marchand était un peu trop méfiant alors on n'est pas restés.

J'ai réussi à convaincre les autres de m'accompagner au théâtre. Ils jouaient une pièce à propos d'un truc qui se serait passé trois ans auparavant, une attaque sur la reine et une autre femme, ici même où on était. Il y avait une attaque de la part de deux personnages vêtus de noir avec une araignée dessinée sur le dos, des effets pyrotechniques sympas, des aventuriers vaillants, une reine sauvée de justesse, un culte démasqué et en fuite... L'histoire était un peu abracadabrante mais dynamique, et les acteurs jouaient bien. A la fin on est allés les féliciter voire leur donner quelques conseils. Ça faisait un peu penser à nos propres aventures, mais en fait c'était d'autres aventuriers que nous.

Anaelle en a profité pour nous donner des détails : elle était allée voir sa maîtresse en magie des soins, Morwen, laquelle avait dit de se méfier du noble qu'on verrait le lendemain. Et par ailleurs, la pièce de théâtre avait peut-être un rapport avec nous. On avait entendu parler de l'attaque de la reine déjouée par des aventuriers, et de l'absence de la personne qui contrôlait le palantír, la pierre de vision lointaine de Minas Ithil. En fait, cette personne, Lúthien Ascarnil, était dans le coma depuis trois ans, maintenue en vie mais plus pour longtemps. C'était Morwen qui la gardait en vie. Elle était très intéressée pour connaître la proposition du seigneur Aludor, le lendemain...

Paiement et proposition
Ledit seigneur est arrivé, avec une espèce de majordome un peu sec, pas très causant mais obéissant et efficace. Le seigneur Aludor a vanté les récits du marchand à notre égard, comme quoi on était bons et tout, et que grâce à nous l'objet qu'il avait acheté était arrivé à bon port. D'où une bonne paye - une pièce d'argent chacun - et une offre de travail qu'il était venu faire. Il nous expliqua alors que maintenant qu'il avait en possession un artefact manifestement magique, il cherchait des individus capables de s'en servir pour une mission des plus dangereuses : rien moins qu'aller voir une araignée vraiment géante dans les montagnes proches, et discuter le bout de gras avec elle pour récupérer un bijou qu'elle avait, bijou dans lequel était enfermé l'âme de la personne que Morwen gardait en vie...

Bon, il nous fallait plus de détails, et cet Angon Aludor en a donné : il y avait eu une vraie attaque sur la reine il y a trois ans, c'était de notoriété publique. Des aventuriers s'étaient interposés, et notamment une personne qui avait pris le sort destiné à la reine dans la gueule. Elle et l'autre personne visée, la dénommée Lúthien Ascarnil, avaient perdu leur âme, arrachée par des sorciers qui étaient à la tête du Culte de l'Araignée. Les deux âmes avaient été mises dans un bijou remis à l'araignée démoniaque, ce qui empêcha toute guérison. Les aventuriers étaient repartis avec leur amie blessée, et Lúthien était depuis dans le coma. Rien n'avait pu la guérir, et personne n'avait pu récupérer le bijou avec les âmes, pas même les aventuriers qui avaient sauvé la reine...

Et le seigneur Aludor dans tout ça ? Il avait entendu parler d'un artefact dans le lointain Harad, un objet magique qui permettait de contrôler des araignées géantes et intelligentes. Il avait réussi à se procurer l'objet à un prix très élevé, après avoir reçu des garanties que c'était quelque chose de sérieux. En fait l'objet attirait les problèmes, et auparavant il avait été possédé par un sorcier qui semait la terreur dans sa région. Mais un vaillant héros avait tué le sorcier... et il avait été corrompu par l'objet une fois récupéré ! Après un moment à faire lui aussi le mal, il s'était repris en prenant conscience de qui il était devenu, mais n'avait pas pu se débarrasser de l'objet. Il l'avait donc vendu contre promesse de le voir partir loin, et contre pas mal d'or, payé par Angon Aludor. Seigneur qui se disait que là où tout le reste avait échoué, cet objet maudit pourrait peut-être arriver à sauver Lúthien, bientôt condamnée.

Et il avait apporté l'objet dans son coffret métallique : c'était une pierre plus noire que noire, elle semblait absorber la lumière alentour ! Le coffret était d'ailleurs piégé avec du venin d'araignée géante, sous la forme d'un nuage de gaz qui pouvait émaner du coffret : certaines doses paralysaient, d'autres tuaient, il y avait une clé pour désamorcer le piège et une pour ouvrir le coffret. Et donc le seigneur Aludor voulait qu'on aille voir l'araignée démoniaque dans les montagnes, et qu'on la persuade, avec l'aide de l'objet magique qui permettait de commander aux araignées, de nous remettre le bijou avec les âmes arrachées. Le gars avait l'air de ne pas mentir, mais manifestement il ne disait pas tout. Il promettait beaucoup d'or, mais son intérêt n'était pas clair pour nous. Il a remballé en disant qu'on avait deux jours pour se décider, après il chercherait d'autres aventuriers compétents.

Discussion et choix démocratique
Une fois le noble parti, chacun y est allé de son analyse. Pour ma part, je me fichais pas mal de la personne dans le coma prête à mourir : qu'est-ce que ça changerait, elle était comme morte depuis des années... Et si la reine du Gondor elle-même n'avait rien pu y faire, qui étions-nous pour prétendre faire mieux ? Surtout que je ne sentais vraiment pas, mais alors vraiment pas, cette putain de pierre noire capable de transformer un héros en salaud assoiffé de meurtre. Ce qui ne manquerait pas d'arriver. Et penser que la pierre allait nous aider à obtenir un trésor de la part d'une araignée démoniaque que le Gondor était incapable de gérer, fallait pas rêver : elle ne le ferait qu'en échange de quelque chose d'encore plus gros et on s'en mordrait les doigts encore plus fort...

Avec ça, le gars n'était pas clair, et ne parlons même pas du sorcier qui nous avait tendu sa petite embuscade magique. Rajoutons quelques menaces à peine voilées : le seigneur Aludor avait l'air de savoir des choses sur nous, et d'ailleurs je commençais à remarquer qu'on attirait l'attention, avec parfois des gardes qui nous suivaient. Entre les casseroles du grand pirate, qui ne faisait pas trop couleur locale, et celle de Ventus, qui se maquillait pour ne pas être reconnu - d'ailleurs, son dernier déguisement était génial, personne ne l'avait reconnu - et échapper à ses créanciers, on pouvait avoir des soucis. Et le gars Aludor avait parlé d'effacer nos ardoises... Ça, plus quelques dizaines de pièces d'or - une fortune ! - ça pouvait faire tourner des têtes. Pourtant c'était pour moi que du pipi de chat à côté des mauvais trucs qui nous pendaient au nez dans cette affaire.

Les autres semblaient pas de mon avis, mais de toute manière il y avait trop de questions sans réponse. Anaelle est allée voir sa maîtresse en soins, Morwen, pour en savoir plus sur tout ça. Et elle est revenue en disant que ça pourrait peut-être marcher, d'après son amie. Amie qui connaissait quelqu'un qui pourrait peut-être nous en dire plus sur l'objet si on pouvait l'amener, comment s'en servir, ses pouvoirs, etc. Mais sans dire en combien de temps ça lui prendrait. Plusieurs disaient qu'il faudrait qu'on soit accompagnés par un magicien pour se servir de la babiole. Iteza, elle, était plus directe : d'une part ça l'intéressait, cette affaire, d'autre part si on la prenait pas, le seigneur Aludor trouverait d'autres personnes qui seraient moins douées que nous pour s'en charger donc fallait y aller et dire oui, point barre. On a voté, et tous sauf moi étaient de cet avis. J'ai dit que je les suivrais, mais je sens bien que je vais le regretter...

C'était midi, on est allés voir le seigneur, il était en train de manger en draguant, ou le contraire peut-être. Il y avait d'ailleurs une amie de l'ancienne petite amie de Ventus, qui l'avait mise dans le pétrin - sombre histoire d'enlèvement de la fille, qu'il avait dû payer sans pouvoir rembourser, bref. Les filles sont parties et on a dit au seigneur qu'on prenait l'affaire. Ils nous a remis l'objet, on a convenu d'une paye de vingt pièces d'or par personne, avec avance possible pour frais pour se préparer. Et il nous a donné en bonus son serviteur, chargé de lui rendre compte de ce qu'on faisait - de nous espionner, quoi - et de nous aider à payer ce dont on avait besoin au nom de son maître...

Expertise magique
On est revenus à l'auberge du Cygne Noir, où on créchait, et à nos frais à présent : le marchand avait été payé, il achetait de nouvelles marchandises et partirait dès que possible, et il avait compris qu'on était aux ordres d'un autre maintenant. Il continuait à partager bien des choses avec Iteza (la nuit), mais elle ne comptait pas partir avec lui comme il le voulait. On a passé la journée à faire quelques courses avec le serviteur, tout en attendant une info venant de Morwen pour peut-être un rendez-vous le soir même pour faire expertiser la babiole qu'on se fadait à présent : Belzagar portait le coffre, Ventus la clé du piège et Anaelle la clé du coffret. Ventus a fait du théâtre à l'auberge pour gagner quelques pièces et un repas, puis je suis montée et il a vu ce qu'une personne de sang elfique arrivait à faire : il est bon mais était un peu dégoûté de voir comme je m'en sortais mieux que lui.

En fin de journée on a vu venir à nous un serviteur de Morwen, pour nous dire que c'était bon pour le soir. On ne voulait pas y aller avec le serviteur, mais il avait tout suivi et il a été clair : pas de confiance égale pas de mission, pas d'objet, donc il venait. On est monté au quartier de la reine, on a été arrêtés plusieurs fois, ça faisait louche un groupe comme le nôtre dans un quartier huppé. Mais le serviteur a servi, il était connu, il a dit qu'on avait affaire avec Morwen et on nous a laissés passer. On est donc tous entrés chez la dame Morwen, soigneuse anoblie pendant la Grande Peste pour services rendus à la population. Quand elle a vu qui nous accompagnait, elle n'a pas trop réagi mais s'est éclipsée avant de revenir nous dire que son ami était prêt à nous recevoir...

Le magicien en question était couvert de vêtements qui ne laissaient rien voir de son visage. Sa voix semblait bizarre, ni homme ni femme, et il semblait plutôt petit mais on n'aurait pas pu en dire plus. Il nous a dit de l'appeler "le mage" tandis qu'on donnait de faux noms en se présentant. J'étais maquillée en humaine, et pareil, Ventus et Belzagar ne ressemblaient pas trop à eux-mêmes. Enfin bref, on a ouvert le coffret, le mage a fait tomber la pierre hors du coffret et a commencé à la manipuler avec des mains gantées, non sans émettre parfois de petites exclamations discrètes. En fin de compte, en précisant bien que pour avoir davantage de détails, il faudrait qu'il y passe plus de temps, il a commencé à nous parler de cette pierre noire.

Pour commencer, cette personne masquée a annoncé que, pour le peu qu'elle en savait, il s'agissait peut-être d'un artefact très ancien, d'avant le soleil et la lune : une pierre de lumière elfique de Valinor volée par Morgoth et avalée par Ungoliant. Elle avait de grands pouvoirs corrupteurs, et attirait les araignées géantes dans un rayon de dix kilomètres, faisant fuir tous les animaux normaux (oiseaux, rats, insectes, petites araignées...) dans ce même rayon. Elle permettait sans doute d'influencer (commander...) aux araignées intelligentes, et conférait probablement des pouvoirs magiques. Ça et son pouvoir corrupteur, elle transformerait n'importe qui en sorcier maléfique assez vite, quoi. Et elle déconseilla de donner la pierre à un magicien comme elle-même, ou toute personne un tant soit peu puissante : il fallait au contraire la donner à quelqu'un d'inoffensif, avec une bonne volonté. Sachant que la pierre tenterait d'influencer son ou sa porteuse...

Déjà, on avait discuté de ça entre nous, et dans l'équipe on avait vu qu'il n'y avait que deux candidats pour cette pierre corruptrice : Anaelle tout d'abord, soigneuse et personne de bien, même si elle était un peu naïve - ce qui était peut-être une force. Et Ventus, qui était un pacifiste incapable de faire de mal à une mouche. Le côté naïf d'Anaelle, selon le mage, était un gros défaut car la pierre allait souvent s'en servir. Donc en fin de compte c'est le théâtreux du groupe qui allait se taper la pierre et discuter avec l'araignée démoniaque. Ben on est pas sortis d'affaire...
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Niemal
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Journal de Tirielle - 5e feuille

Message non lu par Niemal »

Mais qui m'a fichu des compagnons de route pareils ? Les trois nouveaux qui viennent de la ville, ben, à part Anaelle qui se débrouille très bien, les autres ont pas l'air d'avoir sorti beaucoup le nez (et le reste) de la cité ! Entre Iteza qui manque de nous faire tomber tous, et Ventus qu'on dirait moins costaud ou endurant que Tobias notre ancien soigneur hobbit, on n'est pas gâtés ! Et maintenant qu'on est face à cette foutue araignée-démon, le théâtreux, l'a intérêt à se montrer vraiment convaincant, sinon je vois mal comment on va s'en sortir ! Comme les tas d'os rencontrés en route sans doute...

Organisation et départ
D'après la carte copiée chez le seigneur qui nous employait, le voyage jusque chez l'araignée devait pas être trop long, sans doute moins d'une journée. Comme en plus la personne à sauver était au bout du rouleau et risquait de partir chez Mandos sans trop tarder, je me suis dit qu'on n'avait pas trop de temps à perdre côté préparatifs. J'ai dit aux autres qu'on passerait juste une journée à Minas Ithil pour les préparatifs, puis qu'on partirait. Le temps d'acheter quelques vivres et autres bricoles dont on aurait besoin. Et puis il faudrait voyager léger, pas question de prendre de l'équipement qui ne risquait pas de nous servir.

Au matin, Ventus a essayé de se servir de la pierre maudite pour savoir où on irait. Il a perçu des choses, s'est mis à sentir ce que c'est que d'être une araignée, mais comme il est nul question orientation, il a demandé où était le nord. Belzagar lui a pris la pierre et l'a envoyé valdinguer sèchement, et s'est concentré sur la pierre lui aussi : il a ressenti un peu la même chose, et a dit que l'araignée était dans les montagnes comme prévu. Puis il a rendu la pierre au théâtreux, qui est resté un peu choqué par les méthodes brutales du pirate. Après quoi Ventus est parti avec Caleb, le serviteur du seigneur, pour s'acheter du matériel de couture de qualité, des tissus et du cuir, pour pouvoir se faire des gants. Il a commencé à les confectionner mais une journée était pas assez pour faire ça bien et il a laissé son matériel en ville avant qu'on parte.

De notre côté on a acheté de la nourriture à emporter - juste trois jours ça me semblait bien - et on avait le reste, notamment de la corde. On a profité du reste de la journée à essayer d'en savoir plus sur le trajet ou l'araignée : j'ai utilisé le bouquin magique de Manil, et j'ai appris des tas de choses sur l'araignée qu'on allait rencontrer : énorme (corps de six pas de long, des pattes de la même taille), impossible à combattre (Beren lui-même l'aurait combattue sans pouvoir la tuer, c'est dire), et vaut mieux avoir des armes magiques ; c'est la mère des araignées géantes du Mordor et de la Forêt Sombre ; elle possède des poisons mortels ou paralysants, elle est joueuse... mais elle déteste la lumière. Et on peut la sentir de très loin, on dirait qu'elle a sur elle une odeur de charogne vraiment très forte. Mouais.

Le lendemain on est partis à l'aube. On est sortis de la ville, et on a marché une heure ou deux jusqu'à un pont pour franchir la rivière de la lune qui traverse la vallée, avec le chemin qu'on voulait prendre de l'autre côté. Il y avait une patrouille de gardes du Gondor sur le pont, ils nous ont demandé où on allait. Quand on leur a dit, ils ont poussé des hauts cris en disant qu'on était cinglés, il y avait plein d'araignées géantes pas loin, elles étaient particulièrement actives ces derniers jours. Bref, selon le capitaine, on allait se faire bouffer. Si même on y arrivait : on était vêtus légèrement pour certains, comme les trois nouveaux copains. Or on était encore en hiver, on allait monter haut en montagne, avec de la neige et du vent ! On s'est regardés comme des cons : moi je faisais pas attention, j'ai pas froid, et Belzagar, Marti et Gaerwen étaient habitués aussi et plutôt équipés, mais les autres... Résultat : retour à Minas Ithil pour aller acheter des vêtements chauds ! Quels nuls on fait...

Escalier Droit
On est donc revenus à la cité de la lune, on a acheté des vêtements chauds pour Anaelle, Iteza et Ventus, et on est repartis. On est arrivés au pont blanc peu avant midi, une autre patrouille avait remplacé la précédente, et on a eu droit aux mêmes commentaires. Mais bon, les gardes nous ont laissé passer. Il y avait un mur qui longeait la route près du pont, mais une petite ouverture donnait sur un sentier qui devait nous mener à une corniche qui grimpait dans la montagne. Et après un moment, on est arrivé à un escalier droit et étroit, très raide, presque comme une échelle. Loin au-dessus, on ne voyait pas le sommet de la montagne, et même pas le sommet de l'escalier en fait : des nuages bloquaient la vue et le soleil. Mais je pouvais bien voir que l'escalier était vraiment très long.

Alors on s'est encordés, car ça ne paraissait pas très difficile de faire une mauvaise chute sur le côté ou en arrière. Le flanc de la montagne était très raide, une chute serait fatale. On a fait deux cordées : la première avec moi en premier, puis Belzagar, Ventus et Iteza. La seconde avec Marti, Gaerwen, Caleb et Anaelle. A peine on a commencé à monter que la sulfureuse rousse a fait un mauvais pas et a commencé à glisser sur le côté, prête à tomber dans le vide. Ventus s'est accroché aux marches et aux pierres, et il a réclamé de l'aide, et rapidement, car il ne tiendrait pas longtemps ! Belzagar, sentant la corde se tendre, n'a pas été déséquilibré. Il a juste tiré la corde et a soulevé les deux citadins à la force des bras, jusqu'à ce qu'ils soient à nouveau au milieu de l'escalier, contre la paroi rocheuse...

On est repartis en demandant à Iteza de faire plus attention, et elle a fait des efforts. Mais Ventus et elle étaient assez lents, ils n'étaient pas à l'aise dans cet escalier raide et dangereux. On a donc monté lentement, et c'est vrai que c'était fatigant. Bientôt on est arrivés juste sous le niveau des nuages, quand le théâtreux a demandé une pause : il n'en pouvait plus, il avait besoin de se reposer un moment... On en a profité pour manger un brin, tandis que loin à l'ouest, on voyait le soleil descendre. La nuit allait bientôt tomber, il ne fallait pas s'arrêter là... En même temps, j'ai commencé à entendre des bruits de cliquetis au-dessus de nous : des araignées géantes étaient en train d'arriver...

Belzagar a fait passer la boîte à Ventus, juste en-dessous de lui, et Anaelle a fait passer sa clé. Le théâtreux a tout ouvert et pris la pierre, juste à temps pour accueillir trois araignées géantes qui arrivaient. On avait nos armes prêtes, mais Ventus s'est mis à parler dans leur langue, on n'y comprenait rien. Mais en fin de compte les araignées se sont éloignées un peu dans le nuage. Il nous a expliqué qu'elles auraient bien voulu "s'occuper" de nous plutôt que de nous laisser filer voir leur mère qui nous mangerait immanquablement... Enfin bon, après un moment on est repartis, tandis que la nuit tombait. On a juste eu le temps d'arriver au sommet de l'escalier, dans le nuage. Puis on s'est installés sur la corniche tandis que Ventus se plaignait de ses courbatures douloureuses et qu'il recevait un soin magique des mains d'Anaelle. Et puis on a dormi un brin après un repas froid.

Escalier en Lacets
Belzagar a pris le premier quart, tandis que je me reposais et que les autres dormaient. Puis je l'ai remplacé pour le reste de la nuit, tandis que davantage d'araignées géantes venaient rejoindre les trois premières qui nous avaient accompagnés. Plus tard, quand tout le monde a été réveillé, il devait bien y en avoir au moins une dizaine, et d'après Ventus, qui gardait maintenant la pierre sur lui, dans sa bourse, elles n'arrêtaient pas de râler que c'était vraiment injuste de laisser toute cette bonne nourriture partir à Arachné, leur mère. Mais apparemment les ordres donnés par le théâtreux seraient respectés et on ne serait pas attaqués...

On est repartis alors que ça s'éclaircissait un peu, même si on restait dans le brouillard. On ne voyait pas les araignées, mais on les entendait. Il y avait de plus en plus de neige, mais pour l'instant ça restait gérable, si ce n'est que les mêmes étaient toujours aussi lents, si bien qu'on n'allait pas vite. Et puis enfin, vers le milieu de journée, on est arrivés au deuxième escalier, celui en lacets. Moins raide que le premier, mais avec la neige c'était bien plus délicat à franchir. Ça risquait d'être dur pour certains, et l'escalier était encore plus long que le premier... Enfin bon, on a mangé un peu et on est repartis.

La neige devant nous était pleine de traces des pattes des araignées géantes qui nous précédaient. On montait, lentement, mais sans incident cette fois, malgré la difficulté plus grande. Iteza faisait son possible, Ventus aussi, c'était juste très lent. Et après un assez long moment, le théâtreux s'est arrêté et a réclamé encore une pause. Et donc on a fait une pause, et on est repartis alors qu'il commençait à faire nuit. Et cette fois on a allumé des lanternes, une au milieu de chaque cordée. Et puis Ventus s'est à nouveau écroulé, mais il faisait bien nuit à présent, et on n'allait pas attendre là, et on ne pouvait pas faire de camp et dormir, il fallait finir ce fichu escalier.

Malgré les courbatures de Ventus on est repartis. Iteza a essayé de lui remonter le moral, qu'il avait assez bas, pour l'aider à progresser. Ses encouragements ont porté leur fruit, il a progressé à son allure mais sans s'arrêter. Et enfin on est arrivés en haut de l'escalier, dans la nuit et la purée de pois - on ne voyait pas à plus de trois pas. Le théâtreux avait mal partout, Anaelle s'est encore occupée de lui. Avec la neige on a pu installer une tente sur la corniche, on a mangé encore un peu - il ne restait qu'une journée de vivres ! - et on est allés dormir, avec les mêmes tours de garde que la veille, soit Belzagar et moi. Sans parler des araignées qu'on entendait tout autour...

La passe de l'araignée
Au petit matin, on a repris la route. Comme la fois précédente, Ventus ne sentait plus aucune douleur grâce aux soins magiques d'Anaelle, et son sommeil avait été très récupérateur pour son moral. Après très peu de temps, la corniche s'est arrêtée devant une large caverne qui pénétrait directement dans la montagne : nous étions arrivés à la passe de l'araignée. Six pas de large, quatre-cinq de haut, on n'aurait plus à marcher les uns derrière les autres... mais ça semblait assez gros pour l'araignée qu'on allait rencontrer. Il faisait plus noir que dans un four, et on a allumé une lanterne, tenue par Ventus, au milieu de nous. Et puis on est entrés, précédés et suivis par un tas d'araignées géantes - quelques dizaines sans doute.

Sans trop tarder, on a rencontré deux choses dans ce grand tunnel : d'abord des ossements, plutôt du genre que laisserait un orc, d'après la soigneuse. Souvent ça venait avec des restes de soie d'araignée, mais des soies sacrément grosses et dures. Et parfois on a même rencontré des cocons de soie suspendus en l'air, avec des choses vivantes dedans. Une fois un orc, une autre fois une espèce de très gros lézard... On s'est dit que ça ferait mal de lui gâcher son garde-manger avant de la voir, alors on a préféré ne toucher à rien. En tout cas les fils de soie avaient l'air assez costauds pour retenir même quelqu'un comme Belzagar...

On a aussi rencontré des passages plus petits sur les côtés. Au début on a voulu les suivre pour voir où ça pouvait mener, mais on a vite compris que c'était peine perdue : ils faisaient un labyrinthe en trois dimensions dans lequel les "petites" araignées géantes progressaient et vivaient, à l'abri de leur mère. Car il ne restait plus aucune araignée géante pour nous précéder : toutes restaient soigneusement derrière nous, et Ventus pouvait nous traduire qu'elles avaient peur de se faire manger par Arachné, et en même temps elles étaient très attirées par la pierre... En tout cas le gros boyau dans lequel on progressait était artificiel, régulier, manifestement de facture gondorienne. Les autres tunnels latéraux, eux, semblaient plus naturels, juste élargis par le passage répété de nombreuses araignées géantes.

Plus on progressait, plus l'infecte odeur de charogne qui empestait dans le tunnel devenait plus forte. Egalement, on avait l'impression que l'obscurité autour de nous était plus grande, et la lumière de la lanterne ou mon aura elfique ne portaient plus aussi loin. Enfin, on a senti qu'on arrivait à quelque chose de nouveau : il y avait une présence non loin devant, ça nous a pris aux tripes sans même la voir, mais ce n'était pas difficile de deviner ce que c'était. Quant à l'odeur, ça devenait de plus en plus dur à supporter. Les lumières ne semblaient plus éclairer grand-chose, et j'entendais quelque chose de gros devant nous, impossible à voir, qui nous attendait. Arachné était là, et je sentais bien que je n'avais vraiment aucune envie de m'attarder plus que nécessaire dans cette foutue passe de l'araignée. Vite qu'on récupère le bijou avec les âmes des deux guignols et qu'on foute le camp au plus vite !
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Niemal
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Journal de Tirielle - 6e feuille

Message non lu par Niemal »

Déjà que je trouvais que les nouveaux faisaient boulet pour certains, voilà maintenant que je découvre des côtés bien plus noirs à leur personnalité, et en particulier concernant Iteza. A sa décharge, elle est plus efficace - sur son domaine - que je ne l'aurais cru. Avec elle, ça ne bouge pas, ça déménage ! Mais côté sens moral, par contre, je ne suis pas sûr qu'elle en ait beaucoup plus qu'un orc ! Qu'importe la méthode, pourvu qu'on ait le résultat... Et le pire c'est que les autres la suivent, comme si le sacrifice de plus d'une quinzaine d'innocents ne serait qu'un "moindre mal". Me demande si je ne vais pas aller rejoindre le hobbit, moi !

Confrontation
Mais reprenons : on était face à Arachne, terrible araignée géante venue du fond des âges, dernier enfant d'Ungoliant pour tourmenter le pauvre monde. Son corps emplissait toute la largeur du tunnel pourtant bien vaste, elle puait comme les pires charognes que j'aie jamais senties, elle semblait environnée de ténèbres, et de ses yeux à facettes brillants on pouvait sentir toute sa malice et sa malveillance. Face à elle : Ventus, armé seulement de son pacifisme benêt et de la pierre d'Ungoliant qui lui permettait de parler comme une araignée et de l'influencer magiquement. Autrement dit, on était pas dans la merde...

Le Ventus s'est mis devant - faut reconnaître qu'il a des couilles, à défaut de cervelle - et il a commencé à lui parler dans une langue à laquelle on ne comprenait rien. Comme ça n'avait pas l'air d'avancer beaucoup - en tout cas pas dans la bonne direction - il se tournait souvent vers nous pour nous demander de l'aide, des idées. Au début elle semblait prête à nous donner la pierre avec les deux âmes en échange de bouffer deux d'entre nous - Belzagar et moi, pour être précis. Elle a l'air d'aimer les elfes et les Dúnedain. Mais après elle voulait manger toute l'équipe, et puis en fin de compte il fallait encore plus, et tout de suite ! Bon sang, Ventus, comme négociateur tu la fous un peu mal. Pas que ça m'étonne, mais là j'espérais vraiment mieux !

Arachne a commencé à se faire plus menaçante et à avancer vers nous. Quand Ventus a essayé de la toucher avec la pierre d'Ungoliant, l'araignée-démon a failli lui arracher le bras (et la pierre avec), il a dû plonger sur le côté pour rester en vie et en possession de la pierre. Vu comme ça sentait bon, Marti et moi on a commencé à s'enfuir, mais les autres, à commencer par Anaelle, ont préféré se précipiter sur la pierre pour la toucher. Bientôt ils étaient cinq à toucher la pierre et à discuter avec Arachne, et peu à peu elle a semblé se calmer. En gros, certains avaient des idées, et le théâtreux, qui est quand même un beau parleur, reformulait de manière à mieux faire passer la pilule.

Au final, ils sont quand même arrivés à un accord qui ne nécessitait pas que je me fasse bouffer maintenant et tout de suite : contre une quinzaine de personnes vivantes, de préférence des "elfes et grands hommes" (des Dúnedain, quoi), elle voulait bien nous remettre la pierre avec les deux âmes. Et elle nous a laissés repartir. Au passage, on a aussi découvert que le magicien copain de l'amie d'Anaelle, celui qu'on avait vu à Minas Ithil, ben il nous avait suivi pour aider "au cas où". D'ailleurs sa voix avait changé et c'était une magicienne, et elle a servi à rien. Mais elle a quand même confirmé qu'elle sentait la pierre qu'on cherchait pas loin. Après ça on est sorti de la caverne, il y avait un grand soleil et avec la neige il a fallu qu'on se couvre les yeux (à l'aide de tissus fendus réalisés par Ventus) et la magicienne nous a laissés.

Corruption
On n'a pas traîné : on s'est encordés à nouveau et on a descendu l'escalier en lacets. Entre la neige et le reste, ça a pas été simple, et le théâtreux et sa copine courtisane ont glissé plus d'une fois, retenus seulement par le pied sûr et les beaux biceps de mon pirate adoré. Ils se sont fait un peu mal mais rien de méchant. Par ailleurs, les araignées géantes - les filles d'Arachne - sont revenues dès que la nuit est tombée. Heureusement Ventus les tenait mieux que leur mère, et il a même réussi à passer une espèce de contrat : contre quelques proies, certaines étaient prêtes à aller chercher dans l'antre de leur mère le bijou qu'on cherchait. Rendez-vous dans dix jours au même endroit, entre les deux escaliers...

Bon, on était crevés, il fallait se reposer, alors les toiles des tentes ont été installées du mieux possible, comme à l'aller. Moi je me suis mise à méditer, comme un sommeil très profond que les elfes utilisent pour se reposer. A mon réveil il s'était passé des choses, et j'ai eu droit à une petite histoire qui m'a laissée songeuse. Pour faire très court, en touchant la pierre d'Ungoliant, Gaerwen, Iteza, Anaelle et Belzagar ont été corrompus par la sorcellerie de la pierre. Je ne sais pas pourquoi ça n'a pas marché sur Ventus - il a pas fini de m'étonner celui-là - mais les autres ont tous ressenti l'envie de posséder la pierre pour eux.

Et deux d'entre eux ont essayé de la prendre. Au début tout le monde se reposait, sauf le pirate à mes côtés et le théâtreux à l'autre bout du groupe - tous deux montaient la garde. Anaelle non plus ne dormait pas, elle a voulu vérifier les plaies reçues en cours de journée par Ventus, et refaire les pansements. Elle lui a notamment demandé d'enlever son pantalon, avec la pierre maudite dans la poche. Il a fait comme demandé... mais en gardant la main sur la pierre, à travers le tissu. Anaelle a voulu prendre le pantalon et la pierre avec, mais le théâtreux a tenu bon. Soudain Iteza est arrivée par derrière et elle a voulu arracher le pantalon des mains de Ventus mais il a été le plus fort, il n'a pas lâché - et le pantalon s'est déchiré. Les deux filles ont commencé à se battre et ça réveillé tout le monde sauf moi.

Du coup elles ont fini par se calmer et se rendre compte de ce qu'elles avaient fait, et du pouvoir corrupteur de la pierre. Pouvoir corrupteur qu'ils étaient donc quatre à ressentir... ça promettait de ne pas être triste par la suite ! En tout cas le reste de la nuit s'est bien passé, et Ventus a pu garder la pierre sans plus de problème, après avoir raccommodé son pantalon - ses talents de couture sont utiles, faut reconnaître. Au matin on a repris la descente, avec toujours quelques petits soucis pour certains, mais on a pu arriver au bout de l'escalier droit. Peu après on était revenus à Minas Ithil, à l'auberge où on avait laissé nos affaires. Iteza était en manque de sexe, alors Ventus l'a emmenée voir des copains à lui chez qui elle trouverait sûrement chaussure à son pied, et de toute manière elle n'était pas difficile dans son état.

Recrutement
Le serviteur d'Angon Aludor est parti chez son maître faire son rapport, Anaelle a rejoint les Maisons de Guérison, et pour les autres on a préféré se reposer. Les jours qui ont suivi le groupe n'a pas été trop soudé, chacun vaquant à ses propres tâches. Pourtant on était censés trouver une quinzaine de volontaires prêts à se sacrifier pour la bonne cause, ou des gens perdus de toute manière, comme des malades en phase terminale, des prisonniers condamnés à mort, ce genre de cas. Et honnêtement, ce n'est pas quelque chose qui me plaisait beaucoup, et je rêvais de laisser tout tomber et de laisser crever la personne privée d'âme qu'on était censés sauver.

Côté Maisons de Guérison, Anaelle est revenue bredouille : les soigneurs de Minas Ithil, et son amie Morwen la première, étaient trop bons, trop efficaces. Il n'y avait guère que des blessés légers. Du côté des prisons, la piste n'a pas vraiment été explorée. Gaerwen est allée voir du côté de l'armée, en espérant avoir des passe-droits grâce à son origine noble, mais elle n'est pas trop connue par ici. Donc ça n'a rien donné non plus. Ventus s'est concentré sur la fabrication de gants... Seule Iteza semblait bien active, elle rentrait tard la nuit, ou plutôt tôt le matin, pour nous dire qu'elle avait trouvé des volontaires. Mais où était-elle allée les chercher ?

Certains ont aussi fait un tour à la bibliothèque de la cité pour en savoir plus sur les araignées géantes, entre autres choses, et Anaelle a questionné ses contacts. J'ai cherché des choses dans le livre magique, mais sans grand succès. La soigneuse a cherché des trucs sur les objets magiques qui faisaient de la lumière, de manière à combattre Arachne éventuellement. Elle a appris l'histoire des Silmarils, elle a lu que les nains et les elfes étaient capables de faire des pierres lumineuses, même si elles n'étaient pas forcément très fortes ou durables... A côté de ça, la magicienne qui nous avait suivi nous avait dit qu'elle pouvait faire de la lumière mais elle ne savait pas si ce serait suffisant face à l'araignée-démon... et elle ne tenait pas trop à faire le test.

Au moins ces quelques jours ont servi à se retaper physiquement et moralement, même si j'avais encore bien des doutes sur notre mission. Anaelle et Iteza semblaient les plus actives, et en fin de journée, trois jours après notre retour des montagnes du Mordor, la belle aguicheuse est venue nous annoncer qu'elle avait trouvé assez de volontaires, et même plus : dix-sept personnes étaient prêtes à nous accompagner dans les montagnes pour faire face à Arachne ! Ou du moins c'est ce que cette petite maligne nous a dit. Mais qu'en était-il exactement ? Je commençais à avoir des doutes sur sa moralité, et ce qui a suivi m'a donné des frissons...

Décision
Pour commencer, j'aurais bien aimé avoir confirmation que ces personnes étaient prêtes à se sacrifier pour la bonne cause : savaient-elles vraiment ce qui les attendait ? D'où venaient-elles ? Au début Iteza s'est montrée très rassurante, mais plus on creusait et plus elle était évasive. Sûr qu'elles étaient prêtes à monter avec nous dans les montagnes du Mordor, mais pour quoi et pour qui, c'était autre chose. Pour récupérer l'âme de Lúthien Ascarnil et celle d'une elfe aventurière, pour le bien de Minas Ithil, du Gondor et des peuples libres ? Prêtes à se faire dévorer par une araignée-démon pour cela ? Ou juste prêtes à suivre une aguicheuse qui avait fait tourner leur cœur en jouant de ses charmes et en disant qu'elle était une faible femme ?

Et je n'ai pas été la seule à être choquée : Ventus a découvert qu'une demi-douzaine de ces personnes faisaient partie de la troupe de théâtre dans laquelle il avait envoyé la belle pour qu'elle soit réconfortée. Ça l'a un peu estomaqué, mais ce couillon a quand même dit oui, à condition que ses amis soient vraiment consentants. Me demande ce qu'il lui faut pour ouvrir davantage les yeux... Et j'imagine assez bien la provenance des autres, au vu des retours précoces d'Iteza les matins, avant d'aller se coucher : divers individus pêchés dans les tavernes et bas-fonds, transis d'amour après les petits tours de la belle, experte en la matière. Autant de personnes peut-être prêtes à aller en enfer lorsqu'on l'imagine dans les bras d'une chaude courtisane, mais face à la réalité, je doute de leur motivation pour se sacrifier, dévorés par une araignée géante presque aussi vieille que le monde...

N'empêche que les personnes étaient là et que personne n'avait fait mieux. Et Iteza de dire que de toute manière, on sacrifiait quelques personnes pour en sauver d'autres et pour le bien du royaume, pas vrai ? On ne fait pas d'omelette sans casser d'œufs... Et le pire, c'est que les autres lui ont donné raison, même Marti ! Et on était juste dans les temps : entre le fait de rameuter tout le monde, organiser l'expédition et monter là-haut, entre les deux escaliers, on serait un poil en avance. Donc Iteza allait prévenir tout le monde le lendemain pour un départ le surlendemain, et ce serait très bien, on aurait le temps de faire la grimpette. Vu comme on a galéré, je me demande franchement combien seront capables d'arriver au point de rendez-vous.

Et puis quel rendez-vous au fait ? On avait dit quinze personnes à Arachne, sans déterminer de date, et juste "des" proies à ses filles, dans dix jours, alors ça rime à quoi d'en amener plus de quinze ? Et où ? Donner rendez-vous aux filles et tromper la mère ? J'ai prévenu les autres que c'était une très mauvaise idée de vouloir se jouer d'un être comme celui-là. Mais Iteza a répondu qu'il y aurait quinze personnes pour Arachne, et les autres, en bonus, pour les filles. On allait sacrifier froidement des innocents, avec des "bonus" en prime ? Et avec quelle garantie d'avoir les deux âmes en échange ? J'étais écœurée et j'ai dit aux autres qu'il ne fallait pas compter sur ma participation pour ce coup-là.
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Niemal
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Journal de Tirielle - 7e feuille

Message non lu par Niemal »

De mieux en mieux. Si les autres ont bien pris acte de mon absence de participation, ça ne s'est pas passé si facilement avec Ventus. Je ne dirais pas que j'ai beaucoup de sympathie pour lui, mais franchement, lui faire subir ce qu'il a subi par peur qu'il compromette le déroulement de la mission... Et relativement, certains tiennent à lui, sinon Belzagar se serait empressé de réduire l'équipe d'un membre qu'il trouve plus qu'inutile ! Et moi aussi j'ai eu droit à quelque chose que je ne pensais pas pensable de la part de gens auxquels j'avais accordé ma confiance... ou du moins d'une des dernières en qui j'avais confiance.

Petits complots
Après la réunion du groupe, je suis descendue dans la salle commune de l'auberge pour profiter d'un dernier repas avec mon homme. Ou du moins c'était mon intention, profiter le plus possible de lui avant qu'ils ne partent tous le lendemain matin, comme prévu, avec dix-sept innocents qui allaient être sacrifiés "pour le bien commun". Pour Iteza, on sacrifiait dix-sept gugusses qui n'avaient rien demandé, et on sauvait une cité de trente mille âmes, donc tout allait bien. Elle allait un peu vite pour juger du bien ou du mal de ses actions, mais dans la mesure où les autres la suivaient, je n'avais rien à dire...

Et donc je traînais avec Belzagar, profitant de ce qui serait sans doute notre dernier repas ensemble, car je n'avais pas beaucoup d'espoir de réussite de leur expédition, vu comme ça se profilait. J'avais aussi idée de continuer à profiter de lui après le repas, mais... j'en ai été un peu pour mes frais. D'abord parce que le repas a été un peu interrompu : alors qu'il était parti se soulager, son absence s'est prolongée... plus que la normale. Il a fini par revenir au bout d'un moment, la tête pas vraiment dans son assiette, concerné on va dire. Et inutile de dire que le repas était froid, et moi j'allais finir par l'être aussi...

Il s'était réveillé dans les latrines, et rien ne lui avait été volé, il n'avait aucune marque de coup, bref il n'avait pas été assommé. Et il ne voyait aucune explication à ce qu'il s'était passé. Sa méfiance pour d'autres membres du groupe ne fit que grandir, non sans raison peut-être, mais peut-être qu'elle était mal placée. Je savais en fait ce qui s'était passé, mais ce n'était pas vraiment dans son intérêt d'en savoir trop. Si jamais je dois le revoir, j'imagine qu'il me comprendra. En attendant, son absence ne fut pas perdue pour tout le monde, même si j'avais idée d'un autre genre de tête-à-tête qu'avec la personne qui est venue le remplacer... Néanmoins ce ne fut pas inutile.

Le repas une fois terminé, comme je m'apprêtais à l'inviter dans notre chambre pour une suite un peu plus gaie, la belle Iteza est venue me couper l'herbe sous le pied : elle l'a invité à la suivre pour un menu service concernant Ventus, et le bon déroulement des opérations. Et je me suis retrouvée seule, certains humains diront comme une conne, avant d'aller dans ma chambre à attendre mon homme pendant que ça discutait pas très loin - mais pas la voix de Belzagar, juste celle de Ventus qui accompagnait celle d'Iteza. Et on dirait que les pouvoirs de persuasion de la belle n'avaient pas trop d'effet sur le théâtreux...

Prisonnier !
En bref : Ventus avait dit qu'il était d'accord avec le plan seulement si les personnes à sacrifier étaient conscientes de la sauce (araignée géante) à laquelle elles allaient être mangées. Et dans la mesure où il connaissait six de ces personnes, on pouvait compter sur lui pour les prévenir qu'elles allaient à une mort certaine. Iteza voulait donc le convaincre de ne rien dire, notamment en lui rappelant qu'il devait une centaine de pièces d'or à un usurier et que la mission était nécessaire pour réunir la somme ! Mais peine perdue, elle n'a pas obtenu de lui ce qu'elle voulait... Elle a donc utilisé son joker, qui attendait tranquillement derrière la porte de la chambre de Ventus. Et Belzagar est entré, comme il savait qu'il le ferait tôt ou tard.

Le baladin a vite été maîtrisé, et un bon coup de mon homme à l'arrière du crâne, en plus de le faire saigner un peu et de lui faire une belle bosse, l'a envoyé au pays des songes. Après quoi Iteza et Belzagar l'ont attaché au lit, nu, bâillonné, recouvert par le drap et la couverture. L'idée était de le laisser là au départ du groupe, en disant à l'aubergiste qu'il était malade. Avec consigne de lui apporter un bol de soupe en soirée, quand ce serait trop tard pour faire échouer leur expédition. Et de manière à avoir quelqu'un pour le libérer et éviter qu'il ne meure de faim et de soif. Mais les deux comparses virent plusieurs problèmes à leur petit plan.

Premier problème : Iteza savait que son compère était adroit et qu'il pouvait parfois se libérer de ses liens. Belzagar s'empressa alors d'aller fouiller son équipement - moi qui pensait qu'il revenait pour moi ! - pour en ramener des chaînes et cadenas dont il avait fait l'acquisition au cours de nos aventures... Avec ça, les vêtements de Ventus furent déchirés pour qu'il ne puisse pas s'en servir, et ses bottes confisquées ! Deuxième problème : le corsaire voyait d'un très mauvais œil les autorités avoir vent de l'affaire, ce qui ne manquerait pas d'arriver si l'aubergiste trouvait Ventus attaché au lit. Mais Iteza lui rappela que son ami (!) ne tenait pas à ébruiter sa présence dans la ville, rapport à la dette qu'il avait...

A force de les entendre discuter à côté, sans voir revenir mon homme, j'ai fini par frapper à la porte. Ils m'ont laissé entrer, et j'ai pu découvrir l'étendue du petit complot ourdi par Iteza et Belzagar au détriment de Ventus. La belle aguicheuse a argumenté de la nécessité de faire ainsi pour garantir que cela ne pouvait être autrement. Honnêtement, connaissant Ventus, je me disais qu'elle avait sans doute raison, même si je n'étais pas d'accord avec ses méthodes. Mais bon, après tout je me lavais les mains de tout ça, ce n'est pas moi qui allait me les salir, c'était son plan à elle et elle rappelait souvent qu'elle était la seule à avoir fait avancer la mission. Et puis on a frappé à la porte.

Nuit blanche
C'était Anaelle, qui manifestement ne dormait pas non plus malgré l'heure tardive. Et elle avait apporté un plateau avec quatre pots remplis d'infusion, un pour chacun d'entre nous - sauf Ventus - et un pour elle. Et elle nous invita à boire pendant que c'était chaud, ce qu'elle s'empressa de faire avec son pot. J'ai pris un des trois autres, j'ai bu la tisane - fort bonne au demeurant - tandis que la soigneuse se voyait opposer un refus poli mais ferme de mes deux autres compagnons. Et puis je suis tombée au pays des songes où j'ai peut-être rejoint Ventus et Mordin, qui dormait lui aussi pas loin.

Le ton a monté entre les trois qui restaient, Belzagar disant que c'était la deuxième fois et qu'il n'allait pas se faire encore avoir - à la grande surprise d'Anaelle. Et il l'a forcée à boire les deux tisanes, ce qu'elle accomplit sans s'endormir. Mais plus tard - lorsque je me suis réveillée après un bon somme - elle avoua tout de même avoir drogué la tisane, "par peur de mon désaccord". Moi qui avait confiance en elle, me voilà à nouveau conne... Mais Belzagar, qui avait la pierre d'Ungoliant sur lui après l'avoir prise à Ventus, ne semblait pas le moins du monde surpris. Il n'y avait que Marti et moi qui ne l'avions pas touchée, mais je sentais bien à quel point cette saleté de pierre pourrissait tout autour d'elle !

En attendant, je dormais encore quand une nouvelle personne a frappé à la porte : Gaerwen non plus ne pouvait pas dormir, et elle venait aux nouvelles après avoir suivi de loin ce qui se disait. Elle aussi était attirée par la pierre portée par le pirate d'Umbar, et le sommeil lui était impossible. Et lui sentait bien que si jamais il dormait, il n'aurait plus la pierre à son réveil ! La nuit blanche se poursuivit donc entre les quatre compagnons, aucun ne voulant ou pouvant dormir, sachant que tous savaient que Belzagar était le plus fort physiquement, et qu'aucun ne pouvait avoir confiance en nul autre que lui-même...

Et puis j'ai fini par me réveiller. Belzagar était là avec Iteza, Ventus était toujours inconscient, mais les deux autres femmes étaient reparties dans leur chambre respective. Ou du moins c'est ce qu'elles avaient dit : j'ai trouvé Anaelle en train d'espionner derrière la porte - elle a failli se la prendre dans la figure quand je suis sortie - tandis que Gaerwen avait laissé la porte de sa chambre entrebâillée pour mieux espionner... Et peu après, Marti est venu rejoindre tout le monde après avoir bien dormi, lui ! Moi aussi d'ailleurs : le marchand de sable avec lequel Anaelle m'avait drogué est efficace, et il procure un sommeil très réparateur !

Réduction des effectifs
Au petit matin l'équipe s'est donc réunie, moins Ventus à qui la soigneuse a fourni une dose de marchand de sable pour le faire se tenir tranquille. Lorsqu'il se réveillerait, il serait trop tard pour empêcher quoi que ce fût. De la nourriture a été achetée au marché, car personne ne s'attendait à ce que les "invités" d'Iteza aient pensé à prendre de quoi se sustenter plus d'un repas, et encore. Bon, déjà, ils sont arrivés plutôt bien équipés, c'était une relativement bonne surprise. Par contre, ils étaient juste quatorze et non dix-sept comme prévu, alors que le contrat stipulait quinze personnes à donner en pâture à Arachne... Peut-être à cause de la neige qui tombait, et qui avait dû refroidir les ardeurs de certains... En tout cas il était trop tard pour reculer ou en trouver d'autres, il faudrait faire avec.

Alors j'ai dit au revoir à tous et en particulier à mon homme, et je les ai regardés partir au loin dans le paysage enneigé. La fois précédente, on n'avait eu de la neige qu'en altitude si je me souviens bien, et on en avait bavé. Là il y en avait davantage et j'aurais parié que certains des futurs sacrifiés n'étaient jamais allés en montagne, ça risquait d'être plus que chaud. Mais bon, peut-être qu'ils n'auraient pas que des mauvaises surprises... En tout cas la première partie, à travers la plaine puis sur le pont qui franchi la rivière de la lune, s'est bien passée, les gardes sur le pont ne les ont pas inquiétés. Ils arrivèrent donc au pied de l'escalier.

Ils ont fait quatre groupes de personnes encordées les unes aux autres, trois groupes de cinq et un de quatre. Ils s'étaient répartis d'après le peu qu'ils avaient vu des soupirants amenés par Iteza. En gros, le tiers des gars se débrouillaient pas mal, quatre autres risquaient d'avoir des problèmes, et ceux du dernier tiers étaient aussi nuls qu'Iteza, ou peu s'en fallait. Le premier groupe, avec Gaerwen a sa tête, n'a pas monté l'équivalent d'une portée de flèche que toute la troupe avait déjà failli dévisser deux fois. Une chose devint vite claire : les plus mauvais ne pourraient jamais monter l'escalier droit dans ces conditions, ils devaient repartir. Ce qui fit descendre le nombre de personnes à échanger aux araignées à neuf au lieu de quinze...

L'ascension a pu être reprise, mais avec difficulté. Entre la charge de l'équipement et les frayeurs apportées par les plus mauvais, la progression était lente, très lente, et diablement fatigante. L'après-midi était déjà bien entamé, et un peu de neige tombait toujours, que seule la moitié de l'escalier droit avait été franchie, et trop de gens étaient complètement crevés, dont Iteza et Anaelle. Et il ne restait que trois jours avant le rendez-vous... Mais on ne pouvait rien y faire. La soigneuse a fait des infusions de marchand de sable - ce qui lui restait - pendant que Belzagar accrochait les cordes à des pitons qu'il avait avec lui et qu'il mettait dans la roche, c qui permettait de dormir sans risquer de tomber de (très) haut, en s'attachant aux cordes. Iteza, Anaelle et Gaerwen ont pris les infusions, sombrant rapidement dans l'inconscience, si bien que le pirate d'Umbar a pu enfin fermer les yeux et se laisser aller au sommeil, sachant qu'il aurait encore la pierre sur lui à son réveil.
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Niemal
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Journal de Tirielle - 8e feuille

Message non lu par Niemal »

Bon. Là, ça commence à ressembler à quelque chose d'un peu héroïque. Pourtant, il faut bien le dire, ça me dérange un peu de voir le groupe servir de pions dans une partie qui les dépasse... Et en même temps, même si je ne suis pas du tout d'accord avec les méthodes de certains - pour ne pas dire certaines - il faut bien reconnaître qu'à la fin ça a payé, ça a mis des choses en mouvement qui ont permis d'arriver à notre objectif, à savoir récupérer le bijou gardé par Arachne. N'empêche qu'il a fallu un petit jeu de dupes et que la maman des araignées géantes est prête à nous tomber sur le paletot et ça risque de faire mal...

Équipe parallèle
Mais revenons donc un peu en arrière. Ce pauvre Ventus avait été laissé bâillonné et attaché à son lit, à poil, tous ses vêtements réduits en charpie, sauf ses bottes que le pirate d'Umbar avait pris soin d'emporter avec lui... Et il était assommé par ledit pirate par la même occasion. Bon, en fait, il n'a pas eu besoin d'attendre que l'aubergiste lui apporte quelque chose le soir pour découvrir son état et le libérer : la chef des soigneurs de la ville et amie d'Anaelle je crois - Morwen - est venue à l'auberge. Elle est connue dans toute la ville et elle a parlé de venir soigner un malade (Ventus), donc ça ne lui a pas posé problème de se voir remettre la clé de la chambre.

Et en fait elle n'était pas seule, puisqu'il y avait l'autre magicienne qui nous avait déjà suivi chez Arachne, et moi également. On est donc entrées dans la chambre où le théâtreux était attaché, et après l'avoir détaché, Morwen l'a soigné avec quelque chose et il a vite retrouvé ses esprits. Et il a été informé de ce qui s'était passé - les copains partis chez l'araignée, sans nous deux - tandis que Morwen et son amie, car les deux se connaissaient manifestement, surveillaient notre petite aventure d'assez près. Et ce "assez près" leur avait donné envie d'intervenir, et elles nous laissaient le choix d'en faire autant si on le souhaitait.

Autrement dit, on s'est vu proposer la chose suivante : monter à notre tour jusqu'à la "Passe de l'Araignée" (Cirith Ungol), sans se faire voir des copains ; tout ça avec l'aide de grosses pointures de Minas Ithil, à savoir Morwen, son amie magicienne et - on le saura plus tard - encore une autre amie. Ou bien attendre sur place le résultat des courses, qui comprenait la survie (ou non) de nos cinq ami(e)s (quoique je me demande si ce mot est bien adapté...) et de quatorze couillons partis avec eux. Bon, on a su plus tard que le nombre était réduit à neuf car ne monte pas en montagne sur un chemin raide, étroit et enneigé qui veut.

Ventus, malgré son inexpérience notoire en grimpette au grand air hivernal, a choisi de venir. Les filles avaient prévu sa réponse et avaient déjà préparé des vêtements pour lui ainsi que du matériel d'escalade. Et très vite, on s'est retrouvés à cinq à crapahuter derrière Belzagar, Anaelle, Marti, Iteza et Gaerwen, plus leur petit monde de dupes partis aider la belle aguicheuse. Malgré le manque d'expérience du théâtreux, on a pu suivre sans problème et discrètement. Il faut dire qu'en plus de très bon matériel, Morwen savait encourager et motiver comme pas deux, sauf peut-être Tobias, et au besoin Ventus a même pu bénéficier de stimulants - d'où l'intérêt d'avoir une soigneuse renommée dans le groupe.

Tirés par le bout du nez... ou par la queue ?
Le temps n'était pas très bon, du moins au départ, ce qui n'était pas un problème pour nous. On a pu avancer discrètement, et moi je pouvais percevoir les efforts des copains assez bien à distance, et je n'étais pas la seule. La magicienne pouvait même s'approcher en se fondant dans le décor et en diminuant les bruits autour d'elle. Enfin bref, on a pu suivre les efforts des copains pour monter avec plus ou moins de succès. Apparemment, Gaerwen faisait la nique à tout le monde sur l'escalier droit, mais il a bien fallu qu'elle attende les autres.

Ça leur a pris trois jours pour monter, et durant l'escalier en lacets le temps est devenu très clair. C'était très facile pour moi d'espionner le groupe, mais la magicienne a dû régulièrement faire des sorts pour changer notre apparence et nous faire nous confondre avec le paysage. Je m'approchais aussi la nuit, discrètement, et je voyais la manière dont Iteza motivait les hommes qu'elle était allée pêcher. Bon sang, jusqu'à trois en même temps, c'est vraiment une pro, pas à dire. Par contre, quand je voyais comment elle voulait se réchauffer aux côtés - ou plutôt au-dessus - de mon homme, elle ne savait pas à quel point ça me chauffait moi aussi ! Attends un peu, la belle, je te garde une dent pour quand tout cela sera fini...

Enfin bref. D'après ce que j'ai pu comprendre, les araignées géantes ont commencé à remarquer la présence des copains entre les deux escaliers, mais la pierre magique que portait Belzagar lui permettait de les apaiser et de faire en sorte d'éviter les problèmes. Le jour, du moins quand il faisait beau, les araignées évitaient le soleil et restaient cachées, mais la nuit il y avait toujours au moins une douzaine de ces créatures. Marti les avait repérées assez vite, mais pas les neuf gars tombés dans les rets d'Iteza, même si je voyais que certains commençaient à se faire du souci, au fur et à mesure qu'ils montaient.

Reste que la séductrice avait les moyens d'apaiser leurs peurs en leur proposant quelques émotions fortes. Bon, sur la fin elle devait s'occuper de tout le monde chaque soir, mais apparemment ça l'aidait à dormir. On ne pouvait pas en dire autant de Gaerwen ou Anaelle : pour dormir Belzagar avait mis la pierre de l'araignée dans les tissus qui lui servaient d'oreiller, pour être sûr qu'on ne puisse pas y toucher dans son sommeil. Et ça a payé car les deux filles n'ont pas arrêté de lui tourner autour voire d'essayer de la prendre pendant son sommeil... dont il est vite sorti pour leur mettre les points (ou devrais-je dire les poings ?) sur les 'i', à la soigneuse en particulier...

Marché et tromperies
Et puis le groupe est arrivé tout en haut, pas loin de l'entrée de la grotte qui permettait de traverser la montagne... en passant par la demeure d'Arachne. Ils ont attendu là un moment, le temps que la nuit tombe, et Belzagar est allé discuter le bout de gras avec une araignée géante qui est vite sortie de la caverne. La magicienne est allée espionner de plus près, et elle n'a pas pu comprendre les échanges. Mais d'après ce que le pirate a dit à Iteza ensuite, elle a compris le marché qui avait été passé : il fallait livrer une première personne pour que les araignées donnent le signal à une autre araignée, à distance, pour qu'elle vole la pierre des âmes et la rapporte au plus vite, avant que leur maman ne découvre la chose...

Et donc la belle Iteza a dit vouloir faire une "session" personnelle (et intime...) à ses amoureux. Elle en a pris un, lui a mis un bâillon, un tissu sur les yeux, et l'a livré ainsi aux araignées qui l'ont endormi avant de le mettre dans un cocon, tandis que d'autres donnaient le signal. Ça pouvait prendre du temps j'imagine, donc Iteza a simulé des ébats bruyants et (très) longs. Pendant ce temps-là Anaelle faisait patienter les autres en les réconfortant, en leur faisant des massages (normaux), tandis que la magicienne, à l'insu de tous y compris des araignées géantes, se glissait discrètement dans le tunnel...

Le temps a passé encore et encore, et même si on était encore bien loin de la minuit, les huit gogos qui restaient ont commencé à s'impatienter, malgré les bons soins d'Anaelle. Iteza a alors utilisé un subterfuge et elle est descendue, ébouriffée, pour dire que son "partenaire" avait eu un malaise (échanges très intenses, tout ça...) et qu'il fallait venir le soigner. Toujours aussi naïve, la soigneuse a vite emboité le pas de la belle avant de vite se faire expliquer le pourquoi du comment. Bref, tout ça pour gagner encore un peu de temps, et manifestement ça a bien fonctionné.

Et puis la magicienne est réapparue près de Ventus (et moi) et de ses copines, bien essoufflée, d'autant qu'elle portait quelqu'un. Et elle avait la pierre, qu'elle a remise à l'autre copine (pas Morwen), en disant de descendre. Elle a aussi dit à la soigneuse de partir - ses soins seraient nécessaires pour rendre son âme à Lúthien et lui permettre de se réveiller. Elle nous a dit qu'elle avait intercepté l'araignée géante porteuse de la pierre magique, et au passage récupéré le corps endormi (paralysé par le venin d'araignée) du premier gugusse livré aux araignées. Morwen l'a vite réveillé et le gars, encore un peu groggy, est descendu avec les deux femmes. Vu ce qu'il avait perçu (morsure d'araignée), il n'a pas vraiment été dur à convaincre. D'autant qu'il semblait d'Arachne avait découvert le vol et qu'elle arrivait à toute allure par le tunnel...

Bas les masques
Plus haut, les copains avaient aussi été avertis auparavant que la pierre magique était en route mais aussi qu'Arachne n'était pas loin derrière. Mais par contre, l'araignée porteuse de la pierre s'étant volatilisée, ben, l'attente avait continué... contre toute attente, et avec la menace grandissante d'un combat pas piqué des vers. Et puis Belzagar avait vu sortir une araignée géante l'air furax, lui dire que non seulement sa copine avec la pierre avait disparu, mais en plus que le premier "cadeau" (le gars livré en premier) avait été libéré et avait aussi disparu !

En même temps, Ventus et moi on arrivait discrètement près de Marti et Gaerwen, avec Anaelle pas loin qui tentait de son mieux de calmer les craintes grandissantes des huit "monnaies d'échange" restantes. En effet, la magicienne avec qui on était venu nous avait laissé le choix : descendre tout de suite avec Morwen, l'autre amie et le pedzouille ramenée d'entre les araignées ; ou prévenir les copains qui allaient sans doute avoir à faire à des petits problèmes (araignées géantes pas contentes) surmontés d'un gros problème (Arachne furieuse d'avoir été volée). D'après la magicienne, entre la pierre de l'araignée portée par Belzagar et l'aide de tous, on pouvait au minimum ralentir Arachne et garantir la survie d'un paquet de monde, voire repousser l'araignée-démon...

Avant même de nous apercevoir, Belzagar avait compris que la pierre avait été interceptée par quelqu'un et qu'en fait le groupe avait juste servi de diversion. Par contre, nous retrouver là l'a un peu surpris, mais il a très vite réagi. La magicienne et ses amies avaient apporté de l'équipement (matériel d'escalade, lanternes...) pour tous et des stimulants (bonneherbe préparée), et tout a été distribué très vite. Mais alors que Ventus voulait fuir au plus vite, il l'a arrêté. Le pirate avait réussi à tromper les araignées géantes en leur disant qu'il allait tout leur donner un peu plus loin, et elles avaient acquiescé et s'étaient éclipsées devant la fureur de leur mère qui s'approchait. Mais fuir serait s'exposer bien trop facilement.

Il arrêta donc Ventus et les autres qui voulaient fuir au plus vite. Les huit gusses restants furent donc équipés et stimulés et livrés à eux-mêmes - descente en pleine nuit dans la montagne - mais ils avaient leurs chances ; d'autant qu'en montant, la magicienne, ses copines, Ventus et moi, nous avions pris soin de dégager les marches de la neige, au moins au milieu. Mais pas question de fuir comme cela, même face à Arachne, on se ferait attraper ou balayer comme des mouches. Le pirate avait autre chose en tête, et il força tout le monde à l'écouter et le suivre. Et une fois de plus, la magicienne avait disparu, imperceptible même à mes sens...
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Niemal
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Le mot de la fin...

Message non lu par Niemal »

Enfin, nous avons pu reprendre à Arachne les âmes qu'elle gardait suite aux sorcelleries d'un vieux culte maléfique. Mais cela ne s'est pas fait sans coût : des courageux aventuriers ont occupé l'araignée-démon pendant que nous mettions en lieu sûr les innocents ayant servi d'appât, et la gemme qui contenait les deux âmes arrachées par magie, dérobée au démon et source de sa fureur. Malheureusement, un combat a eu lieu, bref mais suffisant, qui a vu la disparition des aventuriers. Aucun corps n'a été retrouvé au pied des montagnes, rien qui permette de s'assurer de leur sort. Il est probable qu'ils aient succombé aux assauts de l'araignée géante, malgré leur courage, leur magie et leur fabuleux équipement. Sans doute a-t-elle emmené leurs corps pour s'en repaître, à moins que sa descendance s'en soit occupé.

Rendons donc hommage à ces courageuses personnes dont le sacrifice n'aura pas été vain :
- Gaerwen, noble capitaine du Gondor, disparue loin des mers où elle pensait qu'était son destin
- Marti, nain guerrier fidèle à ses amis, en particulier son amie elfe, peut-être plus qu'à l'or
- Ventus, rêveur et artiste, mené par amour à un funeste destin, comme l'une des tragédies qu'il affectionnait de jouer
- Iteza, dangereuse rousse dont le feu intérieur a failli dévorer bien du monde, sans rien dire de ses lames
- Anaelle, prometteuse soigneuse de Minas Ithil, dont la naïveté lui a fait prendre un chemin de trop
- Belzagar, pirate d'Umbar simple et direct, pour ne pas dire brutal, mais dont le cœur et l'âme débordaient de courage
- Tirielle, elfe très attachée aux autres peuples que les siens, capable de réunir des gens que tout opposait

Mais qui sait, peut-être certaines de ces personnes pleines de ressources ont-elles survécu ? Peut-être la Terre du Milieu n'a pas encore fini d'entendre parler d'elles... Dans tous les cas, mortes ou vivantes, elles inspireront sans doute encore longtemps d'autres aventuriers.
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