Terre du milieu Système J - La relève...
Terre du milieu Système J - La relève...
L'obscurité est lourde et l'air nauséabond. Les cales où s’entassent huit prisonniers payés à prix d’or sont humides et crasseuses. La houle autrefois bienfaitrice marque un compte à rebours mortel. Je suis là et las… Ai-je perdu la raison pour me retrouver ici ? Il se pourrait que oui… Pour les yeux de Gaerwen qui pourtant ne me regardent point.
Mes compagnons d’infortune sont, pour la plus part, haïssable mais je dois momentanément oublier mes rancunes pour que nous puissions sortir de ce trou à rats. Ils le paieront bien un jour ou l’autre. Qui nous sommes pour intéresser ce sorcier noir ? Que veut-il nous faire faire contre un semblant de liberté ? Il y a là une elfe et un rouquin qui ont un régime de faveur, ils vivent aux ponts supérieurs et portent vingt kilos de chaines. L’équipage aurait plus peur de ses deux prisonniers que ceux qui croupissent ici en fond de cale, alors que nous sommes d’apparence meilleurs bretteur pour certains ou plus fourbes pour d’autres. En bas, parlons-en, il y a la belle Dúnadan pour qui je suis ici, c’est une capitaine et elle semble est rompue aux combats malgré son jeune âge. Elle doit être surement issue d’une noble famille et avoir suivi les leçons d’un maître d’arme pour manier l’épée de cette manière. Morog, que sa carrure n’a d’équivalent que sa cruauté, ne paie rien pour attendre. Il est enchainé à Gaerwen et lui administre les pires des traitements, coups, privations de nourriture et d’eau. Il est fort et peu néanmoins être un atout vital lors de notre évasion. Ensuite, il y a la crème des haradrims, Farouk, Jamel, Kacem et Tama, plus ou moins débrouillards mais maniant des armes moins nobles comme l’arc, la dague ou la magie. Ensuite, il y a Hemil, chef bandit qui n’a pas l’air d’apprécier Farouk. Ils doivent se connaître de longue date… C’est un peu comme le lien qui uni Farouk et Gaerwen, depuis quand ces deux personnes, que tout à l’air de séparer, se connaissent ? Nous sommes attachés deux à deux et fixés à la coque du bateau par un lourd anneau. A chaque binôme on a vu un rapport de force s’établir le premier jour, pour voir qui aller mener la danse, puis enfin s’équilibrer en fin de journée en s’apercevant qu’il fallait s’unir tous contre nos geôliers. Je suis enchainé à Kacem et il n’a pas fait un pli… Je lui ai fait comprendre à qui il a affaire.
Une nuit, on a eu la visite d’un voyageur clandestin qui, bizarrement, nous a aidés en nous donnant de la nourriture. J’ai failli lui casser le bras si sa voix et sa taille ne m’avaient pas confirmé qu’il n’était pas une menace immédiate. Après coup, on m’a expliqué que ce serait un ami du nain et de l’elfe… Tiens donc, l’elfe et le nain se connaissent… On aura tout vu sur ce bateau !
Pour l’instant, j’essaie de cacher mon jeu. Je fais celui qui obéi et qui se montre enthousiaste à sa tache mais je guette patiemment le moment opportun de leur prouver le contraire et d’en envoyer un ou deux par-dessus bord…
Haut de ses 2,02 métres, Belzagar est une force de la nature que, d'ordinaire, peu de marins se sont mesurés physiquement à lui...
Mes compagnons d’infortune sont, pour la plus part, haïssable mais je dois momentanément oublier mes rancunes pour que nous puissions sortir de ce trou à rats. Ils le paieront bien un jour ou l’autre. Qui nous sommes pour intéresser ce sorcier noir ? Que veut-il nous faire faire contre un semblant de liberté ? Il y a là une elfe et un rouquin qui ont un régime de faveur, ils vivent aux ponts supérieurs et portent vingt kilos de chaines. L’équipage aurait plus peur de ses deux prisonniers que ceux qui croupissent ici en fond de cale, alors que nous sommes d’apparence meilleurs bretteur pour certains ou plus fourbes pour d’autres. En bas, parlons-en, il y a la belle Dúnadan pour qui je suis ici, c’est une capitaine et elle semble est rompue aux combats malgré son jeune âge. Elle doit être surement issue d’une noble famille et avoir suivi les leçons d’un maître d’arme pour manier l’épée de cette manière. Morog, que sa carrure n’a d’équivalent que sa cruauté, ne paie rien pour attendre. Il est enchainé à Gaerwen et lui administre les pires des traitements, coups, privations de nourriture et d’eau. Il est fort et peu néanmoins être un atout vital lors de notre évasion. Ensuite, il y a la crème des haradrims, Farouk, Jamel, Kacem et Tama, plus ou moins débrouillards mais maniant des armes moins nobles comme l’arc, la dague ou la magie. Ensuite, il y a Hemil, chef bandit qui n’a pas l’air d’apprécier Farouk. Ils doivent se connaître de longue date… C’est un peu comme le lien qui uni Farouk et Gaerwen, depuis quand ces deux personnes, que tout à l’air de séparer, se connaissent ? Nous sommes attachés deux à deux et fixés à la coque du bateau par un lourd anneau. A chaque binôme on a vu un rapport de force s’établir le premier jour, pour voir qui aller mener la danse, puis enfin s’équilibrer en fin de journée en s’apercevant qu’il fallait s’unir tous contre nos geôliers. Je suis enchainé à Kacem et il n’a pas fait un pli… Je lui ai fait comprendre à qui il a affaire.
Une nuit, on a eu la visite d’un voyageur clandestin qui, bizarrement, nous a aidés en nous donnant de la nourriture. J’ai failli lui casser le bras si sa voix et sa taille ne m’avaient pas confirmé qu’il n’était pas une menace immédiate. Après coup, on m’a expliqué que ce serait un ami du nain et de l’elfe… Tiens donc, l’elfe et le nain se connaissent… On aura tout vu sur ce bateau !
Pour l’instant, j’essaie de cacher mon jeu. Je fais celui qui obéi et qui se montre enthousiaste à sa tache mais je guette patiemment le moment opportun de leur prouver le contraire et d’en envoyer un ou deux par-dessus bord…
Haut de ses 2,02 métres, Belzagar est une force de la nature que, d'ordinaire, peu de marins se sont mesurés physiquement à lui...
Modifié en dernier par Psychopat le 31 janvier 2015, 12:40, modifié 2 fois.
"Allez tous vous faire déchirer..."
Asako Moharu :
"Un rikugunshokan infaillible peut-il commettre une erreur Daïdoji-san ?"
Daïdoji Asami :
"Un rikugunshokan Grue ou un rikugunshokan Lion Asako-sama ?"
Asako Moharu :
"Un rikugunshokan infaillible peut-il commettre une erreur Daïdoji-san ?"
Daïdoji Asami :
"Un rikugunshokan Grue ou un rikugunshokan Lion Asako-sama ?"
Journal de Tobias - récit n° 11
Mais qu'est-ce que j'suis v'nu faire dans cette galère !!! Bon, comme si j'avais eu l'choix de tout'manière : quand un hobbit qui sait pas nager est à l'eau, i r'garde pas trop d'où vient la corde sur laquelle il met la main, il grimpe ! Je sens que c'est pas d'main que j'vais visiter cette fameuse Comté où s'que sont les autres hobbits et mon ancienne famille... Et si j'reprenais au début ?
Interlude pirate
La dernière fois que j'ai pu écrire, on était embarqués dans une histoire de filles enlevées du côté de Minas Girithlin, de sombre trafic humain avec des Haradrim et je sais plus trop quoi. Tout ça après avoir foutu la pâté à un agent d'Angmar qui cherchait l'amulette que j'portais, pour chais plus quel rituel d'Angmar contre l'oiseau de feu, toussa... L'y a perdu la vie et j'ai récupéré les deux amulettes qu'il portait, et pis on est allé à la recherche des filles et tout le tintouin...
Bon, je passe sur les détails, mais entre les gars d'Angmar qui voulaient récupérer les amulettes, des infos sur ce rituel et cette histoire de trafic avec le sud, on a fini par prendre un bateau pour le Gondor après avoir libéré les filles prisonnières pas encore vendues. J'étais pas rassuré d'prendre la mer, mais Marti avait pas trop l'air joisse non plus. Avec tout le métal qu'i portait, savait p'têt' encore moins bien nager qu'moi. Moins que zéro, c'est possible ? Ouais, ça s'appelle un guerrier nain...
En fait, on faisait partie d'un convoi de trois vaisseaux, vu qu'les pirates d'Umbar étaient de plus en plus entreprenants après avoir foutu une pâté à Gondor, paraît même qu'i-z-avaient tué l'roi dans l'attaque de Pelargir je crois. Au début le voyage était OK. Par précaution j'avais juste gardé l'amulette de la tête de corbeau et donné les autres à Dorn pour l'une et à Tiriel pour l'autre. Et pis on a passé le cap d'Anfalas, et là, la cata : cinq vaisseaux pirates qui attendaient en embuscade. Et du beau monde en plus ! Z'étaient commandés par un grand capitaine d'Umbar j'ai cru comprendre, avec un nom à coucher dehors genre Sanga-quelque chose. Mais c'était un crack dans son genre et son genre c'était piraterie et combat. Qu'est-ce qu'on a dégusté !
Mais les pirates d'Umbar s'attendaient pas non plus à tomber sur un gars comme Dorn ou à des tireurs comme Tavar et Tiriel. L'problème c'est qu'les flèches ça pousse pas partout. L'elfe a fini par être à sec et à se frotter au commandant d'un peu près, et il l'a étendue, assommée. Marti avait déjà subi un sort équivalent, et pour le reste, le bateau était en feu... Le mât où j'étais planqué - avec d'autres tireurs - a été attaqué à la hache et a fini à la flotte, à côté du vaisseau qui nous avait abordé. J'ai pu saisir une corde et monter en catimini chez l'ennemi, pendant que le bateau qui brûlait était abandonné. Bye Tavar et Dorn, et le chien de Marti, chais pas où vous êtes mais quèqu'chose me dit qu'j'en ai pas fini avec vous. J'compte bien qu'z'avez survécu à tout ça.
Umbar
Le nain et l'elfe avaient été faits prisonniers et emmenés à bord, j'ai cru comprendre. En la foutant à poil i-z-ont dû découvrir que Tiriel était pas le gars en qui elle s'était déguisée, et j'ai cru comprendre qu'esse vendrait cher à Umbar. Pendant des jours j'ai joué au rat de navire et i m'ont jamais trouvé, la Peste à Tharbad m'avait appris trop de trucs. Bon, on a fini par arriver à Umbar, pas mal de prisonniers ont fini dans une espèce de prison pour esclaves, trop bien gardée, surtout qu'i avait des chiens et j'pouvais pas les passer, eux. Re-galère pour survivre caché là-bas, surtout qu'ça parlait pas trop l'commun mais des langues du sud que j'comprenais que dalle. J'regrettais Tharbad, c'est dire...
Et pis un jour, caché sous un toit, j'ai vu une vente aux esclaves avec le nain et l'elfe, mais aussi d'autres prisonniers. Et ça a flambé, bon sang. Y avait un gars vach'ment basané avec des allures de sorcier, entouré d'guerriers pareils - basanés - qu'avaient l'air de faire peur aux locaux. L'gars avait l'air d'avoir une mine d'or sur lui et il a acheté le gratin des esclaves : mes deux copains et d'autres qu'avaient eu leur tête mise à prix suite à des trucs que j'ai pas compris. J'crois qu'i avait des Gondoriens ennemis d'Umbar, dont une chouette Dúnadan à qui d'autres prisonniers faisaient les yeux doux, pis des bandits haradrim, et d'autres... L'gars a acheté une dizaine de prisonniers, j'ai cru voir d'autres pas contents habillés comme des prêtres en noir, mais le chef de marché i's'frottait les mains !
'fin bon, si j'pouvais pas entrer dans la prison trop bien gardée, j'pouvais quand même suivre les basanés ou espionner aux tavernes pour essayer d'en savoir plus. Entre les trucs en commun qu'j'ai pu entendre et les allées et venues des gars, j'ai cru comprendre qu'ils allaient pas rester longtemps mais allaient partir pour le sud lointain. Dans une ville qu'j'y connais rien, un nom comme Bozisha-Dar, un grand port dans une oasis au bord du désert. Et le gars basané qu'était genre sorcier, et le chef, ben ouais, c'était un sorcier puissant et un ambassadeur d'là-bas, et même si on détestait les prisonniers pasque voleurs ou ennemis, ben dans les tavernes on les plaignait de c'qui les attendait là-bas. Paraît qu'le gars trainait une réputation de maître de la magie du sang - et de la mort - comme pas deux. Putain d'copains, Tiriel et Marti, dans quoi vous êtes tombés... Surtout qu'l'elfe avait été la plus demandée dans les enchères !
J'allais quand même pas laisser les copains s'faire tuer voire pire. Une nuit où j'surveillais la prison en m'demandant comment les faire sortir, ben, j'en ai vu sortir dix prisonniers, couvert de chaînes et de toile de jute sur le crâne, et aller vers le port, jusqu'à un bateau qu'j'avais déjà r'péré. Mes copains étaient avec eux, et i-z-allaient pas rester longtemps. Umbar j'aimais pas trop et le sud, qu'est-ce que ça changeait au juste ? Me suis faufilé à bord du vaisseau et me suis planqué dans un coin, au milieu de tonneaux, un étage au-dessus de la cale où croupissaient les prisonniers...
Navire
On est partis au petit matin. Le bateau était pas grand, pas un navire de guerre, plutôt un truc marchand. Planqué, j'ai pu compter - à l'ouïe au moins - une bonne dizaine de gars d'équipage. Fallait y rajouter le sorcier basané et ses trois guerriers moricauds. Dans la cale, j'ai entendu des bruits de baston quand i sont allés leur donner à manger, des rires aussi. Deux fois au moins dans la journée. Mais i a eu autre chose aussi, d'autres cris ailleurs. D'abord c'étaient des chants d'un gars que j'connaissais pas, chantait pas mal d'ailleurs et ça a duré longtemps. Et puis j'ai r'connu Tiriel et elle, elle avait l'air d'en baver sévère. L'sorcier avait l'air de lui en faire voir de toutes les couleurs. Et c'est marrant, j'aurais juré que plus elle souffrait, et plus le vent soufflait fort dans les voiles du bateau...
Ça a duré deux jours complets tout ça. J'ai fini par comprendre en furetant que Tiriel et un rouquin étaient pas avec les autres mais ils restaient planqués - avec deux fois plus de chaînes que les autres - au même niveau que la soute aux marchandises où j'étais planqué, et vers l'arrière. En fait i-z-étaient chacun dans une chambre ou plutôt dans un placard/prison au fond de deux chambres juxtaposées. I avait des portes qui menaient à ces chambres - celles de deux officiers j'crois - depuis la soute où j'étais mais où bien z'étaient fermées, ou bien y avait quelqu'un qui dormait pas, au bruit. I devait aussi y avoir un escalier pour monter directement au pont principal depuis les chambres.
Le reste du pont inférieur : la soute à marchandises avec plein de tonneaux entre lesquels j'me planquais, et des rouleaux d'étoffe précieuse j'crois. Une échelle pour monter au pont principal par une écoutille au plafond, et une écoutille dans le sol pour descendre à fond de cale, avec une échelle qu'on enlevait ou remettait pour descendre. Tout ça gardé par un matelot avec une petit lanterne. L'écoutille dans le sol était presque tout le temps fermée. Vers l'avant du vaisseau, sur le pont inférieur, y avait les quartiers des matelots, avec une porte donnant sur la soute et un escalier - au bruit - pour monter directement sur le pont principal.
En journée, ils montaient les prisonniers à l'air libre une partie du temps, pour leur faire faire des travaux de nettoyage du pont je crois, des trucs comme ça. Y avait aussi une chaloupe et une échelle de corde pour monter au mat et à la dunette. En plus de deux portes qui devaient descendre aux chambres des officiers (le second et le bosco), vers l'arrière y avait deux autres portes qui devaient donner sur la chambre du capitaine (cru comprendre qu's'app'lait Kaïs) et celle du sorcier (Tama j'crois), là ousque l'elfe était torturée la nuit. A l'avant, une porte donnait sur la cuisine puis le cellier (fermé), et une autre porte donnait sur la chambre des trois guerriers moricauds. I d'vait y avoir aussi un atelier par-là mais chuis pas encore allé voir. Et pis au-d'sus du pont principal, à l'avant comme à l'arrière, y avait une partie surélevée où chuis jamais allé, trop dangereux.
Prisonniers
A part le rouquin et l'elfe gardés ailleurs, la cale contenait huit prisonniers, enchaînés deux par deux. Comment j'ai su ça ? Le long du mat y avait un espace assez grand pour laisser passer une espèce de tube qui descendait dans la cale, tube attaché à un appareil bizarre. Mais en m'faufilant j'pouvais aussi passer par là... La cale était pas bien haute - même le nain aurait pas pu tenir debout - et plein de sable. J'suis passé par là deux ou trois fois pour voir les copains - y avait juste Marti mais d'autres comme la Dúnadan avaient l'air sympa - et leur donner à bouffer à partir de c'que j'arrivais à piquer dans la cuisine. J'ai même soigné un peu la fille, assez mal en point à cause de la brute avec qui elle était enchaînée.
'fin bon, et si on f'sait les présentations ? Certains étaient plus bavards que d'autres quand je descendais la nuit, et à part la brute qu'avait la langue coupée j'ai cru comprendre, on a fini par se faire confiance et i m'ont parlé d'eux. Y avait donc :
- Gaerwen, une capitaine du Gondor, Dúnadan, salement amochée par la brute à qui elle est enchaînée, et qu'on appelle le moraug - ça doit vouloir dire une espèce de monstre. Il l'avait tellement amochée et empêchée de boire et manger qu'il s'est fait bastonner pour lui apprendre, donc lui non plus ça n'allait pas fort à la fin.
- Marti, mon copain nain, est attaché avec un certain Djamel, un chef contrebandier haradrim je crois. Plutôt un meneur d'hommes, et pas moche avec ça. Ça avait l'air d'aller à peu près entre les deux.
- Deux Haradrim sont attachés ensemble qui s'aiment pas trop j'ai cru comprendre, et ils venaient tous les deux de la terre, ça d'vait être des chefs bandits concurrents ou un truc comme ça : l'un s'appelle Farouk et semble préoccupé par le sort de la Dúnadan, l'autre s'appelle Emil. I s'aiment pas trop mais s'battaient pas non plus, la bagarre c'était l'autre brute attachée à Gaerwen.
- Y avait un autre Dúnadan encore, apparemment un pirate d'Umbar qu'avait mal fini, s'appelait Belzagar. F'sait un peu peur et m'a attrapé quand j'ai voulu le réveiller, une vraie vipère le gars. L'air d'un chef, mais l'a aussi l'air complètement timbré de la Dúnadan du Gondor, elle compte plus que sa propre vie on dirait. L'est attaché à un Haradrim sang-mêlé, un voleur d'Umbar je crois, qu's'appelle Kacem. Entre les deux, le Belzagar commande manifestement même si l'est pas trop méchant avec l'autre... tant qu'il lui fait pas de crasse en tout cas.
Et à part ça, j'ai cru comprendre que Tiriel va pas forcément survivre à la traversée, prévue pour durer deux semaines. Paraît que le rouquin qu'est pas loin d'elle - Manil je crois qu'i s'appelle - la soigne la nuit avec ses chants. Avant qu'esse fasse torturer pour faire avancer le vaisseau plus vite.
Interlude pirate
La dernière fois que j'ai pu écrire, on était embarqués dans une histoire de filles enlevées du côté de Minas Girithlin, de sombre trafic humain avec des Haradrim et je sais plus trop quoi. Tout ça après avoir foutu la pâté à un agent d'Angmar qui cherchait l'amulette que j'portais, pour chais plus quel rituel d'Angmar contre l'oiseau de feu, toussa... L'y a perdu la vie et j'ai récupéré les deux amulettes qu'il portait, et pis on est allé à la recherche des filles et tout le tintouin...
Bon, je passe sur les détails, mais entre les gars d'Angmar qui voulaient récupérer les amulettes, des infos sur ce rituel et cette histoire de trafic avec le sud, on a fini par prendre un bateau pour le Gondor après avoir libéré les filles prisonnières pas encore vendues. J'étais pas rassuré d'prendre la mer, mais Marti avait pas trop l'air joisse non plus. Avec tout le métal qu'i portait, savait p'têt' encore moins bien nager qu'moi. Moins que zéro, c'est possible ? Ouais, ça s'appelle un guerrier nain...
En fait, on faisait partie d'un convoi de trois vaisseaux, vu qu'les pirates d'Umbar étaient de plus en plus entreprenants après avoir foutu une pâté à Gondor, paraît même qu'i-z-avaient tué l'roi dans l'attaque de Pelargir je crois. Au début le voyage était OK. Par précaution j'avais juste gardé l'amulette de la tête de corbeau et donné les autres à Dorn pour l'une et à Tiriel pour l'autre. Et pis on a passé le cap d'Anfalas, et là, la cata : cinq vaisseaux pirates qui attendaient en embuscade. Et du beau monde en plus ! Z'étaient commandés par un grand capitaine d'Umbar j'ai cru comprendre, avec un nom à coucher dehors genre Sanga-quelque chose. Mais c'était un crack dans son genre et son genre c'était piraterie et combat. Qu'est-ce qu'on a dégusté !
Mais les pirates d'Umbar s'attendaient pas non plus à tomber sur un gars comme Dorn ou à des tireurs comme Tavar et Tiriel. L'problème c'est qu'les flèches ça pousse pas partout. L'elfe a fini par être à sec et à se frotter au commandant d'un peu près, et il l'a étendue, assommée. Marti avait déjà subi un sort équivalent, et pour le reste, le bateau était en feu... Le mât où j'étais planqué - avec d'autres tireurs - a été attaqué à la hache et a fini à la flotte, à côté du vaisseau qui nous avait abordé. J'ai pu saisir une corde et monter en catimini chez l'ennemi, pendant que le bateau qui brûlait était abandonné. Bye Tavar et Dorn, et le chien de Marti, chais pas où vous êtes mais quèqu'chose me dit qu'j'en ai pas fini avec vous. J'compte bien qu'z'avez survécu à tout ça.
Umbar
Le nain et l'elfe avaient été faits prisonniers et emmenés à bord, j'ai cru comprendre. En la foutant à poil i-z-ont dû découvrir que Tiriel était pas le gars en qui elle s'était déguisée, et j'ai cru comprendre qu'esse vendrait cher à Umbar. Pendant des jours j'ai joué au rat de navire et i m'ont jamais trouvé, la Peste à Tharbad m'avait appris trop de trucs. Bon, on a fini par arriver à Umbar, pas mal de prisonniers ont fini dans une espèce de prison pour esclaves, trop bien gardée, surtout qu'i avait des chiens et j'pouvais pas les passer, eux. Re-galère pour survivre caché là-bas, surtout qu'ça parlait pas trop l'commun mais des langues du sud que j'comprenais que dalle. J'regrettais Tharbad, c'est dire...
Et pis un jour, caché sous un toit, j'ai vu une vente aux esclaves avec le nain et l'elfe, mais aussi d'autres prisonniers. Et ça a flambé, bon sang. Y avait un gars vach'ment basané avec des allures de sorcier, entouré d'guerriers pareils - basanés - qu'avaient l'air de faire peur aux locaux. L'gars avait l'air d'avoir une mine d'or sur lui et il a acheté le gratin des esclaves : mes deux copains et d'autres qu'avaient eu leur tête mise à prix suite à des trucs que j'ai pas compris. J'crois qu'i avait des Gondoriens ennemis d'Umbar, dont une chouette Dúnadan à qui d'autres prisonniers faisaient les yeux doux, pis des bandits haradrim, et d'autres... L'gars a acheté une dizaine de prisonniers, j'ai cru voir d'autres pas contents habillés comme des prêtres en noir, mais le chef de marché i's'frottait les mains !
'fin bon, si j'pouvais pas entrer dans la prison trop bien gardée, j'pouvais quand même suivre les basanés ou espionner aux tavernes pour essayer d'en savoir plus. Entre les trucs en commun qu'j'ai pu entendre et les allées et venues des gars, j'ai cru comprendre qu'ils allaient pas rester longtemps mais allaient partir pour le sud lointain. Dans une ville qu'j'y connais rien, un nom comme Bozisha-Dar, un grand port dans une oasis au bord du désert. Et le gars basané qu'était genre sorcier, et le chef, ben ouais, c'était un sorcier puissant et un ambassadeur d'là-bas, et même si on détestait les prisonniers pasque voleurs ou ennemis, ben dans les tavernes on les plaignait de c'qui les attendait là-bas. Paraît qu'le gars trainait une réputation de maître de la magie du sang - et de la mort - comme pas deux. Putain d'copains, Tiriel et Marti, dans quoi vous êtes tombés... Surtout qu'l'elfe avait été la plus demandée dans les enchères !
J'allais quand même pas laisser les copains s'faire tuer voire pire. Une nuit où j'surveillais la prison en m'demandant comment les faire sortir, ben, j'en ai vu sortir dix prisonniers, couvert de chaînes et de toile de jute sur le crâne, et aller vers le port, jusqu'à un bateau qu'j'avais déjà r'péré. Mes copains étaient avec eux, et i-z-allaient pas rester longtemps. Umbar j'aimais pas trop et le sud, qu'est-ce que ça changeait au juste ? Me suis faufilé à bord du vaisseau et me suis planqué dans un coin, au milieu de tonneaux, un étage au-dessus de la cale où croupissaient les prisonniers...
Navire
On est partis au petit matin. Le bateau était pas grand, pas un navire de guerre, plutôt un truc marchand. Planqué, j'ai pu compter - à l'ouïe au moins - une bonne dizaine de gars d'équipage. Fallait y rajouter le sorcier basané et ses trois guerriers moricauds. Dans la cale, j'ai entendu des bruits de baston quand i sont allés leur donner à manger, des rires aussi. Deux fois au moins dans la journée. Mais i a eu autre chose aussi, d'autres cris ailleurs. D'abord c'étaient des chants d'un gars que j'connaissais pas, chantait pas mal d'ailleurs et ça a duré longtemps. Et puis j'ai r'connu Tiriel et elle, elle avait l'air d'en baver sévère. L'sorcier avait l'air de lui en faire voir de toutes les couleurs. Et c'est marrant, j'aurais juré que plus elle souffrait, et plus le vent soufflait fort dans les voiles du bateau...
Ça a duré deux jours complets tout ça. J'ai fini par comprendre en furetant que Tiriel et un rouquin étaient pas avec les autres mais ils restaient planqués - avec deux fois plus de chaînes que les autres - au même niveau que la soute aux marchandises où j'étais planqué, et vers l'arrière. En fait i-z-étaient chacun dans une chambre ou plutôt dans un placard/prison au fond de deux chambres juxtaposées. I avait des portes qui menaient à ces chambres - celles de deux officiers j'crois - depuis la soute où j'étais mais où bien z'étaient fermées, ou bien y avait quelqu'un qui dormait pas, au bruit. I devait aussi y avoir un escalier pour monter directement au pont principal depuis les chambres.
Le reste du pont inférieur : la soute à marchandises avec plein de tonneaux entre lesquels j'me planquais, et des rouleaux d'étoffe précieuse j'crois. Une échelle pour monter au pont principal par une écoutille au plafond, et une écoutille dans le sol pour descendre à fond de cale, avec une échelle qu'on enlevait ou remettait pour descendre. Tout ça gardé par un matelot avec une petit lanterne. L'écoutille dans le sol était presque tout le temps fermée. Vers l'avant du vaisseau, sur le pont inférieur, y avait les quartiers des matelots, avec une porte donnant sur la soute et un escalier - au bruit - pour monter directement sur le pont principal.
En journée, ils montaient les prisonniers à l'air libre une partie du temps, pour leur faire faire des travaux de nettoyage du pont je crois, des trucs comme ça. Y avait aussi une chaloupe et une échelle de corde pour monter au mat et à la dunette. En plus de deux portes qui devaient descendre aux chambres des officiers (le second et le bosco), vers l'arrière y avait deux autres portes qui devaient donner sur la chambre du capitaine (cru comprendre qu's'app'lait Kaïs) et celle du sorcier (Tama j'crois), là ousque l'elfe était torturée la nuit. A l'avant, une porte donnait sur la cuisine puis le cellier (fermé), et une autre porte donnait sur la chambre des trois guerriers moricauds. I d'vait y avoir aussi un atelier par-là mais chuis pas encore allé voir. Et pis au-d'sus du pont principal, à l'avant comme à l'arrière, y avait une partie surélevée où chuis jamais allé, trop dangereux.
Prisonniers
A part le rouquin et l'elfe gardés ailleurs, la cale contenait huit prisonniers, enchaînés deux par deux. Comment j'ai su ça ? Le long du mat y avait un espace assez grand pour laisser passer une espèce de tube qui descendait dans la cale, tube attaché à un appareil bizarre. Mais en m'faufilant j'pouvais aussi passer par là... La cale était pas bien haute - même le nain aurait pas pu tenir debout - et plein de sable. J'suis passé par là deux ou trois fois pour voir les copains - y avait juste Marti mais d'autres comme la Dúnadan avaient l'air sympa - et leur donner à bouffer à partir de c'que j'arrivais à piquer dans la cuisine. J'ai même soigné un peu la fille, assez mal en point à cause de la brute avec qui elle était enchaînée.
'fin bon, et si on f'sait les présentations ? Certains étaient plus bavards que d'autres quand je descendais la nuit, et à part la brute qu'avait la langue coupée j'ai cru comprendre, on a fini par se faire confiance et i m'ont parlé d'eux. Y avait donc :
- Gaerwen, une capitaine du Gondor, Dúnadan, salement amochée par la brute à qui elle est enchaînée, et qu'on appelle le moraug - ça doit vouloir dire une espèce de monstre. Il l'avait tellement amochée et empêchée de boire et manger qu'il s'est fait bastonner pour lui apprendre, donc lui non plus ça n'allait pas fort à la fin.
- Marti, mon copain nain, est attaché avec un certain Djamel, un chef contrebandier haradrim je crois. Plutôt un meneur d'hommes, et pas moche avec ça. Ça avait l'air d'aller à peu près entre les deux.
- Deux Haradrim sont attachés ensemble qui s'aiment pas trop j'ai cru comprendre, et ils venaient tous les deux de la terre, ça d'vait être des chefs bandits concurrents ou un truc comme ça : l'un s'appelle Farouk et semble préoccupé par le sort de la Dúnadan, l'autre s'appelle Emil. I s'aiment pas trop mais s'battaient pas non plus, la bagarre c'était l'autre brute attachée à Gaerwen.
- Y avait un autre Dúnadan encore, apparemment un pirate d'Umbar qu'avait mal fini, s'appelait Belzagar. F'sait un peu peur et m'a attrapé quand j'ai voulu le réveiller, une vraie vipère le gars. L'air d'un chef, mais l'a aussi l'air complètement timbré de la Dúnadan du Gondor, elle compte plus que sa propre vie on dirait. L'est attaché à un Haradrim sang-mêlé, un voleur d'Umbar je crois, qu's'appelle Kacem. Entre les deux, le Belzagar commande manifestement même si l'est pas trop méchant avec l'autre... tant qu'il lui fait pas de crasse en tout cas.
Et à part ça, j'ai cru comprendre que Tiriel va pas forcément survivre à la traversée, prévue pour durer deux semaines. Paraît que le rouquin qu'est pas loin d'elle - Manil je crois qu'i s'appelle - la soigne la nuit avec ses chants. Avant qu'esse fasse torturer pour faire avancer le vaisseau plus vite.
Modifié en dernier par Niemal le 30 novembre 2015, 13:07, modifié 1 fois.
Journal de Tobias - récit n° 12
Ha ben ouais alors chais pas vous, mais moi je l'sens vraiment pas terrible notre avenir. Ha ouais, les copains sont libres, le sorcier et ses gardes sont plus là pour torturer la Tirionel. 'fin bon, j'peux l'appeler Tiriel vu qu'tout l'monde a vu qu'c'était une femme en plus d'une elfe... Pour c'que ça change de tout' manière... Qui c'est qu'a dit qu'i préférait mourir libre que vivre enchaîné ? M'est avis que les copains vont pouvoir vivre mais pas longtemps, libres, et crever avec leurs chaînes, si on trouve pas une solution vite fait. Et j'vois pas bien c'que j'vais pouvoir faire pour aider, cette fois...
Mais bon, j'ai réussi à emporter avec moi tout mon matériel d'écriture sans tomber dans cette foutue flotte. Super pour écrire, une chaloupe pour une demi-douzaine de personnes dans laquelle on tient à 14 ! Bah, voyons le bon côté des choses : avec le vent froid qu'il fait, au moins, ça tient chaud d'être tous serrés comme ça. Me d'mande comment ça va être si le temps se dégrade un peu et que les vagues grossissent. Foutue flotte ! Et en plus le bateau a cramé trop vite pour qu'on puisse emporter grand-chose. Bon, retour en arrière un peu.
Exploration et larcins
Alors les copains sont bien gentils mais j'me ballade pas où j'veux comme je veux sur ce foutu rafiot. D'abord pass'que le marin qui surveille la cale i dort pas toujours. Mais bon, j'sais êt' discret et i m'a jamais chopé quand j'descendais voir les copains et leurs potes attachés pour soigner, donner des infos et de la nourriture piquée dans les restes de la cuisine. Alors trouver les clés pour les libérer, des armes et tout le bataclan, z-en ont de bonnes, tiens. J'ai ben essayé, surtout le matin où i-z-étaient tous sur le pont. Mais toutes les portes intéressantes, celles des chambres du bosco et du second étaient fermées.
Alors i paraît que le pirate dúnadan super-costaud, Belzagar qu'i s'appelle, il était en trop bonne forme et ils l'ont fait combattre sur le pont avec des épées en bois. Face à un guerrier entraîné alors que lui était attaché à un gars derrière, i s'en est pris dans la figure pis il a jeté son épée de bois en mer. Pour la peine il a pris dix coups de fouet. Pas qu'ç'a eu l'air de l'affecter beaucoup. Ce gars, l'a l'air de vivre pour le conflit, un peu comme l'autre cinglé muet qu'a tapé sur la capitaine dúnadan. A part qu'le Belzagar semble plus malin, faut faire gaffe.
Bref, ya eu deux jours et une nuit où j'ai farfouillé à droite à gauche. Tout c'que j'ai pu ramener aux copains, c'est deux couteaux piqués en cuisine, planqués dans le sable à leur pied. Chais pas à quoi ça sert du sable dans une cale, mais j'crois qu'quelqu'un m'a dit qu'ça stabilisait le bateau. Ha, et pis l'elfe et l'autre magicien-chanteur, i-z-ont dit qu'y avait des petites fenêtres dans les chambres où qu'i-z-étaient. Ouais, d'accord, mais fermées, alors ça m'avançait pas à grand-chose. Si seulement è-z-avaient pu être ouvertes...
De c'que j'ai compris et entendu aussi, l'état de l'elfe allait pas en s'améliorant. L'aut' mago arrivait pas à la soigner assez ou alors juste assez pour que le sorcier la saigne ensuite et s'en serve pour faire avancer le vaisseau plus vite. Par contre, avec les petites douceurs que j'apportais et pis l'aide de l'amulette magique que j'portais, l'état des autres était nettement meilleur. Sauf le psychopathe muet, mais là ça m'dérangeait pas qu'i reste un peu mal foutu, j'avais moins peur de lui comme ça, quand j'm'occupais de la fille à laquelle il était attaché et qu'il avait frappée plusieurs fois.
Opportunité
Mais la Tiriel, avec tout son mauvais caractère, elle m'a donné l'opportunité que j'cherchais sans le savoir. Sentant qu'elle tiendrait plus longtemps, la deuxième nuit quand on est venu la chercher, elle a fait un foin pas possible au moment de monter sur le pont. Même blessée et affaiblie comme elle l'était, elle ruait de partout, i-z-étaient deux à la maîtriser. Du coup, le second était trop occupé sur le moment pour fermer sa porte à clé, ou pour regarder ailleurs...
Alors des heures après, quand elle est rev'nue, après avoir été soignée puis saignée, qui c'est qui lui a fait un signe de la main depuis sous le lit du second ? C'est bibi. Et le second, il avait eu quelques jours pour vérifier qu'y avait aucun risque, donc i s'est vite pieuté et endormi... en laissant ses affaires à côté, dont un trousseau de clés. Pas perdu pour tout le monde le trousseau ! Un peu après j'étais avec l'elfe et je la détachais. Et le gars roupillait toujours.
On a conv'nu qu'i fallait d'abord que j'délivre les autres pour qu'on s'barre tous ensemble. J'avais les clés, i d'vait bien y avoir celle des cad'nas du d'sous ! En tout cas j'ai pu ouvrir la porte du pont inférieur, en f'sant gaffe, le garde dormait pas. Pis chuis descendu à fond de cale et j'ai pu libérer les autres en faisant doucement. Ouais, mais le garde ? Les copains allaient pas passer inaperçus avec leurs chaînes, surtout qu'i faudrait sortir sous le nez du gars...
Ya des gars pas bêtes dans l'lot : pendant que j'allais carresser la tête du garde avec une pierre de ma fronde - pauv'gars j'crois bien qu'l'est mort - quelqu'un a eu l'idée de prendre des bouts de vêtement pour étouffer les bruits des chaînes. Pis j'ai ouvert la trappe de la cale et i-z-ont pu sortir. Certains étaient discrets, mais les plus grosses baraques comme le moraug ou le Belzagar, ou la fille dúnadan, crénom qu'z-étaient bruyants !
Alerte
Dans le pont inférieur, les copains ont trouvé de quoi faire flamber le bateau, je crois : de l'huile de lanterne, copieusement arrosée sur des rouleaux de tissu. Pendant c'temps-là j'retrouvais l'elfe et j'égorgeais le second tandis qu'l'elfe le maintenait. L'est mort sans bruit. On est entré dans la chambre du bosco juste à côté, pareil. Sauf que là, ça a fait plus de bruit et j'ai entendu au-dessus que quelqu'un avait réagi. Et c'était la chambre du sorcier...
On a libéré l'aut' mago, Manil si j'me souviens bien, et on s'est préparé à sortir. L'objectif c'était de foncer prendre la chaloupe avant qu'l'équipage puisse réagir. Mais j'entendais des bruit de bas en haut, sur le pont. Avec Tiriel on est monté et par la porte on a vu qu'le sorcier rameutait ses guerriers. Pis après il a dû en parler au capitaine et ce dernier a poussé une gueulante pour réveiller son second et le bosco. Et vu leur sommeil éternel, z'ont rien pu répondre...
Du coup, ça a été branle-bas de combat, appel aux armes et tout le tintouin. L'équipage a été réveillé mais le nain a bloqué la porte par la force - y avait pas d'serrure - et les marins ont dû passer par l'escalier et arriver sur le pont supérieur, où ça fritait déjà. Tiriel avait récupéré un arc et tirait depuis derrière la porte de la chambre du bosco, mais elle a failli se prendre une grosse épée dans la tronche. Me suis dit qu'ça s'rait mieux d'passer par là où personne d'aut'que moi pouvait aller : la fenêtre.
J'ai donc ouvert la p'tit' fenêtre de la chambre du second et j'ai grimpé - surtout pas regarder la flotte en bas, si j'tombe chuis mort ! Chuis arrivé sur l'endroit surélevé à l'arrière du bateau, y avait le sorcier et un de ses guerriers qui lançait des dagues en bas (sur les copains j'imagine), plus le capitaine et un marin. Le capitaine était très près de moi, contre le bastingage, j'étais dans son dos. Une pierre dans la tête, et il est tombé dans la flotte - foutu roulis !
Combat et fuite
L'a fallu que j'me carapate vite fait par là où j'étais v'nu. Mais qui allait remarquer mes p'tites mains le long du bastingage, de nuit, alors que les copains et moi on avait utilisé ma provision de trèfle de lune pour mieux voir dans le noir ? J'ai pu aller jusqu'à la poupe, à l'autre bout du bateau. Y avait là l'archer du sorcier, et si Tiriel l'avait blessé je crois, il faisait pareil avec les copains - j'crois qu'c'est Marti qu'avait pris une flèche dans le dos. Ma pierre à l'arrière du crâne et le gars était par terre.
Pendant que j'refaisais l'même chemin en sens inverse, j'ai cru comprendre que ça allait pas terrible pour les copains. Le sorcier avait fait un truc, ça m'a donné les chocottes un bref moment, mais les aut' qu'étaient attachés ont eu envie de se foutre à l'eau pour fuir le sorcier. Les copains ont dû en tuer certains, dont le moraug, pour éviter de passer par-dessus bord. Et pis en même temps, le feu commençait à ronfler en bas et à sortir par l'écoutille, et la voile allait bientôt prendre...
Du coup, les marins qui restaient ont filé à la chaloupe pendant qu'les copains s'débarrassaient des derniers guerriers, après quelques blessures quand même. Restait plus qu'le sorcier mais la pierre que j'lui ai mis dans la tête a arrêté un truc qu'il préparait. J'lai fouillé rapide, pis j'suis allé vite rejoindre les copains qui descendaient dans la chaloupe. La voile était en flammes, le pont inférieur un brasier, j'tenais pas à rester plus longtemps, surtout avec le vent qu'attisait tout ça...
On a r'gardé l'vaisseau finir de brûler et couler un peu plus loin, vach'ment joli. Sauf qu'on est dans une chaloupe surchargée pleine de blessés, presque sans eau ni nourriture, la veille de l'hiver, en pleine mer si j'ai bien compris, et j'crois avoir entendu le Belzagar insinuer qu'on allait vers les ennuis. Les copains ont tranché les mains ou chevilles des gars morts avec qui i-z-étaient enchaînés, sauf Kacem, le voleur attaché à Belzagar, vivant - l'avait résisté à la magie du sorcier. Ha, et pis ya six marins haradrim du vaisseau avec nous. Pour la plupart pas blessés, et armés. Et maintenant, on fait quoi ?
Mais bon, j'ai réussi à emporter avec moi tout mon matériel d'écriture sans tomber dans cette foutue flotte. Super pour écrire, une chaloupe pour une demi-douzaine de personnes dans laquelle on tient à 14 ! Bah, voyons le bon côté des choses : avec le vent froid qu'il fait, au moins, ça tient chaud d'être tous serrés comme ça. Me d'mande comment ça va être si le temps se dégrade un peu et que les vagues grossissent. Foutue flotte ! Et en plus le bateau a cramé trop vite pour qu'on puisse emporter grand-chose. Bon, retour en arrière un peu.
Exploration et larcins
Alors les copains sont bien gentils mais j'me ballade pas où j'veux comme je veux sur ce foutu rafiot. D'abord pass'que le marin qui surveille la cale i dort pas toujours. Mais bon, j'sais êt' discret et i m'a jamais chopé quand j'descendais voir les copains et leurs potes attachés pour soigner, donner des infos et de la nourriture piquée dans les restes de la cuisine. Alors trouver les clés pour les libérer, des armes et tout le bataclan, z-en ont de bonnes, tiens. J'ai ben essayé, surtout le matin où i-z-étaient tous sur le pont. Mais toutes les portes intéressantes, celles des chambres du bosco et du second étaient fermées.
Alors i paraît que le pirate dúnadan super-costaud, Belzagar qu'i s'appelle, il était en trop bonne forme et ils l'ont fait combattre sur le pont avec des épées en bois. Face à un guerrier entraîné alors que lui était attaché à un gars derrière, i s'en est pris dans la figure pis il a jeté son épée de bois en mer. Pour la peine il a pris dix coups de fouet. Pas qu'ç'a eu l'air de l'affecter beaucoup. Ce gars, l'a l'air de vivre pour le conflit, un peu comme l'autre cinglé muet qu'a tapé sur la capitaine dúnadan. A part qu'le Belzagar semble plus malin, faut faire gaffe.
Bref, ya eu deux jours et une nuit où j'ai farfouillé à droite à gauche. Tout c'que j'ai pu ramener aux copains, c'est deux couteaux piqués en cuisine, planqués dans le sable à leur pied. Chais pas à quoi ça sert du sable dans une cale, mais j'crois qu'quelqu'un m'a dit qu'ça stabilisait le bateau. Ha, et pis l'elfe et l'autre magicien-chanteur, i-z-ont dit qu'y avait des petites fenêtres dans les chambres où qu'i-z-étaient. Ouais, d'accord, mais fermées, alors ça m'avançait pas à grand-chose. Si seulement è-z-avaient pu être ouvertes...
De c'que j'ai compris et entendu aussi, l'état de l'elfe allait pas en s'améliorant. L'aut' mago arrivait pas à la soigner assez ou alors juste assez pour que le sorcier la saigne ensuite et s'en serve pour faire avancer le vaisseau plus vite. Par contre, avec les petites douceurs que j'apportais et pis l'aide de l'amulette magique que j'portais, l'état des autres était nettement meilleur. Sauf le psychopathe muet, mais là ça m'dérangeait pas qu'i reste un peu mal foutu, j'avais moins peur de lui comme ça, quand j'm'occupais de la fille à laquelle il était attaché et qu'il avait frappée plusieurs fois.
Opportunité
Mais la Tiriel, avec tout son mauvais caractère, elle m'a donné l'opportunité que j'cherchais sans le savoir. Sentant qu'elle tiendrait plus longtemps, la deuxième nuit quand on est venu la chercher, elle a fait un foin pas possible au moment de monter sur le pont. Même blessée et affaiblie comme elle l'était, elle ruait de partout, i-z-étaient deux à la maîtriser. Du coup, le second était trop occupé sur le moment pour fermer sa porte à clé, ou pour regarder ailleurs...
Alors des heures après, quand elle est rev'nue, après avoir été soignée puis saignée, qui c'est qui lui a fait un signe de la main depuis sous le lit du second ? C'est bibi. Et le second, il avait eu quelques jours pour vérifier qu'y avait aucun risque, donc i s'est vite pieuté et endormi... en laissant ses affaires à côté, dont un trousseau de clés. Pas perdu pour tout le monde le trousseau ! Un peu après j'étais avec l'elfe et je la détachais. Et le gars roupillait toujours.
On a conv'nu qu'i fallait d'abord que j'délivre les autres pour qu'on s'barre tous ensemble. J'avais les clés, i d'vait bien y avoir celle des cad'nas du d'sous ! En tout cas j'ai pu ouvrir la porte du pont inférieur, en f'sant gaffe, le garde dormait pas. Pis chuis descendu à fond de cale et j'ai pu libérer les autres en faisant doucement. Ouais, mais le garde ? Les copains allaient pas passer inaperçus avec leurs chaînes, surtout qu'i faudrait sortir sous le nez du gars...
Ya des gars pas bêtes dans l'lot : pendant que j'allais carresser la tête du garde avec une pierre de ma fronde - pauv'gars j'crois bien qu'l'est mort - quelqu'un a eu l'idée de prendre des bouts de vêtement pour étouffer les bruits des chaînes. Pis j'ai ouvert la trappe de la cale et i-z-ont pu sortir. Certains étaient discrets, mais les plus grosses baraques comme le moraug ou le Belzagar, ou la fille dúnadan, crénom qu'z-étaient bruyants !
Alerte
Dans le pont inférieur, les copains ont trouvé de quoi faire flamber le bateau, je crois : de l'huile de lanterne, copieusement arrosée sur des rouleaux de tissu. Pendant c'temps-là j'retrouvais l'elfe et j'égorgeais le second tandis qu'l'elfe le maintenait. L'est mort sans bruit. On est entré dans la chambre du bosco juste à côté, pareil. Sauf que là, ça a fait plus de bruit et j'ai entendu au-dessus que quelqu'un avait réagi. Et c'était la chambre du sorcier...
On a libéré l'aut' mago, Manil si j'me souviens bien, et on s'est préparé à sortir. L'objectif c'était de foncer prendre la chaloupe avant qu'l'équipage puisse réagir. Mais j'entendais des bruit de bas en haut, sur le pont. Avec Tiriel on est monté et par la porte on a vu qu'le sorcier rameutait ses guerriers. Pis après il a dû en parler au capitaine et ce dernier a poussé une gueulante pour réveiller son second et le bosco. Et vu leur sommeil éternel, z'ont rien pu répondre...
Du coup, ça a été branle-bas de combat, appel aux armes et tout le tintouin. L'équipage a été réveillé mais le nain a bloqué la porte par la force - y avait pas d'serrure - et les marins ont dû passer par l'escalier et arriver sur le pont supérieur, où ça fritait déjà. Tiriel avait récupéré un arc et tirait depuis derrière la porte de la chambre du bosco, mais elle a failli se prendre une grosse épée dans la tronche. Me suis dit qu'ça s'rait mieux d'passer par là où personne d'aut'que moi pouvait aller : la fenêtre.
J'ai donc ouvert la p'tit' fenêtre de la chambre du second et j'ai grimpé - surtout pas regarder la flotte en bas, si j'tombe chuis mort ! Chuis arrivé sur l'endroit surélevé à l'arrière du bateau, y avait le sorcier et un de ses guerriers qui lançait des dagues en bas (sur les copains j'imagine), plus le capitaine et un marin. Le capitaine était très près de moi, contre le bastingage, j'étais dans son dos. Une pierre dans la tête, et il est tombé dans la flotte - foutu roulis !
Combat et fuite
L'a fallu que j'me carapate vite fait par là où j'étais v'nu. Mais qui allait remarquer mes p'tites mains le long du bastingage, de nuit, alors que les copains et moi on avait utilisé ma provision de trèfle de lune pour mieux voir dans le noir ? J'ai pu aller jusqu'à la poupe, à l'autre bout du bateau. Y avait là l'archer du sorcier, et si Tiriel l'avait blessé je crois, il faisait pareil avec les copains - j'crois qu'c'est Marti qu'avait pris une flèche dans le dos. Ma pierre à l'arrière du crâne et le gars était par terre.
Pendant que j'refaisais l'même chemin en sens inverse, j'ai cru comprendre que ça allait pas terrible pour les copains. Le sorcier avait fait un truc, ça m'a donné les chocottes un bref moment, mais les aut' qu'étaient attachés ont eu envie de se foutre à l'eau pour fuir le sorcier. Les copains ont dû en tuer certains, dont le moraug, pour éviter de passer par-dessus bord. Et pis en même temps, le feu commençait à ronfler en bas et à sortir par l'écoutille, et la voile allait bientôt prendre...
Du coup, les marins qui restaient ont filé à la chaloupe pendant qu'les copains s'débarrassaient des derniers guerriers, après quelques blessures quand même. Restait plus qu'le sorcier mais la pierre que j'lui ai mis dans la tête a arrêté un truc qu'il préparait. J'lai fouillé rapide, pis j'suis allé vite rejoindre les copains qui descendaient dans la chaloupe. La voile était en flammes, le pont inférieur un brasier, j'tenais pas à rester plus longtemps, surtout avec le vent qu'attisait tout ça...
On a r'gardé l'vaisseau finir de brûler et couler un peu plus loin, vach'ment joli. Sauf qu'on est dans une chaloupe surchargée pleine de blessés, presque sans eau ni nourriture, la veille de l'hiver, en pleine mer si j'ai bien compris, et j'crois avoir entendu le Belzagar insinuer qu'on allait vers les ennuis. Les copains ont tranché les mains ou chevilles des gars morts avec qui i-z-étaient enchaînés, sauf Kacem, le voleur attaché à Belzagar, vivant - l'avait résisté à la magie du sorcier. Ha, et pis ya six marins haradrim du vaisseau avec nous. Pour la plupart pas blessés, et armés. Et maintenant, on fait quoi ?
Journal de Tobias - récit n° 13
Credieu qu'j'me sens mieux sur du solide sous mes pieds que sur toute cette flotte qu'arrête pas d'bouger ! Sans vouloir froisser Ulmo, bien sûr, j'apprécie l'eau pour arroser les plantes ou humecter mon gosier, ou faire la cuisine. Mais dans cette eau-là qu'on a côtoyée deux jours, j'ai vu ou senti trop de trucs qui me voulaient pas que du bien. J'aime bien faire à manger voire nourrir les autres, mais pas à mes dépends, merci. Les baleines et d'autres bestioles étaient super, mais les requins avec leurs grandes dents, merci, j'leur laisse la mer rien qu'à eux...
L'problème c'est qu'l'île ousqu'on est, ben, c'est une île. Et pleine d'ennuis d'après c'qu'on a pu en voir : de l'orc, des tueurs d'orcs, des très gros tueurs d'orcs, un gros chat... et toujours autant d'eau tout autour. C'la dit, on a pas encore fait l'tour, si on a vu plein d'épaves ou plutôt ce qu'il en reste, y aura p'têt un bateau pas trop mal foutu pour nous ramener quèqu'part loin de toute cette flotte ? Et assez grand pour qu'on ait pas des discussions à la "qui c'est qu'on balance en premier qui nous sert à rien" ? Ouais, bon, reprenons depuis le début.
Quatorze sur une barque de six
On avait donc r'gardé le bateau brûler et couler de loin, et pis j'm'étais mis à soigner un peu tout l'monde, avec Manil qu'a l'air de s'y connaître un peu aussi. Pas aussi bon qu'bibi j'crois bien, mais l'a l'air d'avoir la tête froide et d'savoir prendre les gens. I parle la langue du coin, et du coup i s'est occupé des marins avec nous, histoire d'montrer qu'on était dans l'même bateau et qu'on avait intérêt à s'entraider. Pendant c'temps-là j'faisais des pansements pour les autres qu'en avaient besoin.
La Tirielle, l'avait vraiment pas l'air fraîche, complètement épuisée et tout, chais pas comment elle a pu combattre et descendre dans la barque et tout sans tourner d'l'œil. N'empêche que les marins voyaient pas à quoi ça servait d'la garder. Selon un gars qu'avait l'air d'êt' le chef, elle pourrait faire que crever, alors autant l'aider tout de suite et économiser la flotte et la bouffe. Inutile de dire que tout l'monde était pas d'accord et certains esprits ont pu s'échauffer un peu. Qu'i sont cons, ces Grandes Personnes, à vouloir toujours prouver qu'ils ont la plus grosse... arme, bien sûr.
N'empêche qu'un accord a été trouvé, c'est d'attendre le matin pour voir c'qu'on pouvait en dire. L'a fallu qu'des gens s'couchent les uns sur les autres pour rester stables et éviter de trop faire bouger la barque, et éventuellement pouvoir laisser les rameurs ramer en cas d'besoin. Difficile de dormir comme ça, pas grand monde qu'i est arrivé, mais bon... Au matin, ouais, avec le soleil on a vu qu'on allait vers le sud-ouest et loin de la terre. En plus on s'dirigeait vers un autre courant i paraît, ça risquait de secouer, on allait êt' bien...
Et donc, on f'sait quoi ? Les marins haradrim i disaient qu'on pouvait rien faire d'autre que prier qu'on croise un vaisseau pirate qui nous prendrait comme esclaves. Sinon, ben on avait aucune chance de revoir la terre - trop lointaine, des s'maines pour y arriver à la rame - et on crèverait bientôt. P'têt' qu'on croiserait le chemin d'une île, mais d'après leurs légendes ce serait pas bien mieux. Les marins qui trouvaient quèqu'chose dans l'secteur, faut croire que c'était toujours la mort car on les r'voyait jamais.
Pêche au petit et au gros
Curieusement, celui qui a apporté le plus de positif dans tout ça, c'est une "celle", bref, c'est l'elfe, quoi. Avec chais pus qui - Farouk j'crois bien - elle a détricoté un bout de corde pour attacher à ses flèches. Comme ça elle pouvait tirer dans l'eau et ram'ner la prise et elle a réussi à chopper quelques poiscailles à bouffer. L'a bien perdu une ou deux flèches dans l'tas, mais avec les carquois qu'les Haradrim avaient pris avec eux, i avait d'la marge. L'problème, c'est qu'elle a pas choppé que du petit. A un moment, le poisson qu'elle ramenait - i s'laissait pas faire - s'est fait boulotter par du gros, du très gros poiscaille...
Tellement gros, en fait, qu'il a un peu bousculé la barque. Farouk, Tirielle et Marti sont passés en grande partie par-dessus bord, même si z-arrivaient à se tenir au bord par une main ou deux. Manil, lui, s'est retrouvé à quelques pas du bateau, avec un autre gros machin avec plein de dents qui commençait à s'intéresser à lui et à s'approcher... Les trois premiers ont réussi à remonter à bord - l'a fallu de l'aide pour l'elfe - et le Farouk a essayé de tendre une rame vers l'aut'rouquin à la flotte, qui savait un peu nager on dirait. Mais en fait c'est le Belzagar qui lui a lancé la corde et l'a ramené en l'tirant avec ses gros bras, l'aut'requin en a été pour ses frais.
Tirielle a ensuite voulu profiter de ses prises et elle a vidé un poisson, jetant les entrailles à la baille. Pas perdu pour tout le monde : un requin mahousse costaud est venu profiter de l'occase et il a à nouveau secoué la barque au risque de tout faire chavirer. Chais pus qui est passé à la flotte cette fois, en partie au moins, ptêt ben l'elfe encore. En tout cas ya pas eu de perte mais les marins haradrim ont reparlé de l'idée de foutre Tirielle à la flotte que les requins pouvaient au moins servir à quèqu'chose avant qu'elle nous foute tous en l'air. J'crois même que Manil a dit qu'i-z-avaient des arguments convaincants...
'fin bon, on avait embarqué un peu d'eau et certains étaient mouillés et i faisait froid, la joie quoi. Certains ont écopé, et d'autres ont commencé à chopper la crève et l'a fallu que j'utilise la magie de l'amulette de l'oiseau. Ça m'a complètement crevé mais j'crois qu'ça a marché. Peut être utile la magie des fois. Et pis j'me suis occupé de préparer les poissons, sans feu et avec un peu d'herbes que j'avais avec moi. Mince, j'pensais pas qu'ce s'rait aussi bon, mais d'un coup j'ai cru comprendre que dans la liste des poids morts à virer, j'étais loin d'être dans les premiers...
Terre !
Et pis on a croisé le chemin de l'autre courant. Ça a secoué, on a tenu bon, mais la nuit qui a suivi on a pas vraiment dormi beaucoup ou même un peu. Et on allait plein ouest, vers le large, et on avait pas vu une voile. Par contre, les baleines, les dauphins, les requins, les oiseaux, ça va, z'avaient l'air heureux tous, i s'fichaient pas mal de nous. La Tirielle a fini par tourner de l'œil pour de bon, elle est tombée dans le coma, trop faible, et les marins ont reparlé de la foutre à la flotte. En parlant de flotte, on en avait plus et commençait à faire soif...
Mais le coup d'bol est arrivé : j'ai repéré un truc sur l'eau, à l'ouest : une île... Le courant nous emmenait au sud de l'île, mais les rameurs ont ramé. Farouk a montré qu'il y connaissait que dalle - l'a fallu écoper - mais Belzagar et surtout Gaerwen, par contre, chapeau ! La Dúnadan, pourtant vachement faible elle aussi, elle a trouvé une énergie pas croyable, même l'aut'pirate faisait un peu figuration à côté d'elle. On a quitté le courant pour s'approcher de la terre, mais bien sûr ya eu quelques problèmes...
D'abord, j'ai vu des épaves de bateau un peu partout autour de l'île. I devait y avoir des récifs sur lesquels z-étaient venus s'écraser, et bientôt j'ai vu les récifs eux-mêmes. Mais avec les deux bons rameurs qu'on avait et bibi devant pour les prévenir, on a pu éviter tous les rochers et s'approcher d'une terre vers la gauche. On voyait pas tout de l'île, et c'était p'têt'ben plusieurs îles en fait, difficile à dire car c'était grand et i avait un peu d'relief. En tout cas, là où on allait c'était près et y semblait y avoir de l'eau douce et pour l'instant c'était tout ce qui comptait !
On a donc mis pied à terre - yahou ! - pas loin d'une rivière et même d'un lac. Certains se sont précipités pour boire, et pis j'ai vu qu'à une ou deux portées de fronde i avait aussi des traces de vie... pas très vivantes. En fait, le coin où on était comportait un petit paquet de cadavres à des stades divers de décomposition. Ceux qu'avaient bu, ben, i se sont posés des questions mais le problème venait pas de l'eau, apparemment : les cadavres étaient ceux d'orcs, et vu les traces, i-z-étaient pas morts en prenant un bain de soleil !
Vies et morts sur l'île déserte
Bon, je passe sur les détails mais plus tard on est allés voir les cadavres et j'en ai trouvé qu'avaient reçu des blessures comme de flèches... mais plus aucune flèche n'était restée. En fait, impossible de trouver aucune trace de ce qui avait tué les bestioles, qu'étaient pas très grosses - toujours une bonne chose. Par contre, y en avait une qu'avait eu la tête complètement écrasée par un truc très gros et lourd, et une autre qu'était en deux morceaux - le haut d'un côté, et le bas à une certaine distance. Ben ça donnait pas envie de rester longtemps dans l'île...
Mais y avait une forêt pas loin, j'suis allé avec Farouk et Manil chercher des herbes et de quoi bouffer. J'ai trouvé des herbes pour le rouquin mago et l'a fait un rituel magique pour soigner l'elfe, avec l'aide de bonneherbe que j'lui ai préparé, et elle a repris conscience. Le rouquin était lui aussi fatigué, sa magie - aidée ou pas par l'amulette trouvée sur le sorcier - était un peu comme celle de mon amulette, à part que ça lui prenait des heures. Et en plus l'elfe était encore loin d'être tirée d'affaire. Mais on a pu la mettre au courant des choses.
Marti a trouvé moyen de se foutre dans la merde avant ça : l'était parti chercher chais pas quoi tout seul dans la forêt à côté, et on l'a entendu gueuler comme un putois et appeler à l'aide : d'abord, i s'était paumé tout seul comme un nain sait y faire dans la nature ; ensuite, il était tombé sur un très gros chat - plus gros qu'un loup - qui lui était tombé dessus et l'avait mis par terre. L'animal voulait l'égorger mais Farouk et d'autres sont arrivés trop tôt et le gros chat, qu'a l'air craintif, est parti avant de les voir arriver. L'a fallu que je soigne le nain ensuite...
Bref, tout ça pour dire que si on avait bu et bouffé, et trouvé quelques herbes de soin, le soleil allait se coucher et on tenait pas trop à rester là. La perspective de tomber nez à nez avec les orcs ou ceux qui ne leur avaient pas fait du bien, ça disait pas trop à personne. Tirielle proposa d'aller fouiller une épave pour s'y installer, que les orcs n'auraient pas forcément de bateau. P'têt'ben qu'oui, p'têt'ben qu'non, mais pourquoi pas en attendant mieux ? Même si moi j'aurais préféré rester en forêt, avec des arbres où grimper et pas toute cette flotte où me noyer...
L'problème c'est qu'l'île ousqu'on est, ben, c'est une île. Et pleine d'ennuis d'après c'qu'on a pu en voir : de l'orc, des tueurs d'orcs, des très gros tueurs d'orcs, un gros chat... et toujours autant d'eau tout autour. C'la dit, on a pas encore fait l'tour, si on a vu plein d'épaves ou plutôt ce qu'il en reste, y aura p'têt un bateau pas trop mal foutu pour nous ramener quèqu'part loin de toute cette flotte ? Et assez grand pour qu'on ait pas des discussions à la "qui c'est qu'on balance en premier qui nous sert à rien" ? Ouais, bon, reprenons depuis le début.
Quatorze sur une barque de six
On avait donc r'gardé le bateau brûler et couler de loin, et pis j'm'étais mis à soigner un peu tout l'monde, avec Manil qu'a l'air de s'y connaître un peu aussi. Pas aussi bon qu'bibi j'crois bien, mais l'a l'air d'avoir la tête froide et d'savoir prendre les gens. I parle la langue du coin, et du coup i s'est occupé des marins avec nous, histoire d'montrer qu'on était dans l'même bateau et qu'on avait intérêt à s'entraider. Pendant c'temps-là j'faisais des pansements pour les autres qu'en avaient besoin.
La Tirielle, l'avait vraiment pas l'air fraîche, complètement épuisée et tout, chais pas comment elle a pu combattre et descendre dans la barque et tout sans tourner d'l'œil. N'empêche que les marins voyaient pas à quoi ça servait d'la garder. Selon un gars qu'avait l'air d'êt' le chef, elle pourrait faire que crever, alors autant l'aider tout de suite et économiser la flotte et la bouffe. Inutile de dire que tout l'monde était pas d'accord et certains esprits ont pu s'échauffer un peu. Qu'i sont cons, ces Grandes Personnes, à vouloir toujours prouver qu'ils ont la plus grosse... arme, bien sûr.
N'empêche qu'un accord a été trouvé, c'est d'attendre le matin pour voir c'qu'on pouvait en dire. L'a fallu qu'des gens s'couchent les uns sur les autres pour rester stables et éviter de trop faire bouger la barque, et éventuellement pouvoir laisser les rameurs ramer en cas d'besoin. Difficile de dormir comme ça, pas grand monde qu'i est arrivé, mais bon... Au matin, ouais, avec le soleil on a vu qu'on allait vers le sud-ouest et loin de la terre. En plus on s'dirigeait vers un autre courant i paraît, ça risquait de secouer, on allait êt' bien...
Et donc, on f'sait quoi ? Les marins haradrim i disaient qu'on pouvait rien faire d'autre que prier qu'on croise un vaisseau pirate qui nous prendrait comme esclaves. Sinon, ben on avait aucune chance de revoir la terre - trop lointaine, des s'maines pour y arriver à la rame - et on crèverait bientôt. P'têt' qu'on croiserait le chemin d'une île, mais d'après leurs légendes ce serait pas bien mieux. Les marins qui trouvaient quèqu'chose dans l'secteur, faut croire que c'était toujours la mort car on les r'voyait jamais.
Pêche au petit et au gros
Curieusement, celui qui a apporté le plus de positif dans tout ça, c'est une "celle", bref, c'est l'elfe, quoi. Avec chais pus qui - Farouk j'crois bien - elle a détricoté un bout de corde pour attacher à ses flèches. Comme ça elle pouvait tirer dans l'eau et ram'ner la prise et elle a réussi à chopper quelques poiscailles à bouffer. L'a bien perdu une ou deux flèches dans l'tas, mais avec les carquois qu'les Haradrim avaient pris avec eux, i avait d'la marge. L'problème, c'est qu'elle a pas choppé que du petit. A un moment, le poisson qu'elle ramenait - i s'laissait pas faire - s'est fait boulotter par du gros, du très gros poiscaille...
Tellement gros, en fait, qu'il a un peu bousculé la barque. Farouk, Tirielle et Marti sont passés en grande partie par-dessus bord, même si z-arrivaient à se tenir au bord par une main ou deux. Manil, lui, s'est retrouvé à quelques pas du bateau, avec un autre gros machin avec plein de dents qui commençait à s'intéresser à lui et à s'approcher... Les trois premiers ont réussi à remonter à bord - l'a fallu de l'aide pour l'elfe - et le Farouk a essayé de tendre une rame vers l'aut'rouquin à la flotte, qui savait un peu nager on dirait. Mais en fait c'est le Belzagar qui lui a lancé la corde et l'a ramené en l'tirant avec ses gros bras, l'aut'requin en a été pour ses frais.
Tirielle a ensuite voulu profiter de ses prises et elle a vidé un poisson, jetant les entrailles à la baille. Pas perdu pour tout le monde : un requin mahousse costaud est venu profiter de l'occase et il a à nouveau secoué la barque au risque de tout faire chavirer. Chais pus qui est passé à la flotte cette fois, en partie au moins, ptêt ben l'elfe encore. En tout cas ya pas eu de perte mais les marins haradrim ont reparlé de l'idée de foutre Tirielle à la flotte que les requins pouvaient au moins servir à quèqu'chose avant qu'elle nous foute tous en l'air. J'crois même que Manil a dit qu'i-z-avaient des arguments convaincants...
'fin bon, on avait embarqué un peu d'eau et certains étaient mouillés et i faisait froid, la joie quoi. Certains ont écopé, et d'autres ont commencé à chopper la crève et l'a fallu que j'utilise la magie de l'amulette de l'oiseau. Ça m'a complètement crevé mais j'crois qu'ça a marché. Peut être utile la magie des fois. Et pis j'me suis occupé de préparer les poissons, sans feu et avec un peu d'herbes que j'avais avec moi. Mince, j'pensais pas qu'ce s'rait aussi bon, mais d'un coup j'ai cru comprendre que dans la liste des poids morts à virer, j'étais loin d'être dans les premiers...
Terre !
Et pis on a croisé le chemin de l'autre courant. Ça a secoué, on a tenu bon, mais la nuit qui a suivi on a pas vraiment dormi beaucoup ou même un peu. Et on allait plein ouest, vers le large, et on avait pas vu une voile. Par contre, les baleines, les dauphins, les requins, les oiseaux, ça va, z'avaient l'air heureux tous, i s'fichaient pas mal de nous. La Tirielle a fini par tourner de l'œil pour de bon, elle est tombée dans le coma, trop faible, et les marins ont reparlé de la foutre à la flotte. En parlant de flotte, on en avait plus et commençait à faire soif...
Mais le coup d'bol est arrivé : j'ai repéré un truc sur l'eau, à l'ouest : une île... Le courant nous emmenait au sud de l'île, mais les rameurs ont ramé. Farouk a montré qu'il y connaissait que dalle - l'a fallu écoper - mais Belzagar et surtout Gaerwen, par contre, chapeau ! La Dúnadan, pourtant vachement faible elle aussi, elle a trouvé une énergie pas croyable, même l'aut'pirate faisait un peu figuration à côté d'elle. On a quitté le courant pour s'approcher de la terre, mais bien sûr ya eu quelques problèmes...
D'abord, j'ai vu des épaves de bateau un peu partout autour de l'île. I devait y avoir des récifs sur lesquels z-étaient venus s'écraser, et bientôt j'ai vu les récifs eux-mêmes. Mais avec les deux bons rameurs qu'on avait et bibi devant pour les prévenir, on a pu éviter tous les rochers et s'approcher d'une terre vers la gauche. On voyait pas tout de l'île, et c'était p'têt'ben plusieurs îles en fait, difficile à dire car c'était grand et i avait un peu d'relief. En tout cas, là où on allait c'était près et y semblait y avoir de l'eau douce et pour l'instant c'était tout ce qui comptait !
On a donc mis pied à terre - yahou ! - pas loin d'une rivière et même d'un lac. Certains se sont précipités pour boire, et pis j'ai vu qu'à une ou deux portées de fronde i avait aussi des traces de vie... pas très vivantes. En fait, le coin où on était comportait un petit paquet de cadavres à des stades divers de décomposition. Ceux qu'avaient bu, ben, i se sont posés des questions mais le problème venait pas de l'eau, apparemment : les cadavres étaient ceux d'orcs, et vu les traces, i-z-étaient pas morts en prenant un bain de soleil !
Vies et morts sur l'île déserte
Bon, je passe sur les détails mais plus tard on est allés voir les cadavres et j'en ai trouvé qu'avaient reçu des blessures comme de flèches... mais plus aucune flèche n'était restée. En fait, impossible de trouver aucune trace de ce qui avait tué les bestioles, qu'étaient pas très grosses - toujours une bonne chose. Par contre, y en avait une qu'avait eu la tête complètement écrasée par un truc très gros et lourd, et une autre qu'était en deux morceaux - le haut d'un côté, et le bas à une certaine distance. Ben ça donnait pas envie de rester longtemps dans l'île...
Mais y avait une forêt pas loin, j'suis allé avec Farouk et Manil chercher des herbes et de quoi bouffer. J'ai trouvé des herbes pour le rouquin mago et l'a fait un rituel magique pour soigner l'elfe, avec l'aide de bonneherbe que j'lui ai préparé, et elle a repris conscience. Le rouquin était lui aussi fatigué, sa magie - aidée ou pas par l'amulette trouvée sur le sorcier - était un peu comme celle de mon amulette, à part que ça lui prenait des heures. Et en plus l'elfe était encore loin d'être tirée d'affaire. Mais on a pu la mettre au courant des choses.
Marti a trouvé moyen de se foutre dans la merde avant ça : l'était parti chercher chais pas quoi tout seul dans la forêt à côté, et on l'a entendu gueuler comme un putois et appeler à l'aide : d'abord, i s'était paumé tout seul comme un nain sait y faire dans la nature ; ensuite, il était tombé sur un très gros chat - plus gros qu'un loup - qui lui était tombé dessus et l'avait mis par terre. L'animal voulait l'égorger mais Farouk et d'autres sont arrivés trop tôt et le gros chat, qu'a l'air craintif, est parti avant de les voir arriver. L'a fallu que je soigne le nain ensuite...
Bref, tout ça pour dire que si on avait bu et bouffé, et trouvé quelques herbes de soin, le soleil allait se coucher et on tenait pas trop à rester là. La perspective de tomber nez à nez avec les orcs ou ceux qui ne leur avaient pas fait du bien, ça disait pas trop à personne. Tirielle proposa d'aller fouiller une épave pour s'y installer, que les orcs n'auraient pas forcément de bateau. P'têt'ben qu'oui, p'têt'ben qu'non, mais pourquoi pas en attendant mieux ? Même si moi j'aurais préféré rester en forêt, avec des arbres où grimper et pas toute cette flotte où me noyer...
Journal de Tobias - récit n° 14
Au début on a cru qu'on était sur une île. Ya eu un moment après où on a été plusieurs à en douter, face à d'autres trucs envisagés. Au hasard : on rêvait, on était morts et nos âmes étaient torturées par chais pas qui ou quoi, ou d'aut' trucs du même tonneau. La Tiriel elle a sorti un truc d'elfe comme quoi c'était aut'chose, mais franchement j'ai pas l'impression qu'ça fasse une grosse différence : d'abord pasque certains voire tous ont raté la mort de peu, et pis vu c'qui nous tombe dessus régulièrement, ça r'semble bien à d'la torture...
Mais bon, on a aussi eu des moments sympas à s'dépatouiller sans s'prendre la tête : un chouette petit camp, de la nourriture sympa - ch'crois qu'i-z-aiment bien ma cuisine, les corps qui guérissent petit à petit, moral compris, apprendre à pêcher, à faire des bols en terre cuite, etc. Et pas de fric, pas de vol, pas de conflits comme à Tharbad... le pied (de hobbit). J'rest'rais bien ici un moment... si seulement les problèmes arrivaient pas chaque nuit. Mais bon, faudrait qu'je détaille un peu plus. Alors au départ...
Épave, glissade et natation
Vu les traces d'orcs et pire, on a hésité et pis on a pris la barque pour aller crécher dans une épave. Entre les marins et Belzagar pour nous faire avancer, et mes yeux pour voir les problèmes assez tôt, on a fini par trouver un vaisseau échoué sur les récifs qu'avait l'air convenable. J'suis monté, on m'a balancé une corde que j'ai attachée au reste du mât - brisé - et les aut' sont montés. Enfin, pour certains les plus faibles ou maladroits Belzagar a dû s'occuper d'eux et les hisser sur ses épaules ou à la force des bras, restait plus qu'Farouk et Marti en bas.
Le pont était en pente, en partie couvert de mousse, si bien qu'Manil s'accrochait au bastingage pour pas glisser. Et bien lui en a pris : alors que l'aut'pirate dúnadan d'Umbar fouillait les cabines sous le château avant - la partie surélevée du bâteau, devant - le poids d'tout l'monde a fait quèqu'chose au bateau qu'a bougé brutalement - l'est descendu - et presque tout le monde s'est r'trouvé par terre. Et pour ceux qu'étaient su'l'pont, ça voulait dire glissade vers la baille...
Gaerwen a réussi à s'accrocher au mât, les marins et Kacem ont trouvé un truc auquel tenir, bibi est même pas tombé, Manil était déjà accroché, Belz' était dans une cabine... Restait Tiriel, déjà par terre mais trop faible pour retenir la glissade... Plus bas, la vague que ça avait fait avait foutu le nain (qu'savait pas nager) et l'Haradrim à la flotte, et l'elfe risquait de suivre vite. Mais Belzagar est sorti en courant d'la cabine malgré les mousses et la pente, i s'est jeté sur l'elfe pour l'empêcher de tomber et a agrippé le bastingage... qui a cédé sous leurs deux poids. Plouf !
H'reusement, le pirate est un bon nageur et il a maint'nu la tête de Tiriel hors de l'eau et a fait le tour du bateau pour rejoindre la barque. Farouk était déjà remonté, et il essayait d'aider le nain qu'avait eu le choix entre couler comme une pierre et apprendre très vite à nager... juste assez pour tenir à la surface. D'vinez c'qu'il a choisi ? Après un moment les quatre s'sont r'trouvés dans la barque, essoufflés pour certains, mais tous vivants. Pis l'a fallu r'monter dans l'bateau - Belzagar l'en avait un peu marre j'crois - et personne est resté dans la barque, qu'a été attachée.
Un soleil bien bizarre
Et c'est là qu'j'ai r'marqué un truc qui m'a donné les chocottes : on était v'nus là pour passer la nuit loin des orcs, et l'soleil s'était couché derrière l'horizon. Alors comment qu'ça s'faisait qu'i f'sait toujours jour ? A l'Est, un aut'soleil venait de s'lever qu'éclairait tout, c'était toujours le jour ! Ouais, j'sais bien, ça paraît n'importe quoi mais c'est ça : la nuit était remplacée par un deuxième jour ! On est resté un moment à bâiller aux corneilles en r'gardant c'te nouveau soleil - pas trop quand même, f'sait mal aux yeux - et en s'demandant ousqu'on était et si on était pas morts...
On m'a d'mandé si moi qui connaissais bien la nature, j'avais entendu parler d'un truc pareil. Que dalle ! Même l'elfe savait pas trop quoi dire, même si elle a fini par pondre une théorie comme quoi on était chez une espèce de demi-dieu - un maia qu'i-z-appellent ça, les elfes, j'crois - qui modifiait la Terre du Milieu chez lui ou un truc du genre. Bref, on était chez un balèze maousse costaud pour qui on était qu'des fourmis, et rien disait s'il aimait les fourmis ou pas. Ça promettait des journées sympas, tiens !
Mais on était v'nus pour pioncer d'abord, et fallait s'reposer, en plus certains étaient mouillés et i f'sait froid. On s'est tous mis dans une cabine à l'avant, j'ai proposé d'faire un feu pour sécher les vêtements et faire un peu d'chaleur, z-ont pas voulu, alors on s'est tous serrés les uns contre les autres, surtout qu'c'était en pente, alors difficile de faire autrement, les mouillés après avoir retiré leurs vêtements pour pas choper la crève. Rigolez pas, comment vous vouliez faire autrement, croyez qu'on avait tous pris des affaires d'rechange ?
Ben la fausse nuit / le nouveau jour s'est bien passé et on a pioncé comme des loirs. Quand on s'est réveillés, le soleil avait dépassé l'milieu du ciel, mais l'avançait pas vite, comme pour une nuit d'hiver qui serait le jour. Un truc bizarre aussi, l'était pas chaud du tout, même pour un soleil d'hiver. Comme si faisait qu'éclairer, mais chauffait pas. On s'est dit qu'on allait rev'nir à terre, surtout qu'i avait plus rien à becqu'ter. Et hop, tous dans la barque serrés comme des radis en botte sur l'étalage du marchand, et nous r'v'là à terre après quelques bons coups de rame... Et Manil, qu'était magicien, a confirmé une fois à terre qu'i avait bien d'la magie partout, il arrivait à la sentir tout autour en s'concentrant...
Naufragés heureux
Donc... on était sensés êt'quèqu'part où qu'le soleil brille toujours, même si ça d'vait êt' la nuit. Pas grave, Farouk - qu'est bien débrouillard - est parti chercher de quoi bouffer pendant que j'm'occupais d'aller chercher des herbes pour Manil qu'en avait besoin pour ses rituels magiques de soin. L'Haradrim a aussi bricolé une canne à pêche pour l'elfe qu'était heureuse de pouvoir servir à quèqu'chose. Et pis Belzagar, avec l'aide de cailloux, à fini par faire sauter les dernières menottes des copains - Farouk a dû marchander pour ça, mais l'a la langue habile, le Dúnadan a fini par céder alors qu'ça avait pas l'air de l'motiver beaucoup.
A la fin de la "fausse nuit", un autre soleil - plus chaud çui-là - est arrivé à l'Est. Et on a continué à établir une petite routine pour tous ces naufragés. Avec Farouk on a fait un chouette abri assez grand pour tous, la nourriture a commencé à affluer, même si l'nain nous a ram'né des champignons toxiques ! Des nasses ont été fabriquées pour capturer des langoustines, des pièges ont été posés en forêt, d'autres cannes à pêche ont vu plus tard le jour, ça commençait à bien s'goupiller c't'affaire, on était... bien.
Les blessés ont été de moins en moins nombreux, aidés par la magie de Manil ou celle de mon amulette, même si elle me crève à chaque fois. Et Manil aussi : un de ses rituels l'a affaibli, si bien que sa magie n'a servi qu'à guérir de ce que le rituel lui avait pris ! L'était pas jouasse et l'a plus voulu faire de magie. Faut dire que tant qu'il est blessé et épuisé, c'est p'têt' pas le meilleur truc à faire. Faudrait qu'j'essaye d'utiliser mon matériel d'apothicaire pour concentrer les effets des herbes de soins pendant qu'y en a encore pas mal, pour qu'le rouquin guérisse plus vite.
Même le nain a surpris tout l'monde : après le coup des champignons vénéneux, on rigolait quand on l'a vu aller à la pêche aux coquillages, et ben c'est lui qu'en a ram'né le plus ! Si même ces barbus s'mettent à savoir trouver à manger, on avait de beaux jours devant nous. I-z-avaient tellement l'habitude de mes bons p'tits plats qu'ça leur f'sait presque plus rien... Et pis on a été tout surpris quand la nuit est tombée - la vraie. Le soleil s'était couché à l'Ouest, et y en avait pas un autre qu'était v'nu l'remplacer. Bon, et on fait quoi alors ?
Peurs et cauchemars
Ben, pioncer, tiens ! Le jour avait été long, on était fatigués. Un marin et Belzagar ont fait la garde : si nuit i avait, les orcs pourraient v'nir aussi. Mais on a bien dormi, même si pas trop longtemps : on a été réveillés par les deux gars qu'avaient un truc assez incroyable à nous dire : la mer montait, et vite ! Encore un truc de dingue, on était loin au-dessus du niveau des flots, ben à l'allure où ça montait on s'rait bientôt sous la flotte. Au choix, on pouvait juste grimper aux arbres ou marcher - vite - vers les hauteurs de l'île.
Belzagar s'est rendu compte que la barque flottait à bonne distance et qu'elle risquait de partir pour de bon, alors i s'est lancé à l'eau et a nagé pour la récupérer. Pendant c'temps on allait vers le nord et les hauteurs, et l'eau arrêtait pas d'monter, c'était dingue ! A croire que l'île était en train de plonger dans l'océan... Et pis j'ai fini par entendre des trucs pas loin et plus haut : des voix d'orcs ! I venaient vers nous, assez nombreux et armés : on étaient coincés entre la flotte et les gobelins, et pas vraiment en état de se battre contre la première ou les seconds...
Bon, heureusement Belzagar nous suivait pas loin avec la barque, alors on a vite embarqué et on s'est éloignés de la rive. La Tiriel, c'est bizarre, elle tremblait d'partout, l'ai jamais vue avoir les chocottes comme ça. Les orcs - tous des petits, des snagas paraît qu'ça s'appelle - i-z-ont tiré des flèches mais on était trop loin. Pis le niveau de l'eau a arrêté de monter, et même a commencé à descendre, pis les orcs ont fini par partir plus haut. Au matin, quand l'soleil est apparu, tout était red'venu normal, on a pu remettre pied à terre.
Des trucs avaient été emportés par les eaux, mais sinon c'était dingue, rien n'avait vraiment été abîmé par l'eau de mer - juste un peu humide, comme après une bonne rosée. Les végétaux étaient pas grillés par le sel, par exemple. Tiriel a dit qu'en fait on avait vécu son pire cauchemar - elle craignait d'se noyer ou d'finir bouffée par des orcs - et qu'on d'vait faire attention désormais à nos pires peurs, pouvaient dev'nir réalité sur cette foutue île ! Marti a proposé qu'on s'dise nos peurs, pour pas êt' surpris si ça d'vait arriver. J'crois qu'il a parlé de tremblements de terre ou de roche en fusion au centre de la terre. Ça promet !
Bon, la journée a repris et j'ai même pu retrouver quelques flèches des orcs - petites, pas bonne qualité paraît - pour Farouk qu'a l'air d'êt' bon archer. Et pis à un moment quelqu'un a d'mandé à quelle peur ça correspondait la nuit qu'était l'jour, et Belzagar a dit qu'c'était facile : les orcs craignaient le soleil par-dessus tout. Pas bête le pirate dúnadan ! Mais d'autres ont dit que les orcs avaient été créés par la peur de Tiriel, elle-même pensait qu'on était seuls sur l'île. Mouais... et les précédents naufragés, qu'esqui sont dev'nus ? Tués par leurs cauchemars devenus réalité ?
Mais bon, on a aussi eu des moments sympas à s'dépatouiller sans s'prendre la tête : un chouette petit camp, de la nourriture sympa - ch'crois qu'i-z-aiment bien ma cuisine, les corps qui guérissent petit à petit, moral compris, apprendre à pêcher, à faire des bols en terre cuite, etc. Et pas de fric, pas de vol, pas de conflits comme à Tharbad... le pied (de hobbit). J'rest'rais bien ici un moment... si seulement les problèmes arrivaient pas chaque nuit. Mais bon, faudrait qu'je détaille un peu plus. Alors au départ...
Épave, glissade et natation
Vu les traces d'orcs et pire, on a hésité et pis on a pris la barque pour aller crécher dans une épave. Entre les marins et Belzagar pour nous faire avancer, et mes yeux pour voir les problèmes assez tôt, on a fini par trouver un vaisseau échoué sur les récifs qu'avait l'air convenable. J'suis monté, on m'a balancé une corde que j'ai attachée au reste du mât - brisé - et les aut' sont montés. Enfin, pour certains les plus faibles ou maladroits Belzagar a dû s'occuper d'eux et les hisser sur ses épaules ou à la force des bras, restait plus qu'Farouk et Marti en bas.
Le pont était en pente, en partie couvert de mousse, si bien qu'Manil s'accrochait au bastingage pour pas glisser. Et bien lui en a pris : alors que l'aut'pirate dúnadan d'Umbar fouillait les cabines sous le château avant - la partie surélevée du bâteau, devant - le poids d'tout l'monde a fait quèqu'chose au bateau qu'a bougé brutalement - l'est descendu - et presque tout le monde s'est r'trouvé par terre. Et pour ceux qu'étaient su'l'pont, ça voulait dire glissade vers la baille...
Gaerwen a réussi à s'accrocher au mât, les marins et Kacem ont trouvé un truc auquel tenir, bibi est même pas tombé, Manil était déjà accroché, Belz' était dans une cabine... Restait Tiriel, déjà par terre mais trop faible pour retenir la glissade... Plus bas, la vague que ça avait fait avait foutu le nain (qu'savait pas nager) et l'Haradrim à la flotte, et l'elfe risquait de suivre vite. Mais Belzagar est sorti en courant d'la cabine malgré les mousses et la pente, i s'est jeté sur l'elfe pour l'empêcher de tomber et a agrippé le bastingage... qui a cédé sous leurs deux poids. Plouf !
H'reusement, le pirate est un bon nageur et il a maint'nu la tête de Tiriel hors de l'eau et a fait le tour du bateau pour rejoindre la barque. Farouk était déjà remonté, et il essayait d'aider le nain qu'avait eu le choix entre couler comme une pierre et apprendre très vite à nager... juste assez pour tenir à la surface. D'vinez c'qu'il a choisi ? Après un moment les quatre s'sont r'trouvés dans la barque, essoufflés pour certains, mais tous vivants. Pis l'a fallu r'monter dans l'bateau - Belzagar l'en avait un peu marre j'crois - et personne est resté dans la barque, qu'a été attachée.
Un soleil bien bizarre
Et c'est là qu'j'ai r'marqué un truc qui m'a donné les chocottes : on était v'nus là pour passer la nuit loin des orcs, et l'soleil s'était couché derrière l'horizon. Alors comment qu'ça s'faisait qu'i f'sait toujours jour ? A l'Est, un aut'soleil venait de s'lever qu'éclairait tout, c'était toujours le jour ! Ouais, j'sais bien, ça paraît n'importe quoi mais c'est ça : la nuit était remplacée par un deuxième jour ! On est resté un moment à bâiller aux corneilles en r'gardant c'te nouveau soleil - pas trop quand même, f'sait mal aux yeux - et en s'demandant ousqu'on était et si on était pas morts...
On m'a d'mandé si moi qui connaissais bien la nature, j'avais entendu parler d'un truc pareil. Que dalle ! Même l'elfe savait pas trop quoi dire, même si elle a fini par pondre une théorie comme quoi on était chez une espèce de demi-dieu - un maia qu'i-z-appellent ça, les elfes, j'crois - qui modifiait la Terre du Milieu chez lui ou un truc du genre. Bref, on était chez un balèze maousse costaud pour qui on était qu'des fourmis, et rien disait s'il aimait les fourmis ou pas. Ça promettait des journées sympas, tiens !
Mais on était v'nus pour pioncer d'abord, et fallait s'reposer, en plus certains étaient mouillés et i f'sait froid. On s'est tous mis dans une cabine à l'avant, j'ai proposé d'faire un feu pour sécher les vêtements et faire un peu d'chaleur, z-ont pas voulu, alors on s'est tous serrés les uns contre les autres, surtout qu'c'était en pente, alors difficile de faire autrement, les mouillés après avoir retiré leurs vêtements pour pas choper la crève. Rigolez pas, comment vous vouliez faire autrement, croyez qu'on avait tous pris des affaires d'rechange ?
Ben la fausse nuit / le nouveau jour s'est bien passé et on a pioncé comme des loirs. Quand on s'est réveillés, le soleil avait dépassé l'milieu du ciel, mais l'avançait pas vite, comme pour une nuit d'hiver qui serait le jour. Un truc bizarre aussi, l'était pas chaud du tout, même pour un soleil d'hiver. Comme si faisait qu'éclairer, mais chauffait pas. On s'est dit qu'on allait rev'nir à terre, surtout qu'i avait plus rien à becqu'ter. Et hop, tous dans la barque serrés comme des radis en botte sur l'étalage du marchand, et nous r'v'là à terre après quelques bons coups de rame... Et Manil, qu'était magicien, a confirmé une fois à terre qu'i avait bien d'la magie partout, il arrivait à la sentir tout autour en s'concentrant...
Naufragés heureux
Donc... on était sensés êt'quèqu'part où qu'le soleil brille toujours, même si ça d'vait êt' la nuit. Pas grave, Farouk - qu'est bien débrouillard - est parti chercher de quoi bouffer pendant que j'm'occupais d'aller chercher des herbes pour Manil qu'en avait besoin pour ses rituels magiques de soin. L'Haradrim a aussi bricolé une canne à pêche pour l'elfe qu'était heureuse de pouvoir servir à quèqu'chose. Et pis Belzagar, avec l'aide de cailloux, à fini par faire sauter les dernières menottes des copains - Farouk a dû marchander pour ça, mais l'a la langue habile, le Dúnadan a fini par céder alors qu'ça avait pas l'air de l'motiver beaucoup.
A la fin de la "fausse nuit", un autre soleil - plus chaud çui-là - est arrivé à l'Est. Et on a continué à établir une petite routine pour tous ces naufragés. Avec Farouk on a fait un chouette abri assez grand pour tous, la nourriture a commencé à affluer, même si l'nain nous a ram'né des champignons toxiques ! Des nasses ont été fabriquées pour capturer des langoustines, des pièges ont été posés en forêt, d'autres cannes à pêche ont vu plus tard le jour, ça commençait à bien s'goupiller c't'affaire, on était... bien.
Les blessés ont été de moins en moins nombreux, aidés par la magie de Manil ou celle de mon amulette, même si elle me crève à chaque fois. Et Manil aussi : un de ses rituels l'a affaibli, si bien que sa magie n'a servi qu'à guérir de ce que le rituel lui avait pris ! L'était pas jouasse et l'a plus voulu faire de magie. Faut dire que tant qu'il est blessé et épuisé, c'est p'têt' pas le meilleur truc à faire. Faudrait qu'j'essaye d'utiliser mon matériel d'apothicaire pour concentrer les effets des herbes de soins pendant qu'y en a encore pas mal, pour qu'le rouquin guérisse plus vite.
Même le nain a surpris tout l'monde : après le coup des champignons vénéneux, on rigolait quand on l'a vu aller à la pêche aux coquillages, et ben c'est lui qu'en a ram'né le plus ! Si même ces barbus s'mettent à savoir trouver à manger, on avait de beaux jours devant nous. I-z-avaient tellement l'habitude de mes bons p'tits plats qu'ça leur f'sait presque plus rien... Et pis on a été tout surpris quand la nuit est tombée - la vraie. Le soleil s'était couché à l'Ouest, et y en avait pas un autre qu'était v'nu l'remplacer. Bon, et on fait quoi alors ?
Peurs et cauchemars
Ben, pioncer, tiens ! Le jour avait été long, on était fatigués. Un marin et Belzagar ont fait la garde : si nuit i avait, les orcs pourraient v'nir aussi. Mais on a bien dormi, même si pas trop longtemps : on a été réveillés par les deux gars qu'avaient un truc assez incroyable à nous dire : la mer montait, et vite ! Encore un truc de dingue, on était loin au-dessus du niveau des flots, ben à l'allure où ça montait on s'rait bientôt sous la flotte. Au choix, on pouvait juste grimper aux arbres ou marcher - vite - vers les hauteurs de l'île.
Belzagar s'est rendu compte que la barque flottait à bonne distance et qu'elle risquait de partir pour de bon, alors i s'est lancé à l'eau et a nagé pour la récupérer. Pendant c'temps on allait vers le nord et les hauteurs, et l'eau arrêtait pas d'monter, c'était dingue ! A croire que l'île était en train de plonger dans l'océan... Et pis j'ai fini par entendre des trucs pas loin et plus haut : des voix d'orcs ! I venaient vers nous, assez nombreux et armés : on étaient coincés entre la flotte et les gobelins, et pas vraiment en état de se battre contre la première ou les seconds...
Bon, heureusement Belzagar nous suivait pas loin avec la barque, alors on a vite embarqué et on s'est éloignés de la rive. La Tiriel, c'est bizarre, elle tremblait d'partout, l'ai jamais vue avoir les chocottes comme ça. Les orcs - tous des petits, des snagas paraît qu'ça s'appelle - i-z-ont tiré des flèches mais on était trop loin. Pis le niveau de l'eau a arrêté de monter, et même a commencé à descendre, pis les orcs ont fini par partir plus haut. Au matin, quand l'soleil est apparu, tout était red'venu normal, on a pu remettre pied à terre.
Des trucs avaient été emportés par les eaux, mais sinon c'était dingue, rien n'avait vraiment été abîmé par l'eau de mer - juste un peu humide, comme après une bonne rosée. Les végétaux étaient pas grillés par le sel, par exemple. Tiriel a dit qu'en fait on avait vécu son pire cauchemar - elle craignait d'se noyer ou d'finir bouffée par des orcs - et qu'on d'vait faire attention désormais à nos pires peurs, pouvaient dev'nir réalité sur cette foutue île ! Marti a proposé qu'on s'dise nos peurs, pour pas êt' surpris si ça d'vait arriver. J'crois qu'il a parlé de tremblements de terre ou de roche en fusion au centre de la terre. Ça promet !
Bon, la journée a repris et j'ai même pu retrouver quelques flèches des orcs - petites, pas bonne qualité paraît - pour Farouk qu'a l'air d'êt' bon archer. Et pis à un moment quelqu'un a d'mandé à quelle peur ça correspondait la nuit qu'était l'jour, et Belzagar a dit qu'c'était facile : les orcs craignaient le soleil par-dessus tout. Pas bête le pirate dúnadan ! Mais d'autres ont dit que les orcs avaient été créés par la peur de Tiriel, elle-même pensait qu'on était seuls sur l'île. Mouais... et les précédents naufragés, qu'esqui sont dev'nus ? Tués par leurs cauchemars devenus réalité ?
Journal de Tobias - récit n° 15
Bon, ben les choses se précisent : notre île, en fait, c'est trois îles, plus un p'tit bout au milieu. Nous fait une belle jambe vous m'direz, ya toujours autant de flotte tout autour qui nous empêche d'aller plus loin. Bon, mais en fait on a commencé à explorer, et plus on fouille, plus on trouve... qu'i a des trucs bizarres dans l'coin. Et j'parle mêm'pas des nuits de dingue qui sont parfois des jours. Nan, mais y a aussi des gens qu'essayent de communiquer, même si pour l'instant à part des orcs on a pas vu trace de grand-chose. Et pis ya des trucs cachés sous la flotte, la source de toute cette magie peut-être...
Pis à part ça on commence à s'dépatouiller pas mal : tous ont fini par récupérer des couleurs, ya qu'l'elfe qu'a encore pas complètement récupéré, même si ça va quand même mieux. Pis l'nain qu'a l'air de plaire au gros chat qui partage l'île avec nous, chavais pas qu'ces animaux ça aimait la chair de nain, ou c'est p'têt' qu'il est vraiment trop facile à surprendre. Le rouquin, du coup qu'il va mieux, est plus efficace avec sa magie et il arrive aussi à mieux sentir d'où elle vient. Pas qu'ça nous ouvre beaucoup de choses mais au moins on va quelque part. Bon, et si j'faisais un bilan mieux qu'ça ?
Bilan de santé
Au cours des deux-trois derniers jours qu'on a passés, la troupe a pas connu de gros pépins, à une exception près. De la bonne bouffe, des plantes et de la magie, ça a permis de remettre pratiquement tout l'monde sur pied. On est toujours 14, et dans le détail ça donne :
- 6 marins haradrim, tous guéris, nourris, en forme, méfiants mais pas emmerdants, i font c'qu'on dit, z-ont compris qu'on est tous dans l'même bateau, si ch'puis dire...
- Kacem, le voleur d'Umbar : pleine forme, discret, perceptif, bon grimpeur, etc., comme pour les marins
- Gaerwen, la capitaine de Gondor : l'a fini par guérir complètement de toutes ses p'tites blessures, en pleine forme, un peu timide des fois mais des fois moins
- Farouk, le Haradrim débrouillard : pleine forme, récupère plein de trucs à bouffer, passe-partout, bon archer...
- Belzagar, le gros costaud d'Umbar qui fait les yeux doux à Gaerwen : super forme, super costaud, super endurant (qu'esse qu'i tient longtemps sous la flotte le gars !), tempérament de chef, pas froid aux yeux...
- Manil, le rouquin magicien : l'a enfin récupéré tous ses moyens, refait d'la magie et ça marche bien même si ça l'crève un peu ; l'a l'air malin et pas impressionné par les autres
- Marti, le nain : l'allait bien jusqu'à c'qu'i sorte tout seul la nuit pour aller chercher du bois à brûler, pis le gros chat lui est r'tombé d'sus, l'a bien blessé et l'a fallu le secourir ; bah, il est costaud comme un nain, s'en r'mettra
- Tiriel, l'elfe : pas encore à fond mais ça va un poil mieux, même si les autres trouvent qu'elle sert pas à grand-chose d'aut' qu'à dire aux aut' quoi faire et p'têt' qu'en p'tits morceaux au bout des cannes à pêche è s'rait plus utile... mais moi j'l'aime bien comme ça
- bibi, ou Toby, autrement dit Tobias le hobbit (moi, quoi) : ça va, personne a encore essayé de fout' une rouste, ch'crois qu'i m'aiment bien, ou c'est mes p'tits plats, ou mes talents d'apothicaire, qu'ont permis de guérir plus vite certains d'entre eux... En tout cas z-ont tous l'air de trouver qu'chuis utile, ouais, j'me sens pas mal avec eux.
Et à part ça on arrive à trouver d'la bouffe ou des herbes assez facilement à présent, même si l'a fallu qu'on aille de plus en plus loin pour les trucs à terre. Mais bon, vu la taille de l'île, on devrait pouvoir trouver assez à bouffer pour tous, tant qu'la concurrence avec d'autres reste faible. Et on s'est fait un chouette abri - un deuxième - dans un bois plus grand, avec de quoi se chauffer si la température dégringole bien.
Les menaces
Ben justement, les autres, c'est qui ? Alors, sans ordre, ou p'têt' par le nombre :
- On dirait bien qu'i a des orcs, plusieurs groupes même, et i sont armés, même si c'est pas du super matériel qu'i s'trimballent. On a pu récupérer 2-3 trucs sur leurs cadavres ; pas qu'on les ait combattus, juste que d'autres trucs plus gros l'avaient fait avant nous. Sont nombreux mais on sait pas combien au juste, passent la nuit sous terre ou en tout cas quèqu'part dans les coins escarpés et rocailleux, doit y avoir des grottes ou un truc dans l'genre. Des p'tits orcs, des snaga qu'i s'appellent ch'crois. Sans doute grâce à eux que régulièrement la nuit est remplacée par un jour magique, vu qu'i détestent ça faut croire.
- Les trolls : ben ouais, on a vu des traces de trolls, et plusieurs fois avec ça. Par contre, là en plus on les a entendus passer pas loin, i couraient après les orcs et i-z-en ont écrabouillé quelques-uns. Mais i-z-existent vraiment ou pas ? Leurs traces disparaissent comme par magie sur la fin de la nuit, comme si z'avaient disparu en l'air... P'tèt' qu'i sont là juste pasque certains orcs en ont une sacrée trouille. Pour nous ça change pas grand-chose : sont là juste la nuit et si on en rencontre un ou deux, avec le peu d'armes qu'on a, on est mal !
- Le gros chat : ben ouais, l'est toujours là. L'a pas l'air très vaillant, i s'tient à l'écart... sauf quand l'nain s'promène tout seul, la nuit. Et l'a des bonnes griffes, Marti a morflé deux fois déjà. Mais dès qu'on est deux ou quand il entend arriver du monde qu'est pas l'nain, i s'barre vite fait, et l'est sacrément discret. J'ai pas envie d'me balader seul avec lui dans l'coin, chais pas si i fait la différence entre nain et hobbit, et j'ai pas envie d'lui servir à manger !
- Les nuits de dingue : ya quèqu'chose toutes les nuits. On a eu droit à un froid d'enfer que même l'elfe était mal, assez pour geler la flotte autour de l'île car on entendait plus le bruit des vagues. Pourtant ça a pas eu l'air de geler les végétaux ou les animaux, i avait toujours gibier, oiseaux et autre au matin, comme si ça affectait que les trucs intelligents... Pis on a eu droit à des orcs poursuivis par des trolls arrivés de chais pas où pour repartir en fumée sans laisser de traces... Pis encore une nuit avec le soleil au lieu de l'obscurité, ch'pense qu'on aura ça plus d'une fois.
Les endroits visités
L'premier endroit qu'on a choisi d'explorer, c'était les hauteurs pas loin du bout d'l'île ousqu'on était arrivés. On a été au plus haut, en s'éloignant des traces d'orcs qu'allaient pas loin, d'vait y avoir une de leurs tanières mais on a gardé nos distances. La fin du voyage on a grimpé, on était juste trois, Kacem, Farouk et moi j'crois, j'me souviens plus trop. Semble que chois l'meilleur grimpeur, pis là-haut on voyait toute l'île, enfin moi surtout, on dirait j'ai les meilleurs yeux. J'en ai profité pour faire une carte du coin sur un d'mes parchemins vierges.
Du coup on est allés visiter l'île au nord, qu'était plus grande, en utilisant la barque pour éviter d'se crever à nager... d'autant qu'i a des gros poiscailles avec des grandes dents et l'aileron qui dépasse de la flotte, les requins, qu'sont jamais très loin. Sur l'île, d'autres traces d'orcs, un coin bien giboyeux, un bois plus gros avec vers le centre une clairière genre coin dévasté. Comme si un dragon était passé par là et avait fait mumuse... les gars, j'espère qu'aucun d'entre vous a la trouille des dragons, j'voudrais pas qu'ça soit une nouvelle surprise nocturne. D'un aut'côté, ça vaut p'têt' mieux qu'un vrai qui s'rait dans l'coin...
En tout cas les traces montrent que la clairière dévastée était évitée par les orcs et autres, donc on a fait un nouveau camp juste sur le bord. Quand des orcs sont apparus, la nuit, vite poursuivis par des trolls, sont passés pas loin mais i nous ont laissé tranquilles, sont pas trop approchés d'la clairière. On est donc pas mal là, et pis ya un p'tit lac d'eau douce pas loin qui donne sur une baie qui donne sur la mer, donc on a un peu tout à proximité.
On a aussi été voir le p'tit bout d'île au milieu des trois îles, un endroit central, ça donnait envie, surtout qu'Manil sentait qu'la magie était plus forte par là. En fait i avait rien qu'des oiseaux et leurs nids. Les oiseaux avaient l'air de savoir qu'on était pas forcément là pour leur bien, i'sont pas laissé approcher, pis l'début d'l'hiver c'est pas l'moment pour couver faut croire, i avait pas d'oeufs. Pis en rev'nant on a trouvé un truc étrange, et même deux : un coin dans la flotte très chouette et ousque les requins viennent pas, et où la magie semble la plus forte ; et une ouverture sous la flotte, au pied d'une falaise pas loin, ouverture fermée par un truc en pierre manifestement construit.
Les mystères
Le premier truc bizarre (en plus du reste, hein), on l'a trouvé après la nuit glaciale qu'on a eue, et l'exploration du sommet de l'île ousqu'on était. Vers le nord de l'île, pas loin d'un passage possible vers l'île du nord si la mer était gelée, y avait des traces par terre comme si quelqu'un avait voulu nous laisser un message. Quelqu'un qui sait pas écrire, donc dur de savoir c'que ça voulait dire, sauf que ça avait pas l'air méchant. Le sol était gelé et i avait pas d'traces, mais ça sentait l'orc par contre. I sont passés après ou c'est eux qu'ont fait ça ?
L'aut'truc bizarre, on l'a trouvé en rev'nant du p'tit bout d'île aux oiseaux : en pleine flotte donc, Manil a dit qu'la magie était au max. Belzagar a plongé jusqu'au fond, i nage sacrément bien et i tient longtemps sans respirer le cochon ! Mais rien au fond, sauf que c'était super joli i paraît, et on a vu un truc bizarre : les requins tournaient autour mais i s'approchaient pas à moins d'une portée de flèche environ. 'fin bon, super, on a trouvé la source de magie mais elle est sous la flotte et sous le fond, inaccessible, alors ça nous fait une belle jambe...
Pis on a vu une falaise pas loin de là, chais pas pourquoi certains on été attirés et ont voulu aller voir. Le Dúnadan d'Umbar a replongé, accompagné par la capitaine de Gondor, qu'est bonne aussi mais pas autant qu'lui. Là les requins ont commencé à v'nir, on a dû taper des rames dans la flotte pour faire fuir les poiscailles et prévenir les copains de remonter. Avec plus qu'trois rames pasqu'un marin en avait cassé une auparavant en ramant trop fort. N'empêche que l'Belzagar, il a trouvé une ouverture au fond, au pied de la falaise, comme creusée dans la roche. L'y est allé, mais l'a été bloqué par un mur ou une porte de pierre trop lisse pour être naturel, pis dans l'noir l'a rien vu d'plus, et l'a dû remonter.
Bref, on a trouvé des trucs et p'têt' la source de magie pas loin. Mais on fait comment pour y accéder ? Et pis ça nous servira à quoi ? Comme la Tiriel l'a dit, notre plus grand mystère, c'est savoir comment on va faire pour quitter l'île. Pas qu'ça m'plairait pas d'rester ici, mais avec des nuits bizarres peuplées de machins pas tous gentils (pas envie d'voir un dragon... surtout d'près), ya p'têt' mieux à trouver pour faire de vieux os. D'un aut'côté, les courants nous poussent vers le large alors partir en barque ou radeau, c'est p'têt' pas l'idéal non plus. Z-avez des idées ?
Pis à part ça on commence à s'dépatouiller pas mal : tous ont fini par récupérer des couleurs, ya qu'l'elfe qu'a encore pas complètement récupéré, même si ça va quand même mieux. Pis l'nain qu'a l'air de plaire au gros chat qui partage l'île avec nous, chavais pas qu'ces animaux ça aimait la chair de nain, ou c'est p'têt' qu'il est vraiment trop facile à surprendre. Le rouquin, du coup qu'il va mieux, est plus efficace avec sa magie et il arrive aussi à mieux sentir d'où elle vient. Pas qu'ça nous ouvre beaucoup de choses mais au moins on va quelque part. Bon, et si j'faisais un bilan mieux qu'ça ?
Bilan de santé
Au cours des deux-trois derniers jours qu'on a passés, la troupe a pas connu de gros pépins, à une exception près. De la bonne bouffe, des plantes et de la magie, ça a permis de remettre pratiquement tout l'monde sur pied. On est toujours 14, et dans le détail ça donne :
- 6 marins haradrim, tous guéris, nourris, en forme, méfiants mais pas emmerdants, i font c'qu'on dit, z-ont compris qu'on est tous dans l'même bateau, si ch'puis dire...
- Kacem, le voleur d'Umbar : pleine forme, discret, perceptif, bon grimpeur, etc., comme pour les marins
- Gaerwen, la capitaine de Gondor : l'a fini par guérir complètement de toutes ses p'tites blessures, en pleine forme, un peu timide des fois mais des fois moins
- Farouk, le Haradrim débrouillard : pleine forme, récupère plein de trucs à bouffer, passe-partout, bon archer...
- Belzagar, le gros costaud d'Umbar qui fait les yeux doux à Gaerwen : super forme, super costaud, super endurant (qu'esse qu'i tient longtemps sous la flotte le gars !), tempérament de chef, pas froid aux yeux...
- Manil, le rouquin magicien : l'a enfin récupéré tous ses moyens, refait d'la magie et ça marche bien même si ça l'crève un peu ; l'a l'air malin et pas impressionné par les autres
- Marti, le nain : l'allait bien jusqu'à c'qu'i sorte tout seul la nuit pour aller chercher du bois à brûler, pis le gros chat lui est r'tombé d'sus, l'a bien blessé et l'a fallu le secourir ; bah, il est costaud comme un nain, s'en r'mettra
- Tiriel, l'elfe : pas encore à fond mais ça va un poil mieux, même si les autres trouvent qu'elle sert pas à grand-chose d'aut' qu'à dire aux aut' quoi faire et p'têt' qu'en p'tits morceaux au bout des cannes à pêche è s'rait plus utile... mais moi j'l'aime bien comme ça
- bibi, ou Toby, autrement dit Tobias le hobbit (moi, quoi) : ça va, personne a encore essayé de fout' une rouste, ch'crois qu'i m'aiment bien, ou c'est mes p'tits plats, ou mes talents d'apothicaire, qu'ont permis de guérir plus vite certains d'entre eux... En tout cas z-ont tous l'air de trouver qu'chuis utile, ouais, j'me sens pas mal avec eux.
Et à part ça on arrive à trouver d'la bouffe ou des herbes assez facilement à présent, même si l'a fallu qu'on aille de plus en plus loin pour les trucs à terre. Mais bon, vu la taille de l'île, on devrait pouvoir trouver assez à bouffer pour tous, tant qu'la concurrence avec d'autres reste faible. Et on s'est fait un chouette abri - un deuxième - dans un bois plus grand, avec de quoi se chauffer si la température dégringole bien.
Les menaces
Ben justement, les autres, c'est qui ? Alors, sans ordre, ou p'têt' par le nombre :
- On dirait bien qu'i a des orcs, plusieurs groupes même, et i sont armés, même si c'est pas du super matériel qu'i s'trimballent. On a pu récupérer 2-3 trucs sur leurs cadavres ; pas qu'on les ait combattus, juste que d'autres trucs plus gros l'avaient fait avant nous. Sont nombreux mais on sait pas combien au juste, passent la nuit sous terre ou en tout cas quèqu'part dans les coins escarpés et rocailleux, doit y avoir des grottes ou un truc dans l'genre. Des p'tits orcs, des snaga qu'i s'appellent ch'crois. Sans doute grâce à eux que régulièrement la nuit est remplacée par un jour magique, vu qu'i détestent ça faut croire.
- Les trolls : ben ouais, on a vu des traces de trolls, et plusieurs fois avec ça. Par contre, là en plus on les a entendus passer pas loin, i couraient après les orcs et i-z-en ont écrabouillé quelques-uns. Mais i-z-existent vraiment ou pas ? Leurs traces disparaissent comme par magie sur la fin de la nuit, comme si z'avaient disparu en l'air... P'tèt' qu'i sont là juste pasque certains orcs en ont une sacrée trouille. Pour nous ça change pas grand-chose : sont là juste la nuit et si on en rencontre un ou deux, avec le peu d'armes qu'on a, on est mal !
- Le gros chat : ben ouais, l'est toujours là. L'a pas l'air très vaillant, i s'tient à l'écart... sauf quand l'nain s'promène tout seul, la nuit. Et l'a des bonnes griffes, Marti a morflé deux fois déjà. Mais dès qu'on est deux ou quand il entend arriver du monde qu'est pas l'nain, i s'barre vite fait, et l'est sacrément discret. J'ai pas envie d'me balader seul avec lui dans l'coin, chais pas si i fait la différence entre nain et hobbit, et j'ai pas envie d'lui servir à manger !
- Les nuits de dingue : ya quèqu'chose toutes les nuits. On a eu droit à un froid d'enfer que même l'elfe était mal, assez pour geler la flotte autour de l'île car on entendait plus le bruit des vagues. Pourtant ça a pas eu l'air de geler les végétaux ou les animaux, i avait toujours gibier, oiseaux et autre au matin, comme si ça affectait que les trucs intelligents... Pis on a eu droit à des orcs poursuivis par des trolls arrivés de chais pas où pour repartir en fumée sans laisser de traces... Pis encore une nuit avec le soleil au lieu de l'obscurité, ch'pense qu'on aura ça plus d'une fois.
Les endroits visités
L'premier endroit qu'on a choisi d'explorer, c'était les hauteurs pas loin du bout d'l'île ousqu'on était arrivés. On a été au plus haut, en s'éloignant des traces d'orcs qu'allaient pas loin, d'vait y avoir une de leurs tanières mais on a gardé nos distances. La fin du voyage on a grimpé, on était juste trois, Kacem, Farouk et moi j'crois, j'me souviens plus trop. Semble que chois l'meilleur grimpeur, pis là-haut on voyait toute l'île, enfin moi surtout, on dirait j'ai les meilleurs yeux. J'en ai profité pour faire une carte du coin sur un d'mes parchemins vierges.
Du coup on est allés visiter l'île au nord, qu'était plus grande, en utilisant la barque pour éviter d'se crever à nager... d'autant qu'i a des gros poiscailles avec des grandes dents et l'aileron qui dépasse de la flotte, les requins, qu'sont jamais très loin. Sur l'île, d'autres traces d'orcs, un coin bien giboyeux, un bois plus gros avec vers le centre une clairière genre coin dévasté. Comme si un dragon était passé par là et avait fait mumuse... les gars, j'espère qu'aucun d'entre vous a la trouille des dragons, j'voudrais pas qu'ça soit une nouvelle surprise nocturne. D'un aut'côté, ça vaut p'têt' mieux qu'un vrai qui s'rait dans l'coin...
En tout cas les traces montrent que la clairière dévastée était évitée par les orcs et autres, donc on a fait un nouveau camp juste sur le bord. Quand des orcs sont apparus, la nuit, vite poursuivis par des trolls, sont passés pas loin mais i nous ont laissé tranquilles, sont pas trop approchés d'la clairière. On est donc pas mal là, et pis ya un p'tit lac d'eau douce pas loin qui donne sur une baie qui donne sur la mer, donc on a un peu tout à proximité.
On a aussi été voir le p'tit bout d'île au milieu des trois îles, un endroit central, ça donnait envie, surtout qu'Manil sentait qu'la magie était plus forte par là. En fait i avait rien qu'des oiseaux et leurs nids. Les oiseaux avaient l'air de savoir qu'on était pas forcément là pour leur bien, i'sont pas laissé approcher, pis l'début d'l'hiver c'est pas l'moment pour couver faut croire, i avait pas d'oeufs. Pis en rev'nant on a trouvé un truc étrange, et même deux : un coin dans la flotte très chouette et ousque les requins viennent pas, et où la magie semble la plus forte ; et une ouverture sous la flotte, au pied d'une falaise pas loin, ouverture fermée par un truc en pierre manifestement construit.
Les mystères
Le premier truc bizarre (en plus du reste, hein), on l'a trouvé après la nuit glaciale qu'on a eue, et l'exploration du sommet de l'île ousqu'on était. Vers le nord de l'île, pas loin d'un passage possible vers l'île du nord si la mer était gelée, y avait des traces par terre comme si quelqu'un avait voulu nous laisser un message. Quelqu'un qui sait pas écrire, donc dur de savoir c'que ça voulait dire, sauf que ça avait pas l'air méchant. Le sol était gelé et i avait pas d'traces, mais ça sentait l'orc par contre. I sont passés après ou c'est eux qu'ont fait ça ?
L'aut'truc bizarre, on l'a trouvé en rev'nant du p'tit bout d'île aux oiseaux : en pleine flotte donc, Manil a dit qu'la magie était au max. Belzagar a plongé jusqu'au fond, i nage sacrément bien et i tient longtemps sans respirer le cochon ! Mais rien au fond, sauf que c'était super joli i paraît, et on a vu un truc bizarre : les requins tournaient autour mais i s'approchaient pas à moins d'une portée de flèche environ. 'fin bon, super, on a trouvé la source de magie mais elle est sous la flotte et sous le fond, inaccessible, alors ça nous fait une belle jambe...
Pis on a vu une falaise pas loin de là, chais pas pourquoi certains on été attirés et ont voulu aller voir. Le Dúnadan d'Umbar a replongé, accompagné par la capitaine de Gondor, qu'est bonne aussi mais pas autant qu'lui. Là les requins ont commencé à v'nir, on a dû taper des rames dans la flotte pour faire fuir les poiscailles et prévenir les copains de remonter. Avec plus qu'trois rames pasqu'un marin en avait cassé une auparavant en ramant trop fort. N'empêche que l'Belzagar, il a trouvé une ouverture au fond, au pied de la falaise, comme creusée dans la roche. L'y est allé, mais l'a été bloqué par un mur ou une porte de pierre trop lisse pour être naturel, pis dans l'noir l'a rien vu d'plus, et l'a dû remonter.
Bref, on a trouvé des trucs et p'têt' la source de magie pas loin. Mais on fait comment pour y accéder ? Et pis ça nous servira à quoi ? Comme la Tiriel l'a dit, notre plus grand mystère, c'est savoir comment on va faire pour quitter l'île. Pas qu'ça m'plairait pas d'rester ici, mais avec des nuits bizarres peuplées de machins pas tous gentils (pas envie d'voir un dragon... surtout d'près), ya p'têt' mieux à trouver pour faire de vieux os. D'un aut'côté, les courants nous poussent vers le large alors partir en barque ou radeau, c'est p'têt' pas l'idéal non plus. Z-avez des idées ?
Journal de Tobias - récit n° 16
C'est pas vrai de foutu bordel d'île à la con... Pour le coup, je dois dire qu'entre le dieu ou chais pas qui qu'a créé un truc pareil, et le marin qui nous a pondu un cauchemar de derrière les fagots, me d'mande à qui j'ai l'plus envie de tordre le cou. Pas qu'j'ai énormément de choix de toute manière, chais qu'je s'rais bien incapable de faire un truc pareil. Mais des fois on comprend pourquoi certains deviennent mauvais. Vraiment, ya du monde à faire soigner dans leur tête. Finalement, Tharbad c'était tranquille à côté, avec juste la Peste et quelques centaines de personnes qui voulaient me faire la peau pour ce que j'portais ou pour me bouffer...
'fin bon, faut voir le bon côté des choses : on a trouvé plein d'trucs utiles... potentiellement. Si on avait eu une forge, on aurait pu forger, ou faire d'aut'trucs avec c'qu'on a r'pêché dans la flotte. Cela dit, avec tout'l'eau qu'on s'est pris, ya des chances qu'ce soit r'parti au fond d'l'eau tout ça. Pis on a trouvé de chouettes cavernes où s'abriter aussi... si seulement elles étaient pas occupées par beaucoup plus nombreux qu'nous. Pis on a trouvé des alliés aussi... pour quelques heures au moins, en attendant qu'i retrouvent leur appétit pis qu'i s'décident à nous croquer peut-être. R'marquez, par rapport à c'qu'on m'avait dit sur les orcs, pour l'instant chus plutôt étonné positivement. Bon, et si j'reprenais au début ?
Orcs fantômes
Alors au départ c'était simple, ya la Tirielle qui voulait qu'on aille voir au fond d'la flotte cette fameuse porte de pierre cachée. Mais d'abord c'était profond, ensuite Belzagar l'en avait marre de risquer sa peau contre pas grand-chose et l'avait envie d'se reposer. Du coup l'elfe voulait qu'on fouille les parties immergées des épaves pour trouver du matos pour nous aider à descendre sous l'eau. Aller sous l'eau pour pouvoir aller sous l'eau après, comme Manil l'a si bien dit... Bref, au début on a pas fait grand-chose que préparer une expédition et trouver à bouffer ou des plantes.
La nuit est arrivée, j'ai fait dormir l'elfe avec du marchand de sable pour qu'elle guérisse plus vite, on l'a mis dans la barque qu'on a traînée près du camp. Au cas où on ait la flotte qui remonte. Mais cette nuit-là c'était pas la flotte, c'était les orcs. J'ai entendu des cris de petits orcs qui se faisaient courser par des plus gros, et bien entendu quelques petits ont fui jusqu'à nous, même si on était à un endroit qui leur donnait les chocottes. Bref, deux snagas ont amené sans le vouloir une douzaine de gros orcs bien armés sur notre camp. On a r'tourné la barque sur la Tirielle et on s'est planqué, mais les orcs nous ont sentis et bonjour la baston...
Boah, en fait ça s'est bien passé. On était plusieurs bien planqués dans des buissons ou des arbres - Farouk, Kacem et moi - à tirer des flèches ou des pierres qui faisaient vraiment mal chez les orcs. Marti a été le premier à foncer pour sauver l'elfe qu'allait être découverte, du coup il a concentré les attaques et il a été un peu blessé. Mais au final on a pu tous les dézinguer sans trop de mal. Les marins m'ont même remercié de ma pierre dans la tête de l'orc qu'a failli en raccourcir un. Manil est resté planqué dans un buisson, l'est malin, même si l'avait pas prévu que les orcs pourraient le trouver à l'odeur...
N'empêche que la capitaine dúnadan était un peu dépitée quand on a voulu les dépouiller : tous les corps ont disparu comme ça, et l'équipement qu'i z-avaient avec eux. Des fantômes créés par les peurs de quelqu'un d'autre, sans doute les petits orcs, les snagas, dont un seul avait pu s'enfuir. Par contre le corps mutilé d'un autre, qu'avait pas été assez rapide, était resté, lui. Donc i avait bien des orcs réels sur l'île, mais apparemment que des p'tits, l'air vachement jeunes, pis pas bien équipés avec ça. Çui qu'était étendu c'était un probable chasseur-cueilleur avec un couteau de pierre et manche en bois, avec un sac de plantes comestibles et petits rongeurs en partie déjà bouffés.
Pêche au trésor
L'matin est arrivé et la Tirionnelle était presque fraîche comme une rose. J'plaisante, l'était encore loin d'êt'guérie, mais l'allait tout d'même un peu mieux, voulait toujours commander à tout l'monde et tout. Belzagar voulait toujours pas s'mouiller mais les aut' ont insisté auprès de Gaerwen et elle lui a fait les yeux doux même si ça lui plaisait pas trop trop. Sont allés dans les bois plus loin pis quand i sont rev'nus l'pirate avait l'air content, et la Dúnadan l'air de quelqu'un qu'a avalé quèq'chose de travers, si vous voyez c'que j'veux dire... Comme quoi même les Dúnedain font aussi les prostituées quand il faut.
Du coup on est allé presque tous rendre visite aux épaves, sauf Manil qu'est resté avec quelques marins pour trouver à bouffer et ce genre de trucs. On a visité une autre épave que la plus grosse, où i avait un tonneau sous la flotte, juste c'que l'elfe recherchait. L'problème, c'est qu'il était super lourd, Belzagar arrivait à peine à l'bouger sous l'eau, l'aurait pas pu le remonter et l'arrivait pas à l'ouvrir. I s'y sont mis à trois et c'est l'nain qu'a réussi à ouvrir - en plusieurs morceaux - le couvercle, tout ça sous la flotte.
Dedans, ben i avait des lingots de métal, ou plutôt des barres. Des trucs de fer pasque c'était rouillé, vachement lourdes, super dures à remonter - nos nageurs en ont quand même pris une dizaine. Les autres ont été sorties du tonneau pour pouvoir le remonter. L'était pas en bon état mais on l'a ramené quand même. Les trois nageurs étaient fatigués mais on est retournés voir la grosse épave. I avait une cale fermée qu'on a pu ouvrir sous l'eau, i avait des trucs dedans mais faisait trop noir alors on est rentrés, en laissant ça pour une autre fois.
On est rev'nus alors qu'la nuit tombait, pis les trucs habituels : repas, plantes pour remonter l'moral ou pour dormir (Tirielle toujours)... On a pas tiré la barque trop près, on était crevés, on a dit que si i avait quèq'chose on transporterait l'elfe. Ça, pour avoir quèq'chose, on a eu l'pompon. Mais en attendant on a fait des tours de garde comme d'habitude en espérant qu'on pourrait dormir à peu près tranquille et au sec.
Cauchemar et vague
On a quand même eu quelques heures peinardes, mais le réveil a été dur : même pas besoin des guetteurs, tout l'monde a été réveillé sauf l'elfe et la Dúnadan : le sol tremblait, ça secouait, pour un peu i avait de quoi s'croire en bateau. Et surtout, un des marins était épouvanté : il parlait de gagner les hauteurs très vite sinon une vague allait tous nous emporter. J'parie qu'ce crétin avait cauchemardé le truc qui allait nous tomber dessus. N'empêche, on s'est dit qu'on ferait p'têt mieux de faire comme il disait...
On a donc pris nos affaires et commencé à traverser la forêt ousqu'on était installés pour aller vers l'ouest et les hauteurs de l'île. Farouk et moi on guidait un peu les autres pasque de nuit en forêt, difficile de se trimballer sans se prendre une branche voire un tronc dans la gueule ou de tomber sans arrêt. Pis Belzagar qu'avait le pied sûr et qu'était le plus costaud portait l'elfe, qu'était toujours blessée, or l'était aussi à l'aise en forêt qu'une limace en plein désert. 'reusement Gaerwen lui a donné un coup de main.
On est sorti d'la forêt, on a pu progresser plus vite, mais j'ai commencé à avoir les j'tons : au sud-est il y avait un truc immense qui approchait, comme une énorme vague qu'allait tout engloutir. Elle était encore loin mais j'la percevais déjà et ça donnait pas envie d'rester pour regarder. L'marin cauchemardeux est parti en courant, suivi par ses copains et Kacem. I prenaient des sentiers probablement utilisés par les snagas qui sortaient la nuit pour trouver à bouffer. D'ailleurs on en a vu quelques-uns qui filaient dans notre direction, sans doute pour aller se planquer eux aussi.
On a laissé passer les orcs en se disant qu'c'était pas l'moment de fritter, d'autant que tout le monde à présent commençait à voir la vague arriver, sans parler de l'entendre. Un truc de dingue, elle devait être aussi haute que les sommets de l'île, peut-être trois portées de flèche de hauteur ! On s'est mis à accélérer pour rejoindre les autres et trouver une caverne au plus vite. On les a rejoints, orcs et marins, devant une ouverture fermée par un gros rocher. Des snagas piaillaient à l'intérieur et i z-avaient pas l'air de vouloir faire rentrer leurs copains ou nous...
Cavernes d'orc et inondation
Marti, Gaerwen et Belzagar ont commencé à pousser le rocher - l'était à l'intérieur - et malgré la résistance des snagas, l'a commencé à bouger. Du coup j'ai pu m'faufiler dedans et j'ai vu de grosses cavernes et une douzaine de snagas qui poussaient, certains avec des perches, pour empêcher le rocher de bouger et laisser passer les copains. Les snagas m'ont vu et i a eu un moment de flottement, pis j'ai essayé de leur faire comprendre qu'i fallait nous laisser rentrer, qu'on allait crever sinon, et tout et tout... Difficile de leur arracher des larmes quand on parle pas la langue mais c'est plus ou moins c'que j'ai essayé d'faire.
Ben ça a pas trop mal marché. En fait z-avaient une peur bleue des copains mais j'ai fait comprendre qu'on n'était pas ennemis et qu'on allait pas les trucider alors l'un d'eux a dit quèq'chose et les autres ont laissé le rocher basculer. Les copains (et les autres snagas dehors) sont rentrés et j'ai dit aux copains de laisser les orcs en paix on s'est tous mis à refermer l'entrée avec le rocher. Le sol tremblait, la vague immense approchait et faisait un foin du diable. On s'est arcboutés les uns contre les autres pour bloquer le rocher, même les snagas nous ont aidés.
Pis la vague est arrivée. Le rocher a été balayé, mais au moins on a tenu assez pour qu'il écrase pas c'qui y avait derrière - nous - avant que l'eau s'engouffre et nous balaye. Les cavernes à l'entrée ont commencé à s'ébouler, pis fallait aussi garder la tête hors de l'eau, sans parler de l'elfe qui dormait toujours et qui risquait de se noyer ou de prendre une pierre sur la tronche, alors que les torches et feux étaient éteints par la flotte salée. Farouk a vu l'elfe partir et si l'a pas pu la rejoindre, il l'a montrée et Belzagar et Gaerwen ont pu la rejoindre et empêcher qu'elle se noie. Mais sur la fin, une grosse pierre est tombée et le pirate l'a prise en plein dans la tête. L'aurait pas été là l'elfe serait peut-être morte, et elle a quand même été un peu blessée, mais du coup lui l'était inconscient.
L'eau s'évacuait petit à petit, moi j'étais agrippé au nain pis dès que j'ai pu me suis précipité vers Belzagar, quand les premières lumières ont été rallumées. Mauvaise blessure, la tête et les oreilles saignaient, mais j'ai arrêté ça avec un gros pansement. Manil a commencé à faire un rituel pour renforcer la capacité de guérison du pirate, tandis que j'utilisais l'amulette magique pour finir de guérir l'elfe - ce qui m'a laissé complètement crevé. Faudrait que je retente la même chose sur le pirate, mais là j'pouvais plus, fallait du repos d'abord. Si c'était possible.
Ben ouais, on était quand même chez les orcs - une centaine d'entre eux au moins. Nous r'gardaient avec un drôle d'air, tous des snagas, petits, à peine plus grands que moi, l'air de jeunots même pour des orcs, pour ce que j'en savais. Mais nous laissaient tranquilles, occupés plutôt à voir comment déblayer l'entrée, complètement bloquée. Marti avait essayé de montrer l'exemple, mais l'avait déchanté : des tonnes de rochers à bouger, pis qui risquaient encore de s'effondrer à tout moment. On était coincés chez des petits orcs dans une suite de cavernes à moitié effondrées et dont on ne connaissait qu'une partie. I z'étaient une centaine, et peut-être d'autres ailleurs, et si jamais i voulaient nous faire du mal, même avec juste des couteaux de pierre et leurs dents, on avait des soucis à se faire...
'fin bon, faut voir le bon côté des choses : on a trouvé plein d'trucs utiles... potentiellement. Si on avait eu une forge, on aurait pu forger, ou faire d'aut'trucs avec c'qu'on a r'pêché dans la flotte. Cela dit, avec tout'l'eau qu'on s'est pris, ya des chances qu'ce soit r'parti au fond d'l'eau tout ça. Pis on a trouvé de chouettes cavernes où s'abriter aussi... si seulement elles étaient pas occupées par beaucoup plus nombreux qu'nous. Pis on a trouvé des alliés aussi... pour quelques heures au moins, en attendant qu'i retrouvent leur appétit pis qu'i s'décident à nous croquer peut-être. R'marquez, par rapport à c'qu'on m'avait dit sur les orcs, pour l'instant chus plutôt étonné positivement. Bon, et si j'reprenais au début ?
Orcs fantômes
Alors au départ c'était simple, ya la Tirielle qui voulait qu'on aille voir au fond d'la flotte cette fameuse porte de pierre cachée. Mais d'abord c'était profond, ensuite Belzagar l'en avait marre de risquer sa peau contre pas grand-chose et l'avait envie d'se reposer. Du coup l'elfe voulait qu'on fouille les parties immergées des épaves pour trouver du matos pour nous aider à descendre sous l'eau. Aller sous l'eau pour pouvoir aller sous l'eau après, comme Manil l'a si bien dit... Bref, au début on a pas fait grand-chose que préparer une expédition et trouver à bouffer ou des plantes.
La nuit est arrivée, j'ai fait dormir l'elfe avec du marchand de sable pour qu'elle guérisse plus vite, on l'a mis dans la barque qu'on a traînée près du camp. Au cas où on ait la flotte qui remonte. Mais cette nuit-là c'était pas la flotte, c'était les orcs. J'ai entendu des cris de petits orcs qui se faisaient courser par des plus gros, et bien entendu quelques petits ont fui jusqu'à nous, même si on était à un endroit qui leur donnait les chocottes. Bref, deux snagas ont amené sans le vouloir une douzaine de gros orcs bien armés sur notre camp. On a r'tourné la barque sur la Tirielle et on s'est planqué, mais les orcs nous ont sentis et bonjour la baston...
Boah, en fait ça s'est bien passé. On était plusieurs bien planqués dans des buissons ou des arbres - Farouk, Kacem et moi - à tirer des flèches ou des pierres qui faisaient vraiment mal chez les orcs. Marti a été le premier à foncer pour sauver l'elfe qu'allait être découverte, du coup il a concentré les attaques et il a été un peu blessé. Mais au final on a pu tous les dézinguer sans trop de mal. Les marins m'ont même remercié de ma pierre dans la tête de l'orc qu'a failli en raccourcir un. Manil est resté planqué dans un buisson, l'est malin, même si l'avait pas prévu que les orcs pourraient le trouver à l'odeur...
N'empêche que la capitaine dúnadan était un peu dépitée quand on a voulu les dépouiller : tous les corps ont disparu comme ça, et l'équipement qu'i z-avaient avec eux. Des fantômes créés par les peurs de quelqu'un d'autre, sans doute les petits orcs, les snagas, dont un seul avait pu s'enfuir. Par contre le corps mutilé d'un autre, qu'avait pas été assez rapide, était resté, lui. Donc i avait bien des orcs réels sur l'île, mais apparemment que des p'tits, l'air vachement jeunes, pis pas bien équipés avec ça. Çui qu'était étendu c'était un probable chasseur-cueilleur avec un couteau de pierre et manche en bois, avec un sac de plantes comestibles et petits rongeurs en partie déjà bouffés.
Pêche au trésor
L'matin est arrivé et la Tirionnelle était presque fraîche comme une rose. J'plaisante, l'était encore loin d'êt'guérie, mais l'allait tout d'même un peu mieux, voulait toujours commander à tout l'monde et tout. Belzagar voulait toujours pas s'mouiller mais les aut' ont insisté auprès de Gaerwen et elle lui a fait les yeux doux même si ça lui plaisait pas trop trop. Sont allés dans les bois plus loin pis quand i sont rev'nus l'pirate avait l'air content, et la Dúnadan l'air de quelqu'un qu'a avalé quèq'chose de travers, si vous voyez c'que j'veux dire... Comme quoi même les Dúnedain font aussi les prostituées quand il faut.
Du coup on est allé presque tous rendre visite aux épaves, sauf Manil qu'est resté avec quelques marins pour trouver à bouffer et ce genre de trucs. On a visité une autre épave que la plus grosse, où i avait un tonneau sous la flotte, juste c'que l'elfe recherchait. L'problème, c'est qu'il était super lourd, Belzagar arrivait à peine à l'bouger sous l'eau, l'aurait pas pu le remonter et l'arrivait pas à l'ouvrir. I s'y sont mis à trois et c'est l'nain qu'a réussi à ouvrir - en plusieurs morceaux - le couvercle, tout ça sous la flotte.
Dedans, ben i avait des lingots de métal, ou plutôt des barres. Des trucs de fer pasque c'était rouillé, vachement lourdes, super dures à remonter - nos nageurs en ont quand même pris une dizaine. Les autres ont été sorties du tonneau pour pouvoir le remonter. L'était pas en bon état mais on l'a ramené quand même. Les trois nageurs étaient fatigués mais on est retournés voir la grosse épave. I avait une cale fermée qu'on a pu ouvrir sous l'eau, i avait des trucs dedans mais faisait trop noir alors on est rentrés, en laissant ça pour une autre fois.
On est rev'nus alors qu'la nuit tombait, pis les trucs habituels : repas, plantes pour remonter l'moral ou pour dormir (Tirielle toujours)... On a pas tiré la barque trop près, on était crevés, on a dit que si i avait quèq'chose on transporterait l'elfe. Ça, pour avoir quèq'chose, on a eu l'pompon. Mais en attendant on a fait des tours de garde comme d'habitude en espérant qu'on pourrait dormir à peu près tranquille et au sec.
Cauchemar et vague
On a quand même eu quelques heures peinardes, mais le réveil a été dur : même pas besoin des guetteurs, tout l'monde a été réveillé sauf l'elfe et la Dúnadan : le sol tremblait, ça secouait, pour un peu i avait de quoi s'croire en bateau. Et surtout, un des marins était épouvanté : il parlait de gagner les hauteurs très vite sinon une vague allait tous nous emporter. J'parie qu'ce crétin avait cauchemardé le truc qui allait nous tomber dessus. N'empêche, on s'est dit qu'on ferait p'têt mieux de faire comme il disait...
On a donc pris nos affaires et commencé à traverser la forêt ousqu'on était installés pour aller vers l'ouest et les hauteurs de l'île. Farouk et moi on guidait un peu les autres pasque de nuit en forêt, difficile de se trimballer sans se prendre une branche voire un tronc dans la gueule ou de tomber sans arrêt. Pis Belzagar qu'avait le pied sûr et qu'était le plus costaud portait l'elfe, qu'était toujours blessée, or l'était aussi à l'aise en forêt qu'une limace en plein désert. 'reusement Gaerwen lui a donné un coup de main.
On est sorti d'la forêt, on a pu progresser plus vite, mais j'ai commencé à avoir les j'tons : au sud-est il y avait un truc immense qui approchait, comme une énorme vague qu'allait tout engloutir. Elle était encore loin mais j'la percevais déjà et ça donnait pas envie d'rester pour regarder. L'marin cauchemardeux est parti en courant, suivi par ses copains et Kacem. I prenaient des sentiers probablement utilisés par les snagas qui sortaient la nuit pour trouver à bouffer. D'ailleurs on en a vu quelques-uns qui filaient dans notre direction, sans doute pour aller se planquer eux aussi.
On a laissé passer les orcs en se disant qu'c'était pas l'moment de fritter, d'autant que tout le monde à présent commençait à voir la vague arriver, sans parler de l'entendre. Un truc de dingue, elle devait être aussi haute que les sommets de l'île, peut-être trois portées de flèche de hauteur ! On s'est mis à accélérer pour rejoindre les autres et trouver une caverne au plus vite. On les a rejoints, orcs et marins, devant une ouverture fermée par un gros rocher. Des snagas piaillaient à l'intérieur et i z-avaient pas l'air de vouloir faire rentrer leurs copains ou nous...
Cavernes d'orc et inondation
Marti, Gaerwen et Belzagar ont commencé à pousser le rocher - l'était à l'intérieur - et malgré la résistance des snagas, l'a commencé à bouger. Du coup j'ai pu m'faufiler dedans et j'ai vu de grosses cavernes et une douzaine de snagas qui poussaient, certains avec des perches, pour empêcher le rocher de bouger et laisser passer les copains. Les snagas m'ont vu et i a eu un moment de flottement, pis j'ai essayé de leur faire comprendre qu'i fallait nous laisser rentrer, qu'on allait crever sinon, et tout et tout... Difficile de leur arracher des larmes quand on parle pas la langue mais c'est plus ou moins c'que j'ai essayé d'faire.
Ben ça a pas trop mal marché. En fait z-avaient une peur bleue des copains mais j'ai fait comprendre qu'on n'était pas ennemis et qu'on allait pas les trucider alors l'un d'eux a dit quèq'chose et les autres ont laissé le rocher basculer. Les copains (et les autres snagas dehors) sont rentrés et j'ai dit aux copains de laisser les orcs en paix on s'est tous mis à refermer l'entrée avec le rocher. Le sol tremblait, la vague immense approchait et faisait un foin du diable. On s'est arcboutés les uns contre les autres pour bloquer le rocher, même les snagas nous ont aidés.
Pis la vague est arrivée. Le rocher a été balayé, mais au moins on a tenu assez pour qu'il écrase pas c'qui y avait derrière - nous - avant que l'eau s'engouffre et nous balaye. Les cavernes à l'entrée ont commencé à s'ébouler, pis fallait aussi garder la tête hors de l'eau, sans parler de l'elfe qui dormait toujours et qui risquait de se noyer ou de prendre une pierre sur la tronche, alors que les torches et feux étaient éteints par la flotte salée. Farouk a vu l'elfe partir et si l'a pas pu la rejoindre, il l'a montrée et Belzagar et Gaerwen ont pu la rejoindre et empêcher qu'elle se noie. Mais sur la fin, une grosse pierre est tombée et le pirate l'a prise en plein dans la tête. L'aurait pas été là l'elfe serait peut-être morte, et elle a quand même été un peu blessée, mais du coup lui l'était inconscient.
L'eau s'évacuait petit à petit, moi j'étais agrippé au nain pis dès que j'ai pu me suis précipité vers Belzagar, quand les premières lumières ont été rallumées. Mauvaise blessure, la tête et les oreilles saignaient, mais j'ai arrêté ça avec un gros pansement. Manil a commencé à faire un rituel pour renforcer la capacité de guérison du pirate, tandis que j'utilisais l'amulette magique pour finir de guérir l'elfe - ce qui m'a laissé complètement crevé. Faudrait que je retente la même chose sur le pirate, mais là j'pouvais plus, fallait du repos d'abord. Si c'était possible.
Ben ouais, on était quand même chez les orcs - une centaine d'entre eux au moins. Nous r'gardaient avec un drôle d'air, tous des snagas, petits, à peine plus grands que moi, l'air de jeunots même pour des orcs, pour ce que j'en savais. Mais nous laissaient tranquilles, occupés plutôt à voir comment déblayer l'entrée, complètement bloquée. Marti avait essayé de montrer l'exemple, mais l'avait déchanté : des tonnes de rochers à bouger, pis qui risquaient encore de s'effondrer à tout moment. On était coincés chez des petits orcs dans une suite de cavernes à moitié effondrées et dont on ne connaissait qu'une partie. I z'étaient une centaine, et peut-être d'autres ailleurs, et si jamais i voulaient nous faire du mal, même avec juste des couteaux de pierre et leurs dents, on avait des soucis à se faire...
Journal de Tobias - récit n° 17
Alliés à des orcs contre la magie de l'île... Rien qu'le début d'la phrase me fait déjà un peu bizarre, mêm'si faut dire que ceux-là, par rapport à ce que j'ai pu entendre dire, ont l'air pas méchants. En tout cas nous ont pas (encore) bouffés tout crus (ou cuits, pour c'que ça change). Par contre, le reste de la phrase me laisse plus songeur : paraît (d'après l'elfe qu'a l'air de savoir un peu d'quoi elle cause) que l'origine de cette magie serait un demi-dieu (un peu fêlé, si vous voulez mon avis) ou quèqu'chose comme ça. Alors on va se fritter un demi-dieu avec l'aide des orcs ? Sérieux ?
Déjà qu'on a du mal à sortir de leur foutu trou, à ces orcs, sans même parler de faire face à c'qui ya dehors chaque nuit : après la vague géante, c'était de la petite bière, bien sûr : juste des dizaines de gros loups affamés, des centaines de grosses bestioles avec plein de pattes comme les araignées et un gros dard avec du poison mortel paraît-il, et quoi encore la prochaine fois ? Ha, ouais, et j'oubliais de préciser qu'not'seule barque et moyen de quitter l'île est à présent en haut d'un arbre ! Vous voulez des détails ? Bon, j'vais essayer d'en donner quelques-uns...
Communication sans parler
J'rappelle qu'on était coincé chez les orcs, une centaine peut-être, avec l'ouverture vers l'extérieur complètement éboulée. Nous avaient aidés à résister à la vague, mais à part ça z-avaient l'air assez méfiants. En cherchant d'autres issues, Tirielle, maint'nant qu'elle va mieux, a rien trouvé qu'un passage au fond des cavernes qu'était bloqué par les snagas. Entre ceux qu'avaient un épieu, d'autres des couteaux de pierre, p'têt' même quelques dagues en fer et les autres avec des pierres en main pour nous lapider, l'elfe a vite compris que quand c'est non, c'est non : pas possible de passer.
Pendant qu'j'essayais d'me r'poser, Gaerwen et l'elfe ont essayé d'échanger avec les orcs, qui parlaient pas l'commun. Ç'a eu l'air de pas trop mal marcher, i z-ont fait amis-amis ou en tout cas z-ont compris que se battre était pas à l'ordre du jour - pour l'instant. Et aussi qu'on avait besoin de temps et de repos, pour guérir pour certains. Nous ont même amenés des tissus puants mais c'est mieux que rien quand on est mouillés et qu'on a froid, avec un feu qu'on a pu faire (bonjour la fumée), et aussi des trucs à bouffer comme des restes de rats - pas mauvais grillés - ou des champignons - comestibles, mais un peu laxatifs. Pis l'eau de mer qu'avait tout envahi a fini par disparaître, l'matin d'vait pas êt'loin, le cauchemar qui disparaît. Mais l'éboulement est resté, lui, et les orcs aussi.
Reste que malgré la taille des cavernes, i avait pas des masses d'air et qu'on pourrait pas rester éternellement ici avec les orcs, ou alors c'est la bouffe qui pouvait poser problème si yavait pas d'aut'sortie. 'fin bon, ai pu récupérer un peu et j'ai encore utilisé cette foutue amulette magique pour soigner le pirate blessé. Elle me pompe mon énergie alors j'peux pas trop m'en servir, mais vu son état... Pis ça a l'air d'avoir marché, mais même comme ça lui faudrait du temps pour guérir. L'avait l'air costaud, entre la magie de Manil et celle que j'avais faite, pis sa constitution balèze, j'étais confiant.
Pis on a été invités à aller voir ailleurs. 'paremment les chefs avaient décidé de nous faire venir. Belzagar avait repris connaissance même si fallait pas qu'i fasse le mariole avec sa fracture du crâne, donc on est tous partis. On est descendus, i yavait d'autres cavernes dont une qui d'vait être la nurserie, une autre ou ça sentait fort le champignon et yavait un bruit d'eau. Pis on a rencontré les chefs, qu'étaient des femmes - en fait ya même pas mal de femmes parmi les orcs, surtout parmi les chefs, et en tout cas z-avaient l'air les plus vieilles. Et è savaient parler un peu not'langue.
Echanges et accord
D'après c'que j'ai pu comprendre, les orcs étaient arrivés après avoir arraisonné un bateau mais i z-avaient été pris dans des mauvais courants car savaient pas l'diriger. Et i sont arrivés sur l'île. Les mâles étaient plus cons et s'sont fait tuer plus vite, si bien qu'les femelles qu'étaient avec ont pris l'pouvoir, et l'ont gardé. Sauf sur les autres îles ou ya d'autres colonies d'orcs qui leur font la guerre parfois, on dirait. En tout cas, la chef qui nous a dit ça l'avait l'air spéciale, comme si yavait quèqu'chose de magique en elle. Paraît qu'c'était la 3e génération de chef, mais y'en avait eu plein chez les snagas quelconques.
Bref, on a discuté, d'où il ressort que les orcs du coin s'raient contents de foutre le camp à cause des cauchemars de chaque nuit. La Tirielle a dit qu'avec notre aide à nous ce s'rait possible (qu'elle dit !), d'où accord. En fait les orcs aiment bien l'île, mais pas sa magie. Donc rester dans l'coin avec la magie en moins ça leur dirait même encore plus. Pas d'problème selon l'elfe, elle se charge de tout (pour un peu j'rigolerais). Même si par derrière elle a précisé à ceux comme Belzagar qu'étaient pas trop contents que cet accord était provisoire.
Faut dire aussi que les principales ouvertures s'étaient toutes éboulées, à l'exception de 2-3 passages étroits ou difficiles à emprunter. Bref, les orcs étaient coincés chez eux. Z-avaient bien une source de nourriture avec une caverne pleine de champignons qu'i f'saient pousser avec leur merde et autres déchets, mais ce s'rait p'têt' pas suffisant très longtemps, d'où des sorties nécessaires chaque nuit. Ou le cannibalisme. Ou du menu de nain, d'elfe, de hobbit ou d'humains... Par contre semblait qu'yavait assez d'ouvertures pour renouveler l'air, déjà ça de pris.
En attendant de pouvoir trouver comment sortir, la chef en chef a délégué une sous-chef pour nous faire visiter les lieux et nous permettre de montrer comment on allait résoudre leurs problèmes. On a voulu voir une des sorties possibles. Ça d'venait d'plus en plus étroit si bien qu'on a laissé du monde derrière. Belzagar, le plus grand et costaud de tous (et blessé) a été l'premier à êt'bloqué, et des marins sont restés avec lui, pis Manil aussi j'crois, et p'êt' d'autres. De toute manière, on les a semés les uns après les autres, pour rester que 4 : un snaga p'tit comme moi, agile, en premier. Pis bibi, l'elfe et Farouk. Même Kacem, débrouillard, a dû arrêter avant.
Lumière du jour et liberté
On a fini par apercevoir la lumière du jour plus loin. Mais ça d'venait dur d'avancer, sauf pour le snaga et moi, et encore. Et lui l'a plus voulu faire un pas, l'avait trop peur de la lumière du soleil, le con ! Et pas la place de passer, et pas possible de l'pousser, j'étais encore trop crevé d'la magie d'l'amulette pis l'était plus costaud qu'moi de tout'manière. Les copains ont râlé quand j'leur ai dit qu'faudrait attendre la nuit, surtout que Farouk aurait sans doute eu du mal à faire demi-tour. Moi j'ai pu m'reposer en attendant, mais pas l'elfe et le Haradrim, trop coincés pour trouver une posture confortable. Fallait pas êt' si grands ou costauds !
La nuit est enfin arrivée et le snaga a pu sortir, même si l'a eu du mal à la fin. Moi ça allait mais fallait pas faire semblant d'se tortiller dans tous les sens pour passer. Chais pas comment l'elfe a fait pour y arriver, sans doute qu'elle est un peu magique pis pas grosse du tout non plus. Par contre, Farouk a essayé... et l'est resté coincé. Et coincé pour de bon, pas fichu de bouger dans un sens ou dans l'autre, de s'reposer ou autre. Et i bloquait l'passage dans l'aut'sens, bien sûr, au grand dam du snaga. On a dû le laisser en disant qu'on r'viendrait dès qu'possible pour le sortir de là.
'videmment, plus facile à dire qu'à faire : la nuit égale cauchemars, et cette fois on a eu droit à des gros loups comme on descendait. L'snaga a filé s'réfugier dans le bout d'boyau avec Farouk, pis Tirielle et moi on a dû s'réfugier sur une corniche. Sont restés là toute la nuit ces corniaux, mais à l'approche du jour i z-ont disparu et on a pu r'descendre. On est rev'nu au camp mais la vague avait tout foutu en l'air. En cherchant bien on a trouvé deux grosses barres de fer rouillées trouvées dans une carcasse de navire, notre barque en haut d'un arbre, des morceaux de trucs et d'autres à droite à gauche mais pas grand-chose pour nous aider. Le pied.
On a passé la journée à faire un feu pour avoir des cendres et les mélanger à de l'eau du lac dans le reste de tonneau retrouvé pour faire un début de savon - liquide visqueux. On a pu épaissir un peu avec un peu de graisse trouvée sur quelques animaux - l'a aussi fallu s'trouver à bouffer, mais j'ai fait vite - et on est revenu, le soir, où qu'était Farouk. L'était un peu coincé pour s'enduire de savon partout et aider à passer, mais on a enduit la sortie du liquide visqueux et l'elfe a essayé d'agrandir avec les barres de fer ; et on avait une corde : le Haradrim a poussé comme i pouvait, la Tirielle a tiré, pis il a fini par sortir ! En saignant pas mal et en étant pas ben frais... mais vivant.
Pas de fumée sans feu
La nuit allait tomber alors on est vite descendus et on s'est fait un abri. L'elfe a commencé à monter la garde, mais elle a été alertée par un bruit qui m'a aussi réveillé : des cliquetis de pattes et de pinces par centaines, des grosses bestioles venimeuses qui convergeaient vers nous et pour qui on était le r'pas du jour (ou plutôt d'la nuit). On a fini en haut d'un arbre mais ces foutues bestioles y grimpaient aussi ! Passé toute la nuit à les décrocher pour empêcher d'nous piquer, tu parles d'un repos ! Farouk était mal, blessé, l'a plus pu r'descendre seul pis même avec l'aide de la corde et de Tirielle l'est tombé !
Repos forcé en journée donc, de toute manière on avait encore d'la bouffe. J'ai soigné le Haradrim pis l'elfe a gardé. Bien dormi - j'en avais besoin - et Farouk aussi. Avec l'aide de l'amulette magique j'ai pu l'soigner aussi mais l'était un peu trop blessé pour guérir trop vite de toutes ses blessures. L'une d'elles a fini par se fermer mais l'en restait encore quatre autres. Et pendant c'temps-là, me suis d'mandé comment ça s'passait pour les copains. Si le snaga avait pu rentrer i d'vaient savoir qu'on étaient dehors. N'empêche que j'imaginais bien les orcs commencer à leur faire des yeux doux, surtout la grosse carcasse du pirate qui pourrait p't'êt' faire un (p'tit) r'pas à toute la tribu à lui tout seul !
D'ailleurs la Tirielle a vaguement parlé d'une fumée qu'elle a vue pendant qu'je dormais, du côté des p'tites montagnes ousqu'i ya les cavernes d'orcs. L'a rien fait, mais j'imaginais bien Manil trouver un puits ou autre ouverture presque infranchissable et faire un feu pour indiquer qu'i z-étaient là et qu'i z-auraient bien aimé qu'on leur balance une corde ou autre pour pouvoir sortir. Maint'nant ya plus d'feu alors j'nous vois mal aller chercher d'où ça v'nait, surtout qu'le Farouk l'est pas encore en grand forme. Pour un peu j'pouvais même imaginer le rouquin râler après nous qu'on était pas v'nus ! Nan mon gars, ch'crois qu'faudra vous débrouiller à trouver quelqu'un pour grimper et vous faire ou trouver une corde par vous-mêmes !
Pis yavait aussi le lac dans la caverne. Pas une rivière, mais avec quand même de la poiscaille je crois. P'têt' bien qu'i yavait une sortie possible par là aussi, yavait de bons nageurs dans l'équipe. Si ça s'trouve yavait un passage immergé pour sortir de là-bas et rejoindre l'extérieur. Mais Belzagar, le meilleur nageur, était pas en état pour faire ce genre de truc, et ça faisait que 2-3 jours qu'il guérissait, en espérant qu'ça s'passait bien. Et Gaerwen était pas mauvaise, mais j'la voyais pas abandonner les autres là-d'dans. Restait quelques p'tit' z-heures avant la prochaine nuit et le cauchemar habituel. Ce s'rait quoi cette fois ?
Déjà qu'on a du mal à sortir de leur foutu trou, à ces orcs, sans même parler de faire face à c'qui ya dehors chaque nuit : après la vague géante, c'était de la petite bière, bien sûr : juste des dizaines de gros loups affamés, des centaines de grosses bestioles avec plein de pattes comme les araignées et un gros dard avec du poison mortel paraît-il, et quoi encore la prochaine fois ? Ha, ouais, et j'oubliais de préciser qu'not'seule barque et moyen de quitter l'île est à présent en haut d'un arbre ! Vous voulez des détails ? Bon, j'vais essayer d'en donner quelques-uns...
Communication sans parler
J'rappelle qu'on était coincé chez les orcs, une centaine peut-être, avec l'ouverture vers l'extérieur complètement éboulée. Nous avaient aidés à résister à la vague, mais à part ça z-avaient l'air assez méfiants. En cherchant d'autres issues, Tirielle, maint'nant qu'elle va mieux, a rien trouvé qu'un passage au fond des cavernes qu'était bloqué par les snagas. Entre ceux qu'avaient un épieu, d'autres des couteaux de pierre, p'têt' même quelques dagues en fer et les autres avec des pierres en main pour nous lapider, l'elfe a vite compris que quand c'est non, c'est non : pas possible de passer.
Pendant qu'j'essayais d'me r'poser, Gaerwen et l'elfe ont essayé d'échanger avec les orcs, qui parlaient pas l'commun. Ç'a eu l'air de pas trop mal marcher, i z-ont fait amis-amis ou en tout cas z-ont compris que se battre était pas à l'ordre du jour - pour l'instant. Et aussi qu'on avait besoin de temps et de repos, pour guérir pour certains. Nous ont même amenés des tissus puants mais c'est mieux que rien quand on est mouillés et qu'on a froid, avec un feu qu'on a pu faire (bonjour la fumée), et aussi des trucs à bouffer comme des restes de rats - pas mauvais grillés - ou des champignons - comestibles, mais un peu laxatifs. Pis l'eau de mer qu'avait tout envahi a fini par disparaître, l'matin d'vait pas êt'loin, le cauchemar qui disparaît. Mais l'éboulement est resté, lui, et les orcs aussi.
Reste que malgré la taille des cavernes, i avait pas des masses d'air et qu'on pourrait pas rester éternellement ici avec les orcs, ou alors c'est la bouffe qui pouvait poser problème si yavait pas d'aut'sortie. 'fin bon, ai pu récupérer un peu et j'ai encore utilisé cette foutue amulette magique pour soigner le pirate blessé. Elle me pompe mon énergie alors j'peux pas trop m'en servir, mais vu son état... Pis ça a l'air d'avoir marché, mais même comme ça lui faudrait du temps pour guérir. L'avait l'air costaud, entre la magie de Manil et celle que j'avais faite, pis sa constitution balèze, j'étais confiant.
Pis on a été invités à aller voir ailleurs. 'paremment les chefs avaient décidé de nous faire venir. Belzagar avait repris connaissance même si fallait pas qu'i fasse le mariole avec sa fracture du crâne, donc on est tous partis. On est descendus, i yavait d'autres cavernes dont une qui d'vait être la nurserie, une autre ou ça sentait fort le champignon et yavait un bruit d'eau. Pis on a rencontré les chefs, qu'étaient des femmes - en fait ya même pas mal de femmes parmi les orcs, surtout parmi les chefs, et en tout cas z-avaient l'air les plus vieilles. Et è savaient parler un peu not'langue.
Echanges et accord
D'après c'que j'ai pu comprendre, les orcs étaient arrivés après avoir arraisonné un bateau mais i z-avaient été pris dans des mauvais courants car savaient pas l'diriger. Et i sont arrivés sur l'île. Les mâles étaient plus cons et s'sont fait tuer plus vite, si bien qu'les femelles qu'étaient avec ont pris l'pouvoir, et l'ont gardé. Sauf sur les autres îles ou ya d'autres colonies d'orcs qui leur font la guerre parfois, on dirait. En tout cas, la chef qui nous a dit ça l'avait l'air spéciale, comme si yavait quèqu'chose de magique en elle. Paraît qu'c'était la 3e génération de chef, mais y'en avait eu plein chez les snagas quelconques.
Bref, on a discuté, d'où il ressort que les orcs du coin s'raient contents de foutre le camp à cause des cauchemars de chaque nuit. La Tirielle a dit qu'avec notre aide à nous ce s'rait possible (qu'elle dit !), d'où accord. En fait les orcs aiment bien l'île, mais pas sa magie. Donc rester dans l'coin avec la magie en moins ça leur dirait même encore plus. Pas d'problème selon l'elfe, elle se charge de tout (pour un peu j'rigolerais). Même si par derrière elle a précisé à ceux comme Belzagar qu'étaient pas trop contents que cet accord était provisoire.
Faut dire aussi que les principales ouvertures s'étaient toutes éboulées, à l'exception de 2-3 passages étroits ou difficiles à emprunter. Bref, les orcs étaient coincés chez eux. Z-avaient bien une source de nourriture avec une caverne pleine de champignons qu'i f'saient pousser avec leur merde et autres déchets, mais ce s'rait p'têt' pas suffisant très longtemps, d'où des sorties nécessaires chaque nuit. Ou le cannibalisme. Ou du menu de nain, d'elfe, de hobbit ou d'humains... Par contre semblait qu'yavait assez d'ouvertures pour renouveler l'air, déjà ça de pris.
En attendant de pouvoir trouver comment sortir, la chef en chef a délégué une sous-chef pour nous faire visiter les lieux et nous permettre de montrer comment on allait résoudre leurs problèmes. On a voulu voir une des sorties possibles. Ça d'venait d'plus en plus étroit si bien qu'on a laissé du monde derrière. Belzagar, le plus grand et costaud de tous (et blessé) a été l'premier à êt'bloqué, et des marins sont restés avec lui, pis Manil aussi j'crois, et p'êt' d'autres. De toute manière, on les a semés les uns après les autres, pour rester que 4 : un snaga p'tit comme moi, agile, en premier. Pis bibi, l'elfe et Farouk. Même Kacem, débrouillard, a dû arrêter avant.
Lumière du jour et liberté
On a fini par apercevoir la lumière du jour plus loin. Mais ça d'venait dur d'avancer, sauf pour le snaga et moi, et encore. Et lui l'a plus voulu faire un pas, l'avait trop peur de la lumière du soleil, le con ! Et pas la place de passer, et pas possible de l'pousser, j'étais encore trop crevé d'la magie d'l'amulette pis l'était plus costaud qu'moi de tout'manière. Les copains ont râlé quand j'leur ai dit qu'faudrait attendre la nuit, surtout que Farouk aurait sans doute eu du mal à faire demi-tour. Moi j'ai pu m'reposer en attendant, mais pas l'elfe et le Haradrim, trop coincés pour trouver une posture confortable. Fallait pas êt' si grands ou costauds !
La nuit est enfin arrivée et le snaga a pu sortir, même si l'a eu du mal à la fin. Moi ça allait mais fallait pas faire semblant d'se tortiller dans tous les sens pour passer. Chais pas comment l'elfe a fait pour y arriver, sans doute qu'elle est un peu magique pis pas grosse du tout non plus. Par contre, Farouk a essayé... et l'est resté coincé. Et coincé pour de bon, pas fichu de bouger dans un sens ou dans l'autre, de s'reposer ou autre. Et i bloquait l'passage dans l'aut'sens, bien sûr, au grand dam du snaga. On a dû le laisser en disant qu'on r'viendrait dès qu'possible pour le sortir de là.
'videmment, plus facile à dire qu'à faire : la nuit égale cauchemars, et cette fois on a eu droit à des gros loups comme on descendait. L'snaga a filé s'réfugier dans le bout d'boyau avec Farouk, pis Tirielle et moi on a dû s'réfugier sur une corniche. Sont restés là toute la nuit ces corniaux, mais à l'approche du jour i z-ont disparu et on a pu r'descendre. On est rev'nu au camp mais la vague avait tout foutu en l'air. En cherchant bien on a trouvé deux grosses barres de fer rouillées trouvées dans une carcasse de navire, notre barque en haut d'un arbre, des morceaux de trucs et d'autres à droite à gauche mais pas grand-chose pour nous aider. Le pied.
On a passé la journée à faire un feu pour avoir des cendres et les mélanger à de l'eau du lac dans le reste de tonneau retrouvé pour faire un début de savon - liquide visqueux. On a pu épaissir un peu avec un peu de graisse trouvée sur quelques animaux - l'a aussi fallu s'trouver à bouffer, mais j'ai fait vite - et on est revenu, le soir, où qu'était Farouk. L'était un peu coincé pour s'enduire de savon partout et aider à passer, mais on a enduit la sortie du liquide visqueux et l'elfe a essayé d'agrandir avec les barres de fer ; et on avait une corde : le Haradrim a poussé comme i pouvait, la Tirielle a tiré, pis il a fini par sortir ! En saignant pas mal et en étant pas ben frais... mais vivant.
Pas de fumée sans feu
La nuit allait tomber alors on est vite descendus et on s'est fait un abri. L'elfe a commencé à monter la garde, mais elle a été alertée par un bruit qui m'a aussi réveillé : des cliquetis de pattes et de pinces par centaines, des grosses bestioles venimeuses qui convergeaient vers nous et pour qui on était le r'pas du jour (ou plutôt d'la nuit). On a fini en haut d'un arbre mais ces foutues bestioles y grimpaient aussi ! Passé toute la nuit à les décrocher pour empêcher d'nous piquer, tu parles d'un repos ! Farouk était mal, blessé, l'a plus pu r'descendre seul pis même avec l'aide de la corde et de Tirielle l'est tombé !
Repos forcé en journée donc, de toute manière on avait encore d'la bouffe. J'ai soigné le Haradrim pis l'elfe a gardé. Bien dormi - j'en avais besoin - et Farouk aussi. Avec l'aide de l'amulette magique j'ai pu l'soigner aussi mais l'était un peu trop blessé pour guérir trop vite de toutes ses blessures. L'une d'elles a fini par se fermer mais l'en restait encore quatre autres. Et pendant c'temps-là, me suis d'mandé comment ça s'passait pour les copains. Si le snaga avait pu rentrer i d'vaient savoir qu'on étaient dehors. N'empêche que j'imaginais bien les orcs commencer à leur faire des yeux doux, surtout la grosse carcasse du pirate qui pourrait p't'êt' faire un (p'tit) r'pas à toute la tribu à lui tout seul !
D'ailleurs la Tirielle a vaguement parlé d'une fumée qu'elle a vue pendant qu'je dormais, du côté des p'tites montagnes ousqu'i ya les cavernes d'orcs. L'a rien fait, mais j'imaginais bien Manil trouver un puits ou autre ouverture presque infranchissable et faire un feu pour indiquer qu'i z-étaient là et qu'i z-auraient bien aimé qu'on leur balance une corde ou autre pour pouvoir sortir. Maint'nant ya plus d'feu alors j'nous vois mal aller chercher d'où ça v'nait, surtout qu'le Farouk l'est pas encore en grand forme. Pour un peu j'pouvais même imaginer le rouquin râler après nous qu'on était pas v'nus ! Nan mon gars, ch'crois qu'faudra vous débrouiller à trouver quelqu'un pour grimper et vous faire ou trouver une corde par vous-mêmes !
Pis yavait aussi le lac dans la caverne. Pas une rivière, mais avec quand même de la poiscaille je crois. P'têt' bien qu'i yavait une sortie possible par là aussi, yavait de bons nageurs dans l'équipe. Si ça s'trouve yavait un passage immergé pour sortir de là-bas et rejoindre l'extérieur. Mais Belzagar, le meilleur nageur, était pas en état pour faire ce genre de truc, et ça faisait que 2-3 jours qu'il guérissait, en espérant qu'ça s'passait bien. Et Gaerwen était pas mauvaise, mais j'la voyais pas abandonner les autres là-d'dans. Restait quelques p'tit' z-heures avant la prochaine nuit et le cauchemar habituel. Ce s'rait quoi cette fois ?
Journal de Tobias - récit n° 18
Fantastique, l'équipe est presque réunie... ce qui ne veut pas dire qu'elle est unie, loin de là. Entre la Tirionnelle qui veut tout diriger et certains comme Belzagar ou Manil qui la chambrent, les mots doux fleurissent comme les pâquerettes au printemps ! M'enfin bon, faut voir le bon côté des choses : on commence à prendre nos marques, à se connaître les uns les autres, à s'habituer à cette foutue île où on a droit à une catastrophe par nuit... Me d'mande comment les orcs ont fait pour survivre jusque-là : franchement, y z-ont du mérite !
Cela dit, nous aussi. Ce Belzagar, quand il est bien luné et la tête pas fracturée, c'est une force de la nature, il nous a impressionnés ! Se taper une montée dans un long boyau vertical à la force des bras, c'est une chose ; le faire avec une autre personne sur le dos, et deux fois de suite qui plus est (avec une descente en prime), c'en est une autre ! Sans parler de Farouk qui se débrouille super bien dans la nature, de l'elfe qu'a quand même pas mal de capacités, etc. Bon, mais revenons à nos moutons...
Voleur sorti par la cheminée
Et donc la journée tirait à sa fin. J'm'étais r'posé un peu, Farouk faisait de même vu qu'il était encore tout râpé, Tirielle a réussi à descendre la barque du haut d'l'arbre pendant c'temps, on avait encore un peu de bouffe de rab'... Mais la nuit était pas loin. Du coup l'elfe a médité pendant qu'i f'sait encore jour pour êt' fin prête pour la nuit. Mais avant qu'i fasse noir, on a eu la surprise de voir arriver Kacem, le voleur d'Umbar qu'avait été enchaîné avec nous (à Belzagar pour êt' précis) sur le bateau pour le sud.
La gars nous a alors donné des nouvelles des copains. I s'débrouillaient pas trop mal entre la poiscaille, les champignons et quelques rats grillés que Manil arrivait à coincer. Mais si ça f'sait un peu juste, le problème c'était surtout que les orcs semblaient aussi avoir la dalle vu qu'une source d'approvisionnement - l'extérieur - était tarie. Et même si z'étaient que des snagas minables, ben z'étaient bien nombreux et leurs cheftaines les contrôlaient pas complètement. Quand l'ventre gargouille, c'est pas toujours l'cerveau qui réfléchit. Surtout pour un orc j'imagine.
Les copains (et Kacem et les marins) avaient donc fait le tour des issues possibles. Le boyau étroit ousqu'on était passés était trop étroit pour eux, donc vite oublié. Le p'tit lac avec les poissons et un petit courant demandait un bon nageur et en forme, ce qu'i z'avaient pas, donc écarté aussi pour le moment. Restait une espèce de cheminée tordue plus ou moins verticale mais pas droite, donc difficile de voir plus que l'bas, et longue a priori. En gros, Manil avait évalué qu'c'était l'mieux mais qu'i fallait être très bon grimpeur et/ou très endurant, ou avoir une corde. Au moins.
L'voleur d'Umbar étant pas mauvais en escalade, il a tenté l'coup. La ch'minée était pas trop dure mais ben longue, ça lui a pris du temps, mais l'a fini pas sortir. Fallait encore escalader un peu pour descendre une fois dehors mais c'était plus facile. Après quoi l'a cherché des traces et c'est comme ça qu'il a fini par nous r'trouver. Et juste avant la nuit avec ça. Du coup on était quatre pour découvrir la surprise de la nuit sur l'île. P'têt' ben que Kacem s'est d'mandé alors si finalement les cavernes des orcs étaient pas mieux...
Nuits agitées
Et donc la nuit est arrivée. La Tirielle avait retourné et attaché la barque à des arbres et sinon on avait fait un abri pour se planquer, mais c'est l'bruit qui nous a alerté : des gros chocs en montagne, du genre un très gros troll qui balance des rochers sur l'ancienne ouverture des cavernes des orcs complètement ensevelie. Mais l'est pas resté là, et après Tirielle l'a vu venir dans not' direction alors on l'a pas attendu - l'a un bon nez l'bestiau, i paraît. Mais l'était pas seul, y en avait d'autres ailleurs, et on a passé la nuit à s'planquer et jouer au chat et à la souris... La joie !
Mais bon, on a t'nu bon et on est restés en vie. Tant qu'à faire, j'en profite pour parler un peu des autres nuits passées, à force j'vais finir par les oublier et m’embrouiller. J'crois qu'après ya eu des orcs en maraude, mais on était trop bien planqués dans notre abri : on s'était réfugiés sous la barque et en journée le Haradrim - Farouk - avait ramené des végétaux et tout pour tout bien planquer, un chouette truc. Bref, cette nuit avec les orcs a été la plus tranquille en fait, on a pas eu à bouger.
Puis celle d'après j'crois qu'c'est l'marin qu'avait peur des tremblements de terre et des raz-de-marée qu'a remis l'couvert. L'problème c'est qu'il était pas seul pasque ya d'abord eu plein de loups qui nous ont fait grimper dans les arbres. Le Farouk l'avait pas l'air fier, j'crois bien qu'le truc des loups ça v'nait d'lui, la joie. Du coup on pouvait pas fuir la vague, et quand elle est arrivée les loups ont été balayés, mais nous ça a failli êt' le cas aussi. Si Tirielle m'avait pas attaché à l'arbre avec sa corde (et elle aussi), j'y passais, c'est sûr ! Après on était trempés et pas possible de faire du feu, on s'est foutu à poil en se serrant les uns aux autres pour pas choper la crève, mais j'l'ai eu quand même, l'a fallu qu'j'utilise l'amulette pour me soigner avec la magie, qui m'a crevée. Ha, et j'allais oublier qu'la barque a été en partie amochée en prime.
La dernière nuit a fait grincer des dents. Alors qu'l'équipe était presqu'entièrement reconstituée, on a perçu des mouvements de gars vach'ment furtifs, et moi j'ai même entendu des voix elfes. Tirielle est sortie et elle a vu des elfes venir à elle. Des guerriers elfes d'enfer, grands, hautains, et qui étaient là pour tuer tout l'monde sauf les elfes, nous compris (sauf Tirielle bien sûr). Et i z'avaient vu nos traces. Notre elfe leur a fait un discours d'entourloupe qu'a marché et i sont partis voir plus loin, mais Manil a pas mâché ses mots sur comment i voyait les elfes : déjà qu'i trouvait que la Tirielle était "une vraie connasse" (je cite), mais qu'les aut' elfes qu'il avait perçus étaient encore pires qu'elle !
Livraison à domicile
'fin bon, la nuit après que Kacem est arrivé, on a fait nos affaires : repos et bouffe d'une part, mais aussi recherche de lianes pour aider les copains à sortir des cavernes en grimpant. Ben ouais, la seule corde qu'on avait était au moins trois fois trop petite, donc ça aurait été trop galère pour les autres d'arriver jusqu'à elle. On a donc recueilli des lianes, on les a un peu tressées, pis on est r'parti pour le boyau vertical.
Après une petite grimpette - Kacem est parti en premier avec la corde pour aider les autres à monter - on est arrivés au haut de la cheminée. Après avoir gueulé un peu on a fini par entendre les potes que des orcs avaient fini par rameuter. Après quelques échanges d'amabilité, Manil expliquant à Tirielle tout le bien qu'il pensait d'elle pour n'avoir pas compris que la fumée de la veille venait de lui, on est passé aux choses sérieuses.
En fait, on avait déjà descendu quelques restes de bouffe au bout des lianes accrochées à la corde. Mais j'ai cru comprendre que les copains sont arrivés trop tard et qu'c'est les orcs qu'en ont profité. Fallait êt' plus rapides les gars... Le lendemain ça s'passerait mieux car en fait les copains ont déménagé pour rester en bas du boyau vertical, à moitié barricadés - les orcs de la caverne commençaient à les reluquer d'un peu près pour certains...
Mais bon, on a d'mandé en bas si certains voulaient pas monter et rejoindre l'air pur. Le Belzagar avait encore la tête au carré mais ça guérissait bien selon Manil, n'empêche qu'i pouvait pas jouer au monte-en-l'air. Gaerwen se sentait pas trop, et parlons même pas d'Marti. Surtout qu'les lianes étaient pas bien costaudes et les paris sur leur résistance devant l'poids du nain auraient pu être intéressants. Pour Belzagar, le plus lourd et de loin, personne voulait parier.
Grimpette et terrassement
Du coup, seuls deux marins ont tenté l'coup et ont réussi à sortir avec plus ou moins de facilité. Après êt' redescendus avec nous i z-ont pu profiter des orcs arrivés magiquement pendant la nuit. Pis les jours qui ont suivi, davantage de monde a pu sortir : lorsque Belzagar a été guéri, il a pris Gaerwen sur son dos - z-ont l'air de s'entendre de mieux en mieux ces deux-là - et il l'a monté jusqu'à la corde à laquelle est s'est attachée - on avait fait une boucle. Pis l'a fini de r'monter pour la tirer de là.
Deux autres marins ont essayé de sortir par eux-mêmes, avec l'aide des lianes, mais le deuxième est tombé et s'est fait vach'ment mal. Le Haradrim rouquin a essayé de l'soigner mais le gars est mort quand même, de saignements internes sans doute. Ça a un peu r'froidi les autres qu'ont pas voulu tenter leur chance. Manil est aussi sorti comme Gaerwen, avec Belzagar pour le porter, mais ça commençait à faire beaucoup pour le pirate d'Umbar.
Pis ya eu le tremblement de terre et la grosse vague qui ont fait encore des glissements de terrain. Ça a partiellement dégagé les rochers qui bloquaient l'entrée de la caverne des orcs, mais même en s'y mettant à tous, fallait encore compter plusieurs jours pour dégager l'entrée. On a commencé à l'faire quand même, vu qu'on voyait pas trop le nain sortir en grimpant, et l'était quand même vach'ment lourd pour Belzagar, et sans doute trop pour les lianes. Donc dégager l'entrée paraissait l'mieux pour lui.
A côté d'ça on s'est organisés : canne à pêche (Farouk a ridiculisé Tirielle qui cherchait sans l'voir quèqu'chose qu'elle avait à ses pieds) et nasses pour attraper poissons et crustacés, paniers pour les transporter (et les amener aux copains restés sous terre), etc. Les elfes créés par magie nous ont foutu la trouille mais ils ont pas pu pénétrer dans les cavernes bloquées normalement. Par contre, au bruit, ils ont fait des morts sur les autres îles proches et les quelques orcs qui y avaient élu domicile.
Cela dit, nous aussi. Ce Belzagar, quand il est bien luné et la tête pas fracturée, c'est une force de la nature, il nous a impressionnés ! Se taper une montée dans un long boyau vertical à la force des bras, c'est une chose ; le faire avec une autre personne sur le dos, et deux fois de suite qui plus est (avec une descente en prime), c'en est une autre ! Sans parler de Farouk qui se débrouille super bien dans la nature, de l'elfe qu'a quand même pas mal de capacités, etc. Bon, mais revenons à nos moutons...
Voleur sorti par la cheminée
Et donc la journée tirait à sa fin. J'm'étais r'posé un peu, Farouk faisait de même vu qu'il était encore tout râpé, Tirielle a réussi à descendre la barque du haut d'l'arbre pendant c'temps, on avait encore un peu de bouffe de rab'... Mais la nuit était pas loin. Du coup l'elfe a médité pendant qu'i f'sait encore jour pour êt' fin prête pour la nuit. Mais avant qu'i fasse noir, on a eu la surprise de voir arriver Kacem, le voleur d'Umbar qu'avait été enchaîné avec nous (à Belzagar pour êt' précis) sur le bateau pour le sud.
La gars nous a alors donné des nouvelles des copains. I s'débrouillaient pas trop mal entre la poiscaille, les champignons et quelques rats grillés que Manil arrivait à coincer. Mais si ça f'sait un peu juste, le problème c'était surtout que les orcs semblaient aussi avoir la dalle vu qu'une source d'approvisionnement - l'extérieur - était tarie. Et même si z'étaient que des snagas minables, ben z'étaient bien nombreux et leurs cheftaines les contrôlaient pas complètement. Quand l'ventre gargouille, c'est pas toujours l'cerveau qui réfléchit. Surtout pour un orc j'imagine.
Les copains (et Kacem et les marins) avaient donc fait le tour des issues possibles. Le boyau étroit ousqu'on était passés était trop étroit pour eux, donc vite oublié. Le p'tit lac avec les poissons et un petit courant demandait un bon nageur et en forme, ce qu'i z'avaient pas, donc écarté aussi pour le moment. Restait une espèce de cheminée tordue plus ou moins verticale mais pas droite, donc difficile de voir plus que l'bas, et longue a priori. En gros, Manil avait évalué qu'c'était l'mieux mais qu'i fallait être très bon grimpeur et/ou très endurant, ou avoir une corde. Au moins.
L'voleur d'Umbar étant pas mauvais en escalade, il a tenté l'coup. La ch'minée était pas trop dure mais ben longue, ça lui a pris du temps, mais l'a fini pas sortir. Fallait encore escalader un peu pour descendre une fois dehors mais c'était plus facile. Après quoi l'a cherché des traces et c'est comme ça qu'il a fini par nous r'trouver. Et juste avant la nuit avec ça. Du coup on était quatre pour découvrir la surprise de la nuit sur l'île. P'têt' ben que Kacem s'est d'mandé alors si finalement les cavernes des orcs étaient pas mieux...
Nuits agitées
Et donc la nuit est arrivée. La Tirielle avait retourné et attaché la barque à des arbres et sinon on avait fait un abri pour se planquer, mais c'est l'bruit qui nous a alerté : des gros chocs en montagne, du genre un très gros troll qui balance des rochers sur l'ancienne ouverture des cavernes des orcs complètement ensevelie. Mais l'est pas resté là, et après Tirielle l'a vu venir dans not' direction alors on l'a pas attendu - l'a un bon nez l'bestiau, i paraît. Mais l'était pas seul, y en avait d'autres ailleurs, et on a passé la nuit à s'planquer et jouer au chat et à la souris... La joie !
Mais bon, on a t'nu bon et on est restés en vie. Tant qu'à faire, j'en profite pour parler un peu des autres nuits passées, à force j'vais finir par les oublier et m’embrouiller. J'crois qu'après ya eu des orcs en maraude, mais on était trop bien planqués dans notre abri : on s'était réfugiés sous la barque et en journée le Haradrim - Farouk - avait ramené des végétaux et tout pour tout bien planquer, un chouette truc. Bref, cette nuit avec les orcs a été la plus tranquille en fait, on a pas eu à bouger.
Puis celle d'après j'crois qu'c'est l'marin qu'avait peur des tremblements de terre et des raz-de-marée qu'a remis l'couvert. L'problème c'est qu'il était pas seul pasque ya d'abord eu plein de loups qui nous ont fait grimper dans les arbres. Le Farouk l'avait pas l'air fier, j'crois bien qu'le truc des loups ça v'nait d'lui, la joie. Du coup on pouvait pas fuir la vague, et quand elle est arrivée les loups ont été balayés, mais nous ça a failli êt' le cas aussi. Si Tirielle m'avait pas attaché à l'arbre avec sa corde (et elle aussi), j'y passais, c'est sûr ! Après on était trempés et pas possible de faire du feu, on s'est foutu à poil en se serrant les uns aux autres pour pas choper la crève, mais j'l'ai eu quand même, l'a fallu qu'j'utilise l'amulette pour me soigner avec la magie, qui m'a crevée. Ha, et j'allais oublier qu'la barque a été en partie amochée en prime.
La dernière nuit a fait grincer des dents. Alors qu'l'équipe était presqu'entièrement reconstituée, on a perçu des mouvements de gars vach'ment furtifs, et moi j'ai même entendu des voix elfes. Tirielle est sortie et elle a vu des elfes venir à elle. Des guerriers elfes d'enfer, grands, hautains, et qui étaient là pour tuer tout l'monde sauf les elfes, nous compris (sauf Tirielle bien sûr). Et i z'avaient vu nos traces. Notre elfe leur a fait un discours d'entourloupe qu'a marché et i sont partis voir plus loin, mais Manil a pas mâché ses mots sur comment i voyait les elfes : déjà qu'i trouvait que la Tirielle était "une vraie connasse" (je cite), mais qu'les aut' elfes qu'il avait perçus étaient encore pires qu'elle !
Livraison à domicile
'fin bon, la nuit après que Kacem est arrivé, on a fait nos affaires : repos et bouffe d'une part, mais aussi recherche de lianes pour aider les copains à sortir des cavernes en grimpant. Ben ouais, la seule corde qu'on avait était au moins trois fois trop petite, donc ça aurait été trop galère pour les autres d'arriver jusqu'à elle. On a donc recueilli des lianes, on les a un peu tressées, pis on est r'parti pour le boyau vertical.
Après une petite grimpette - Kacem est parti en premier avec la corde pour aider les autres à monter - on est arrivés au haut de la cheminée. Après avoir gueulé un peu on a fini par entendre les potes que des orcs avaient fini par rameuter. Après quelques échanges d'amabilité, Manil expliquant à Tirielle tout le bien qu'il pensait d'elle pour n'avoir pas compris que la fumée de la veille venait de lui, on est passé aux choses sérieuses.
En fait, on avait déjà descendu quelques restes de bouffe au bout des lianes accrochées à la corde. Mais j'ai cru comprendre que les copains sont arrivés trop tard et qu'c'est les orcs qu'en ont profité. Fallait êt' plus rapides les gars... Le lendemain ça s'passerait mieux car en fait les copains ont déménagé pour rester en bas du boyau vertical, à moitié barricadés - les orcs de la caverne commençaient à les reluquer d'un peu près pour certains...
Mais bon, on a d'mandé en bas si certains voulaient pas monter et rejoindre l'air pur. Le Belzagar avait encore la tête au carré mais ça guérissait bien selon Manil, n'empêche qu'i pouvait pas jouer au monte-en-l'air. Gaerwen se sentait pas trop, et parlons même pas d'Marti. Surtout qu'les lianes étaient pas bien costaudes et les paris sur leur résistance devant l'poids du nain auraient pu être intéressants. Pour Belzagar, le plus lourd et de loin, personne voulait parier.
Grimpette et terrassement
Du coup, seuls deux marins ont tenté l'coup et ont réussi à sortir avec plus ou moins de facilité. Après êt' redescendus avec nous i z-ont pu profiter des orcs arrivés magiquement pendant la nuit. Pis les jours qui ont suivi, davantage de monde a pu sortir : lorsque Belzagar a été guéri, il a pris Gaerwen sur son dos - z-ont l'air de s'entendre de mieux en mieux ces deux-là - et il l'a monté jusqu'à la corde à laquelle est s'est attachée - on avait fait une boucle. Pis l'a fini de r'monter pour la tirer de là.
Deux autres marins ont essayé de sortir par eux-mêmes, avec l'aide des lianes, mais le deuxième est tombé et s'est fait vach'ment mal. Le Haradrim rouquin a essayé de l'soigner mais le gars est mort quand même, de saignements internes sans doute. Ça a un peu r'froidi les autres qu'ont pas voulu tenter leur chance. Manil est aussi sorti comme Gaerwen, avec Belzagar pour le porter, mais ça commençait à faire beaucoup pour le pirate d'Umbar.
Pis ya eu le tremblement de terre et la grosse vague qui ont fait encore des glissements de terrain. Ça a partiellement dégagé les rochers qui bloquaient l'entrée de la caverne des orcs, mais même en s'y mettant à tous, fallait encore compter plusieurs jours pour dégager l'entrée. On a commencé à l'faire quand même, vu qu'on voyait pas trop le nain sortir en grimpant, et l'était quand même vach'ment lourd pour Belzagar, et sans doute trop pour les lianes. Donc dégager l'entrée paraissait l'mieux pour lui.
A côté d'ça on s'est organisés : canne à pêche (Farouk a ridiculisé Tirielle qui cherchait sans l'voir quèqu'chose qu'elle avait à ses pieds) et nasses pour attraper poissons et crustacés, paniers pour les transporter (et les amener aux copains restés sous terre), etc. Les elfes créés par magie nous ont foutu la trouille mais ils ont pas pu pénétrer dans les cavernes bloquées normalement. Par contre, au bruit, ils ont fait des morts sur les autres îles proches et les quelques orcs qui y avaient élu domicile.
Journal de Tobias - récit n° 19
Et v'là enfin l'équipe au complet ! Enfin, les survivants du moins, pasqu'y a encore un marin de moins. C'la dit, si c'est bien lui qu'était à l'origine du foutu cauchemar qui l'a vu disparaître, ça fait une menace de moins pour nous pourrir la vie. L'était sympa, tiens, son cauchemar, ya vraiment des types un peu fêlés dans leur tête et j'aurais pas aimé être dans la sienne ! Pas qu'les autres vaillent mieux peut-être, on a encore parmi nous celui qu'a peur des vagues géantes, et j'me d'mande c'que les autres peuvent cacher dans leur caboche...
Du coup, l'est vraiment temps qu'on s'barre de l'île, mais on voit pas trop comment faire avec une barque endommagée et réparée avec les moyens du bord. A la place on fait c'qui faut pour explorer l'espèce de cachette secrète sous la flotte à l'aide d'un tonneau. Mais bon, qu'est-ce qui dit qu'on va pouvoir ouvrir c'te foutu passage, et même si c'est l'cas, qu'on trouv'ra derrière quèqu'chose pour se tailler d'ici ? 'fin bon, faut bien essayer un truc ou un autre. Quand même, faudrait qu'je donne un peu plus de détails sur les derniers jours, ça avance tout d'même un peu...
Escalade et réunion
Par quoi j'commence ? Allez, c'est parti pour l'histoire du sauvetage de deux marins et du nain des profondeurs de la caverne aux snagas. Au départ on avait dit qu'on allait déblayer les rochers qui bouchaient l'entrée, et on avait plusieurs gars qui y travaillaient régulièrement. Et pis finalement ça semblait prendre trop de temps, alors que dessous les snagas commençaient à se bouffer entre eux et à menacer les copains, qui restaient barricadés sous le puits d'aération. Heureusement Marti avait sa lance, et les snagas qui s'approchaient trop finissaient en brochette, dans tous les sens du terme : après avoir été transpercés par notre guerrier nain, les corps étaient récupérés par leurs copains pour pas êt'perdus pour tous.
N'empêche que ça devenait chaud pour eux. Alors Belzagar a remis ça en jouant une nouvelle fois aux ascenseurs. Il l'avait déjà fait pour Gaerwen et Manil, alors pourquoi pas les marins et l'nain ? N'empêche qu'ils étaient tous assez lourds, Marti le plus malgré sa p'tite taille. Bref, une partie de l'équipe - dont Belzagar, Kacem et la salade blonde (le nouveau surnom de Tirielle - j'ose pas écrire d'où ça vient) - est montée dans les montagnes pendant qu'le reste s'occupait de bouffe, herbes, etc.
Le pirate d'Umbar a descendu la corde puis le reste du boyau à peu près vertical (les deux tiers) à la main. Un marin a été attaché à son corps, avec ordre de pas bouger pour pas déséquilibrer le Dúnadan, pis l'est grimpé. Non sans un peu de raideur voire de fatigue à l'arrivée, alors l'a fait une sieste pour se r'poser. Pendant c'temps, on est v'nu chercher Manil pour voir si l'aurait pas d'la magie pour aider, notamment pour voir dans l'noir. Mais ça pouvait s'faire que de nuit et on n'allait pas attendre. Après coup le rouquin s'est rappelé qu'il avait un autre rituel qu'aurait pu aider, mais c'était trop tard.
Bref, le Belzagar est redescendu pour aller chercher le 2e marin, qu'il a remonté jusqu'à la corde pour qu'il finisse tout seul. Pis l'est r'descendu chercher l'nain en s'faisant un peu caillasser au passage : les snagas avaient compris c'qui s'passait et i-z-essayaient d'garder leur "bouffe" avec eux. L'pirate avait pas b'soin d'ça, car quand il a atteint la corde avec Marti, l'était trop faible pour finir. Heureusement l'elfe est descendue et avec l'aide de sa magie, pis les efforts du nain, z-ont réussi à tous s'en sortir on m'a dit... Belzagar avait mal partout, des crampes et tout, mais après qu'i soient r'descendus, on était tous ensemble...
Nuit mortelle
Sinon, on a passé deux nuits cauchemardesques, enfin deux nuits pleines des cauchemars de deux personnes. La première, on connaissait déjà, et en fait elle nous a plutôt aidés : c'était une nuit sans obscurité, avec un faux soleil, un truc que les orcs supportent pas. Mais nous ça nous a permis d'êt' plus efficaces et d'bosser plus, et d'pouvoir consacrer plus de temps à récupérer les copains comme j'ai dit plus haut. Donc en fait une bonne nuit pour nous.
La suivante on était tous ensemble, et on a morflé. Tout est devenu comme mort, et le premier truc que la salade et l'nain - qu'étaient d'garde - ont perçu, c'est qu'les arbres perdaient leurs feuilles et p'tites branches et les plus grosses dev'naient cassantes, comme desséchées. Le deuxième truc qu'i z-ont vu, c'était une espèce de squelette qui semblait les menacer... Qu'est-ce qu'i z-ont fait ? Un squelette armé d'une lance a foncé vers l'aut'squelette armé d'un arc, qui s'est enfui en courant, poursuivi par l'autre. Pis Tirielle a hurlé à Marti que les squelettes c'étaient eux et qu'c'était qu'une illusion, et l'nain a fini par comprendre, pendant qu'on s'réveillait tous... j'vous dis pas le réveil difficile. Un marin s'est enfui en hurlant qu'on a jamais revu, jusqu'à la mer dans laquelle il a plongé, d'après les traces qu'il a laissées.
On r'semblait donc tous, aux yeux des autres, à des squelettes avec morceaux de chair pourrissante. La joie. Mais l'meilleur restait à venir : d'autres squelettes sont arrivés, qu'étaient pas nous, et qui puaient : sans doute des cadavres de snagas qui s'rel'vaient et voulaient nous faire la peau. Z-étaient pas bien méchants et on en a trucidé deux, mais la suite était moins chouette : des fantômes de snaga sont sortis des corps des "squelettes", et i nous traversaient en nous foutant froid et les chocottes. Pis y avait plein d'autres cadavres-squelettes qui arrivaient...
On pouvait pas lutter contre tout ça, surtout qu'les fantômes finissaient par déranger. On s'est foutus à la flotte mais si ça les a empêchés d'approcher, la flotte était trop froide, on allait pas pouvoir rester longtemps. On s'est réfugiés dans les hauteurs près d'la ch'minée d'aération de la caverne des snagas, et pendant qu'certains s'réchauffaient en s'serrant les uns les autres, d'autres repoussaient les squelettes-snagas sans les tuer, pour éviter d'avoir davantage de fantômes qu'on pouvait pas r'pousser... Encore une chouette et longue nuit, et r'posante avec ça !
Récup' et quotidien
Bon, et à part récupérer les copains et fuir les cauchemars d'un marin probablement mort, qu'est-ce qu'on fait de plus de ces deux jours et une nuit-jour ? Bô, un peu la routine quoi. Au début c'était déblayage de rochers pour certains, récup' de trucs à manger ou qui pouvaient servir pour d'autres (lianes, pierre, bois...), fabrication de flèches (Farouk), guérison magique (Manil a accéléré la guérison de Belzagar), ce genre de trucs. Et pis dormir pour s'reposer d'la nuit pleine de morts-vivants, pas oublier.
Y a eu un gros chantier de récupération de cordes et morceaux de bois des navires aussi. La précédente grosse vague cauchemardesque avait fini de disloquer les épaves des navires, du coup y avait pas mal de bois à récupérer. Pis aussi des cordages, même si en fait z-étaient sous l'eau. Gaerwen a plongé pour en récupérer quelques-uns, j'crois qu'elle a ram'né trois morceaux de taille variée. L'en aurait bien ram'né plus mais ou bien c'était trop profond ou bien impossible à dégager. En fait tout était coincé sous l'eau et elle a dû couper c'qui dépassait.
Aut'chose qu'on a fait, c'est se débrouiller pour réparer la barque comme on pouvait. Sans clous et marteau c'était pas facile-facile, mais on a fait comme on a pu avec des morceaux de bois, des lianes, de la résine qu'on a été chercher. Du bricolage mais c'était mieux que rien. Même sans ça la barque pouvait servir - la capitaine et des marins l'avaient bien fait - mais fallait pas être nombreux et plutôt avec une mer d'huile, sans quoi ça risquait vite de prendre l'eau - paraît qu'ça leur est arrivé d'ailleurs. On a aussi récupéré des noix d'coco pour pouvoir mieux écoper, transporter des trucs comme la résine, etc.
Une bonne surprise qu'on a eu aussi, et dont on a profité, c'est d'un tonneau. Ben ouais, les épaves disloquées ont laissé sur le rivage un tonneau entier, sauf le couvercle, et vide. Le bois était imbibé d'eau mais l'avait l'air à peu près solide et étanche. Belzagar s'est donné assez d'mal pour l'emmener en hauteur et le lester de pierres pour être sûr qu'i s'barre pas avec une nouvelle vague, mais c'est les morts-vivants qu'on a eu à la place. En tout cas, ce tonneau avait donné des idées aux copains, et en particulier Tirielle, pour aller explorer la porte sous-marine que Belzagar avait découverte.
Tonneau sous-marin
Alors ouais, y en a qu'ont de drôles d'idées, mais parfois ça a l'air de marcher. L'idée c'était de retourner le tonneau pour qu'i soit plein d'air même en le mettant à la flotte, lesté avec des cailloux. Comme ça ça pourrait permettre à un plongeur de reprendre de l'air sans avoir à faire l'aller-retour à la surface. Bon, pourquoi pas, mais comment faire pour faire tenir un truc pareil dans la flotte, le faire aller où on veut, et s'en servir ? Et combien de temps quelqu'un pouvait rester dedans ?
Alors les cordes et lianes ont servi à faire une espèce de filet avec le tonneau d'un côté, en haut, et de l'autre côté un amas de pierres et les lourdes barres de fer qu'on avait récupérées. J'ai pas tout compris, mais i paraît qu'c'était compliqué pasque au fur et à mesure que le tonneau plonge, i devient plus lourd et i plonge de plus en plus vite. Donc faut pouvoir retirer du lest si on veut qu'i puisse r'monter. On a testé ça sur un p'tit trou d'eau de trois fois ma taille, et les copains avaient l'air contents, ça avait l'air de marcher.
Après fallait voir qui allait s'en servir et combien de temps ça leur donnait. Belzagar pour sûr, Gaerwen aussi sans doute, et puis ? La salade verte a joué aux poissons elle aussi et elle s'est glissée dans l'tonneau avec la capitaine dúnadan - c'était serré d'dans - pour voir combien elles pouvaient tenir comme ça. L'pirate nageait autour, pendant c'temps, pour êt'sûr qu'i avait pas d'accident et pouvoir remonter quelqu'un et l'empêcher de s'noyer. Enfin, surtout Gaerwen je pense, l'apprécie pas trop l'elfe alors qu'les deux Dúnedain ont l'air de bien s'entendre...
Ben l'elfe et la capitaine elles sont restées super longtemps dans leur tonneau, largement plus que le temps que Belzagar arrivait à retenir sa respiration - deux ou trois fois plus. Pis elles sont r'montées, mais j'ai cru comprendre que Gaerwen avait eu une p'tite frayeur, Tirielle avait senti avant elle que l'air était plus trop bon et elle l'avait prévenue, mais l'avait été pas loin de manquer d'air. Bon, le soir tombait, pas question de lancer l'expédition maintenant, le lendemain sans doute. A condition qu'la nuit nous l'permette bien sûr. Qu'est-ce qui allait encore nous tomber sur la gueule ?
Du coup, l'est vraiment temps qu'on s'barre de l'île, mais on voit pas trop comment faire avec une barque endommagée et réparée avec les moyens du bord. A la place on fait c'qui faut pour explorer l'espèce de cachette secrète sous la flotte à l'aide d'un tonneau. Mais bon, qu'est-ce qui dit qu'on va pouvoir ouvrir c'te foutu passage, et même si c'est l'cas, qu'on trouv'ra derrière quèqu'chose pour se tailler d'ici ? 'fin bon, faut bien essayer un truc ou un autre. Quand même, faudrait qu'je donne un peu plus de détails sur les derniers jours, ça avance tout d'même un peu...
Escalade et réunion
Par quoi j'commence ? Allez, c'est parti pour l'histoire du sauvetage de deux marins et du nain des profondeurs de la caverne aux snagas. Au départ on avait dit qu'on allait déblayer les rochers qui bouchaient l'entrée, et on avait plusieurs gars qui y travaillaient régulièrement. Et pis finalement ça semblait prendre trop de temps, alors que dessous les snagas commençaient à se bouffer entre eux et à menacer les copains, qui restaient barricadés sous le puits d'aération. Heureusement Marti avait sa lance, et les snagas qui s'approchaient trop finissaient en brochette, dans tous les sens du terme : après avoir été transpercés par notre guerrier nain, les corps étaient récupérés par leurs copains pour pas êt'perdus pour tous.
N'empêche que ça devenait chaud pour eux. Alors Belzagar a remis ça en jouant une nouvelle fois aux ascenseurs. Il l'avait déjà fait pour Gaerwen et Manil, alors pourquoi pas les marins et l'nain ? N'empêche qu'ils étaient tous assez lourds, Marti le plus malgré sa p'tite taille. Bref, une partie de l'équipe - dont Belzagar, Kacem et la salade blonde (le nouveau surnom de Tirielle - j'ose pas écrire d'où ça vient) - est montée dans les montagnes pendant qu'le reste s'occupait de bouffe, herbes, etc.
Le pirate d'Umbar a descendu la corde puis le reste du boyau à peu près vertical (les deux tiers) à la main. Un marin a été attaché à son corps, avec ordre de pas bouger pour pas déséquilibrer le Dúnadan, pis l'est grimpé. Non sans un peu de raideur voire de fatigue à l'arrivée, alors l'a fait une sieste pour se r'poser. Pendant c'temps, on est v'nu chercher Manil pour voir si l'aurait pas d'la magie pour aider, notamment pour voir dans l'noir. Mais ça pouvait s'faire que de nuit et on n'allait pas attendre. Après coup le rouquin s'est rappelé qu'il avait un autre rituel qu'aurait pu aider, mais c'était trop tard.
Bref, le Belzagar est redescendu pour aller chercher le 2e marin, qu'il a remonté jusqu'à la corde pour qu'il finisse tout seul. Pis l'est r'descendu chercher l'nain en s'faisant un peu caillasser au passage : les snagas avaient compris c'qui s'passait et i-z-essayaient d'garder leur "bouffe" avec eux. L'pirate avait pas b'soin d'ça, car quand il a atteint la corde avec Marti, l'était trop faible pour finir. Heureusement l'elfe est descendue et avec l'aide de sa magie, pis les efforts du nain, z-ont réussi à tous s'en sortir on m'a dit... Belzagar avait mal partout, des crampes et tout, mais après qu'i soient r'descendus, on était tous ensemble...
Nuit mortelle
Sinon, on a passé deux nuits cauchemardesques, enfin deux nuits pleines des cauchemars de deux personnes. La première, on connaissait déjà, et en fait elle nous a plutôt aidés : c'était une nuit sans obscurité, avec un faux soleil, un truc que les orcs supportent pas. Mais nous ça nous a permis d'êt' plus efficaces et d'bosser plus, et d'pouvoir consacrer plus de temps à récupérer les copains comme j'ai dit plus haut. Donc en fait une bonne nuit pour nous.
La suivante on était tous ensemble, et on a morflé. Tout est devenu comme mort, et le premier truc que la salade et l'nain - qu'étaient d'garde - ont perçu, c'est qu'les arbres perdaient leurs feuilles et p'tites branches et les plus grosses dev'naient cassantes, comme desséchées. Le deuxième truc qu'i z-ont vu, c'était une espèce de squelette qui semblait les menacer... Qu'est-ce qu'i z-ont fait ? Un squelette armé d'une lance a foncé vers l'aut'squelette armé d'un arc, qui s'est enfui en courant, poursuivi par l'autre. Pis Tirielle a hurlé à Marti que les squelettes c'étaient eux et qu'c'était qu'une illusion, et l'nain a fini par comprendre, pendant qu'on s'réveillait tous... j'vous dis pas le réveil difficile. Un marin s'est enfui en hurlant qu'on a jamais revu, jusqu'à la mer dans laquelle il a plongé, d'après les traces qu'il a laissées.
On r'semblait donc tous, aux yeux des autres, à des squelettes avec morceaux de chair pourrissante. La joie. Mais l'meilleur restait à venir : d'autres squelettes sont arrivés, qu'étaient pas nous, et qui puaient : sans doute des cadavres de snagas qui s'rel'vaient et voulaient nous faire la peau. Z-étaient pas bien méchants et on en a trucidé deux, mais la suite était moins chouette : des fantômes de snaga sont sortis des corps des "squelettes", et i nous traversaient en nous foutant froid et les chocottes. Pis y avait plein d'autres cadavres-squelettes qui arrivaient...
On pouvait pas lutter contre tout ça, surtout qu'les fantômes finissaient par déranger. On s'est foutus à la flotte mais si ça les a empêchés d'approcher, la flotte était trop froide, on allait pas pouvoir rester longtemps. On s'est réfugiés dans les hauteurs près d'la ch'minée d'aération de la caverne des snagas, et pendant qu'certains s'réchauffaient en s'serrant les uns les autres, d'autres repoussaient les squelettes-snagas sans les tuer, pour éviter d'avoir davantage de fantômes qu'on pouvait pas r'pousser... Encore une chouette et longue nuit, et r'posante avec ça !
Récup' et quotidien
Bon, et à part récupérer les copains et fuir les cauchemars d'un marin probablement mort, qu'est-ce qu'on fait de plus de ces deux jours et une nuit-jour ? Bô, un peu la routine quoi. Au début c'était déblayage de rochers pour certains, récup' de trucs à manger ou qui pouvaient servir pour d'autres (lianes, pierre, bois...), fabrication de flèches (Farouk), guérison magique (Manil a accéléré la guérison de Belzagar), ce genre de trucs. Et pis dormir pour s'reposer d'la nuit pleine de morts-vivants, pas oublier.
Y a eu un gros chantier de récupération de cordes et morceaux de bois des navires aussi. La précédente grosse vague cauchemardesque avait fini de disloquer les épaves des navires, du coup y avait pas mal de bois à récupérer. Pis aussi des cordages, même si en fait z-étaient sous l'eau. Gaerwen a plongé pour en récupérer quelques-uns, j'crois qu'elle a ram'né trois morceaux de taille variée. L'en aurait bien ram'né plus mais ou bien c'était trop profond ou bien impossible à dégager. En fait tout était coincé sous l'eau et elle a dû couper c'qui dépassait.
Aut'chose qu'on a fait, c'est se débrouiller pour réparer la barque comme on pouvait. Sans clous et marteau c'était pas facile-facile, mais on a fait comme on a pu avec des morceaux de bois, des lianes, de la résine qu'on a été chercher. Du bricolage mais c'était mieux que rien. Même sans ça la barque pouvait servir - la capitaine et des marins l'avaient bien fait - mais fallait pas être nombreux et plutôt avec une mer d'huile, sans quoi ça risquait vite de prendre l'eau - paraît qu'ça leur est arrivé d'ailleurs. On a aussi récupéré des noix d'coco pour pouvoir mieux écoper, transporter des trucs comme la résine, etc.
Une bonne surprise qu'on a eu aussi, et dont on a profité, c'est d'un tonneau. Ben ouais, les épaves disloquées ont laissé sur le rivage un tonneau entier, sauf le couvercle, et vide. Le bois était imbibé d'eau mais l'avait l'air à peu près solide et étanche. Belzagar s'est donné assez d'mal pour l'emmener en hauteur et le lester de pierres pour être sûr qu'i s'barre pas avec une nouvelle vague, mais c'est les morts-vivants qu'on a eu à la place. En tout cas, ce tonneau avait donné des idées aux copains, et en particulier Tirielle, pour aller explorer la porte sous-marine que Belzagar avait découverte.
Tonneau sous-marin
Alors ouais, y en a qu'ont de drôles d'idées, mais parfois ça a l'air de marcher. L'idée c'était de retourner le tonneau pour qu'i soit plein d'air même en le mettant à la flotte, lesté avec des cailloux. Comme ça ça pourrait permettre à un plongeur de reprendre de l'air sans avoir à faire l'aller-retour à la surface. Bon, pourquoi pas, mais comment faire pour faire tenir un truc pareil dans la flotte, le faire aller où on veut, et s'en servir ? Et combien de temps quelqu'un pouvait rester dedans ?
Alors les cordes et lianes ont servi à faire une espèce de filet avec le tonneau d'un côté, en haut, et de l'autre côté un amas de pierres et les lourdes barres de fer qu'on avait récupérées. J'ai pas tout compris, mais i paraît qu'c'était compliqué pasque au fur et à mesure que le tonneau plonge, i devient plus lourd et i plonge de plus en plus vite. Donc faut pouvoir retirer du lest si on veut qu'i puisse r'monter. On a testé ça sur un p'tit trou d'eau de trois fois ma taille, et les copains avaient l'air contents, ça avait l'air de marcher.
Après fallait voir qui allait s'en servir et combien de temps ça leur donnait. Belzagar pour sûr, Gaerwen aussi sans doute, et puis ? La salade verte a joué aux poissons elle aussi et elle s'est glissée dans l'tonneau avec la capitaine dúnadan - c'était serré d'dans - pour voir combien elles pouvaient tenir comme ça. L'pirate nageait autour, pendant c'temps, pour êt'sûr qu'i avait pas d'accident et pouvoir remonter quelqu'un et l'empêcher de s'noyer. Enfin, surtout Gaerwen je pense, l'apprécie pas trop l'elfe alors qu'les deux Dúnedain ont l'air de bien s'entendre...
Ben l'elfe et la capitaine elles sont restées super longtemps dans leur tonneau, largement plus que le temps que Belzagar arrivait à retenir sa respiration - deux ou trois fois plus. Pis elles sont r'montées, mais j'ai cru comprendre que Gaerwen avait eu une p'tite frayeur, Tirielle avait senti avant elle que l'air était plus trop bon et elle l'avait prévenue, mais l'avait été pas loin de manquer d'air. Bon, le soir tombait, pas question de lancer l'expédition maintenant, le lendemain sans doute. A condition qu'la nuit nous l'permette bien sûr. Qu'est-ce qui allait encore nous tomber sur la gueule ?
Journal de Tobias - récit n° 20
Foutu bordel d'île de m... - et je reste poli, hein ! Mais quels sont les enfoirés de thaumaturges ou de plus ou moins grandes divinités qui ont permis à un furoncle pareil d'exister à la surface de la Terre du Milieu !! Comme si j'avais pas eu assez de vivre la mort des mes parents dans des circonstances peu ragoutantes, v'là qu'j'ai eu droit à un deuxième service, et bien corsé encore ! A vous dégoûter d'être soigneur et altruiste... Mais bon, c'qui nous tue pas nous rend plus fort i paraît, alors j'm'en r'mettrai bien tôt ou tard, une fois qu'j'aurai guéri d'cette foutue crève !
A côté d'ça, ben on dirait qu'les choses ont bien avancé : des copains ont pu pénétrer dans l'antre du "seigneur" de l'île, même qu'i-z-y sont restés un sacré moment en plus. Paraît qu'il leur aurait parlé, et Manil s'rait même resté avec lui pour lui tailler une bavette encore plus longue. Mais ya des trucs pas clairs là-d'dans, la Tirielle et les autres, i disent pas trop c'qu'i s'est vraiment passé, z-avaient pas l'air si jouasses que ça de revenir. D'après eux, quitter l'île, c'est pas gagné. Au fait, si je commençais par le commencement ?
Nuits câlines
Allez, j'commence par me débarrasser du plus pénible : on a passé trois nuits de plus, dont deux pas très folichonnes. La première d'vait être le cauchemar d'un des marins : d'après Tirielle, qu'était de garde, la vie sur l'île a rapidement... cessé d'exister, en dehors de sa personne. Plus aucune herbe, aucun végétal ou animal, tout sec et mort. Et les copains - pour l'elfe, mais aussi pour ceux qui s'réveillaient - avaient complètement disparu. Chacun se sentait seul au monde, et un monde mort en plus. Un marin a pas supporté, i s'est jeté du haut d'une falaise dans la mer, selon les traces, mais on n'a pas r'trouvé l'corps.
La deuxième nuit était plus ou moins tranquille : ça commençait presque pareil, à savoir que tout autour ça devenait un désert sec et presque sans vie. Presque ? Ben ouais, passqu'i yavait encore des bruits d'animaux, même si z-étaient un peu bizarres... et encore moins que les copains : l'elfe a vu arriver non pas Marti, mais un espèce de gros orc affamé aux dents très longues qu'a failli lui sauter dessus. Elle lui a parlé en lui rappelant qu'c'était sûrement une illusion, et l'nain s'est retenu de l'embrocher, mais c'était juste. On r'semblait tous à des prédateurs affamés. Sûrement le cauchemar des snagas qui crevaient la dalle dans leurs cavernes, attendant de manger leurs copains ou d'être mangés par eux !
La troisième nuit, ah la vache, ç'a été ma fête - mon cauchemar à moi. A part que c'est pas un cauchemar tiré d'chez pas où, mais un truc que j'ai vraiment vécu. Déjà, on était qu'la moitié l'équipe, y en avait quatre qu'avaient disparu dans la caverne mystérieuse et qu'étaient pas rev'nus. Pis brusquement, dans la nuit, on s'réveille tous enchaînés, impuissants, tous là, aux mains de geôliers riches et gras qui prenaient plaisir à nous voir souffrir. Pire encore, i z-étaient malades de la peste, et ça les tuait pas mais i nous ont contaminés...
Bref, j'ai revécu la mort de mes parents soigneurs aux mains de riches humains de Tharbad qui me gardaient otage pour leur faire faire leurs quatre volontés. J'ai vu les copains mourir à petit feu - tous, même les absents qu'étaient partis dans la caverne - pendant qu'moi-même j'étais humilié, rabaissé, rossé, infecté... pour finir seul et à moitié mort, au bout d'une nuit qu'a semblé une éternité. Au matin, j'ai r'trouvé les autres - moins les absents d'la veille - qu'avaient vécu un truc similaire, mais j'étais l'seul encore malade. Par contre, on avait tous pris un coup au moral.
Première tentative d'ouverture
Bon, et qu'esse qui s'est passé en journée ? Ben la Tirielle, Belzagar et Gaerwen ont mis en oeuvre leur fameux plan avec le tonneau pour aller voir là-d'sous, dans le boyau où qu'i yaurait une porte ou un passage fermé. I z-ont embarqué le tonneau, des pierres, les deux barres de fer et eux-mêmes dans la barque rafistolée. Pis sont allés à la falaise, là ousqu'i yavait l'ouverture. La mer était calme, la barque a pas pris l'eau, tout baignait.
Mett'le tonneau à l'eau sans qu'i perde son air et lester avec les pierres (dans l'filet) a pas été facile au premier coup : Belzagar maintenait l'tonneau plein d'air vertical, mais quand une bonne partie des pierres a été lâchée dans la flotte, les deux filles ont été surprises par le roulis et ont fini à la baille. Bon, i z-ont fini par faire couler - comme i faut - le tonneau avec les pierres, pis l'elfe et l'pirate ont pris les barres de fer pour aller jusqu'au fond sans s'fatiguer. Où i z-ont r'trouvé l'tonneau (et son air), à une dizaine de pas d'l'ouverture sous-marine du boyau, qu'i m'ont dit.
Un p'tit coup d'air pis i sont allés dans l'boyau, ousque l'elfe a fait de la lumière magiquement. I z-ont pu voir la porte au fond, avec une espèce de plaque faite de plein de touches métalliques sur le côté. Une espèce de serrure super compliquée, j'ai pas tout compris, fallait les enfoncer dans un certain ordre pour déverrouiller la porte. Ça f'sait un p'tit bruit quand les touches fonctionnaient alors Tirielle a essayé de trouver l'ordre, mais sous l'eau en ret'nant sa respiration, l'avait pas assez de temps.
Au final, elle et l'pirate sont rev'nus au tonneau pour respirer un coup (et même plus). Z-ont mis les barres de fer dans l'lest et retiré les pierres pour qu'le tonneau r'monte jusqu'à la surface, ousque Gaerwen les attendait en maintenant la barque sur place. Pis i sont tous rev'nus nous prévenir de c'qu'i z-avaient trouvé et voir si dans l'équipe y avait pas quelqu'un qui pourrait s'occuper d'la serrure spéciale mieux qu'eux... Sans parler d'se reposer aussi, pasque ça avait pris du temps tout ça, et z-étaient un peu fatigués.
Deuxième tentative
Pendant qu'certains allaient chercher des pierres pour remplacer celles qu'étaient restées au fond, Tirielle a mis tout l'monde au courant. Kacem, le voleur d'Umbar, a semblé comprendre c'que l'elfe lui disait concernant la serrure : manifestement, il avait l'habitude d'en ouvrir, et des compliquées avec ça. L'problème c'est qu'la natation et lui ça f'sait pas grand-chose. Mais avec le tonneau et Belzagar, i s'est laissé convaincre que c'était pas un problème - l'était pas rassuré pour autant.
Dans l'après-midi, après un bon repos, i z-y sont retournés avec Kacem en prime. Gaerwen est restée en haut à surveiller et maintenir la barque, comme la fois précédente, mais les trois autres ont plongé. Dans l'boyau, i paraît qu'l'elfe a fait d'la lumière et Kacem a réussi à trouver la bonne combinaison : la porte s'est ouverte toute seule, magiquement ! Tirielle est passée pendant qu'le pirate ram'nait le haradrim au tonneau pour respirer, avant de revenir voir l'ouverture.
Après c'est pas clair dans c'qui m'ont raconté. J'crois qu'le Dúnadan a pu passer, mais ensuite la porte s'est refermée et Kacem en a été pour ses frais - l'est r'monté jusqu'à la capitaine qu'attendait dans sa barque. Gaerwen a p'têt' plongé, en tout cas depuis l'intérieur l'elfe et le pirate pouvaient voir c'qu'i s'passait à l'extérieur et i z-ont pu ouvrir à l'aide d'une simple plaque sur laquelle appuyer - la porte restait pas ouverte très longtemps. Mais au final i sont tous remontés (tonneau compris) pasqu'i z-étaient bloqués.
Dans la caverne, bien grande, i voyaient non seulement l'extérieur comme si les rochers vers la mer étaient transparents, mais aussi les étoiles dans le ciel. Même en plein jour, malgré les nuages, c'était comme une nuit étoilée depuis la caverne, sans lune, avec une étoile un peu bizarre qui brillait fort. Et sur une plage, y avait des traces menant à un mur avec une probable porte magique - fermée - et des runes. Pis l'elfe a entendu quelqu'un chanter, qui s'est arrêté quand elle a appelé et n'a pas répondu.
Absence
De retour, on a causé de tout ça et l'elfe a décrit les runes à Manil, qu'a l'air d'en connaître un bout question magie. Ça lui a un peu parlé, pour lui le thème de la musique était évident, mais à part ça... Après discussions, le rouquin s'est fait embarquer dans l'aventure sous-marine : dès le lendemain, i plongerait avec les autres. L'était encore moins à l'aise que Kacem apparemment, mais c'est pas comme s'il avait vraiment l'choix, hein : entre rester sur l'île à attendre un cauchemar qui nous crèverait tous ou avancer...
Le lend'main, donc, i sont partis à cinq. La barque était bien pleine, le temps était moins calme et i z-ont eu plus de mal - embarqué un peu d'eau, qu'il a fallu écoper. Mais i z-y sont arrivés. Gaerwen est restée dans la barque pendant qu'les quatre autres plongeaient. A travers la flotte, elle les a vu enter dans le boyau, éventuellement après avoir pris un peu d'air dans l'tonneau. Pis elle a attendu. Sans doute que Kacem, aidé par la lumière de l'elfe, a pu ouvrir la porte à nouveau, et qu'i ont investi la caverne aux étoiles derrière.
Gaerwen a attendu longtemps, presque la journée en fait. L'est même descendu à la nage, sans l'tonneau, jusque dans l'boyau. L'ouverture, qu'elle a trouvé à tâtons, était fermée. Elle est donc remontée, pis elle est rev'nue au camp vers le soir, avant qu'la nuit tombe avec son nouveau cauchemar. On s'est dit qu'i z-avaient pu passer l'autre porte magique, sinon i s'raient rev'nus, et qu'ça avait dû prendre du temps. P'tèt' qu'i z-étaient coincés, ou qu'c'était très grand derrière et i z-avaient pas eu le temps d'rev'nir ? Ou p'tèt' qu'i z-avaient préféré passer la nuit là-bas...
Pis ya eu mon méchant cauchemar de la nuit, ousque les absents étaient là à nouveau, mais ça d'vait être juste une illusion pour me faire souffrir de les voir souffrir. N'empêche qu'au p'tit matin, les v'là qui r'viennent à la nage, sauf un - Manil. I faisaient tous une drôle de tronche pensive, et pas pressés de raconter dans l'détail c'qui s'était passé. Juste qu'i z-avaient vu le "seigneur" de l'île, qu'i z-avaient discuté avec lui, et que le rouquin était resté discuter avec lui. Et qu'i z-étaient restés là-bas pour la nuit, ousqu'i a pas de cauchemar. Et que quitter l'île allait pas se faire tout seul...
A côté d'ça, ben on dirait qu'les choses ont bien avancé : des copains ont pu pénétrer dans l'antre du "seigneur" de l'île, même qu'i-z-y sont restés un sacré moment en plus. Paraît qu'il leur aurait parlé, et Manil s'rait même resté avec lui pour lui tailler une bavette encore plus longue. Mais ya des trucs pas clairs là-d'dans, la Tirielle et les autres, i disent pas trop c'qu'i s'est vraiment passé, z-avaient pas l'air si jouasses que ça de revenir. D'après eux, quitter l'île, c'est pas gagné. Au fait, si je commençais par le commencement ?
Nuits câlines
Allez, j'commence par me débarrasser du plus pénible : on a passé trois nuits de plus, dont deux pas très folichonnes. La première d'vait être le cauchemar d'un des marins : d'après Tirielle, qu'était de garde, la vie sur l'île a rapidement... cessé d'exister, en dehors de sa personne. Plus aucune herbe, aucun végétal ou animal, tout sec et mort. Et les copains - pour l'elfe, mais aussi pour ceux qui s'réveillaient - avaient complètement disparu. Chacun se sentait seul au monde, et un monde mort en plus. Un marin a pas supporté, i s'est jeté du haut d'une falaise dans la mer, selon les traces, mais on n'a pas r'trouvé l'corps.
La deuxième nuit était plus ou moins tranquille : ça commençait presque pareil, à savoir que tout autour ça devenait un désert sec et presque sans vie. Presque ? Ben ouais, passqu'i yavait encore des bruits d'animaux, même si z-étaient un peu bizarres... et encore moins que les copains : l'elfe a vu arriver non pas Marti, mais un espèce de gros orc affamé aux dents très longues qu'a failli lui sauter dessus. Elle lui a parlé en lui rappelant qu'c'était sûrement une illusion, et l'nain s'est retenu de l'embrocher, mais c'était juste. On r'semblait tous à des prédateurs affamés. Sûrement le cauchemar des snagas qui crevaient la dalle dans leurs cavernes, attendant de manger leurs copains ou d'être mangés par eux !
La troisième nuit, ah la vache, ç'a été ma fête - mon cauchemar à moi. A part que c'est pas un cauchemar tiré d'chez pas où, mais un truc que j'ai vraiment vécu. Déjà, on était qu'la moitié l'équipe, y en avait quatre qu'avaient disparu dans la caverne mystérieuse et qu'étaient pas rev'nus. Pis brusquement, dans la nuit, on s'réveille tous enchaînés, impuissants, tous là, aux mains de geôliers riches et gras qui prenaient plaisir à nous voir souffrir. Pire encore, i z-étaient malades de la peste, et ça les tuait pas mais i nous ont contaminés...
Bref, j'ai revécu la mort de mes parents soigneurs aux mains de riches humains de Tharbad qui me gardaient otage pour leur faire faire leurs quatre volontés. J'ai vu les copains mourir à petit feu - tous, même les absents qu'étaient partis dans la caverne - pendant qu'moi-même j'étais humilié, rabaissé, rossé, infecté... pour finir seul et à moitié mort, au bout d'une nuit qu'a semblé une éternité. Au matin, j'ai r'trouvé les autres - moins les absents d'la veille - qu'avaient vécu un truc similaire, mais j'étais l'seul encore malade. Par contre, on avait tous pris un coup au moral.
Première tentative d'ouverture
Bon, et qu'esse qui s'est passé en journée ? Ben la Tirielle, Belzagar et Gaerwen ont mis en oeuvre leur fameux plan avec le tonneau pour aller voir là-d'sous, dans le boyau où qu'i yaurait une porte ou un passage fermé. I z-ont embarqué le tonneau, des pierres, les deux barres de fer et eux-mêmes dans la barque rafistolée. Pis sont allés à la falaise, là ousqu'i yavait l'ouverture. La mer était calme, la barque a pas pris l'eau, tout baignait.
Mett'le tonneau à l'eau sans qu'i perde son air et lester avec les pierres (dans l'filet) a pas été facile au premier coup : Belzagar maintenait l'tonneau plein d'air vertical, mais quand une bonne partie des pierres a été lâchée dans la flotte, les deux filles ont été surprises par le roulis et ont fini à la baille. Bon, i z-ont fini par faire couler - comme i faut - le tonneau avec les pierres, pis l'elfe et l'pirate ont pris les barres de fer pour aller jusqu'au fond sans s'fatiguer. Où i z-ont r'trouvé l'tonneau (et son air), à une dizaine de pas d'l'ouverture sous-marine du boyau, qu'i m'ont dit.
Un p'tit coup d'air pis i sont allés dans l'boyau, ousque l'elfe a fait de la lumière magiquement. I z-ont pu voir la porte au fond, avec une espèce de plaque faite de plein de touches métalliques sur le côté. Une espèce de serrure super compliquée, j'ai pas tout compris, fallait les enfoncer dans un certain ordre pour déverrouiller la porte. Ça f'sait un p'tit bruit quand les touches fonctionnaient alors Tirielle a essayé de trouver l'ordre, mais sous l'eau en ret'nant sa respiration, l'avait pas assez de temps.
Au final, elle et l'pirate sont rev'nus au tonneau pour respirer un coup (et même plus). Z-ont mis les barres de fer dans l'lest et retiré les pierres pour qu'le tonneau r'monte jusqu'à la surface, ousque Gaerwen les attendait en maintenant la barque sur place. Pis i sont tous rev'nus nous prévenir de c'qu'i z-avaient trouvé et voir si dans l'équipe y avait pas quelqu'un qui pourrait s'occuper d'la serrure spéciale mieux qu'eux... Sans parler d'se reposer aussi, pasque ça avait pris du temps tout ça, et z-étaient un peu fatigués.
Deuxième tentative
Pendant qu'certains allaient chercher des pierres pour remplacer celles qu'étaient restées au fond, Tirielle a mis tout l'monde au courant. Kacem, le voleur d'Umbar, a semblé comprendre c'que l'elfe lui disait concernant la serrure : manifestement, il avait l'habitude d'en ouvrir, et des compliquées avec ça. L'problème c'est qu'la natation et lui ça f'sait pas grand-chose. Mais avec le tonneau et Belzagar, i s'est laissé convaincre que c'était pas un problème - l'était pas rassuré pour autant.
Dans l'après-midi, après un bon repos, i z-y sont retournés avec Kacem en prime. Gaerwen est restée en haut à surveiller et maintenir la barque, comme la fois précédente, mais les trois autres ont plongé. Dans l'boyau, i paraît qu'l'elfe a fait d'la lumière et Kacem a réussi à trouver la bonne combinaison : la porte s'est ouverte toute seule, magiquement ! Tirielle est passée pendant qu'le pirate ram'nait le haradrim au tonneau pour respirer, avant de revenir voir l'ouverture.
Après c'est pas clair dans c'qui m'ont raconté. J'crois qu'le Dúnadan a pu passer, mais ensuite la porte s'est refermée et Kacem en a été pour ses frais - l'est r'monté jusqu'à la capitaine qu'attendait dans sa barque. Gaerwen a p'têt' plongé, en tout cas depuis l'intérieur l'elfe et le pirate pouvaient voir c'qu'i s'passait à l'extérieur et i z-ont pu ouvrir à l'aide d'une simple plaque sur laquelle appuyer - la porte restait pas ouverte très longtemps. Mais au final i sont tous remontés (tonneau compris) pasqu'i z-étaient bloqués.
Dans la caverne, bien grande, i voyaient non seulement l'extérieur comme si les rochers vers la mer étaient transparents, mais aussi les étoiles dans le ciel. Même en plein jour, malgré les nuages, c'était comme une nuit étoilée depuis la caverne, sans lune, avec une étoile un peu bizarre qui brillait fort. Et sur une plage, y avait des traces menant à un mur avec une probable porte magique - fermée - et des runes. Pis l'elfe a entendu quelqu'un chanter, qui s'est arrêté quand elle a appelé et n'a pas répondu.
Absence
De retour, on a causé de tout ça et l'elfe a décrit les runes à Manil, qu'a l'air d'en connaître un bout question magie. Ça lui a un peu parlé, pour lui le thème de la musique était évident, mais à part ça... Après discussions, le rouquin s'est fait embarquer dans l'aventure sous-marine : dès le lendemain, i plongerait avec les autres. L'était encore moins à l'aise que Kacem apparemment, mais c'est pas comme s'il avait vraiment l'choix, hein : entre rester sur l'île à attendre un cauchemar qui nous crèverait tous ou avancer...
Le lend'main, donc, i sont partis à cinq. La barque était bien pleine, le temps était moins calme et i z-ont eu plus de mal - embarqué un peu d'eau, qu'il a fallu écoper. Mais i z-y sont arrivés. Gaerwen est restée dans la barque pendant qu'les quatre autres plongeaient. A travers la flotte, elle les a vu enter dans le boyau, éventuellement après avoir pris un peu d'air dans l'tonneau. Pis elle a attendu. Sans doute que Kacem, aidé par la lumière de l'elfe, a pu ouvrir la porte à nouveau, et qu'i ont investi la caverne aux étoiles derrière.
Gaerwen a attendu longtemps, presque la journée en fait. L'est même descendu à la nage, sans l'tonneau, jusque dans l'boyau. L'ouverture, qu'elle a trouvé à tâtons, était fermée. Elle est donc remontée, pis elle est rev'nue au camp vers le soir, avant qu'la nuit tombe avec son nouveau cauchemar. On s'est dit qu'i z-avaient pu passer l'autre porte magique, sinon i s'raient rev'nus, et qu'ça avait dû prendre du temps. P'tèt' qu'i z-étaient coincés, ou qu'c'était très grand derrière et i z-avaient pas eu le temps d'rev'nir ? Ou p'tèt' qu'i z-avaient préféré passer la nuit là-bas...
Pis ya eu mon méchant cauchemar de la nuit, ousque les absents étaient là à nouveau, mais ça d'vait être juste une illusion pour me faire souffrir de les voir souffrir. N'empêche qu'au p'tit matin, les v'là qui r'viennent à la nage, sauf un - Manil. I faisaient tous une drôle de tronche pensive, et pas pressés de raconter dans l'détail c'qui s'était passé. Juste qu'i z-avaient vu le "seigneur" de l'île, qu'i z-avaient discuté avec lui, et que le rouquin était resté discuter avec lui. Et qu'i z-étaient restés là-bas pour la nuit, ousqu'i a pas de cauchemar. Et que quitter l'île allait pas se faire tout seul...
Journal de Tobias - récit n° 21
Ha ben elle est pas mal celle-là. J'sais pas comment j'dois l'prendre, mais brusquement les Grandes Personnes ont trouvé qu'ma gentillesse avait des côtés intéressants, surtout Tirielle. Pis pas qu'en mots, elle m'a fait confiance et tout, elle a suivi mes conseils, moi qui suis l'plus jeune et inexpérimenté d'la troupe - enfin, pour c'qui est d'l'expérience de c'foutu monde, en tout cas. N'empêche que le sauv'tage des orcs, ben ça m'a vach'ment fait plaisir... même si pas longtemps : des dizaines de snagas en sont morts, tu parles d'un succès !
Pis si yavait qu'ça ! Z-ont l'air aussi de croire que j'pourrais p'têt' faire quèqu'chose pour le grand cinglé qu'a pondu l'île avec tous ses cauchemars ! Bon, j'dis pas, cinglés ou pas, j'sais r'monter l'moral aux gens ou leur faire voir les choses du bon côté - un temps du moins. Alors pourquoi pas essayer, même si franchement, parler à quelqu'un ou quèqu'chose p'têt' mille fois plus vieux qu'moi, ça m'fout un peu les chocottes. Pis surtout, faut passer sous cette flotte pour aller lui parler, et ça, alors ça, j'vois vraiment pas comment j'pourrais y arriver ! Ouais, bon, détaillons un peu...
Confiance et confidences
Alors d'abord, peu après leur retour, la salade blonde est r'venue vers moi et a d'mandé à m'voir en privé, accompagnée du voleur haradrim d'Umbar, Kacem. Belzagar, lui, s'était éloigné avec Gaerwen pour lui compter fleurette ou chais pas trop quoi. Et pis v'là-t-y pas qu'l'elfe me raconte la meilleure du siècle : elle me raconte un peu tout c'qui s'est passé chez l'seigneur, paraît qu'i veut qu'on soit gentils pour p'têt' nous aider, et comme chuis l'plus gentil d'tous elle a besoin d'mes conseils... Ouah !
Mais si j'ai bien compris, le gars sous la flotte, le demi-dieu ou chais pas trop quoi, en fait y s'en fout un peu d'nous. Il est coincé là d'puis on sait pas quand, i déprime, prisonnier du coin, d'sa magie, d'une malédiction, ou de on sait pas trop quoi. Comment qu'i pourrait nous aider si i peut pas s'aider lui-même ? Pourquoi aider les fourmis qu'nous sommes à ses yeux ? En plus, paraît qu'moins y aurait d'monde à débarquer ici, mieux ce s'rait pour tous, p'têt' pasque la magie de l'île pourrait servir à des mauvaises fins. Du coup, revenir chez nous pour en parler, ce s'rait pas un bon truc.
En bref, selon l'elfe, on a aucun moyen de sortir seuls de l'île sans l'aide du gars. Et il est peut-être prêt à nous aider uniquement si on montre qu'on est "gentils", mais alors très gentils, altruistes et pas à met' nos intérêts personnels en premier. Nous, c'est-à-dire une elfe vach'ment humaine, un nain piqueur de bourse (si y pouvait), un pirate d'Umbar, un voleur d'Umbar, des marins contrebandiers transporteurs d'esclaves, et j'en passe. Et tous abandonneurs de snagas qui les ont pourtant aidés...
'fin bon, la Tirielle è m'a d'mandé mon avis, alors j'lui ai donné : si on voulait êt' gentils et tout et tout, fallait commencer par s'faire confiance les uns les autres, rien s'cacher. Faut r'connaître que l'elfe a écouté pasqu'après elle est allée tout raconter aux autres, à savoir les trois marins, Marti et Farouk. Gaerwen était partie avec Belzagar donc on la mettrait au courant plus tard. Les aut' ont gobé la chose - la salade blonde sait êt' convaincante - mais avec des cris quand l'elfe est passée à la suite : pour êt' gentils, ben fallait aider les orcs à sortir de leur trou.
Sauvetage d'orcs en détresse
I paraît qu'au départ c'était une idée de Manil, resté auprès du seigneur de l'île : ça lui avait fait quèqu'chose quand même de constater qu'les orcs auraient pu nous bouffer et i l'avaient pas fait, pis qu'on les avait laissé tomber une fois sortis en espérant bien qu'i s'raient vite éliminés. Pas très altruiste, ça... Donc on allait essayer de sauver ceux qui restaient - ça f'sait plusieurs jours qu'i z-étaient coincés là-d'sous sans grand-chose à becqueter - en espérant qu'i comprendraient et qu'i nous en voudraient pas (trop). La tête des marins ou d'autres quand i z-ont entendu ça...
D'un aut'côté, risquer de crever aux mains des orcs ou par un cauchemar sur l'île, c'était juste une question de temps, alors... L'équipe s'est partagée en deux : les terrassiers pour dégager l'entrée de la grotte, et les cueilleurs pour aller chercher d'la bouffe. A c't'occasion on a vu qu'en fait Belzagar était déjà à l'ouvrage avec Gaerwen. Pourtant il a déjà du mal à sacquer l'elfe ou les Haradrim, alors les orcs... Comme quoi ou bien l'est calculateur à long terme, ou bien ya pas qu'des muscles dans ce grand pirate effrayant.
Le soir, après avoir mis d'la bouffe dans un panier, on est allé leur descendre à l'aide de lianes, mais les snagas qu'ont pris la bouffe se sont battus pour elle et i z-ont rien trouvé d'mieux à faire que d'essayer de grimper aux lianes, qu'ont fini par casser après un moment. L'a fallu refaire un panier pour le lend'main. Mais la 2e fois, on a pu échanger avec une des matrones, qu'avait dû êt' prévenue d'une manière ou d'une autre. Si bien qu'cet'fois i's sont pas jetés sur les lianes et on a pu récupérer l'matos.
Côtés terrassiers, ça a bien avancé mais l'a fallu trois jours - faut dire les deux derniers ont été courts à cause des nuits pas r'posantes - pour ouvrir c'te foutue entrée d'grotte. On s'est débrouillé pour qu'ça soit ouvert de jour, pour pas trop risquer d'se faire envahir par des snagas affamés. Pis on leur a donné la bouffe par l'entrée, pis plus tard i z-ont commencé à sortir, à la nuit tombée, et on a vu arriver une matrone avec qui on a pu s'expliquer. Pareil, l'elfe a décidé qu'pour êt' gentils fallait faire confiance même aux orcs, et elle leur a tout dit : qu'on les avait laissé tomber comme des malpropres mais qu'pour avoir une chance de s'en sortir fallait tous s'serrer les coudes, même eux. Pas gagné : la matrone a compris qu'on d'vait les aider eux, mais elle aurait bien voulu qu'on aille zigouiller les orcs des autres bouts d'île...
Nuits de rêve
Ouais, bon, c'est l'moment d'parler des super nuits qu'on a passées. La première, on était à not'camp, pis l'elfe a entendu des grands orcs s'amener. On s'est tous foutu dans des arbres discrètement, sauf les deux Dúnedain, pas assez discrets, qu'ont dû fuir. Mais comme y avait des orcs un peu partout i's sont fait coincer et on est r'descendus à leur secours. Des p'tites blessures mais on a fini par dézinguer tous les orcs, dont l'équip'ment a disparu au p'tit jour, bien sûr. Pas une nuit très r'posante.
Pis la fois suivante c'étaient des grands bateaux avec des feux : des pirates d'Umbar plein de Númenóréens noirs, des grands hommes tous comme Belzagar qu'ont débarqué pour tout détruire et fout' le feu partout. On est monté dans les hauteurs, près d'la ch'minée des orcs, ousqu'on s'est planqué, dans l'vent et l'froid, même si on s'serrait les uns aux autres pour avoir moins froid. Pas non plus une nuit très r'posante, à voir l'île partir en fumée - qui nous f'sait tousser, la joie - en espérant pas s'faire remarquer des pirates. Pis tout était r'dev'nu normal au matin.
La 3e nuit, c'était juste après la libération des orcs, quand p'têt' une centaine d'entre eux sont partis chercher de quoi grailler. Manque de pot, cette nuit-là le cauchemar a été des plus sympas : des tentacules qui sortaient de terre pour les prendre et les avaler dans l'sol. Des dizaines se sont fait bouffer, et vu l'air d'un marin, on a pas eu à chercher trop loin de qui c'était l'cauchemar. Une histoire de kraken géant, dans l'sol, même dans la pierre ? Foutue île... Mais la Tirielle a eu l'bon réflexe, elle a dit d'pas bouger, si bien qu'les tentacules f'saient pas attention à nous, même à quelques pas. Pas ça qui nous a aidé à dormir, cela dit.
Après, ça a été plus calme : deux nuits à voir un faux soleil illuminer la nuit, c'qu'i nous a permis d'être plus efficaces et d'aller ravitailler et troquer la bouffe contre des trucs qu'avaient les orcs (cuirs, outils de pierre, corde...). On a même pu faire fondre des menottes ou une barre de fer trouvée dans la flotte pour faire une hache à deux mains et une petite hache. Pis ya eu une nuit - avant les deux autres nuits ensoleillées j'crois - à jouer à cache-cache avec des trolls aussi, heureusement i f'sait un temps d'chien et la pluie les aidait pas à nous sentir. Kacem puis Farouk ont pu éloigner ceux qui s'approchaient trop du camp en jetant des pierres et en s'planquant.
Le seigneur de l'île
Et pendant c'temps-là, Manil chantait au seigneur, parlait d'lui et d'son histoire qu'i mettait en scène, à c'qui nous a dit. Ça a duré trois jours, l'était dans le p'tit paradis sous la flotte et i s'rait bien resté plus longtemps. Il a r'marqué qu'le gars était très curieux sur son origine - un rouquin parmi les Haradrim, et qui f'sait d'la magie en plus - mais comme Manil savait pas lui-même d'où i v'nait... L'a aussi compris que ce foutu créateur s'intéressait de près à tout c'qu'était magique, dont le médaillon qu'il portait et qu'on avait récupéré avec l'équipe d'avant, avant de finir dans l'sud.
Et justement, j'avais un autre de ces médaillons magiques, qui donnait tout l'temps envie de chanter et danser. Du coup, après trois jours, i sont r'descendus sous la flotte pour que la Tirielle remplace le rouquin. Elle m'a d'mandé mon médaillon, que j'lui ai passé, et elle a pris celui d'Manil. Avec les deux è chantait mieux, et plus tard è nous dirait qu'elle avait essayé de faire du charme au gars, qu'elle soupçonnait d'être un très ancien elfe, mais sans succès. L'a rien pu apprendre de lui, même si l'a semblé s'amuser de ses tentatives de séduction.
Au bout d'trois jours de plus, on s'est dit qu'i fallait aller relever l'elfe et trouver quelqu'un d'autre pour t'nir compagnie au gars. D'autant que plus on restait dans son p'tit paradis, plus c'était dur de l'quitter : Manil, qu'est pourtant habitué à la magie et qu'a l'air d'avoir la tête carrée sur ses épaules, a dit qu'il avait vraiment eu du mal, l'avait fallu un effort. Au bout d'un temps trop long, ce s'rait sans doute plus possible de partir de là-bas. Mais qui on allait met' pour remplacer la Tirielle ? Devinez... Mais qui est l'con qui m'a suggéré ?
Déjà qu'le Kacem avait dû s'faire remorquer plus d'une fois par Belzagar pour entrer ou sortir de là, et p'têt' Manil aussi. Mais moi ? Pas possible de rester aussi longtemps qu'eux sous la flotte ! J'veux bien qu'avec les deux médaillons, mon don pour apaiser les gens et mon air de gentil gamin j'pourrais p'têt' toucher l'espèce de seigneur de l'île. Mais à condition d'arriver vivant, et là c'était pas du tout mais alors du tout gagné !! Y en a qu'ont parlé de faire passer le tonneau dans la grotte pour que j'me noie pas, et c'est vrai que j'vois pas comment faire autrement. Mais on a qu'un seul tonneau. Et en admettant même qu'i puissent le faire passer avec moi d'dans, on fait comment pour le faire ressortir (et moi avec), après ?
Pis si yavait qu'ça ! Z-ont l'air aussi de croire que j'pourrais p'têt' faire quèqu'chose pour le grand cinglé qu'a pondu l'île avec tous ses cauchemars ! Bon, j'dis pas, cinglés ou pas, j'sais r'monter l'moral aux gens ou leur faire voir les choses du bon côté - un temps du moins. Alors pourquoi pas essayer, même si franchement, parler à quelqu'un ou quèqu'chose p'têt' mille fois plus vieux qu'moi, ça m'fout un peu les chocottes. Pis surtout, faut passer sous cette flotte pour aller lui parler, et ça, alors ça, j'vois vraiment pas comment j'pourrais y arriver ! Ouais, bon, détaillons un peu...
Confiance et confidences
Alors d'abord, peu après leur retour, la salade blonde est r'venue vers moi et a d'mandé à m'voir en privé, accompagnée du voleur haradrim d'Umbar, Kacem. Belzagar, lui, s'était éloigné avec Gaerwen pour lui compter fleurette ou chais pas trop quoi. Et pis v'là-t-y pas qu'l'elfe me raconte la meilleure du siècle : elle me raconte un peu tout c'qui s'est passé chez l'seigneur, paraît qu'i veut qu'on soit gentils pour p'têt' nous aider, et comme chuis l'plus gentil d'tous elle a besoin d'mes conseils... Ouah !
Mais si j'ai bien compris, le gars sous la flotte, le demi-dieu ou chais pas trop quoi, en fait y s'en fout un peu d'nous. Il est coincé là d'puis on sait pas quand, i déprime, prisonnier du coin, d'sa magie, d'une malédiction, ou de on sait pas trop quoi. Comment qu'i pourrait nous aider si i peut pas s'aider lui-même ? Pourquoi aider les fourmis qu'nous sommes à ses yeux ? En plus, paraît qu'moins y aurait d'monde à débarquer ici, mieux ce s'rait pour tous, p'têt' pasque la magie de l'île pourrait servir à des mauvaises fins. Du coup, revenir chez nous pour en parler, ce s'rait pas un bon truc.
En bref, selon l'elfe, on a aucun moyen de sortir seuls de l'île sans l'aide du gars. Et il est peut-être prêt à nous aider uniquement si on montre qu'on est "gentils", mais alors très gentils, altruistes et pas à met' nos intérêts personnels en premier. Nous, c'est-à-dire une elfe vach'ment humaine, un nain piqueur de bourse (si y pouvait), un pirate d'Umbar, un voleur d'Umbar, des marins contrebandiers transporteurs d'esclaves, et j'en passe. Et tous abandonneurs de snagas qui les ont pourtant aidés...
'fin bon, la Tirielle è m'a d'mandé mon avis, alors j'lui ai donné : si on voulait êt' gentils et tout et tout, fallait commencer par s'faire confiance les uns les autres, rien s'cacher. Faut r'connaître que l'elfe a écouté pasqu'après elle est allée tout raconter aux autres, à savoir les trois marins, Marti et Farouk. Gaerwen était partie avec Belzagar donc on la mettrait au courant plus tard. Les aut' ont gobé la chose - la salade blonde sait êt' convaincante - mais avec des cris quand l'elfe est passée à la suite : pour êt' gentils, ben fallait aider les orcs à sortir de leur trou.
Sauvetage d'orcs en détresse
I paraît qu'au départ c'était une idée de Manil, resté auprès du seigneur de l'île : ça lui avait fait quèqu'chose quand même de constater qu'les orcs auraient pu nous bouffer et i l'avaient pas fait, pis qu'on les avait laissé tomber une fois sortis en espérant bien qu'i s'raient vite éliminés. Pas très altruiste, ça... Donc on allait essayer de sauver ceux qui restaient - ça f'sait plusieurs jours qu'i z-étaient coincés là-d'sous sans grand-chose à becqueter - en espérant qu'i comprendraient et qu'i nous en voudraient pas (trop). La tête des marins ou d'autres quand i z-ont entendu ça...
D'un aut'côté, risquer de crever aux mains des orcs ou par un cauchemar sur l'île, c'était juste une question de temps, alors... L'équipe s'est partagée en deux : les terrassiers pour dégager l'entrée de la grotte, et les cueilleurs pour aller chercher d'la bouffe. A c't'occasion on a vu qu'en fait Belzagar était déjà à l'ouvrage avec Gaerwen. Pourtant il a déjà du mal à sacquer l'elfe ou les Haradrim, alors les orcs... Comme quoi ou bien l'est calculateur à long terme, ou bien ya pas qu'des muscles dans ce grand pirate effrayant.
Le soir, après avoir mis d'la bouffe dans un panier, on est allé leur descendre à l'aide de lianes, mais les snagas qu'ont pris la bouffe se sont battus pour elle et i z-ont rien trouvé d'mieux à faire que d'essayer de grimper aux lianes, qu'ont fini par casser après un moment. L'a fallu refaire un panier pour le lend'main. Mais la 2e fois, on a pu échanger avec une des matrones, qu'avait dû êt' prévenue d'une manière ou d'une autre. Si bien qu'cet'fois i's sont pas jetés sur les lianes et on a pu récupérer l'matos.
Côtés terrassiers, ça a bien avancé mais l'a fallu trois jours - faut dire les deux derniers ont été courts à cause des nuits pas r'posantes - pour ouvrir c'te foutue entrée d'grotte. On s'est débrouillé pour qu'ça soit ouvert de jour, pour pas trop risquer d'se faire envahir par des snagas affamés. Pis on leur a donné la bouffe par l'entrée, pis plus tard i z-ont commencé à sortir, à la nuit tombée, et on a vu arriver une matrone avec qui on a pu s'expliquer. Pareil, l'elfe a décidé qu'pour êt' gentils fallait faire confiance même aux orcs, et elle leur a tout dit : qu'on les avait laissé tomber comme des malpropres mais qu'pour avoir une chance de s'en sortir fallait tous s'serrer les coudes, même eux. Pas gagné : la matrone a compris qu'on d'vait les aider eux, mais elle aurait bien voulu qu'on aille zigouiller les orcs des autres bouts d'île...
Nuits de rêve
Ouais, bon, c'est l'moment d'parler des super nuits qu'on a passées. La première, on était à not'camp, pis l'elfe a entendu des grands orcs s'amener. On s'est tous foutu dans des arbres discrètement, sauf les deux Dúnedain, pas assez discrets, qu'ont dû fuir. Mais comme y avait des orcs un peu partout i's sont fait coincer et on est r'descendus à leur secours. Des p'tites blessures mais on a fini par dézinguer tous les orcs, dont l'équip'ment a disparu au p'tit jour, bien sûr. Pas une nuit très r'posante.
Pis la fois suivante c'étaient des grands bateaux avec des feux : des pirates d'Umbar plein de Númenóréens noirs, des grands hommes tous comme Belzagar qu'ont débarqué pour tout détruire et fout' le feu partout. On est monté dans les hauteurs, près d'la ch'minée des orcs, ousqu'on s'est planqué, dans l'vent et l'froid, même si on s'serrait les uns aux autres pour avoir moins froid. Pas non plus une nuit très r'posante, à voir l'île partir en fumée - qui nous f'sait tousser, la joie - en espérant pas s'faire remarquer des pirates. Pis tout était r'dev'nu normal au matin.
La 3e nuit, c'était juste après la libération des orcs, quand p'têt' une centaine d'entre eux sont partis chercher de quoi grailler. Manque de pot, cette nuit-là le cauchemar a été des plus sympas : des tentacules qui sortaient de terre pour les prendre et les avaler dans l'sol. Des dizaines se sont fait bouffer, et vu l'air d'un marin, on a pas eu à chercher trop loin de qui c'était l'cauchemar. Une histoire de kraken géant, dans l'sol, même dans la pierre ? Foutue île... Mais la Tirielle a eu l'bon réflexe, elle a dit d'pas bouger, si bien qu'les tentacules f'saient pas attention à nous, même à quelques pas. Pas ça qui nous a aidé à dormir, cela dit.
Après, ça a été plus calme : deux nuits à voir un faux soleil illuminer la nuit, c'qu'i nous a permis d'être plus efficaces et d'aller ravitailler et troquer la bouffe contre des trucs qu'avaient les orcs (cuirs, outils de pierre, corde...). On a même pu faire fondre des menottes ou une barre de fer trouvée dans la flotte pour faire une hache à deux mains et une petite hache. Pis ya eu une nuit - avant les deux autres nuits ensoleillées j'crois - à jouer à cache-cache avec des trolls aussi, heureusement i f'sait un temps d'chien et la pluie les aidait pas à nous sentir. Kacem puis Farouk ont pu éloigner ceux qui s'approchaient trop du camp en jetant des pierres et en s'planquant.
Le seigneur de l'île
Et pendant c'temps-là, Manil chantait au seigneur, parlait d'lui et d'son histoire qu'i mettait en scène, à c'qui nous a dit. Ça a duré trois jours, l'était dans le p'tit paradis sous la flotte et i s'rait bien resté plus longtemps. Il a r'marqué qu'le gars était très curieux sur son origine - un rouquin parmi les Haradrim, et qui f'sait d'la magie en plus - mais comme Manil savait pas lui-même d'où i v'nait... L'a aussi compris que ce foutu créateur s'intéressait de près à tout c'qu'était magique, dont le médaillon qu'il portait et qu'on avait récupéré avec l'équipe d'avant, avant de finir dans l'sud.
Et justement, j'avais un autre de ces médaillons magiques, qui donnait tout l'temps envie de chanter et danser. Du coup, après trois jours, i sont r'descendus sous la flotte pour que la Tirielle remplace le rouquin. Elle m'a d'mandé mon médaillon, que j'lui ai passé, et elle a pris celui d'Manil. Avec les deux è chantait mieux, et plus tard è nous dirait qu'elle avait essayé de faire du charme au gars, qu'elle soupçonnait d'être un très ancien elfe, mais sans succès. L'a rien pu apprendre de lui, même si l'a semblé s'amuser de ses tentatives de séduction.
Au bout d'trois jours de plus, on s'est dit qu'i fallait aller relever l'elfe et trouver quelqu'un d'autre pour t'nir compagnie au gars. D'autant que plus on restait dans son p'tit paradis, plus c'était dur de l'quitter : Manil, qu'est pourtant habitué à la magie et qu'a l'air d'avoir la tête carrée sur ses épaules, a dit qu'il avait vraiment eu du mal, l'avait fallu un effort. Au bout d'un temps trop long, ce s'rait sans doute plus possible de partir de là-bas. Mais qui on allait met' pour remplacer la Tirielle ? Devinez... Mais qui est l'con qui m'a suggéré ?
Déjà qu'le Kacem avait dû s'faire remorquer plus d'une fois par Belzagar pour entrer ou sortir de là, et p'têt' Manil aussi. Mais moi ? Pas possible de rester aussi longtemps qu'eux sous la flotte ! J'veux bien qu'avec les deux médaillons, mon don pour apaiser les gens et mon air de gentil gamin j'pourrais p'têt' toucher l'espèce de seigneur de l'île. Mais à condition d'arriver vivant, et là c'était pas du tout mais alors du tout gagné !! Y en a qu'ont parlé de faire passer le tonneau dans la grotte pour que j'me noie pas, et c'est vrai que j'vois pas comment faire autrement. Mais on a qu'un seul tonneau. Et en admettant même qu'i puissent le faire passer avec moi d'dans, on fait comment pour le faire ressortir (et moi avec), après ?
Journal de Tobias - récit n° 22
Vraiment, quand j'y pense, je me dis que l'adage "plus c'est grand, plus c'est con" résume assez bien le monde qui m'entoure. Je passe sur la bêtise des humains que j'ai expérimentée maintes fois à Tharbad, et qui m'a montré également que plus une personne est riche et influente, et plus elle est susceptible de faire des conneries. Le mal des dragons i paraît qu'ça s'appelle, même si à titre perso je doute que personne que j'connaisse en ait jamais vu un. A quoi ça sert d'êt' riche et puissant si on peut pas profiter de trucs simples comme l'amitié, l'amour, l'estime et la reconnaissance...
Ben le patron de l'île, tout esprit ou elfe ancien méga-maousse-costaud qu'il est, c'est l'pompon. Jamais rencontré quelqu'un d'aussi dépressif que c'mec - chais pas pourquoi, ça m'fait vraiment penser à un homme, pas à une femme - et pourtant i m'a presque rien dit. Le pire, ch'crois qu'c'est qu'il a conscience d'avoir fait des conneries de premier ordre, des choix qu'i fallait pas, et qu'il a l'éternité pour les ruminer à présent. Mais pourquoi qu'i fait pas quèqu'chose pour s'rendre utile à la place, le con ? I peut pas ou i veut pas ? Mouais, retour sur ces deux derniers jours.
Un hobbit sous l'eau et sous terre
Honnêtement, à part dans un baquet plein d'eau chaude ou dans une mare ou rivière où j'ai pied, pour jouer ou pêcher, j'ai jamais aimé me tremper plus que les pieds. Dans d'leau salée, j'en parle même pas, quand ça sèche ça m'démange et les vêtements sont raides et tout. Alors jouer au poisson pour aller voir le big boss de l'île, moi qu'arrive pas à ret'nir ma respiration plus d'une vingtaine de battements de coeur, j'vous dis pas comme ça m'enchantait. 'fin bon, fallait aller rel'ver la Tirielle qu'attendait avec l'autre patron d'l'île...
En plus, au début les copains z-avaient pas l'air d'savoir exactement quoi faire. J'devais aller dans l'tonneau sous la flotte, mais comment ? Et après ? Semblait qu'le tonneau et son lest pourraient pas passer dans la caverne, et d'après c'que j'avais compris i restait une vingtaine de pas à traverser sous la flotte pour aller du tonneau à la caverne, traverser la caverne d'un bout à l'autre et remonter à la surface. A pied, j'aurais p'têt' pu faire ça en ret'nant mon souffle ; en nageant : même pas en rêve...
Chuis quand même parti avec Kacem - paraît qu'ya besoin d'lui pour ouvrir - et les deux nageurs et rameurs, Belzagar et Gaerwen. Avec la barque, le tonneau et l'lest on est arrivés à l'endroit d'l'ouverture sous-marine. Le tonneau a été mis à l'eau, lesté, jusqu'à c'que le pirate d'Umbar nous dise que c'était bon, qu'il le maintenait pour l'empêcher de descendre, qu'c'était mon tour. J'me suis mis à la baille, et la capitaine gondorienne m'a aidé à plonger et m'a am'né à l'intérieur du tonneau, avant d'remonter sur la barque. Pis le voleur haradrim s'est accroché au tonneau que l'pirate a laissé descendre en l'suivant...
Après un moment j'ai senti qu'on était arrivé au fond, mais ça paraissait bien long. En fait j'ai appris après que Kacem devait faire signe à Belzagar que la voie était libre, mais il a oublié : Tirielle nous avait vus et elle avait ouvert la porte sous-marine et allumé sa lumière elfique, mais l'voleur a commencé à r'monter avant d'se rapp'ler qu'il oubliait quèqu'chose, et d'faire d'mi-tour. Alors not' super-nageur d'Umbar est v'nu m'prendre, me suis agrippé à son dos, pis il a nagé comme un fou, un vrai requin ! On a crevé la surface de la flotte en un rien d'temps, à peine si j'commençais à manquer d'air ! Chapeau l'pirate !!!
Une porte restée fermée
L'elfe et le Haradrim sont arrivés un peu après et on dirait qu'l'air leur avait plus manqué qu'à moi. Enfin bon, on était tous là, à l'intérieur d'une grotte qui laissait voir le ciel et la mer à travers une partie d'la roche, sur une plage de sable tiède qui menait à une espèce de porte magique... et fermée. L'elfe a chanté, ça a fait que dalle, elle m'a donné les amulettes pour que je chante avec pas plus de résultats. Pis l'autre avait pas l'air de vouloir ouvrir, malgré les demandes de Tirielle...
L'elfe a dû chanter à nouveau et cette fois ça a marché, et chuis entré dans le p'tit bout d'paradis du patron d'l'île. Avec plein d'fruits super bons, un bassin d'eau douce, un kiosque avec une chaise, et tout et tout mais j'en ai déjà parlé j'crois, c'est juste que j'voyais enfin ça pour la première fois. L'aut' mouftait pas pour autant, pis les copains ont dit qu'fallait essayer encore d'ouvrir l'aut' porte, un endroit du fond d'la caverne avec des dessins d'arbres pis des runes de lumière, de magie, d'origine du monde... ce genre de truc.
Me rappelle plus trop, mais j'crois qu'c'est à c'moment-là qu'on s'est dit qu'fallait ram'ner du monde, et l'pirate est r'parti rejoindre Gaerwen. I sont rev'nus au camp et i-z-ont pris Manil, le mago rouquin, et Farouk, le débrouillard en nature, qui savait bien manier les barques aussi, avec eux. Le tonneau était resté au fond, mais i's sont débrouillés pour plonger et entrer quand même. La Tirielle leur avait ouvert je crois, et l'pirate a aidé Manil - l'a r'morqué ou un truc du genre de mémoire - pasque c'est pas un grand plongeur. 'fin bon, à la fin i-z-étaient tous là, sauf Farouk qui gardait la barque.
Ben tout l'reste de la journée i-z-ont essayé de balancer des lumières - du soleil, de la lune, de l'elfe - avec l'aide du métal des cimeterres, aidés par un peu tout l'monde et Manil qui dirigeait les opérations avec l'aide de sa perception d'la magie. Même la lumière d'une étoile bizarre, pas naturelle, qu'on voyait même en plein jour. Que dalle, sans résultat. A l'extérieur, Farouk avait fini par rentrer au camp, tandis qu'les copains décidaient d'rester pour la nuit et plus encore peut-être...
Esprit dépressif
Chais plus comment c'est v'nu, mais l'patron a fini par s'manifester, mais l'était pas trop causant au départ. Pis l'elfe a décidé de m'laisser avec lui et le groupe est resté dans l'aut' caverne, celle de la plage, en maintenant la porte entre les deux cavernes ouverte à l'aide de la chaise, qu'empêchait les battants d'se r'fermer. M'ont dit après qu'i-z-entendaient rien mêm' s'i'm'voyaient, rapport qu'j'avais l'air de pas mal causer. Et pour ça oui, j'ai causé et pas qu'un peu. J'savais qu'le gars était du genre pas causant mais curieux, et j'ai pas été déçu du résultat d'nos échanges...
Au départ j'racontais juste ma vie, comment j'avais rencontré les autres, nos aventures depuis Tharbad et tout. Le big boss semblait de plus en plus curieux - l'avait jamais vu de hobbit de près on dirait - et l'avait l'air de plus en plus touché par ce que j'disais. J'sentais qu'il accrochait d'plus en plus, sa voix était plus la même, vach'ment plus chargée en émotions. I disait rien sur lui, même pas son nom, mais le ton d'sa voix m'racontait des trucs. A un moment j'ai parlé d'la famille, la mort de mes parents, le départ des autres, etc., et d'autres trucs, et j'ai entendu... qu'il pleurait.
Ce gars-là avait un gros problème de famille et il se sentait seul comme pas permis, et manifestement l'était coincé là d'puis des siècles au moins, et l'avait une opinion d'lui à faire se pendre un roi ou un riche père de famille nombreuse. Jamais senti quelqu'un d'aussi mal que lui, derrière un premier contact détaché et mélancolique et tout. Mais à mes oreilles, ce gars puait la solitude, les regrets et la mauvaise image de lui. Un gars normal se serait suicidé, mais l'autre, on dirait qu'c'est comme si i pouvait pas, ou l'était trop intelligent ou avec une volonté trop forte pour le faire. Pas très jouasse, l'éternité à s'morfondre, pas vrai ?
Au bout d'un moment, les autres ont fini par rentrer et le big boss a cessé d'causer. On a discuté un peu d'ça - surtout avec Tirielle - en s'demandant quoi faire d'autre. L'elfe pensait que c'que j'faisais était bien et qu'i fallait qu'je continue. Au matin, voyant que Farouk était rev'nu avec la barque, les copains ont décidé de rentrer et d'me laisser seul un moment avec le patron d'île. Ils sont partis en deux fois, et me suis r'trouvé seul en tête à tête avec un gars immortel dépressif qui fallait qu'je soigne dans sa tête à cause de trucs regrettables qu'il avait fait ya p'têt' quelques milliers d'années...
Changements
Et effectivement, une fois les copains partis, l'autre a pas attendu un battement d'coeur avant d'reprendre not'conversation. L'avait bien l'air d'en avoir besoin, de vivre à travers ma voix, de chercher à se faire consoler, à regagner de l'amour-propre, de l'espoir dans son existence, et tout l'bataclan. En gros, i cherchait à travers moi à retrouver une raison de vivre, histoire de sortir de l'enfer d'un gars immortel qu'aurait p'têt' bien voulu s'suicider pasqu'i pouvait pas oublier. Moi, le hobbit orphelin de 15 ans, j'essayais d'remonter l'moral à un d'mi-dieu plus vieux qu'l'humanité...
Déjà, la veille, Manil et Tirielle avaient senti, alors que j'avais déjà entendu l'gars pleurer, que certaines choses avaient changé. Le rouquin, plus perceptif magiquement parlant, avait cru percevoir qu'l'étoile bizarre qu'on voyait dans l'ciel de la grotte avait changé d'couleur, en même temps qu'l'ambiance du paradis changeait. Comme si yavait moins de tristesse et plus de joie autour de nous, sans pouvoir dire d'où ça venait. Comme si les émotions du big boss avaient une influence sur la magie de l'île ou au moins de la caverne.
En fait, ça avait bien une influence sur la magie de l'île. Le patron me l'a confirmé à un moment, peut-être une manière de dire merci sans exprimer un sentiment : il m'a dit que les copains, pendant la nuit, n'avaient pas fait de cauchemar. Ça expliquait peut-être les grands gestes de Farouk quand il était revenu au petit matin : il avait dû dire au copains qu'il ne s'était rien passé pendant la nuit, pour la première fois. Ni les marins, ni les orcs, n'avaient souffert de la nuit sur l'île, pour la première fois depuis que l'un d'eux était arrivé sur place. Simplement pasque le mec était moins malheureux ?
On a parlé toute la journée. Le gars n'a jamais rien dit sur lui, mais d'après c'que j'ai pu dire qui l'a fait réagir, j'tent'rais bien quelques paris. L'avait pas mal de morts sur la conscience, des choix qu'il regrettait vraiment beaucoup, et sans doute une famille qu'il avait abandonnée. Sans aller jusqu'à l'refaire pleurer, j'ai sentit qu'mes paroles, aidées par les amulettes que j'portais, lui faisaient du bien. Le lend'main, i m'a dit qu'les copains n'avaient fait que des cauchemars normaux. Qu'j'avais réussi ce qu'aucune magie n'aurait pu faire, qu'i s'sentais revivre... tant qu'je restais près d'lui. Et qu'il avait une dette envers moi.
Ben le patron de l'île, tout esprit ou elfe ancien méga-maousse-costaud qu'il est, c'est l'pompon. Jamais rencontré quelqu'un d'aussi dépressif que c'mec - chais pas pourquoi, ça m'fait vraiment penser à un homme, pas à une femme - et pourtant i m'a presque rien dit. Le pire, ch'crois qu'c'est qu'il a conscience d'avoir fait des conneries de premier ordre, des choix qu'i fallait pas, et qu'il a l'éternité pour les ruminer à présent. Mais pourquoi qu'i fait pas quèqu'chose pour s'rendre utile à la place, le con ? I peut pas ou i veut pas ? Mouais, retour sur ces deux derniers jours.
Un hobbit sous l'eau et sous terre
Honnêtement, à part dans un baquet plein d'eau chaude ou dans une mare ou rivière où j'ai pied, pour jouer ou pêcher, j'ai jamais aimé me tremper plus que les pieds. Dans d'leau salée, j'en parle même pas, quand ça sèche ça m'démange et les vêtements sont raides et tout. Alors jouer au poisson pour aller voir le big boss de l'île, moi qu'arrive pas à ret'nir ma respiration plus d'une vingtaine de battements de coeur, j'vous dis pas comme ça m'enchantait. 'fin bon, fallait aller rel'ver la Tirielle qu'attendait avec l'autre patron d'l'île...
En plus, au début les copains z-avaient pas l'air d'savoir exactement quoi faire. J'devais aller dans l'tonneau sous la flotte, mais comment ? Et après ? Semblait qu'le tonneau et son lest pourraient pas passer dans la caverne, et d'après c'que j'avais compris i restait une vingtaine de pas à traverser sous la flotte pour aller du tonneau à la caverne, traverser la caverne d'un bout à l'autre et remonter à la surface. A pied, j'aurais p'têt' pu faire ça en ret'nant mon souffle ; en nageant : même pas en rêve...
Chuis quand même parti avec Kacem - paraît qu'ya besoin d'lui pour ouvrir - et les deux nageurs et rameurs, Belzagar et Gaerwen. Avec la barque, le tonneau et l'lest on est arrivés à l'endroit d'l'ouverture sous-marine. Le tonneau a été mis à l'eau, lesté, jusqu'à c'que le pirate d'Umbar nous dise que c'était bon, qu'il le maintenait pour l'empêcher de descendre, qu'c'était mon tour. J'me suis mis à la baille, et la capitaine gondorienne m'a aidé à plonger et m'a am'né à l'intérieur du tonneau, avant d'remonter sur la barque. Pis le voleur haradrim s'est accroché au tonneau que l'pirate a laissé descendre en l'suivant...
Après un moment j'ai senti qu'on était arrivé au fond, mais ça paraissait bien long. En fait j'ai appris après que Kacem devait faire signe à Belzagar que la voie était libre, mais il a oublié : Tirielle nous avait vus et elle avait ouvert la porte sous-marine et allumé sa lumière elfique, mais l'voleur a commencé à r'monter avant d'se rapp'ler qu'il oubliait quèqu'chose, et d'faire d'mi-tour. Alors not' super-nageur d'Umbar est v'nu m'prendre, me suis agrippé à son dos, pis il a nagé comme un fou, un vrai requin ! On a crevé la surface de la flotte en un rien d'temps, à peine si j'commençais à manquer d'air ! Chapeau l'pirate !!!
Une porte restée fermée
L'elfe et le Haradrim sont arrivés un peu après et on dirait qu'l'air leur avait plus manqué qu'à moi. Enfin bon, on était tous là, à l'intérieur d'une grotte qui laissait voir le ciel et la mer à travers une partie d'la roche, sur une plage de sable tiède qui menait à une espèce de porte magique... et fermée. L'elfe a chanté, ça a fait que dalle, elle m'a donné les amulettes pour que je chante avec pas plus de résultats. Pis l'autre avait pas l'air de vouloir ouvrir, malgré les demandes de Tirielle...
L'elfe a dû chanter à nouveau et cette fois ça a marché, et chuis entré dans le p'tit bout d'paradis du patron d'l'île. Avec plein d'fruits super bons, un bassin d'eau douce, un kiosque avec une chaise, et tout et tout mais j'en ai déjà parlé j'crois, c'est juste que j'voyais enfin ça pour la première fois. L'aut' mouftait pas pour autant, pis les copains ont dit qu'fallait essayer encore d'ouvrir l'aut' porte, un endroit du fond d'la caverne avec des dessins d'arbres pis des runes de lumière, de magie, d'origine du monde... ce genre de truc.
Me rappelle plus trop, mais j'crois qu'c'est à c'moment-là qu'on s'est dit qu'fallait ram'ner du monde, et l'pirate est r'parti rejoindre Gaerwen. I sont rev'nus au camp et i-z-ont pris Manil, le mago rouquin, et Farouk, le débrouillard en nature, qui savait bien manier les barques aussi, avec eux. Le tonneau était resté au fond, mais i's sont débrouillés pour plonger et entrer quand même. La Tirielle leur avait ouvert je crois, et l'pirate a aidé Manil - l'a r'morqué ou un truc du genre de mémoire - pasque c'est pas un grand plongeur. 'fin bon, à la fin i-z-étaient tous là, sauf Farouk qui gardait la barque.
Ben tout l'reste de la journée i-z-ont essayé de balancer des lumières - du soleil, de la lune, de l'elfe - avec l'aide du métal des cimeterres, aidés par un peu tout l'monde et Manil qui dirigeait les opérations avec l'aide de sa perception d'la magie. Même la lumière d'une étoile bizarre, pas naturelle, qu'on voyait même en plein jour. Que dalle, sans résultat. A l'extérieur, Farouk avait fini par rentrer au camp, tandis qu'les copains décidaient d'rester pour la nuit et plus encore peut-être...
Esprit dépressif
Chais plus comment c'est v'nu, mais l'patron a fini par s'manifester, mais l'était pas trop causant au départ. Pis l'elfe a décidé de m'laisser avec lui et le groupe est resté dans l'aut' caverne, celle de la plage, en maintenant la porte entre les deux cavernes ouverte à l'aide de la chaise, qu'empêchait les battants d'se r'fermer. M'ont dit après qu'i-z-entendaient rien mêm' s'i'm'voyaient, rapport qu'j'avais l'air de pas mal causer. Et pour ça oui, j'ai causé et pas qu'un peu. J'savais qu'le gars était du genre pas causant mais curieux, et j'ai pas été déçu du résultat d'nos échanges...
Au départ j'racontais juste ma vie, comment j'avais rencontré les autres, nos aventures depuis Tharbad et tout. Le big boss semblait de plus en plus curieux - l'avait jamais vu de hobbit de près on dirait - et l'avait l'air de plus en plus touché par ce que j'disais. J'sentais qu'il accrochait d'plus en plus, sa voix était plus la même, vach'ment plus chargée en émotions. I disait rien sur lui, même pas son nom, mais le ton d'sa voix m'racontait des trucs. A un moment j'ai parlé d'la famille, la mort de mes parents, le départ des autres, etc., et d'autres trucs, et j'ai entendu... qu'il pleurait.
Ce gars-là avait un gros problème de famille et il se sentait seul comme pas permis, et manifestement l'était coincé là d'puis des siècles au moins, et l'avait une opinion d'lui à faire se pendre un roi ou un riche père de famille nombreuse. Jamais senti quelqu'un d'aussi mal que lui, derrière un premier contact détaché et mélancolique et tout. Mais à mes oreilles, ce gars puait la solitude, les regrets et la mauvaise image de lui. Un gars normal se serait suicidé, mais l'autre, on dirait qu'c'est comme si i pouvait pas, ou l'était trop intelligent ou avec une volonté trop forte pour le faire. Pas très jouasse, l'éternité à s'morfondre, pas vrai ?
Au bout d'un moment, les autres ont fini par rentrer et le big boss a cessé d'causer. On a discuté un peu d'ça - surtout avec Tirielle - en s'demandant quoi faire d'autre. L'elfe pensait que c'que j'faisais était bien et qu'i fallait qu'je continue. Au matin, voyant que Farouk était rev'nu avec la barque, les copains ont décidé de rentrer et d'me laisser seul un moment avec le patron d'île. Ils sont partis en deux fois, et me suis r'trouvé seul en tête à tête avec un gars immortel dépressif qui fallait qu'je soigne dans sa tête à cause de trucs regrettables qu'il avait fait ya p'têt' quelques milliers d'années...
Changements
Et effectivement, une fois les copains partis, l'autre a pas attendu un battement d'coeur avant d'reprendre not'conversation. L'avait bien l'air d'en avoir besoin, de vivre à travers ma voix, de chercher à se faire consoler, à regagner de l'amour-propre, de l'espoir dans son existence, et tout l'bataclan. En gros, i cherchait à travers moi à retrouver une raison de vivre, histoire de sortir de l'enfer d'un gars immortel qu'aurait p'têt' bien voulu s'suicider pasqu'i pouvait pas oublier. Moi, le hobbit orphelin de 15 ans, j'essayais d'remonter l'moral à un d'mi-dieu plus vieux qu'l'humanité...
Déjà, la veille, Manil et Tirielle avaient senti, alors que j'avais déjà entendu l'gars pleurer, que certaines choses avaient changé. Le rouquin, plus perceptif magiquement parlant, avait cru percevoir qu'l'étoile bizarre qu'on voyait dans l'ciel de la grotte avait changé d'couleur, en même temps qu'l'ambiance du paradis changeait. Comme si yavait moins de tristesse et plus de joie autour de nous, sans pouvoir dire d'où ça venait. Comme si les émotions du big boss avaient une influence sur la magie de l'île ou au moins de la caverne.
En fait, ça avait bien une influence sur la magie de l'île. Le patron me l'a confirmé à un moment, peut-être une manière de dire merci sans exprimer un sentiment : il m'a dit que les copains, pendant la nuit, n'avaient pas fait de cauchemar. Ça expliquait peut-être les grands gestes de Farouk quand il était revenu au petit matin : il avait dû dire au copains qu'il ne s'était rien passé pendant la nuit, pour la première fois. Ni les marins, ni les orcs, n'avaient souffert de la nuit sur l'île, pour la première fois depuis que l'un d'eux était arrivé sur place. Simplement pasque le mec était moins malheureux ?
On a parlé toute la journée. Le gars n'a jamais rien dit sur lui, mais d'après c'que j'ai pu dire qui l'a fait réagir, j'tent'rais bien quelques paris. L'avait pas mal de morts sur la conscience, des choix qu'il regrettait vraiment beaucoup, et sans doute une famille qu'il avait abandonnée. Sans aller jusqu'à l'refaire pleurer, j'ai sentit qu'mes paroles, aidées par les amulettes que j'portais, lui faisaient du bien. Le lend'main, i m'a dit qu'les copains n'avaient fait que des cauchemars normaux. Qu'j'avais réussi ce qu'aucune magie n'aurait pu faire, qu'i s'sentais revivre... tant qu'je restais près d'lui. Et qu'il avait une dette envers moi.
Journal de Tobias - récit n° 23
Ya plus d'cauchemar, j'me la coule douce pendant qu'les autres bossent, on va bientôt partir de l'île... en principe. Pasque déjà, chuis pas sûr du tout de partir, moi : même si chuis au chaud à manger comme jamais - d'ailleurs j'ai l'impression qu'mes vêtements deviennent un peu p'tits - j'aimerais bien rentrer avec les autres et faire aut'chose que tenir le crachoir et remonter l'moral au seigneur du coin. Mais est-ce que lui voudra m'laisser partir ? Pas si sûr, l'a l'air de s'être attaché à moi...
Pis question cauchemar, le départ qui s'annonce promet d'êt' pas mal et de pas durer qu'une nuit ! Pasqu'on va pas êt' seuls à partir, va falloir embarquer des tas d'orcs avec nous, y compris certains qu'ont lardé les copains de quelques flèches - la Tirielle est une abonnée des boutonnières dans l'dos. Déjà qu'la construction d'un bateau aussi grand promet, surtout qu'on a pas de charpentier parmi nous. Mais après, une fois qu'on s'ra partis, si on y arrive : qu'est-ce qui empêchera les orcs de nous foutre sur la tronche pour prendre la maîtrise du vaisseau ou nous bouffer ? Et combien de temps ça prendra, et où on va trouver assez de bouffe pour tenir ?
Une dette à honorer
Reprenons depuis l'début. J'ai donc passé quelques jours à r'monter l'moral du seigneur de l'île : entre mes compétences, mon côté gentil et les amulettes qu'on avait récupérées, ça avait l'air de lui faire super du bien. Résultat : plus d'cauchemar la nuit dans l'île, qu'i paraît. C'était pas d'sa volonté, enfin j'crois ; c'est juste que dans son état "classique", ya une magie dans l'île qui transforme les cauchemars profonds des gens en réalité. Mais quand i va mieux, on dirait qu'les cauchemars s'arrêtent de devenir vrais. Au pire, les gens font des cauchemars la nuit mais c'est tout.
J'en ai eu la confirmation quand les copains sont r'venus m'voir. Le seigneur avait r'fermé la porte entre sa "plage" et le p'tit paradis où j'créchais,une nuit, et l'avait pas l'air pressé de répondre aux copains qui voulaient qu'il ouvre. Fallait lui d'mander pas qu'un peu, et avec les formes, et êt' patient. Parfois c'est l'elfe qui s'y collait, parfois c'était Kacem : ya eu plusieurs allers-retours mais en général j'restais avec le seigneur névrosé. En plus d'une fois où z-avaient b'soin d'mes services, les copains v'naient régulièrement pour discuter avec le seigneur ou m'tenir au courant de c'qu'i f'saient.
Enfin bon, au début donc, i'm'disent qu'ya plus d'cauchemar, et moi j'leur dis qu'le maître de l'île est content d'moi et qu'i s'est endetté. Et donc on lui d'mande de pouvoir quitter l'île. D'ailleurs les copains, vu qu'i yavait plus ces foutus rêves à la con devenus réalité, avaient commencé à faire des plans pour améliorer la barque et partir de l'île. Problème : avec les courants et tout, et vu qu'c'était pas vraiment facile de mettre une voile sur la barque, on risquait surtout d'se crever à ramer sans aller là où on voulait, et finir dans des eaux que tout l'monde évitait en plus...
Bref : quitter l'île, c'était aussi s'faire aider par le gars (j'crois bien qu'c'est pas une femme) pour avoir une embarcation qui tienne la route. Pas d'problème qu'il nous dit, mais à une condition : il peut nous aider à fabriquer un vrai navire, mais faudra d'mander à tous les orcs s'i' veulent partir avec nous. Et si i disent oui, ben... faudra les prendre avec nous. Paraît, d'après l'seigneur, qu'i restait quatre tribus d'orcs sur l'île (ou plutôt le groupe d'îles), dont une presque éteinte. Rien qu'ça.
Contact piquant
Les copains étaient pas très jouasses, mais on n'avait pas vraiment l'choix. Alors sont allés voir les orcs avec qui on avait d'bons contacts et i leur ont proposé d'quitter l'île avec nous. Les cheftaines ont dit ni oui ni non, fallait qu'elles voient c'que les autres tribus diraient. Et en particulier une tribu au sud, assez "normale" (agressive, commandée par des orcs mâles comme un peu partout ailleurs), et qui arrêtait pas d'leur chercher des noises. Les deux autres tribus, elles savaient même pas qu'elles existaient encore, sur les îles à l'est : elles avaient perdu tout contact depuis longtemps.
Les copains s'sont dit qu'i fallait commencer par la tribu au sud, sur l'île ousqu'on était arrivés au début. Mais puisque c'étaient des orcs "normaux", le contact pacifique paraissait difficile, alors fallait ruser. Les copains ont pensé que capturer un orc pour lui parler (avec l'aide des cheftaines) et le renvoyer chez lui, ça pourrait le faire. Enfin, peut-être. Et v'là-t-y pas qu'i vont explorer l'île, de jour, pour savoir où tendre une embuscade. Bref, i-z-ont cherché des traces pour mieux connaître l'activité de cette autre tribu.
Ben i-z-ont pas été déçus : comme yavait plus d'cauchemar la nuit, les orcs au sud avaient décidé de faire une expédition nocturne (et violente) au nord, là où on avait notre camp et où les orcs femmes avaient leur tribu. Tirielle, Kacem, Marti et Belzagar - plus une lieutenant orc qui parlait assez le commun - ont monté leur embuscade pas loin d'la plage ousque la barque (et Gaerwen) les attendait. Et v'là qu's'amène une troupe de guerre de quelques dizaines de snagas plus quelques vrais orcs mieux équipés. Les copains étaient planqués derrière des rochers, mais le vent avait tourné dans l'mauvais sens et les orcs ont senti leur odeur...
Deux éclaireurs sont v'nus voir de plus près pendant qu'les autres attendaient. Les copains ont foncé sur les deux orcs - deux snagas en fait - lorsque les deux éclaireurs ont appelé leurs copains en disant qu'i avait du monde. De dos, Kacem en a assommé un avec une pierre, et Marti a assommé l'autre d'un coup de hache (pas le tranchant) dans la tête. Puis les deux ont été ramassés et les copains ont couru vers la barque, poursuivis par les dizaines d'orcs... et quelques flèches. Bon, les orcs tirent mal, mais ya quand même une flèche qui s'est enfoncé dans l'dos d'elfe, côté omoplate. Pas mortel, mais pas une p'tite blessure quand même.
Guérison et échange
Ils ont quand même réussi à faire monter l'elfe et les deux orcs dans la barque et à quitter l'rivage. J'crois qu'Belzagar a écopé d'une blessure légère aussi et ya p'têt' eu quelques égratignures en plus, mais rien d'méchant. Pis le coup de Marti dans la tête de l'orc avait été un peu fort, l'était bien amoché aussi, contrairement à l'autre qu'était légèrement blessé. Kacem a pensé que commencer l'contact en tuant un des orcs capturés, ça allait pas l'faire, fallait le soigner aussi. Problème : j'étais pas là, et les autres étaient pas très doués pour les pansements...
D'un côté, les orcs "de notre côté" (les cheftaines) ont été prév'nus qu'les orcs du sud voulaient tenter un coup de force au nord ; du coup elles ont rameuté du monde à elles pour les en empêcher - avec succès (mais bonjour le côté diplomatique). De l'autre côté, les copains sont venus me chercher dare-dare pour faire des soins aux deux grands blessés (et les autres). Bon, j'les ai soignés (flèche retirée, pansements...), y compris avec des herbes, mais j'ai dit qu'i faudrait attendre une semaine de repos complet pour la guérison. Y compris pour l'orc le plus amoché.
Ça en laissait tout de même un pas trop endommagé. Avec l'aide d'une lieutenant, le message a été donné comme quoi le groupe voulait juste discuter avec les chefs de la tribu pour quitter l'île. Les chefs devaient v'nir seuls sur la plage pas loin du lieu d'l'embuscade, un endroit dégagé, une nuit prochaine. Avec quelqu'un qui parlait l'commun - normalement ça d'vait êt' le cas des chefs. Pis l'orc a été ram'né sur son île pendant qu'l'autre guérissait. La nuit convenue, i's'sont pointés là-bas en barque.
Bien entendu, yavait plein d'orcs plus ou moins bien planqués, mais Kacem a l'oeil, même de nuit, et les copains ont pas débarqué. Après avoir gueulé et fait comprendre qu'les snagas d'vaient partir plus loin, leurs chefs leur ont dit de s'éloigner un peu et ont bien voulu parlementer. Les copains ont expliqué qu'ils devaient proposer aux orcs de quitter l'île avec eux, les orcs ont dit qu'i-z-allaient y réfléchir, et un nouveau rendez-vous a été pris. Et l'autre nuit, devinez quoi ? Ben les orcs ont dit oui. Au moins une centaine d'orcs, sans parler des p'tiots. Les copains étaient verts...
Autres tribus
Restait deux autres tribus à aller voir sur les autres îles ou bouts d'île proches. Au départ Tirielle était pas guérie je crois, Kacem y est allé avec Belzagar et Gaerwen et p'têt' un autre (une orc ? Me rappelle plus c'qu'i m'ont dit). Sont allés à l'est, où i-z-étaient jamais allés. Côté nord yavait quelques traces anciennes avec des cavernes, mais rien ne bougeait, alors sont allés plus au sud. Après une plaine y avait une forêt avec des traces fraîches... très fraîches même. En fait, Kacem est tombé sur quelques orcs, en plein jour.
Alors bon, ces orcs s'étaient habitués au jour (comme ça yavait pas d'cauchemar pour les empêcher de trouver à bouffer) mais i-z-étaient bien couverts et ils préféraient rester en forêt. Ces orcs-là étaient très discrets, heureusement Kacem l'était encore plus : il en a assommé un et les autres ont pris la fuite. L'orc a eu l'message, ses chefs sont venus (avec d'autres pas loin, en forêt, mais ça allait), mais ça a été vite réglé : ces orcs-là se foutaient de partir, ils s'étaient adaptés à l'île, donc ils voulaient pas changer. Parfait.
Tirielle avait guéri et avec les autres ils sont allés farfouiller dans les cavernes au nord, où yavait juste les traces anciennes. Ils ont entendu du bruit au fond d'une caverne et ils ont dû faire un peu d'exploration souterraine avant de trouver ce qui restait de la tribu : quelques orcs malingres, affamés et cinglés qui leur ont foncé dessus pour les bouffer. Contact bref : Tirielle leur a fait peur avec sa lumière elfique, et les autres les ont transpercés ou cognés. Bref, rien à en tirer, mais les copains avaient fait l'effort d'aller les voir. Rien à dire, ça faisait ça d'moins à embarquer.
Quant à la tribu pacifique menée par les femmes, ben elles ont fini par dire qu'une partie d'entre elles (et des snagas, et des p'tiots, etc.) resterait et qu'une autre partie embarquerait. Quelques dizaines, moins d'une centaine de snagas capables de combattre ou aider. En gros, ça ferait peut-être deux tiers d'orcs agressifs et pas fiables et un tiers d'orcs à peu près fiables (jusque-là) pour la traverser. Et les orcs fiables étaient prêtes à parier que les autres leur foutraient sur la gueule dès qu'ils seraient partis. Une belle traversée en perspective... Finalement, j'me d'mande si j'vais pas rester.
Pis question cauchemar, le départ qui s'annonce promet d'êt' pas mal et de pas durer qu'une nuit ! Pasqu'on va pas êt' seuls à partir, va falloir embarquer des tas d'orcs avec nous, y compris certains qu'ont lardé les copains de quelques flèches - la Tirielle est une abonnée des boutonnières dans l'dos. Déjà qu'la construction d'un bateau aussi grand promet, surtout qu'on a pas de charpentier parmi nous. Mais après, une fois qu'on s'ra partis, si on y arrive : qu'est-ce qui empêchera les orcs de nous foutre sur la tronche pour prendre la maîtrise du vaisseau ou nous bouffer ? Et combien de temps ça prendra, et où on va trouver assez de bouffe pour tenir ?
Une dette à honorer
Reprenons depuis l'début. J'ai donc passé quelques jours à r'monter l'moral du seigneur de l'île : entre mes compétences, mon côté gentil et les amulettes qu'on avait récupérées, ça avait l'air de lui faire super du bien. Résultat : plus d'cauchemar la nuit dans l'île, qu'i paraît. C'était pas d'sa volonté, enfin j'crois ; c'est juste que dans son état "classique", ya une magie dans l'île qui transforme les cauchemars profonds des gens en réalité. Mais quand i va mieux, on dirait qu'les cauchemars s'arrêtent de devenir vrais. Au pire, les gens font des cauchemars la nuit mais c'est tout.
J'en ai eu la confirmation quand les copains sont r'venus m'voir. Le seigneur avait r'fermé la porte entre sa "plage" et le p'tit paradis où j'créchais,une nuit, et l'avait pas l'air pressé de répondre aux copains qui voulaient qu'il ouvre. Fallait lui d'mander pas qu'un peu, et avec les formes, et êt' patient. Parfois c'est l'elfe qui s'y collait, parfois c'était Kacem : ya eu plusieurs allers-retours mais en général j'restais avec le seigneur névrosé. En plus d'une fois où z-avaient b'soin d'mes services, les copains v'naient régulièrement pour discuter avec le seigneur ou m'tenir au courant de c'qu'i f'saient.
Enfin bon, au début donc, i'm'disent qu'ya plus d'cauchemar, et moi j'leur dis qu'le maître de l'île est content d'moi et qu'i s'est endetté. Et donc on lui d'mande de pouvoir quitter l'île. D'ailleurs les copains, vu qu'i yavait plus ces foutus rêves à la con devenus réalité, avaient commencé à faire des plans pour améliorer la barque et partir de l'île. Problème : avec les courants et tout, et vu qu'c'était pas vraiment facile de mettre une voile sur la barque, on risquait surtout d'se crever à ramer sans aller là où on voulait, et finir dans des eaux que tout l'monde évitait en plus...
Bref : quitter l'île, c'était aussi s'faire aider par le gars (j'crois bien qu'c'est pas une femme) pour avoir une embarcation qui tienne la route. Pas d'problème qu'il nous dit, mais à une condition : il peut nous aider à fabriquer un vrai navire, mais faudra d'mander à tous les orcs s'i' veulent partir avec nous. Et si i disent oui, ben... faudra les prendre avec nous. Paraît, d'après l'seigneur, qu'i restait quatre tribus d'orcs sur l'île (ou plutôt le groupe d'îles), dont une presque éteinte. Rien qu'ça.
Contact piquant
Les copains étaient pas très jouasses, mais on n'avait pas vraiment l'choix. Alors sont allés voir les orcs avec qui on avait d'bons contacts et i leur ont proposé d'quitter l'île avec nous. Les cheftaines ont dit ni oui ni non, fallait qu'elles voient c'que les autres tribus diraient. Et en particulier une tribu au sud, assez "normale" (agressive, commandée par des orcs mâles comme un peu partout ailleurs), et qui arrêtait pas d'leur chercher des noises. Les deux autres tribus, elles savaient même pas qu'elles existaient encore, sur les îles à l'est : elles avaient perdu tout contact depuis longtemps.
Les copains s'sont dit qu'i fallait commencer par la tribu au sud, sur l'île ousqu'on était arrivés au début. Mais puisque c'étaient des orcs "normaux", le contact pacifique paraissait difficile, alors fallait ruser. Les copains ont pensé que capturer un orc pour lui parler (avec l'aide des cheftaines) et le renvoyer chez lui, ça pourrait le faire. Enfin, peut-être. Et v'là-t-y pas qu'i vont explorer l'île, de jour, pour savoir où tendre une embuscade. Bref, i-z-ont cherché des traces pour mieux connaître l'activité de cette autre tribu.
Ben i-z-ont pas été déçus : comme yavait plus d'cauchemar la nuit, les orcs au sud avaient décidé de faire une expédition nocturne (et violente) au nord, là où on avait notre camp et où les orcs femmes avaient leur tribu. Tirielle, Kacem, Marti et Belzagar - plus une lieutenant orc qui parlait assez le commun - ont monté leur embuscade pas loin d'la plage ousque la barque (et Gaerwen) les attendait. Et v'là qu's'amène une troupe de guerre de quelques dizaines de snagas plus quelques vrais orcs mieux équipés. Les copains étaient planqués derrière des rochers, mais le vent avait tourné dans l'mauvais sens et les orcs ont senti leur odeur...
Deux éclaireurs sont v'nus voir de plus près pendant qu'les autres attendaient. Les copains ont foncé sur les deux orcs - deux snagas en fait - lorsque les deux éclaireurs ont appelé leurs copains en disant qu'i avait du monde. De dos, Kacem en a assommé un avec une pierre, et Marti a assommé l'autre d'un coup de hache (pas le tranchant) dans la tête. Puis les deux ont été ramassés et les copains ont couru vers la barque, poursuivis par les dizaines d'orcs... et quelques flèches. Bon, les orcs tirent mal, mais ya quand même une flèche qui s'est enfoncé dans l'dos d'elfe, côté omoplate. Pas mortel, mais pas une p'tite blessure quand même.
Guérison et échange
Ils ont quand même réussi à faire monter l'elfe et les deux orcs dans la barque et à quitter l'rivage. J'crois qu'Belzagar a écopé d'une blessure légère aussi et ya p'têt' eu quelques égratignures en plus, mais rien d'méchant. Pis le coup de Marti dans la tête de l'orc avait été un peu fort, l'était bien amoché aussi, contrairement à l'autre qu'était légèrement blessé. Kacem a pensé que commencer l'contact en tuant un des orcs capturés, ça allait pas l'faire, fallait le soigner aussi. Problème : j'étais pas là, et les autres étaient pas très doués pour les pansements...
D'un côté, les orcs "de notre côté" (les cheftaines) ont été prév'nus qu'les orcs du sud voulaient tenter un coup de force au nord ; du coup elles ont rameuté du monde à elles pour les en empêcher - avec succès (mais bonjour le côté diplomatique). De l'autre côté, les copains sont venus me chercher dare-dare pour faire des soins aux deux grands blessés (et les autres). Bon, j'les ai soignés (flèche retirée, pansements...), y compris avec des herbes, mais j'ai dit qu'i faudrait attendre une semaine de repos complet pour la guérison. Y compris pour l'orc le plus amoché.
Ça en laissait tout de même un pas trop endommagé. Avec l'aide d'une lieutenant, le message a été donné comme quoi le groupe voulait juste discuter avec les chefs de la tribu pour quitter l'île. Les chefs devaient v'nir seuls sur la plage pas loin du lieu d'l'embuscade, un endroit dégagé, une nuit prochaine. Avec quelqu'un qui parlait l'commun - normalement ça d'vait êt' le cas des chefs. Pis l'orc a été ram'né sur son île pendant qu'l'autre guérissait. La nuit convenue, i's'sont pointés là-bas en barque.
Bien entendu, yavait plein d'orcs plus ou moins bien planqués, mais Kacem a l'oeil, même de nuit, et les copains ont pas débarqué. Après avoir gueulé et fait comprendre qu'les snagas d'vaient partir plus loin, leurs chefs leur ont dit de s'éloigner un peu et ont bien voulu parlementer. Les copains ont expliqué qu'ils devaient proposer aux orcs de quitter l'île avec eux, les orcs ont dit qu'i-z-allaient y réfléchir, et un nouveau rendez-vous a été pris. Et l'autre nuit, devinez quoi ? Ben les orcs ont dit oui. Au moins une centaine d'orcs, sans parler des p'tiots. Les copains étaient verts...
Autres tribus
Restait deux autres tribus à aller voir sur les autres îles ou bouts d'île proches. Au départ Tirielle était pas guérie je crois, Kacem y est allé avec Belzagar et Gaerwen et p'têt' un autre (une orc ? Me rappelle plus c'qu'i m'ont dit). Sont allés à l'est, où i-z-étaient jamais allés. Côté nord yavait quelques traces anciennes avec des cavernes, mais rien ne bougeait, alors sont allés plus au sud. Après une plaine y avait une forêt avec des traces fraîches... très fraîches même. En fait, Kacem est tombé sur quelques orcs, en plein jour.
Alors bon, ces orcs s'étaient habitués au jour (comme ça yavait pas d'cauchemar pour les empêcher de trouver à bouffer) mais i-z-étaient bien couverts et ils préféraient rester en forêt. Ces orcs-là étaient très discrets, heureusement Kacem l'était encore plus : il en a assommé un et les autres ont pris la fuite. L'orc a eu l'message, ses chefs sont venus (avec d'autres pas loin, en forêt, mais ça allait), mais ça a été vite réglé : ces orcs-là se foutaient de partir, ils s'étaient adaptés à l'île, donc ils voulaient pas changer. Parfait.
Tirielle avait guéri et avec les autres ils sont allés farfouiller dans les cavernes au nord, où yavait juste les traces anciennes. Ils ont entendu du bruit au fond d'une caverne et ils ont dû faire un peu d'exploration souterraine avant de trouver ce qui restait de la tribu : quelques orcs malingres, affamés et cinglés qui leur ont foncé dessus pour les bouffer. Contact bref : Tirielle leur a fait peur avec sa lumière elfique, et les autres les ont transpercés ou cognés. Bref, rien à en tirer, mais les copains avaient fait l'effort d'aller les voir. Rien à dire, ça faisait ça d'moins à embarquer.
Quant à la tribu pacifique menée par les femmes, ben elles ont fini par dire qu'une partie d'entre elles (et des snagas, et des p'tiots, etc.) resterait et qu'une autre partie embarquerait. Quelques dizaines, moins d'une centaine de snagas capables de combattre ou aider. En gros, ça ferait peut-être deux tiers d'orcs agressifs et pas fiables et un tiers d'orcs à peu près fiables (jusque-là) pour la traverser. Et les orcs fiables étaient prêtes à parier que les autres leur foutraient sur la gueule dès qu'ils seraient partis. Une belle traversée en perspective... Finalement, j'me d'mande si j'vais pas rester.
Journal de Tobias - récit n° 24
Le jour du départ de l'île semble approcher à grande vitesse... et les emm...-les problèmes avec. Et j'reste poli en plus, pasque franchement, faut êt' cinglé pour vouloir embarquer vu c'qui s'annonce être un sacré pari d'dingue. J'veux bien comprendre que les copains - certains du moins - pensent que les orcs seront assez cons pour s'entretuer tous et qu'on s'ra peinards après ça. Mais j'ai du mal à croire que certains profiteront pas d'l'occasion pour essayer d'nous faire la fête.
Alors on est p'têt' les plus malins, mais j'crois qu'les orcs ont une certaine forme d'intelligence quand i s'agit de tuer ou d'faire souffrir, d'après les histoires qu'on a pu m'raconter. Certains ont ramassé des poisons voire des serpents venimeux, et pis quoi d'autre ? Pis pour autant qu'je sache, i savent faire du feu ou tailler dans du bois, surtout qu'on leur a passé des chouettes outils pour le faire, et qu'i-z-ont été formés à ça ! Pis en plus on a pas l'temps d'finir le vaisseau comme i faudrait, l'île tiendra pas assez : on a trop bien pacifié les orcs, il en meurt plus assez pour les nourrir encore longtemps...
Organisation et apprentissage
Bon, au départ, moi chuis resté avec le seigneur de l'île comme si j'étais son meilleur pote. L'était pas causant mais l'avait l'air de vach'ment aimer l'histoire de ma vie ou celle des copains. Les copains, justement, ont pas tardé à rappliquer pour dire qu'leurs estimations du nombre d'orcs prêts à partir étaient sous-estimées, avec d'autres trucs concrets et demandes à faire. L'patron d'l'île a pas eu l'air de s'émouvoir beaucoup de tout ça. Quand un copain a d'mandé combien survivraient à la traversée, il a répondu qu'on pourrait s'estimer contents s'il en restait un sur cinq à la fin... et qu'on soit parmi ceux-là !
'fin bon, les autres m'ont raconté que réunir les deux tribus pour les faire travailler - ensemble de préférence - avait été un peu galère mais qu'ça s'était pas trop mal passé. Comprendre : z-avaient pu s'rencontrer sans s'foutre sur la gueule. Faut dire aussi qu'le chantier avait été choisi par le patron sur le sud de la grosse île au nord, ousqu'on avait not'camp, et qu'ça plaisait pas trop aux orcs : ceux du nord aimaient pas voir ceux du sud débarquer, et ces derniers avaient plus de déplacements à faire. Surtout qu'en fin d'nuit le seigneur voulait qu'on laisse le chantier libre pour faire ses trucs à lui.
Et faut bien dire qu'il a été réglo : à lui tout seul, avec sa magie à lui et les trucs qu'il a donnés, il a sûrement fait au moins autant de boulot que tous les autres (les orcs et nous). Le chantier était magique, des trucs se faisaient tout seuls, les pièces se déformaient ou s'mettaient à la bonne place, les travailleurs se chamaillaient moins ou savaient comment faire... Sans parler des consignes et des plans fournis, tous en elfique mais super détaillés. Sans parler des outils magiques qu'on a fini par trouver, couverts de runes : des haches qui tranchaient comme jamais, des métiers à tisser mais marchaient presque sans nous, etc.
Mais bon, c'est bien connu, les mauvais ouvriers ont toujours de mauvais outils. C'est une chose de savoir quel arbre i fallait pour tel morceau du vaisseau. Encore faut-il savoir à quoi ça r'semble dans la nature, le trouver, pis faut savoir le couper sans l'foutre en l'air ou faire en sorte qu'i s'coince pas dans un autre arbre, pis faut l'transporter sans l'abîmer, le tailler comme il faut, et tout et tout. Et l'bois c'est pas l'plus dur, en tout cas pour les plus courants : du chêne pour la coque et du pin pour les mats. Et pour les voiles, et d'autres trucs, on fait comment ?
Difficultés
Déjà, le bûcheronnage a été quelque chose. Même en laissant les orcs "chez eux" (dans leur île - on a fait deux chantiers pour qu'i s'mélangent pas et qu'i s'entretuent), ya eu d'la perte. D'abord pasque même si on arrivait à trouver les bons arbres, les faire tomber comme i faut c'est dur pour des orcs. Pis surtout, mettez une super hache dans la main d'un orc et r'gardez : i va vouloir s'en servir pour aut'chose que pour le bois, surtout qu's'il le fait pas, les autres viendront le faire pour lui et sur lui. Bref, ya eu des morts avant qu'chaque arme (on leur en avait filé quatre, plus deux pour nous) ait trouvé son proprio - un p'tit chef - et fait l'vide autour de lui. Toujours ça d'moins diront certains...
Après un moment, quand l'plus facile a été fait ou trouvé, les choses ont un peu ralenti. Pis l'bateau c'était bien beau, mais la flotte et la nourriture, on les transporte comment ? On s'est mis en tête de fabriquer des tonneaux avec l'aide du patron qui nous a dit comment faire et a fourni les cerclages. Restait à trouver les bons bois - plus rares - pour en tirer des merrains qu'allaient servir à faire des douelles qu'étaient les p'tites planches dont on fait les tonneaux. Pis fallait du chanvre - plus dur à trouver qu'du chêne- pour toiles et cordages, et plein d'aut'choses encore...
Au final, les copains sont v'nus m'chercher pasque j'étais c'ui qui connaissait l'mieux les plantes et que même si Farouk il était au poil pour trouver les trucs, bien fallait quand même savoir quoi chercher. D'un aut'côté, l'grand patron avait l'air bien motivé par les trucs magiques qu'i faisait donc l'avait moins besoin d'moi. Par contre, en parlant d'Farouk, j'ai pu constater un truc qu'il avait vu : les orcs ramassaient des poisons et avaient même embarqué des serpents, sans doute venimeux. Et sûrement pas pour les étudier et écrire des beaux bouquins, hein...
On pourrait rajouter qu'le chantier s'passait surtout la nuit, et qu'les nuits s'faisaient d'plus en plus courtes au début, surtout en comptant les déplacements (une ou deux heures de perdues à chaque début d'nuit) et l'temps pris par le grand patron. Pis maint'nant qu'i avait plus d'cauchemar, les orcs passaient plus de temps à trouver d'la bouffe en surface. Mais du coup i en avait moins, fallait plus de temps pour aller en chercher, etc. Et je passe sur les problèmes de gestion des orcs et apprendre à les commander et leur faire faire les bons trucs sans s'faire exploser la tronche... Faut dire que Kacem était pas trop mauvais pour ça.
Avancement
N'empêche que le chantier a bien avancé. Même si c'était pas parfait, le bois ramené s'est vite transformé en coque de navire, et la magie du seigneur faisait que même tordues et pas terribles, les pièces de bois s'ajustaient un peu toutes seules et qu'on risquerait pas trop d'avoir de fuites. Au début d'l'été la coque a pu êt' mise à l'eau, et une partie du chantier a pu continuer sur la flotte, comme les ponts ou les mâts. On a aussi dû faire une nouvelle chaloupe pour transporter du monde, et je passe sur les tonneaux et d'autres trucs qu'on faisait à terre...
Le vaisseau f'sait une trentaine de pas de long, p'têt' le tiers de large, avec deux mâts principaux. Au-d'sus d'la cale, qu'il a fallu lester de sable et de galets, i yavait deux entreponts (deux étages assez bas d'plafond, quoi), pis l'pont supérieur (à l'extérieur) avec des parties fermées à l'avant et à l'arrière, les châteaux j'crois qu'ça s'appelle. L'grand manitou de l'île nous a filé une ancre légère mais sans doute magique avec non pas une chaîne mais une grosse corde qu'avait l'air super résistante. Et j'en passe et des meilleures.
Gaerwen et Belzagar disaient quand même qu'i yavait des trucs qu'i' comprenaient pas ou qui les inquiétaient un peu. Par exemple que normalement i ya des pompes pour vider la flotte qui finit toujours par trouver le chemin d'la cale. Pas là, pis l'seigneur avait pas l'air de penser qu'ça s'rait utile apparemment. Ou alors p'têt' qu'i pensait qu'la traversée s'rait trop courte ou qu'i s'fichait qu'on coule après, à voir. On était plusieurs à penser plutôt qu'avec toutes les runes partout sur la coque, l'eau s'en irait toute seule... Pareil pour le nombre de marins nécessaires pour faire avancer l'vaisseau : on comptait sur la magie pour aider, mais on savait pas du tout comment ça s'rait en vrai...
A terre, la confection des voiles et cordages avançait pas mal, même si ça d'mandait beaucoup d'monde. On manquait pas d'bois vu tout c'qu'on f'sait tomber et la perte pour arriver aux pièces de la dimension qu'on voulait. Même s'il était pas sec on s'en servait pour fumer des trucs à bouffer. On récoltait aussi du sel pour saler d'la nourriture. Quand i yavait besoin de trucs métalliques Marti arrivait à en faire certains, mais si c'était un peu plus dur le patron d'l'île nous l'apportait... la plupart du temps.
Menaces
Par contre, on avait un gros problème : le temps. Ben ouais, pour tout bien faire (voire plus), l'aurait fallu un an pour achever le vaisseau, avoir toutes les provisions nécessaires, les tonneaux et tout et tout. Mais les ors, maintenant qu'les cauchemars étaient plus là pour les réguler et les maint'nir en sous-sol, ben i bouffaient d'plus en plus, en particulier les animaux. Ça laissait d'moins en moins d'trucs pour s'nourrir et faire des provisions pour la route. Et ça commençait à poser des problèmes relationnels, comme si yavait besoin d'ça avec les orcs... En bref, plus on attendait, plus ça risquait de tourner au vinaigre.
Des copains s'sont dits qu'une bonne guerre entre orcs avant la traversée nous f'rait pas mal d'ennuis en moins, mais rien n'disait qu'i s'en prendraient pas au vaisseau ou nous. Après l'été, ça d'viendrait d'plus en plus dur de t'nir, pis en plus l'automne était pas une bonne saison pour voyager : plus on allait vers l'hiver, plus on risquait des tempêtes et des vents pas sympas. Mais si on pouvait p'têt' partir à la fin d'l'été, les cordages et voiles s'raient pas au top, les cloisons à bord seraient limitées, comme l'eau et la bouffe, et l'ensemble du bateau.
En gros, plus on attendait plus ça risquait d'péter, sans parler du fait que la nourriture allait être plus dure à trouver - et on était d'la nourriture pour les orcs ! Et la mauvaise saison arriverait bien assez tôt. Mais si on partait plus tôt, le navire s'rait plus fragile, il irait moins vite, il serait moins confortable et les deux tribus d'orcs seraient moins bien isolées l'une de l'autre. Et risquaient encore plus de s'fout' sur la gueule et sur la nôtre au passage. Et on aurait moins d'réserves, en eau comme en nourriture. Ça causait sec entre nous, et l'Belzagar était pas tendre sur nos chances de partir et surtout d'arriver entiers.
Au final, on a dû faire des compromis. On a choisi de partir au milieu de l'automne pour nous laisser plus de temps pour avancer, même si on risquait quelques grains, et l'a fallu gérer des tensions grandissantes entre les orcs. Le bateau - le gros oeuvre - s'rait presque fini, même si le confort laisserait à désirer et la promiscuité risquait de faire des dégâts entre les orcs. Pis les réserves s'raient insuffisantes, surtout la nourriture. En bref, on comptait bien qu'les orcs se frittent et s'bouffent entre eux - et on avait aménagé les passages pour les isoler d'nous - et qu'on pêcherait ou trouverait vite la terre ferme... ou on s'serrerait la ceinture un moment. Tout en priant Eru qu'les orcs f'raient pas de trou dans la coque ou mettraient pas l'feu au navire. L'espoir fait vivre y paraît...
Alors on est p'têt' les plus malins, mais j'crois qu'les orcs ont une certaine forme d'intelligence quand i s'agit de tuer ou d'faire souffrir, d'après les histoires qu'on a pu m'raconter. Certains ont ramassé des poisons voire des serpents venimeux, et pis quoi d'autre ? Pis pour autant qu'je sache, i savent faire du feu ou tailler dans du bois, surtout qu'on leur a passé des chouettes outils pour le faire, et qu'i-z-ont été formés à ça ! Pis en plus on a pas l'temps d'finir le vaisseau comme i faudrait, l'île tiendra pas assez : on a trop bien pacifié les orcs, il en meurt plus assez pour les nourrir encore longtemps...
Organisation et apprentissage
Bon, au départ, moi chuis resté avec le seigneur de l'île comme si j'étais son meilleur pote. L'était pas causant mais l'avait l'air de vach'ment aimer l'histoire de ma vie ou celle des copains. Les copains, justement, ont pas tardé à rappliquer pour dire qu'leurs estimations du nombre d'orcs prêts à partir étaient sous-estimées, avec d'autres trucs concrets et demandes à faire. L'patron d'l'île a pas eu l'air de s'émouvoir beaucoup de tout ça. Quand un copain a d'mandé combien survivraient à la traversée, il a répondu qu'on pourrait s'estimer contents s'il en restait un sur cinq à la fin... et qu'on soit parmi ceux-là !
'fin bon, les autres m'ont raconté que réunir les deux tribus pour les faire travailler - ensemble de préférence - avait été un peu galère mais qu'ça s'était pas trop mal passé. Comprendre : z-avaient pu s'rencontrer sans s'foutre sur la gueule. Faut dire aussi qu'le chantier avait été choisi par le patron sur le sud de la grosse île au nord, ousqu'on avait not'camp, et qu'ça plaisait pas trop aux orcs : ceux du nord aimaient pas voir ceux du sud débarquer, et ces derniers avaient plus de déplacements à faire. Surtout qu'en fin d'nuit le seigneur voulait qu'on laisse le chantier libre pour faire ses trucs à lui.
Et faut bien dire qu'il a été réglo : à lui tout seul, avec sa magie à lui et les trucs qu'il a donnés, il a sûrement fait au moins autant de boulot que tous les autres (les orcs et nous). Le chantier était magique, des trucs se faisaient tout seuls, les pièces se déformaient ou s'mettaient à la bonne place, les travailleurs se chamaillaient moins ou savaient comment faire... Sans parler des consignes et des plans fournis, tous en elfique mais super détaillés. Sans parler des outils magiques qu'on a fini par trouver, couverts de runes : des haches qui tranchaient comme jamais, des métiers à tisser mais marchaient presque sans nous, etc.
Mais bon, c'est bien connu, les mauvais ouvriers ont toujours de mauvais outils. C'est une chose de savoir quel arbre i fallait pour tel morceau du vaisseau. Encore faut-il savoir à quoi ça r'semble dans la nature, le trouver, pis faut savoir le couper sans l'foutre en l'air ou faire en sorte qu'i s'coince pas dans un autre arbre, pis faut l'transporter sans l'abîmer, le tailler comme il faut, et tout et tout. Et l'bois c'est pas l'plus dur, en tout cas pour les plus courants : du chêne pour la coque et du pin pour les mats. Et pour les voiles, et d'autres trucs, on fait comment ?
Difficultés
Déjà, le bûcheronnage a été quelque chose. Même en laissant les orcs "chez eux" (dans leur île - on a fait deux chantiers pour qu'i s'mélangent pas et qu'i s'entretuent), ya eu d'la perte. D'abord pasque même si on arrivait à trouver les bons arbres, les faire tomber comme i faut c'est dur pour des orcs. Pis surtout, mettez une super hache dans la main d'un orc et r'gardez : i va vouloir s'en servir pour aut'chose que pour le bois, surtout qu's'il le fait pas, les autres viendront le faire pour lui et sur lui. Bref, ya eu des morts avant qu'chaque arme (on leur en avait filé quatre, plus deux pour nous) ait trouvé son proprio - un p'tit chef - et fait l'vide autour de lui. Toujours ça d'moins diront certains...
Après un moment, quand l'plus facile a été fait ou trouvé, les choses ont un peu ralenti. Pis l'bateau c'était bien beau, mais la flotte et la nourriture, on les transporte comment ? On s'est mis en tête de fabriquer des tonneaux avec l'aide du patron qui nous a dit comment faire et a fourni les cerclages. Restait à trouver les bons bois - plus rares - pour en tirer des merrains qu'allaient servir à faire des douelles qu'étaient les p'tites planches dont on fait les tonneaux. Pis fallait du chanvre - plus dur à trouver qu'du chêne- pour toiles et cordages, et plein d'aut'choses encore...
Au final, les copains sont v'nus m'chercher pasque j'étais c'ui qui connaissait l'mieux les plantes et que même si Farouk il était au poil pour trouver les trucs, bien fallait quand même savoir quoi chercher. D'un aut'côté, l'grand patron avait l'air bien motivé par les trucs magiques qu'i faisait donc l'avait moins besoin d'moi. Par contre, en parlant d'Farouk, j'ai pu constater un truc qu'il avait vu : les orcs ramassaient des poisons et avaient même embarqué des serpents, sans doute venimeux. Et sûrement pas pour les étudier et écrire des beaux bouquins, hein...
On pourrait rajouter qu'le chantier s'passait surtout la nuit, et qu'les nuits s'faisaient d'plus en plus courtes au début, surtout en comptant les déplacements (une ou deux heures de perdues à chaque début d'nuit) et l'temps pris par le grand patron. Pis maint'nant qu'i avait plus d'cauchemar, les orcs passaient plus de temps à trouver d'la bouffe en surface. Mais du coup i en avait moins, fallait plus de temps pour aller en chercher, etc. Et je passe sur les problèmes de gestion des orcs et apprendre à les commander et leur faire faire les bons trucs sans s'faire exploser la tronche... Faut dire que Kacem était pas trop mauvais pour ça.
Avancement
N'empêche que le chantier a bien avancé. Même si c'était pas parfait, le bois ramené s'est vite transformé en coque de navire, et la magie du seigneur faisait que même tordues et pas terribles, les pièces de bois s'ajustaient un peu toutes seules et qu'on risquerait pas trop d'avoir de fuites. Au début d'l'été la coque a pu êt' mise à l'eau, et une partie du chantier a pu continuer sur la flotte, comme les ponts ou les mâts. On a aussi dû faire une nouvelle chaloupe pour transporter du monde, et je passe sur les tonneaux et d'autres trucs qu'on faisait à terre...
Le vaisseau f'sait une trentaine de pas de long, p'têt' le tiers de large, avec deux mâts principaux. Au-d'sus d'la cale, qu'il a fallu lester de sable et de galets, i yavait deux entreponts (deux étages assez bas d'plafond, quoi), pis l'pont supérieur (à l'extérieur) avec des parties fermées à l'avant et à l'arrière, les châteaux j'crois qu'ça s'appelle. L'grand manitou de l'île nous a filé une ancre légère mais sans doute magique avec non pas une chaîne mais une grosse corde qu'avait l'air super résistante. Et j'en passe et des meilleures.
Gaerwen et Belzagar disaient quand même qu'i yavait des trucs qu'i' comprenaient pas ou qui les inquiétaient un peu. Par exemple que normalement i ya des pompes pour vider la flotte qui finit toujours par trouver le chemin d'la cale. Pas là, pis l'seigneur avait pas l'air de penser qu'ça s'rait utile apparemment. Ou alors p'têt' qu'i pensait qu'la traversée s'rait trop courte ou qu'i s'fichait qu'on coule après, à voir. On était plusieurs à penser plutôt qu'avec toutes les runes partout sur la coque, l'eau s'en irait toute seule... Pareil pour le nombre de marins nécessaires pour faire avancer l'vaisseau : on comptait sur la magie pour aider, mais on savait pas du tout comment ça s'rait en vrai...
A terre, la confection des voiles et cordages avançait pas mal, même si ça d'mandait beaucoup d'monde. On manquait pas d'bois vu tout c'qu'on f'sait tomber et la perte pour arriver aux pièces de la dimension qu'on voulait. Même s'il était pas sec on s'en servait pour fumer des trucs à bouffer. On récoltait aussi du sel pour saler d'la nourriture. Quand i yavait besoin de trucs métalliques Marti arrivait à en faire certains, mais si c'était un peu plus dur le patron d'l'île nous l'apportait... la plupart du temps.
Menaces
Par contre, on avait un gros problème : le temps. Ben ouais, pour tout bien faire (voire plus), l'aurait fallu un an pour achever le vaisseau, avoir toutes les provisions nécessaires, les tonneaux et tout et tout. Mais les ors, maintenant qu'les cauchemars étaient plus là pour les réguler et les maint'nir en sous-sol, ben i bouffaient d'plus en plus, en particulier les animaux. Ça laissait d'moins en moins d'trucs pour s'nourrir et faire des provisions pour la route. Et ça commençait à poser des problèmes relationnels, comme si yavait besoin d'ça avec les orcs... En bref, plus on attendait, plus ça risquait de tourner au vinaigre.
Des copains s'sont dits qu'une bonne guerre entre orcs avant la traversée nous f'rait pas mal d'ennuis en moins, mais rien n'disait qu'i s'en prendraient pas au vaisseau ou nous. Après l'été, ça d'viendrait d'plus en plus dur de t'nir, pis en plus l'automne était pas une bonne saison pour voyager : plus on allait vers l'hiver, plus on risquait des tempêtes et des vents pas sympas. Mais si on pouvait p'têt' partir à la fin d'l'été, les cordages et voiles s'raient pas au top, les cloisons à bord seraient limitées, comme l'eau et la bouffe, et l'ensemble du bateau.
En gros, plus on attendait plus ça risquait d'péter, sans parler du fait que la nourriture allait être plus dure à trouver - et on était d'la nourriture pour les orcs ! Et la mauvaise saison arriverait bien assez tôt. Mais si on partait plus tôt, le navire s'rait plus fragile, il irait moins vite, il serait moins confortable et les deux tribus d'orcs seraient moins bien isolées l'une de l'autre. Et risquaient encore plus de s'fout' sur la gueule et sur la nôtre au passage. Et on aurait moins d'réserves, en eau comme en nourriture. Ça causait sec entre nous, et l'Belzagar était pas tendre sur nos chances de partir et surtout d'arriver entiers.
Au final, on a dû faire des compromis. On a choisi de partir au milieu de l'automne pour nous laisser plus de temps pour avancer, même si on risquait quelques grains, et l'a fallu gérer des tensions grandissantes entre les orcs. Le bateau - le gros oeuvre - s'rait presque fini, même si le confort laisserait à désirer et la promiscuité risquait de faire des dégâts entre les orcs. Pis les réserves s'raient insuffisantes, surtout la nourriture. En bref, on comptait bien qu'les orcs se frittent et s'bouffent entre eux - et on avait aménagé les passages pour les isoler d'nous - et qu'on pêcherait ou trouverait vite la terre ferme... ou on s'serrerait la ceinture un moment. Tout en priant Eru qu'les orcs f'raient pas de trou dans la coque ou mettraient pas l'feu au navire. L'espoir fait vivre y paraît...
Journal de Tobias - récit n° 25
Ben ça y est, on est parti, l'île est loin derrière nous à présent. Cela dit, si j'ai bien compris, les courants nous y ramèn'raient vite si yavait pas les vents favorables pour nous pousser vers l'est et la terre ferme. J'crois qu'le Belzagar a perdu un pari avec chais plus qui comme quoi on s'rait encore sur l'île au moment où j'écris ça. A sa décharge, vu comme ça s'présentait, avec les difficultés que les orcs ont posées pour l'embarquement, j'ai aussi été surpris qu'on arrive à partir si vite, avec juste assez de retard pour attendre la marée haute...
Pas que tout soit rose à présent, et même on peut dire qu'le plus dur est d'vant nous : à peu près l'équivalent de cinq cents orcs adultes sous les ponts (en comptant trois diablotins comme un adulte - quesqu'i' puent tous !), des vivres en trop p'tite quantité (la plus grosse réserve, c'est les gamins orcs - vive le cannibalisme), une saison automnale avec son lot de mauvais temps (même si on est parti sous des cieux parfaits), et à l'est un grand désert sans rien à bouffer ou à boire, et peut-être des pirates prêts à nous tomber dessus ! La joie, quoi...
Derniers préparatifs
Ben voilà, le départ commençait à montrer l'bout d'son nez, et les questions avec, comme par exemple : comment on embarque les orcs, et en particulier ceux du sud, qu'ont du ch'min à faire sur la flotte avant d'arriver au chantier ousque l'navire est ancré pas loin ? Comment on gère tout ce monde puant sur le vaisseau ? Et après, par où on part, sachant que l'île est pleine de récifs au sud ? Et comment l'navire va s'comporter avec un équipage d'une demi-douzaine de personnes alors qu'il en faudrait au moins l'triple ?
Les orcs sentaient qu'le jour du départ était proche, et i's sont pas gênés pour faire savoir qu'i voulaient en savoir plus. Surtout que si certains (du sud) avaient montré qu'i pouvaient traverser des p'tits passages en s'accrochant à des troncs et p'tits radeaux de pacotille, fallait pas compter là-d'ssus pour la plupart des snagas et de leur marmaille, les diablotins. Et vu l'nombre qu'i-z-étaient, fallait pas trop espérer sur nos p'tits bras musclés pour tous leur faire faire un tour en chaloupe jusqu'à bord. Belzagar en tout cas y était complètement opposé, l'avait fait savoir bien assez tôt et assez fort !
Pourtant, c'est bien un peu c'qui a été décidé : on a montré aux orcs comment faire des radeaux un peu plus que ridicules (mais pas trop, pour pas leur donner des idées), histoire que les guerriers, les plus forts, se dépatouillent par eux-mêmes. Pis les autres, les gamins et les adultes qui s'occupaient d'eux, ben i viendraient en barque. Une pour les orcs du nord, commandés par les matrones, une pour ceux du sud, les plus agressifs. Restait à trouver qui allait manier les rames de c'dernier groupe, et ça c'était pas gagné d'avance. En tout cas les marins avaient montré la couleur en refusant net.
Pour le reste, ben on a fait du travail de repérage. La Tirielle et et moi on est montés sur une barque dirigée par deux d'entre nous, pis on est allé voir au nord puis au sud - ça a pris deux jours. Au nord, y avait plein d'récifs, ça paraissait plus dur qu'au sud. Alors on a préparé le chemin dans not'tête, pis on a décidé qu'au début, le navire suivrait la barque pour êt' sûr de pas prendre un récif dans la coque. Ça prendrait du temps, mais on avait qu'un seul bateau alors c'était vite vu... Et pis on a chargé la flotte, les provisions et nos maigres affaires, pis la Gaerwen a fait quelques essais de manoeuvres, qui l'ont complètement bluffée. Même avec trop peu de monde, le navire réagissait super bien, comme s'il agissait à moitié tout seul. C'est magique ! Pardi, avec toutes les runes dont il était farci...
Destination
On a aussi eu une p'tit' discussion entre nous pour savoir où aller. Pasque c'est bien beau d'avoir un bateau, mais encore faut-il savoir où aller, surtout avec des vivres et d'la flotte en quantité limitée. Faut dire que plein est, à une semaine si tout allait bien d'après not' seigneur de l'île, les marins nous ont dit qu'i yavait un énorme désert sans rien à bouffer ou boire, et à peu près personne, même sur les côtes, pour nous aider. Sans parler des pirates qu'on pouvait rencontrer, même si yavait peu à craindre : ceux d'Umbar v'naient pas aussi loin au sud, et comme ya rien à piller par là, yavait guère que quelques navires marchands pour passer là, et pas trop souvent à cet' saison.
Au départ les copains voulaient aller au nord-est vers Umbar, mais les marins ont dit qu'on avait sans doute fait plus d'la moitié du ch'min vers le sud quand on était esclave dans leur cale, donc qu'Umbar était trop loin. Pour eux, si on voulait trouver la civilisation, c'était plus court au sud. Evidemment, la civilisation en question, c'étaient des Haradrim, même si ça voulait pas dire grand-chose : Haradrim, pour les gens d'Gondor, ça veut dire Suderons, soit tous les gens qui vivent au sud de chez eux. Pourtant sont pas tous pareils. N'empêche que c'est à eux qu'les copains d'vaient être vendus comme esclaves, alors ça leur disait pas trop...
Alors au final, quesque vous voulez qu'on fasse ? Si on va plein est on tombe sur un désert qui nous fait une belle jambe, pis faut longer la côte au nord ou au sud, c'qui prend du temps, qu'on a pas forcément. Si on passe par la pleine mer on a plus de chance de s'louper sur la destination, malgré un truc pour repérer sa position grâce aux étoiles ou au soleil, un sextant ça s'appelle, ou astrolabe, chais pas trop la différence entre les deux. Les copains marins m'ont dit de d'mander au big boss si i pouvait nous en donner un, j'ai fait mon gentil hobbit et il a dit oui et il nous a fourni un drôle d'appareil pour connaître not'position.
Pis on s'est dit qu'une fois la première côte en vue, ça allait remuer sévère parmi les orcs, et qu'i-z-auraient moins b'soin d'nous. Bref, le risque s'rait maximal et on aurait intérêt à s'tailler vite fait loin des orcs, dans une chaloupe par exemple. En fin d'compte, le peu sur lequel on est tombés d'accord c'est à peu près ça : on irait à l'est, pis, si on arrivait entiers et vivants en vue des côtes, faudrait improviser selon notre état du moment et celui des orcs. En priant très fort Eru que tout s'passe bien (hem !).
Embarquement
Bon, alors déjà, puisqu'on allait devoir faire pas mal d'allers-retours en barque, autant faire en sorte de limiter les distances à parcourir. Gaerwen, après avoir testé la manœuvrabilité du navire, l'a approché de la plage où le chantier avait lieu. Objectif : diviser la distance à parcourir en barque par deux. Pas évident, vu la taille du navire. Fallait pas l'approcher trop sinon, une fois tout le monde à bord, i pourrait être échoué définitivement... sauf à vider une partie des gens (on r'commence, quoi !) ou du stock (eau, nourriture...). Donc, juste échoué à marée basse mais libre à marée haute. Ben chais pas si la magie du vaisseau a contribué pour beaucoup, mais ça a été succès sur toute la ligne !
Pis l'a fallu faire monter les orcs à bord. On a commencé par ceux du nord. D'abord pasque c'étaient les plus près, ensuite pasqu'i-z-étaient moins nombreux et on voulait qu'i soient à bord en majorité avant qu'les autres arrivent, histoire d'éviter d'commencer une p'tit' guéguerre. Surtout qu'i sont plus ou moins nos alliés, plus ou moins fiables, alors qu'les autres on voudrait surtout s'en débarrasser, on sait qu'i vont fout' la merde à bord. En plus, au nord i-z-avaient mieux pigé qu'les autres la construction d'radeaux, donc sont arrivés plus vite. En gros, ça s'est bien passé avec eux, et z-étaient à peu près bien gérés par les matrones.
Ceux du sud, par contre... Kacem et Gaerwen s'étaient coltinés l'embarquement des diablotins. Z-ont pas pu donner trois coups d'aviron qu'les sales mioches ont commencé à leur grimper d'sus et à vouloir faire leurs dents sur eux. Quelques grands coups d'rame et une grande partie étaient à la flotte et bye-bye ! L'a fallu faire venir Marti et sa hache, plus un ou deux découpages en règle, pour leur apprendre à s'tenir tranquilles. Après quoi l'embarquement a pu s'faire, juste un peu plus lent. Ya eu du retard si bien qu'au lever du soleil i-z-étaient pas tous à bord. Mais l'soleil les a calmés et en milieu d'matinée tout était prêt. Et la marée haute était en fin d'matinée donc au final on a pas perdu d'temps.
A bord, pour les faire aller où i fallait et pas ailleurs, et sans qu'i fassent n'importe quoi, ça a pas été simple non plus. Heureusement, Belzagar a retrouvé son rôle d'antan : Bosco. Et en plus il avait un fouet. Ben là, même si les orcs comprenaient pas c'qu'i disait, c'est fou comme i-z-arrivaient vite à traduire et deviner c'qui fallait qu'i fassent ou pas ! L'incroyable est donc arrivé : les deux tribus ont fini dans les entreponts qu'on leur avait préparés, à deux endroits séparés, sans presque aucune perte ou conflit ! Et sans avoir à combattre plus que ça...
Début de traversée
Et ben on est donc partis. Bon, i f'sait jour et les orcs s'tenaient un peu à carreau, ça gueulait mais ça aurait pu êt' pire. Avec Tirielle on a guidé l'navire depuis une barque pour qu'il évite tous les récifs et Gaerwen a piloté ça aux petits oignons, malgré l'manque de marins compétents (et la fatigue). Par contre quand chuis r'monté à bord, les orcs puaient tous tellement que j'ai pas pu supporter et j'me suis réfugié le plus loin possible, sur le nid d'pie du plus grand mât. J'ai cru comprendre aussi qu'les copains avaient r'marqué qu'les principales possessions des orcs, c'étaient des armes. Pis yavait des sacs avec des serpents, et probablement des poisons, des somnifères, de quoi faire du feu, et d'autres trucs qui promettaient une traversée mouvementée...
N'empêche que l'temps était génial, pas un nuage, un vent régulier d'ouest pour nous pousser juste là où fallait. Sauf que sortir des parages de l'île avait pris toute la journée, la nuit tombait et les orcs commençaient à remuer, fallait les laisser sortir un peu. Mais pas question de les laisser monter sur le pont tous ou tous ensemble. Après discussion, on a décidé de faire des quarts chaque nuit. Le premier quart les orcs du nord pourraient monter, les autres quarts ce s'rait ceux du sud, et pas plus d'une trentaine à la fois. Pour les premiers, OK, ça s'est bien passé.
Pour ceux du sud, Kacem a baragouiné un truc pour que ce soit accepté par le chef, j'ai pas tout compris et ch'crois qu'le chef non plus mais du coup il a pu les tenir. En fait ya que les meilleurs du clan qui sont sortis et i sont restés tout l'reste de la nuit, pasque c'étaient eux les plus forts et pis voilà. On avait dit qu'i pouvaient pas aller aux châteaux avant et arrière, et on avait déconseillé d'monter aux cordages. Plusieurs ont commencé à grimper, un est tombé à la baille, un autre sur le pont, et les autres ont préféré redescendre. Sauf un bien agile qu'a pas compris que j'voulais pas d'lui avec moi. Au premier jet d'fronde i s'est arrêté, un peu sonné. Au second, l'a fait la dernière chute de sa vie. Z-en faites pas, l'a vite été recyclé...
Plus bas, c'était pas triste non plus. Plusieurs orcs ont voulu aller ousque c'était pas permis. Y en a un qu'avait une hache magique et qu'a pas voulu écouter l'nain qu'avait la même. Les deux s'sont frités, Marti était plus rapide, il a explosé la tête de l'orc. Mais sa hache a fini en p'tits morceaux, sans doute un truc magique. Pas grave, l'a pris la hache de l'orc mort. Ailleurs, entre une pierre de Kacem et une flèche de Farouk, les orcs ont compris qu'i-z-étaient ptêt' les plus nombreux mais qu'i s'raient les premiers à crever, ça les a r'froidis. Pis quand i-z-ont pas voulu rev'nir sous l'pont, Kacem a fait r'marquer au chef qu'le soleil finirait par se lever, qu'i resteraient donc pas sur le pont, et qu'après on rouvrirait pas l'écoutille pour la nuit prochaine. L'a dû trouver qu'les arguments du voleur d'Umbar étaient pas mauvais et du coup l'a accepté d'faire rentrer ses troupes. Et une première journée de passée, une !
Pas que tout soit rose à présent, et même on peut dire qu'le plus dur est d'vant nous : à peu près l'équivalent de cinq cents orcs adultes sous les ponts (en comptant trois diablotins comme un adulte - quesqu'i' puent tous !), des vivres en trop p'tite quantité (la plus grosse réserve, c'est les gamins orcs - vive le cannibalisme), une saison automnale avec son lot de mauvais temps (même si on est parti sous des cieux parfaits), et à l'est un grand désert sans rien à bouffer ou à boire, et peut-être des pirates prêts à nous tomber dessus ! La joie, quoi...
Derniers préparatifs
Ben voilà, le départ commençait à montrer l'bout d'son nez, et les questions avec, comme par exemple : comment on embarque les orcs, et en particulier ceux du sud, qu'ont du ch'min à faire sur la flotte avant d'arriver au chantier ousque l'navire est ancré pas loin ? Comment on gère tout ce monde puant sur le vaisseau ? Et après, par où on part, sachant que l'île est pleine de récifs au sud ? Et comment l'navire va s'comporter avec un équipage d'une demi-douzaine de personnes alors qu'il en faudrait au moins l'triple ?
Les orcs sentaient qu'le jour du départ était proche, et i's sont pas gênés pour faire savoir qu'i voulaient en savoir plus. Surtout que si certains (du sud) avaient montré qu'i pouvaient traverser des p'tits passages en s'accrochant à des troncs et p'tits radeaux de pacotille, fallait pas compter là-d'ssus pour la plupart des snagas et de leur marmaille, les diablotins. Et vu l'nombre qu'i-z-étaient, fallait pas trop espérer sur nos p'tits bras musclés pour tous leur faire faire un tour en chaloupe jusqu'à bord. Belzagar en tout cas y était complètement opposé, l'avait fait savoir bien assez tôt et assez fort !
Pourtant, c'est bien un peu c'qui a été décidé : on a montré aux orcs comment faire des radeaux un peu plus que ridicules (mais pas trop, pour pas leur donner des idées), histoire que les guerriers, les plus forts, se dépatouillent par eux-mêmes. Pis les autres, les gamins et les adultes qui s'occupaient d'eux, ben i viendraient en barque. Une pour les orcs du nord, commandés par les matrones, une pour ceux du sud, les plus agressifs. Restait à trouver qui allait manier les rames de c'dernier groupe, et ça c'était pas gagné d'avance. En tout cas les marins avaient montré la couleur en refusant net.
Pour le reste, ben on a fait du travail de repérage. La Tirielle et et moi on est montés sur une barque dirigée par deux d'entre nous, pis on est allé voir au nord puis au sud - ça a pris deux jours. Au nord, y avait plein d'récifs, ça paraissait plus dur qu'au sud. Alors on a préparé le chemin dans not'tête, pis on a décidé qu'au début, le navire suivrait la barque pour êt' sûr de pas prendre un récif dans la coque. Ça prendrait du temps, mais on avait qu'un seul bateau alors c'était vite vu... Et pis on a chargé la flotte, les provisions et nos maigres affaires, pis la Gaerwen a fait quelques essais de manoeuvres, qui l'ont complètement bluffée. Même avec trop peu de monde, le navire réagissait super bien, comme s'il agissait à moitié tout seul. C'est magique ! Pardi, avec toutes les runes dont il était farci...
Destination
On a aussi eu une p'tit' discussion entre nous pour savoir où aller. Pasque c'est bien beau d'avoir un bateau, mais encore faut-il savoir où aller, surtout avec des vivres et d'la flotte en quantité limitée. Faut dire que plein est, à une semaine si tout allait bien d'après not' seigneur de l'île, les marins nous ont dit qu'i yavait un énorme désert sans rien à bouffer ou boire, et à peu près personne, même sur les côtes, pour nous aider. Sans parler des pirates qu'on pouvait rencontrer, même si yavait peu à craindre : ceux d'Umbar v'naient pas aussi loin au sud, et comme ya rien à piller par là, yavait guère que quelques navires marchands pour passer là, et pas trop souvent à cet' saison.
Au départ les copains voulaient aller au nord-est vers Umbar, mais les marins ont dit qu'on avait sans doute fait plus d'la moitié du ch'min vers le sud quand on était esclave dans leur cale, donc qu'Umbar était trop loin. Pour eux, si on voulait trouver la civilisation, c'était plus court au sud. Evidemment, la civilisation en question, c'étaient des Haradrim, même si ça voulait pas dire grand-chose : Haradrim, pour les gens d'Gondor, ça veut dire Suderons, soit tous les gens qui vivent au sud de chez eux. Pourtant sont pas tous pareils. N'empêche que c'est à eux qu'les copains d'vaient être vendus comme esclaves, alors ça leur disait pas trop...
Alors au final, quesque vous voulez qu'on fasse ? Si on va plein est on tombe sur un désert qui nous fait une belle jambe, pis faut longer la côte au nord ou au sud, c'qui prend du temps, qu'on a pas forcément. Si on passe par la pleine mer on a plus de chance de s'louper sur la destination, malgré un truc pour repérer sa position grâce aux étoiles ou au soleil, un sextant ça s'appelle, ou astrolabe, chais pas trop la différence entre les deux. Les copains marins m'ont dit de d'mander au big boss si i pouvait nous en donner un, j'ai fait mon gentil hobbit et il a dit oui et il nous a fourni un drôle d'appareil pour connaître not'position.
Pis on s'est dit qu'une fois la première côte en vue, ça allait remuer sévère parmi les orcs, et qu'i-z-auraient moins b'soin d'nous. Bref, le risque s'rait maximal et on aurait intérêt à s'tailler vite fait loin des orcs, dans une chaloupe par exemple. En fin d'compte, le peu sur lequel on est tombés d'accord c'est à peu près ça : on irait à l'est, pis, si on arrivait entiers et vivants en vue des côtes, faudrait improviser selon notre état du moment et celui des orcs. En priant très fort Eru que tout s'passe bien (hem !).
Embarquement
Bon, alors déjà, puisqu'on allait devoir faire pas mal d'allers-retours en barque, autant faire en sorte de limiter les distances à parcourir. Gaerwen, après avoir testé la manœuvrabilité du navire, l'a approché de la plage où le chantier avait lieu. Objectif : diviser la distance à parcourir en barque par deux. Pas évident, vu la taille du navire. Fallait pas l'approcher trop sinon, une fois tout le monde à bord, i pourrait être échoué définitivement... sauf à vider une partie des gens (on r'commence, quoi !) ou du stock (eau, nourriture...). Donc, juste échoué à marée basse mais libre à marée haute. Ben chais pas si la magie du vaisseau a contribué pour beaucoup, mais ça a été succès sur toute la ligne !
Pis l'a fallu faire monter les orcs à bord. On a commencé par ceux du nord. D'abord pasque c'étaient les plus près, ensuite pasqu'i-z-étaient moins nombreux et on voulait qu'i soient à bord en majorité avant qu'les autres arrivent, histoire d'éviter d'commencer une p'tit' guéguerre. Surtout qu'i sont plus ou moins nos alliés, plus ou moins fiables, alors qu'les autres on voudrait surtout s'en débarrasser, on sait qu'i vont fout' la merde à bord. En plus, au nord i-z-avaient mieux pigé qu'les autres la construction d'radeaux, donc sont arrivés plus vite. En gros, ça s'est bien passé avec eux, et z-étaient à peu près bien gérés par les matrones.
Ceux du sud, par contre... Kacem et Gaerwen s'étaient coltinés l'embarquement des diablotins. Z-ont pas pu donner trois coups d'aviron qu'les sales mioches ont commencé à leur grimper d'sus et à vouloir faire leurs dents sur eux. Quelques grands coups d'rame et une grande partie étaient à la flotte et bye-bye ! L'a fallu faire venir Marti et sa hache, plus un ou deux découpages en règle, pour leur apprendre à s'tenir tranquilles. Après quoi l'embarquement a pu s'faire, juste un peu plus lent. Ya eu du retard si bien qu'au lever du soleil i-z-étaient pas tous à bord. Mais l'soleil les a calmés et en milieu d'matinée tout était prêt. Et la marée haute était en fin d'matinée donc au final on a pas perdu d'temps.
A bord, pour les faire aller où i fallait et pas ailleurs, et sans qu'i fassent n'importe quoi, ça a pas été simple non plus. Heureusement, Belzagar a retrouvé son rôle d'antan : Bosco. Et en plus il avait un fouet. Ben là, même si les orcs comprenaient pas c'qu'i disait, c'est fou comme i-z-arrivaient vite à traduire et deviner c'qui fallait qu'i fassent ou pas ! L'incroyable est donc arrivé : les deux tribus ont fini dans les entreponts qu'on leur avait préparés, à deux endroits séparés, sans presque aucune perte ou conflit ! Et sans avoir à combattre plus que ça...
Début de traversée
Et ben on est donc partis. Bon, i f'sait jour et les orcs s'tenaient un peu à carreau, ça gueulait mais ça aurait pu êt' pire. Avec Tirielle on a guidé l'navire depuis une barque pour qu'il évite tous les récifs et Gaerwen a piloté ça aux petits oignons, malgré l'manque de marins compétents (et la fatigue). Par contre quand chuis r'monté à bord, les orcs puaient tous tellement que j'ai pas pu supporter et j'me suis réfugié le plus loin possible, sur le nid d'pie du plus grand mât. J'ai cru comprendre aussi qu'les copains avaient r'marqué qu'les principales possessions des orcs, c'étaient des armes. Pis yavait des sacs avec des serpents, et probablement des poisons, des somnifères, de quoi faire du feu, et d'autres trucs qui promettaient une traversée mouvementée...
N'empêche que l'temps était génial, pas un nuage, un vent régulier d'ouest pour nous pousser juste là où fallait. Sauf que sortir des parages de l'île avait pris toute la journée, la nuit tombait et les orcs commençaient à remuer, fallait les laisser sortir un peu. Mais pas question de les laisser monter sur le pont tous ou tous ensemble. Après discussion, on a décidé de faire des quarts chaque nuit. Le premier quart les orcs du nord pourraient monter, les autres quarts ce s'rait ceux du sud, et pas plus d'une trentaine à la fois. Pour les premiers, OK, ça s'est bien passé.
Pour ceux du sud, Kacem a baragouiné un truc pour que ce soit accepté par le chef, j'ai pas tout compris et ch'crois qu'le chef non plus mais du coup il a pu les tenir. En fait ya que les meilleurs du clan qui sont sortis et i sont restés tout l'reste de la nuit, pasque c'étaient eux les plus forts et pis voilà. On avait dit qu'i pouvaient pas aller aux châteaux avant et arrière, et on avait déconseillé d'monter aux cordages. Plusieurs ont commencé à grimper, un est tombé à la baille, un autre sur le pont, et les autres ont préféré redescendre. Sauf un bien agile qu'a pas compris que j'voulais pas d'lui avec moi. Au premier jet d'fronde i s'est arrêté, un peu sonné. Au second, l'a fait la dernière chute de sa vie. Z-en faites pas, l'a vite été recyclé...
Plus bas, c'était pas triste non plus. Plusieurs orcs ont voulu aller ousque c'était pas permis. Y en a un qu'avait une hache magique et qu'a pas voulu écouter l'nain qu'avait la même. Les deux s'sont frités, Marti était plus rapide, il a explosé la tête de l'orc. Mais sa hache a fini en p'tits morceaux, sans doute un truc magique. Pas grave, l'a pris la hache de l'orc mort. Ailleurs, entre une pierre de Kacem et une flèche de Farouk, les orcs ont compris qu'i-z-étaient ptêt' les plus nombreux mais qu'i s'raient les premiers à crever, ça les a r'froidis. Pis quand i-z-ont pas voulu rev'nir sous l'pont, Kacem a fait r'marquer au chef qu'le soleil finirait par se lever, qu'i resteraient donc pas sur le pont, et qu'après on rouvrirait pas l'écoutille pour la nuit prochaine. L'a dû trouver qu'les arguments du voleur d'Umbar étaient pas mauvais et du coup l'a accepté d'faire rentrer ses troupes. Et une première journée de passée, une !
Journal de Tobias - récit n° 26
Je vous dis pas l'ambiance sur c'te foutu rafiot ! Des centaines d'orcs enfermés - la plupart du temps - dans les entreponts, à ne savoir faire autre chose que se trucider (lentement de préférence), se bouffer (en commençant par les petits), et à se demander comment nous foutre en l'air et prendre en main la destinée du vaisseau (sans l'faire couler trop vite)... R'marquez, y'en a quand même un tiers qu'ont été réglo et sur lesquels on a pu compter - jusqu'à présent. Ça fait quand même deux tiers qu'ont juste été... ben, des orcs puants, agressifs et pas à leur place.
A part ça, faut pas s'plaindre, on a pas de de surprise : tout c'qu'on avait prévu s'est à peu près réalisé, entre les serpents baladeurs, le petit grain, les complots et la tentative de guerre totale. Et le clan des orcs agressifs a aussi montré un niveau d'intelligence assez bas et un cumul de conneries assez grand pour qu'on puisse facilement les gérer. Jusqu'à un certain point quand même : faire des trous dans la coque et essayer de mettre le feu à l'entrepont, quand même, fallait l'faire... Bon, et si j'détaillais un chouïa plus ?
Serpents baladeurs
Bon, forts de la première journée passée à bord, les copains et moi on a bien géré la journée suivante. I f'sait beau en journée, on en a profité pour s'reposer, pêcher, et êt' prêts pour la nuit suivante. Pas qu'ça a été facile pour tous, hein : vu comme i puaient tous et f'saient un foin pas possible à se gueuler après, se tuer et se bouffer les uns les autres (mais pas assez vite à notre goût), dormir était pas évident. C'était forcément dans l'nid d'pie pour moi, mais j'ai aussi été rejoint par la blonde et le Haradrim tireur à l'arc. L'un après l'autre, hein, c'est p'tit ici !
Pis la nuit est arrivée. On a fait sortir le camp des matrones - on les a laissées gérer - et ça s'est bien passé. Après c'était l'tour de l'autre camp, et ça a été pareil que la nuit précédente : les meilleurs sont sortis tout l'reste de la nuit. Mais on a vu qu'certains avaient des sacs avec des trucs qui bougeaient dedans. Enfin, on l'a vu après qu'i-z-ont fait sortir c'qu'y avait d'dans. Pauv' p'tites vipères ou autres serpents venimeux, z'avaient pas mérité un traitement pareil. D'ailleurs, y'en a une qu'a choisi l'plus court chemin vers son destin : à la flotte ! Mais y'en avait d'autres qu'avaient disparu...
En gros, de c'que j'ai vu d'là-haut, y'en avait au moins une dans nos quartiers du château arrière et p'têt' ben aussi à l'avant. Tirielle et Kacem sont allés voir d'un côté, j'crois qu'i sont r'sortis avec deux serpents - vivants - sous l'oeil un peu déçu des orcs. Pis d'laut'côté pareil mais avec juste un serpent. Après coup j'ai cru comprendre qu'ça avait été plus chaud, l'elfe a failli s'faire mordre et elle avait été sauvée par un geste super rapide du voleur d'Umbar, qu'a chopé la tête de la bête au vol, en train d'attaquer. Chapeau !
Après quoi Kacem a balancé les serpents - vivants - dans l'écoutille du clan des orcs, c'qu'a un peu foutu la pagaille et encore plus de cris. Pis l'est allé dire c'qu'i pensait au chef et ses sbires, qu'en avaient pas grand-chose à foutre apparemment. Et quand ces derniers sont r'tournés dans leur entrepont, peu avant l'aube, on a fait sauter une tête ou deux et percé un coeur, un truc comme ça, avant d'refermer l'écoutille avant qu'les orcs ressortent. Histoire d'montrer qui était l'maître à bord... pour l'instant. Les pertes ont été recyclées, mais ça f'sait quand même des officiers en moins.
Complots et préparatifs
Bon, le jour suivant a passé à peu près comme le précédent, à part qu'on a pas mal discuté du foutu clan et comment les gérer. Leur interdire de monter ? Ça allait êt' chaud, en fin d'compte on a préféré temporiser un peu, et voir comment ça allait évoluer, même si on craignait l'pire. 'fin bref, on a pu s'reposer (même si z-étaient encore plus puants et bruyants qu'avant, si si) et continuer à pêcher, si bien qu'nos réserves diminuaient pas trop vite. I f'sait toujours aussi beau, on avançait bien, mais quèq'chose me disait qu'ça allait pas durer...
La nuit est arrivée, le clan des matrones a pris l'air, pis on est passé aux autres. Et là, avant même qu'i montent tous, premier incident : tous les orcs montaient avec arc et flèches, entre autres armes, et on a dit stop. Y'a eu des mots, mais on est restés fermes, et les orcs ont fini par choisir de monter quand même mais plus "légèrement", sans leurs arcs. Mais après, i-z-ont passé la nuit à surveiller c'qu'on f'sait, à observer et comploter dans leur coin, en un groupe serré, comme si i préparaient une attaque sur nous, la prochaine nuit... L'était pas chouette l'ambiance à bord ?
Pis i sont r'descendus - en f'sant gaffe à leur dos et l'reste, le chef bien protégé par ses officiers, vous voyez l'topo. Et une fois d'sous, ça a gueulé genre on mobilise les troupes, on donne des ordres comme pour une future bataille. C'qu'a été confirmé plus tard par les matrones à qui on avait d'mandé d'traduire. Mais on avait pas trop d'détails car i discutaient bas entre officiers. Bref, i-z-allaient faire quèqu'chose la nuit suivante pour essayer d'prendre d'assaut le bateau, mais on en savait guère plus.
Du coup on a d'mandé l'aide des matrones, qu'ont été d'accord, pour notre propre complot. L'idée c'était de laisser monter le chef et ses officiers - les vingt meilleurs guerriers, en gros - et de leur tomber d'sus avec autant d'orcs des matrones. Plus d'chef et plus que des snagas ou guère plus, et l'clan s'rait facile à maîtriser, si i's'bouffaient pas entre eux. Pis ça f'rait sans doute des matrones ou autres orcs de l'autre clan en moins également. Ça semblait un bon plan, pas trop risqué, et qui réglait l'essentiel de nos problèmes. Sans parler de fournir davantage de bouffe aux orcs qui resteraient.
Le temps s'en mêle
Mais on a pas pu met' ça en pratique : en cours de journée, on a commencé à voir des nuages noirs arriver à l'est, et i paraissait bien qu'i s'raient sur nous avant même la tombée d'la nuit. Un bon p'tit grain d'automne, qu'a obligé à changer nos plans. L'a fallu affaler les voiles, tout ranger et attacher. Pis on a dit aux orcs que la sortie pour la nuit s'rait compromise en raison d'la tempête qu'arrivait. De toute manière z'avaient pas l'choix, on maintenait les écoutilles fermées, même si certains ont pensé qu'les laisser monter sur le pont s'rait p'têt' pas une mauvaise chose...
Gaerwen et Belzagar se sont attachés au gouvernail et i's'sont préparés à tenir le vaisseau dans la tempête. Les nuages sont arrivés, il a fait noir et ça a commencé à tanguer. Avant même que l'grain soit là, les orcs du clan agressif ont commencé à jouer d'la hache pour percer des trous dans la coque et pouvoir passer sur le pont en escaladant depuis l'entrepont supérieur. Z'avaient même préparé des espèces de grappins en bois pour aider. Un trou de chaque côté, une corde et un grappin, et ça grimpe !
Ben on a laissé faire... au début. Pis juste avant d'arriver sur le pont, on a tranché les cordes, et plouf, quelques orcs en moins ! I-z-ont vite compris qu'ça servait à rien d'vouloir passer par là, et ces cons ont commencé par faire d'autres trous plus à l'avant, au niveau du château, à la proue. Mais la tempête était sur nous, ça bougeait d'plus en plus et les vagues étaient assez grosses pour arriver jusqu'au pont. On s'est tous réfugiés dans les deux châteaux, sauf les deux pilotes qu'ont enduré.
Alors ouais, les orcs ont fait quatre autres trous dans la coque, à l'avant. Juste assez pour faire rentrer plein de flotte à chaque fois qu'on s'prenait une grosse vague de face. Les orcs étaient balayés par la flotte, dans l'entrepont, et à les entendre i-z-ont vite dû abandonner leurs projets. Par contre, on a dû embarquer pas mal de flotte et on avait pas d'pompe pour évacuer tout ça - de toute manière on pouvait pas descendre. Gaerwen et Belzagar ont senti qu'on était plus lourd, mais pour autant ça a pas eu l'air de trop gêner, i-z-ont bien géré, et on a traversé la tempête sans plus de problème. Le pirate d'Umbar était même pas fatigué, l'avait l'air d'aimer ça !
Guerre et sommeil
Pis la tempête s'en est allée, la nuit avec, et l'a fallu penser à la suite. Les voiles ont été déferlées, les dégâts constatés, et les décisions qui s'imposaient ont été prises. On pouvait plus laisser monter les fous furieux d'orcs, surtout qu'maint'nant i-z-avaient pas que l'écoutille par où passer. On pouvait gérer les trous dans la coque, mais pas avec l'écoutille ouverte. On s'doutait bien qu'à présent i profiteraient d'la première occasion pour nous tomber d'sus et essayer de prendre possession du vaisseau, si possible en gardant les pilotes vivants, et même ça c'était pas sûr tellement i-z-avaient l'air cons...
Bon, on s'était entendu avec les matrones qui nous avaient fait confiance et continuaient à nous apporter leur soutien. Mais dès qu'le soleil n'a plus été un problème, les orcs agressifs ont mis en action leur "plan B" : i-z-ont abattu les cloisons entre leurs quartiers et celui du clan des matrones, et ils ont foncé : c'était la guerre. On a maintenu les deux écoutilles fermées, en surveillant les trous dans la coque, mais personne ne semblait vouloir passer par là. Pis on a écouté les orcs s'entretuer, en bas. Les matrones semblaient passer un mauvais quart d'heure.
En fait, elles ont appelé à l'aide, et là, on a été plusieurs à penser qu'fallait faire quèqu'chose. Pasqu'elles avaient été réglo avec nous, et aussi pasque si on f'sait rien, le clan agressif risquait d'absorber les matrones et, malgré les pertes, on se retrouv'rait avec un seul clan plus gros, et plus aucun allié... Belzagar et Marti ont pris leurs armes, Tirielle et Farouk leurs arc et flèches, pis on a ouvert l'écoutille du quartier des matrones. Le nain et le pirate sont descendus, et ils ont commencé à faire le vide autour d'eux, appuyés par les flèches des archers. Le cours de la bataille a changé...
Même si les copains portaient pas vraiment d'armure, z'étaient assez mortels et les orcs assez nuls pour pouvoir les balayer sans trop se prendre de blessures, juste des petits trucs. Les orcs agressifs refluaient, souvent en morceaux, pendant que Kacem, pendant ce temps, passait par un trou à la proue et faisait face à des femelles et des diablotins, dont pas mal ont fini à la baille. L'un dans l'autre, ça se passait pas mal, et la solution paraissait à notre portée : foutre en l'air les chefs du clan agressif, et laisser les matrones le prendre sous leurs ordres. Ça, plus les pertes des deux côtés, ça s'rait bien plus facile à gérer.
Mais ces cons d'orcs avaient pas encore fini avec leurs plans foireux. I-z-ont commencé à allumer des feux dans l'entrepont... ou essayer du moins, dans un entrepont humide, avec des combats pas loin, du roulis... J'ai alors pris l'amulette magique et je me suis mis à chanter. C'te foutue magie me met en l'air à chaque fois, mais elle est efficace : bientôt plus des trois quarts des orcs se sont endormis, des deux côtés, et même les copains au corps à corps ont dû résister. Mais brusquement i'avait moins d'monde, le combat allait êt' plus rapide et les feux auraient plus de mal à être allumés...
A part ça, faut pas s'plaindre, on a pas de de surprise : tout c'qu'on avait prévu s'est à peu près réalisé, entre les serpents baladeurs, le petit grain, les complots et la tentative de guerre totale. Et le clan des orcs agressifs a aussi montré un niveau d'intelligence assez bas et un cumul de conneries assez grand pour qu'on puisse facilement les gérer. Jusqu'à un certain point quand même : faire des trous dans la coque et essayer de mettre le feu à l'entrepont, quand même, fallait l'faire... Bon, et si j'détaillais un chouïa plus ?
Serpents baladeurs
Bon, forts de la première journée passée à bord, les copains et moi on a bien géré la journée suivante. I f'sait beau en journée, on en a profité pour s'reposer, pêcher, et êt' prêts pour la nuit suivante. Pas qu'ça a été facile pour tous, hein : vu comme i puaient tous et f'saient un foin pas possible à se gueuler après, se tuer et se bouffer les uns les autres (mais pas assez vite à notre goût), dormir était pas évident. C'était forcément dans l'nid d'pie pour moi, mais j'ai aussi été rejoint par la blonde et le Haradrim tireur à l'arc. L'un après l'autre, hein, c'est p'tit ici !
Pis la nuit est arrivée. On a fait sortir le camp des matrones - on les a laissées gérer - et ça s'est bien passé. Après c'était l'tour de l'autre camp, et ça a été pareil que la nuit précédente : les meilleurs sont sortis tout l'reste de la nuit. Mais on a vu qu'certains avaient des sacs avec des trucs qui bougeaient dedans. Enfin, on l'a vu après qu'i-z-ont fait sortir c'qu'y avait d'dans. Pauv' p'tites vipères ou autres serpents venimeux, z'avaient pas mérité un traitement pareil. D'ailleurs, y'en a une qu'a choisi l'plus court chemin vers son destin : à la flotte ! Mais y'en avait d'autres qu'avaient disparu...
En gros, de c'que j'ai vu d'là-haut, y'en avait au moins une dans nos quartiers du château arrière et p'têt' ben aussi à l'avant. Tirielle et Kacem sont allés voir d'un côté, j'crois qu'i sont r'sortis avec deux serpents - vivants - sous l'oeil un peu déçu des orcs. Pis d'laut'côté pareil mais avec juste un serpent. Après coup j'ai cru comprendre qu'ça avait été plus chaud, l'elfe a failli s'faire mordre et elle avait été sauvée par un geste super rapide du voleur d'Umbar, qu'a chopé la tête de la bête au vol, en train d'attaquer. Chapeau !
Après quoi Kacem a balancé les serpents - vivants - dans l'écoutille du clan des orcs, c'qu'a un peu foutu la pagaille et encore plus de cris. Pis l'est allé dire c'qu'i pensait au chef et ses sbires, qu'en avaient pas grand-chose à foutre apparemment. Et quand ces derniers sont r'tournés dans leur entrepont, peu avant l'aube, on a fait sauter une tête ou deux et percé un coeur, un truc comme ça, avant d'refermer l'écoutille avant qu'les orcs ressortent. Histoire d'montrer qui était l'maître à bord... pour l'instant. Les pertes ont été recyclées, mais ça f'sait quand même des officiers en moins.
Complots et préparatifs
Bon, le jour suivant a passé à peu près comme le précédent, à part qu'on a pas mal discuté du foutu clan et comment les gérer. Leur interdire de monter ? Ça allait êt' chaud, en fin d'compte on a préféré temporiser un peu, et voir comment ça allait évoluer, même si on craignait l'pire. 'fin bref, on a pu s'reposer (même si z-étaient encore plus puants et bruyants qu'avant, si si) et continuer à pêcher, si bien qu'nos réserves diminuaient pas trop vite. I f'sait toujours aussi beau, on avançait bien, mais quèq'chose me disait qu'ça allait pas durer...
La nuit est arrivée, le clan des matrones a pris l'air, pis on est passé aux autres. Et là, avant même qu'i montent tous, premier incident : tous les orcs montaient avec arc et flèches, entre autres armes, et on a dit stop. Y'a eu des mots, mais on est restés fermes, et les orcs ont fini par choisir de monter quand même mais plus "légèrement", sans leurs arcs. Mais après, i-z-ont passé la nuit à surveiller c'qu'on f'sait, à observer et comploter dans leur coin, en un groupe serré, comme si i préparaient une attaque sur nous, la prochaine nuit... L'était pas chouette l'ambiance à bord ?
Pis i sont r'descendus - en f'sant gaffe à leur dos et l'reste, le chef bien protégé par ses officiers, vous voyez l'topo. Et une fois d'sous, ça a gueulé genre on mobilise les troupes, on donne des ordres comme pour une future bataille. C'qu'a été confirmé plus tard par les matrones à qui on avait d'mandé d'traduire. Mais on avait pas trop d'détails car i discutaient bas entre officiers. Bref, i-z-allaient faire quèqu'chose la nuit suivante pour essayer d'prendre d'assaut le bateau, mais on en savait guère plus.
Du coup on a d'mandé l'aide des matrones, qu'ont été d'accord, pour notre propre complot. L'idée c'était de laisser monter le chef et ses officiers - les vingt meilleurs guerriers, en gros - et de leur tomber d'sus avec autant d'orcs des matrones. Plus d'chef et plus que des snagas ou guère plus, et l'clan s'rait facile à maîtriser, si i's'bouffaient pas entre eux. Pis ça f'rait sans doute des matrones ou autres orcs de l'autre clan en moins également. Ça semblait un bon plan, pas trop risqué, et qui réglait l'essentiel de nos problèmes. Sans parler de fournir davantage de bouffe aux orcs qui resteraient.
Le temps s'en mêle
Mais on a pas pu met' ça en pratique : en cours de journée, on a commencé à voir des nuages noirs arriver à l'est, et i paraissait bien qu'i s'raient sur nous avant même la tombée d'la nuit. Un bon p'tit grain d'automne, qu'a obligé à changer nos plans. L'a fallu affaler les voiles, tout ranger et attacher. Pis on a dit aux orcs que la sortie pour la nuit s'rait compromise en raison d'la tempête qu'arrivait. De toute manière z'avaient pas l'choix, on maintenait les écoutilles fermées, même si certains ont pensé qu'les laisser monter sur le pont s'rait p'têt' pas une mauvaise chose...
Gaerwen et Belzagar se sont attachés au gouvernail et i's'sont préparés à tenir le vaisseau dans la tempête. Les nuages sont arrivés, il a fait noir et ça a commencé à tanguer. Avant même que l'grain soit là, les orcs du clan agressif ont commencé à jouer d'la hache pour percer des trous dans la coque et pouvoir passer sur le pont en escaladant depuis l'entrepont supérieur. Z'avaient même préparé des espèces de grappins en bois pour aider. Un trou de chaque côté, une corde et un grappin, et ça grimpe !
Ben on a laissé faire... au début. Pis juste avant d'arriver sur le pont, on a tranché les cordes, et plouf, quelques orcs en moins ! I-z-ont vite compris qu'ça servait à rien d'vouloir passer par là, et ces cons ont commencé par faire d'autres trous plus à l'avant, au niveau du château, à la proue. Mais la tempête était sur nous, ça bougeait d'plus en plus et les vagues étaient assez grosses pour arriver jusqu'au pont. On s'est tous réfugiés dans les deux châteaux, sauf les deux pilotes qu'ont enduré.
Alors ouais, les orcs ont fait quatre autres trous dans la coque, à l'avant. Juste assez pour faire rentrer plein de flotte à chaque fois qu'on s'prenait une grosse vague de face. Les orcs étaient balayés par la flotte, dans l'entrepont, et à les entendre i-z-ont vite dû abandonner leurs projets. Par contre, on a dû embarquer pas mal de flotte et on avait pas d'pompe pour évacuer tout ça - de toute manière on pouvait pas descendre. Gaerwen et Belzagar ont senti qu'on était plus lourd, mais pour autant ça a pas eu l'air de trop gêner, i-z-ont bien géré, et on a traversé la tempête sans plus de problème. Le pirate d'Umbar était même pas fatigué, l'avait l'air d'aimer ça !
Guerre et sommeil
Pis la tempête s'en est allée, la nuit avec, et l'a fallu penser à la suite. Les voiles ont été déferlées, les dégâts constatés, et les décisions qui s'imposaient ont été prises. On pouvait plus laisser monter les fous furieux d'orcs, surtout qu'maint'nant i-z-avaient pas que l'écoutille par où passer. On pouvait gérer les trous dans la coque, mais pas avec l'écoutille ouverte. On s'doutait bien qu'à présent i profiteraient d'la première occasion pour nous tomber d'sus et essayer de prendre possession du vaisseau, si possible en gardant les pilotes vivants, et même ça c'était pas sûr tellement i-z-avaient l'air cons...
Bon, on s'était entendu avec les matrones qui nous avaient fait confiance et continuaient à nous apporter leur soutien. Mais dès qu'le soleil n'a plus été un problème, les orcs agressifs ont mis en action leur "plan B" : i-z-ont abattu les cloisons entre leurs quartiers et celui du clan des matrones, et ils ont foncé : c'était la guerre. On a maintenu les deux écoutilles fermées, en surveillant les trous dans la coque, mais personne ne semblait vouloir passer par là. Pis on a écouté les orcs s'entretuer, en bas. Les matrones semblaient passer un mauvais quart d'heure.
En fait, elles ont appelé à l'aide, et là, on a été plusieurs à penser qu'fallait faire quèqu'chose. Pasqu'elles avaient été réglo avec nous, et aussi pasque si on f'sait rien, le clan agressif risquait d'absorber les matrones et, malgré les pertes, on se retrouv'rait avec un seul clan plus gros, et plus aucun allié... Belzagar et Marti ont pris leurs armes, Tirielle et Farouk leurs arc et flèches, pis on a ouvert l'écoutille du quartier des matrones. Le nain et le pirate sont descendus, et ils ont commencé à faire le vide autour d'eux, appuyés par les flèches des archers. Le cours de la bataille a changé...
Même si les copains portaient pas vraiment d'armure, z'étaient assez mortels et les orcs assez nuls pour pouvoir les balayer sans trop se prendre de blessures, juste des petits trucs. Les orcs agressifs refluaient, souvent en morceaux, pendant que Kacem, pendant ce temps, passait par un trou à la proue et faisait face à des femelles et des diablotins, dont pas mal ont fini à la baille. L'un dans l'autre, ça se passait pas mal, et la solution paraissait à notre portée : foutre en l'air les chefs du clan agressif, et laisser les matrones le prendre sous leurs ordres. Ça, plus les pertes des deux côtés, ça s'rait bien plus facile à gérer.
Mais ces cons d'orcs avaient pas encore fini avec leurs plans foireux. I-z-ont commencé à allumer des feux dans l'entrepont... ou essayer du moins, dans un entrepont humide, avec des combats pas loin, du roulis... J'ai alors pris l'amulette magique et je me suis mis à chanter. C'te foutue magie me met en l'air à chaque fois, mais elle est efficace : bientôt plus des trois quarts des orcs se sont endormis, des deux côtés, et même les copains au corps à corps ont dû résister. Mais brusquement i'avait moins d'monde, le combat allait êt' plus rapide et les feux auraient plus de mal à être allumés...
Re: Terre du milieu Système J - La relève...
Belzagar se remémore ces mois passés sur cette île maudite alors qu'il affronte les éléments, les mains fermement fermés sur le gouvernail d'un fier navire, à coté de son amour la ravissante Dúnadane. Il se remémore les périls inimaginables et les alliances improbables concédées alors pour y faire face. Il ne peut s'y résoudre, ce ne pouvait être qu'un cauchemar...
Le volcan, Les ras de marées et les monstres titanesques... Tout ne pouvait être vrai... Le vieil elfe (Pour Belzagar, ce ne peut être qu'un elfe du premier âge qui s'est réfugié sur cette île) et sa puissante magie, il n'y a que dans les anciens chants et les écrits oubliés qu'ils existent... Mais le regard que lui jetait Gaerwen de temps en temps trahissait cette pensée et le rappelait à la triste réalité.
Les embruns des vagues lui perlaient le visage... Le navire franchissait avec aise les vagues déchainées... Il souriait en pensant un instant à son ancienne vie... Une chanson lui remontait machinalement à ses lèvres.
" Marchant par-dessus les tempêtes,
Courant dans la vague et le vent,
Chassant les blanches goélettes,
C'est nous ça, les gaillards d'avant.
C'est nous qui sommes les corsaires,
Brigands tout comme étaient nos pères.
{Refrain:}
Ho-hisse et Ho ! Miséricorde !
Pour nous tenir au bout d'une corde,
Faudra d'abord nous attraper,
Faudra d'abord nous aborder...
Ho-hisse-ho ! Pavillon noir !
Ho-hisse-ho ! Pavillon haut !
Tant que le vent pousse la frégate,
'y a du bon temps pour les pirates.
Tant que la mer est par-dessous,
C'est le corsaire qui tient le bon bout !
Ho-hisse-ho ! Pavillon noir !
Ho-hisse-ho ! Pavillon haut !
Tant pis pour les yeux de ta mère.
Tant pis pour la reine et le roi.
Tant mieux si tu deviens corsaire.
Jésus* était un hors-la-loi.
Viens donc fréquenter les étoiles.
Dormir dans le ventre des voiles.
{Refrain}
Nous on aime la mer et le vent du large
des coffrets pleins de pièces d'or et des abordages
On aime les longs voyages, les îles au trésor
et flotte le pavillon noir, sabre et tête de mort
Yo-o, Yo-o
les îles au trésor
Yo-o, Yo-o
sabre et tête de mort
Notre Capitaine bien aimé, c'est Stan le Hardi
il ne fait jamais de quartier si tu le trahis
tu vas te retrouver sur la planche dans le vide
les requins vont te manger, ce sera terrible
Yo-o, Yo-o
la planche dans le vide
Yo-o, Yo-o
ce sera terrible
On a suivi le Hardi jusqu'au bout du monde
et on est revenu ici car la terre est ronde
On n'a peur de rien du tout, on ne craint personne
et c'qu'on aime par-dessus tout, c'est une bouteille de rhum
Yo-o, Yo-o
on ne craint personne
Yo-o, Yo-o
une bouteille de rhum
Yo-o, Yo-o
on ne craint personne
Yo-o, Yo-o
une bouteille de rhum
"
*: L'histoire ne raconte pas qui était ce prétendu Jésus, l'histoire n'aura pas retenu son nom...
Il pensa alors a ses nouveaux "amis"... Connaissances de circonstance pour certains, réelle amitié pour d'autres... Il savait très bien qu'une fois cette aventure terminée, car Belzagar savait pertinemment qu'ils ne navigueraient éternellement avec ce navire, le groupe allait imploser. Chacun partirait de son côté, des rixes peut être, d’ancienne rancœurs surgiraient probablement, et finalement on oublierait peut être ce qui c’était passé sur cette foutue île…
Il pensa un moment à ce qu’il pourrait faire à l’avenir… Oui, lui l’éternel marin… Que pourrait-il faire d’autre que ce qu’il a toujours fait de sa chienne de vie ? Le regard de Gaerwen lui rappela qu’il pourrait toujours la suivre. Elle saurait toujours quoi faire et peut être pourrait leur trouver un avenir meilleur… Mais quel avenir lui qui n’a vécu qu’avec une arme à la main ? Elle n’était qu’un marin elle aussi et plus encore de « l’autre bord »… Que pouvait-elle espérer de lui ?
Le temps qu’ils mettraient à trouver le rivage lui donnerait peut être le temps de trouver une réponse à ses questions. Il trouvera peut être une opportunité d’ici là…
Une aube rouge se leva, triste présage. Le sang va couler encore aujourd’hui… Le temps était plus calme et Belzagar aboya instinctivement des ordres aux marins, qui sortaient de leur sommeil, pour donner de la voile afin de reprendre de la vitesse au plus vite. Il ajusta son cimeterre à la taille et empoigna fermement sa hache. Tandis qu’un marin le remplacait au gouvernail, le grand numénoréen et la capitaine Dúnadane descendirent au château arrière se reposer un moment, aspirer seuls un instant à la tranquillité…
Le volcan, Les ras de marées et les monstres titanesques... Tout ne pouvait être vrai... Le vieil elfe (Pour Belzagar, ce ne peut être qu'un elfe du premier âge qui s'est réfugié sur cette île) et sa puissante magie, il n'y a que dans les anciens chants et les écrits oubliés qu'ils existent... Mais le regard que lui jetait Gaerwen de temps en temps trahissait cette pensée et le rappelait à la triste réalité.
Les embruns des vagues lui perlaient le visage... Le navire franchissait avec aise les vagues déchainées... Il souriait en pensant un instant à son ancienne vie... Une chanson lui remontait machinalement à ses lèvres.
" Marchant par-dessus les tempêtes,
Courant dans la vague et le vent,
Chassant les blanches goélettes,
C'est nous ça, les gaillards d'avant.
C'est nous qui sommes les corsaires,
Brigands tout comme étaient nos pères.
{Refrain:}
Ho-hisse et Ho ! Miséricorde !
Pour nous tenir au bout d'une corde,
Faudra d'abord nous attraper,
Faudra d'abord nous aborder...
Ho-hisse-ho ! Pavillon noir !
Ho-hisse-ho ! Pavillon haut !
Tant que le vent pousse la frégate,
'y a du bon temps pour les pirates.
Tant que la mer est par-dessous,
C'est le corsaire qui tient le bon bout !
Ho-hisse-ho ! Pavillon noir !
Ho-hisse-ho ! Pavillon haut !
Tant pis pour les yeux de ta mère.
Tant pis pour la reine et le roi.
Tant mieux si tu deviens corsaire.
Jésus* était un hors-la-loi.
Viens donc fréquenter les étoiles.
Dormir dans le ventre des voiles.
{Refrain}
Nous on aime la mer et le vent du large
des coffrets pleins de pièces d'or et des abordages
On aime les longs voyages, les îles au trésor
et flotte le pavillon noir, sabre et tête de mort
Yo-o, Yo-o
les îles au trésor
Yo-o, Yo-o
sabre et tête de mort
Notre Capitaine bien aimé, c'est Stan le Hardi
il ne fait jamais de quartier si tu le trahis
tu vas te retrouver sur la planche dans le vide
les requins vont te manger, ce sera terrible
Yo-o, Yo-o
la planche dans le vide
Yo-o, Yo-o
ce sera terrible
On a suivi le Hardi jusqu'au bout du monde
et on est revenu ici car la terre est ronde
On n'a peur de rien du tout, on ne craint personne
et c'qu'on aime par-dessus tout, c'est une bouteille de rhum
Yo-o, Yo-o
on ne craint personne
Yo-o, Yo-o
une bouteille de rhum
Yo-o, Yo-o
on ne craint personne
Yo-o, Yo-o
une bouteille de rhum
"
*: L'histoire ne raconte pas qui était ce prétendu Jésus, l'histoire n'aura pas retenu son nom...
Il pensa alors a ses nouveaux "amis"... Connaissances de circonstance pour certains, réelle amitié pour d'autres... Il savait très bien qu'une fois cette aventure terminée, car Belzagar savait pertinemment qu'ils ne navigueraient éternellement avec ce navire, le groupe allait imploser. Chacun partirait de son côté, des rixes peut être, d’ancienne rancœurs surgiraient probablement, et finalement on oublierait peut être ce qui c’était passé sur cette foutue île…
Il pensa un moment à ce qu’il pourrait faire à l’avenir… Oui, lui l’éternel marin… Que pourrait-il faire d’autre que ce qu’il a toujours fait de sa chienne de vie ? Le regard de Gaerwen lui rappela qu’il pourrait toujours la suivre. Elle saurait toujours quoi faire et peut être pourrait leur trouver un avenir meilleur… Mais quel avenir lui qui n’a vécu qu’avec une arme à la main ? Elle n’était qu’un marin elle aussi et plus encore de « l’autre bord »… Que pouvait-elle espérer de lui ?
Le temps qu’ils mettraient à trouver le rivage lui donnerait peut être le temps de trouver une réponse à ses questions. Il trouvera peut être une opportunité d’ici là…
Une aube rouge se leva, triste présage. Le sang va couler encore aujourd’hui… Le temps était plus calme et Belzagar aboya instinctivement des ordres aux marins, qui sortaient de leur sommeil, pour donner de la voile afin de reprendre de la vitesse au plus vite. Il ajusta son cimeterre à la taille et empoigna fermement sa hache. Tandis qu’un marin le remplacait au gouvernail, le grand numénoréen et la capitaine Dúnadane descendirent au château arrière se reposer un moment, aspirer seuls un instant à la tranquillité…
"Allez tous vous faire déchirer..."
Asako Moharu :
"Un rikugunshokan infaillible peut-il commettre une erreur Daïdoji-san ?"
Daïdoji Asami :
"Un rikugunshokan Grue ou un rikugunshokan Lion Asako-sama ?"
Asako Moharu :
"Un rikugunshokan infaillible peut-il commettre une erreur Daïdoji-san ?"
Daïdoji Asami :
"Un rikugunshokan Grue ou un rikugunshokan Lion Asako-sama ?"
Journal de Tobias - récit n° 27
Incroyable mais vrai : on a enfin touché terre ! Ou presque : on est en pleine tempête, abrités du vent par des falaises qui forment une petite crique, mais on a pas encore mis le pied à terre et ça secoue encore bien. N'empêche, en dehors de cette foutue île de cauchemar, ça faisait bien neuf mois qu'on avait pas vu un quelconque rivage. Et franch'ment, vous chais pas, mais moi la mer et les océans, j'en ai sacrément ma claque ! Pourtant, quèqu'chose me dit qu'on a pas fini d'en bouffer, d'la grande bleue : on sait pas trop où on est mais j'crois pas qu'on soit encore chez nous, loin d'là !
'fin bon, on s'est pas mal débrouillés jusque-là : on a survécu à une guerre avec des orcs, à la déshydratation (mais pourquoi toute cette eau elle est salée, d'abord ?), p'têt' aussi à des pirates haradrim... On a bouffé de la poiscaille comme jamais, des mauvaises odeurs d'orcs (dont certains en état de putréfaction avancée) à me retourner l'estomac, évité des récifs et chais pas trop quoi d'autre. Reste qu'on a toujours des centaines d'orcs à bord et qu'i-z-ont plus vraiment b'soin d'nous à présent. Quoique si on est sur le bord d'un désert, on est quand même source de nourriture et boisson... super quoi.
Combat dans l'entrepont
Bon, alors côté détails, j'avais parlé juste avant du sort qu'a endormi plus des trois quarts des orcs avec mon amulette magique. Magie qui m'fout toujours en l'air à chaque fois, mais bon, c'était pour la bonne cause. Mais c'était pas gagné pour autant : yavait des orcs encore éveillés qu'essayaient d'foutre le feu au bateau. Heureusement aucun des copains était endormi, donc ça avait plus que rééquilibré les forces : avec l'aide des matrones, ces orcs qu'étaient nos alliés, on pouvait résoudre le problème des orcs "normaux" une bonne fois pour toutes. Et les copains y comptaient bien.
Si j'ai bien compris c'que les autres m'ont dit, ça s'est passé un peu comme ça : Marti et Belzagar enfonçaient petit à petit les rangs des orcs normaux pour trouver les officiers et chef adverses qui f'saient retraite vers l'escalier qui menait à la cale. Pendant c'temps, Farouk et Tirielle arrosaient de leurs flèches les allumeurs de feu qui pionçaient pas. Kacem, lui, était passé par un trou dans la coque et s'faufilait discrètement vers les orcs pour en éliminer quelques-uns et arriver aux pyromanes. Et les orcs des matrones restés éveillés s'fritaient avec les orcs en face toujours debout.
La discrétion de Kacem a pas tenu long, vu qu'il avait déjà tué quelques femelles qui s'sont mises à crier pour prévenir leurs mâles et lui courir après avec des couteaux. I s'est mis à zigzaguer entre les orcs en esquivant leurs coups, aidé par les deux archers - l'elfe et l'autre Haradrim - qu'avaient tué un orc avec ses silex mais qui pouvaient rien pour l'autre, dont l'feu commençait à démarrer. C'est vers lui qu'Farouk est allé, jusqu'à l'envoyer dans un monde meilleur et devoir choisir entre parer les attaques contre lui ou éteindre le feu.
Pas loin, le gratin des orcs ennemis descendait dans la cale et Marti et Belzagar arrivaient peu après en haut des marches, attendus par quelques lanciers en bas de l'escalier. Du coup, comme Kacem semblait pouvoir gérer tout seul - l'avait guère plus qu'des femelles sur lui (2-3 le plus souvent) - Tirielle et Farouk sont v'nus aider les deux guerriers. Pendant qu'i prenaient des cadavres pour s'protéger, les archers descendaient deux orcs sur les quatre qu'attendaient en bas. Le pirate d'Umbar balança alors son corps d'orc sur un orc vivant qui l'menaçait et il tenta de descendre malgré celui qui restait.
Fin des combats
Kacem a super géré le feu et les orcs qui l'attaquaient : il a éteint le premier et trucidé les seconds, avec l'aide des matrones qu'avançaient de plus en plus. Les orcs ennemis d'vaient sentir qu'leur fin était proche, mais z-avaient pas attendu pour réagir : du feu avait été allumé pas seulement dans l'entrepont mais dans la cale aussi, et d'sous yavait encore personne pour empêcher les orcs de fout' le feu au bateau. Sauf p'têt' le bateau lui-même : Manil a senti qu'i s'passait quèqu'chose et d'l'humidité a suinté dans l'bateau qu'a empêché l'feu d'prendre facilement. Ce bateau magique semblait "avaler" l'eau qu'on embarquait, et c'est comme s'il s'en servait pour éteindre le feu et augmenter ses chances de survie. Complètement dingue.
Belzagar a pas réussi à passer le lancier orc qui restait en bas des marches : s'est fait blesser assez gravement, mais Marti en a profité pour passer en bas des marches et arriver au chef. Lequel chef lui a donné un méchant coup avec la hache magique de l'île. Le nain a tout paré et a quand même reçu une estafilade, bien vite oubliée, tandis que la hache de l'orc explosait en petits morceaux. L'orc a pas eu l'temps d'prendre une autre arme qu'i prenait une flèche de Tirielle ou Farouk, chais plus qui, puis qu'Marti lui faisait sauter sa vilaine caboche à quelques pas de là, faisant fuir les orcs à proximité.
Après ça a plus été qu'une formalité, si j'ai bien compris : l'nain et le pirate d'Umbar ont foncé sur les orcs qui f'saient démarrer des feux - i-z-étaient quatre dans la cale - pour leur exploser le crâne et éteindre les feux, qu'arrivaient pas à prendre à cause de la flotte qui suintait des planches du vaisseau. Pis ensuite, les derniers guerriers orcs normaux ont été dézingués. Après, les matrones se sont fait un plaisir de trucider tous ceux qui dormaient et de récupérer pour elles les femelles et les diablotins. Au final, yavait plus qu'un seul clan orc à bord...
C'était pas pour autant la fin des problèmes : le tiers des matrones - les orcs femelles et guerrières de not' côté - étaient mortes, mais l'en restait une soixantaine. Ça plus toutes les femelles des deux côtés, les snagas et les diablotins, on avait pas d'quoi pavoiser si jamais i s'retournaient contre nous. Pis yavait des trous - six - dans la coque du vaisseau, à l'avant, qu'il a fallu boucher avec des planches qu'on avait en rab'. Et si l'ravitaill'ment était plus un problème pour les orcs, vu la chair fraîche à disposition, c'était pas la même chose pour la flotte.
Nouveau cap
Une fois le ménage fait et les blessures soignées - tant celles du vaisseau que celles de Belzagar et autres - on a pu reprendre la route. Mais vers où ? Un petit point fait par Farouk et les deux pilotes parmi nous nous permettait d'estimer certaines distances, et nous laissait face à trois possibilités :
- aller au nord-est pour arriver un peu au-dessus d'Umbar - temps estimé de deux semaines
- aller plein est et arriver en bordure du désert d'Harad - autour d'une semaine
- aller au sud-est jusqu'à une cité du Sud lointain - autour de deux semaines
Mais il ne nous restait de l'eau que pour une semaine, sans parler des besoins des orcs. Arriver rapidement à la côte aurait permis de trouver de l'eau, éventuellement, mais après on aurait forcément croisé des bateaux pour qui on aurait été du pain béni, à savoir une proie facile. Enfin, pas si facile que ça avec le monde puant à bord, à condition de faire descendre d'éventuels "invités" dans l'entrepont ou de se faire aborder de nuit. Pas garanti, et personne voulait aller tester le Sud. On a donc choisi le nord-est, vers Umbar ou un peu au nord, en espérant qu'on aurait de la pluie en route.
Le début s'est bien passé, si ce n'est qu'il faisait trop beau. On a commencé à rationner la flotte, mais c'était difficile pour les actifs. Au bout de quelques jours, tous, hormis ceux destinés à la bonne marche du vaisseau, passaient leur temps à se reposer pour boire moins. Sauf moi, pasque j'voulais pas descendre du nid d'pie : avec le soleil et la chaleur, les cadavres gardés par les orcs puaient comme pas possible et ça m'foutait en l'air. Et rester là-haut au soleil, ça m'donnait soif... et pis z'avaient l'air de tenir à moi un peu quand même. Tenir les diablotins et autres petits orcs devenait difficile aussi pour les matrones, ça tombait comme des mouches sous l'pont.
Du coup, on a fini par aller plein est pour trouver la côte et d'l'eau au plus vite, pasque Farouk pensait pas qu'la pluie allait v'nir de sitôt. On a eu quelques nuages qui pouvaient nous faire penser le contraire, mais z'ont été vite balayés et remplacés par le soleil. On a continué, en se rationnant, mais c'était dur : les orcs commençaient à d'venir incontrôlables pour les matrones, et nous-mêmes on était usés. Kacem est tombé dans les pommes au soleil, faute d'assez d'eau, l'était mal et l'a fallu que j'l'aide à guérir avec l'amulette magique. Là c'est moi qu'était mal, mais moins que lui.
Terre et ennuis en vue
Heureus'ment, on a commencé à percevoir qu'la côte d'vait pas être loin, rapport aux oiseaux présents en l'air. Tirielle et moi on a même fini par apercevoir un rivage au loin, d'puis l'nid d'pie. Ça tombe bien, on était pratiquement à sec, et on parlait de boire notre urine pour survivre. On avait bricolé des trucs pour récolter de l'eau à partir des voiles, mais sans pluie... Et sur la côte, même celle du désert, on trouverait forcément tôt ou tard de la flotte, surtout qu'Farouk et moi on était pas nés de la dernière pluie (haha) pour se débrouiller dans la nature...
Mais alors que la terre approchait, un premier pépin a pointé le bout d'son nez : trois bateaux longeaient la côte vers le nord-est, et ils risquaient de nous voir. On a affalé les voiles pour pas avancer plus, au risque de perdre du temps et avoir davantage soif, histoire de les laisser passer. Mais l'un des bateaux a dû nous voir quand même et s'est détourné de sa route pour venir vers nous. Un bateau plutôt guerrier, tandis qu'les deux autres - un marchand et un guerrier - continuaient. On a rien fait, comme si on était un bateau abandonné et fantôme, et pouvoir les surprendre. Surtout qu'i-z-avaient peu de chances de nous aborder de jour, s'en fallait de quelques heures encore.
Mais un autre problème s'est annoncé : des gros nuages noirs venant de l'est, avec éclairs en prime. Bref, une tempête risquait d'nous tomber d'sus rapid'ment, même si c'était encore qu'un orage au-d'sus des terres. Mais ça semblait sérieux, et le navire guerrier a fait d'mi-tour et a filé vers la côte, sans doute pour trouver à s'abriter. Du coup, on a fait pareil, légèrement au sud pour naviguer au plus près du vent d'est qui soufflait de plus en plus fort, tout en s'éloignant des bateaux. On les a perdus de vue, la côte s'approchait mais la tempête aussi. On a choisi de laisser une voile déferlée et de continuer et trouver un abri avant d's'en prendre plein la tronche.
L'a fallu donner tout c'qu'on avait. L'bateau était bon, et fallait bien ça pour aider Gaerwen et Belzagar à gérer les vagues et les vents. Tirielle est restée en haut pour guider jusqu'à une crique qu'elle a repérée avec ses sens d'elfe, tandis que Kacem s'accrochait à la proue pour repérer les rochers et récifs et éviter qu'on s'échoue. L'a d'ailleurs remarqué un truc en passant : les trous dans la coque bouchés avec des planches avaient comme disparus, comme si la coque avait "guéri" ! On a réussi à atteindre la crique, avec des falaises autour pour nous protéger du vent, et heureusement ! Même ainsi, ça soufflait si fort qu'il a fallu affaler la dernière voile avant qu'elle s'arrache ou qu'elle brise le mât qui faisait entendre des craquements sinistres. On y est arrivés, mais un des marins est tombé à la flotte et on l'a pas vu remonter, l'a dû s'assommer et couler à pic.
On était arrivés, on avait pu boire la flotte tombée du ciel et remplir un peu deux ou trois tonneaux sortis sur le pont, la terre était à portée. Après ça, faudrait voir la suite : entre les orcs qu'auraient p'têt' leurs projets à eux - et que Belzagar aurait voulu faire cramer avec le vaisseau - et les autres navires pas loin, les problèmes potentiels manquaient pas. Fallait voir comment les gérer, et ousqu'on irait ensuite, et comment. 'fin bon, on était vivants et plus sur l'île de cauchemar, not' premier objectif était atteint.
'fin bon, on s'est pas mal débrouillés jusque-là : on a survécu à une guerre avec des orcs, à la déshydratation (mais pourquoi toute cette eau elle est salée, d'abord ?), p'têt' aussi à des pirates haradrim... On a bouffé de la poiscaille comme jamais, des mauvaises odeurs d'orcs (dont certains en état de putréfaction avancée) à me retourner l'estomac, évité des récifs et chais pas trop quoi d'autre. Reste qu'on a toujours des centaines d'orcs à bord et qu'i-z-ont plus vraiment b'soin d'nous à présent. Quoique si on est sur le bord d'un désert, on est quand même source de nourriture et boisson... super quoi.
Combat dans l'entrepont
Bon, alors côté détails, j'avais parlé juste avant du sort qu'a endormi plus des trois quarts des orcs avec mon amulette magique. Magie qui m'fout toujours en l'air à chaque fois, mais bon, c'était pour la bonne cause. Mais c'était pas gagné pour autant : yavait des orcs encore éveillés qu'essayaient d'foutre le feu au bateau. Heureusement aucun des copains était endormi, donc ça avait plus que rééquilibré les forces : avec l'aide des matrones, ces orcs qu'étaient nos alliés, on pouvait résoudre le problème des orcs "normaux" une bonne fois pour toutes. Et les copains y comptaient bien.
Si j'ai bien compris c'que les autres m'ont dit, ça s'est passé un peu comme ça : Marti et Belzagar enfonçaient petit à petit les rangs des orcs normaux pour trouver les officiers et chef adverses qui f'saient retraite vers l'escalier qui menait à la cale. Pendant c'temps, Farouk et Tirielle arrosaient de leurs flèches les allumeurs de feu qui pionçaient pas. Kacem, lui, était passé par un trou dans la coque et s'faufilait discrètement vers les orcs pour en éliminer quelques-uns et arriver aux pyromanes. Et les orcs des matrones restés éveillés s'fritaient avec les orcs en face toujours debout.
La discrétion de Kacem a pas tenu long, vu qu'il avait déjà tué quelques femelles qui s'sont mises à crier pour prévenir leurs mâles et lui courir après avec des couteaux. I s'est mis à zigzaguer entre les orcs en esquivant leurs coups, aidé par les deux archers - l'elfe et l'autre Haradrim - qu'avaient tué un orc avec ses silex mais qui pouvaient rien pour l'autre, dont l'feu commençait à démarrer. C'est vers lui qu'Farouk est allé, jusqu'à l'envoyer dans un monde meilleur et devoir choisir entre parer les attaques contre lui ou éteindre le feu.
Pas loin, le gratin des orcs ennemis descendait dans la cale et Marti et Belzagar arrivaient peu après en haut des marches, attendus par quelques lanciers en bas de l'escalier. Du coup, comme Kacem semblait pouvoir gérer tout seul - l'avait guère plus qu'des femelles sur lui (2-3 le plus souvent) - Tirielle et Farouk sont v'nus aider les deux guerriers. Pendant qu'i prenaient des cadavres pour s'protéger, les archers descendaient deux orcs sur les quatre qu'attendaient en bas. Le pirate d'Umbar balança alors son corps d'orc sur un orc vivant qui l'menaçait et il tenta de descendre malgré celui qui restait.
Fin des combats
Kacem a super géré le feu et les orcs qui l'attaquaient : il a éteint le premier et trucidé les seconds, avec l'aide des matrones qu'avançaient de plus en plus. Les orcs ennemis d'vaient sentir qu'leur fin était proche, mais z-avaient pas attendu pour réagir : du feu avait été allumé pas seulement dans l'entrepont mais dans la cale aussi, et d'sous yavait encore personne pour empêcher les orcs de fout' le feu au bateau. Sauf p'têt' le bateau lui-même : Manil a senti qu'i s'passait quèqu'chose et d'l'humidité a suinté dans l'bateau qu'a empêché l'feu d'prendre facilement. Ce bateau magique semblait "avaler" l'eau qu'on embarquait, et c'est comme s'il s'en servait pour éteindre le feu et augmenter ses chances de survie. Complètement dingue.
Belzagar a pas réussi à passer le lancier orc qui restait en bas des marches : s'est fait blesser assez gravement, mais Marti en a profité pour passer en bas des marches et arriver au chef. Lequel chef lui a donné un méchant coup avec la hache magique de l'île. Le nain a tout paré et a quand même reçu une estafilade, bien vite oubliée, tandis que la hache de l'orc explosait en petits morceaux. L'orc a pas eu l'temps d'prendre une autre arme qu'i prenait une flèche de Tirielle ou Farouk, chais plus qui, puis qu'Marti lui faisait sauter sa vilaine caboche à quelques pas de là, faisant fuir les orcs à proximité.
Après ça a plus été qu'une formalité, si j'ai bien compris : l'nain et le pirate d'Umbar ont foncé sur les orcs qui f'saient démarrer des feux - i-z-étaient quatre dans la cale - pour leur exploser le crâne et éteindre les feux, qu'arrivaient pas à prendre à cause de la flotte qui suintait des planches du vaisseau. Pis ensuite, les derniers guerriers orcs normaux ont été dézingués. Après, les matrones se sont fait un plaisir de trucider tous ceux qui dormaient et de récupérer pour elles les femelles et les diablotins. Au final, yavait plus qu'un seul clan orc à bord...
C'était pas pour autant la fin des problèmes : le tiers des matrones - les orcs femelles et guerrières de not' côté - étaient mortes, mais l'en restait une soixantaine. Ça plus toutes les femelles des deux côtés, les snagas et les diablotins, on avait pas d'quoi pavoiser si jamais i s'retournaient contre nous. Pis yavait des trous - six - dans la coque du vaisseau, à l'avant, qu'il a fallu boucher avec des planches qu'on avait en rab'. Et si l'ravitaill'ment était plus un problème pour les orcs, vu la chair fraîche à disposition, c'était pas la même chose pour la flotte.
Nouveau cap
Une fois le ménage fait et les blessures soignées - tant celles du vaisseau que celles de Belzagar et autres - on a pu reprendre la route. Mais vers où ? Un petit point fait par Farouk et les deux pilotes parmi nous nous permettait d'estimer certaines distances, et nous laissait face à trois possibilités :
- aller au nord-est pour arriver un peu au-dessus d'Umbar - temps estimé de deux semaines
- aller plein est et arriver en bordure du désert d'Harad - autour d'une semaine
- aller au sud-est jusqu'à une cité du Sud lointain - autour de deux semaines
Mais il ne nous restait de l'eau que pour une semaine, sans parler des besoins des orcs. Arriver rapidement à la côte aurait permis de trouver de l'eau, éventuellement, mais après on aurait forcément croisé des bateaux pour qui on aurait été du pain béni, à savoir une proie facile. Enfin, pas si facile que ça avec le monde puant à bord, à condition de faire descendre d'éventuels "invités" dans l'entrepont ou de se faire aborder de nuit. Pas garanti, et personne voulait aller tester le Sud. On a donc choisi le nord-est, vers Umbar ou un peu au nord, en espérant qu'on aurait de la pluie en route.
Le début s'est bien passé, si ce n'est qu'il faisait trop beau. On a commencé à rationner la flotte, mais c'était difficile pour les actifs. Au bout de quelques jours, tous, hormis ceux destinés à la bonne marche du vaisseau, passaient leur temps à se reposer pour boire moins. Sauf moi, pasque j'voulais pas descendre du nid d'pie : avec le soleil et la chaleur, les cadavres gardés par les orcs puaient comme pas possible et ça m'foutait en l'air. Et rester là-haut au soleil, ça m'donnait soif... et pis z'avaient l'air de tenir à moi un peu quand même. Tenir les diablotins et autres petits orcs devenait difficile aussi pour les matrones, ça tombait comme des mouches sous l'pont.
Du coup, on a fini par aller plein est pour trouver la côte et d'l'eau au plus vite, pasque Farouk pensait pas qu'la pluie allait v'nir de sitôt. On a eu quelques nuages qui pouvaient nous faire penser le contraire, mais z'ont été vite balayés et remplacés par le soleil. On a continué, en se rationnant, mais c'était dur : les orcs commençaient à d'venir incontrôlables pour les matrones, et nous-mêmes on était usés. Kacem est tombé dans les pommes au soleil, faute d'assez d'eau, l'était mal et l'a fallu que j'l'aide à guérir avec l'amulette magique. Là c'est moi qu'était mal, mais moins que lui.
Terre et ennuis en vue
Heureus'ment, on a commencé à percevoir qu'la côte d'vait pas être loin, rapport aux oiseaux présents en l'air. Tirielle et moi on a même fini par apercevoir un rivage au loin, d'puis l'nid d'pie. Ça tombe bien, on était pratiquement à sec, et on parlait de boire notre urine pour survivre. On avait bricolé des trucs pour récolter de l'eau à partir des voiles, mais sans pluie... Et sur la côte, même celle du désert, on trouverait forcément tôt ou tard de la flotte, surtout qu'Farouk et moi on était pas nés de la dernière pluie (haha) pour se débrouiller dans la nature...
Mais alors que la terre approchait, un premier pépin a pointé le bout d'son nez : trois bateaux longeaient la côte vers le nord-est, et ils risquaient de nous voir. On a affalé les voiles pour pas avancer plus, au risque de perdre du temps et avoir davantage soif, histoire de les laisser passer. Mais l'un des bateaux a dû nous voir quand même et s'est détourné de sa route pour venir vers nous. Un bateau plutôt guerrier, tandis qu'les deux autres - un marchand et un guerrier - continuaient. On a rien fait, comme si on était un bateau abandonné et fantôme, et pouvoir les surprendre. Surtout qu'i-z-avaient peu de chances de nous aborder de jour, s'en fallait de quelques heures encore.
Mais un autre problème s'est annoncé : des gros nuages noirs venant de l'est, avec éclairs en prime. Bref, une tempête risquait d'nous tomber d'sus rapid'ment, même si c'était encore qu'un orage au-d'sus des terres. Mais ça semblait sérieux, et le navire guerrier a fait d'mi-tour et a filé vers la côte, sans doute pour trouver à s'abriter. Du coup, on a fait pareil, légèrement au sud pour naviguer au plus près du vent d'est qui soufflait de plus en plus fort, tout en s'éloignant des bateaux. On les a perdus de vue, la côte s'approchait mais la tempête aussi. On a choisi de laisser une voile déferlée et de continuer et trouver un abri avant d's'en prendre plein la tronche.
L'a fallu donner tout c'qu'on avait. L'bateau était bon, et fallait bien ça pour aider Gaerwen et Belzagar à gérer les vagues et les vents. Tirielle est restée en haut pour guider jusqu'à une crique qu'elle a repérée avec ses sens d'elfe, tandis que Kacem s'accrochait à la proue pour repérer les rochers et récifs et éviter qu'on s'échoue. L'a d'ailleurs remarqué un truc en passant : les trous dans la coque bouchés avec des planches avaient comme disparus, comme si la coque avait "guéri" ! On a réussi à atteindre la crique, avec des falaises autour pour nous protéger du vent, et heureusement ! Même ainsi, ça soufflait si fort qu'il a fallu affaler la dernière voile avant qu'elle s'arrache ou qu'elle brise le mât qui faisait entendre des craquements sinistres. On y est arrivés, mais un des marins est tombé à la flotte et on l'a pas vu remonter, l'a dû s'assommer et couler à pic.
On était arrivés, on avait pu boire la flotte tombée du ciel et remplir un peu deux ou trois tonneaux sortis sur le pont, la terre était à portée. Après ça, faudrait voir la suite : entre les orcs qu'auraient p'têt' leurs projets à eux - et que Belzagar aurait voulu faire cramer avec le vaisseau - et les autres navires pas loin, les problèmes potentiels manquaient pas. Fallait voir comment les gérer, et ousqu'on irait ensuite, et comment. 'fin bon, on était vivants et plus sur l'île de cauchemar, not' premier objectif était atteint.
Journal de Tobias - récit n° 28
Enfin ! Plus d'orcs puants à côtoyer, sans parler de leur capacité à bouffer de tout, en particulier du hobbit et autres joyeusetés... J'dois dire que j'les regretterai pas trop, même si c'est pas interdit de penser qu'on les reverra peut-être : après tout, i sont pas si loin qu'ça. Par contre, chais pas si on risque pas d'nous maudire à l'avenir, pour avoir am'né à terre une tribu entière pas loin d'un ch'min de passage de caravanes, sans parler d'un village dans l'secteur. En même temps, z-ont été corrects avec nous, si seulement i pouvaient rester loin des humains et des autres...
Pour autant, on est pas sortis d'l'auberge. Plus trop d'orcs, d'accord, mais l'problème de la flotte ou d'comment partir d'ici est loin d'être réglé : on est passé d'une île dans l'océan pour un îlot de rochers arides dans un océan de sable. Bon, d'accord, on a trouvé un point d'eau, la bouffe devrait pas être un problème avec poisson et gibier divers. Mais on est loin d'tout, sauf d'un campement, ville ou village de Haradrim du désert pour qui la vie doit pas êt' facile et qui r'garderont à deux fois avant d'nous aider. Rien n'est gratuit quand sa vie est en jeu. Mais détaillons un peu.
Exploration
La tempête a fini par s'calmer, mais quand l'jour est arrivé, la terre avait disparu... sous un banc de brume : on y voyait à vingt pas à tout casser, alors qu'la terre d'vait être à quatre ou cinq fois ça - une demi-encablure comme disait un marin. Pas d'problème, les copains ont descendu une embarcation, et cinq ont pris place : Tirielle, Kacem, Belzagar, Farouk et une lieutenant orc. Z-ont disparu dans la brume mais z-ont pu atteindre la plage sans problème. Pis z-ont commencé à fouiller les environs à la recherche de flotte, de trucs à bouffer et autres choses intéressantes.
Farouk a tout d'suite repéré des trucs gélatineux sur la plage : des méduses. Certaines s'mangent, i paraît, mais en général vaut mieux les éviter pasqu'elles ont des dards venimeux sur leurs tentacules. Bon, yavait aussi quelques p'tits arbres et buissons épineux, pis voilà. Ha oui, un peu d'eau d'pluie coincé entre des rochers, ou la brume qui s'déposait sur les mêmes rochers, et c'est tout. Pas d'rivière, juste une échancrure dans la falaise sans doute causée par l'érosion et les rares pluies violentes. Restait plus qu'à grimper.
Les copains sont montés en grimpant par l'échancrure, vu qu'y avait pas mieux. Plus haut, à quelques centaines de pas, dans un secteur un peu escarpé, z-ont trouvé des traces de passage voire de campement, et une espèce de trou d'eau à moitié recouvert de sable et gravier. Mais en creusant on pouvait récupérer un peu d'eau, en quantité limitée - pas d'quoi remplir un tonneau. Bref, i d'vait y avoir du passage par là, mais pas fréquent. Farouk connaissait tellement de légendes de caravanes perdues, monstres et autres curiosités, qu'on s'demandait pourquoi certains essayaient d'passer par la terre...
La brume a commencé à s'lever et les copains ont vu d'plus en plus loin. L'orc est vite revenue s'planquer du soleil sous la barque, mais les autres sont restés un peu - d'ailleurs le Belzagar est r'venu avec des belles rougeurs, i tape le soleil ! N'empêche que ça a permis de r'pérer un bosquet un peu plus loin avec un point d'eau et des traces d'animaux. Y compris celle d'un probable prédateur à quatre pattes, sans doute un gros chat. On s'est dit qu'valait mieux pas faire sortir Marti, sauf pour faire diversion !
Eau et nourriture
Quelques gourdes remplies (nan, ch'parle pas d'Tirielle) ça risquait pas d'suffire, fallait monter nos tonneaux vides jusqu'au point d'eau. Super, mais comment les r'descendre une fois pleins ? D'toute manière, on allait pas faire ça en plein soleil, surtout qu'ça chauffait vite. Faudrait qu'les orcs patientent - ça s'est pas trop mal passé, z-avaient bien bu pendant la nuit, et pis quelques diablotins en moins c'était pas un problème - et l'eau des gourdes a suffit pour ceux d'entre nous restés à bord.
Donc on s'est r'posés, sauf quelques-uns qu'ont bûché sur la fabrication d'un palan avec poulie pour monter et descendre des charges depuis un bord bas de la falaise. Z-ont préparé les pièces et tout, si bien qu'en fin d'journée, quand l'soleil était bas sur l'horizon, et supportable, z-ont tout débarqué. Certains comme Belzagar - qu'a grimpé avec un tonneau vide accroché à son dos, quelle mule ce gars - sont allés chercher d'la flotte pendant qu'les autres montaient l'palan. C'est l'nain qu'a testé la machine pour de vrai, et ça a tenu. Plus tard, un premier tonneau plein est rev'nu, un autre a été monté, pis d'autres pour les orcs.
En passant, les copains ont aussi rapporté d'la bouffe bien fraîche : deux espèces de grosses chèvres avec des grrrrrrandes cornes - des gazelles i paraît qu'ça s'appelle. Moi j'avais passé un peu d'temps à pêcher du poisson, mais là, vu la prise, chuis descendu et j'ai sorti mes instruments de cuisine - miam ! Après les trucs séchés et la poiscaille avalés sur le rafiot, un peu d'chang'ment f'sait pas d'mal. Avec un peu d'bois des environs, quelques herbes trouvées çà et là, j'ai fait mijoter tout ça et ch'crois qu'les copains ont pas eu à s'plaindre - burp !
Pour la nuit, une partie du groupe est restée à terre, un marin a fait la sentinelle un moment. Les orcs sont sortis aussi, pis une trentaine ont été amenés à terre pour aller chercher un coin qui leur convienne dans les collines rocailleuses plus à l'intérieur des terres. Avec les étoiles, Farouk a pu estimer not' position, et selon lui on était encore loin d'Umbar : p'têt' autour de cent vingt miles, une semaine à pied quoi - et dans l'désert. Moins avec le navire, mais fallait faire gaffe aux autres bateaux rencontrés, comme ceux qu'on avait vus plus au nord.
Naufrage et dispersion
Après minuit, alors que certains se r'posaient, comme par exemple Belzagar et Gaerwen, i s'est passé des trucs sur le bateau - assez d'bruit pour réveiller ceux restés à terre : ça gueulait fort, les orcs montaient sur le pont, et les copains... Bin, j'ai vu Kacem embarquer discrètement d'la corde et une voile de rechange dans la dernière embarcation, qu'le pirate d'Umbar avait fait mouiller près du navire. Pis l'voleur d'Umbar s'est éloigné à la rame... bientôt suivi par les aut' copains qu'ont sauté à l'eau depuis l'pont, avant d'le rejoindre.
Les orcs étaient pas très jouasses, et j'ai vite compris pourquoi : yavait de plus en plus de craquements au niveau du navire, qu'était sans doute en train de s'démonter magiquement ! Les orcs avaient vu des voies d'eau apparaître toutes seules dans la cale, et Manil sentait dl'a magie à l'œuvre dans l'navire. En r'gardant bien, on pouvait même voir le navire s'enfoncer petit à petit dans la flotte... Bref, les copains ont mis les voiles - façon d'parler - et les orcs se sont r'trouvés coincés à bord, vu qu'i savaient pas nager.
Chais plus qui leur avait quand même dit de prendre les tonneaux vides pour gagner la terre, pis z-ont eu l'idée de découper des morceaux d'bois du navire pour les aider à flotter. Au final y en a p'têt' une centaine qu'ont pu arriver vivants à terre, après qu'le navire ait complètement fini en morceaux - comme si toute la glu, la résine et autres colles, les chevilles et les clous avaient disparu ou s'étaient défaits tout seuls. Sans compter les autres partis chercher des cavernes où crécher. Les diablotins sont presque tous morts, mais z-ont pas été perdus pour tous...
La bonne entente avec les orcs étant p'têt' pas assez solide et vu qu'face à plus d'cent orcs on pesait pas lourd, on a décidé de prendre le large avec les deux embarcations et les deux tonneaux d'eau, pour l'essentiel. Tout en restant pas loin, mais hors de portée des orcs. Ces derniers ont fini par partir car on les entendait plus. On les voyait plus non plus, vu qu'la brume est arrivée, l'matin était pas loin. En journée, on a récupéré des morceaux d'navire et des voiles, plus outils et autres trucs utiles, parfois au fond d'la flotte. D'abord on a fait un abri sur les embarcations avec les voiles, puis après on est descendu à terre et on a fait des abris dans des coins ombragés - un pour l'matin et un pour l'après-midi.
Moyens de transport
Et maint'nant ? Certains ont parlé de faire un bateau à partir des deux barques et du bois du navire, pour aller plus vite. Ou d'monter vers le nord à la rame, mais l'courant était contraire. Bref, ça risquait d'prendre du temps - au moins une semaine- et la flotte allait nous manquer, sans parler des mauvaises rencontres possibles et d'se crever à ramer. Avec Farouk et Tirielle on est montés plus loin et haut dans les rochers, abrités sous d'la toile, pour avoir un point d'vue dégagé et voir si yavait pas un village ou un truc intéressant à distance...
Et on a vu des trucs : là où on était, pour commencer, c'était aride mais pas complètement désertique... comme un peu plus au nord, avec que du sable et pas d'eau. Plus au sud, à p'têt' une journée d'marche, on a vu d'la fumée comme celle d'une ville ou d'un campement, pis Farouk disait qu'y avait quelques rares villages le long des côtes. On a aussi vu des traces des orcs, qu'avaient dû trouver des cavernes ou autres abris dans les rochers plus à l'intérieur des terres. Pis on a vu un autre bosquet avec probable point d'eau à distance, et aussi des espèces de très grands chevaux avec une bosse sur le dos - des dromadaires, d'après Farouk.
Alors après ça, ya eu débat. On pouvait pas rester là, même si on était pas mal : d'la flotte, des poissons, des œufs, des oiseaux (surtout ceux qui passent trop près des cailloux de Kacem)... Mais comment partir ? En bateau, ce s'rait crevant et voyant. Par la terre on risquait pas d'y aller à pied, avec toujours le problème de la flotte. Mais Farouk a dit qu'les dromadaires faisaient des chouettes montures, et qu'on pourrait p'têt' aller voir les Haradrim du désert qu'étaient pas loin au sud. Et les dromadaires, en plus de nous porter, pourraient servir de monnaie d'échange...
Du coup, l'est parti de nuit avec Kacem et Tirielle, pour en capturer quelques-uns et les dresser. L'était déjà monté sur ces bêtes à bosse mais ça allait guère plus loin. Mais bon, avec d'la bonne volonté... Discrètement, sont allés jusqu'à l'autre point d'eau où les bêtes se r'posaient, même si l'une d'elles semblait veiller, d'autant qu'y avait un prédateur pas loin. D'ailleurs z-ont entendu un orc se faire prendre par ce dernier. Enfin bref, après s'êt' barbouillés de crottin, z-ont dégommé la sentinelle à distance, i' s'sont approchés, pis des nœuds coulants ont été accrochés à des pattes de bêtes endormies, l'autre extrémité attachée à un arbre...
Après un moment de réveil et panique, une bestiole s'était cassée une patte, mais deux étaient restées prisonnières. Pis Farouk a essayé d'en dresser une. L'a fait plusieurs essais, l'a bien volé (et bien atterri aussi), mais après un coup d'pied et une bonne morsure à l'épaule, l'a dû déclarer forfait. Kacem a essayé d'amadouer un peu une bête avec des feuilles puis des fruits rapportés par Farouk, mais ça a pas suffi. Pis la blonde a essayé sa magie, elle a fait amie-ami avec les deux dromadaires, ça marchait bien. Farouk, deux fois blessé, lui a jeté un regard genre bien noir...
Pour autant, on est pas sortis d'l'auberge. Plus trop d'orcs, d'accord, mais l'problème de la flotte ou d'comment partir d'ici est loin d'être réglé : on est passé d'une île dans l'océan pour un îlot de rochers arides dans un océan de sable. Bon, d'accord, on a trouvé un point d'eau, la bouffe devrait pas être un problème avec poisson et gibier divers. Mais on est loin d'tout, sauf d'un campement, ville ou village de Haradrim du désert pour qui la vie doit pas êt' facile et qui r'garderont à deux fois avant d'nous aider. Rien n'est gratuit quand sa vie est en jeu. Mais détaillons un peu.
Exploration
La tempête a fini par s'calmer, mais quand l'jour est arrivé, la terre avait disparu... sous un banc de brume : on y voyait à vingt pas à tout casser, alors qu'la terre d'vait être à quatre ou cinq fois ça - une demi-encablure comme disait un marin. Pas d'problème, les copains ont descendu une embarcation, et cinq ont pris place : Tirielle, Kacem, Belzagar, Farouk et une lieutenant orc. Z-ont disparu dans la brume mais z-ont pu atteindre la plage sans problème. Pis z-ont commencé à fouiller les environs à la recherche de flotte, de trucs à bouffer et autres choses intéressantes.
Farouk a tout d'suite repéré des trucs gélatineux sur la plage : des méduses. Certaines s'mangent, i paraît, mais en général vaut mieux les éviter pasqu'elles ont des dards venimeux sur leurs tentacules. Bon, yavait aussi quelques p'tits arbres et buissons épineux, pis voilà. Ha oui, un peu d'eau d'pluie coincé entre des rochers, ou la brume qui s'déposait sur les mêmes rochers, et c'est tout. Pas d'rivière, juste une échancrure dans la falaise sans doute causée par l'érosion et les rares pluies violentes. Restait plus qu'à grimper.
Les copains sont montés en grimpant par l'échancrure, vu qu'y avait pas mieux. Plus haut, à quelques centaines de pas, dans un secteur un peu escarpé, z-ont trouvé des traces de passage voire de campement, et une espèce de trou d'eau à moitié recouvert de sable et gravier. Mais en creusant on pouvait récupérer un peu d'eau, en quantité limitée - pas d'quoi remplir un tonneau. Bref, i d'vait y avoir du passage par là, mais pas fréquent. Farouk connaissait tellement de légendes de caravanes perdues, monstres et autres curiosités, qu'on s'demandait pourquoi certains essayaient d'passer par la terre...
La brume a commencé à s'lever et les copains ont vu d'plus en plus loin. L'orc est vite revenue s'planquer du soleil sous la barque, mais les autres sont restés un peu - d'ailleurs le Belzagar est r'venu avec des belles rougeurs, i tape le soleil ! N'empêche que ça a permis de r'pérer un bosquet un peu plus loin avec un point d'eau et des traces d'animaux. Y compris celle d'un probable prédateur à quatre pattes, sans doute un gros chat. On s'est dit qu'valait mieux pas faire sortir Marti, sauf pour faire diversion !
Eau et nourriture
Quelques gourdes remplies (nan, ch'parle pas d'Tirielle) ça risquait pas d'suffire, fallait monter nos tonneaux vides jusqu'au point d'eau. Super, mais comment les r'descendre une fois pleins ? D'toute manière, on allait pas faire ça en plein soleil, surtout qu'ça chauffait vite. Faudrait qu'les orcs patientent - ça s'est pas trop mal passé, z-avaient bien bu pendant la nuit, et pis quelques diablotins en moins c'était pas un problème - et l'eau des gourdes a suffit pour ceux d'entre nous restés à bord.
Donc on s'est r'posés, sauf quelques-uns qu'ont bûché sur la fabrication d'un palan avec poulie pour monter et descendre des charges depuis un bord bas de la falaise. Z-ont préparé les pièces et tout, si bien qu'en fin d'journée, quand l'soleil était bas sur l'horizon, et supportable, z-ont tout débarqué. Certains comme Belzagar - qu'a grimpé avec un tonneau vide accroché à son dos, quelle mule ce gars - sont allés chercher d'la flotte pendant qu'les autres montaient l'palan. C'est l'nain qu'a testé la machine pour de vrai, et ça a tenu. Plus tard, un premier tonneau plein est rev'nu, un autre a été monté, pis d'autres pour les orcs.
En passant, les copains ont aussi rapporté d'la bouffe bien fraîche : deux espèces de grosses chèvres avec des grrrrrrandes cornes - des gazelles i paraît qu'ça s'appelle. Moi j'avais passé un peu d'temps à pêcher du poisson, mais là, vu la prise, chuis descendu et j'ai sorti mes instruments de cuisine - miam ! Après les trucs séchés et la poiscaille avalés sur le rafiot, un peu d'chang'ment f'sait pas d'mal. Avec un peu d'bois des environs, quelques herbes trouvées çà et là, j'ai fait mijoter tout ça et ch'crois qu'les copains ont pas eu à s'plaindre - burp !
Pour la nuit, une partie du groupe est restée à terre, un marin a fait la sentinelle un moment. Les orcs sont sortis aussi, pis une trentaine ont été amenés à terre pour aller chercher un coin qui leur convienne dans les collines rocailleuses plus à l'intérieur des terres. Avec les étoiles, Farouk a pu estimer not' position, et selon lui on était encore loin d'Umbar : p'têt' autour de cent vingt miles, une semaine à pied quoi - et dans l'désert. Moins avec le navire, mais fallait faire gaffe aux autres bateaux rencontrés, comme ceux qu'on avait vus plus au nord.
Naufrage et dispersion
Après minuit, alors que certains se r'posaient, comme par exemple Belzagar et Gaerwen, i s'est passé des trucs sur le bateau - assez d'bruit pour réveiller ceux restés à terre : ça gueulait fort, les orcs montaient sur le pont, et les copains... Bin, j'ai vu Kacem embarquer discrètement d'la corde et une voile de rechange dans la dernière embarcation, qu'le pirate d'Umbar avait fait mouiller près du navire. Pis l'voleur d'Umbar s'est éloigné à la rame... bientôt suivi par les aut' copains qu'ont sauté à l'eau depuis l'pont, avant d'le rejoindre.
Les orcs étaient pas très jouasses, et j'ai vite compris pourquoi : yavait de plus en plus de craquements au niveau du navire, qu'était sans doute en train de s'démonter magiquement ! Les orcs avaient vu des voies d'eau apparaître toutes seules dans la cale, et Manil sentait dl'a magie à l'œuvre dans l'navire. En r'gardant bien, on pouvait même voir le navire s'enfoncer petit à petit dans la flotte... Bref, les copains ont mis les voiles - façon d'parler - et les orcs se sont r'trouvés coincés à bord, vu qu'i savaient pas nager.
Chais plus qui leur avait quand même dit de prendre les tonneaux vides pour gagner la terre, pis z-ont eu l'idée de découper des morceaux d'bois du navire pour les aider à flotter. Au final y en a p'têt' une centaine qu'ont pu arriver vivants à terre, après qu'le navire ait complètement fini en morceaux - comme si toute la glu, la résine et autres colles, les chevilles et les clous avaient disparu ou s'étaient défaits tout seuls. Sans compter les autres partis chercher des cavernes où crécher. Les diablotins sont presque tous morts, mais z-ont pas été perdus pour tous...
La bonne entente avec les orcs étant p'têt' pas assez solide et vu qu'face à plus d'cent orcs on pesait pas lourd, on a décidé de prendre le large avec les deux embarcations et les deux tonneaux d'eau, pour l'essentiel. Tout en restant pas loin, mais hors de portée des orcs. Ces derniers ont fini par partir car on les entendait plus. On les voyait plus non plus, vu qu'la brume est arrivée, l'matin était pas loin. En journée, on a récupéré des morceaux d'navire et des voiles, plus outils et autres trucs utiles, parfois au fond d'la flotte. D'abord on a fait un abri sur les embarcations avec les voiles, puis après on est descendu à terre et on a fait des abris dans des coins ombragés - un pour l'matin et un pour l'après-midi.
Moyens de transport
Et maint'nant ? Certains ont parlé de faire un bateau à partir des deux barques et du bois du navire, pour aller plus vite. Ou d'monter vers le nord à la rame, mais l'courant était contraire. Bref, ça risquait d'prendre du temps - au moins une semaine- et la flotte allait nous manquer, sans parler des mauvaises rencontres possibles et d'se crever à ramer. Avec Farouk et Tirielle on est montés plus loin et haut dans les rochers, abrités sous d'la toile, pour avoir un point d'vue dégagé et voir si yavait pas un village ou un truc intéressant à distance...
Et on a vu des trucs : là où on était, pour commencer, c'était aride mais pas complètement désertique... comme un peu plus au nord, avec que du sable et pas d'eau. Plus au sud, à p'têt' une journée d'marche, on a vu d'la fumée comme celle d'une ville ou d'un campement, pis Farouk disait qu'y avait quelques rares villages le long des côtes. On a aussi vu des traces des orcs, qu'avaient dû trouver des cavernes ou autres abris dans les rochers plus à l'intérieur des terres. Pis on a vu un autre bosquet avec probable point d'eau à distance, et aussi des espèces de très grands chevaux avec une bosse sur le dos - des dromadaires, d'après Farouk.
Alors après ça, ya eu débat. On pouvait pas rester là, même si on était pas mal : d'la flotte, des poissons, des œufs, des oiseaux (surtout ceux qui passent trop près des cailloux de Kacem)... Mais comment partir ? En bateau, ce s'rait crevant et voyant. Par la terre on risquait pas d'y aller à pied, avec toujours le problème de la flotte. Mais Farouk a dit qu'les dromadaires faisaient des chouettes montures, et qu'on pourrait p'têt' aller voir les Haradrim du désert qu'étaient pas loin au sud. Et les dromadaires, en plus de nous porter, pourraient servir de monnaie d'échange...
Du coup, l'est parti de nuit avec Kacem et Tirielle, pour en capturer quelques-uns et les dresser. L'était déjà monté sur ces bêtes à bosse mais ça allait guère plus loin. Mais bon, avec d'la bonne volonté... Discrètement, sont allés jusqu'à l'autre point d'eau où les bêtes se r'posaient, même si l'une d'elles semblait veiller, d'autant qu'y avait un prédateur pas loin. D'ailleurs z-ont entendu un orc se faire prendre par ce dernier. Enfin bref, après s'êt' barbouillés de crottin, z-ont dégommé la sentinelle à distance, i' s'sont approchés, pis des nœuds coulants ont été accrochés à des pattes de bêtes endormies, l'autre extrémité attachée à un arbre...
Après un moment de réveil et panique, une bestiole s'était cassée une patte, mais deux étaient restées prisonnières. Pis Farouk a essayé d'en dresser une. L'a fait plusieurs essais, l'a bien volé (et bien atterri aussi), mais après un coup d'pied et une bonne morsure à l'épaule, l'a dû déclarer forfait. Kacem a essayé d'amadouer un peu une bête avec des feuilles puis des fruits rapportés par Farouk, mais ça a pas suffi. Pis la blonde a essayé sa magie, elle a fait amie-ami avec les deux dromadaires, ça marchait bien. Farouk, deux fois blessé, lui a jeté un regard genre bien noir...
Journal de Tobias - récit n° 29
Finalement, les orcs étaient assez sympathiques. C'est vrai quoi, on arrivait à discuter avec certains d'entre eux, les autres étaient assez bêtes et on pouvait les gérer ; enfin, plus ou moins, et puis les copains surtout, pas moi... Dans le pire des cas, on pouvait même imaginer que mourir de leurs mains aurait pu au moins avoir deux utilités : goûter au repos éternel dans les cavernes de Mandos, et leur servir de repas. Pas qu'je sois pressé que l'un ou l'autre arrive, hein !
Donc, ouais, les orcs, ya pire. Ces foutus lesinas, ou chais pas comment ça s'écrit, bref, ces maudits zombies du désert, ça a tout pour rendre les orcs chouettes en comparaison : on peut pas discuter avec eux, les tuer est bien plus dur (ils le sont déjà, alors faut vraiment insister), i sont au moins aussi nombreux, pas sûr qu'on leur serve de bouffe, pis avec ça on n'est pas sûr de mourir vraiment avec eux. Par contre, faut leur reconnaître un ou deux points communs avec les orcs normaux : tout aussi cons et têtus quand il s'agit de fout' sur la gueule des vivants...
Premier contact
Mais au début il était question de dromadaires. Avec la magie de l'elfe, les copains sont revenus au camp avec les deux bestioles qui tenaient encore sur leurs pattes. Ils les ont attachées au palan en haut d'la falaise, pis Farouk, passablement amoché, a été descendu avec ledit palan. Histoire que je puisse lui faire quelques soins et l'aider à guérir. Les autres sont descendus plus normalement, nous ont mis au courant de c'qui s'était passé, ont mangé, dormi, etc.
Les deux jours qui ont suivi ont été assez tranquilles, histoire de laisser le Haradrim guérir un peu, aidé par la magie de l'amulette que j'ai fini par utiliser pour accélérer les choses. Me coûte toujours autant, mais j'ai l'impression qu'avec le temps j'deviens plus fort et résistant. A côté de ça, les copains ont passé du temps avec les dromadaires pour essayer d'les domestiquer pas seulement avec la magie d'l'elfe. On dirait qu'ça a marché.
Après quoi, une nuit, une expédition a été montée pour aller trouver le village de Haradrim et voir c'qu'on pouvait tirer d'eux. Ont participé Farouk (en grande partie guéri), Kacem, Belzagar, Tirielle et un marin qui pouvait servir d'interprète. Avec un dromadaire i-z-ont longé la côte jusqu'à repérer le village recherché, mais la brume est v'nue compliquer les choses. Se sont approchés discrètement, jusqu'au petit matin où z'étaient pratiquement sur place.
Ça semblait comme un gros village de pêcheurs avec quelques élevages, et des habitations en partie troglodytes, dans la falaise qui bordait la mer. Ils se sont montrés ouvertement, et ça s'est plutôt bien passé, qu'i-z-ont raconté : on les a invités à boire du thé et manger des p'tits trucs, ça arrivait à s'comprendre, et même si Belzagar faisait peur et Tirielle dérangeait un peu par son étrangeté, c'est resté cordial. Bref, un succès.
Et une nouvelle quête, une !
Par contre, être aimable et servir le p'tit déj' c'est une chose, aider plus c'en est une autre. D'abord pasque les copains étaient redevables aux Haradrim, ensuite pasque en faire plus ça avait son prix : donner dromadaire(s), eau et vivre pour traverser le désert aurait manqué au village, donc c'était pas gratuit. Et partir autrement risquait d'prendre du temps : une caravane par an peut-être passait dans l'coin, et p'têt' trois navires... Pis ce s'rait pas gratuit d'les rejoindre de tout' manière.
Bref, les autochtones étaient pas trop chauds pour faire plus qu'le minimum. Jusqu'au moment où il a été question des problèmes divers qui gênaient les habitants du coin, comme ces fameux lesinas, ces zombies desséchés par le désert, maudits, qui ne trouvaient pas le repos. Et arrive la mère éplorée qui fond en larmes à cause que son fils et deux autres se sont barrés - il y a trois jours - là où ya plein d'lésinas, suite à une légende de sanctuaire maudit plein d'trésor que les ados auraient découvert.
Et bien entendu, la blondasse d'elfe fait ni une ni deux et dit qu'ils vont retrouver les trois gamins vivants, tant qu'à faire avec du bonus trouvé sur place, en échange de quoi les villageois aideront après à nous faire traverser le désert. Les hordes de zombies ? Pas un problème. Le sanctuaire maudit d'un conquérant détraqué et sanguinaire ? Balade de santé. Le fait que personne soit jamais rev'nu d'là-bas, même quatre héros de légende ? On est les meilleurs. On connaît pas l'coin ? Les villageois nous aideront.
Ouais, en fait, là, c'était pas tout à fait ça. Les Haradrim voyaient pas l'intérêt qu'on aille se faire trucider, et encore moins de nous donner des trucs qui seraient du coup perdus pour eux. C'était pas gagné d'obtenir plus qu'un guide pour arriver dans l'secteur, mais finalement les copains ont pu trouver le bon argument : laisser le dromadaire sur place en échange d'eau, de vivres et d'autres petits trucs. Vu l'utilité d'la bestiole, l'échange leur conv'nait. Qu'on veuille crever, après tout, ça nous r'gardait, i s'raient pas perdants au final...
Repérage et feux de joie
Tout ça c'était bien beau, mais qui allait s'coltiner le sauvetage des gamins (plus vieux qu'moi) dans ce fameux sanctuaire maudit et plein d'morts-vivants ? Après discussion, Tirielle est partie dare-dare au camp avec le marin haradrim, sur le dromadaire, à l'aide de sa magie pour aller plus vite en motivant la bestiole ; et elle est rev'nue avec d'vinez qui ? Manil et moi. Le premier pasqu'i sent la magie comme pas deux, et moi pour les soins, entre autres choses.
'fin bon, depuis l'village on est partis à six, une nuit, menés par un copain des ados perdus qu'avaient d'l'eau et d'la nourriture pour une semaine - ça f'sait quat' jours qu'i-z-étaient allés s'perdre. Le gars nous a amenés à un endroit rocailleux avant d'se barrer pasque lesinas trop nombreux, mais la suite était facile : les ados avaient laissé des traces de leur passage (cairns), si bien qu'on a pu trouver le probable site du fameux sanctuaire, dépourvu d'aucune vie animale ou végétale à plusieurs portées de flèche à la ronde : une série de cavernes d'où sortaient plein de lesinas. C'était l'petit matin, le soleil allait s'lever...
Une fois les derniers zombies partis, on s'est approchés discrètement (enfin, la plupart) et on a grimpé dans la caverne d'ousqu'ils venaient tous. On a trouvé un portail de pierre - fermé - avec dessiné sur les deux battants crâne aux yeux de rubis, lance et cimeterre, et des traces de passage des trois abrutis haradrim. Impossible d'ouvrir le machin, mais Manil a senti qu'c'était magique et lié au soleil. P'têt' qu'ça s'ouvrait que de nuit ? En tout cas on n'avait pas été assez discrets, une demi-douzaine de lésinas sont rev'nus et on s'est frittés.
En gros, c'est lent et le feu les détruit (après un moment), mais sinon quesque c'est chiant à tuer pour de bon ! Kacem les a cramés avec une torche (la seule qu'on avait !), aidé par des flèches enflammées de Farouk, mais l'a bien couru et s'est pris de belles égratignures des monstres. Belzagar a aussi aidé en leur courant autour pour les disperser, mais heureusement qu'y en avait pas trop. Vu la centaine qu'on avait vu partir, valait mieux pas s'faire coincer ou on était foutus !
Coincés
Après de vaines tentatives d'ouvrir le satané portail magique, on est montés dans une caverne plus haut pour s'reposer. On avait fouillé la caverne principale de fond en comble et trouvé des p'tits trucs dans les ossements brisés et nombreux qui jonchaient le sol de la grotte : armes rouillées, quelques piécettes, trucs métalliques divers... Les traces montraient bien que le portail était le seul passage utilisé, et que les morts-vivants d'vaient y r'venir régulièrement.
Du coup, l'idée c'était de repérer quand les deux battants du portail s'ouvriraient, et de laisser les lesinas y entrer. Puis faudrait attendre de les voir tous ressortir pour passer l'portail avant qu'i s'referme. Si c'était possible, bien sûr. Et selon les perceptions magiques de Manil, yavait encore des trucs qui s'passaient en profondeur, faudrait voir alors et espérer qu'les gamins s'raient encore vivants. Sans parler de trouver à sortir vivants nous aussi.
Peu avant l'coucher du soleil, on est r'descendus dans la caverne pour guetter si l'portail allait s'ouvrir aussi. Moi j'étais posté à l'entrée, et quand les battants se sont ouverts magiquement, j'ai commencé à voir les premiers lesinas arriver. On a eu l'temps de pénétrer dans une pièce pleine de bas-reliefs qui f'saient peur à voir et donnaient pas DU TOUT envie d'rencontrer l'ancien propriétaire, et un escalier un colimaçon au milieu. Et en même temps qu'le portail s'ouvrait, autre chose bougeait aussi en profondeur.
Mais on n'a pas eu l'temps d'ressortir, les lesinas arrivaient au pied de l'entrée et étaient trop nombreux. On s'est planqués dans un recoin d'la caverne, là où les gamins avaient dû faire de même - et là où i-z-avaient chié et pissé - et on a laissé passer les morts-vivants. Au loin, très bas, par l'escalier de la pièce derrière le portail, on a entendu comme les cris desdits gamins - au moins z-étaient vivants. Mais pour combien d'temps encore ? Et on f'rait comment pour descendre si l'portail se r'fermait trop tôt ?
Donc, ouais, les orcs, ya pire. Ces foutus lesinas, ou chais pas comment ça s'écrit, bref, ces maudits zombies du désert, ça a tout pour rendre les orcs chouettes en comparaison : on peut pas discuter avec eux, les tuer est bien plus dur (ils le sont déjà, alors faut vraiment insister), i sont au moins aussi nombreux, pas sûr qu'on leur serve de bouffe, pis avec ça on n'est pas sûr de mourir vraiment avec eux. Par contre, faut leur reconnaître un ou deux points communs avec les orcs normaux : tout aussi cons et têtus quand il s'agit de fout' sur la gueule des vivants...
Premier contact
Mais au début il était question de dromadaires. Avec la magie de l'elfe, les copains sont revenus au camp avec les deux bestioles qui tenaient encore sur leurs pattes. Ils les ont attachées au palan en haut d'la falaise, pis Farouk, passablement amoché, a été descendu avec ledit palan. Histoire que je puisse lui faire quelques soins et l'aider à guérir. Les autres sont descendus plus normalement, nous ont mis au courant de c'qui s'était passé, ont mangé, dormi, etc.
Les deux jours qui ont suivi ont été assez tranquilles, histoire de laisser le Haradrim guérir un peu, aidé par la magie de l'amulette que j'ai fini par utiliser pour accélérer les choses. Me coûte toujours autant, mais j'ai l'impression qu'avec le temps j'deviens plus fort et résistant. A côté de ça, les copains ont passé du temps avec les dromadaires pour essayer d'les domestiquer pas seulement avec la magie d'l'elfe. On dirait qu'ça a marché.
Après quoi, une nuit, une expédition a été montée pour aller trouver le village de Haradrim et voir c'qu'on pouvait tirer d'eux. Ont participé Farouk (en grande partie guéri), Kacem, Belzagar, Tirielle et un marin qui pouvait servir d'interprète. Avec un dromadaire i-z-ont longé la côte jusqu'à repérer le village recherché, mais la brume est v'nue compliquer les choses. Se sont approchés discrètement, jusqu'au petit matin où z'étaient pratiquement sur place.
Ça semblait comme un gros village de pêcheurs avec quelques élevages, et des habitations en partie troglodytes, dans la falaise qui bordait la mer. Ils se sont montrés ouvertement, et ça s'est plutôt bien passé, qu'i-z-ont raconté : on les a invités à boire du thé et manger des p'tits trucs, ça arrivait à s'comprendre, et même si Belzagar faisait peur et Tirielle dérangeait un peu par son étrangeté, c'est resté cordial. Bref, un succès.
Et une nouvelle quête, une !
Par contre, être aimable et servir le p'tit déj' c'est une chose, aider plus c'en est une autre. D'abord pasque les copains étaient redevables aux Haradrim, ensuite pasque en faire plus ça avait son prix : donner dromadaire(s), eau et vivre pour traverser le désert aurait manqué au village, donc c'était pas gratuit. Et partir autrement risquait d'prendre du temps : une caravane par an peut-être passait dans l'coin, et p'têt' trois navires... Pis ce s'rait pas gratuit d'les rejoindre de tout' manière.
Bref, les autochtones étaient pas trop chauds pour faire plus qu'le minimum. Jusqu'au moment où il a été question des problèmes divers qui gênaient les habitants du coin, comme ces fameux lesinas, ces zombies desséchés par le désert, maudits, qui ne trouvaient pas le repos. Et arrive la mère éplorée qui fond en larmes à cause que son fils et deux autres se sont barrés - il y a trois jours - là où ya plein d'lésinas, suite à une légende de sanctuaire maudit plein d'trésor que les ados auraient découvert.
Et bien entendu, la blondasse d'elfe fait ni une ni deux et dit qu'ils vont retrouver les trois gamins vivants, tant qu'à faire avec du bonus trouvé sur place, en échange de quoi les villageois aideront après à nous faire traverser le désert. Les hordes de zombies ? Pas un problème. Le sanctuaire maudit d'un conquérant détraqué et sanguinaire ? Balade de santé. Le fait que personne soit jamais rev'nu d'là-bas, même quatre héros de légende ? On est les meilleurs. On connaît pas l'coin ? Les villageois nous aideront.
Ouais, en fait, là, c'était pas tout à fait ça. Les Haradrim voyaient pas l'intérêt qu'on aille se faire trucider, et encore moins de nous donner des trucs qui seraient du coup perdus pour eux. C'était pas gagné d'obtenir plus qu'un guide pour arriver dans l'secteur, mais finalement les copains ont pu trouver le bon argument : laisser le dromadaire sur place en échange d'eau, de vivres et d'autres petits trucs. Vu l'utilité d'la bestiole, l'échange leur conv'nait. Qu'on veuille crever, après tout, ça nous r'gardait, i s'raient pas perdants au final...
Repérage et feux de joie
Tout ça c'était bien beau, mais qui allait s'coltiner le sauvetage des gamins (plus vieux qu'moi) dans ce fameux sanctuaire maudit et plein d'morts-vivants ? Après discussion, Tirielle est partie dare-dare au camp avec le marin haradrim, sur le dromadaire, à l'aide de sa magie pour aller plus vite en motivant la bestiole ; et elle est rev'nue avec d'vinez qui ? Manil et moi. Le premier pasqu'i sent la magie comme pas deux, et moi pour les soins, entre autres choses.
'fin bon, depuis l'village on est partis à six, une nuit, menés par un copain des ados perdus qu'avaient d'l'eau et d'la nourriture pour une semaine - ça f'sait quat' jours qu'i-z-étaient allés s'perdre. Le gars nous a amenés à un endroit rocailleux avant d'se barrer pasque lesinas trop nombreux, mais la suite était facile : les ados avaient laissé des traces de leur passage (cairns), si bien qu'on a pu trouver le probable site du fameux sanctuaire, dépourvu d'aucune vie animale ou végétale à plusieurs portées de flèche à la ronde : une série de cavernes d'où sortaient plein de lesinas. C'était l'petit matin, le soleil allait s'lever...
Une fois les derniers zombies partis, on s'est approchés discrètement (enfin, la plupart) et on a grimpé dans la caverne d'ousqu'ils venaient tous. On a trouvé un portail de pierre - fermé - avec dessiné sur les deux battants crâne aux yeux de rubis, lance et cimeterre, et des traces de passage des trois abrutis haradrim. Impossible d'ouvrir le machin, mais Manil a senti qu'c'était magique et lié au soleil. P'têt' qu'ça s'ouvrait que de nuit ? En tout cas on n'avait pas été assez discrets, une demi-douzaine de lésinas sont rev'nus et on s'est frittés.
En gros, c'est lent et le feu les détruit (après un moment), mais sinon quesque c'est chiant à tuer pour de bon ! Kacem les a cramés avec une torche (la seule qu'on avait !), aidé par des flèches enflammées de Farouk, mais l'a bien couru et s'est pris de belles égratignures des monstres. Belzagar a aussi aidé en leur courant autour pour les disperser, mais heureusement qu'y en avait pas trop. Vu la centaine qu'on avait vu partir, valait mieux pas s'faire coincer ou on était foutus !
Coincés
Après de vaines tentatives d'ouvrir le satané portail magique, on est montés dans une caverne plus haut pour s'reposer. On avait fouillé la caverne principale de fond en comble et trouvé des p'tits trucs dans les ossements brisés et nombreux qui jonchaient le sol de la grotte : armes rouillées, quelques piécettes, trucs métalliques divers... Les traces montraient bien que le portail était le seul passage utilisé, et que les morts-vivants d'vaient y r'venir régulièrement.
Du coup, l'idée c'était de repérer quand les deux battants du portail s'ouvriraient, et de laisser les lesinas y entrer. Puis faudrait attendre de les voir tous ressortir pour passer l'portail avant qu'i s'referme. Si c'était possible, bien sûr. Et selon les perceptions magiques de Manil, yavait encore des trucs qui s'passaient en profondeur, faudrait voir alors et espérer qu'les gamins s'raient encore vivants. Sans parler de trouver à sortir vivants nous aussi.
Peu avant l'coucher du soleil, on est r'descendus dans la caverne pour guetter si l'portail allait s'ouvrir aussi. Moi j'étais posté à l'entrée, et quand les battants se sont ouverts magiquement, j'ai commencé à voir les premiers lesinas arriver. On a eu l'temps de pénétrer dans une pièce pleine de bas-reliefs qui f'saient peur à voir et donnaient pas DU TOUT envie d'rencontrer l'ancien propriétaire, et un escalier un colimaçon au milieu. Et en même temps qu'le portail s'ouvrait, autre chose bougeait aussi en profondeur.
Mais on n'a pas eu l'temps d'ressortir, les lesinas arrivaient au pied de l'entrée et étaient trop nombreux. On s'est planqués dans un recoin d'la caverne, là où les gamins avaient dû faire de même - et là où i-z-avaient chié et pissé - et on a laissé passer les morts-vivants. Au loin, très bas, par l'escalier de la pièce derrière le portail, on a entendu comme les cris desdits gamins - au moins z-étaient vivants. Mais pour combien d'temps encore ? Et on f'rait comment pour descendre si l'portail se r'fermait trop tôt ?
Journal de Tobias - récit n° 30
Pour une fois, j'dois dire qu'le nain m'a épaté. Ben quoi, par le passé, l'a toujours r'gardé davantage à c'que sa bourse soit bien garnie plutôt qu'ses copains aillent bien. Bon, d'accord, ces souvenirs datent de nos débuts à Tharbad, et Marti a bien évolué. Mais quand même, tomber sur un trésor de dragon et arriver à ne rien en prendre, pas même une piécette, chapeau le nain ! Bon, d'un autre côté, s'il l'avait fait, il aurait été désossé par le reste de l'équipe. Ou par le spectre qui serait revenu rien qu'pour lui.
Car oui, on est tombé sur un beau spectre-pas-sympa-du-tout-très-puissant-et-même-foutrement-mortel, sans parler de quelques fantômes, des lesinas à la pelle... et les gamins qu'on recherchait. Et on a même réussi à s'en tirer, et avec quelques objets sacrément utiles avec ça, dont un spécialement conçu pour combattre les morts-vivants. Ce qui n'a pas empêché, un peu plus tard, l'un d'eux d'écorcher vif - en partie du moins - Belzagar, qui avait l'objet en question. Mais notre pirate est costaud, il survivra.
Descente
Bon, reprenons où on en était : les gamins étaient vivants, en bas - très bas - d'une crypte bourrée de lesinas, bien trop pour nous. Donc on s'est dit qu'on allait laisser la nuit passer, et lorsque les lesinas ressortiraient, on filerait par la porte de la crypte avant qu'elle se referme. Ouais, super, mais est-ce qu'on pouvait attendre que les espèces de zombies soient tous partis et entrer avant la fermeture de la porte ? Si c'était pas l'cas, ça voulait dire attendre une journée d'plus, avec le risque qu'les gamins tiennent pas. On était pas tous d'accord, mais à la fin on a décidé de foncer dans les derniers et d'forcer l'passage, pour êt' sûrs de passer et se laisser enfermer.
Lorsque les lesinas étaient presque tous sortis et que Manil a senti qu'la magie s'réveillait, on a filé comme des fous au fond d'la caverne. Farouk et Tirielle ont utilisé des flèches enflammées sur quelques lesinas mais ils brûlaient pas assez vite. Kacem a tourné autour du dernier pour l'éloigner d'la porte et des copains. Gaerwen en a attaqué un comme une folle mais elle a failli se faire dévisser la tête. Belzagar a dû la protéger en se défendant, et Marti en a fait autant. Mais en fin d'compte on a pu passer, et la porte s'est r'fermée ; les deux Dúnedain ont fait des beaux plongeons pour pas rester en arrière, surtout la capitaine !
On a descendu l'escalier qu'on avait déjà vu, pis on est arrivé dans un espèce de puits immense et comme sans fond. Yavait un chemin taillé dans la roche pour descendre, en pente, et sacrément glissant à cause de tout l'sang qui sortait d'un p'tit renfoncement creusé au-dessus du ch'min, et rempli de crânes et autres ossements. Et ça puait la magie. La blonde a essayé de descendre, mais l'a failli jouer au toboggan - bien profond - et finir en bas dans on savait pas quel état. Elle a testé avec un crâne, et ça donnait pas envie d'essayer...
Mais on a entendu les gamins au fond et on a pu échanger avec eux. Coincés qu'i-z-étaient... et nous avec eux : en journée, le chemin était impraticable à cause du sang. La nuit, le sang disparaissait et des marches apparaissaient, mais les lésinas aussi en haut ! Du coup, on était obligés d'attendre la nuit pour descendre - plus vite que les lesinas - et rejoindre les gamins. Surtout qu'i' nous ont dit qu'i yavait des couloirs que les lesinas laissaient tranquilles, avec juste quelques fantômes, mais z'avaient pas l'air méchants, même s'ils leur foutaient une sacrée trouille - semblaient garder des portes.
Discussions
On a donc r'trouvé les gamins, à au moins cent pas d'profondeur au fond du foutu puits, en état à peu près correct sauf qu'i-z-avaient presque plus de vivres et d'eau. Ça valait aussi pour nous en fait, mais on pensait que p'têt' les fantômes pourraient nous aider. Au fond, yavait une grand caverne avec quatre portes, et derrière chacune, un grand couloir circulaire avec quatre portes devant une trappe... et un fantôme devant la porte. Les copains pouvaient pas tous s'avancer trop, les meilleurs restaient à un pas, mais moi j'pouvais m'approcher assez pour toucher les fantômes - pas qu'j'ai eu envie d'le faire, hein !
En tout cas, on a essayé d'leur causer et ça a marché. I parlaient une vieille langue que Gaerwen et Belzagar comprenaient - l'ancienne langue de Númenor, l'adûnaic ça s'appelle je crois. En fait les quatre fantômes étaient d'anciens héros qu'avaient essayé de tuer (pour de bon !) le spectre qui vivaient tout au fond. J'crois qu'c'était un grand général ou empereur fou qu'a pas eu assez d'son vivant pour trucider du monde par dizaines ou centaines de milliers, l'a fallu qu'i continue une fois mort...
Bref, les fantômes nous ont dit qu'i-z-avaient essayé d'le combattre mais i rev'nait tout l'temps. Alors i se sont sacrifiés pour le maint'nir enfermé et créer une magie capable de le détruire... avec l'aide de vivants altruistes, débrouillards et à l'âme bien trempée. Ben tiens. En gros, des couillons comme nous, quoi. C'était quoi le plan ? On promet de détruire le spectre et toutes ses possessions sans exception - pas possible de garder même une p'tit' piécette, entendu le nain ? - et les fantômes nous aident à faire ça en nous fournissant des objets magiques balèzes.
Bien entendu, si on n'est pas d'accord, les fantômes nous aident pas et on crève, soit aux mains des lesinas, soit de faim ou d'soif, soit d'la main du spectre. Super le choix. Mais au fait, le spectre, il était où ? Dans une pièce secrète sous le fond du puits, pleine de trésors digne d'un vieux dragon hyperactif. On pouvait y arriver par des passages secrets accessibles au fond des trappes. Et si les fantômes restaient immobiles, c'était pour l'empêcher d'sortir de là. C'est aussi grâce à leur pouvoir qu'les lesinas pouvaient pas v'nir dans les couloirs, au moment même où on discutait.
Préparation au combat
Bref, on a tous promis, même les gamins, pis on a eu accès - pour ceux capables de frôler les gardiens éthérés (moi, quoi !) - aux quatre portes que les fantômes gardaient : le passage vers leur tombeau, avec dans chacun des objets pour nous aider. Ouais, mais l'tombeau était en pierre, vach'ment lourd pour moi ! Avec la hache du nain - m'en suis servi comme levier - et divers outils, j'ai réussi à en ouvrir un, mais c'était crevant. En fin d'compte, le nain s'est forcé un peu et il a réussi à passer tout près des fantômes pour pouvoir m'aider et récupérer les objets.
Quatre des objets servaient à la destruction d'la crypte du conquérant mort-vivant : quatre morceaux de bâton magique à assembler et actionner magiquement dans le tombeau du spectre, en sa présence. Ça retournerait la puissante magie du lieu contre lui-même, et ça détruirait tout. Mais pour qu'le spectre soit définitivement détruit, fallait rien r'tirer d'son trésor, qu'était maudit. Et en plus fallait sortir vite après avoir activé la magie, pasqu'elle allait pas attendre tranquillement qu'on soit en sécurité, bien sûr !
Mais yavait quatre autres objets assez sympas : un livre vierge, mais qui contenait tout le savoir - général - du monde. Tu t'concentres, et des écrits apparaissent sur le sujet, voire des plans, comme un érudit aurait pu en faire. C'est Manil qui l'a pris, et i s'en est servi pour en apprendre plus sur les moyens de fout' sur la gueule du spectre. Il a notamment lu qu'la magie des soins pouvait protéger d'la magie du spectre. Alors il a fait des rituels de soin sur tous - moi excepté, manquait d'plantes médicinales - pour les protéger. Moi i paraît qu'chuis naturellement très résistant.
Yavait aussi une épée, c'est Belzagar qui l'a prise, elle était enchantée pour détruire les morts-vivants. Puis aussi un arc magique dont les flèches devenaient magiques et pouvaient blesser des spectres... avant de se consumer. C'est l'elfe qui l'a pris. Enfin, yavait une armure de cuir très résistante et légère, avec un pouvoir particulier : en se concentrant sur un ennemi, le porteur devenait imperceptible pour ce même ennemi. Mais fallait s'concentrer, donc pas possible de combattre ou faire d'la magie en même temps, et ça marchait que sur une personne. Manil l'a pris, qu'allait avoir la tâche d'activer le bâton qui f'rait tout sauter.
Retour triomphal
Pis on s'est mis deux par deux, pour arriver par les quat' directions possibles en même temps : Kacem et Manil, qui d'vaient remettre le bâton en état d'marche et l'activer. Farouk et moi, pour repérer c'qui yavait à voir et aider les autres. Belzagar et Gaerwen, pour la baston, avec l'appui de Marti et Tirielle. On a trouvé tous les passages secrets, on s'est coordonnés de loin par la voix. Pis on est entrés. J'vous dit pas le trésor de malade ! La pièce était bourrée à craquer de trésors de toutes sortes, de gemmes qui brillaient toutes seules, de bijoux, d'armures et d'armes diverses, et j'en passe - on voyait même pas le tombeau au centre. Le spectre nous avait senti arriver, mais il a préféré aller droit sur les deux Dúnedain. Ou bien pasqu'il était comme eux, ou bien pasque l'arme la plus dangereuse était là.
Même en parant comme un fou, le pirate s'prenait des égratignures, mais rien d'grave. Tirielle avait pas d'flèches assez grandes pour l'arc magique de Númenor mais elle en a trouvé dans la salle, et Farouk pareil, des magiques. Pas qu'ça ait fait grand-chose, leurs tirs lui f'saient mal mais l'ralentissaient pas vraiment. J'ai trouvé une épée magique pour Gaerwen, j'lui ai lancée, l'a attaqué l'spectre dans l'dos. Du coup l'a envoyé sa magie sur le pirate puis il s'est tourné vers la capitaine, qu'a réussi à parer mais de justesse. Belzagar est tellement têtu qu'avec la magie de Manil le sortilège du spectre lui a rien fait, et l'a profondément planté l'épée magique dans l'dos du spectre, qui s'est évaporé.
Pendant c'temps-là, Kacem et Manil avaien réparé et activé le bâton d'magie, et tout a commencé à partir en couilles. On s'est dépêché de r'monter - les lesinas s'étaient tous effondrés, sans non-vie - avant qu'tout s'écroule. Les plus costauds ont aidé voire porté (merci Belzagar !) les plus faibles ou moins endurants. C'était chaud, les derniers ont failli finir ensevelis dans la caverne. Mais à la fin, malgré quelques p'tites blessures ou égratignures, on était tous en vie, dehors, enfants compris ! Ouais !
C'était l'début du jour, i nous restait presque plus d'eau, donc Farouk a cherché une grotte pour passer la journée au frais. On est rev'nus au village de nuit, sales et assoiffés, j'vous dis pas la fête ! On est restés un mois pour guérir, se r'poser, capturer et dresser trois nouveaux dromadaires avec la magie d'l'elfe. Et aussi attendre que l'gros d'la mauvaise saison - l'automne avec plein de tempêtes (de mer ou de sable) soit passée. Et enfin on était prêts à partir avec vivres et eau, sur cinq vaisseaux du désert - deux par dromadaire, en comptant les deux marins survivants.
Rencontres
Bref, le dernier mois de l'année, on est r'partis le long d'la côte, sur les dunes de sable du désert de Harad. Farouk était le meilleur monteur et menait la caravane - moi j'm'accrochais, j'vois pas c'que j'pouvais faire d'autre - avec les bêtes attachées les unes aux autres. On voyageait d'nuit et on avait des tentes pour s'protéger du soleil et d'la chaleur le jour. Première nuit et premier jour pas d'problème, mais sur la fin d'la deuxième nuit, on a commencé à percevoir quèqu'chose devant, pas loin. J'ai senti une odeur de mort et j'l'ai dit aux copains.
Après avoir essayé d'contourner l'endroit d'où ça venait, on est tombé sur des traces de fuite. En remontant, on est tombé sur les restes d'un campement de caravane, avec plusieurs cadavres que des hyènes nettoyaient. On les a laissées faire et on a fouillé les restes en journée, une fois qu'elles étaient parties. On avait déjà trouvé le cadavre d'un gars qui fuyait auparavant, et là y'en avait une demi-douzaine d'autres. D'après les traces et le bouquin de Manil, on a compris c'qui s'était passé : la journée précédente, un diable du désert - un mort-vivant sous la forme d'un tourbillon de sable - avait attaqué le camp. Il faisait des traces bien particulières, comme un sillon entre autres.
Plusieurs personnes avaient pu s'enfuir d'après les traces, mais p'têt' pas loin. Mais surtout, yavait p'têt' une demi-douzaine de dromadaires qu'avaient fui en premier. Ça, plus les restes de tissus ou cuirs fins, ça pouvait bien nous aider à passer pour des marchands. Avec Farouk on est allés voir en haut d'une grande dune si on pouvait pas voir quèqu'chose ou quelqu'un, et on a r'péré deux-trois dromadaires et une p'tit' tente à une heure de dromadaire, alors on y est tous allés. On est tombé sur le chamelier, le maître des bestioles quoi, qui cherchait d'autres survivants, et surtout son fils. Alors, à sa demande, on a dit qu'on allait restait avec lui et qu'on l'aiderait une fois la nuit venue.
On a suivi les dernières traces qu'avaient pas encore abouti à un cadavre, et j'ai commencé à percevoir un tourbillon qui v'nait vers nous. Dans l'même temps, Manil a senti d'la magie sur le gars, et quand il lui en a parlé, l'autre a commencé à lancer un sort - c'était un sorcier ! Une flèche de Farouk l'a tué, ou p'têt' qu'c'est l'pirate qui l'a achevé (lui a coupé la tête), mais surtout, le tourbillon était là. Yavait encore d'la magie sur le cadavre - un bracelet qu'avait dû appeler l'mort-vivant - mais impossible de savoir comment ça marchait. Et on s'en est pris plein la tronche.
Le sable volait dans tous les sens et nous aveuglait en partie. Belzagar avait sorti son épée magique, mais le tourbillon l'a envoyé en l'air avant qu'il ait pu faire quoi qu'ce soit. Heureusement qu'il est costaud, s'est pas fait trop mal en r'tombant. Les flèches de Tirielle l'ont à peine ralenti. Manil s'est fait courser un moment, sans doute à cause du bracelet. Marti a testé pour la première et dernière fois sa hache-magique-à-un-coup, pour un résultat limité (et plein d'morceaux de hache partout). L'pirate était toujours menaçant alors le sable a commencé à déchirer ses vêtements et sa peau en lui arrivant dessus à toute allure. Puis il l'a élevé en l'air mais au même moment Belzagar a réussi à planter l'épée au milieu du tourbillon, qui s'est dissipé. Il a commencé à se reformer mais le bracelet a été brisé par l'épée magique et la créature a disparu pour de bon. C'est animé, la nuit dans l'désert de Harad...
Car oui, on est tombé sur un beau spectre-pas-sympa-du-tout-très-puissant-et-même-foutrement-mortel, sans parler de quelques fantômes, des lesinas à la pelle... et les gamins qu'on recherchait. Et on a même réussi à s'en tirer, et avec quelques objets sacrément utiles avec ça, dont un spécialement conçu pour combattre les morts-vivants. Ce qui n'a pas empêché, un peu plus tard, l'un d'eux d'écorcher vif - en partie du moins - Belzagar, qui avait l'objet en question. Mais notre pirate est costaud, il survivra.
Descente
Bon, reprenons où on en était : les gamins étaient vivants, en bas - très bas - d'une crypte bourrée de lesinas, bien trop pour nous. Donc on s'est dit qu'on allait laisser la nuit passer, et lorsque les lesinas ressortiraient, on filerait par la porte de la crypte avant qu'elle se referme. Ouais, super, mais est-ce qu'on pouvait attendre que les espèces de zombies soient tous partis et entrer avant la fermeture de la porte ? Si c'était pas l'cas, ça voulait dire attendre une journée d'plus, avec le risque qu'les gamins tiennent pas. On était pas tous d'accord, mais à la fin on a décidé de foncer dans les derniers et d'forcer l'passage, pour êt' sûrs de passer et se laisser enfermer.
Lorsque les lesinas étaient presque tous sortis et que Manil a senti qu'la magie s'réveillait, on a filé comme des fous au fond d'la caverne. Farouk et Tirielle ont utilisé des flèches enflammées sur quelques lesinas mais ils brûlaient pas assez vite. Kacem a tourné autour du dernier pour l'éloigner d'la porte et des copains. Gaerwen en a attaqué un comme une folle mais elle a failli se faire dévisser la tête. Belzagar a dû la protéger en se défendant, et Marti en a fait autant. Mais en fin d'compte on a pu passer, et la porte s'est r'fermée ; les deux Dúnedain ont fait des beaux plongeons pour pas rester en arrière, surtout la capitaine !
On a descendu l'escalier qu'on avait déjà vu, pis on est arrivé dans un espèce de puits immense et comme sans fond. Yavait un chemin taillé dans la roche pour descendre, en pente, et sacrément glissant à cause de tout l'sang qui sortait d'un p'tit renfoncement creusé au-dessus du ch'min, et rempli de crânes et autres ossements. Et ça puait la magie. La blonde a essayé de descendre, mais l'a failli jouer au toboggan - bien profond - et finir en bas dans on savait pas quel état. Elle a testé avec un crâne, et ça donnait pas envie d'essayer...
Mais on a entendu les gamins au fond et on a pu échanger avec eux. Coincés qu'i-z-étaient... et nous avec eux : en journée, le chemin était impraticable à cause du sang. La nuit, le sang disparaissait et des marches apparaissaient, mais les lésinas aussi en haut ! Du coup, on était obligés d'attendre la nuit pour descendre - plus vite que les lesinas - et rejoindre les gamins. Surtout qu'i' nous ont dit qu'i yavait des couloirs que les lesinas laissaient tranquilles, avec juste quelques fantômes, mais z'avaient pas l'air méchants, même s'ils leur foutaient une sacrée trouille - semblaient garder des portes.
Discussions
On a donc r'trouvé les gamins, à au moins cent pas d'profondeur au fond du foutu puits, en état à peu près correct sauf qu'i-z-avaient presque plus de vivres et d'eau. Ça valait aussi pour nous en fait, mais on pensait que p'têt' les fantômes pourraient nous aider. Au fond, yavait une grand caverne avec quatre portes, et derrière chacune, un grand couloir circulaire avec quatre portes devant une trappe... et un fantôme devant la porte. Les copains pouvaient pas tous s'avancer trop, les meilleurs restaient à un pas, mais moi j'pouvais m'approcher assez pour toucher les fantômes - pas qu'j'ai eu envie d'le faire, hein !
En tout cas, on a essayé d'leur causer et ça a marché. I parlaient une vieille langue que Gaerwen et Belzagar comprenaient - l'ancienne langue de Númenor, l'adûnaic ça s'appelle je crois. En fait les quatre fantômes étaient d'anciens héros qu'avaient essayé de tuer (pour de bon !) le spectre qui vivaient tout au fond. J'crois qu'c'était un grand général ou empereur fou qu'a pas eu assez d'son vivant pour trucider du monde par dizaines ou centaines de milliers, l'a fallu qu'i continue une fois mort...
Bref, les fantômes nous ont dit qu'i-z-avaient essayé d'le combattre mais i rev'nait tout l'temps. Alors i se sont sacrifiés pour le maint'nir enfermé et créer une magie capable de le détruire... avec l'aide de vivants altruistes, débrouillards et à l'âme bien trempée. Ben tiens. En gros, des couillons comme nous, quoi. C'était quoi le plan ? On promet de détruire le spectre et toutes ses possessions sans exception - pas possible de garder même une p'tit' piécette, entendu le nain ? - et les fantômes nous aident à faire ça en nous fournissant des objets magiques balèzes.
Bien entendu, si on n'est pas d'accord, les fantômes nous aident pas et on crève, soit aux mains des lesinas, soit de faim ou d'soif, soit d'la main du spectre. Super le choix. Mais au fait, le spectre, il était où ? Dans une pièce secrète sous le fond du puits, pleine de trésors digne d'un vieux dragon hyperactif. On pouvait y arriver par des passages secrets accessibles au fond des trappes. Et si les fantômes restaient immobiles, c'était pour l'empêcher d'sortir de là. C'est aussi grâce à leur pouvoir qu'les lesinas pouvaient pas v'nir dans les couloirs, au moment même où on discutait.
Préparation au combat
Bref, on a tous promis, même les gamins, pis on a eu accès - pour ceux capables de frôler les gardiens éthérés (moi, quoi !) - aux quatre portes que les fantômes gardaient : le passage vers leur tombeau, avec dans chacun des objets pour nous aider. Ouais, mais l'tombeau était en pierre, vach'ment lourd pour moi ! Avec la hache du nain - m'en suis servi comme levier - et divers outils, j'ai réussi à en ouvrir un, mais c'était crevant. En fin d'compte, le nain s'est forcé un peu et il a réussi à passer tout près des fantômes pour pouvoir m'aider et récupérer les objets.
Quatre des objets servaient à la destruction d'la crypte du conquérant mort-vivant : quatre morceaux de bâton magique à assembler et actionner magiquement dans le tombeau du spectre, en sa présence. Ça retournerait la puissante magie du lieu contre lui-même, et ça détruirait tout. Mais pour qu'le spectre soit définitivement détruit, fallait rien r'tirer d'son trésor, qu'était maudit. Et en plus fallait sortir vite après avoir activé la magie, pasqu'elle allait pas attendre tranquillement qu'on soit en sécurité, bien sûr !
Mais yavait quatre autres objets assez sympas : un livre vierge, mais qui contenait tout le savoir - général - du monde. Tu t'concentres, et des écrits apparaissent sur le sujet, voire des plans, comme un érudit aurait pu en faire. C'est Manil qui l'a pris, et i s'en est servi pour en apprendre plus sur les moyens de fout' sur la gueule du spectre. Il a notamment lu qu'la magie des soins pouvait protéger d'la magie du spectre. Alors il a fait des rituels de soin sur tous - moi excepté, manquait d'plantes médicinales - pour les protéger. Moi i paraît qu'chuis naturellement très résistant.
Yavait aussi une épée, c'est Belzagar qui l'a prise, elle était enchantée pour détruire les morts-vivants. Puis aussi un arc magique dont les flèches devenaient magiques et pouvaient blesser des spectres... avant de se consumer. C'est l'elfe qui l'a pris. Enfin, yavait une armure de cuir très résistante et légère, avec un pouvoir particulier : en se concentrant sur un ennemi, le porteur devenait imperceptible pour ce même ennemi. Mais fallait s'concentrer, donc pas possible de combattre ou faire d'la magie en même temps, et ça marchait que sur une personne. Manil l'a pris, qu'allait avoir la tâche d'activer le bâton qui f'rait tout sauter.
Retour triomphal
Pis on s'est mis deux par deux, pour arriver par les quat' directions possibles en même temps : Kacem et Manil, qui d'vaient remettre le bâton en état d'marche et l'activer. Farouk et moi, pour repérer c'qui yavait à voir et aider les autres. Belzagar et Gaerwen, pour la baston, avec l'appui de Marti et Tirielle. On a trouvé tous les passages secrets, on s'est coordonnés de loin par la voix. Pis on est entrés. J'vous dit pas le trésor de malade ! La pièce était bourrée à craquer de trésors de toutes sortes, de gemmes qui brillaient toutes seules, de bijoux, d'armures et d'armes diverses, et j'en passe - on voyait même pas le tombeau au centre. Le spectre nous avait senti arriver, mais il a préféré aller droit sur les deux Dúnedain. Ou bien pasqu'il était comme eux, ou bien pasque l'arme la plus dangereuse était là.
Même en parant comme un fou, le pirate s'prenait des égratignures, mais rien d'grave. Tirielle avait pas d'flèches assez grandes pour l'arc magique de Númenor mais elle en a trouvé dans la salle, et Farouk pareil, des magiques. Pas qu'ça ait fait grand-chose, leurs tirs lui f'saient mal mais l'ralentissaient pas vraiment. J'ai trouvé une épée magique pour Gaerwen, j'lui ai lancée, l'a attaqué l'spectre dans l'dos. Du coup l'a envoyé sa magie sur le pirate puis il s'est tourné vers la capitaine, qu'a réussi à parer mais de justesse. Belzagar est tellement têtu qu'avec la magie de Manil le sortilège du spectre lui a rien fait, et l'a profondément planté l'épée magique dans l'dos du spectre, qui s'est évaporé.
Pendant c'temps-là, Kacem et Manil avaien réparé et activé le bâton d'magie, et tout a commencé à partir en couilles. On s'est dépêché de r'monter - les lesinas s'étaient tous effondrés, sans non-vie - avant qu'tout s'écroule. Les plus costauds ont aidé voire porté (merci Belzagar !) les plus faibles ou moins endurants. C'était chaud, les derniers ont failli finir ensevelis dans la caverne. Mais à la fin, malgré quelques p'tites blessures ou égratignures, on était tous en vie, dehors, enfants compris ! Ouais !
C'était l'début du jour, i nous restait presque plus d'eau, donc Farouk a cherché une grotte pour passer la journée au frais. On est rev'nus au village de nuit, sales et assoiffés, j'vous dis pas la fête ! On est restés un mois pour guérir, se r'poser, capturer et dresser trois nouveaux dromadaires avec la magie d'l'elfe. Et aussi attendre que l'gros d'la mauvaise saison - l'automne avec plein de tempêtes (de mer ou de sable) soit passée. Et enfin on était prêts à partir avec vivres et eau, sur cinq vaisseaux du désert - deux par dromadaire, en comptant les deux marins survivants.
Rencontres
Bref, le dernier mois de l'année, on est r'partis le long d'la côte, sur les dunes de sable du désert de Harad. Farouk était le meilleur monteur et menait la caravane - moi j'm'accrochais, j'vois pas c'que j'pouvais faire d'autre - avec les bêtes attachées les unes aux autres. On voyageait d'nuit et on avait des tentes pour s'protéger du soleil et d'la chaleur le jour. Première nuit et premier jour pas d'problème, mais sur la fin d'la deuxième nuit, on a commencé à percevoir quèqu'chose devant, pas loin. J'ai senti une odeur de mort et j'l'ai dit aux copains.
Après avoir essayé d'contourner l'endroit d'où ça venait, on est tombé sur des traces de fuite. En remontant, on est tombé sur les restes d'un campement de caravane, avec plusieurs cadavres que des hyènes nettoyaient. On les a laissées faire et on a fouillé les restes en journée, une fois qu'elles étaient parties. On avait déjà trouvé le cadavre d'un gars qui fuyait auparavant, et là y'en avait une demi-douzaine d'autres. D'après les traces et le bouquin de Manil, on a compris c'qui s'était passé : la journée précédente, un diable du désert - un mort-vivant sous la forme d'un tourbillon de sable - avait attaqué le camp. Il faisait des traces bien particulières, comme un sillon entre autres.
Plusieurs personnes avaient pu s'enfuir d'après les traces, mais p'têt' pas loin. Mais surtout, yavait p'têt' une demi-douzaine de dromadaires qu'avaient fui en premier. Ça, plus les restes de tissus ou cuirs fins, ça pouvait bien nous aider à passer pour des marchands. Avec Farouk on est allés voir en haut d'une grande dune si on pouvait pas voir quèqu'chose ou quelqu'un, et on a r'péré deux-trois dromadaires et une p'tit' tente à une heure de dromadaire, alors on y est tous allés. On est tombé sur le chamelier, le maître des bestioles quoi, qui cherchait d'autres survivants, et surtout son fils. Alors, à sa demande, on a dit qu'on allait restait avec lui et qu'on l'aiderait une fois la nuit venue.
On a suivi les dernières traces qu'avaient pas encore abouti à un cadavre, et j'ai commencé à percevoir un tourbillon qui v'nait vers nous. Dans l'même temps, Manil a senti d'la magie sur le gars, et quand il lui en a parlé, l'autre a commencé à lancer un sort - c'était un sorcier ! Une flèche de Farouk l'a tué, ou p'têt' qu'c'est l'pirate qui l'a achevé (lui a coupé la tête), mais surtout, le tourbillon était là. Yavait encore d'la magie sur le cadavre - un bracelet qu'avait dû appeler l'mort-vivant - mais impossible de savoir comment ça marchait. Et on s'en est pris plein la tronche.
Le sable volait dans tous les sens et nous aveuglait en partie. Belzagar avait sorti son épée magique, mais le tourbillon l'a envoyé en l'air avant qu'il ait pu faire quoi qu'ce soit. Heureusement qu'il est costaud, s'est pas fait trop mal en r'tombant. Les flèches de Tirielle l'ont à peine ralenti. Manil s'est fait courser un moment, sans doute à cause du bracelet. Marti a testé pour la première et dernière fois sa hache-magique-à-un-coup, pour un résultat limité (et plein d'morceaux de hache partout). L'pirate était toujours menaçant alors le sable a commencé à déchirer ses vêtements et sa peau en lui arrivant dessus à toute allure. Puis il l'a élevé en l'air mais au même moment Belzagar a réussi à planter l'épée au milieu du tourbillon, qui s'est dissipé. Il a commencé à se reformer mais le bracelet a été brisé par l'épée magique et la créature a disparu pour de bon. C'est animé, la nuit dans l'désert de Harad...
Re: Terre du milieu Système J - La relève...
Farouk, bourru et discret.
Modifié en dernier par Slyden le 06 août 2017, 22:32, modifié 3 fois.
Journal de Tobias - récit n° 31
On trouve vraiment tout et n'importe quoi dans le désert : des aventuriers qui vont foutre leur nez là où il faut pas, une tour magique privée de son propriétaire, un ver des sables aux lonnnnnngues dents mais qui réagit comme un bon toutou à son maimaître - si seulement le maimaître en question savait lui parler ; et j'en passe. Par contre, côté nourriture, on peut pas dire que ce soit l'abondance. Bref, qu'est-ce qu'on fout encore là !?!
Bon, en fait, on a quand même de bonnes raisons, ne serait-ce que ce foutu dragon miniature (pas tant que ça !) qui ne laisse passer qu'un seul d'entre nous. Pis faut bien dire que ya une tonne de trucs à lire dans cette foutue tour, on peut pas dire qu'on s'ennuie ! Enfin, pour ceux qui aiment lire... Sans parler de la probable seule source d'eau potable à des lieues à la ronde. On a connu pire comme prison...
Reflet et attirance
Bon, la mer de sable, c'est joli un moment mais ça finit vite par taper sur les nerfs. Après le combat avec le sorcier et le tourbillon vivant, le bilan a vite été fait : un blessé - Belzagar - et le corps sans vie du gars qui nous voulait pas du bien. On l'a dépouillé et j'ai soigné not' pirate - pas forcément dans cet ordre - et pis, ben, l'a fallu r'trouver not' chemin jusqu'aux restes de la caravane attaquée. Ha, oui, et au passage, récupérer les dromadaires qui s'étaient éparpillés un peu dans toutes les directions pour échapper à la menace magique - sont plus intelligents qu'nous ces bestioles, pis z-ont des sacrées guiboles.
Une fois les bestioles retrouvées, ou en tout cas assez pour nous porter tous, on a pu reprendre la route. Oui, mais avec un poids de taille, dans tous les sens du terme : not' foutu pirate d'Umbar était pas franchement dans un très bon état, après avoir été en partie écorché vif par le sable du tourbillon magique. Bouger pouvait pas l'arranger beaucoup, même si on comptait sur son endurance phénoménale pour lui faire supporter la chose. Mais même avec les beaux pansements qu'j'lui avais faits, l'avait besoin d'boire deux fois plus qu'avant.
On pouvait pas aller très vite sans quoi i' se s'rait r'mis à saigner, et à lui tout seul i' d'vait consommer presque la moitié d'not' flotte. Le plus proche village était pas encore à portée, et l'eau allait manquer, sans parler des risques possibles de tempête de sable ou autre. En résumé, on allait bientôt manquer d'eau. Et où voulez-vous trouver d'la flotte dans une mer de dunes mouvantes ? On s'est mis en hauteur et les meilleurs d'entre nous ont essayer de r'pérer quèq'chose, une oasis ou autre au loin. Et... tiens, i' m'a semblé apercevoir, bien loin à l'intérieur des terres, comme un reflet...
Dans le même temps, Manil nous a dit qu'il ressentait comme une attirance, un truc bizarre, magique, et dans la même direction en plus. Bien entendu, plutôt de de flairer les problèmes et de partir au plus vite, on s'est dit qu'on pouvait pas ne pas aller voir de quoi il retournait. Et plus on s'en approchait, plus not' mago ressentait d'la magie et quelque chose de familier qui l'attirait par là-bas, tandis que l'reflet semblait être celui d'une surface métallique rebondie. Mais il n'y avait pas que cela à voir...
Sacré gardien
En fait il y avait d'abord des choses à sentir : plus on s'approchait d'la zone, et plus les dromadaires devenaient nerveux. Et moi-même, je sentais une odeur particulière dans l'coin, et pas le genre d'odeur rassurante. Plutôt celle qu'on imaginait dans l'antre d'un très gros prédateur... Et en r'gardant bien, quand on était plus très loin, j'ai pu r'marquer, et d'autres après moi, un truc qui bougeait dans l'sable. Restait plus à Farouk qu'à nous parler des vers des sables, des espèces de dragons miniatures du désert, et pas intelligents, pour imaginer ce à quoi on avait affaire...
On s'est dit qu'on allait le contourner trèèèèès doucement, à pied, pour ne pas alerter la bestiole qui semblait garder ou surveiller l'étrange structure qui semblait sortir des rochers au milieu du sable, et qui était notre destination. La discrétion excluait d'office les dromadaires et le nain, restés en arrière, surtout quand on a vu qu'le sable semblait bouger dans not' direction. Les deux marins sont restés avec le nain, on s'est approchés à cinq, plus Belzagar et Gaerwen à une certaine distance au cas où un peu de muscle serait nécessaire.
Mais chais pas si c'est nos deux tourtereaux, particulièrement maladroits dans l'sable, qu'ont alerté la bestiole dans l'sable, mais en tout cas elle est vite venue vers nous alors qu'on approchait du dôme vert dans les rochers. Et qu'elle s'est montrée. Premier constat : balèze, le dragon miniature de douze pas de long ! Même Belzagar - surtout dans son état - on le voyait pas faire davantage que servir d'apéritif au ver des sables ! Deuxième constat : chouette, pas d'ailes pour ce dragon ! Troisième constat : boudu qu'il avance vite sur le sable - on s'est éparpillés et planqués, enfin ceux qui savent comment faire.
Ben là, i s'est passé un truc bizarre : la bestiole s'est arrêtée net devant Manil, comme si elle le reconnaissait, comme un chien qui flaire son maître parti depuis bien longtemps. Pendant c'temps-là on en a profité pour foncer vers les rochers et l'espèce de bout de tour qui en sortait. Pis l'dragon a laissé notre mago rouquin pour aller donner la chasse à devinez qui ? Les moins discrets, les plus juteux, les plus maladroits sur le sable. La flèche de l'elfe a fait que dalle, sauf peut-être distraire le monstre. Pis chais plus comment on a réussi à attirer la bestiole pour laisser passer les deux Dúnedain, mais i-z-allaient pas assez vite sur le sable, alors Manil a dû s'interposer entre le dragon et eux, et ainsi on s'est r'trouvés à sept au niveau de l'escalier sous le dôme vert...
Dans l'antre de l'archimage
Bon, déjà, un bon point, le dragon ne semblait pas vouloir ou pouvoir venir sur les rochers qui entouraient l'espèce de bizarre demeure. Il nous a donc laissés tranquille pour se lancer à la poursuite des dromadaires, du nain et des deux ex-marins. Marti a grimpé sur un dromadaire comme jamais et il les a menés loin de là à toute allure comme Farouk aurait eu du mal à le faire ! Pour un nain qui ne fuit jamais, ça a quand même dû lui faire mal intérieurement... N'empêche qu'il n'aurait pas pesé plus qu'une bouchée, et ainsi il a sauvé toutes nos bêtes.
Bon, restaient sept péquins en haut d'un petit escalier, face à une porte de pierre qui n'avait aucune serrure ou autre mécanisme d'ouverture, et qui ne voulait bien entendu pas bouger - ça aurait été trop facile ! Mais au-dessus de la porte, dans un auvent que faisait le dôme au-dessus de nos têtes, il y avait une petite ouverture qu'une plaque métallique aurait pu fermer mais qui était maintenue ouverte. Le genre de passage que seul un animal peut prendre... ou peut-être aussi un hobbit assez souple et agile.
Et donc j'ai réussi à entrer par là, pour me trouver dans une drôle de pièce avec des instruments divers comme des tubes fermés pour regarder le ciel - à part qu'i yavait pas d'fenêtre. Par contre, et c'était une constance de la baraque, il y avait des runes et inscriptions bizarres un peu partout sur les murs, le sol, et plein d'endroits. Et, selon Manil, ça puait la magie un peu partout. Quoi qu'il en soit, il faisait noir, les copains m'ont fait passer un peu de lumière et j'ai trouvé un escalier qui descendait jusqu'à une entrée. Là, deux manivelles permettaient de déverrouiller une lourde porte de pierre et les copains ont pu entrer.
Après quoi on a fouillé ce qui devait se révéler être l'antre d'un probable puissant magicien ou sorcier. Puissant car il y avait de la magie partout, d'après Manil et les nombreux signes cabalistiques qu'on voyait un peu partout. Et not' mago avait l'air de dire qu'il se sentait un peu ridicule par rapport à tout ce qu'il y avait. Le maître des lieux semblait être vraiment très fort... et parti depuis bien longtemps. A en juger par les traces, cela faisait autour d'une vingtaine d'années que l'endroit avait été déserté. Bibliothèque, chambre, cuisine, salon, atelier, prison, etc. : il n'y avait pas âme qui vive.
Apprentissages
Le lieu a donc été facilement occupé, même si certaines parties ont été fouillées avec précaution. Ainsi, dans l'atelier de magie ou d'apothicaire, il y avait de grandes quantités de flacons divers et variés où se côtoyaient le meilleur comme le pire : des remèdes salvateurs comme des poisons les plus virulents. L'homme qui habitait ici semblait être une personne de grand savoir, mais au vu des écrits qu'il avait laissés derrière lui, il n'hésitait pas à franchir certaines limites peu recommandables. Manifestement, il était passé maître dans la dissection de corps humains, entre autres choses...
Par ailleurs, ce semblait être un grand peintre, et un de ses sujets favoris était une femme rousse, belle mais qu'on devinait aussi dotée d'une très forte volonté, pour ne pas dire plus. Et il y avait un petit quelque chose de familier avec Manil, qui de son côté ressentait une même familiarité avec la magie qui imprégnait les lieux. Peut-être bien qu'on venait de retrouver ses parents... qui auraient disparu plus ou moins au moment de sa naissance ! En tout cas, il était tombé sur des "mémoires" du maître des lieux qui couvraient peut-être une soixantaine d'années. La langue était de l'Apysaic, qu'il arrivait à lire, et il s'était mis à déchiffrer le dernier des dix tomes.
Entre autres choses, car la magie des lieux l'intéressait au plus haut point. Après quelques essais et études dans la bibliothèque, le magicien du groupe a réussi à comprendre et à utiliser les nombreuses torches ou lanternes magiques qui parsemaient le lieu. En gros, il a réussi à allumer magiquement une source de lumière, avec la particularité que ladite source éclairait pour la durée du sortilège, mais sans se consumer... Cela semblait être un rituel magique un peu particulier mais rapide, l'un des très nombreux enseignements qu'il aurait pu apprendre en restant ici... pour autant qu'il était possible.
Car après vingt ans, le cellier était plutôt dénué de victuailles encore comestibles. Peut-être qu'à une époque la magie présente permettait de garder des carcasses diverses congelées, mais ladite magie ne fonctionnait plus depuis des lustres, et il ne restait rien d'autre que de l'os, du cuir et de la poussière... Et de l'eau, puisqu'un puits était creusé dans la demeure elle-même. Kacem, à l'aide de son armure qui le rendait imperceptible, put ainsi aller ravitailler en eau le nain et les marins, puisque le dragon ne pouvait le voir ou sentir. En échange il prenait de la nourriture pour le groupe de sept. Mais les réserves ne dureraient pas éternellement.
Bon, en fait, on a quand même de bonnes raisons, ne serait-ce que ce foutu dragon miniature (pas tant que ça !) qui ne laisse passer qu'un seul d'entre nous. Pis faut bien dire que ya une tonne de trucs à lire dans cette foutue tour, on peut pas dire qu'on s'ennuie ! Enfin, pour ceux qui aiment lire... Sans parler de la probable seule source d'eau potable à des lieues à la ronde. On a connu pire comme prison...
Reflet et attirance
Bon, la mer de sable, c'est joli un moment mais ça finit vite par taper sur les nerfs. Après le combat avec le sorcier et le tourbillon vivant, le bilan a vite été fait : un blessé - Belzagar - et le corps sans vie du gars qui nous voulait pas du bien. On l'a dépouillé et j'ai soigné not' pirate - pas forcément dans cet ordre - et pis, ben, l'a fallu r'trouver not' chemin jusqu'aux restes de la caravane attaquée. Ha, oui, et au passage, récupérer les dromadaires qui s'étaient éparpillés un peu dans toutes les directions pour échapper à la menace magique - sont plus intelligents qu'nous ces bestioles, pis z-ont des sacrées guiboles.
Une fois les bestioles retrouvées, ou en tout cas assez pour nous porter tous, on a pu reprendre la route. Oui, mais avec un poids de taille, dans tous les sens du terme : not' foutu pirate d'Umbar était pas franchement dans un très bon état, après avoir été en partie écorché vif par le sable du tourbillon magique. Bouger pouvait pas l'arranger beaucoup, même si on comptait sur son endurance phénoménale pour lui faire supporter la chose. Mais même avec les beaux pansements qu'j'lui avais faits, l'avait besoin d'boire deux fois plus qu'avant.
On pouvait pas aller très vite sans quoi i' se s'rait r'mis à saigner, et à lui tout seul i' d'vait consommer presque la moitié d'not' flotte. Le plus proche village était pas encore à portée, et l'eau allait manquer, sans parler des risques possibles de tempête de sable ou autre. En résumé, on allait bientôt manquer d'eau. Et où voulez-vous trouver d'la flotte dans une mer de dunes mouvantes ? On s'est mis en hauteur et les meilleurs d'entre nous ont essayer de r'pérer quèq'chose, une oasis ou autre au loin. Et... tiens, i' m'a semblé apercevoir, bien loin à l'intérieur des terres, comme un reflet...
Dans le même temps, Manil nous a dit qu'il ressentait comme une attirance, un truc bizarre, magique, et dans la même direction en plus. Bien entendu, plutôt de de flairer les problèmes et de partir au plus vite, on s'est dit qu'on pouvait pas ne pas aller voir de quoi il retournait. Et plus on s'en approchait, plus not' mago ressentait d'la magie et quelque chose de familier qui l'attirait par là-bas, tandis que l'reflet semblait être celui d'une surface métallique rebondie. Mais il n'y avait pas que cela à voir...
Sacré gardien
En fait il y avait d'abord des choses à sentir : plus on s'approchait d'la zone, et plus les dromadaires devenaient nerveux. Et moi-même, je sentais une odeur particulière dans l'coin, et pas le genre d'odeur rassurante. Plutôt celle qu'on imaginait dans l'antre d'un très gros prédateur... Et en r'gardant bien, quand on était plus très loin, j'ai pu r'marquer, et d'autres après moi, un truc qui bougeait dans l'sable. Restait plus à Farouk qu'à nous parler des vers des sables, des espèces de dragons miniatures du désert, et pas intelligents, pour imaginer ce à quoi on avait affaire...
On s'est dit qu'on allait le contourner trèèèèès doucement, à pied, pour ne pas alerter la bestiole qui semblait garder ou surveiller l'étrange structure qui semblait sortir des rochers au milieu du sable, et qui était notre destination. La discrétion excluait d'office les dromadaires et le nain, restés en arrière, surtout quand on a vu qu'le sable semblait bouger dans not' direction. Les deux marins sont restés avec le nain, on s'est approchés à cinq, plus Belzagar et Gaerwen à une certaine distance au cas où un peu de muscle serait nécessaire.
Mais chais pas si c'est nos deux tourtereaux, particulièrement maladroits dans l'sable, qu'ont alerté la bestiole dans l'sable, mais en tout cas elle est vite venue vers nous alors qu'on approchait du dôme vert dans les rochers. Et qu'elle s'est montrée. Premier constat : balèze, le dragon miniature de douze pas de long ! Même Belzagar - surtout dans son état - on le voyait pas faire davantage que servir d'apéritif au ver des sables ! Deuxième constat : chouette, pas d'ailes pour ce dragon ! Troisième constat : boudu qu'il avance vite sur le sable - on s'est éparpillés et planqués, enfin ceux qui savent comment faire.
Ben là, i s'est passé un truc bizarre : la bestiole s'est arrêtée net devant Manil, comme si elle le reconnaissait, comme un chien qui flaire son maître parti depuis bien longtemps. Pendant c'temps-là on en a profité pour foncer vers les rochers et l'espèce de bout de tour qui en sortait. Pis l'dragon a laissé notre mago rouquin pour aller donner la chasse à devinez qui ? Les moins discrets, les plus juteux, les plus maladroits sur le sable. La flèche de l'elfe a fait que dalle, sauf peut-être distraire le monstre. Pis chais plus comment on a réussi à attirer la bestiole pour laisser passer les deux Dúnedain, mais i-z-allaient pas assez vite sur le sable, alors Manil a dû s'interposer entre le dragon et eux, et ainsi on s'est r'trouvés à sept au niveau de l'escalier sous le dôme vert...
Dans l'antre de l'archimage
Bon, déjà, un bon point, le dragon ne semblait pas vouloir ou pouvoir venir sur les rochers qui entouraient l'espèce de bizarre demeure. Il nous a donc laissés tranquille pour se lancer à la poursuite des dromadaires, du nain et des deux ex-marins. Marti a grimpé sur un dromadaire comme jamais et il les a menés loin de là à toute allure comme Farouk aurait eu du mal à le faire ! Pour un nain qui ne fuit jamais, ça a quand même dû lui faire mal intérieurement... N'empêche qu'il n'aurait pas pesé plus qu'une bouchée, et ainsi il a sauvé toutes nos bêtes.
Bon, restaient sept péquins en haut d'un petit escalier, face à une porte de pierre qui n'avait aucune serrure ou autre mécanisme d'ouverture, et qui ne voulait bien entendu pas bouger - ça aurait été trop facile ! Mais au-dessus de la porte, dans un auvent que faisait le dôme au-dessus de nos têtes, il y avait une petite ouverture qu'une plaque métallique aurait pu fermer mais qui était maintenue ouverte. Le genre de passage que seul un animal peut prendre... ou peut-être aussi un hobbit assez souple et agile.
Et donc j'ai réussi à entrer par là, pour me trouver dans une drôle de pièce avec des instruments divers comme des tubes fermés pour regarder le ciel - à part qu'i yavait pas d'fenêtre. Par contre, et c'était une constance de la baraque, il y avait des runes et inscriptions bizarres un peu partout sur les murs, le sol, et plein d'endroits. Et, selon Manil, ça puait la magie un peu partout. Quoi qu'il en soit, il faisait noir, les copains m'ont fait passer un peu de lumière et j'ai trouvé un escalier qui descendait jusqu'à une entrée. Là, deux manivelles permettaient de déverrouiller une lourde porte de pierre et les copains ont pu entrer.
Après quoi on a fouillé ce qui devait se révéler être l'antre d'un probable puissant magicien ou sorcier. Puissant car il y avait de la magie partout, d'après Manil et les nombreux signes cabalistiques qu'on voyait un peu partout. Et not' mago avait l'air de dire qu'il se sentait un peu ridicule par rapport à tout ce qu'il y avait. Le maître des lieux semblait être vraiment très fort... et parti depuis bien longtemps. A en juger par les traces, cela faisait autour d'une vingtaine d'années que l'endroit avait été déserté. Bibliothèque, chambre, cuisine, salon, atelier, prison, etc. : il n'y avait pas âme qui vive.
Apprentissages
Le lieu a donc été facilement occupé, même si certaines parties ont été fouillées avec précaution. Ainsi, dans l'atelier de magie ou d'apothicaire, il y avait de grandes quantités de flacons divers et variés où se côtoyaient le meilleur comme le pire : des remèdes salvateurs comme des poisons les plus virulents. L'homme qui habitait ici semblait être une personne de grand savoir, mais au vu des écrits qu'il avait laissés derrière lui, il n'hésitait pas à franchir certaines limites peu recommandables. Manifestement, il était passé maître dans la dissection de corps humains, entre autres choses...
Par ailleurs, ce semblait être un grand peintre, et un de ses sujets favoris était une femme rousse, belle mais qu'on devinait aussi dotée d'une très forte volonté, pour ne pas dire plus. Et il y avait un petit quelque chose de familier avec Manil, qui de son côté ressentait une même familiarité avec la magie qui imprégnait les lieux. Peut-être bien qu'on venait de retrouver ses parents... qui auraient disparu plus ou moins au moment de sa naissance ! En tout cas, il était tombé sur des "mémoires" du maître des lieux qui couvraient peut-être une soixantaine d'années. La langue était de l'Apysaic, qu'il arrivait à lire, et il s'était mis à déchiffrer le dernier des dix tomes.
Entre autres choses, car la magie des lieux l'intéressait au plus haut point. Après quelques essais et études dans la bibliothèque, le magicien du groupe a réussi à comprendre et à utiliser les nombreuses torches ou lanternes magiques qui parsemaient le lieu. En gros, il a réussi à allumer magiquement une source de lumière, avec la particularité que ladite source éclairait pour la durée du sortilège, mais sans se consumer... Cela semblait être un rituel magique un peu particulier mais rapide, l'un des très nombreux enseignements qu'il aurait pu apprendre en restant ici... pour autant qu'il était possible.
Car après vingt ans, le cellier était plutôt dénué de victuailles encore comestibles. Peut-être qu'à une époque la magie présente permettait de garder des carcasses diverses congelées, mais ladite magie ne fonctionnait plus depuis des lustres, et il ne restait rien d'autre que de l'os, du cuir et de la poussière... Et de l'eau, puisqu'un puits était creusé dans la demeure elle-même. Kacem, à l'aide de son armure qui le rendait imperceptible, put ainsi aller ravitailler en eau le nain et les marins, puisque le dragon ne pouvait le voir ou sentir. En échange il prenait de la nourriture pour le groupe de sept. Mais les réserves ne dureraient pas éternellement.
Journal de Tobias - récit n° 32
Alors, comment dire... Les copains, c'est bien gentil quand on ne peut pas faire autrement que d'se serrer les coudes, mais dans d'autres circonstances, ils sont loin d'être tout rose. Là, ces derniers jours, Kacem a montré qu'il avait des ressources, et notamment une armure magique assez fantastique, et qu'il savait s'en servir. Et que le voleur qu'il était n'avait aucun mal à devenir un assassin sans pitié. Bon, certains me diront qu'il a aussi risqué sa vie, et qu'il n'a pas été le seul à tuer, mais on dirait qu'il y a pris aussi un certain plaisir...
Bon, si on r'garde les choses en face, les bandits bédouins qui en ont le plus souffert nous auraient sans doute fait pareil s'ils avaient pu. Et que avec tout ça, on a pu progresser et avoir davantage de dromadaires et tout, et que la civilisation n'a jamais été aussi proche, et la fin du désert avec. Mais j'me d'mande si justement l'problème c'est pas la civilisation en fait. Plus on en est proche, plus j'ai d'bonnes occasions d'râler. Qu'est-ce que ça va être et qu'est-ce qu'on va faire quand on s'ra d'retour en Gondor ou plus au nord, j'me d'mande bien...
Des bestioles à l'horizon
Bon, alors si j'résume bien, on était coincés par ce foutu dragon le temps qu'le mago du groupe apprenne à lui parler et à lui dire de nous laisser passer. Entretemps, on avait d'la flotte à volonté - toujours bon à prendre en plein désert - et des provisions qui s'résumaient à pas grand-chose plus la barbaque qu'on pouvait prendre sur nos montures. L'problème c'est qu'si on bouffe nos montures, on fait comment pour quitter l'désert après ?
Bon, Farouk le débrouillard a réussi à glaner des trucs à bouffer dans les rochers ousqu'on était, autour de la tour, des espèces de rongeurs entre autres choses. Reste que ça risquait pas d'nous am'ner très loin. Pis, ben, l'a bien fallu attaquer not' réserve : on a choisi un dromadaire qu'avait pas l'air trop bien, de tout' manière on pouvait facilement se passer d'une monture, on en avait assez. On en a fait des côtelettes et plein d'autres trucs, enfin surtout moi, et comme y avait plein d'viande - c'est gros ces trucs-là - j'ai fait sécher une partie au soleil, sur le dôme de la tour.
Pasque j'allais souvent sur le dôme - on m'avait balancé là-haut avec une échelle, par l'extérieur - pour zieuter les environs et voir si yavait pas des trucs intéressants en vue. Du genre, une troupe de dromadaires qu'auraient l'bon goût d'passer pas loin, par exemple. Histoire de pouvoir renouveler nos provisions, entre autres choses. Et pis ben justement, un matin j'crois, m'a semblé voir au loin des p'tites silhouettes de quadrupèdes au sommet des dunes assez loin, trop pour avoir des détails ou êt' vraiment sûr de la chose.
Alors Kacem a décidé d'aller faire un peu d'exploration. On avait déjà fait des p'tites expériences qu'avaient montré que Farouk, Tirielle et moi on pouvait êt' assez discrets pour se barrer d'la tour sans alerter le dragon, surtout si Manil l'attirait à un autre endroit. Kacem avait son armure pour le masquer ; par contre les deux Dúnedain et l'nain fallait pas en espérer grand-chose question discrétion. Enfin bon, comme ça l'voleur d'Umbar a fini par rejoindre le nain et les montures avec Tirielle. I-z-en ont pris une et sont allés voir du côté de c'que j'avais vu.
Coup manqué
Les deux amis ont donc progressé dans l'désert, et z-étaient assez perceptifs pour arriver à pas s'perdre et à r'trouver les bestioles que j'avais repérées. Mais i's'sont vite rendu compte que lesdites bestioles étaient pas seules, et elles étaient loin d'êt' sauvages. En gros, i s'agissait d'une troupe de bédouins avec p'têt' une trentaine de dromadaires. Et l'Haradrim a aussi r'péré des guetteurs à un endroit. Et comme c'était de jour et qu'il avait pas spécialement fait attention à êt' discret, les guetteurs les avaient manifestement vus.
Kacem a décidé d'aller les voir et d'entamer la conversation, mais i' s'est vite montré méfiant. D'une part, yavait au moins un gars qu'était parti pour aller prévenir la troupe de l'arrivée de l'elfe et lui. Ensuite, à voir les bédouins d'plus près, ça lui f'sait pas tout à fait penser à d'honnêtes marchands mais plutôt à des types comme lui - des voleurs, quoi - en un peu plus guerrier. Pis les gars qu'étaient restés semblaient très contents d'causer pour ne rien dire mais d'les faire patienter ici le temps qu'les renforts arrivent...
Ça, plus un aut' gars pas loin avec un arc prêt, l'voleur d'Umbar s'est dit qu'ce s'rait con d'rester trop longtemps dans l'secteur, mais qu'yavait p'têt' un truc à tenter. Alors avec Tirielle il a faussé compagnie aux guetteurs - avec une égratignure en prime de la part de l'archer - avant l'arrivée d'une compagnie de bédouins guerriers à dos de dromadaire. Deux gars sur un dromadaire face à plus d'une dizaine, c'était trop tentant, et donc la chasse a été donnée. Droit vers la tour et le territoire du dragon...
Le calcul du voleur était simple : on attire les brigands là-dedans, le dragon en fait de la charpie, et on récupère les restes, en particulier les montures. Problème : quand Kacem est passé dans la zone dangereuse, l'elfe s'est laissé tomber entre deux dunes et elle s'est planquée, mais elle a entendu les bédouins qui s'arrêtaient - i d'vaient connaître la présence du dragon. Plus loin, ledit dragon fonçait à la poursuite du dromadaire qui s'enfuyait à toutes jambes. L'voleur d'Umbar s'est laissé tomber dans l'sable et les bédoins ont réussi à récupérer not' dromadaire, non sans s'demander poursquoi l'ver des sables avait évité Kacem au dernier moment.
La revanche du voleur assassin
Nos deux amis sont rentrés bredouilles, à pied, avec une monture en moins. Pas terrible comme bilan. Avec ça, on avait indiqué not'présence aux autres et ils ont déplacé leur camp pour se tenir pas trop loin d'la tour, mais hors de portée d'la zone contrôlée par le dragon. L'a d'ailleurs fallu dire au nain et aux marins de déplacer l'camp avec nos dromadaires pour qu'i s'fassent pas r'pérer, et qu'on perde pas tout. Donc maint'nant on avait un dragon ET une compagnie de bandits bédouins pour nous emmerder.
Mais Kacem avait pas dit son dernier mot. On a r'péré qu'les bédouins avaient organisé deux postes de guet pour nous surveiller. Farouk, Tirielle et lui sont allés, de nuit et en catimini, tester leurs talents de discrétion contre le sens d'observation des guetteurs. Sachant qu'en plus que Kacem avait une armure qui lui permettait de se concentrer et d'être complètement imperceptible aux yeux d'un être vivant. J'vous dis pas l'avantage. Et il comptait bien en profiter, et il ne s'en est pas privé...
De toute manière les copains étaient déjà bien trop discrets. A peu près deux fois, Kacem arrivait assez près, dans l'dos de deux guetteurs, tout proche de deux autres qui buvaient l'thé, dont un sans pouvoir le voir. Ça plus deux archers discrets et perceptifs de nuit, f'sait vite quatre morts qu'avaient pas l'temps d'donner l'alarme, et des montures et petit matériel en plus. En bref, les deux postes de guet furent bientôt nettoyés d'leurs bédoins. Farouk et Tirielle sont partis apporter tout ça au camp du nain, moins un dromadaire pour Kacem qui comptait bien continuer son p'tit travail.
Après j'ai pas bien compris tout c'que l'voleur d'Umbar m'a raconté, mais j'crois qu'il est allé voir de plus près l'camp en espérant pouvoir y mettre le souk et récupérer des trucs. En tout cas Farouk et l'elfe sont rev'nus après, du côté d'un coin ousqu'i s'étaient donnés rendez-vous, et l'voleur était un peu poursuivi par des bédouins pas très contents. Une p'tite embuscade nocturne de deux archers, un voleur qui disparaît pour tuer des gars isolés, et les bédouins ont vite jeté l'éponge : i-z-ont fui vers leur camp, qu'i-z-ont levé au p'tit matin j'crois. On avait des montures en plus et on s'était débarrassés d'eux.
A nouveau en route
Pendant c'temps-là, Manil avait l'air de bien progresser au niveau magie. J'crois qu'il avait fini par apprendre à faire un rituel pour app'ler des animaux magiquement - toujours intéressant pour attirer la bouffe à nous, par exemple - mais aussi pour leur parler. Bon, l'dragon était un peu plus qu'un animal, mais en y mettant beaucoup du sien, pis avec l'aide du super laboratoire de magie d'la tour, il pouvait faire ça pour lui avec un peu de succès. Peu après les bédouins, l'a pu essayer, et... ça a eu l'air de marcher. Non sans mal - l'avait l'air un peu crevé - mais il a pu s'faire comprendre.
Après, chais pas c'qu'il avait pu lire dans les bouquins d'son probable paternel, l'a rien voulu nous en dire. Juste que ça lui donnait des idées sur où aller chercher après ça. N'empêche que, quand on a été prêts, l'a pu dire au dragon qu'i fallait qu'i nous laisse passer et ça a eu l'air de bien marcher. On a donc quitté la tour avec de la flotte, dela viende séchée, des armes de qualité, quelques bouquins, d'autres trucs qui pouvaient s'vendre - Belzagar a mis la main sur tout c'qu'i pouvait - et j'en passe ; et on a reformé l'groupe avec le nain, les deux derniers marins survivants et les dromadaires - trois d'plus que c'qu'on avait avant d'rencontrer les bédouins.
Après, on a bien fait gaffe à pas partir du même côté qu'les bédouins qu'on avait croisés. Pasque c'est sûr qu'on s'était sûr'ment pas fait des amis, là. Même si on avait tué une bonne dizaine de personnes, ça f'sait qu'le tiers des guerriers, sans parler des femmes et enfants et p'têt' d'autres. Mais bon, on a progressé dans l'désert de dunes et après un moment, on a fini par rejoindre la côte et l'océan, qu'on a longés vers le nord-est et Umbar. Avec toutes nos montures et c'qu'elles portaient, ça pouvait p'têt' faire assez marchand. Si seulement on avait pas un nain, une elfe, deux Dúnedain et j'parle même pas d'moi...
Et pis ben enfin on a fini par sortir de la mer de dunes. Ho, bon, c'était encore le désert, mais au moins yavait un peu d'végétation et les bestioles qui allaient avec : insectes, oiseaux, rongeurs, serpents, scorpions, etc. C'était donc vach'ment plus vivant et facile de trouver à s'nourrir. Et de toute manière on a vite trouvé le village qu'on nous avait mentionné, un hameau de pêcheurs et éleveurs comme çui qu'on avait déjà vu deux ou trois s'maines auparavant. Kacem est allé voir si les bédouins étaient pas là, pis on est arrivés dans la p'tite bourgade comme des marchands qu'on était pas...
Bon, si on r'garde les choses en face, les bandits bédouins qui en ont le plus souffert nous auraient sans doute fait pareil s'ils avaient pu. Et que avec tout ça, on a pu progresser et avoir davantage de dromadaires et tout, et que la civilisation n'a jamais été aussi proche, et la fin du désert avec. Mais j'me d'mande si justement l'problème c'est pas la civilisation en fait. Plus on en est proche, plus j'ai d'bonnes occasions d'râler. Qu'est-ce que ça va être et qu'est-ce qu'on va faire quand on s'ra d'retour en Gondor ou plus au nord, j'me d'mande bien...
Des bestioles à l'horizon
Bon, alors si j'résume bien, on était coincés par ce foutu dragon le temps qu'le mago du groupe apprenne à lui parler et à lui dire de nous laisser passer. Entretemps, on avait d'la flotte à volonté - toujours bon à prendre en plein désert - et des provisions qui s'résumaient à pas grand-chose plus la barbaque qu'on pouvait prendre sur nos montures. L'problème c'est qu'si on bouffe nos montures, on fait comment pour quitter l'désert après ?
Bon, Farouk le débrouillard a réussi à glaner des trucs à bouffer dans les rochers ousqu'on était, autour de la tour, des espèces de rongeurs entre autres choses. Reste que ça risquait pas d'nous am'ner très loin. Pis, ben, l'a bien fallu attaquer not' réserve : on a choisi un dromadaire qu'avait pas l'air trop bien, de tout' manière on pouvait facilement se passer d'une monture, on en avait assez. On en a fait des côtelettes et plein d'autres trucs, enfin surtout moi, et comme y avait plein d'viande - c'est gros ces trucs-là - j'ai fait sécher une partie au soleil, sur le dôme de la tour.
Pasque j'allais souvent sur le dôme - on m'avait balancé là-haut avec une échelle, par l'extérieur - pour zieuter les environs et voir si yavait pas des trucs intéressants en vue. Du genre, une troupe de dromadaires qu'auraient l'bon goût d'passer pas loin, par exemple. Histoire de pouvoir renouveler nos provisions, entre autres choses. Et pis ben justement, un matin j'crois, m'a semblé voir au loin des p'tites silhouettes de quadrupèdes au sommet des dunes assez loin, trop pour avoir des détails ou êt' vraiment sûr de la chose.
Alors Kacem a décidé d'aller faire un peu d'exploration. On avait déjà fait des p'tites expériences qu'avaient montré que Farouk, Tirielle et moi on pouvait êt' assez discrets pour se barrer d'la tour sans alerter le dragon, surtout si Manil l'attirait à un autre endroit. Kacem avait son armure pour le masquer ; par contre les deux Dúnedain et l'nain fallait pas en espérer grand-chose question discrétion. Enfin bon, comme ça l'voleur d'Umbar a fini par rejoindre le nain et les montures avec Tirielle. I-z-en ont pris une et sont allés voir du côté de c'que j'avais vu.
Coup manqué
Les deux amis ont donc progressé dans l'désert, et z-étaient assez perceptifs pour arriver à pas s'perdre et à r'trouver les bestioles que j'avais repérées. Mais i's'sont vite rendu compte que lesdites bestioles étaient pas seules, et elles étaient loin d'êt' sauvages. En gros, i s'agissait d'une troupe de bédouins avec p'têt' une trentaine de dromadaires. Et l'Haradrim a aussi r'péré des guetteurs à un endroit. Et comme c'était de jour et qu'il avait pas spécialement fait attention à êt' discret, les guetteurs les avaient manifestement vus.
Kacem a décidé d'aller les voir et d'entamer la conversation, mais i' s'est vite montré méfiant. D'une part, yavait au moins un gars qu'était parti pour aller prévenir la troupe de l'arrivée de l'elfe et lui. Ensuite, à voir les bédouins d'plus près, ça lui f'sait pas tout à fait penser à d'honnêtes marchands mais plutôt à des types comme lui - des voleurs, quoi - en un peu plus guerrier. Pis les gars qu'étaient restés semblaient très contents d'causer pour ne rien dire mais d'les faire patienter ici le temps qu'les renforts arrivent...
Ça, plus un aut' gars pas loin avec un arc prêt, l'voleur d'Umbar s'est dit qu'ce s'rait con d'rester trop longtemps dans l'secteur, mais qu'yavait p'têt' un truc à tenter. Alors avec Tirielle il a faussé compagnie aux guetteurs - avec une égratignure en prime de la part de l'archer - avant l'arrivée d'une compagnie de bédouins guerriers à dos de dromadaire. Deux gars sur un dromadaire face à plus d'une dizaine, c'était trop tentant, et donc la chasse a été donnée. Droit vers la tour et le territoire du dragon...
Le calcul du voleur était simple : on attire les brigands là-dedans, le dragon en fait de la charpie, et on récupère les restes, en particulier les montures. Problème : quand Kacem est passé dans la zone dangereuse, l'elfe s'est laissé tomber entre deux dunes et elle s'est planquée, mais elle a entendu les bédouins qui s'arrêtaient - i d'vaient connaître la présence du dragon. Plus loin, ledit dragon fonçait à la poursuite du dromadaire qui s'enfuyait à toutes jambes. L'voleur d'Umbar s'est laissé tomber dans l'sable et les bédoins ont réussi à récupérer not' dromadaire, non sans s'demander poursquoi l'ver des sables avait évité Kacem au dernier moment.
La revanche du voleur assassin
Nos deux amis sont rentrés bredouilles, à pied, avec une monture en moins. Pas terrible comme bilan. Avec ça, on avait indiqué not'présence aux autres et ils ont déplacé leur camp pour se tenir pas trop loin d'la tour, mais hors de portée d'la zone contrôlée par le dragon. L'a d'ailleurs fallu dire au nain et aux marins de déplacer l'camp avec nos dromadaires pour qu'i s'fassent pas r'pérer, et qu'on perde pas tout. Donc maint'nant on avait un dragon ET une compagnie de bandits bédouins pour nous emmerder.
Mais Kacem avait pas dit son dernier mot. On a r'péré qu'les bédouins avaient organisé deux postes de guet pour nous surveiller. Farouk, Tirielle et lui sont allés, de nuit et en catimini, tester leurs talents de discrétion contre le sens d'observation des guetteurs. Sachant qu'en plus que Kacem avait une armure qui lui permettait de se concentrer et d'être complètement imperceptible aux yeux d'un être vivant. J'vous dis pas l'avantage. Et il comptait bien en profiter, et il ne s'en est pas privé...
De toute manière les copains étaient déjà bien trop discrets. A peu près deux fois, Kacem arrivait assez près, dans l'dos de deux guetteurs, tout proche de deux autres qui buvaient l'thé, dont un sans pouvoir le voir. Ça plus deux archers discrets et perceptifs de nuit, f'sait vite quatre morts qu'avaient pas l'temps d'donner l'alarme, et des montures et petit matériel en plus. En bref, les deux postes de guet furent bientôt nettoyés d'leurs bédoins. Farouk et Tirielle sont partis apporter tout ça au camp du nain, moins un dromadaire pour Kacem qui comptait bien continuer son p'tit travail.
Après j'ai pas bien compris tout c'que l'voleur d'Umbar m'a raconté, mais j'crois qu'il est allé voir de plus près l'camp en espérant pouvoir y mettre le souk et récupérer des trucs. En tout cas Farouk et l'elfe sont rev'nus après, du côté d'un coin ousqu'i s'étaient donnés rendez-vous, et l'voleur était un peu poursuivi par des bédouins pas très contents. Une p'tite embuscade nocturne de deux archers, un voleur qui disparaît pour tuer des gars isolés, et les bédouins ont vite jeté l'éponge : i-z-ont fui vers leur camp, qu'i-z-ont levé au p'tit matin j'crois. On avait des montures en plus et on s'était débarrassés d'eux.
A nouveau en route
Pendant c'temps-là, Manil avait l'air de bien progresser au niveau magie. J'crois qu'il avait fini par apprendre à faire un rituel pour app'ler des animaux magiquement - toujours intéressant pour attirer la bouffe à nous, par exemple - mais aussi pour leur parler. Bon, l'dragon était un peu plus qu'un animal, mais en y mettant beaucoup du sien, pis avec l'aide du super laboratoire de magie d'la tour, il pouvait faire ça pour lui avec un peu de succès. Peu après les bédouins, l'a pu essayer, et... ça a eu l'air de marcher. Non sans mal - l'avait l'air un peu crevé - mais il a pu s'faire comprendre.
Après, chais pas c'qu'il avait pu lire dans les bouquins d'son probable paternel, l'a rien voulu nous en dire. Juste que ça lui donnait des idées sur où aller chercher après ça. N'empêche que, quand on a été prêts, l'a pu dire au dragon qu'i fallait qu'i nous laisse passer et ça a eu l'air de bien marcher. On a donc quitté la tour avec de la flotte, dela viende séchée, des armes de qualité, quelques bouquins, d'autres trucs qui pouvaient s'vendre - Belzagar a mis la main sur tout c'qu'i pouvait - et j'en passe ; et on a reformé l'groupe avec le nain, les deux derniers marins survivants et les dromadaires - trois d'plus que c'qu'on avait avant d'rencontrer les bédouins.
Après, on a bien fait gaffe à pas partir du même côté qu'les bédouins qu'on avait croisés. Pasque c'est sûr qu'on s'était sûr'ment pas fait des amis, là. Même si on avait tué une bonne dizaine de personnes, ça f'sait qu'le tiers des guerriers, sans parler des femmes et enfants et p'têt' d'autres. Mais bon, on a progressé dans l'désert de dunes et après un moment, on a fini par rejoindre la côte et l'océan, qu'on a longés vers le nord-est et Umbar. Avec toutes nos montures et c'qu'elles portaient, ça pouvait p'têt' faire assez marchand. Si seulement on avait pas un nain, une elfe, deux Dúnedain et j'parle même pas d'moi...
Et pis ben enfin on a fini par sortir de la mer de dunes. Ho, bon, c'était encore le désert, mais au moins yavait un peu d'végétation et les bestioles qui allaient avec : insectes, oiseaux, rongeurs, serpents, scorpions, etc. C'était donc vach'ment plus vivant et facile de trouver à s'nourrir. Et de toute manière on a vite trouvé le village qu'on nous avait mentionné, un hameau de pêcheurs et éleveurs comme çui qu'on avait déjà vu deux ou trois s'maines auparavant. Kacem est allé voir si les bédouins étaient pas là, pis on est arrivés dans la p'tite bourgade comme des marchands qu'on était pas...